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- SPACE AFRIKA, ambient surréaliste politique et déchirante.
La mixtape "Hybtwibt" de Space Afrika est tombée dans les tuyaux d' internet il y a quelques jours et déjà est appelée à restée gravée dans les mémoires. Space Afrika est un duo composé par deux Joshua, Tarelle et Inyang. DWTN avait croisé et même poursuivi avec assiduité leur chemin il y a deux ans pour leur "Somewhere Decent To Live" (classé en fin d' année). Pépite Ambient Dub lorgnant sur l' art de confronter l' imprévisible et tout et n' importe quoi du dancefloor d' un Lee Gamble. Changement de cap soudain que cette mixtape. On verra à l' album suivant si ce virage ne concerne que l' art de la mixtape. Toujours ambient mais une ambient abandonnant les sonorités abstraites pour faire entrer le quotidien par un art inédit et réussis chez eux du Sound Collage. Des crépitements apparaissent et la mélancolie qu 'il s' en dégage ne peut qu' évoquer une version plus sèche d' un Burial. Leur musique se renforce par le lourd contexte politico racial post Georges Floyd. Absent jusqu' à présent chez Space Afrika Il nous explose à la tronche et nous émeut comme rarement tout au long de la mixtape via des voix du présent. Les moments de forte réflexion politique comme sociétale se succèdent via des pastilles parlant d' un quotidien noir dans le Nord de l' Angleterre souvent ignoré quand on pense Manchester. Bouleversant mixtape qui le temps d' un "Oh Baby" risque vous faire pleurer toutes vos larmes d' enfant que vous n' êtes plus depuis longtemps. Comme souvent cette musique en apparence triste, parce qu' aussi combative et porteuse d' espoir , va rendre heureux les gens tristes justement. Et ces temps-ci les âmes quelque soient leurs couleurs, mais en ont-elles, en ont bien besoin.
- ROLY PORTER, frissons bruitistes entre la vie et la mort, le passé et le présent, le cosmos et les p
Quatre après la cataclysme "Third Law", classé numéro 1 du top en 2016, Roly Porter revient enfin. Et comme toujours depuis ses débuts solo, il nous offre avec le somptueux "Kistvaen" un disque qui va hanter et marquer les esprits . D' abord composé pour des performances données dans les meilleurs festivals tel le Unsound de Krakovie et l' Atonal de Berlin, "Kistvaen" semble être un nouveau tournant totalement réussit dans une carrière vieille de 15 ans sans une seule fausse note jusqu'à présent. Après avoir explorer l' espace et les règles qui le régissent à chacun de ses albums, Porter surprend par le sujet abordé. Nous ne sommes plus propulsé à travers les astres même si la thématique sera présente sous une forme plus spirituelle. Le titre de l' album évoque des tombes en granit provenant de l' âge de pierre. Plus précisément Porter part explorer cette fois-ci les correspondances entre les rituels émotionnels et sociologiques liés à la mort du néolithique et de l' époque contemporaine. Délaissant les pas de tirs des spationautes Porter utilise donc les tombeaux ancestraux du site de Dartmoor dans le sud de l' Angleterre en guise de "Portes du temps". Chaque titre peut ainsi et aisément s' apparenter aux étapes spécifiques liées à l' expérience de la mort. Si dans sa globalité "Kistvaen" peut sembler plus "calme" et un peu moins grandiloquant que la course folle inter galactique des prédécesseurs, de très forts sentiments plus sombres et mystiques vont cueillir l' auditeur. Porter entraîne ce dernier par une déambulation nocturne à travers les tombes du cimetière néolithique pour assister à un improbable rituel sacrificiel en vue de conjurer une catastrophe imminente. A moins que ce ne soit pour laisser les esprits des défunts s' envoler vers les cieux comme quand la musique de Porter recommence à évoquer par instant le vide interstellaire et les astres inaccessibles. Comme toujours, peut être plus qu' auparavant, Porter joue des instants calmes et planants avant que son don unique pour les murs sonores imposant ne s' abattent sur nous. Si nous retrouvons les classiques tropes issus du Métal ou du Noise que Porter aime tant dénaturer et les brasser avec des enregistrements de terrain "Kistvaen" apporte son lot de nouveautés dans l' art du producteur de Bristol. Un piano et des cordes classiques apparaissent tout au long du disque. Parfois ces éléments se mélangent à ses habitudes électro acoustiques et Dark Ambient quand ils ne prennent pas carrément le dessus et tiennent le premier rôle. Autre grande innovation dans la musique de Porter, la forte présence de voix. Tour à tour terrifiques ou spirituels ils va les rechercher à travers les époques pour les faire s' entrechoquer à ses modernes traitements numériques. Porter s' est donc entouré pour cela et fort judicieusement d'une chanteuse spécialisée dans les chants médiévaux, Mary Anne Roberts du duo Bragod, d' Ellen Southern provenant d'un groupe de musique de chambre et enfin de Phil Owen, chanteur et chercheur en traditions vocales. Dès le titre inaugural "Assembly" la voix gutturales de Roberts évoquant les temps ancestraux se retrouve enveloppée de sons de synthés pesants et de manipulations glitchy. Effet effrayant garanti. Porter enchantait auparavant nos nuits avec ses histoire d' étoiles et planètes lointaine, à présent il va vous faire frissonner et vous recroqueviller sur vous même. Et vous allez y prendre goût. "Kistvaen" est certes moins grandiose que "Third Law" et "Life Cycle of a Massive" et son sujet franchement moins attrayant il n'en demeure pas moins passionnant. C' est peut être également le disque de l' anglais dévoilant une certaine beauté spirituelle et sonore inédite jusque là dans sa carrière. Une carrière débutée sous l' emprise d'un Dubstep plutot indus et franchement anodin vers la mie-00's au sein du duo Ved'X pour arriver 15 ans plus tard à l' un des meilleurs alliage de Classique Moderne avec l' expérimentation électro en tout genre. Plus des extraits de la performance à l' Atonal de Berlin
- KEMISTRY & STORM, réédition VITALE de l'un des plus grands mix de Drum & Bass !
Si vous voulez savoir à quoi ressemble le punk vous écoutez les Clash ou les Sex Pistols. Les 60's pop et rock les Beatles et les Rolling Stones. Le glam Bowie et Roxy Music, l' indie 80's les Smiths etc etc. Et bien si il vous prend l' envie de savoir ce que c' était ces machins apparus dans les 90's appelés Drum & Bass voir Jungle aux conséquences et à l'influence gigantesques jusqu' à nos jours et bien il n' y a pas 36 solutions également. En trois grands disques vous saurez. Les plus feignants diront le "Timeless" de Goldie quand les plus pointus vous sortiront le grand " Black Secret Technology" de A Guy Called Gerald. Et le troisième me direz-vous? Immanquablement un mix puisque le genre est né sur les dancefloors. Et là, il n' y en a qu'un. Devenu légendaire dès sa sortie chez !K7 pour sa non moins légendaire collection DJ Kicks, le mix de Kemistry & Storm est un monument. Monument enfin réédité et remastérisé pour le plus grand bonheur des connaisseurs et des veinards néophytes qui ne s' attendent certainement pas à la claque qu'ils vont prendre. L' histoire débute dans l' Angleterre des 80's sous le joug de l' horrible Tatcher. Pour les plus jeunes ne connaissant pas cette sorcière premier ministre britannique imaginez Macron en robe en encore plus irrespectueux, vicieux, dégueulasse et dévastateur pour la société. Bref, pour la jeunesse urbaine de l' époque c' était franchement pas la joie mais heureusement il y avait la musique et les multiples et variées Subcultures de l' Albion riche en la matière. Dans les Midlands la jeune Kemi Olusanja, née d' un père Nigérian et d' une mère anglaise, rencontre Jayne Conneely. Débute alors une magnifique histoire d' amitié avec pour toile de fond tout ce qui va se faire de neuf et révolutionnaire en musique. Les deux baignent dans les reliquats du Post-punk, une est branché New Wave et Cabaret Voltaire quand l' autre se voit Néo-Romantique et Synth-pop. Mais dans leur quotidien se glisse de plus en plus le Hip Hop et d' autres courant par le biais des cultissimes Nightmares On Wax. Après une brève séparation pour cause d' étude les deux frangines de sang se retrouvent dans le Londres de 1989 du côté de Finsbury Park . Les voilà en plein Second Summer Of Love à la découverte du cataclysme Acid House et des premières raves. Elles en sont bien évidemment et deviennent des habituées des hauts lieux du courant. Très vite les soirées Rage où sévissent les Dj précurseurs Fabio & Grooverider deviennent un des passages obligés de leurs aventures noctambules. Jusqu' à y trainer leurs récentes connaissances tel un dénommé Clifford Joseph Price à la dentition dorée et qui était un peu passé à côté de la vague Acid House et rave parce que parti à New York par passion pour le Trip Hop et sa culture. Les deux jeunettes et leur nouveau pote que l'on nommera plus tard Goldie assistent ainsi à la réinvention incessante de la musique sur les dancefloors. Ce moment merveilleux qui va voir la bande son des dancefloors être en mutation accélérée et permanente. Elles assisteront donc au grand tournant que sera l' apparition du Breakbeat Hardcore avec l' introduction du Breakbeat dans le 4/4 techno et House. Quand le Trip Hop rencontre la rave culture. Elles verront l' influence grandissante du Dub et du Reggae avec ses lignes de basses tapant l' incruste elles aussi. Puis un beau jour elles deviennent à leur tour Dj et participent à l' accélération du rythme et le syncopage systématique des boucles. L' euphorie issue des Rave laissant place à des climats plus sombres et urbains teintés de dystopie futuriste par l'utilisation massive de BO de film SF. Les samples jazzy arriveront plus tard pour le meilleur comme le pire. Vous l' aurez compris les deux filles que l'on n' appellera plus que par leurs pseudos de Kemistry & Storm sont des pionnières du mouvement Jungle qui participera à la genèse de la Drum & Bass. Quand des gamins de la classe ouvrière des zones urbaine faisant fi des différence ethniques s' emparèrent de la culture rave et électro pour en faire leur propre style et courant via l'influence du Hip Hop. Ainsi Kemistry sera l' une des chevilles ouvrières du collectif et label Metalheadz créé par Goldie et Doc Scott. Elles seront également parmi les meilleurs représentantes de la très petites castes des Dj féminines en ces temps reculés où la misogynie régnait encore plus fortement que maintenant. Au point de parfois cacher jusqu' au dernier moment leur genre pour les passages sur les radios pirates et les programmations en club. Leur DJ Kicks sort en 1999 et devient immédiatement un classique très vite introuvable au cours de ces 20 dernières années. Et un des préférés de votre serviteur, tout genre confondu. Il y a tout dans ce mix. Des grands noms, des titres légendaires, toutes les variantes possibles , et l' ensemble mixé de mains de maîtres par les deux petites génies des cabines de Dj. Mais malheureusement la belle histoire de ces deux gamines venues de province va s' achever par un drame en pleine gloire. Le 25 Avril 99 alors qu' elles rentrent toutes les deux d'un mix à Southampton la camionnette les précédant déloge du bitume un œil de chat de 4kilos (système réfléchissant encré dans le sol). L' objet sensé sécurisé la conduite devient un projectile tueur. Storm dit ne se souvenir que du bris de verre et de ne pas s' être rendu compte qu' il avait traversé le pare-brise en direction du siège passager. Kemistry décédera quelques heures plus tard dans sa 36 ème année. Il faudra à Storm des années pour revivre après le décès de sa copine comme du reste pour l' ensemble de la naissante scène du Drum & Bass traumatisée elle aussi par cette mort.
- LOTIC, single prodigieux et nouveau label
Qu' allait devenir Lotic après que son label Tri Angle Records ait mis la clé sous la porte (ici). A vrai dire son talent est tellement grand que l'on ne s' inquiétait pas trop pour l'un des chouchous du blog (par là ). Mais on pouvait s' interroger de la tournure artistique du bonhomme. Retour à l' expérimental ou bien vers les dancefloors? Poursuite des tentations pop entrapperçue sur le grand "Power"? Tout ça à la fois et en un seul titre s'il vous plait. Lotic réussit encore l' exploit de transposer la pop version R'n'b en terre Post-club en utilisant comme jamais sa voix de fausset devenue encore plus ensorcelante. Parfois on pense un peu voir beaucoup à Bjork sur ce sujet mais il est vrai que Lotic comme Arca font partie de la nouvelle cour de la reine mère. Mais une Bjork du futur, pas celle du passé. Lotic offre une pop à la fois hypnotique mais aussi synonyme de chaos. Un chaos maîtrisé d'une main de maître experte en travail de déconstruction et de reconstruction. Normal pour l'un des seigneurs de la Deconstructed-Club. Il est une nouvelle fois question d' indulgence, de tendresse et d' autonomie. Lotic semble encore plus assuré qu' au moment de "Power" qui faisait suite à une perriode difficile de sa vie. Un seul titre pour l'instant disponible chez Houndstooth son nouveau label mais quel titre. Après Yves Tumor et avant la bombe "Kick I" d' Arca (avec encore une fois Bjork dans les parages), Lotic tutoie les sommets et attire les projecteurs après avoir fait ses armes dans les si passionnants et tout autant sousestimés sous-terrains expérimentaux.
- JULIANNA BARWICK, nouvel album chez Ninja Tune
Son dernier album " Will" datait de 2016 et cela commençait à faire long. Bonne nouvelle, Julianna Barwick reviendra le 10 juillet avec l' attendue suite, "Healing is a miracle". D' après la chanteuse il ne faut voir aucun rapport entre l' intitulé du disque et une quelconque pandémie mondiale récente puisque il a été enregistré en 2019 à Los Angeles après un déménagement en provenance de New York. Elle explique avoir enregistrer avec euphorie en se basant sur l' improvisation et un équipement "de confiance". On retrouvera pour l' occasion le chanteur Jonsi de Sigur Ross parmi d' autres noms dans la liste des collaborateurs. Ce disque est le premier de son auteur pour Ninja Tune, un label que l'on avait plus vraiment fréquenté depuis des lustres tant ses productions laissaient de marbres ces derniers temps. Donc deuxième bonne nouvelle, Ninja Tune vit encore. Premier extrait "Inspirit" accompagné d' un magnifique clip tourné dans la patrie de coeur de la chanteuse américaine, l' Islande. La merveilleuse Julianna Barwick dans DWTN c' est ici et là.
- CUCINA POVERA, beautés sonores entre nature, l' intimité et la technologie.
Question identité, origine et localisation, on peut dire de Cucina Povera que c' est bien moins simple que ça en a l'air. Si son nom de naissance est Maria Rossi et continue ainsi d' établir un lien avec la torride patrie de Lorenzo Senni alors une petite surprise vous saisit quand on découvre son lieu de naissance et là où elle a grandi. La froide, grise et pas toujours très connue Finlande. Et là où ça se complique c' est son nouveau lieu de vie et d' enregistrement. La moins froide mais tout autant grise et surtout humide Glasgow. Egalement ville du passionnant label qui l' héberge, Night School. Par contre, si il y a bien une chose remarquable par sa simplicité, c' est la beauté pure que sa musique offre aux aventuriers sonores. Une musique faite de presque rien et se résumant plus particulièrement à ce qu' il y avait à portée de main de la musicienne. Pour le coup le terme italien de Cucina Povera utilisé comme nom de scène est totalement justifié et ne trompe pas à ceci près que le résultat est un disque uniquement riche par sa singularité et son charme dévastateur. Je n' avais jamais entendu parlé de cette belle inconnue jusqu'à la sortie récentes de son troisième album, "Tyyni". Un vrai petit loupé tellement ses deux premiers albums méritaient que l'on s' y penche un instant. On peut rajouter également histoire d' enfoncer le couteau dans la plaie du fan honteux de son retard que son "Hilja" de 2018 aurait certainement eut droit aux honneurs du top annuel. Depuis ce premier effort la belle Nordique nous offre un singulier mariage d' abstraction expérimental avec un chant aux fortes senteurs médiévales et folk. Si au début elle privilégiait des sons organiques afin d' accompagner sa magnifique voix "Tyyni" dévoile une part grandissante pour une électronique toujours autant aventureuse si ce n' est plus. Ce disque est bien plus avant gardiste que l' inaugural et s' inscrit ainsi dans la droite lignée du deuxième paru l' an dernier. "Zoom" dénotait par rapport à "Hilja" par son dépouillement et sa méthode, plus un travail d' improvisation sur sa voix via une pédale d' effet et l' utilisation d'une bouteille vide qu' un savant et laborieux travail de studio par ordinateur. "Tyyni" s' avère bien plus pressant et incisif avec ses boucles plus répétitives, ses synthés délavés jusqu' à en devenir étranges et enfin ces rythmiques rachitique lorgnant parfois sur la rapidité footwork ou jungle. Cette nouvelle caractéristique amène à une étrangeté et une tension plus forte et angoissante. On pense à un croisement curieux de Zola Jesus avec Grouper ou peut être bien Julia Holter pour les penchants médiévaux. Parfois c' est le fantôme d' une Carla Dal Forno version F Inger. Maria Rossi utilise sa voix comme ossature avec ses superpositions afin de nous plonger un peu plus dans les profondeurs de son intimité pour ensuite nous cueillir par l' irruption de sons provenant de l' extérieur. D' abord des sons d' animaux retravaillés puis ceux des interférences téléphoniques plus loin auxquels ceux de l' océan succéderont. Avec elle on navigue sans cesse entre la technologie et la nature, humaine ou non. Ce que confirme ses interviews dans lesquels elle dit vouloir "explorer les complexités de la vie moderne". "Tyyni" est une vraie merveille totalement inclassable nous plongeant dans un univers glacial et hanté qui répond d' une manière tout autant étrange mais juste aux récents et troublants moments que nous venons tous de vivre. Des instants où nous nous retrouvions coincé seuls face à nos intimités mais en permanence aux aguets des nouvelles de l' extérieurs via les intrusives technologies d' informations.
- ELYSIA CRAMPTON, disque monumental.
Chaque sortie de disque par Elysia Chuquimia Paula Crampton (rappel ici et là) est un événement dans le petit monde de l' avant garde mondiale. Comment pourrait-il en être autrement pour l' une des pionniers du courant Deconstructed Club (ici). Depuis ses débuts son influence ne cesse de croître et tous les artistes qui ont la côte actuellement, Arca, Lotic, Yves Tumor ou Holly Herndon par exemple ont tous un petit quelque chose d' Elysia Crampton. Voir beaucoup. "Orcorara 2020" qui vient de sortir en digital est également la première apparition de Crampton au sein d' une autre institution du déconstructivisme, PAN . Retrouver l' innovatrice Aymara sur le label de Bill Kouligas est un aboutissement imparable et la suite logique de ces 10 dernières années qui ont vu leurs chemin respectifs ne cesser de se croiser. Avec "Orcorara 2020" ceux qui suivent l' américaine ne vont pas être déboussolés quand les nouveaux vont découvrir dans un univers totalement unique. Dépaysement total et questionnements politiques et sociétaux profonds comme rarement. L' artiste s' est toujours ouvertement revendiquée comme une défenseuse des minorités indigène d' Amérique du Sud et Central ainsi que LGBT . Pourfendeuse et grande vulgarisatrice émérite des méfaits et des traumatismes du colonialisme encore visibles de nos jours, elle aborde cette fois-ci un thème déjà croisé dans son oeuvre au travers les croyances et les mythes de son peuple d' origine. "Orcorara 2020" traite donc des cicatrices mal refermées inter-générationnels dues à la conquête et l' imposition de la chrétienté dans cette partie du monde. L' action se passe dans les pénombres nommées Puruma et nous suivons les fugitifs des violences de l' église et des conquistadors dans leurs parcours les menant à Mama Cocha, "la mer du nul-part selon les théoriciens". Sur ce disque Crampton continue d' opérer le virage débuté l' an dernier sous le pseudo de CHUQUIMAMANI-CONDORI avec ses travaux portant sur une instrumentation plus que classique et dépouillée mais enregistrée via la technologie d' une manière à sonner hyper moderne. Beaucoup des titres dans "Orcorara" évoquent pour certains le James Ferraro dernière époque et parlent donc de Néo-Clacissisme quand d' autres en appelle à Daniel Lopatin pour l' utilisation des synthés et à Arca pour la présence grandissante de voix. Il est très clair au sujet de ce dernier qu' un titre comme "Crucifixtion" a de très forte similitudes avec ceux du "Arca" de 2017. Déchirant "Crucifixtion" qui possède également le mérite d' offrir des retrouvailles inespérées avec Shannon Funchness que l'on n' avait plus croisé depuis le naufrage Light Asylum en 2012 (voir ici). Mais les manières aux origines folkloriques, chamaniques et psychédéliques demeurent, tout comme celles véritablement Deconstructed-Club débutée sous le pseudo E+E. Ce qui tente à disparaîtres chez Crampton ce sont peut être les tonitruants samples radiophoniques ou issus des jeux vidéos. En lieu et place du Sound-Collage pur c' est véritablement à une sorte de Pop d' avant garde que l' auditeur va se retrouver confronté. On peut également parler de nouvelle Chamber-Pop céleste. De plus en plus Pop car peut être plus accessible par la présence des voix chantantes avec de nombreux protagonistes (Jeremy Rojas, Embaci, Shannon Funchness et Fanny Chuquimia). Une Pop qui continue cependant d' être irriguée par la Deconstructed-Club et l' ensemble des expérimentations apparue dans les 10's comme on peut l' observer chez Yves Tumor. Mais une pop qui peut aussi évoquer de vieux souvenir indie 90's comme avec le très Dream Pop et un brin shoegaze "Grove". Il va falloir du temps pour digérer une tel musique si riche et toujours autant mystérieuse. Une musique qui était dans un premier temps prévue pour servir de BO à une performance artistique dans le cadre de la biénale organisée par le centre d' art contemporain de Genève. 10 ans après ses débuts Elysia Crampton tient parfaitement son rôle de personnage central dans les musiques modernes aux côtés des Oneohtrix Point Never, Arca et autres. Et comment oublier l' un des premiers coups de cœur de ce blog, Light Asylum!
- AMNESIA SCANNER, retour en juin des fous furieux du Post-Club
Alors que l'on nous annonce la fin du confinement pour une grande bascule dans un futur au fort potentiel dystopique voici que nos deux finlandais préférés reviennent. Alors eux, en matière des affres du confinement face au covid et la furieuse envie de tout plaquer pour fuir ce monde étouffant qui court à sa perte écologiquement , ils s' y connaissent. Et on peut dire qu' ils ont tout vu venir depuis fort longtemps. L' annonce de leur deuxième album "Tearless" tombe à point tellement leur musique semble paraître être l' une des bandes sons parmi les plus appropriés à l' époque. Et si on rajoute ce qu' ils ont balancé dans leur communiqué de presse le timing s' avère encore plus parfait. "(...) un album de rupture avec la planète" où il sera question de "sentiment imminent de changement radical". Déjà deux extraits au compteur et le moins que l'on puisse dire c' est que l' attente va être intenable et très longue d' ici le 5 juin. Ce que l'on peut également confirmer c' est que le goût de la collaboration propre aux deux gars s' est encore plus développée avec les apparitions de Lizza et de Lalita et que la maltraitance du R'n'b se poursuit pour le plus grand plaisir des fans du duo installé à Berlin et pote de PAN et de la clique Post-Club. Pour les retardataires c' est ici que ça se trouve.
- GÀBOR LÀZÀR, retour en force de l' IDM sur les dancefloors?
La belle promesse que voilà. Gàbor Làzàr, qui n' a toujours pas choisi stupidement entre l' expérimentale la plus abrupte et les dancefloors, s' est décidé de signer chez Planet Mu et d' y publier le futur album "Source" en juin. Si le petit génie hongrois semble vouloir trainer un poil plus sur les dancefloors il n' oublie pas pour autant son art du ciselement sonore typiquement "Warpien". Bref il se pourrait bien que les manière expérimentales de l' IDM d' Aphex Twin et Autechre ont décidé de se réincarnées chez Làzàr d' une manière un brin plus cajolante via ses lubies Grime et 2Step . En Attendant de voir ce que ça donne sur un long format voici le single annonciateur qui est à lui seul une belle petite réussite. Pour les retardataires voir par ici.
- LORENZO SENNI, TRANCE avant gardiste et ... planante.
Quatre ans après ses débuts chez Warp (voir ici) le bel italien revient avec cette fois-ci un album. Et comme toujours avec ce sacré numéro, un chef d' oeuvre et une bombe à défragmentations des esprits étriqués pourfendeurs de la Trance. Jusqu'à présent quand deux personnes parlaient musique et surtout de Lorenzo Senni ce dernier était soit traité de génie ou d' un artiste au très mauvais goût. En gros, Senni était le test ultime pour séparer les feignasses de la critique et ceux qui passent outres les apparences trompeuses ou les préjugés stupides des premiers. Pour résumer l' art de Senni on peut par exemple dire de lui que ce trublion de l' électro après des débuts punk et Hard extérieurs au petit monde des dancefloor et de l' électronique expérimental s' est emparé de leur histoire et délivre depuis quelques années une sorte de version moderniste de 'l Hauntologie. Une sorte de Ariel Pink qui opère en électro plutot que dans le domaine de la pop et du rock. Il détourne des éléments sonores de la culture dancefloor, les exagère et les dope pour livrer une nouvelle version totalement originale. Après s' être attaqué à ses débuts au Trash il s' est spécialisé dans la remise au goût du jour des textures Trance avec un goût immodéré pour l' euphorie que ce courant véhiculait dans les 90's. Ce qui laisse beaucoup de personne atteintes de panurgisme musical sur le carreau quand ils découvrent Senni c' est l' absence d'une rythmique aux beat marqués. Pas de boite à rythme chez lui mais un Rolland JP8000 et une pelleté de logiciel pour que son synthé analogique puisse assumer avec brio la fonction de boite à rythme. A cela il faut rajouter que sa musique comporte très peu voir quasiment pas de crescendo et de période d' accalmie comme il est courant chez les autres sur le dancefloor. Il construit des voutes sonores mélodiques faites de boucles répétitives et quand on rentre dans sa musique malgré un aspect extérieur un brin tapageur et grandiloquent et de sérénités nous nous retrouvons dans le chœur d' une cathédrale sonore où règnent un mélange étonnant de sentiments de joie, d' humour, de raffinement "Scacco Matto" est tour à tour joyeux et poignant. Simple et complexe. C' est peut être à ce jour son travail le plus mélodique et recelant la variété de son la plus importante depuis ses débuts. Lorenzo Senni continue ce fastidieux travail entrepris depuis longtemps portant sur le trouble et les frictions précédant la culbute finale dans un dj set ou certains titres voir même les concerts "rocks". Quand les rythmiques sont mises violemment en sourdine et ne restent plus que les éléments mélodiques (ou pas), laissant le danseur/auditeurs s' accrocher à la moindre aspérité de la texture sonore. . Une merveille.
- NAZAR, Traumatismes de guerre et autres sur un disque novateur.
Vous avez sans doute en tête vous aussi ces nombreux souvenirs cinématographiques récurrents dans bon nombre de films de guerre. Souvent la scène se déroule dans la jungle ou la savane, parfois des forêts occidentales. On voit d' abord à l' écran la nature et ses sons apportant une ambiance apaisante, faite de calme et de sérénité. A d' autres occasions l' ambiance est étouffante et la moiteur équatoriale s' y ajoutent en laissant préfigurer le drame à venir. Et puis en très peu de temps le spectateur bascule dans les affres de la guerres. Rafales de kalachnikof, explosions, cris d' humains succèdés par ceux d' oiseaux apeurés s' envolant pour fuir l' horreur et la destruction. Parfois ces instants d' actions sont suivis par le retour du silence et progressivement par celui de la nature reprenant ses droits après l' invasion guerrière humaine. Le premier album de Nazar, "Guerilla" va immanquablement vous évoquer ces réminiscences cinématographique. Les instants de violences sonores et celles plus assagies se supplantant les uns aux autres tout au long des 11 titres de ce que l' on peut aisément appelé "disque de guerre" ou plus exactement "disque sur la guerre". La thématique guerrière dans la pop musique ou les franges plus alternatives est très rare. Et il est encore plus inaccoutumé qu' il s' agisse de témoignage direct. Si "Guerilla" est donc bel et bien un disque important par sa rareté il est également par sa réussite et l' effet considérable qu' il provoque sur ses auditeurs. Mais aussi par son originalité dans ses méthodes et son aspect novateur. Nazar Simoes est né en Belgique après l' exode de ses parents au cours de la guerre civile qui a frappé pendant plus de 25 ans leur pays d' origine, l' Angola. Des parents poussés à l' exode parce que partie prenante et réellement engagés dans le conflit. Le père de Nazar étant un haut gradé au sein de la rébellion. De cette histoire Nazar en a été imprégné par les mémoires écrites de son père et les témoignages familiaux ou extérieurs recueillis au cours de ses excursions dans le pays africain. Depuis ses début ce jeune homme ne cesse de nous narrer son héritage historique et les blessures de sa terre d' origine. Après trois ep, dont un repéré par le blog puis classé dans le top 2019, il est enfin passé au long format avec ce tout récent "Guerilla". A peine sorti et déjà une réussite de l' année 2020. Si Nazar avait été repérés par les radars DWTN c' était au départ pour de pures raisons musicales et stylistique. Sa musique a toujours été proche de bien des passions du blog. Un savoir faire et des manières Deconstructed Club mariée à des arômes post indus et parfois traversée d' une multilple variété de senteurs. Footwork, breakbeat, House ou Techno mais surtout Kuduro. Le fameux Kuduro dont je vous ai tant parlé comme par ici quand il est question de sa fille cachée, la Batida. Si en 2019 il avait déjà frappé un grand coup avec "Enclave" et attiré sur lui une attention pleine d' espoir il faut immédiatement annoncer que "Guerilla" confirme les promesses et fait encore plus. Après quelques années de tâtonnement Nazar a en fin mis au point ses recettes d'un nouveau genre qu' il nomme "Rough Kuduro", soit une version rugueuse voir bien plus dark que l' originelle. Nous sommes face à un véritable choc stylistique et une réinterprétion totalement aboutie et déstabilisante. Le Kuduro si souvent et justement taxé de positivité par ses aspects angéliques et joyeux dévoile entre les mains de Nazar une face sombre cassant tous les a prioris. Nos sens et habitudes stylistiques sont désorientés comme le sont ceux de nos habitudes et classifications sonores. Ainsi l' Angolais combine l' organique souvent synonyme d' ambient apaisée, cris d' oiseaux et son de la savane, à des synthés agressifs et glitchy ou des blip diformes et des bruits blancs (armes à feu). A d' autres moments l' auditeur reconnait des enregistrements de terrain non traités aux pouvoirs consolants bousculés par des voix maltraitées et déformées par la technologie totalement déstabilisantes. Ce disque est profondément impressionniste avec ses textures multiples et variées et par leur nature fugace et déboussolante. Nazar excelle dans l' interprétation auditive des traumas émotionnels et physique dus aux conflits. L' auditeur va naviguer entre la terreur, la psychose et la détresse des malheureux qui ont connu les affres de la guerre avec ses instants de calmes et ceux où se déchaîne la violence et la destruction. "Guerilla" est d' hors et déjà une réussite de 2020 et offre au Kuduro une avancée avant gardiste considérable tout en élevant son auteur bien au dessus des cases stylistique et des dancefloors où il était cantonné par les esprit étriqués. Un disque bouleversant.
- YVES TUMOR, au sommet avec un chef d' oeuvre
DWTN et cet artiste, longue histoire c' est par ici, ensuite là et enfin par là et ici. Quand je suis tombé sur cette photo d' Yves Tumor pour illustrer cette article je n' ai pas pu m' empêcher de penser à Scott Walker. Probable ressemblance iconographique avec un ancien cliché de son illustre aîné américain. Ressemblance tout autant probablement travaillée tellement la culture de l' américain est grande et pointue. Mais tout cela ne s' arrête pas à une seule question d' image. Tumor est le Scott Walker de notre époque. Son plus digne héritier. Celui qui allie le mieux d' une façon inespérée la pop culture de masse et l' avant guarde la plus pointue. Scott Walker ce génie qui au travers de sa discographie peut vous amener de l' expérimental bruitiste la plus rêche à la Baroque Pop la plus charmeuse en apparence. Un disque de Tumor, une chanson voir même une seule seconde de Tumor et son personnage c' est un concentré des quelques 53 ans de carrière de Walker. A la fois difficile à saisir au premier abord et en même temps d' une évidence totale par la suite. Et s'il fallait trouver d' autres noms pour faire comprendre encore mieux l' importance de Shean Lee Bowie aka Yves Tumor et ses particularités faut encore taper dans le haut du panier d' un certain imaginaire musical. Bien sûr suffit de retenir son vrai nom de naissance. On peut ajouter l' une de ses idole revendiquée récemment disparue, Genesis P Orridge. Comme pour Walker et sa carrière chaotique Tumor c' est celle de Saint Genesis, des tréfonds contre culturel 60's, à l' indus la plus âpre pour finir par arriver à une Acid House hédoniste mais toujours caustique. J' avais clôturé la chronique de son précédent disque en le désignant comme une sorte de "Screamadelica" des Primal Scream de l' ère numérique où toutes les découvertes et les brassages paraissent encore plus permis. "Heaven to tortured Mind" est le digne héritier des deux autres grands disques de Gillespie et compagnie, "Vanishing Point" et "XTRMNTR". Et en mieux. "Heaven To Tortured Mind" est le digne successeur de "Sand in the hands of Love", LE disque de l' année 2018 de ce blog et aboutissement d' une fantastique carrière débutée dans l' avant garde de tout bord tant adulée par votre serviteur. Hypnagogique Pop, Vaporwave, Ambient, le collectif NON Worldwide, le Post Dancefloor, Pan Records, Janus etc etc etc. Finalement je m' aperçois qu'il ne va pas falloir vous pondre un pavé pour décrire en quoi ce récent disque est une merveille et largement en avance. Allez sur les liens mis plus haut. Quoique... J' ai déjà tout dis au sujet de Tumor et de son passage à une musique plus pop. Si "Heaven To Tortured Mind" est la suite logique avec cependant des petits changements de trajectoire plus ou moins surprenant ce disque dans son ensemble est composé des même caractéristique que son prédécesseur. Mais pas non plus une simple redite. Certaines choses sont abandonnée quand d' autres sont approfondies et le résultat est urgent à découvrir. Il n'y aura que les suceurs de roue et autres arrivistes de tout poil de la critique qui auront des trucs neuf à dire, faute d' avoir parler du bonhomme plus tôt et d' avoir vu venir le génie si évident depuis "Serpent Music". Et franchement sur certaines chroniques (française notamment), on ne peut que penser à des poules découvrant pour la première fois une clef à molette. QI zéro et 10 années de retard passée à suivre les nostalgico-gagas et conformistes ennuyeux. Comme toujours chez Tumor nous passons de l' apaisement au chaos sonores. De l' évidence et la suavité pop/soul à la complexité et la rugosité des musiques plus expérimentales et aventurières. De l' évidence au mystère le plus ensorcelant. Tumor est encore plus Soul, plus funky, plus virtuose, bref plus Prince que jamais. Et j' oserai ...encore plus pertinent. Les solos du kid de Minneapolis m' ont touché cassé les couilles malheureusement mais ceux, rares, de Tumor me paraissent jamais de trop. Le rock indie est encore bien présent même si sa traduction hypnagogic pop à la Ariel Pink prend encore plus le dessus en abandonnant ses penchants Big Beat ou Baggy. Une version d' Ariel Pink qui va plus loin que le fêlé de la cote Ouest. Tumor n' a plus de frontière depuis longtemps mais sa capacité de passer d'un style à un autre avec un savoir faire indéniable et surtout pas incongru arrive encore à étonner et charmer. La sensation perçue depuis le plus difficile "Serpent Music" se confirme. A l' écoute de sa musique nous réalisons parfaitement le monde dans lequel nous vivons actuellement. Cette sensation de vivre dans un film dystopique surréaliste. Entre rêve et cauchemars. Tumor décrit comme personne les conflits émotionnelles qui nous assaille et prescrit des conseils pour affronter tout ça. Il y a quelques jours au début du confinement alors que tout s' écroulait ou devenait encore plus confus et imprévisible dans nos esprit je fus saisi, hypntotisé, par le silence inédit du centre ville où je réside. Ce calme m' apaisa et me revigora. De la même manière alors que par ma profession je suis malheureusement confronté de très près à la saleté Covid j' ai été à nouveau saisi par la tranquillité qui régnait dans un service où ce virus traînait ses guêtres prêt à faire souffrir. Mes résidents étaient calmes et leur tranquillité me redonna des forces pour les aider et apaisé ma colère et frustration. La musique de Tupor depuis 5 ans c' est exactement ça. Des formes connues, des stimulis bien identifiés, et en même temps des voix sur le fil du rasoir, des synthés défigurés, une production extravagante et riche qui étourdie (encore un somptueux travail de Justin Raisen), frappe pour mieux nous sortir de notre torpeur. Tumor c' est l' affirmation suivante, dans le bordel, l' enfer, il y aura toujours un calme à trouver, à rechercher pour aller de l' avant et s' en sortir. Les faits se succèdent à une vitesse ahurissante et construisent un flou abstrait où nous nous perdons. Tumor dépeint ça et offre en prime une solution via sa musique et son talent. Après le stress, la pénibilité, le désespoir que mon métier d' aide soignant me fait subir j' ai toujours apprécié me plonger dans des disques apaisant et hyper sensuel comme "What's going on" de Marvin Gaye ou d' autres artiste black des 70's. Parfois Prince. D' autre fois mon patrimoine génétique musicale me poussait dans la dream pop bruitiste du shoegaze. "Heaven To Tortured Mind" c' est exactement leur réunion en une seule entité moderniste et originale. L' entame du disque est un coup de massue pour les sens et le référentiel facile. "Gospel for a New Century" est un chef d' oeuvre de pop/rock passé par d' improbables manipulations sonores et passant du coq à l' âne en matière de références . "Medicine Burn" est du pure Tumor alternant sur une rythmique funky le sensuel et le noisy. "Identity Trade" transporte l'indie à travers les styles et les époques pour mieux la propulser vers le futur. "Kerosene" opère de la même manière en allant repêcher le Prince des sommets pour une remise à jour ensorcellée. La suite est faite d' apaisements recelent un chaos caché, la production se fait cajolante puis agressive. On ne sait jamais à quel sauce Tumor et ses humeurs changeantes vont nous engloutir. Yves Tumor démontre qu' il est le grand bonhomme de ces deux dernières années. Celui qui réussit à rétablir le pont entre le milieu indi et l' avant guarde plus vivifiante. Le miracle que l'on attendait pas. Et peu importe si le succès populaire n' est la suite logique du succés critique actuel. L' influence va être majeur pour les années à venir. Je reconnais que "Heaven To a Tortured Mind" est tout autant complexe que son prédécesseur et que l' évidence peut tarder à venir à certains, mais jetez vous dessus. Ce disque est déjà un classique et l' ensemble de la carrière de Tumor un passage obligé. Et en prime les clips pas encore sortis au moment de mes chroniques de Safe In The Hands Of Love
- NYEGE NYEGE & HAKUNA KULALA, retour sur l' Afrique qui met les dancefloors à genou. Et pas q
A peine remis de la déferlante Singeli de 2019, 3 albums classés dans le top DWTN, excusez du peu, Nyege Nyege Tapes tape à nouveau très fort dès l' entame de 2020 et refait parler de lui dans ce blog. Le label Ougandais créé par Arlen Dilsizian et Derek Debru est en quelques mois devenu une des balises les plus sûr en terme de renouveau et de révolution dancefloor. Et ne parlons pas non plus de son festival en passe de devenir l'un des plus prisés de la planète.Et ce à travers toutes les frontières. L' impact de ce petit label fixé à Kampal est digne du poids que peuvent avoir les labels occidentaux tel Hyperdub ou Planet Mu. C 'est là-bas que ça se passe et tout bon futuriste se doit de passer y jeter une oreille. Et si à Nyege Nyege on rajoute le petit frère Hakuna Kulala alors on se rend compte qu' il faut aller du côté des légendes style Warp ou Factory et son Haçienda dans un autre genre pour tenter vainement de décrire ce qu' il est en train de se passer. Le dernier arrivé un brin fainéant pourrait résumer l' affaire Nyege Nyege à l' apparition d' un nouveau courant, le Singeli (voir ici). La dernière sortie du label va battre en brèches les opinions faciles de certains et confirmer ce que le label dévoile depuis ses débuts, la richesse stylistique et le caractère avant gardiste que l' Afrique musicale cache depuis longtemps. Un coup d' œil dans le rétro du label et nous comprenons très vite que Nyege Nyege et ses artistes s' appuie sur un héritage hautement solide et trop souvent méconnu par ici. Kadodi auscultait les musiques rituelles, "Gulu City Anthems" qui se penchait sur celles que l'on entend pendant les mariages de l' Est Africain, " Electro achuli Kaboom of North Ugunda" sur leurs versions électro ou encore le lourd héritage de Ekuka Morris Sirikiti contenu dans une compilation essentielle. Bien sûr que le singeli a une place importante avec Duke, Sisso, Jay Mitta et Bamba Pana mais il s' en est passé des choses depuis la légendaire compilation "The Sound of Sisso". Compilation elle aussi essentielle et repérée par ici puis présente dans les top 2017 du blog comme l' album "Poaa" de Bamba Pana dès 2018. Nyege Nyege seul ou par l' intermédiaire de son excroissance Hakuna Kulala , suprême machine à voyager dans le futur en brassant les influences venues de partout (footwork, Asie, Post-club), regarde plus loin que le ghetto Tanzanien et le seul courant Singeli. L' an dernier sa signature du français Judgitzu faisait subir au singeli une mutation à grand coup de Techno Hardcore et de Gabber. Deux courants partageant avec l' Africain un goût assumé pour les BPM poussés au delà des limites. Première rencontre avec la culture électro occidentale qui allait vite être suivi par une autre beaucoup moins attendue. Ça s' est passé quand l' allemand Errorsmith, grand défenseur de la cause Dancehall mais revue et corrigée par la Bleep Techno, s' est pointé à la rencontre de Jay Mitta en Ouganda accompagné de la clique écossaise déjà connue ici de The Modern Institute (voir par là). Choc des cultures assuré. Et des climats aussi faut bien dire(Ouganda vs Glasgow!!!). The Modern Institutes, apôtre de la minimal Wave et de Cabaret Voltaire, une clique capable de traîner Mark E Smith et Genesis P Ordridge sous opiacées sur une piste Gabber. De cette intrigante rencontre reste une cassette "Live at Villa" au charme indéniable. Bien sûr qu' il est encore question plus ou moins de Singeli avec ces exemples mais que dire de la musique venue de nul part du projet collectif Metal Preyers. Dernière sortie en date du label nous voici loin du dancefloor Tanzanien avec la participation des anglais Lord Tust et Jessie Hackett, et de l' américain Mariano Chavez. L' Afrique des griots et de ses musiciens traditionnels côtoie des ambiances lourdes Industrielles et Dark Ambient avec des drones sortis de leur contextes. En gros Coil dans l' Afrique urbaine du 21 ème siècle. Effet garanti en terme de dépaysement mais aussi de franchissement temporel, passé-présent-futur. Une belle petite claque. Juste avant ce projet bluffant Nyege Nyege a encore gratté dans le passé proche de la musique africaine. Et disons-le franchement vu son potentiel, dans le futur des musique du reste du monde tellement il y a de quoi faire en matière d' inspiration. Il va être question d' un courant peu connu qui retrouve une seconde jeunesse. Ce coup-ci faut prendre la direction de l' Ouest jusqu' au Mali à la découverte du bien nommé Balani Fou ou Crazy Balani en version anglo-saxonne. Si l'un des créateurs originel du style est Seydou Bagayoko dans les 90's et qu' il a connu son heure de gloire dans les 00's le disque dont il est question est une version plus moderne développée par Dj Biaki. Entre perfectionnement et retour au racine DJ Biaki pousse les compteurs BPM du Balani dans le rouge et une nouvelle fois les aficionados du footwork et des musique hyper rapide comme le gabber ou la trans vont s' y retrouver. Les autres tituberont face à ce déluge de polyrythmies en tout genre. C 'est de l' électro bien sûr mais la tradition africaine en la matière se fraye un chemin et apporte un perfectionnement avec un sens du détail qui bluffera même les fans les plus obsédé d' IDM et de Jungle. Ce qui peut apparaître aux plus coincés du bulbe que comme une vague musique de bourrins teintée d' exotisme bas de gamme va en faite se révéler une véritable bombe à multiples déflagrations retardées. Et remettre pas mal d' idées reçues à la poubelle. Passons à présent au petit frère de Nyege Nyege, Hakuna Kulala. Ce label créé avec l' aide de Nyege par Slikback, Zilla et Sapienz peut réellement être considéré comme la tête de pont dans le futur. Sa musique est encore plus moderne et surtout plus perméable à tout ce qu' il se fait de neuf sur les dancefloors contemporains mondiaux. Et pas seulement les dancefloors. L' an passé j' avais classé en plus des sorties de Slikback, le grand génie de tout ce bordel, l' album détonnant "Kubali" de la paire Debmaster & MC Yallah. Une pépite de Hip Hop africain avec des manies Trap mélangées à des sonorités issues des dancefloors et lorgnant autant sur l'indus que le footwork ou le Gqom. Un autre disque Hakuna avec MC m' avait également titillé, le grimesque et dubstep "Kyusa Embela" par le très punkie Ecko Bazz. Et que dire du ténébreux et acide "Mushoro" de Rey Sapienz et son dancehall mélangé au Soukous pouvant aller jusqu'à faire flipper même les plus endurcis des fans de Throbbing Gristle et de Vatican Shadow. Un peu avant Slikback avait donné à entendre le fruits de ses collaborations teinté de footwork avec la clique asiatique Post Club géniale de SVBKVLT (33EMYBW et HYPH11e entre autres) sur les ep "Slip 1 & 2". Vous l' aurez compris Hakuna Kulala est le label par où passe toutes les musiques réellement modernes du monde entier pour rencontrer celles tout autant rafraîchissante d' Afrique. Beaucoup de Post-Club qui continue ainsi son épidémie mondiale et stylistique, un socle Footwork et une attraction irrémédiable pour le Gqom Sud Africain sont à noter pour les inconditionnelles du blog. Et ce n' est pas avec "Headroof" que les manies du label vont s' arrêter. Cette fois-ci les curseurs de l' expérimentations et de l' abstraction sont eux aussi poussés dans le rouge. Encore une fois la Villa de Nyege Nyege sert de point de rencontre entre occident et Afrique. L' improvisatrice Elvin Brandhi s' accoquine avec la crème Nyege et Hakuna sous le pseudo de Villaelvin pour offrir un post-club de haute volée au point de faire rougir les cadors du genre. Un genre qui reprend entre leurs mains une seconde jeunesse alors qu'il n' a même pas encore perdu la première. Arrivé à la fin de cet inventaire je me dis qu'il va me falloir comme en 2019 beaucoup de mauvaise fois pour ne pas tresser systématiquement des lauriers aux sortie des deux labels et leur faire squatter les places d' honneurs en fin d' année. Et on n' est pas au bout de nos surprises quand on sait ce que Haluna Kulala prépare pour Avril. Une bombe Gqom ! La révélation du festival 2019 organisé par le label annonce la sortie de son véritable premier ep et quiconque est tombé sur son live chez Boiler Room sait que fatalement ça va être une déflagration. Son nom c' est Menzi et ce dj originaire de Johansburg va mettre nos idoles de Durban à genou. Et pas seulement. Les bandcamp des deux labels où tous les artistes se trouvent sont bien sûr inévitables et dispo ici: Nyege Nyege Bandcamp Hakuna Kulala Bandcamp
- CS + KREME, étrange musique pour un album magnifique.
L' Australie c' est loin. Très loin. Même en 2020 sous l' ère numérique où tout va plus vite, où tout finit par se savoir. Enfin quand on se donne vraiment la peine. lL nous aura donc fallu attendre 3 longues années pour enfin reprendre des nouvelles du duo faiseur d' une des musique parmi les plus énigmatiques du moment. Et autant le dire tout de suite, ce premier album tant espéré va resté gravé à jamais dans les mémoires. J' avais déjà parlé de CS + Kreme à l' occasion de la sortie de leur deuxième ep (voir ici ). Composé de Conrad Standish et de Sam Karmel ce groupe avait sur le papier tout pour plaire ici. Et ce avant même l' écoute de sa musique. Tout d' abord le lien évident avec des chouchous du blog, HTRK. Standish n' étant rien d' autre que le compagnon de sa chanteuse Jonnine. Cette dernière par ailleurs coupable en solo de l' un des meilleurs ep en 2019 (par ici). Quant à son confrère Karmel, lui aussi est connu dans le coin. C 'est l' un des membres des merveilleux et flippant F Ingers (là), également le groupe des débuts de la belle Carla Dal Forno (ici). Bref, des squatters première catégorie des top annuels de DWTN même si je suis tout honteux d' admettre être passé totalement à côté de leur single "Cold Shoulder" en 2018. Leur premier album replonge immédiatement l' auditeur dans l' insolite des ep. Si on se retrouve en territoire déjà traversé, ce tout aussi bizarrement nommé "Snoopy" va surprendre les premiers fans par ce qu'il recèle. La musique des CS + Kreme a muté. Les penchants pop sophisti-pop à la Blue Nile fabriqués dans la chambre tendent à disparaître tout en gardant les mêmes senteurs mélancoliques et rêveuses. Les deux australiens ne se sont pas reposés sur leur formidable recette du début. Ils ont rajouté des ingrédients rendant les affiliations encore plus difficiles, perturbant radicalement les sens et donnant à l' ensemble un aspect totalement inédit. Les CS + Kreme appartiennent à cette rare catégorie d' artiste qui font du neuf qu' avec du vieux. Ici pas d' interventions tonitruantes de la technologie, pas de sonorités inconnues. Ces deux artistes ne cessent de rappeler le passé et l' idéologie Post-punk avec ce qui semble être devenu comme le maître à penser ces dernières années en la matière, le regretté label Blakest Ever Black (voir ici pour la nécro). Comme avec de nombreux signataire chez BEB on ne peut pas également s' empêcher de penser à Coil. Mais pas seulement. Il y a quelque chose de totalement Post Rock dans cet art de créer de l' originalité avec une instrumentation "classique" reposant sur une grande connaissance jazzy. CS + Kremme peut facilement revendiquer l' héritage de Mark Hollis et de Talk Talk. La musique n' a rien perdu de ses capacités de pouvoir rendre les auditeurs totalement dépendant par son raffinement enfumé et planant. C 'est qu' il faut aussi expliquer que bien souvent "Snoopy" suggérera aux plus anciens un autre courant tout autant enfumé, le Trip Hop. Mais un Trip Hop qui a les manies policées de la Sophisti pop plutot que le son épais et crado du sample vinylesque. Et ce dès l' entame du disque avec un "Saint" très très Alpha (voir ici) et cela devient encore plus évident avec un "Blue Fue" introduisant Bristol dans une cérémonie rituelle et "Faun House" dans lequel leurs amours baroques apparaissent. "The Whale's Tail" en remet une couche avec son Spiritual Jazz et ses basses fatalement Dub. Le reste du temps la rythmique est aussi stone avec l' utilisation d' une 808 titubante sous l' effet probable de la chaleur typiquement australienne. Tout au long des 8 titres on se retrouve dans un état totalement hypnagogique qui peut pas si étrangement que ça faire apparaître en l' auditeur des émotions bien plus forte qu' il ne peut l' imaginer. Une nouvelle fois avec CS + Kreme une musique qui aux premiers abord n' en fait pas trop se révèle être l' une des plus addictive et émouvante du moment. Totalement essentiel.
- ARCA, EMISSION RADIO EN PROVENANCE DU FUTUR.
Arca et ce blog, une très longue histoire d' amour. Ça a commencé discrètement par un petit regard croisé avec le classement de ses deux ep de la série Stretch en 2012 (ici), puis très vite le vénézuélien eut droit à son petit article en 2013 en forme de déclaration suite à sa fantastique mixtape &&&&& (lire ici). La suite de l' histoire, des chroniques enfiévrées jamais désavouées par son auteur depuis. Le passage au le long format avec "Xen" fut une réussite (par là), la confirmation arriva avec "Mutant" en 2015 et enfin le chef d' oeuvre de 2017, l' éponyme "Arca" (ici). Arca refait parler de lui en 2020 et de l' une de ses plus belles manières, l' art de la mixtape. Finalement je me demande si je préfère pas chez le pote de Bjork, de peu certes, cette forme de production que les albums dits plus "classiques" . Le bonhomme excelle dans cet art et ne s' y loupe jamais. Après &&&&& (2013) ce fut "Sheep" (2015) puis "Entranas"(2016). Toutes des modèles du genre. D' une durée moyenne de 20 minutes Arca plongeait l' auditeur dans un univers sonnore facilement identifiable aux pouvoirs immersifs rarement croisés. Souvent noisy, industriel et bien sûr hypermoderne aux senteurs dystopiques l' auditeur était plongé dans un tuyau gorgé de stimulis sonores propulsés à la vitesse numérique. Et bien sûr on en sortait changé à jamais. @@@@@ ne déroge pas à la règle même si 4 ans après la dernière mixtape des nouveautés voient le jour. Arca a pris son temps et s' est régénéré dans la façon de faire. Si il n' y avait pas vraiment de concept développés par l' artiste auparavant cette fois-ci Arca a voulu sa mixtape comme une émission de radio venue d' ailleurs (monde étranger dystopique) animée par Diva Experimental au sujet de laquelle il ajoute "vit à travers plusieurs corps dans l'espace en raison de sa persécution - pour la tuer, il faudrait d'abord trouver tous ses corps. Les corps qui l'hébergent portent des fétiches de paralinguistique, brisant le quatrième mur et nourrissant une foi mutante en amour face à la peur”. La durée de la mixtape composées d' une succession de "Quantums" dépasse l' heure mais rassurez-vous vous n' allez jamais trouver le temps long tellement l' oeuvre prend l' aspect d'une mosaïque d' idées riches que nous parcourons à la vitesse du numérique. Une heure de musique à la très riche diversité où les surprises se succèdent. Pas un seul "quantums" dépassent les quatre minutes et leur durée moyenne est de deux minutes. Les habitués du bonhomme vont se retrouver en terre connue tellement la patte du producteur est reconnaissable mais en même temps il va encore surprendre par son talent et ses trouvaille. L' art magistral de la mutation est à son paroxysme. Les déflagrations décapantes et les grincements métalliques se succèdent. La noise et l' indus sont propulsés une nouvelle fois dans le futur et remis à neuf. Quand cela cesse ce sont des synthés et des clavecins malades qui prennent le relais. Les sons sont étirés, inversés, tortillés, défigurés. Des rythmiques semblant provenir de nos dancefloors balbutient, bafouillent. Un sentiment de chaos, issu d'une déambulations nerveuses peut amener à la claustrophobie jusqu' à ce qu' Arca vous cueille avec des plages sonores plus placides mais tout autant fortement émotionnelles. Souvent un aspect nouveau consolidé avec l' album "Arca" fait son entrée dans l'art de la mixtape du vénézuélien, les voix. Absentes dans "&&&&&" et "Entranas" elles nous offrent dans @@@@@ probablement les plus beaux moments affectifs. La maîtrise d' Arca dans leur manipulation a une nouvel fois franchi un palier depuis "Arca". Arca en une heure vient simplement de nous offrir son chef-d' oeuvre en la matière et même simplement l' une des plus grandes mixtapes qu'il m' a été donné d' entendre. Quelques jours après la disparition de l' un des génie en la matière du mix Arca vient de propulser définitivement cet art modellé en partie dans les 90's par le regretté Andrew Weatherall dans une autre galaxie.