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390 éléments trouvés pour «  »

  • BIANCA SCOUT, étrange musique hantologique du présent.

    Dans le radar de ce blog depuis belle lurette Bianca Scout délivre enfin le grand disque espéré. Un bien étrange songe musicale dont on en sort pas indemne. Cela fait 10 ans que le nom apparaissait régulièrement dans l' Underground. De Bianca Scout jusqu' à présent on ne savait seulement qu' elle possédait un sacré carnet d' adresse tant elle illuminait de sa présence les travaux des autres. Et quels "autres". Croisée aux côté des merveilleux Mica Levi, Coby Sey, Space Afrika, Klein et bien d' autres on prévoyait que tôt ou tard cette danseuse de formation souvent dans l' hombre allait à son tour avoir droit à la lumière de l' avant garde Ambient. Restait à savoir de quelle manière. La native de Newcastle en est partie très vite pour rejoindre le Sud de Londres. D' abord connue pour ses prestations dans la sphère de la danse elle s' est donc très vite acoquinée avec le gratin cité plus haut. Suivrons trois albums solo sortis en catimini et encore très difficilement trouvables. Sans faire de bruit elle creusait son sillon. Souvent une Ambient à base de collage sonore lorgnant plus ou moins sur la Pop. En parallèle on la verra collaborer en duo avec Martyn Reid au sein du projet Synthpop Marina Zispin ou encore aux côtés d' Elena Isolini pour une Ambient Pop aux senteurs Folk. 2023 marque un tournant qualitatif. Scout franchit un palier avec son quatrième, "The Heart Of Anchoress". Découvert trop tardivement par votre serviteur il en fallu peu pour qu'il tape l' incruste dans mon Top annuel. "The Heart Of Anchoress" voyait Bianca Scout cesser de tâtonner pour atteindre une réelle maîtrise. Plus assurée elle délivrait une Ambient parfois Pop aux sonorités fortement Hypnagogic Pop mais finalement Hantologique parce que travaillant sur la nostalgie sans l' être réellement. (Pour les retardataires sur ce sujet allez ici et là) Enregistré en partie dans une église afin de bénéficier de son orgue cette musique éthérée ne cachait pas ainsi l' influence de la nostalgie sur son autrice mais évitait que ce sentiment commun à tous ne devienne donc un refuge définitif s' approchant en définitive d' une prison . Bianca Scout n' effectue pas un repli sur le passé mais affronte le présent tout en domestiquant les spectres musicaux d' autrefois. Le récent "Pattern Damage" fait plus que confirmer la progression opérée par le précédent. Il l' accélèrent et la renforce. La palette stylistique dévoilée sur les dix années écoulées s' est concentrée en seulement 12 titres et ce avec une maestria rare. Electro Dark ("Desert"), la Musique de Chambre ("Forest Spirit" et "Lead Us") ou la DreamPop Lo-Fi. À certains moment on peut penser à l' Illbient quand en parallèle l' utilisation des techniques Chopped & Screwed confirme la largesse d' esprit et la curiosité de Scout. "Passage" est un clin d' oeil R&B appuyé à la version alternative du genre que nous offrent le duo magique Tirzah et Mica Levi. C' est donc une Ambient Pop bien plus complexe qu' elle en a l' air lorgnant sur la musique Classique mais surtout imprégnée de l' esprit Post Punk. Et c'est peut être bien cet état d' esprit qui fait tout le charme quand il est au service d' une musique faussement rêveuse et pas rétrogaga. Bianca Scout affronte sans fausse pudeur l' époque de troubles profonds que nous vivons, cette succession de trop plein numérique et de vide existentiel comme l' illustrent ses paroles incisives assez détonante dans l' Ambient. C' est à la fois hypnagogique et anesthésiant mais surtout pas soporifique quand Bianca Scout nous raconte un terrifique présent dystopique et technocratique. Selon ses dires ce disque aborde les traumatismes et l' importance des réponses qu' on leur apporte. Des réponses qui parfois ne poursuivent qu' une boucle infernale quitte à entraîner des traumatismes chez les autres et soi même. J' ai beaucoup penser à Leyland Kirby aka The Caretaker tant la musique de Bianca Scout possède ses senteurs et sonorités profondément Hauntologic. Mais à la différence de son compatriotes ce n' est pas vraiment une relecture d'un passé lointain et identifiable affirmant la disparition d'un futur (Derrida) mais l' utilisation d'un passé flou dépourvue d'une vénération isolationniste pour mieux décrypter et traverser le présent. Moins cynique, plus combatif. Album d'une beauté foudroyante "Pattern Damage" s' inscrit parfaitement dans le renouveau apporté par une certaine scène britannique expérimental les pieds bien encrés dans le bitume de nos villes. Les Space Afrika, Klein, Coby Sey ou encore Tirzah. Il est à noter qu' après Space Afrika, Jack Muir et la très étrange Hip Hop Ambient du non moins bizarre Yungwester le jeune label mancuniens Sferic tape fort encore une fois et ravive à merveille la flamme de l' histoire musicale tant vénérée ici de cette cité anglaise et est appelé à devenir une boussole essentiel pour la musique britannique dans son ensemble.

  • JLIN, quand le Footwork fout le bordel à l' auditorium.

    "The most exciting music is one that physically demands the body to move in unfamiliar ways" ("La musique la plus excitante est celle qui oblige physiquement le corps à bouger d'une manière inconnue") Steve Goodman Aka KODE 9 Après 6 longues années d' attente Jlin revient au format album studio classique. La reine du Footwork était attendue au tournant. Quelle orientation pouvait-elle bien prendre après les titanesques "Dark Energye" et "Black Origami" ? Allait-elle continuer d' amener le Footwork en territoires éloignés de son lieu d' origine ou opérer un retour au source? "Akoma" perpétue les bonnes habitudes prise dès le début de sa carrière et amène le style musicale chicagoan au-delà de toute espérance. (Pour les retardataires utilisez le mot clé histoire de rattraper le temps perdu) Au cours des 6 années séparant "Akoma" et "Black Origami" Jlin n' a pas cessé d' évoluer . Deux ep passionnants, "Embryo" qui la voyait s' approcher inexorablement de l' IDM d' Autechre et Aphex Twins et enfin "Perspective" l' an dernier qui confirmait ses accointances pour le minimalisme et le Glitch. Avec ce dernier elle franchissait un palier supplémentaire en collaborant avec le Third Coast Percussion Ensemble jusqu' à devenir finaliste du prix Pulitzer. Auparavant elle avait publié "Autobiography", musique composée pour le spectacle de danse contemporaine de Wayne McGregor. Le statut de Jlin a continué quant à lui de grandir et le grand espoir du Footwork est devenue une référence absolue en matière d' avant gardisme musical jusqu' à sortir du cadre unique de son courant d' origine. Pas pour rien que son nom a été associé à la crème des crèmes dans le domaine et quelque soit le genre, SOPHIE, Ben Frost, Holly Herndon et la reine Bjork. Et ne parlons de la vénération que lui voue Aphex Twin. Avouons tout de suite qu' "Akoma" n' atteint pas immédiatement l' intensité de ses deux prédécesseurs en matière de choc futuriste et de surprise mais on peut mettre cela sur le compte justement des Ep's qui ont ponctué l' intermède en nous dévoilant progressivement les développements artistiques de l' américaine. Il faut rappeler pour les néophytes à quel point la sortie de "Dark Energy" atteignait comme de très rares exceptions avant lui les sommets révolutionnaires des dancefloors. Un véritable cathaclysme digne de celui provoqué par la Jungle 20 ans plus tôt. Moins clinquant et désarçonnant mais bien plus diversifiée et accessible. Le quidam peut ainsi toujours s' accrocher à des sonorités un brin moins étranges tel celles lorgnant sur le Jazz, le Trap, le classique Moderne avec le minimalisme et les passés Techno de Detroit et de la Rave. A vouloir colorer son Footwork expérimental d' une multiple palette Jlin ne perd pas non plus son encrage dans le genre qui l' a vu naître. Au fil des titres Jlin nous entraîne dans une pérégrination l' amenant des Dancehall de Chicago pour aller sur les Dancefloors européens en passant par des salles bien plus institutionnelles et académiques. Et en chacun des lieux et styles cités elle fout le bordel et casse les préjugés et le conformisme tout en poussant à entamer une danse de Saint Guy inédite. Au fil des 11 titres on va en croiser du beau monde. Bjork ouvre le bal suivi par le quatuor Kronos et enfin l' un des papes du Minimalisme, Philip Glass en personne. Mais avec Jlin la collaboration n' est pas un simple cache misère divertissant comme chez tant d' autres. A l'images de la voix de Bjork à peine reconnaissable l' américaine ne la joue pas petit bras ou fan trop respectueuse. Son art et sa maîtrise sont si forte que c' est bien elle qui vampirise les artistes cités. Si sa musique mérite toujours une attention particulière tant les détails sont importants elle se révèle toujours aussi dérangeante, stimulante et hypnotique qu' aux premiers jours. Le chemin parcouru depuis son apparition sur la légendaire compilation Bangs & Works Vol.2 de Planet Mu est gigantesque et le palier franchi par "Arkhoma" encore phénoménal. Jlin avait marqué la décennie précédente et ce disque est une affirmation sans contestation possible que les 20's seront encore celles de la reine du Footwork.

  • MANNEQUIN PUSSY, la surprenante métamorphose.

    Ma première écoute des Mannequin Pussy c' était à l' occasion de leur deuxième album "Romantic". Et la sentence fut "ça casse pas trois pattes à un canard". La deuxième fois, poussé par une chronique typiquement Chauvino-Pitchforkienne de leur troisième, "Patience", la sentence fut "même le canard ferait mieux". Pour la troisième fois, il y a quelques jours avec "I Got Heaven", la sentence devint : "Putain ! " et de filer m' ingurgiter le canard, plumes comprises, en guise de pénitence. Vous l' aurez compris tel le palmipède déjà cité, Mannequin Pussy est l' exemple parfait de ces groupes patauds et lourdauds qui tanguent sur une crête tout en hésitant sur quel chemin prendre. Ils sont tombés souvent dans le précipice de l' insignifiance quand ce n' était pas celui de la grandiloquence putassière. Mais cette fois non seulement ils ont filé droit mais ont miraculeusement réussi un merveilleux envol inespéré. Ce fut long, 14 ans de carrière, mais on est bien plus que simplement agréablement surpris par la tournure que prend leur carrière. "I Got Heaven" les propulse en tête d' un peloton Indie américain d' où s' échappent depuis quelques mois des formations enfin pertinentes et bluffantes après des années de marasme rétrogaga. Ce disque est puissant. C 'en est même la caractéristique principal. Ce disque est également terriblement accrocheur. Bref il est Power Pop tout simplement. Ce n'est pas pas la première fois ces derniers mois que ce courant qui a connu plusieurs incarnations au cours de l' histoire réapparaît dans mes pensées à l' écoute de certains groupes ricains. La Power Pop désignant un style mêlant mélodies accrocheuses et puissances sonores semble être un peu comme le monstre du Loch Ness. Alternant les périodes d' absences et celles d' apparitions courtes mais tonitruantes. Première vague dans les 70's avec les géniaux Big Star ou les Rasperries et Badfingers. Suivront celle des 80's très grand public amenant même à un certains dégoût (The Beat ou The Knack) et enfin et surtout beaucoup plus digérable et pertinente celle en provenance de l' Indie des 90's, Lemonheads, The Posies, Weezer, Matthew Sweat, Teenage Fanclub et Sugar. Toutes ces formations sous la grande influence des Primitives et des Replacements qui les avaient précédé de peu. Depuis des mois l' Amérique semble vouloir y regoûter. Et pas seulement. Bien évidemment il ne s' agit pas réellement d' un Revival en bonne et due forme mais certains aspects transpirent chez certaine formations Indie qui ont la côte tel Hotline TNT, Alvvays ou les Coréens de Parannoul. Pour la plus part il faut faire preuve d' une certaine connaissance dans le domaine pour discerner les éléments Power Pop de ceux provenant de la Noise Pop voir d' un Shoegaze aguicheur. En fait c' est le trait caractéristique de cette nouvelle génération qui ne veut (ou peut) plus assumer des aspiration rétros faciles et simplistes. Les 90's dans le viseur ils ne se contentent pas de copier une ou deux références stylistiques mais de brasser tout un ensemble d' influences parfois éloignées d' une manière réellement inédite. Il semble qu' une nouvelle fois on assiste à une réponse à l' autre dans l' éternel dialogue parfois houleux entre l' Amérique et le Royaume Uni. Ces derniers nous ont dégoupillé le retour d'un Post Punk qui à présent tourne à l' overdose et voilà que les yankees en tapant eux aussi dans le passé amène l' Indie Music à tenter de se renouveler enfin. Les Mannequin Pussy n' échappe pas à ce phénomène Outre Atlantique et eux aussi amènent parfois à repenser à la Power Pop. Comme les autres ce ne sont à proprement parlé que des sensations évoquant la Power Pop mais il est indéniable que leur production puissante est ce qui en rapproche le plus et ce avec une certaine maîtrise des crochets Pop. Leur penchent Power Pop s' était déjà révélé sur le précédent "Patience" mais à l' époque comme je l' évoquais plus haut les Mannequin Pussy faisaient preuve d' une certaine maladresse si ce n'est d' un passage en force totalement grossier et pataud dans leur évolution et leur songwritting. Hésitant donc entre Hardcore Punk, Power Pop et des affinités Indie Pop jusqu' à en faire trop ou pas assez. Ce disque par moment évoquait l' aguichante Power Pop 90's mais également le rock FM de l' époque qui profita du phénomène Nirvana pour nous asséner sa musique pseudo Indie Rock Grunge Métal mais calibrée pour les stades et les radios (Soundgarden, Alice In Chains). Ce qui marque avant tout le virage opéré et surtout l' élévation du niveau dans "I got Heaven" c' est un savoir faire enfin atteint et leur habilité inédites dans l' alternance de textures sonores et la variété des compositions. On peut véritablement parler d' un Crossover stylistique encré dans les 90's qui ne semble pas forcé. Toujours adeptes de titres débridés ils oublient enfin leurs gros sabots quand ils décident de passer au Mi-Tempo typiquement Indie. Le titre inaugural qui donne son nom à l' album est la plus parfaite illustration. "I Got Heaven" débute dans la plus pure tradition Punk Hardcore puis subitement opte pour un refrain Indie 90's introspectif et planant très Shoegaze. Peu après "Nothing Like" suggérera encore plus My Bloody Valentine et leurs compères de l' époque. Des titres comme le très Pixien "Loud Park", "I Don't Know You" et "Sometimes" dressent quant à eux un très large tableau de ce qu' était la diversité Indie dans les 90's. "OK! OK? OK! OK?", "Aching" et "Of Her" coche l' obligatoire case Punk Hardcore mais face au reste de l' album ces trois titres , peut être par soucis et une volonté de ne pas passer pour des vendus aux yeux de leur scène d' origine, par leur aspect "conformiste" en deviennent un brin anecdotiques et surtout révélateur du virage opéré. Révélateur comme l' est également le sens général des paroles de la leader du groupe, Marisa Dabice. Bluffante par sa capacité de passer de la vocifération Punk au chant fragile et éthéré elle assume également qu' auparavant elle et ses comparses avaient probablement bien de mal à abandonner leurs laisses. Celles du patriarcat, de la religion, des carcans stylistiques et des velléités commerciales. "I got Heaven", imprégné enfin d' une réelle énergie féministe qui n' aligne plus les clichés un peu trop facile, devient un symbole de libération. Plus du tout adepte de l' emphase surjouée par le passé Dabice se révèle bravache et n' hésite plus à afficher ses propres contradiction et celle de son groupe. Mannequin Pussy avec leur quatrième album a donc franchi un cap jusqu' à nous offrir l' une des plus belles réussites de l' Indie de ce début d' année. On peut certes s' interroger sur les motivations réelles, opportunisme ou libération artistique comme suggéré par les paroles, d' une formation qui semblait se chercher maladroitement depuis très (trop?) longtemps. En attendant ne boudons pas notre plaisir tant ce disque est jubilatoire par sa force et son art de conjuguer le passé sur un mode totalement affranchi et un brin original.

  • BILL RYDER-JONES, une merveille Chamber Pop.

    Il faut parfois du temps à un artiste pour produire un chef d' oeuvre. Cela fait 28 ans que Billy Ryder-Jones traîne sa bosse dans le milieu Indie britannique. Avec son 5 ème album "Iechyd Da" il nous offre la merveille absolue que l'on attendait pas vraiment de lui en solo et plus du tout de son ancien groupe The Coral. La carrière de Bill Ryder-Jones a débuté quand à 13 ans il incorpore le groupe de ses potes d' école qui allait devenir The Coral. La formation de Liverpool sera très vite appelée à devenir le fer de lance du revival des guitares en Grande Bretagne aux côté des Libertines à la suite des ricains The Strokes et White Stripes. The Coral se démarquèrent très vite de leur tumultueux compatriotes londoniens en délaissant le Garage Rock pour aller vers plus de psychédélisme et une production plus pop avec le très lourd héritage liverpoolien musicale à porter. Assez vite Ryder-Jones rencontra de très sérieux problèmes psychiques au cours des tournées ce qui l' amènera à quitter le groupe une première fois avant de revenir en studio pour le chef d' oeuvre "Roots & Echoes" auquel il donne une patine Baroc Pop en composant certains arrangements de cordes. Il se sépare du groupe définitivement en 2008 toujours à cause de ses difficultés à entrer sur scène mais également parce que les velléités commerciales du groupe devenaient trop forte à ses yeux. Débarrassé des tournées épuisantes et des emmerdes promotionnelles Ryder-Jones se remet rapidement à la musique en signant plusieurs B.O. pour finalement passer aux albums studios classiques et ainsi s' affirmer. Un premier, "If", confirme ses accointances pour les cordes et les univers des compositeurs de musique de film. Se dévoilent également les influences de Nick Cave, Syd Barrett et les trop vite oubliés gallois de Gorky's Zygotic Mynci. Un deuxième, "A Bad Wind Blows In My Heart", le voit s'orienter vers le Folk d' un Bill Callahan (Smog) pour ensuite avec le suivant revenir un peu plus près du Rock de ses débuts sous l' influence des Strokes mais aussi celles d' autres gallois Super Furry Animals. Et ce avec un léger accent Slacker Rock à la Pavement. C 'est avec le quatrième album que Ryder-Jones commença à vraiment me titiller les oreilles. Faut dire qu' avec "Yawn" il touchait certaines de mes cordes sensibles quand des sonorités Shoegaze accompagnait un chant évoquant le légendaire Michael Head (The Pale Fountains, Shack) et flirtant parfois avec l'univers des Cure. En parallèle de sa carrière solo on verra Ryder-Jones se mettre à la production pour plusieurs groupes dont son idole Michael Head et participer à l' aventure Chamber Pop The Last Shadow Puppets tout en accompagnant sur scène les Arctic Monckeys en tournée. Bref vous l' aurez compris Ryder-Jones sans réellement être sous les feux des projecteurs a construit une de ces solides carrières underground susceptibles à tout instant de se propulser aux sommets par ténacité et intégrité. Avec "Iechyd Da" c' est exactement ce qu' il vient de se passer. Immense succès critique et commercial tellement mérité. Mettons très vite l' aspect comptable de côté parce qu' il y a tant à dire sur ce nouveau joyaux Chamber Pop de la couronne. Denrée en provenance de Grande Bretagne devenue bien rare. "Iechyd Da" est un solide bon en avant créatif pour un artiste qui faisait jusqu' à présent dans le bel ouvrage artisanal sans grandes prétentions. Ryder-Jones affiche dorénavant une sacré ambition et réussit là où beaucoup se sont plantés. On peut même avancer qu' il dépasse largement le projet The Last Shadow Puppets des stars Alex Turner et Miles Kane auquel il avait participé. Ce disque offre une forme de dualité assez surprenante mais réussie. Profondément émouvant tant son auteur se met à nu comme par exemple quand il nous parle du poids du confinement sur ses problèmes psychiques. C' est également le cas lorsque flotte sur certaines paroles le fantôme d'un frère mort trop tôt. Sa voix douce et blessée rajoute en trouble quand elle aborde des sujets souvent lourds. Une voix touchante qui évoquera pour les plus anciens une autre tout autant déchirante, celle du regretté Mark Linkous de Sparklehorse. L' emploi d' une esthétique acoustique par la guitare notamment amplifie encore plus le lien avec l' américain décédé en 2012. Face à autant de délicatesse et de fragilité Ryder-Jones opte en contrepoint pour des orchestrations de cordes et des cuivres majestueux apportant à l' ensemble une teinte très cinématographique et lyrique. Sa production se révèle parfaite et paradoxalement puissante. C' est mélancolique et à la fois exaltant. Épique et Humble. Douceur et grandiloquence ne donne pas toujours de bons mariages mais dans le cas de "Iechyd Da" cela ne sonne absolument pas faux. Ce type nous raconte ses petits et gros problèmes personnels mais on est jamais dans l' auto apitoiement avec des chansons délivrant une fantastique soif de vivre. Ses tristes petites histoires par un tour de magie deviennent universelles et une soif de vivre puissante s' empare de l' auditeur qui peut dorénavant retourner au front du quotidien. Ryder-Jones se retourne sur le passé douloureux, sonde au fond de lui même et y puise un optimisme lucide salvateur. Ce disque regorge de merveilles tel "We Don't Need" avec son début terriblement intimiste à la Sparklehorse jusqu' à surgissent des chœurs d' enfants angéliques. Et que dire du monument "This is Can`t Go" qui va vous emporter très haut tout. Sur ce dernier on ne peut pas ne pas penser aux "Deserter`s Songs" de Mercury Rev ou certains moments des Flaming Lips. A d' autre occasions l' orchestration typiquement britannique suggérera un autre trésor caché de la couronne, Richard Hawley (sur "It's today Rain"). On peut citer encore "Nothing To Be Done" qui voit le retour des chœurs d' enfants. Et quand Ryder-Jones décide de se taire c' est pour faire place à la légende Michael Head déclamant "Ulysse" de James Joyce ("...And The Sea..."). Encore un instant où le temps s' arrête d' autant plus si on connait le passé de Head, mille fois condamné mais renaissant toujours de ses cendres. Parfois Ryder-Jones se dévoile taquin et érudit comme quand il cite The Velvet Underground après avoir débuté "I Know That's Like This" sur un sample de la brésilienne Gal Costa. Il sait calmer le jeu et éviter la surcharge comme sur "If Tomorrow starts without You" ou "I hold Something in my Hand" qui prouvent qu' il n'est pas seulement question d' une simple question d' emballage via la production mais que ses compositions possèdent des bases solides. "Iechyd Da" signifie en gallois "Bonne Santé". Comment ne pas la retrouver ou au moins un morale doublé d' un optimiste dont on a besoin plus que jamais de nos jours. Avec ce disque Bill Ryder-Jones s' inscrit immédiatement dans la grande histoire de la Chamber Pop britannique parmi les trésors déchirants que sont entre autres le "Coles Corner" de Richard Hawley, l' "Apple Venus Vol.1" d' XTC et le "Promenade" de Divine Comedy qui fête ces jours-ci son trentième anniversaire. Sans vraiment rien inventer et en utilisant des bouts de ficelles déjà entendus ailleurs qu' il magnifie, ce qui pourrait sembler être du toupet ou du cynisme mais qui tient bien plus d'un cri du cœur d' érudit respectueux, Ryder-Jones vient simplement de nous offrir un classique . PS : Chroniquer Bill Ryder-Jones m' a mis d' excellente humeur donc voici certains artistes cités.

  • CHUQUIMAMANI-CONDORI aka ELYSIA CRAMPTON, retour tonitruant.

    Disque sorti en catimini à la fin de l' année dernière et qui plus est sous l' un de ses pseudos le moins connu, la dernière oeuvre d' Elysia Chuquimia Crampton est encore un sommet et justifie une fois de plus la vénération quasi obsessionnelle dont jouit l' artiste américaine dans ce blog depuis près de 10 ans. On n' avait plus vraiment de nouvelles d' Elysia Crampton depuis son gigantesque "Orcorara" de 2020 (ici) si ce n'est les comptes rendus des multiples expositions artistiques auxquels elle avait participé (Centre d' Arts Contemporains de Genève, MOMA de New York). L' attente parut longue et on commença à s' inquiéter et spéculer sur le fait que l' artiste d' origine Aymara-Bolivienne née aux états Unis ne cesse de produire de la musique préférant les salles expos et les arts visuels. On hésita même à en parler au passé et commencer à dresser le bilan d' une carrière mirifique à l' influence gigantesque tant on était habitué à son rythme effréné de production (environ un album par an). Pour ceux qui ont loupé les débuts de la grande histoire d' amour qui unit ce blog avec Crampton on vous conseillera d' utiliser son mot clé afin de rattraper le temps perdu mais comme on est gentil on va faire le petit résumé de l' un des personnage les plus marquant de l' avant garde électro. Cette artiste multicarte apparu aux débuts des 10's marqua les esprits dès 2013 avec "The Light That You Gave Me To See You" enregistré sous le pseudo E+E. Avec de faibles moyens tel des échantillonneurs et des synthés ce disque au fortes senteurs d' électro Latine et de Cumbia Digital se révélera au fil des années comme l' une des pierres philosophales de la Deconstructed Club (par là). Disque en avance sur son temps il fut suivi du tout autant essentiel "American Drift" sous l' étiquette Elysia Crampton. C' est réellement avec ce dernier qu' elle acquit une reconnaissance mondiale dans le milieu alternatif. Elle y dévoilait sa fibre d' historienne de la musique et de sa culture au travers de titres abordant l' histoire de la Virginie mêlée à ses origines latines. Au fil des sorties discographiques elle ne cessa de s' interroger sur ses racines Aymara et de nous questionner sur le passé et le présent colonial ainsi que sur le sujet LGBT. La musique de Crampton est restée jusqu' à présent assez difficile à définir mais peut aisément être résumée comme être l' un plus beau mariage de l' avant gardisme électro avec la Folk Sud Américaine. Le présent et le passé. Ses Sound Collage et ses expérimentations ont produit une musique aux forts pouvoirs psychédéliques susceptible parfois de charmer le milieu Indie. Sorti uniquement sur Bandcamp sous le nouveau pseudo de Chuquimamani-Condori ce disque intitulé "DJ E" marque un virage affirmé vers une radicalité artistique encore plus assumée. Dans ses très rares interviews Crampton a souvent déclaté vouloir aller vers une musique "plus moche" parce que sans compromis. Pour le coup c' est réussi mais tout dépend bien sûr ce que l'on entend par "musique moche". Il faut comprendre par "Moche" que la volonté de Crampton est de créer une musique allant à l' encontre de ce que les médias et l' industrie tentent de nous imposer. Soit une musique "agréable", "d' ambiance" (rien à voir avec l' Ambient en tant que genre artistique et plus avec un but "utilitaire"). Une musique suffisamment discrète pour ne pas perturber nos petites vies de consommateurs et votre productivité. Peu de chance de retrouver un des 7 titres de "DJ E" dans une playlist spotify diffusée dans les Open Space des grandes entreprises ou les robinets à clip et les radios. Pour arriver à ses fin Crampton/Chuquimamani-Condori a décidé de ne pas masteriser ses titres. En évitant la compression une fois le titre terminé les contrastes sonores ne sont pas atténués comme nos oreilles de consommateurs y ont été habituées. Le choc peut se révéler assez perturbant et il faut un certain temps d' acclimatation pour pouvoir percer à jour les multi couches sonores qui parfois flirte avec l' atonalité. Par traitement numérique et compression hors mastering elle superpose donc les couches et les samples jusqu' à parvenir à un miraculeux équilibre de la dissonance. Il est très difficile parfois de trouver l' origine stylistique et quels instruments sont utilisés à force d'un immense travail d' hachage et de distorsion même si certains courants musicaux latino-américain sont assez identifiables tel les boliviens Saya, Caporal ou Huañyo. Crampton afin d' expliquer cette superposition dit s' être inspirée d' un rite ancestral Aymara: "le son de nos cérémonies de l'eau, les 40 groupes jouant leurs mélodies en même temps pour créer la cacophonie de la première aurore et l'appel de l'étoile du matin Vénus". L' auditeur se retrouve confronter à un brouillard sonore opaque désorientant amenant à une profusion de sentiments multiples et incontrôlables. Progressivement de cette mélasse hallucinatoire , et si l' auditeur veuille bien s' en donner la peine, filtre une lumière et des couleurs hypnotique susceptible de vous élever pour atteindre une plénitude jubilatoire. Crampton réussit à amener jusqu' à une sorte de catharsis rarement atteinte. Elysia Crampton nous avait manqué au cours de ces 4 dernières années et elle nous revient encore plus passionnante et intègre. Malgré plus de dix de carrière c'est une proposition encore et toujours enrichissante et révolutionnaire que celle de cette artiste.

  • DJ ANDERSON DO PARAÌSO, le côté obscur du Baile Funk.

    L' an dernier, toujours affamé de nouvelles sonorités innovantes, DWTN s' était rué sur la version hallucinatoire et terrifiante du Baile Funk brésilien offerte par DJ K (ici) . A peine remis de ma découverte nommée dorénavant le Bruxeria Sound, le label ougandais Nyege Nyege déjà découvreur de DJ K annonçait en grande pompe une nouvelle recrue issue de la scène Baile Funk brésilienne. Et les plus avertis des observateurs du label nous prédisaient une encore plus grande claque tant la version promise du Baile Funk était totalement différente et originale jusqu' à battre en brèche les idées reçues. Le premier album du petit dernier au sein de l' écurie Nyege vient enfin de sortir et disons-le immédiatement. Les annonces n' étaient pas du buzz pour pas grand chose mais bel et bien le coup de vent annonçant une sacrée tempête. Mais avant de s' attaquer au phénomène il est utile de passer par un petit cour d' histoire sur ce que l' on nomme le Baile Funk histoire aussi corriger quelques petites boulettes vues par ci par là. Déjà une chose à préciser pour les aficionados du Funk américain il n' y en a quasiment plus aucunes traces dans ce que l'on appelle le Baile Funk ou Funk Carioca. Même si les Dj des 70's à l' origine du genre passaient du Funk et de la Soul, devant l' affaiblissement des deux courants dans les 80's, ils se tournèrent vers le Hip Hop et l' électro avec une forte prédilection pour la Miami Bass. Assez vite ils développèrent leur propre version en ajoutant des sonorités provenant des instruments de percussion afro-américains et en remplaçant également l' anglais par le portugais. A forte teneur sociale par ses lyrics le "Funk" remporta un gros succès dans les favelas sous les regards réprobateurs des classes riches et moyennes du pays. La version plus commerciale apparue fut le Funk Melody et bien sûr la Pop Mainstream commença par emprunt à vampiriser le courant. En réaction le "Funk" eut bien sûr sa version plus brutale et gangsta avec le Funk Proibidão. Plus tard un autre sous genre débarqua, le Funk Ostentação. Marqué par le Pop Rap d' alors mais toujours sous forte connotation Gangsta il domina les 10's. Le "Funk" brésilien devenu mouvement de masse parti de Rio (d' où souvent l' appellation Carioca à présent réductrice) se propagea et c' est tout le brésil qui vit les Dj essaimer dans les Baile (fêtes de rue) au cours des années. Dj Anderson Do Paraìso malgré son jeune âge de 27 ans est déjà une légende du Baile Funk. Il a grandi dans la grande Belo Horizonte, grande ville située à l' intérieur des terres et assez éloignée des images d' épinal rattachées à Rio. Ne partageant en commun évidemment avec la cité côtière que les favelas et leurs pauvreté . Ceci expliquera peut être ce qui va suivre. Il débute vers 15 ans en assistant aux Baile (fêtes de rue) du quartier Serrão. A Belo Horizonte il est au cœur pour prendre une part immense à l' une des plus passionnantes évolutions du Baile Funk, le Funk BH. Avec une approche franchement plus minimaliste lui et ses potes vont rendre le Funk plus éthéré et atmosphérique. Le rythme habituellement proche des 150 BPM diminue jusqu' à 90 pour stagner la plus part du temps vers les 130. Les MC délaisse un tant soit peu l' univers Gangsta et mysogine tout en perpétuant la contestation sociale des origines. Ainsi il n' est pas rares de voir la sexualité être abordée d' une manière bien plus progressive avec parfois des lyrics pro LGBT accompagnés d'une vision franchement plus optimiste et combative. Immédiatement à l' écoute de cette claque qu' est "Queridão" l' auditeur va être surpris par les choix sonores en matière de sample opérés par Anderson. Aux côtés du traditionnel outillage électro et l' usage systématique de la réverbération la surprise provient de l'instrumentation classique. Flûtes retravaillées, pianos et cordes en tout genre eux aussi maltraités. Le Baile Funk devient plus solennel jusqu' à être menaçant. Si cette musique demeure toujours très urbaine elle prend une tournure très fantomatique et étrange entre les mains d' Anderson. On ne sait plus très bien si le meilleur endroit pour l' écouter demeure le dancefloor d' une favela ou singulièrement notre fauteuil à la lueur d' une bougie. Avec DJ K on pouvait encore s' imaginer se trémousser en bermuda une bière à la main dans une Baile en pleine période carnavalesque sous l' effet d'une quelconque substance hallucinogène face à une profusion de beat. Chez Anderson c' est l' hiver et à tout instant vous êtes susceptible de frissonner de peur tant il est maître pour délivrer une musique très forte en suspens. Pour cela il joue sans cesse avec le silence. C' est avec une méticulosité infinie et un sens de l' économie louable qu' il va se contenter de peu pour maintenir une pression énorme. La surcharge présente chez la concurrence brésilienne n' a pas de raison d' être du côté de Belo Horizonte. Le phrasé rap ou surtout le chant typiquement brésilien ne jurent en aucunes façons avec cette musique si lugubre. On dit toujours que les contraires s' attirent et ici le mariage est un succès. Ne cherchez pas de disques autant novateurs. Vous n' en trouverez pas ou si peu tant cette musique semble venue de nul part. Si pour certains le Baile Funk peut se révéler être une musique un brin difficile par manque d' habitude ou simplement par éloignement culturel celui-ci par ses prétentions expérimentale exposées avec une facilité déconcertante est susceptible de vous emporter très loin jusqu' à redéfinir toutes nos conceptions et les diktats musicaux contemporain un peu comme le footwork en son temps.

  • KIM GORDON, quand les boomers n' en sont pas.

    Le royaume musical imaginaire de Dancing With The Noise possède l' étrange particularité de contenir trois reines. Une islandaise, une bristolienne et une éternelle jeune fille du Dorset. Devant l' état de forme de ces trois reines toujours passionnantes et pas encore grabataires J' avais presque oublié de vous rappeler qu'il existait aussi une reine mère. Une reine mère encore plus cool, courageuse et percutante que ses trois filles. Symbole absolu d' indépendance, de féminisme et de liberté artistique totale. Vendredi dernier, journée mondiale des droits des femmes (pas un hasard), Kim Gordon, 70 ans, sortait son deuxième album solo. Probablement l' un des disques parmi les plus bluffants et judicieux en ce timide début d' année. Le premier sorti en 2019, "No Home Record" m'avait sidéré au point de le classer dans mon top 20 annuel (ici). Comment, après 30 ans de carrière au sein de Sonic Youth avec la réussite que l'on sait, pouvait-elle encore nous surprendre et nous secouer? Nous épater de nouveau par son intégrité, sa passion pour l'expérimentation, sa curiosité à tout épreuve pour les nouvelles musique de "djeuns" tel le Footwork ou la Deconstructed Club. Sur une musique innovante sans compromis , elle dépeignait d'un œil acerbe et lucide notre époque. Souvent les membres de groupes essentiels peinent à atteindre en solo les cimes tutoyés collectivement. Bien sûr il y a des exceptions (Van Morrison, Peter Gabriel et Morrissey si on ne veut pas être trop regardant). Depuis la séparation je ne veux pas être médisant mais que ce soit pour Thurston Moore ou Lee Ranaldo il m' en a fallu du courage pour suivre la suite de leurs carrières discographiques. Plonger dans l' après Sonic Youth revenait parfois à rendre visite le dimanche à ce vieux tonton qui a loupé le virage numérique et qui s' obstine sur ses vieille lubies (le rock classique pour Lee et encore les cordes en tout genre pour Thurston). Et parfois les vieux tontons boomers ça dit des conneries ou des banalités vide de sens en fin de repas. Tonton Moore quant à lui nous a fait la totale, crise de la cinquantaine en larguant la Kim pour une bien plus jeune. Quel con. On ne largue pas Kim Gordon. Alors comment expliquer la réussite du récent "The Collective" après l' époustouflant "No Home Records" de 2019 ? Pourquoi est-elle toujours pertinente quand les deux autres délivrent des œuvres certes réussies mais franchement pas rafraîchissantes ni réellement nécessaires. Comment cette femme âgée de 70 ans peut en 2024 devenir une référence des "Djeuns" sur Tik Tok. Des quatre Sonic Youth Gordon a toujours fait figure de la moderniste curieuse de ce qui se faisait en dehors du milieu Rock et Punk. Une vraie Mods déguisée en Punk Arty. Rappelez-vous sa place plus importante dans le processus de création du "The Whitey Album" sous le nom de Ciccone Youth. Projet parallèle de la bande des quatre dans lequel l' instrumentation classique Punk subissait l' ajout de technique Hip Hop. Plus tard elle fera des pieds et des mains pour chanter en duo avec Chuck D de Public Enemy sur "Kool Thing". Quand les deux gars se préoccupaient des accordages et des structures elle privilégiait le travail sur les textures et avait une approche bien plus corporelle de la musique. Autre particularité expliquant qu' elle s' échappe du carcan Rock/Punk assez facilement afin de se renouveler et tenter d' autres aventures c' est qu' elle était l' exemple typique de la musicienne assise le cul entre deux chaises. Trop arty et ésotérique pour les rockeurs et trop punk et tapageuse pour le milieu des salles d' expos. On rajoutera qu'en plus de fréquenter le gratin Indie qu' elle aimait traîner aux défilés de la mode mais avouons immédiatement que c' est un truc pas tout à fait louable et surtout d' un intérêt assez quelconque en définitive. Limite agaçant. On préférera surtout rappeler son flaire imparable cinéphile pour repérer les futurs grands réalisateurs pour les clip de Sonic Youth. En 2024 Kim Gordon fait dans le Trap, dérivé sudiste du Hip Hop apparu dans les 00's et toujours d' actualité au point qu'on le croise souvent dans ce blog. Et voila cette bassiste qui s' amuse à en faire voir de toutes les couleurs aux rythmes arrachés d' une bonne vieille TR 808. Les synthés ont le pouvoir mais eux aussi subissent une véritable torture jusqu' à en devenir abrasifs et suppliants. Le climat et les sonorités sont évidemment Post Industriel et accompagnent sa poésie avant gardiste qu' elle entonne parfois en rapant sur son éternel ton apathique . Parfois une guitare s' en mêle ("Psychedelic Orgasm") mais que les fans de Sonic Youth ne se trompent pas. Kim a bel et bien tourné la page. Avec le soutien de Justin Raisen qu' ici on connait pour son excellent travail avec le Roi Yves Tumor, Gordon hybride à tour de bras tout ce lui passe dans sa tête. Numérique, synthétique et organique. Gordon n' a jamais été du genre à se pincer le nez et faire sa puriste intégriste. La forme moderne rejoint le fond contemporain et les objectifs sont atteins. La musique de Gordon ne fait pas son âge. Maintes fois ici j' ai relevé à quel point l' utilisation d' une vieille musique rendait le discourt anecdotique qu' il soit juste ou pas. En France on a ces derniers temps la gentille hype Gwendoline (ici) qui par ses textes possède un certain fond critique et lucide mais perd de sa force à cause d'une musique profondément rétro (New Wave) jusqu' à en devenir caricaturale. DWTN préférera toujours vous proposer Oï The Ox, Pö ou Mandy, Indiana qui pour le coup se présente comme les dignes petits enfants de Kim Gordon. Des quatre Sonic Youth il fallait bien avouer qu'une fois passer les attitudes grandes gueules de Moore c' était bel et bien Gordon qui tenait le rôle principal de chroniqueuse acerbe de la vie américaine. La plus engagée. Déjà à l' époque dans ses paroles Gordon démontrait un talent certain pour s' emparer de sujets maintes fois rabattus jusqu' à la caricature pour les rendre à nouveau intéressant et frais. En 2024 elle n' a rien perdu de son art de déconstruire le quotidien pour nous le balancer dans la tronche. Et le constat est encore plus terrible qu'il y a 30 ans. Encore en 2024 elle a ce petit truc en plus qui fait d' elle une fille super cool mais aussi distante qui en un instant va vous toucher au plus profond de vous et vous amener à une réelle remise en question. J' en connais beaucoup d' homme de mon âge pour qui le travail de déconstruction du patriarcat a commencé ou au moins été accéléré avec l' écoute de cette grande féministe. Elle lâche pas le combat la Kim quand le temps d' un "I m a Man" elle s' attaque à la masculinité toxique. Ailleurs elle n' en finit pas de remettre en question les normes sociétales, de sexe, de genre, de l' âge et bien sûr musicales. Son pays en prend bien sûr pour son grade comme toujours quand elle s' attaque à la passion américaine pour les armes à feu au nom d' une liberté qui a bon dos. Si il est avéré que notre septuagénaire surfe sur les réseaux sociaux il est aussi certain qu' elle en dresse un constat absolument imparable pour la raison même qu'elle y a été. Non pas comme nombres de ses amis boomers qui n' en finissent pas de répéter finalement ce que la télé, concurrente du net, leur remplie le cerveau comme jugements trop caricaturaux et réducteurs jusqu' à en devenir totalement inefficaces face aux maux numériques réellement malsains. Kim Gordon est donc par son âge une boomeuse comme tant d' autres. Malheureusement ce terme désignant une classe d' âge précise est devenu une insulte. Bien évidemment DWTN va ne pas vous faire l' injure d' essentialiser une classe d' âge et rentrer dans une guerre des générations. D' autant plus que si certains sont tentés de prendre partie chez les plus jeunes et certains vieux dont moi même. C' est surtout pour rappeler le fait que nos médias et pouvoirs sont monopolisés par les mauvais boomers. On ne voit qu' eux et leur déni sur leurs responsabilités quant à l' état du monde qu'ils laisseront. Leurs ignorances crasses parfois bien désirées et cultivées. Eux et beaucoup trop de leurs enfants conformistes et réacs avant même de devenir adulte. Cette culpabilité devenue déni puis mépris et enfin geste suicidaire. Ils aimeraient bien que surtout on n' aille pas cracher sur leur tombe en mettant à mal leur héritage putride et réac. Kim Gordon était déjà en avance il y a trente ans et continue de voir plus loin. Quand elle s' attarde sur les objets de la vie tel les cadeaux ringards que sa générations adorait s ' offrir on y constate qu' un jugement acerbe sûr vis à vis de sa génération et un simple conseil faite aux plus jeune. Elle fustige toutes ces années de quête d'acceptation, de réussite et d'affirmation boomeuse au détriment de tout le reste et au final d' une assez grande futilité devant le triste résultat. Elle est la preuve vivante que mal vieillir s' évite parfois dès le plus jeune âge. Fille de l'underground des 60's et des 70's, reine de celui des 80's et 90's, elle traverse le temps sans rien changer de ses valeurs tout en continuant la critique. L' engouement récent la concernant chez les jeunes générations via Tik Tok n' est absolument pas une surprise. Un juste salaire du travail de sape entrepris il y a si longtemps. "The Collective" s' empare de vous, vous perturbe, vous trouble, vous agresse mais aussi vous grandit et vous amène à aller voir plus loin. Comme les monuments discographiques de Sonic Youth autrefois Kim Gordon réussit le même exploit en solo. Avec la même fraîcheur, âpreté et l' intransigeance de ceux qui ne vous prennent pas pour des crétins quand les autres ne désirent que vous endormir.

  • BEST OF 2023

    DWTN est de retour après plus d'un an d' absence. Avant de passer en revue l' année 2023 je tenais à remercier tous les lecteurs pour leurs petits messages au cours des derniers mois écoulés. 2023, RETOUR HAUNTOLOGIQUE et MODERNISTE DES 90's. Quid de l' année 2023? Une bien étrange et trompeuse année musicale. Par exemple les premières places de ce top sont trustées par des noms coutumiers des exercices précédents . Cela suffirait à paraître être un indicateur assombrissant en terme de renouvellement et si en plus on se penche sur la nature même des genres musicaux présents l' affaire devient un poil plus déprimante. Mais à y regarde de plus près, ces premières constatations sont assez mystificatrices. Certes il faut aller à la septième place pour découvrir de nouveau noms mais ensuite c' est une avalanche de nouvelles formations et d' artistes débutants. Quant aux styles musicaux évoqués on va très vite constater qu' ils ont subi de sacrées transformations. En effet un terrible constat peut apparaître : que ce top sent les 90's. Rien que l' évocation du nom de la numéro 1 suffirait à faire suggérer aux plus perfides que le Top annuel de DWTN a des faux airs de Uncut ou Q Magazine. Deux cas typiques de média musicaux surfant sur la niche commerciale générationnelle nostalgique des 80's et 90's. Et si en plus on tente de nommer ces genres qui ont le vent en poupe en 2023 alors on frise la correctionnelle en terme de rétromanie. L' éternel retour du Shoegaze, encore une fois me direz vous, celui encore plus bluffant et triomphale du Trip Hop et enfin, cette terrible année a vu le retour en grâce inespéré de l' Indie Music à guitares. Mais que les rétrogagas de tout poil ne se réjouissent pas trop. D' abord votre serviteur n' a pas viré sa cuti sous le poids des années en sombrant à son tour dans une forme de nostalgie sénile mais surtout ces trois courants se sont donc vus remis au gout du jour d'une manière totalement réjouissante et pertinente. Dans ce blog cela fait quelques mois ,si ce n' est des années, que l'on voyait venir une remise au goût du jour progressive du Trip Hop. Je ne vais pas vous énumérer les articles y faisant référence (si ce n'est ce lien vers une compilation du genre pour les novices) préférant en lieu et place proposer de vous jeter sur les mots clés. Si on se réfère aux trente premier du Top c' est une bonne dizaine de disque auxquels on peut aisément rapprocher le Trip Hop. Parfois l' évidence s'impose mais souvent le lien est plus discret mais toujours bel et bien réel. Enfin et surtout, et que ce soit pour le Trip Hop et les deux autres fausses vraies réminiscences , le Shoegaze ou l' Indie music à guitare, nous sommes parfois assez loin du simple exercice rétro de copiage. Même les médias les moins avertis et observateurs en terme d' expérimentations et d' avancées stylistiques commencent enfin à y regarder de plus près incommodés qu'ils sont par la puanteur pestilentielle du rétrogaga qu'ils ont eux même favorisé depuis 15 ans. Pitchfork au sujet du shoegaze (ici) a bien compris que l'on en avait pas fini avec le shoegaze et que ce courant tant critiqué autrefois est tout simplement l'un des plus influent depuis trente ans. On ne peut pas vraiment en dire autant du Grunge et de la Britpop qui l' avaient supplanté dans les cœurs de la critique Rock de l' époque. Cette musique à la fois mélancolique et bruitiste redevient la bande son parfaite pour l' époque contemporaine et les jeunes générations. Par exemple il vous suffit de surfer sur Tik Tok, loin d' être un réseau social pour quadra et quinqua, pour tomber en extase devant la popularité hallucinante de Slowdive chez les millennials. Mais enfin et surtout, et le plus rassurant, c' est que dorénavant ces courants musicaux datés ne sont plus recrachés sous formes de futile copie conforme. Hotline ou Bar Italia nous refourguent les 90's Indie Rock d' une façon assez particulière. Ça a l' odeur, la couleur, le goût mais il y a un ingrédient supplémentaire qui change tout et ne fera pas de vous un junkie monomaniaque du vintage. Dans un article (ici) maladroit et incomplet mais assez éclairant un jeune type des inrocks a (enfin!) cerné que ce soit chez Bar Italia ou d' autres que l' approche Hauntologique était omniprésente plutot que le simple exercice revivaliste. On va pas être trop dur avec le garçon pour ses oublis (l' hypnagogic-pop et son cousinage avec l' Hauntology et plus particulièrement l' année de la sortie d'un Yves Tumor) et rappelez que sa réflexion a déjà été faite et observée il y a plus de 10 ans par un vieux con (ici pour l' exemple). Petite mixtape faite maison avec la plupart des artistes classés. TOP ALBUM 1. PJ HARVEY - I Inside the Old Year Dying Que DWTN classe la reine PJ Harvey numéro 1 de l' année est une surprise à bien des égards. Que vient foutre l' une de mes idoles des 90's et 00's dans un top habituellement réservé aux nouvelles têtes? D' autant plus surprenant que son précédent album "The Hope Six Demolition Project" m' avait laissé de marbre et pour être plus franc, j' envisageais le début de la fin en matière de réelle pertinence pour la belle du Dorsey. A la différence d'une Bjork, PJ Harvey afin de ne pas paraître rébarbative et dépassée, n' a jamais brillé dans l' art de s' entourer des nouvelles têtes chercheuses du moment pour moderniser le son. Toujours le même entourage depuis des années avec pour le dernier les vieux complices Flood et John Parish. Seulement voilà. PJ Harvey, tout en puisant dans le passé sans tomber dans les travers revivalistes Folk et rock, continue de se renouveler et nous offre un album à la fois novateur et pertinent. Après une telle carrière ils sont peu nombreux à en être encore capable. Ce disque agit comme un baume parfait pour affronter notre époque chancelante et chaotique. 2. LAUREL HALO Atlas Cela fait près de 12 ans que Laurel Halo conjugue l' Ambient à toutes les sauces pour notre plus grand plaisir. Avec "Atlas" elle confirme son virage jazzy et classique entamé avec la bande son "Possessed" allant jusqu' à totalement reconfigurer le paradigme Ambient. Laurel Halo, comme en 2012 avec son merveilleux "Quarantine", apparait comme une éclaircie miraculeuse dans une scène musicale où sein de laquelle se profilait une overdose nauséeuse face à l' avalanche de productions pas franchement judicieuse et intéressante pendant et post periode Covid. 3. YVES TUMOR - Praise a Lord Who Chews but Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds) Mais que peut encore rajouter DWTN au sujet d' Yves Tumor? Allez voir par ici et vous comprendrez que ce type dont le vrai nom à l' état civile est Bowie jouit ici comme son illustre homonyme d'une vénération absolue. Le dernier album en date n' est probablement pas à mon avis son meilleur, mais il représentera à l' avenir la porte d' accès ultime pour entrer dans cet univers si riche et bien plus complexe que laisse présager l' accueil et les succès critiques reçus depuis quelques temps. Le retour en grâce artistique des guitares de l' Indie music lui doit beaucoup. 4. KLEIN Touched By An Angel Même cas de figure que le précédent. Génie absolue Klein continue d' atteindre les cimes de l' expérimentation jusqu' à demeurer encore et toujours indéfinissable. Certes cette musique demeure difficile d' accès mais c' est justement parce qu' il s' agit d'une œuvre fortement personnelle et semblant venue de nul mais pouvant s' adresser à tout le monde. Que son nom et celui de Tumor soient encore associés plus de 7 ans après leur première apparition commune dans ce blog (ici) en dit long sur leurs importances respectives et sur le fait que, "parfois", ce blog ne se trompe pas. En 2016, on était pas nombreux à parier et en faire des tonnes sur eux. En 2023 ils sont devenus des évidences. 5. TIRZAH Trip9love...??? Encore un nom habitué des top annuels de ce blog. Voici probablement son meilleur album. Avec la gigantesque Mica Levi à la production ce disque aux apparences si simples est totalement révolutionnaire ,et/ou parce que, sans compromis. Avec un courage absolu les deux copines repoussent les limites de leur art. On a beau écouté des dizaines de fois on ne découvre jamais comment expérimentation et émotion peuvent se marier autant magistralement. 6. ONEOHTRIX POINT NEVER Again Encore l' une des icônes absolue de ce blog. Je vous l' avais écrit plus haut mais ce top est trusté par les têtes connus. On pensait Daniel Lopatin un peu égaré depuis ses deux précédents albums mais il n' en était rien. Oubliant un peu ses velléités Synthpop acquises par sa collaboration avec Weekend, le voici piochant dans son gigantesque " Garden Of Delete" jusqu' à parfois retrouver la magie novatrice et réflexive de ses Eccojams. Comme certains l' on évoqué, on se demande si cette fois Lopatin n' a pas définitivement réécrit avec succès le dogme d'un genre comme son amie Laurel Halo (avec l' Ambient). Celui du Progressif. Qu' il soit électro, rock ou que sais-je encore. 7. PÖ Cociage Première nouvelle tête dans ce top. Provenant de la galaxie Nyege Nyege/Hakuna KUlala, (NDLR, un top DWTN sans représentant des deux labels Ougandais c' est comme un repas sans fromage), Pö résume à elle seule tout que nous offrent ces artistes et cet univers. Expérimentation, mélange stylistique, puissance et critique acerbe sans compromis du monde post colonial. Elle marie à merveille tous nos pêchés mignon tel l' Ambient, Dark Ambient, Indus, le Gqom, la Deconstructed Club et la culture musicale Est Africaine. 8. HYSTERICAL LOVE PROJECT Lashes L' une des plus belles découvertes 2023. Ce duo en provenance de Nouvelle Zélande évoque leurs illustres congénères de l' hémisphère Sud en matière de rénovation Ambient Pop, HTRK. Mais des HTRK lorgnant à la fois la Dream Pop, le Shoegaze et le Trip Hop sans jamais tomber dans la redite facile. Un des exemples parfait de ce que j' écrivais en introduction à ce top en matière de vieux styles musicaux remis au goût du jour et tournés vers le futur. Des trésors de trouvailles en matière de production qui parfois proviennent d' univers variés et éloignés tel le Breakbeat, l' UK Bass ou la Drum & Bass atmosphérique. La liste en faveur de l' hémisphère Sud commence à devenir longue en terme d' artistes salvateurs aux dons avérés dans le rôle de dealers en matière de frissons absolus, HTRK bien sûr, CS + Kreme, Clara Dal Forno, YL Hooi, Laila Sakini, F Ingers etc etc. 9. THE MURDER CAPITAL Gigi's Recovery Disque parfait et déchirant, le deuxième album de ces irlandais a de quoi faire rougir leurs compatriotes de Fontaines D.C. . Je serai mauvaise langue j' ajouterai qu' il serait parfait en tant que chant du cygne d'un revival Post Punk qui n' a que trop duré. 10. NIECY BLUES Exit Simulation Autre grande découverte de l' année. Comme les précédents les influences sont multiples et mariées d' une manière totalement innovante avec des us et coutumes totalement Ambient. Trip Hop (encore), la Dream Pop cousine du Shoegaze (encore), le Gospel, la Soul et le R'n'B. Ce disque est le croisement ultime et totalement personnel de deux autres grands disques cités plus haut, le Yves Tumor et le Laurel Halo. 11. A.S.O A.s.o Encore du Trip Hop mais bien plus complexe qu' il n'y parait. Ce duo berlinois ne se contente pas de piocher dans les récapitulatifs du seul genre, c' est carrément toute une époque (les 90's agonisantes et résumée facilement par la BO du film de The Beach) qui est appelée pour nous offrir des pépites de songwritting. Des chansons susceptibles de filer le frisson aux plus aguerris des vieux cons à qui on ne la fait plus en revival. Il y a chez ce duo un truc ensorceleur et malicieusement moderniste dans cette capacité de s' emparer de tout un pan du passé pour évoquer un futur évanoui et auparavant kidnappé par les revivalistes de tout bord. Ce petit quelque chose avec lequel les Hauntologistes de la première heure (Broadcast, Leyland Kirby, Focus Group) nous sauvèrent de la rétromanie réac pendant les 00's. 12. JONNINE Maritz La moitié d' HTRK nous revient avec ses pépites gorgées d' humanité comme elle seule sait le faire. Des chansons fragiles et au charme unique parce que parfois imparfaites. Depuis ses débuts solo elle s' obstine à se passer d'un travail de production minimum susceptible de cacher les imperfections mais garde ainsi une puissance émotionnelle sans pareil. Parfois on pense à Carla Dal Forno, à d' autres instants à John Cale et au final il plane sur son album l' aura d'un spectre que les deux noms cités ont eu en commun. Celui d' une Nico transfigurée. 13. SQUID O Monolith Apparu à la suite de Black Midi Squid confirme tous les espoirs en abandonnant lentement le Post Punk et le Prog pour tâter de l' electronica glitch et du Folk. Ce groupe depuis ses débuts ne cesse d' évoluer et offre avec ce deuxième album l' une des très rares possibilités à l' Indie Rock de se sortir définitivement de l'ornière passéiste. Ils semblent reprendre d' une façon malicieuse les choses où Radiohead les avait laissé après "Kid A". 14. NONDI_ Flood City Trax Venue de nul part cette petite sœur de Jlin et Jana Rush plonge le Footwork et le passé électro de Detroit dans une marmite psychédélique et en tire une potion magique impressionniste totalement singulière. Pas sûr que les battle de Chicago apprécient par contre idéal pour panser les plaies et quitter ce monde de merde. 15. MANDY, INDIANNA I'Ve Seen A Way Exemple parfait de ces jeunes formation s' emparant du passé afin de mieux le détourner en direction d'un futur post apocalyptique. Une française et trois mancuniens pour une énorme gifle Post Industriel, punk, electro, EBM etc etc. Finalement que l' association entre une fille de chez nous et trois types de MANCHESTER produise l' un des disque les plus acerbes et juste sur notre époque ne semble pas si incongru. La France d' aujourd'hui après 7 années de Macronisme Néolibérale et autoritaire ressemble tant par certains aspects à l' Angleterre du Nord sous le joug Thatchérien pendant l' âge d' or musicale de Manchester. Un âge d'or qui transpire sans cesse dans leur musique par ses aspect Dark et Post Industriel sans que cela ne vire au plagiat tant cette formation voit et pioche plus loin. La production moderniste du Daniel Fox de Girl Band/Gilla Band y est bien sûr pour beaucoup avec un son abrasif au possible mais également les paroles de Valentine Caulfield bien encrées dans notre affreux présents. 16. BAR ITALIA Tracey Denim & The Twist Comment font-ils pour rendre jouissif ce que l'on a cessé d' écouter depuis trente ans? Et qui plus est sur deux albums la même année. La réponse se trouve dans l' article les concernant cité plus haut. Je rajouterai qu'il y a un certain talent baignant dans un "je m'en foutisme" symbolique d'une formation connaissant ses forces et ne se prenant pas pour les messies d' une cause Indie qu'ils ont déjà un peu sauvé. 17. HONOUR Alaafia Musique faite de collage qui possède d' hors et déjà la force spirituelle des disques Klein l' art d' Honour va foutre un sacré bordel dans vos certitudes. Comme chez l' anglaise l' univers de cet américain ne ressemble à rien. Le Hip Hop est défiguré par de sale manies Hypnagogic Pop sans que cela ne sonne réellement comme tel. Pour orienter le quidam on peut citer les merveilleux Space Afrika, Laurel Halo ou Dean Blunt qu' en définitive il se retrouvera tout de même en terre totalement inconnue. 18. JUDGITZU Sator Arapo Notre ethnomusicologue national continue son exploration du Singeli Tanzanien et a décidé de l' hybrider avec ses racines celtiques et d' autres passion tel le Gabber et ses découvertes asiatiques. Les BPM poussés à 170 il nous propulse sur un dancefloor imaginaire où tradition et modernisme s' accouple en pleine partouze mondialiste. 19. WATER FROM YOUR EYES Everyone’s Crushed Serait-ce la réponse américaine aux attendrissant et surprenant Jockstrap anglais. Probablement. Encore un exemple parfait de ces jeunes formations qui ont le toupet de ne plus vraiment respecter les illustres aînés tout en retenant parfaitement les leçons initiées. 20. SLOWDIVE everything is alive L' une de ces très rares reformations assurément pertinentes. Et en plus les millenials adepte de Tik Tok les kiffent. Slowdive nous refait le coup de "Pygmalion" en entraînant plus profondément son Shoegaze en terre Ambient par l' utilisation assurée d'une Electro de bon aloi. Le temps n' a pas de prise sur les 5 de Reading comme sur la reine du Dorsey. 21. ML BUCH Suntub Cette danoise continue d' épater en empruntant les vieilles manies des chansons d' autrefois (70'S ET 80'S) pour les tremper dans notre présent synthétique et Ambient. 22. RAINY MILLER & SPACE AFRIKA A Grisaille Wedding Casting trois étoiles pour cette collaboration entre Rainy Miller et le duo de choc Space Afrika. Ici encore le Trip Hop subit une cure de jouvence en passant dans un filtre de musique concrète et de sonorités indus. Et quel plaisir de retrouver Icebo Violet, Mica Levi, Coby Sey et Voice Actor. 23. L'RAIN I Kill Your Dog On l' avait découvert avec l'intriguant "Fatigue" dans lequel l' expérimentation jouait la trouble fête dans une mixture Psychédélique et R'n'B. Elle poursuit et développe encore plus sa recette et fait plus que confirmer les espoirs placées en elle. L'Rain en empruntant au Prog Rock, au Soft Rocker et même à du complexe façon Drone étonne encore une fois et offre une cure de jouvence à l'Indie Pop. 24. JAMES HOLDEN Imagine This Is A High Dimensional Space Of All Possibilities Encore un disque parfait pour Holden après 20 de carrière. Toujours sa passion pour la Kosmisch Music et sa maitrise des synthés pour délivrer une musique parfois motorik, souvent psychédélique et comme chez beaucoup, un brin Shoegaze et Dreampop. 25. DJ K Panico No Submundo Nouvelle scène, nouveau genre. Les gens bien informés appelle ça le Bruxeria Sound. En provenance des favelas de Sao Paulo on retrouve un Baile Funk hallucinatoire via une production qui plébiscite des sons imprévisibles et terrorisants venus de nul part. Il se passe quelque chose là-bas de très fort en matière de rénovation de la musique Dancefloor. 26. ONE MORE GRAIN Modern Music 27. YUNGWEBSTER Yungwebster 28. NOURISHED BY TIME Erotic Probiotic 2 29. HOTLINE TNT Cartwheel 30. TZUSING 绿帽 Green Hat 31. PARANNOUL After the Magic 32. NABIHAH IQBAL Dreamer 33. BILLY WOODS & KENNY SEGAL Maps 34. TITANIC Vidrio 35. LEE GAMBLE Models 36. HYPERDAWN Steady 37. KABEAUSHE The Coming of Gaze 38. RAT HEART ENSEMBLE Northern Luv Songs 4 Wen Ur Life_s A Mes 39. FEVER RAY Radical Romantics 40. FLESH & THE DREAM Choose Mortality TOP EP TARA CLERKIN TRIO The Turning Ground ICEBOY VIOLET Not a Dream But a Controlled Explosion JLIN Perspectives NAHASH A snake in your house

  • MOIN, réinvention Post Hardcore

    A peine plus d' un an après le pénétrant "Moot!" (ici) les Raime (par là) toujours accompagnés de Valentina Magaletti continue de rénover un certain rock et renforce les bases d' un virage artistique radical et totalement réussi. "Paste" poursuit donc la trajectoire entamé par son prédécesseur et confirme amplement que ce projet est en rien une lubie sans conséquence d' une fameuse formation électronique. Le duo Raime qui semble bel et bien avoir abandonné toute velléités électroniques est en train depuis un an de nous offrir l' une des plus belles renaissances artistiques. Evidemment que la réussite du projet Moin repose en partie sur les talents déjà reconnus du duo mais avec ce nouvel album il apparaît encore plus indiscutable le rôle primordial pris par Magaletti. Tout simplement l' une des plus grandes batteuses du moment avec ses influences provenant de la musique concrète et de la No Wave. Les Moin affinent encore plus leurs choix et resserrent encore plus les rangs dans la même direction. Si le premier pouvait parfois sembler hésiter encore celui-ci indique le chemin clairement ce qui à le charme d' amplifier encore plus l' effet de tension. Curieusement, mais peut être pas vraiment par une certaine logique, on a l' impression que leur espèce de mixe de Post Rock, Post Punk et de Post Hardcore tente de revenir à l' essentiel, le New York fin 70's début 80's en pleine No Wave. Les souvenirs de Slint et Fugazi, les héros de leur jeunesse rurale proche de Reading, semblent s' atténuer pour laisser place à un intérêt croissant pour Sonic Youth et une utilisation décomplexée de leur savoir faire électro. L' attrait de Moin qui m' attire le plus, outre la réussite artistique du projet, est ce qu' ils réussissent à produire comme réinvention de vieux courants. Leurs bagages Dark Ambient, Ambient Dub et Post Industriels s' emparent de leur nostalgie et lui filant de bon gros coups de pieds au cul la propulse dans une direction inédites. Magaletti semble systématiquement tenir la barre quand les deux Raime s' occupent des voiles majestueuses de ce navire attaquant sans hésitations les déferlantes d' un océan déchaîné. Il est sûr qu 'avec ces deux-là, leurs maîtrises parfaites dans l' utilisation de sample et dans l' art de la production typique de l' électro, se révèlent être des atouts ultime pour rajouter une tension nouvelle là où des formations au parcours "rock" plus classique seraient incapables de renouveller le genre. Après Girl Band/Gilla Band Moin nous offre encore une fois l' opportunité que tout n' est pas si mal barré pour les guitares et que leur sauvegarde sur les devants de la scène passe par l' ouverture vers les autres courants et surtout d' oublier de leur propre histoire les autoroutes pour préférer les chemins traverses oubliés un temps.

  • CARLA DAL FORNO, retour magistral

    Troisième album pour notre australienne préférée et probablement son meilleur. "Come Around", une beauté désarmante d'une apparente simplicité par une des plus importante artiste de la scène Indie de ces dix dernières années. Celle que j'avais affublé du terme "d' oracle de l' âme" est une bénédiction depuis ses débuts. Tout ce qu'elle a entrepris touche en plein cœur systématiquement. Que ce soit en solo ou avec F Ingers Tarcar. Carla Dal Forno est l' une de ces rares artistes qui réussissent à chaque nouvel album de vous émouvoir et charmer comme à la première rencontre. Pour cela, celle qui a résidé à Berlin et Londres pour finalement revenir sur son île natale, n'a pas besoin de tout révolutionner. Quelques petites touches de nouveauté suffisent. Sorti sur son propre label "Come Around" dévoile une Dal Forno qui va à l' essentiel en épurant encore plus sa musique. Toujours menés par une basse implacable et charmeuse, ses titres évoquent encore plus qu'autrefois la Lo-fi des Young Marble Giants sans perdre son caractère foncièrement Dream Pop et leur propre personnalité. Cette ancienne du regretté label Blackest Ever Black (ici) continue de nous prouver que l'on peut s'inscrire dans la tradition du Post Punk en respectant ses valeurs sans pour autant tomber dans le caricaturisme à guitare qui monopolise le revival de ce courant. C' est dans cette état d' esprit qu' elle s' évertue donc à vouloir écrire des sortes de Dream Pop qui ne cherchent pas à déboussoler l' auditeur par un voile éthéré de sons abstraits ou déformés. Une Dream Pop qui se déguise tour à tour ou tout à la fois en Minimal Wave, Trip Hop, Hypnagogic Pop ou Ambient Pop. Plus on s' immerge dans cet univers sonore à nul autre pareil plus on constate la diversité et la complexité de l' art de Dal Forno en total contradiction avec son apparence simpliste. Cela ne saute pas aux oreilles mais elle semble s' inspirer également fortement d' une Dark Ambient bien plus agressive, étrange et plus lugubre que ce que laisserait penser la première rencontre. Evidemment ceux qui la suivent depuis ses débuts ou les habitués de Blackest Ever Black n' en seront pas surpris tant il semble que ce disque est une version brut et directe des cauchemars et rêves infantiles de F Ingers et des ambiances de Raime et Tropic Of Cancer. Est-il encore utile dans ce blog de tenter de vous jeter à corps perdu dans toute cette galaxie de groupes australiens tournant autour de Blackest et qui ne cessent de me charmer depuis des années, HTRK, CS + Creme, Laila Sakini, YL Hooi etc etc. La nature complexe et inédite de l' univers de Dal Forno est perceptible depuis longtemps et d' une certaine logique explique en grande partie que cette musique charme autant mais se révèle encore plus quand la spécialiste (son ep "Top Of The Pops") de l' exercice décide de faire une nouvelle reprise. Ce coup-ci elle brille une nouvelle fois par la sûreté et son savoir encyclopédique des musiques venant de nul part. Déjà connaître la légendaire formation expérimentale et psychédélique The United States Of America n' est pas une chose courante mais voir une artiste offrir une version totalement bluffante d' originalité et de grande classe de leur titre "The Garden Of Earthly Delights" subjugue et charme encore plus. Rentrer dans ses chansons c' est toujours comme rentrer comme dans un rêve mais un rêve à la désarmante et brutale apparence de la réalité. Comme toujours elle nous met face à nous même en ne nous épargnant pas les non dits et les petits mensonges de notre psyché. Avec une sourde désinvolture elle continue tel une oracle dévoiler nos tourments et les tactiques que notre cerveau va mettre en place pour y échapper. Essentiel. PS Quand j' en aurai fini avec la série sur la Britpop il faudra vraiment un jour que je vous parle dans la rubriques Great Classics de l' inusable et venu de nul part album au titre éponyme des United States Of America, folie expérimentale et psychédélique so 60's.

  • BRITPOP, les origines. 1962-1987

    ALors je vous rassure tout de suite, cette première partie en deux parties concernant les origines va vous sembler très longue, mais sera suivie par d' autres plus courtes. Pour aborder la Britpop il faut remonter très loin dans la riche histoire Britannique et s' attaquer de front à la terrible complexité de cette scène musicale. D' autant plus que comme je l' ai écrit dans l' introduction (ici), une succession de relecture caricaturale ou approximatives sinon totalement fausses ont été produites et rentrées dans l' inconscient collectif. LES AVEUX Alors oui j' avoue! La Britpop, un des premiers grands revivals rétrogaga que je maudits en permanence par ici, je m' y suis plongé jusqu' à y perdre pied. Du bout de la dernière mèche de ma coupe de cheveux Mods/Playmobile jusqu' à mes Adidas Gazelles . Et je suis tenté de dire "j' y étais" voir carrément "j en étais aussi". Avec toute l' arrogance et la morgue apprises et copiées tel des savoirs vivres au cours de ces années devant les couvertures de magazines représentant les Liam Gallagher, Damon Albarn, Ian Brown, Jarvis Cocker et autres Brett Anderson. Visuellement si vous m' aviez croisé dans les rues de Limoges ou dans une discothèque paumée de Corrèze votre premier réflexe aurait été de vous adressez à moi en langue de Shakespeare (quiprocos maintes fois vécus). Chaque mercredi c'était injection hebdomadaire de Britpop via les lectures des NME et Melody Maker achetés sur Limoges (Maison de la Presse Rue Haute Vienne) ou à Brive La Gaillarde. Parfois les mensuels anglais Select, Q Magazine et Mojo s' ajoutaient à la liste selon leurs arrivées hasardeuses en gare de Limoges. La presse écrite musicale britannique vivait alors ses dernières heures de gloires et je confirme par mes lectures passées qu 'elle fut l' instigatrice du phénomène Britpop. Mais probablement aussi que pour arriver à ses fins, sa survie, elle se reposa sur un mouvement de fond souterrain réel qu' elle amplifia jusqu' à le détourner de sa trajectoire initiale tel une loupe déformante. Côté hexagone c' est la légende Bernard Lenoir qui s'occupait de la dose quotidienne via son émission sur France Inter. Les Inrockuptibles devenus mensuels puis hebdos se contentant d' en remettre une couche via les écrits de JD Beauvallet principalement. Et je ne parle même pas du pèlerinage estival Britpop que constituait alors la Route du Rock et ceux automnaux au Festival des Inrocks. Comme je vous l' avais raconter dans l' article sur Nirvana (ici) j' étais un ado un peu à part. Rebelle mais pas trop. Pas très bavard voir carrément refermé sur lui même. Sur la défensive. Entre mal être adolescent et impression de ne pas être né au bon endroit et à la bonne époque. De ne pas avoir grand chose à partager avec les autres sauf avec les rares autres amateurs de musiques. Déjà passionné de musique je commençais à peine à afficher mes différences d' avec la majorité de mes congénères et il fallait l' intimité d' un dortoir ou d' une salle de classe après les cours pour lâcher mon petit côté Proto Geek musicale. NAISSANCE D' UNE ANGLOPHILIE MUSICALE ET CULTURELLE. Résumons mon parcours pré-Britpop et vous allez vite comprendre que les germes Britpop était déjà en moi avant même la première lecture d' un NME ou d' un Melody Maker. Vers 15-16 ans (1987-89) ma fibre mélomane débuta par la découverte des vieilleries opportunément ressorties en CD, le nouveau support apparu quelques années plus tôt. Bien sûr j' écoutais les tubes du moment comme tous les gosses mais à part deux ou trois exceptions, ce qui passait sur les ondes françaises n' était rien d' autre que du jetable. Aussi vite gobé que recraché et oublié. Un simple divertissement. J' étais donc devenu progressivement un adolescent très nostalgique d' une période qu' il n' avait pas connu. Les mythiques 60's. Cette décennies qui avait vu la jeunesse prendre un tant soit peu le pouvoir et tenter de changer le monde étaient louées régulièrement dans les médias (télé, radio et presse spécialisée) par les soixante-huitards alors devenus hégémoniques dans les rédactions. Face à mes congénères ados plus portés dans leur majorité sur le suivisme ou le "je m'en foutisme", et n' ayant aucuns accès au Rock alternatif français, la jeunesse 60's semblait à mes yeux le modèle ultime à suivre tel la fratrie que je n'avais pas. J'avais un gros besoin d'espérer mais le monde autour de moi n' était déjà que source de pessimisme et de désillusion. On y revient justement sur le rôle des premières rééditions CD des classiques 60's sur la Britpop. Les légendes du passé devenaient bien plus abordables en Cd qu' en version vinyle hors de prix (Souvenir d'un exemplaire du "Low"de Bowie alors introuvable en Cd et vendu 300 francs soit 68 euros). Pour être plus précis les CD eux aussi étaient chers et bien souvent on se reportait sur le format cassette et la copie pirate. Fallait-il encore pour cette dernière trouver la matière via les connaissances sinon le fan de musique isolé de devoir s' armer d' une patience à toute épreuve et d' avoir souvent un train de retard. N' oubliez jamais que nous allons parler d' une époque sans internet et à moins de vivre dans une grande ville ou dans une fratrie votre seule source de découvertes musicales n' était que la radio, la télé et la presse écrite disponible. Le passé est donc devenu vers la fin 80's bien plus accessible. Pas autant omniprésent que de nos jours quand un simple clic suffit. La démarche était encore saine et s'apparentait à une simple volonté de se cultiver. Pas de piocher par opportunisme et refus du présent afin de quoi se créer une posture ou fabriquer un assemblage facile d'influence. Je débutai donc par le parcours classique d' alors : Beatles, Hendrix, Rolling Stones, Doors (désolé) Led Zeppelin (tel un vermifuge) Pink Floyd, Queen (beurk! ), U2 (rebeurk) etc etc etc. Et avec ça une petite dose de punk mais pas trop (Sex Pistols et Clash). Les curateurs médiatiques soixante huitards n' aimaient pas trop ceux qui les avaient suivi et on peut assez vite comprendre pourquoi. J'avais aussi un petit faible pour les compilations concernant les musiques à base de Synthétiseurs et enfin les rares titres Acid House croisés sur les ondes. Je me gavais donc surtout du passé en piochant sur les deux rivages de l' Atlantique sans discernement ni préférence jusqu' à une rencontre bien plus marquante. Un véritable événement dans mon quotidien qui me fit basculer vers le camp anglophile pour un très long moment. Et ainsi de tomber amoureux à vie des sous-cultures britanniques. En Mars 1988 sort chez Polydor la compilation "Who's Better, Who's Best". En parallèle est diffusé un documentaire relatant l' histoire des Who sur M6. Le choc ressenti un samedi après-midi est terrible et multiple. Musicale, esthétique, sociétale et politique. Ce pays que mon héritage rugbystique franchouillard considéraient comme la terre de nos ennemies héréditaires devenaient l' Île merveilleuse des héros de mon monde intérieur. Tout dans le documentaire me marqua à vie. Les postures, les danses, les fringues, la musique, les commentaires, la façon de parler de musiques avec des considérations débordant sur d' autres domaines. Il y était notamment question des classes sociales britanniques et cela rentra en résonance avec ma vision de la société et ma fibre politique naissante elle aussi. Je m' aperçus à ce moment-là , par un étrange phénomène paradoxal, que l' adolescent français que j' étais se retrouvait mieux dans les paroles de groupes et artistes d' outre Manche que celles de ses compatriotes malgré bien sûr quelques différences. Et ce fait de persister jusqu' à nos jours à l' exception du Rap et de trop rares particularités rock ou électros. Une véritable révélation. J' ai pas vue la Vierge, mais Pete Townshend avec la frange de Keith Moon, et tous les chemins menèrent à Londres. Assez rapidement ils auront tendance à passer régulièrement par l'axe Manchester/Liverpool. Vision Moderniste contre penchants Traditionalistes. Mod et Trad Rock débattant de la modernité, Brighton 1964 Pour cet article je me suis replongé dans mes premières années de mélomanes et donc cette compilation un temps oubliée mais qui compta tant. Respectant à peu près la chronologie de leur carrière les 19 titres dressent l' évolution stylistiques et les innovations de leur génie en chef, Pete Townshend. Des début Rythm & Blues avec la période Mods adepte de la Soul , les tentations psychédéliques et enfin le retour rock sauvage mêlé aux envies expérimentales et électroniques. Je suis sidéré par les parallèles entre leur parcours jusqu' aux 70's et ce que je recherche de nos jours dans la musique. Des liens avec la conception développée dans un blog capable curieusement de produire une série d' article sur la Britpop "rétrograde" alors qu' il ne jure que par l' innovation, l' expérimentation, le renouvellement et la prise de risque chez les artistes. Tout est dans le mot Mods. Mods: abréviation de modernists pour qualifier à l’origine les amateurs de modern jazz, par opposition aux trads . Sous culture britannique. Et les Mods devenus plus tard amateurs de Pop et de Soul de se foutrent de grosses branlées avec les "Trads" rockers sur les plages de Brighton. La bagarre ,ou plutot le débat, se poursuit sous une autre forme dans ce blog et ailleurs depuis 10 ans. Jusqu'à quel point faut-il s' inspirer du passé et quels dangers quettent? Curieusement quand les groupes Britpop énuméreront leurs influences les Who seront rarement cités dans leur culte du passé malgré une influence esthétique et patriotique certaine. Seront cités par ces gamins nostalgiques en quête d' une identité nationale plus forte face à l' invasion Grunge les grandes heures de leur héritage musicale avec principalement les groupes de la British Invasion victorieuse aux Etats Unis. Mais déjà je me dois de préciser un petit accroc dans le récit médiatique. La British Invasion, réel modèle ou fausse excuse ? Invasion de Parkas et de Vespas, Mods à Brighton La génération Britpop dans sa quête d'un nouvel âge d'or citait cette British Invasion conquérante avec les Beatles bien sûr, parfois The Rolling Stone car jugés trop rock donc trop ricains, les Zombies, les Animals etc etc. Mais paradoxalement les formations réellement admirées et copiées étaient bien trop British pour avoir percé aux States voir même en Europe. Beaucoup de Mods tel Les Small Faces, The Creation, The Easybeats ou plus ambigu les The Kinks. Une vériatble facination pour l' imagerie Mods va se déverser dans la presse sous la Britpop. De même on pourra rajouter, et nous les aborderons ici, d autres groupes ou courants succédant aux Beatles mais qui eurent également un impact moindre en dehors des frontières britannique tel le Glam Rock ou le Post Punk. Ce qui s' apparentait à une réaffirmation identitaire certainement légitime et nécessaire pour lutter contre une trop grande influence étrangère débouchera sur un repli sur soit total mortifère et illusoire. Rien à voir avec une volonté de repartir à la conquête du monde qui aurait nécessité une certaine ouverture sur l'extérieur. Les groupes Britpop dans leur majorité ne chercheront donc pas vraiment à devenir grand aux States mais quoi de plus normal. En ces temps-là un simple succès nationale suffisait à leur presse nationale pour leur décerner le titre de Plus Grand Groupe Du Monde. L' Europe et le Japon leur subviendront pour penser dominer le monde et être à la pointe mais en définitive ce sera les dernières petites bataille victorieuses des guitares Britanniques avant la prise du pouvoir mondiale par le Rap américain. En définitive nous verrons que la recherche des influences dévoile que la Britpop n' était pas un bloc monolithique et que nous pouvons même parler d'une succession de vagues hétérogènes ne partageant seulement en commun qu' un fort goût du rétro et que la volonté d'afficher plus fortement son identité patriotique n'était pas commune à tous . À y regarder de plus près on peut même déceler en la Britpop comme une étrange alliance entre Modernistes et traditionalistes jusqu'à ce que l'un des camps l' emporte et l' entraîne à sa mort. Des différences sociétales, sociales et même genrée vont être également discernables. Il semble évident que la trajectoire des Who ne les gêna un peu ces Britpopeux et pour cause. Townshend avait su évoluer et sortir des ornières nombrilistes et stylistiques quand les Oasis, Suede ou Pulp (avec honneur si plus), Blur un temps et tous les autres se plantèrent royalement. Si on doit chercher les deux plus fortes et revendiquées influences réelles sur la Britpop il faut alors chercher dans l' enfance de ses acteurs qui pour l'immense majorité n' avait pas connu les glorieuses sixties, le Glam Rock et à peine le Punk. Mieux vaut sa propre nostalgie de son enfance, plus marquante, que celle de seconde main des aînés. Et donc pour la plus part, ce fut dans les 80's qu'ils puisèrent le mode opératoire. Deux formations vont leur servir et bon nombre vont se limiter qu'à ces deux là limitant encore plus dangereusement le spectre d'influences. THE JAM, Is this modern world? Ainsi et très vite on en arriva , par une certaine logique, "si eux l'on fait pourquoi on y aurait pas droit", à ce qu' une partie de la Britpop de dédier par réelle passion ou par excuse un culte à un autre revival exclusivement anglais moins massif et lui aussi tournant autour de l' univers des Who. Certains rétrogaga n' ont pas tout à fait tord, les revivals ont toujours existé dans l' art et la musique populaire. Cette fausse excuse vous pouvez souvent la voir apparaître et évidemment elle a servit à certains Britpopeux comme dorénavant à tous les revivalistes contemporains. Mais jamais avant la Britpop ils n' avaient à ce point éclipser toute autre forme de modernisme et tuer dans l' œuf toutes tentations d' évolution. Fin 70's c'est donc un Revival Mods qui apparaît. Son impact est assez court et faible sur l' ensemble de la société Britannique. Si quelques groupes eurent leur petit instant de gloire il fut en grande partie lancé et incarné par Paul Weller et ses Jam. Weller qui sera nommé chez les Gallagher et compagnie comme le Modfather, le parrain de la Britpop, verra alors sa carrière relancée après quelques années de vaches maigres. The Jam quasiment inconnu encore de nos jours en France fut le groupe le plus populaire en Angleterre au début des 80's. Leur séparation précoce sera vécu comme un véritable traumatisme. Un traumatisme que l' on a ressenti fortement plus de 10 ans après quand les Gallaghers, Bluetones et compagnie les nommèrent avec des trémolos nostalgiques dans la voix comme l' une de leur influence majeur. Se pencher sur l' histoire des Jam va se révéler être très éclairant et explicite en partie de celle de la Britpop. Paul Weller se lance dans la musique dès ses 14 ans. Ses précoces qualités de guitariste et de chanteur vont très vite le propulser au rang de petit virtuose ce qui va entraîner chez lui dès cette époque un certain complexe de supériorité que l' on peut aisément définir comme de l' arrogance et de l' assurance hors norme. De cette arrogance que les Gallagher et Albarn vont nous abreuver dans les 90's jusqu' à la nausée. Le jeune Weller ne s' intéresse pas au Glam de Bowie ni au rock progressif alors aux sommets. Lui son truc, c' est les 60's et surtout toute la scène Mods avec sa passion pour la Soul. Déjà à contre courant de la définition du modernisme. En fait Weller avec ses acolytes, Bruce Foxton (Basse) et Buckler (Batterie), vont reprendre le train de l' histoire en marche grace à la bombe d' énergie et de remise à plat que fut le Punk vers 76-77. Leur son va devenir tout autant violent et agressif que celui des Punk mais toujours avec leurs us et coutumes Mods. Leurs costumes taillés sur mesure et toute l' imagerie Mods vont très vite les faire passer pour d' étranges anomalies dans la vague Punk qui déferle sur Londres. Immédiatement le talent de songwritter de Weller va très vite les propulser aux sommets des charts britanniques. Un premier album "In The City" dès 77 les impose sur le devant de la scène Punk. Les textes de Weller diffèrent également du contingent Punk par sa teneur bien plus politisée et sa perspicacité. Anti Establishment absolu, Weller ne laissera rien passer et sera l' un des premiers opposant culturel à Margaret Thatcher avec Billly Bragg. Ce trait va durer tout au long de leur carrière. Sans jamais l' affirmer Weller va devenir probablement le chanteur le plus ouvertement de gauche avec Joe Strummer des Clash. Sur ce point ses adorateurs Britpop passeront au mieux pour des timorés, au pire pour des fêtards insouciants et un brin stupides. Weller longtemps après les Who et les Kinks va être aussi le principal représentant du retour d' une forte Britannicité* qui avait quasiment disparu que les Sex Pistols effleurèrent en comparaison par l' utilisation de l' union Jack quand les Clash auront des visées bien plus mondialistes et universalistes. *Britishness : terme anglais traduisible en français par britannicité. Est utilisé pour qualifier ce qui distingue le peuple britannique des autres peuples européens et forme la base de son unité et de son identité. Leur carrière va être une course effrénée qui ne dura qu' à peine 5 ans. Leur deuxième album "This is Modern World" sort à peine 6 mois après et confirme que The Jam se différencie des autres Punks par son adoration pour les 60's. Déception critique ce disque marquera Weller qui va très vite comprendre que la simple redite tout autant énergique qu' elle soit ne suffit pas. Alors que la légende raconte qu' un Weller très (trop?) sûr de lui avait pris d'un peu trop haut Joy Division au cours de l' émission légendaire Something Else du 15 Septembre 1979 la suite va vite révéler un Weller plutot intelligent et adroit en entamant une démarche similaire de réinvention comme le Post Punk et Joy Division avaient entamé. "All Mod Cons" est la deuxième naissance des Jam qui deviennent progressivement plus Post Punk que Punk. Le succès critique comme populaire ne les quittera plus. Ils vont marquer durablement les esprits en alignant une succession ininterrompue de 18 singles dans le Top 40 national. "Setting Sons" suivra avec la même réussite. Ces deux albums, mélanges malins et adroits de Traditionalisme et de Modernisme avec une très forte Britannicité seront les plus plébiscités par les artistes Britpop. Les plus copiés. Dommage, le meilleur restait à venir. "Sound Affects" avec sa pochette hommage aux clichés Pop 60's se révèlent être le disque des Jam le plus Moderniste. Moins agressif mais tout autant pertinent politiquement on voit un Paul Weller chercher constamment à sonner comme son époque Post Punk, voir mieux, à la dépasser. L'influence des productions des disques de Joy Division et Gang Of Four y est franchement évidente et le poids de Gang Of Four se discerne également dans l' écriture des paroles. On ressent à la réécoute la forte tension décrite plus tard par Weller au moment de l' enregistrement. Dans ce disque, le préféré de Weller, la tension entre Modernisme et Traditionnalisme est au plus fort degré que l' on puisse rencontrer à l' époque et dans leur carrière. Laissant de côté sa fibre Mods il tenta de rééditer à sa manière le coup d' accélération Pop que fut le "Revolver" des Beatles et comme il le reconnaîtra plus tard sous la très forte influence du "Off the Wall" de Mickael Jackson bien que cela ne se révèle pas vraiment en apparence. L' immense "That's Entertmaint" frise l' Art Pop tout en décrivant la vie quotidienne ouvrière de l' époque. C' est aussi le plus parfait pont entre les deux groupes anglais les plus populaires des 80's. The Jam and The Smiths. Par la suite Weller développera une musique bien plus mixte en terme d' influence en devenant de plus en plus dansant, Funk, Rythm & Blues et Soul. "The Gift" et enfin le single d' adieu "Beat Surrender" seront leur apogée et de ce fait la raison principale de la décision de Weller qui estima qu' il fallait tourner la page pour continuer à évoluer. A l'instar du Townsend progressiste le Paul Weller post Jam de Style Council avec son virage Sophisti Pop et Jazzy, après ses virées crossover Soul et Funk, sera mis aux oubliettes par les Britpopeux bas de front. Dommage pour eux parce qu' à l' exemple de cet emprunt au Jazz, les groupes Post Rock s' en souviendront à leur place. Les tentations réactionnaires derrière les revivals. Le Paradoxe/mensonge Britpop L' imagerie des Mods mais une musique Traditionaliste Weller avait bien décelé les risques mortifères de tout Revival dans la musique puisqu' il avait frôlé de peu les abîmes rétrogaga avec son deuxième album et qu' à force de remise en question, d' expérimentation et de brassage stylistique, il put se renouveler et sortir de l' ornière. La Britpop dans son ensemble n' en retint aucune leçon comme le montrera ces sommets d' isolement stylistique et de nombrilisme que seront "Be Here Now" et "The Great Escape". D' autres Revival en parallèle du Revival Mods incarné par les Jam et auraient pu également servir d' avertissement à la Britpop. Réactivés par l' énergie Punk ils étaient apparus aux débuts 80's avec plus ou moins de pertinences et finirent très mal. Le revival Ska britannique piochant dans la culture Jamaïcaine et populaire britannique des 50's et 60's fut l' un des rares à finalement se révéler progressiste politiquement et artistiquement. Mais très vite et assez injustement il fut traité comme une simple mode pas très sérieuse. En fait le monde musicale depuis le Punk était devenu profondément progressiste et une fois leur fraîcheur provenant du Punk évaporée les Revivals tournèrent vite en rond incapable qu' ils étaient de se renouveler. Madness dont on va reparler abandonna le Ska progressivement pour une Pop bien plus blanche quant aux Specials leur virage Art Pop ne rencontra pas le succès mérité. Par exemple un autre revival trahissant plus concrètement les relents réactionnaires de ces tendances était également apparu fin 70's. Le revival Rockabilly avec en fer de lance les Stray Cats et son pendent anglais traduit par le retour dans les rues des Teddy Boys. Et devinez ce qui se passa. Les rues de Londres de ressembler aux plages de Brighton 15 ans plus tôt sauf que les Punks avaient remplacé les Mods. Il est aussi à noter qu' en matière de relents réactionnaires le Ska du fait de son lien étroit avec le mouvement populaire Skinhead n' y échappa pas non plus et Madness devra toute sa carrière se coltiner un contingent de Skin d' extrême droite dans ses concerts. A partir de cette époque les tentations Revivalistes furent alors jugées comme pathétiques voir dangereuses artistiquement et socialement. Même si un artiste était alors très fortement influencé par un vieux mouvement il se devait d' en proposer une relecture fraîche si ce n' est une réinvention ou son brassage avec d' autre mouvance stylistique. Certains Mods apparus à cette époque, souvent amateurs de Northern Soul, n' oublieront pas les origines progressistes de leur mouvement et on en retrouvera à l' avant garde de la vague Acid House et Rave. LA BRITPOP, THE SMITHS ET L' AMBIGU MISTER MORRISSEY On ne peut pas ne pas parler des Smiths au sujet de la Britpop. Après les grands groupes 60's et The Jam voici l' autre gigantesque influence. Cette formation mancunienne étendard de l' Indie music des 80's fut la plus citée et régulièrement affichée comme le modèle à suivre mais entre les déclarations tapageuses et les actes il y a souvent un monde. The Smiths avec leur Jangle Pop opérèrent eux aussi une sorte de retour en arrière dès 83 mais encore bien assez moderne à contrario d' une partie de la Britpop 10 ans plus tard. Tous le témoins de cette époque vous le diront et certaines de mes conversations avec des autochtones me l'ont confirmé. L' arrivée et le succès des Smiths fut là-bas un cataclysme musicale et sociétale qu'ici on peine à imaginer. Leur singles atteignant régulièrement les sommets des charts cela avait pour conséquence une présence médiatique inédite illustrée par des passages à l' institution télévisuelle Top Of The Pop devenus légendaires. L' Indie Music se faisait une place au milieu des charts qu' elle n'avait jamais trouvé jusqu' alors. Ce groupe au nom si commun avec son chanteur affublé de chemisiers prisées par les ménagères britannique, ses lunettes premier prix de la sécurité sociale, ses bouquets des glaïeuls hautement anti virilisme rock, et ses paroles évoquant le quotidien de la Working Class et des franges, jetait une pierre Britishness* popu dans la vitrine Toc du Mainstream. Sans toutefois devenir très renommé à l' extérieur de l' île au contrario de The Cure. Cure que Morrissey détestait aussi comme l' illustre l' hilarante succession de saleté que Robert Smith et Morrissey se sont envoyé (ici pour la rigolade). Morrissey revendiquait ainsi une très forte Britannicité encrée dans le réel et non de carte postale. Mais aussi une Britannicité trempée dans une indécrottable nostalgie. C' est probablement ce fait qui rebuta les étrangers comme cela avait été le cas avec The Jam et d' autres. Morrissey et Johnny Marr n' aimaient pas la musique Mainstream de leur époque à base de synthés et axée sur les pistes de danse. En réaction et par goût ils optèrent pour la configuration classique Guitare/Basse/Batterie. Marr possédait une culture musicale de guitariste assez ouverte pour l' époque allant du Rock des Yardbirds ou les Rolling Stones jusqu' au Folk de types comme Bert Jansh ou Roy Harper. Plus tard il s' intéressera à l' électronique et l' Ambient dans la droite ligne de l' esprit sans frontières stylistique du Post Punk qui l' avait vu grandir. Si en apparence Morrissey semblait plus éclectique en adorant les chanteuses Pop de son enfance (Sandie Shaw et Cilla Black) il faut remarquer qu' il ne quittait pas la sphère Rock avec ses passions limites maniaques pour Patti Smith ou les New York Dolls jusqu' à développer une étrange et déjà anachronique lubie pour le Rockabilly. Le germe des tendances réac Britpop est bien à trouver par là, chez Morrissey. Grandis tous les deux sous le punk et le Post Punk ce fait leur évita d' avoir une démarche trop rétrograde et chercher à s' évader du lourd héritage Rock. Marr a donc toujours expliqué vouloir rompre avec les clichés Rock de la guitares et développa son art des arpèges sophistiqués en délaissant l' agression sonore des larsen par exemple. Il ne cessa de repousser les limites et d' innover. Un titre à lui seul comme "How soon is now" prouve que les Smiths malgré leur instrumentation rock des plus classiques pouvait utiliser le studio afin de sonner réellement neuf. Fait amusant et très annonciateur, Morrissey détestait donc toute la culture Dancefloor et ne se gênait déjà pas de jouer les vieux cons en crachant sur Madchester et la House quand Marr y sauta à pied joint avec le duo qu'il forma avec le New Order Bernard Summer Neil Tennant des Pet Shop Boys. Ascétisme et timidité Indie. La Britpop a donc toujours revendiqué l'importance des Smiths mais quand on se penche sur le poids réel de la formation sur chaque groupes Britpop on discerne de réelles divergences et seulement un vrai point commun. Et en fin de compte on s' aperçoit également que les successeurs ayant de cesse de porter aux nues le groupe n' ont pris dans l' héritage que ce qu' ils ont bien voulu. La configuration guitare/basse/batterie est bien sûr le lien évident avec notamment un très fort consensus autour de la guitare de Marr. Les guitaristes Britpop ont tous vénéré le Mancunien et toutes les formations Britpop ont tenté de retrouver l' alchimie qui reliait Marr et Morrissey. Ils furent rares ceux réussirent. Des très bons guitaristes il y en avait mais de la classe d' un Marr très peu finalement. L' évidence est Bernard Butler de Suede loin devant les Steve Mason (Gene), Steve Cradock (Ocean Colour Scene), Nick McCabe (The Verve) et Gaz Coombes (Supergrass) pour les plus intéressants. Les divergences sont surtout au sujet des paroles de Morrissey et de sa personnalité complexe. Je pourrai passer des heures à tenter de le définir sans réellement toucher au but. A la fois bagarreur et délicat, fragile et fort, Morrissey par ses paroles et ses attitudes fut souvent traité de maniaco dépressif voir de misérabiliste ou encore de moralisateur. Il agaçait aussi par son petit côté poète maudit cultivé donneur de leçons. Critiques justifiées qu'en infime partie parce qu'il pouvait également se révéler être drôle même si grand amateur d' un humour très noir, capable d' une autodérision totale, sarcastique et provocateur. Prenez toutes ces descriptions et chercher un parolier Britpop qui y correspond dans leur totalité. Vous n' en trouverez pas à une seule exception notable, Martin Rossiter des Gene. Et parfois vous allez même rencontrer des antithèses absolues. L' apport essentiel à la Pop britannique de Morrissey fut donc la fragilité qu'il se dégageait de ses chansons. Rarement on avait croisé des textes de chanson Pop évoquer aussi bien la solitude affective, les désirs sexuels non conformistes et la dureté de la société britannique. Rien à voir avec les clichés rock , l' assurance orgueilleuse et la masculinté affirmée de certains roitelets Britpop. Rien à voir non plus avec l' euphorie jouissive et la volonté de célébration à tout prix affichés par certains. Il y a avait aussi dans le personnage public de Morrissey un petit truc qui pouvait en effet bousculer les normes masculines de certains . Ses poses durant ses passages télévisés ou les séances photos, ses déclarations sur sa virginité volontaire et le droit au célibat était à contre courant de ses congénères rockstar. Laissant immanquablement planer le doute sur sa sexualité. 10 ans après Bowie le mancunien remettait le couvert sur ces sujets-là et il est clair que dans le Manchester du début 80's comme dans le rock aux tendances misogynes et virilistes ce n'était certainement pas de trop et franchement salvateur. Comme certains de la Britpop Il s' inscrivait lui aussi dans la grande tradition de songwritters passés maître dans l'art de la description et critique de la société britannique à l'instar d'un Ray Davis des Kinks ou Pete Townshend. Mais encore une fois, à de très rares exceptions, ils furent très rares à aller aussi loin que Morrissey préférant rester à la surface quite à tomber dans la caricature. Morrissey développa une haine envers la génération qui lui succédait, Madchester, et encore une fois le comportement des Britpopeux avec leurs hommages appuyés, héritiers et marqués aussi par Madchester, semblaient hypocrites. Ainsi, Morrissey par son aspect donneur de leçons, aimait mettre en avant une certaine hygiène de vie. Végétarien revendiqué, ce fan des New York Dolls (ironie !) reprouvait la consommation des drogues et on était même pas sûr qu'il buvait de l' alcool. Pour lui plutôt que la boite de nuit et l' ecstasy c' était camomille et un bon livre. Les Gallagher et d'autres avec leurs montagnes de coke et de champagne oublierons le dogme Morrissey. Autre divergence tue par la Britpop, l' étique Indie et anticommerciale. Si The Smiths jouaient le jeu de l'industrie musicale cela était cependant avec de fortes valeurs héritées du Post Punk et des limites assez restrictives. Morrissey et compagnie dressaient en permanence des restrictions à l'exercice marketing au grand dam de leur label indépendant et quand ils signèrent sur un gros label c'était avec des conditions très strictes. Refus d' apparaître dans la première émission télé venue (à l' exception notable de la messe culturelle hebdomadaire Top Of The Pop), relation conflictuelle avec la presse, méfiance de l'outil promotionnel principal des 80's que fut le clip etc etc. La Britpop fut moins regardante dans son désir de dominer les charts et un grand nombre d'accrocs à l' éthique Indie apparurent. On se souviendra de l'utilisation avec leur accord de titres pour la publicité et des explications pitoyables d'un Damon Albarn par exemple. Alors que Morrissey ne ratait pas une occasion d' allumer l' establishment Blur et Oasis se reposaient dessus quand cela leur était nécessaire. Suede et Pulp s' avéreront moins dociles et franchement plus futé dans l' art d'infiltration du système. Les Smiths et la personnalité de leur chanteur marquèrent de leur empreinte toute la scène Indie. Mais tous n'avaient ni le charisme, ni la talent d' orphevre Pop des Smiths pour oser autant et bousculer les charts. Très rapidement le profil type de l' Indie Boy devena celui d' un étudiant mélancolique, plutot réservé, de classe moyenne, progressiste sur les domaines sociétaux et pas franchement porté sur les drogues et la biture. Musicalement cette génération abandonna la "ligne claire" des Smiths pour noyer ou flouter leurs gentilles mélodies sous un boucan de réverbérations et une production lo-fi. L'éthique Indie était alors un dogme susceptible d' être utilisé pour exclure les artistes un brin trop ambitieux commercialement. Quant aux paroles elles se déplacèrent de la rue vers l' intimité d'une chambre d' adolescent mélancolique. Elles ne garderont donc pas le côté acerbe et l' affirmation d'un soi So British la jouant dorénavant plus modeste. L' explosion Madchester fut une première révolte, hédoniste, contre un certain ascétisme et une chape de Plomb que certains traits de la personnalité de Morrissey liés paradoxalement au climat Thachérien avait fait tomber sur une partie de la jeunesse et la société. L' androgynie affichée de Morrissey on la retrouvera chez Suede tout comme la fragilité émotionnelle et certaines revendications des minorités et marges dans les paroles chez les premières formations Britpop tel Gene et Echobelly. Par la suite cela s' estompera jusqu' à disparaître. 1992, la chute du Roi Indie des 80's. Une place à prendre. Morrissey en 92 reste et demeure l' icône absolue de l' Indie anglaise. Et même si Madchester a ébrécher son statut d' icone en le ringardisant un brin avec ses postures de donneur de leçons chaque sortie de disque est attendue tel celle du messie. Son précédent disque "Kill Uncle" avait quelque peu déçu ne rééditant pas le premier effort solo réussi du Moz, "Viva Hate". Disque qui dévoilait un Morrissey plus aventureux musicalement avec Vini Reilly de Durutti Column à la guitare et le fidèle Stephen Street en musicien et producteurs comme du temps des Smiths. Un Stephen Street que l' on retrouvera avec ...Blur. Quand "Your Arsenal" sort en Juillet c' est une douche froide pour l'indie boy que j' étais. Morrissey par ses paroles semble annoncer son futur départ d' une Angleterre qu' il juge à l' agonie en opposition avec la volonté de célébration des Albarn et compagnie. Mais aussi musicalement. Il quitte le navire Indie pour se noyer dans un marasme bodybuildé Rockabilly rétrogaga seulement éclairé par de fines lueurs Glam portée par la présence de Mick Ronson (ex guitariste de Bowie). Une des chansons ("National Front Disco") raconte la vie d' un jeune anglais aux tentations nationalistes se désolant de voir ses "pôtes" fachos du National Front fantasmer leur délire racistes dans des soirées dansantes. Peut être la chanson la plus ambigue d'un Moz qui va le devenir lui aussi de plus en plus dans ses sorties médiatiques. L' infâme concert de Finsbury Park. Le "secret" de la fameuse Britpop Touch des clips de Blur résumé en un seul de Madness. Une formation légendaire So British se reforme cet été-là et pour l' occasion s' offre un festival à Finsbury Park. Madness. Eux aussi énorme influence et fierté de la Britpop et surtout Blur, ils créent leur propre festival nommé Madstock et y invite Morrissey. Petit détail déjà dit. Les Madness ont toujours drainé avec et malgré eux quelques énergumènes fachos. Quelques jours auparavant le Moz donne une interview au NME et sort cette connerie. "Je ne pense pas que les Noirs et les Blancs s'entendront vraiment " Immédiatement Morrissey dément mais le 7 Aout à Findsbury il ne trouve rien de mien que de se draper de l' Union Jack sous les applaudissement d' un parterre de Skinhead d' extrème droite selon la version médiatique. Selon les fans les Skin l' aurait hué pour cause ... d' accaparement de leur culture. Dans les deux cas le Moz commença à sombrer à ce moment-là. Le malaise est général. Chez Madness, la majorité du publique et les fans Indie. Pendant quelques années on pensera à de la maladresse ou de la pure insouciance puis d' autres déclarations de la bouche d' un Moz vieillissant arriveront toute plus accablantes et gerbante. Et l' idole Indie de se transformer en un équivalent Rockstar du Céline de la littérature. La Britpop ne tombera pas réellement dans les travers de la relation étroite entre Patriotisme et Nationalisme malgré un usage intensif de l' Union Jack par ces artistes et leurs sempiternelles et multiples péroraisons Britishness allant jusqu' à la nausée . Chose impensable quelques années plus tôt dans le milieu Indie plutot allergique. Morrissey a-t-il brisé un tabou chez ces gamins-là où ont il voulu se réapproprier un attribut national longtemps accaparé par l'extrême droite ? La réponse se situe comme souvent entre les deux mais cela va virer au ridicule. Si certains n' hésitèrent pas d' autres, portés par des valeurs plus à gauche (Cocker, Anderson) ou simplement par méfiance contre tout symbolisme un brin trop martial, préférèrent ne pas trop s' afficher ou s' associer à l' Union Jack. THE SMITHS & THE JAM VUS DE FRANCE Arrivé trop tard dans l' univers Indie, leur séparation date de 1987, je ne découvris l' oeuvre des Smiths que Post Mortem vers 90 quand Madchester m' en laissa le temps. C'est à la même époque, et tout à fait fort logiquement pour un fan des Who, que je suis devenu fan des Jam et de la suite de la carrière de Weller. Le tube "Shout To the Top" de son Style Councyl est l'un des très rares titres de cette partie, avec ceux de Madness, qui appartiennent à mes souvenirs radiophonique ou télévisuels de ma période ultérieure à ma passion musicale. L' impact des Smiths fut également considérable chez les rares français adeptes de Bernard Lenoir et des Inrocks (autour de 100000 personnes). Celui des Jam bien moindre si ce n'est chez certains connaisseurs et ce pour une raison générationnelle. Parfois je fus également témoin d' un certains mépris de la part du camp Smiths pour celui des Jam quand l'immense majorité du public rock nous balançait cette sentence pitoyable "Trop anglais pour plaire chez nous". Ces groupes étaient donc totalement inconnus de la majorité du fait qu' ils n' entrèrent jamais dans notre triste Top 50 nationale alors que la France vivait une étonnante et drôle Curemania . Je devins donc totalement addict de 1990 à1993 sans que cela ne soit une hégémonie passéiste dans mon univers musical. Avec le recul il apparaît très évident que c' est la réappropriation forcée et abusive de la Britpop mêlée au naufrage Rockab de Morrissey qui me firent lâcher ces deux groupes pour passer à autre chose. Depuis si j' entretiens pour ces groupes une toujours forte passion celle avec Morrissey se rapproche de plus en plus à la relation que l' on peut entretenir avec un Céline en littérature. Weller quant à lui ce serait plutot le gentil parrain parfois un peu trop déifié et servant de mauvaise excuse aux rétrogaga. Un vieux parrain parfois radoteur mais qui illumina ces dernières années par certaines de ses déclarations fondamentalement Mods et progressistes comme quand il avait reconnu que seules le Grime et la Jungle puis l' UK Bass renouvelaient réellement et la scène musicale britannique (ici). Voilà pour la première partie consacrée aux origines. Vous allez très vite comprendre que si 1988 sépare les deux parties sur les origines ce n' est absolument pas un hasard. Cette date est celle d' une révolution qui aura de grandes conséquences sur la Britpop même si cette dernière semblera vouloir la refouler et piocher dans celles abordées ici. A SUIVRE

  • BRITPOP, une épine dans le pied depuis trente ans. Intro

    Cela faisait très longtemps que Dancing With The Noise désirait s' attaquer à ce vieux machin que l' on nomme Britpop. Ces derniers mois une succession d' événements ont fini de provoquer cette série Britpop. On pourrait en appeler au hasard mais franchement que le mot Britpop soit réapparu aussi fortement en dit long sur le zeitgeist de l' époque. Entre nostalgie et agonie d'une certaine musique Post Brexit. UN RETOUR TONITRUANT APRES DES ANNÉES DE NOSTALGIE RAMPANTE. Au printemps ce fut d' abord un documentaire sur Damon Albarn relayé assez ardemment dans les pages Culture des grands médias. En France comme en Grande Bretagne. Un Albarn qui n' avait jamais vraiment quitté la scène médiatique entre ses activités solo, Gorillaz et la reformation de Blur. Et à chaque apparition le leader de Blur de devoir encore s' épancher (avec sa version) sur le courant auquel il a participé. Le reformation du groupe en 2009 avait été marquée par deux concerts gigantesques à Hyde Park ( performance reproduite en 2012 et 2015) puis la sortie de leur album "The Magic Hype" en 2015 rencontra un succès critique et commerciale assez étonnant au vu de ce qu'il contenait. Albarn nous assénait son ressenti et ses réflexions simplistes de globetrotter Rockstar sur une musique qui très adroitement consistait en un malicieux mélange nostalgico gaga des différentes époques du groupe. Toujours malin le petit Damon quand il faut surfer sur la demande. On y reviendra bien sûr. Toujours ce printemps Suede, plus rare qu' Albarn, annonce un nouvel album. Reformé après une séparation de 7 ans la bande à Bret Anderson nous en avait déjà offert assez régulièrement avec une certaine réussite et pertinence mais sans réellement déclencher l' accueil de cet automne. Grand succès critique en cette rentrée à la surprise générale (ici). Chez les vieux critiques comme les plus jeunes. Dans la foulée ils annoncèrent avec des Manic Street Preacher's revenus de nul part une grande tournée mondiale en commun comme à la grande époque. En Juillet c' est au tour de Jarvis Cocker de claironner la reformation de Pulp (pour la 2ème fois !!!) pour une grande tournée. Le même Cocker qui voit sa biographie "Good Pop, Bad Pop" rencontrer un surprenant petit succès en terme de vente. Avant celle de Pulp prévue en 2024 le phénomène des reformations, comme pour l' ensemble de la scène Indie des 90's et 00's, ne nous avait pas épargné les vétérans Britpop ces dernières années . Mais depuis le Brexit on est face à une recrudescence. Surpergrass, Shed Seven, Salad, Cast, Echobelly, The Bluetones etc etc . Tous tournent et sont régulièrement croisés dans des festivals d' été qui se sont mis à surfer sur cette nostalgie avec parfois une scène réservée exclusivement à ces groupes. Encore plus symptomatique et carrément flippant. En Janvier 2017 les sites Internet, anciens ou récents, relayent tous avec enthousiasme une série de photo. On y voit trois quadras difficilement reconnaissables et l' annonce d' une probable reformation de leur groupe Brtpop. Et tous de titrer "Elastica The Come Back !?" En définitive la baudruche se dégonflera rapidement car il ne s' agissait que d'une réunion effectuée dans le cadre d'un remastering du premier album. Et en plus sans la moindre réapparition médiatique officielle de leur leader, Justine Frischmann. Autre indice, les Tribute Band. Si il y a encore quelques années cette singularité britannique ne touchait que les monstres sacrés mainstream comme les Beatles ou les Stone Roses (rare exception Indie avec Oasis) on constate de plus en plus de fossoyeurs qui joue à reproduire les concerts de leurs idoles Britpop. Certains réussissant à proposer un pot pourri de multiples formations Britpop en un seul concert. Soirées nostalgie garanties que votre serviteur s' empressera toujours de fuir. Exemple d' un Tribute Band Britpop. Oui je sais c' est pas joli joli la nostalgie, comme un bermuda rose imbibé de bière piétinant dans la boue (vers 2'05). Si vous me voyez faire ça...Tuez Moi !!! Comme tout courants ou mouvements musicaux la Britpop n' a pas échappé non plus aux célébrations médiatiques à chaque anniversaire et il ne faut pas être devin pour imaginer que 2024 et 2025 ne vont pas y échapper. Et ce sera reparti pour les témoignages de vieux cons enjolivant leur si géniale 90's et sa pas si "Cool Britannia" que ça. Ces pseudos experts qui à l' instar de ceux des chaines infos vont ne cesser d' effectuer des raccourcis, approximations si ce n' est une réel réécriture de l' histoire. Mais plus dingue encore au sujet de ce retour de la Britpop sur le devant de la scène est ce qu'il s' est passé les 3 et 4 Juin derniers. KNEBWORTH 1996-2022 Liam Gallagher et Oasis n' ont jamais quitté les projecteurs médiatiques depuis la Britpop et la séparation. Au fil des années ce qui était devenu une sorte de marotte éditoriale et nationale servait surtout à une presse britannique musicale agonisante de tenter en vain de surnager. Faut dire que les nouvelles générations n' ont jamais à de très rares exceptions (Arctic Monckeys, The Libertines) atteint les sommets de la Britpop par l' engouement suscité et commercialement. Artistiquement sans intérêt, comme les reformations des autres, la carrière de Liam Gallagher consistait surtout en ses nombreuses sorties médiatiques controversées et au pathétique mais parfois hilarant ping pong verbale entre lui et son frère avec en arrière fond l' improbable reformation. Un frémissement commença à apparaître vers 2016 quand après la désastreuse expérience Beady Eye (groupe formé avec des ex Oasis) sa carrière solo décolla lentement mais surement. En 2017 Gallagher effectue son grand retour médiatique mondial au cours du concert de charité (ici) faisant suite à l' attentat à la bombe (ici) qui avait été perpétué dans sa ville d' origine, Manchester. Invité surprise d' Ariana Grande faute d' un Noel qu' on dira poliment "moins opportuniste" , faut dire que "Don't look Back in Anger" était devenu à son insu l' hymne des hommages, voilà notre plus jeune Gallagher de se retrouver parmi la lie musicale du Mainstream et d' entonner aux côté de l' agaçant et pitoyable Chris Martin de Coldplay deux titres d' Oasis et (hum hum) un titre de son prochain album. Et votre serviteur de se rappeler ironiquement les vieilles saillies verbales des Gallagher au sujet de ces endives de Coldplay. A la suite de ça son premier album "As You were" atteint une improbable première place des charts. Les deux successeurs rééditeront l' exploit quand le bonhomme de devenir l' une des rares têtes d' affiches Indie à guitares dans les grands festivals estivaux. Celui que souvent on prenait pour le plus fêlés et totalement idiot de la scène Britpop va se révélé être le plus fort en gestion de son culte et particulièrement habile pour faire fructifier l' héritage Britpop. Documentaires multiples sur Oasis et sur son aventure solo parsemèrent les 00's et les 10's avec souvent le bonhomme à la manœuvre. Très roublard en matière de communication il ne cessera d' aligner les coups tel l' invité prestigieux tellement symbolique des 90's Britpop en Grande Bretagne dans de son clip "Once". Personnellement je pensais que les gens qui lâchaient des tunes sur les disques et se ruaient sur les documentaires de toutes sortes étaient majoritairement des vieux cons de mon âge avec cependant une petite minorité de jeunes nostalgico gaga déjà vieux dans leurs goûts comme il en existe pour d' autres courants et artistes. Les 3 et 4 Juin derniers c' est une très grosse mandale que prirent votre serviteur et une presse britannique prête à dégoupiller les grenades inter générationnelles. Avec l' orgueil et l' arrogance qui ne cessèrent jamais de le définir Liam Gallagher décida de refaire le coup de Knebworth 96. Les 10 et 11 Aout 96 Oasis avait joué devant plus de 250000 mais le tournis va vous prendre encore plus quand vous apprendrez que c' est près de 2 millions 5 de demandeurs de tickets qui se sont alors fait refoulé. Beaucoup considèrent ces deux concerts comme l' apogées de la Britpop avant sa mort un an plus tard. On peut bien sûr accepter ce jugement mais à mon humble avis il y a eu deux apogées et la première avait eu lieu un soir de Juin 95 du côté de Glastonbury. Même si les demandeurs de tickets pour sa prestation 2022 n' atteindront pas le record de 96 le coup de Gallagher laisse sans voix. Ils sont peu de nos jours à pouvoir rassembler en deux jours 170 000 personnes et le pari fut réussi. Mais probablement l' autre fait marquant et en lien avec les raisons de cette série d' articles c' est l' âge des participants. Bien sûr beaucoup de quadras ou quinqua revenus vivre leur jeunesse mais les cheveux grisonnant furent noyés dans une masse bien plus jeune. Les millennials représentèrent la grosse majorité du publique et ce fait bluffa tous les observateurs. POURQUOI LA BRITPOP DANS DANCING WITH THE NOISE ? Et c' est quoi d' abord pour moi la Britpop? C' est une véritable épine rétrogaga plantée dans le pied d' un mélomane possédant des goûts aux petites prétentions progressistes sans œillères stylistiques . Une vision développées depuis 10 ans dans ce blog. L' âge grandissant cette épine Britpop ne se décroche toujours pas et j' avoue même parfois ressentir un petit plaisir masochiste à la tripatouiller quand elle se rappelle à mon bon souvenir. C'est que cette petite saloperie agit comme une bonne piqûre de rappel des errements passés et cela vous immunise. La cicatrice qui vous rappellera à l'ordre avant de refaire la même connerie. Une épine porteuse de bien sales germes dénoncés régulièrement dans ce blog. Nostalgie, nombrilisme, nationalisme, réaction, cloisonnement stylistique et vision à court terme artistique et politique. Mais pas que. Rien n' est simple. Surtout avec la Grande Bretagne et encore plus avec son Indie Music. Il m' arrive régulièrement de penser qu' aussi paradoxalement que cela puisse paraître pour ceux qui ne me connaissent que par ce blog (l' immense majorité de mes lecteurs), si la Britpop n' était pas survenue au cours de ma jeunesse ce blog n' aurait peut être pas existé. Oui autant que ça puisse paraître pas d' Oasis, Blur, Menswear etc , pas d' article sur le Footwork, la Deconstructed Club, le Gqom, Elysia crampton, Demdike Stare, l' Hypnagogic Pop, la Vaporwave et tant d' autres. Je vous propose donc de remonter le temps au travers de mon parcours personnel et des évolutions de la scène musicale indépendante britannique. Le cheminement va être long et parfois pointilleux mais nécessaire pour aborder cette Britpop. il s' est joué quelque chose d' important à ce moment-là. Une bascule dont on ne s' est pas vraiment sorti même si je le répèterai la Britpop seule n' explique pas l' état désastreux d'une certaine Indie Music surnageant dans un océan de revivals et de nostalgies. Aborder sérieusement la Britpop va immanquablement nous pousser à dépasser la simple énumération de groupes et de chiffres de vente ou encore de vagues descriptions stylistiques. Il va falloir parler des illustres aînés, de la société Britannique, de Britishness, de politique, d' une histoire de triangle amoureux (si si), du conflit entre les Mods et les Trads, de la lutte Rockism contre Poptimism et de tant d' autres choses. Un sujet bien plus complexe qu' il ne paraît dans les documentaires ou articles disponibles sur le net. Des erreurs et des approximations se glissent dans bon nombre et le gamin de 2022 d' avoir une vision souvent caricatural, fausse ou juste surfant sur la surface du sujet. Si ce n' est une réécriture de l' histoire par les vainqueurs et ceux qui prennent des postures d' autruche. Exemple de l' inculture des journalistes. Article publié sur le site de France Inter le 8 Septembre 2022. Un festival ! Entre la prétendue rivalité Joy Division/New Order digne de celle d' Oasis/Blur , l' approximation totale sur le rôle de Paul Weller et le disque qui a lancé la Britpop on se demande si il ne faut pas lui donner le lien de Wikipedia ou crucifier l' autrice de l' article. Quant au "Prolos ou Intellos" on l' attribuera non pas à l' évidente ignorance musicale de la journaliste mais bien sûr à une certaine vision d' une certaine classe sociale pas toujours intello mais bien bourgeoise par son arrogance. Non ! La Britpop ce n'était pas que Blur contre Oasis ou une réaction rétrogaga uniquement contre le raz de marée Nirvana. Nirvana, un bouc émissaire idéal pour Albarn et compagnie. Oui ! Ce fut une construction médiatique mais qui en disait beaucoup sur la réalité britannique avec ses classes sociales et surtout sur sa scène musicale Indie. Oui bien sûr, il y avait de la rétromanie dans la Britpop mais ne l' a réduire qu'à cela est injuste pour certaines formations qui ont d'une certaine manière collé à leur époque jusqu'à tenter de la changer tout en innovant un tant soit peu. Oui elle légitima et prépara la multitude de revival qui lui succéderont jusqu' à nos jours mais est-elle l' unique raison et fautive? Le mal n' était-il pas déjà en cours dans l' Indie Music? Oui elle a vampirisé la scène alternative/underground jusqu'à lui faire du mal en marginilisant encore plus ce qui aurait pu la revigorer. Mais elle l'a aussi mise en avant en lui offrant succès commercial et médiatique comme rarement depuis le Punk. Jusqu'à la transformer en Overground, quand les non Britpop Radiohead auront conquis le monde. Je vais donc tenter de vous apporter ma propre version de ce courant. Un courant que j' ai vu apparaître puis mourir. Depuis trente ans et surtout depuis la création de ce blog bien des fois l' idée de me confronter à la Britpop m' avait traversé l' esprit. Un peu comme affronter un fantôme du passé je me devais de relater une de mes plus belles erreurs (ou pas) musicales de jeunesses. Mais de ces erreurs qui vous rendent plus fort. Et on va commencer par les origines et un sacré passage aux aveux. PROCHAINEMENT : LES ORIGINES P.S. Comme en 1996 il fit venir à son Knebworth 2022 John Squire des Stone Roses pour Champagne Supernova. Comme en 96 il porta une veste Blanche. Et comme en 96 ça a fini pas un feu d' artifice. Finalement en 26 ans seul deux choses semblent avoir changé chez Gallagher. Le publique et les portables . Pour la petite histoire LIam sort ces jours-ci un documentaire sur son Knebworth . Sans aucunes de ses reprises d' Oasis (nombreuses en live) . Noel n' a pas voulu... La cause ? "Juste pour le faire chier" selon Nono. On les changera jamais !

  • SUEDE, UNE MAGNIFIQUE ÉPINE DANS LE PIED DEPUIS 30 ANS

    Alors voilà où en sont les guitares Indies en 2022. C'est triste mais si prévisible. Cette rentrée discographique est marquée du point de vue critique par un hallucinant Come Back sur le devant de la scène qui met à jour l' état pitoyable des guitares depuis des années. Bien sûr il y a ces derniers temps des motifs de réjouissances. Surtout avec le Post Punk des Fontaines DC et quelques autres allant piocher ailleurs. Les Black Midi, Just Mustard (ici) et Squid par exemple. Girl Band (ici) par son influence et sa réussite récente est dans une toute autre dimension en terme de réelle innovation. Mais ces arbres cachent un véritable désert d'originalité et de consistance où la redite et les groupes interchangeables finissent de clouer le cercueil de l' Indie music. L'un des grands disques du moment selon les blogs et les sites spécialisés est donc l'œuvre d'une formation vieille de plus de trente ans. Un groupe qui plus-est souvent défini à ses débuts (voir encore chez les détracteurs) comme un feu de paille médiatique. Une hype comme le sont réellement beaucoup de pseudos futurs rénovateurs des guitares de nos jours. Des faux espoirs d'un instant que ces vieux Suede couvrent aujourd'hui de leur ombre solennelle. Mais c'est aussi et paradoxalement un des premiers groupes a pioché allègrement dans le passé et lancer, ou rendre acceptable, les Revivals qui ne cessent d' occuper l'espace depuis trente ans. Dans ce blog chaque fin d'année on prend soin de séparer les groupes un peu trop traditionalistes dans leur utilisation du schéma classique Guitares Basse Batterie . Le top s'appelle Top Faille Spatio Temporelle et permet de parler de très bons disques faits par des jeunots mais jugés ici pas assez progressifs et moderne, voir un brin déconnectés du présent. Dans le même état d' esprit le Top Monument Historique célèbre les vieux qui, sans apporter du neuf comme autrefois, continuent d'exceller dans leur domaine. En 2022 je vais être emmerdé. La formation dont il est question va peut être dominer ces deux classements tellement les jeunots ont vu leur niveau baisser depuis des années. Les meilleurs d'entre eux préférant jeter leurs envies sur d'autres styles et technologies. Sérieusement! Comment peut-on encore s' enthousiasmer pour le psychédélisme faisandés des King Gizzard And The Lizard Wizard, la si simpliste recette Punk Rock Rap de Bob Vylan, l' Indie Folk Country pour quadras dépressifs de Big Thief et The Sadies. Sans parler de l' arrivisme Post Punk d' Idles . Wet Leg a remis au goût du jour l' art du crochet Pop dans l' Indie mais allez écouter le vieux groupe en question et vous allez vite comprendre que ces types de plus de 50 ans sont plus prometteurs pour la suite que les jeunes Wet leg avec leurs méthodes si prévisibles. Suede sort l' un des meilleurs disques de la rentrée et l' accueil de la critique est tout à fait approprié selon moi. Et dieu sait que dans ce blog on déteste mettre en avant les vieux machins. Manquerait plus qu'un succès commercial chez les jeunes générations tel celui de Liam Gallagher en Grande Bretagne (ici) et le constat dressé plus haut d' être encore plus affligeant. C'est assez ironique tout de même. Les guitares sont remises sous les projecteurs médiatiques via deux artefacts Britpop. La Britpop ! Merde ! Ce machin des 90's, en partie construction médiatique, symbole de patriotisme, taxé ici et ailleurs de réaction anglocentriste passéiste. De retour en arrière créatif rétrogaga. Un symbole de tout ce que l'on déteste par ici est en train de devenir trente après un rayon de soleil dans une époque sombre et le pire, sans que cette satanée nostalgie s'en mêle réellement puisque ce sont des jeunes critique et un publique rajeuni qui en sont l'origine. La jeunesse des journalistes se trahie d'ailleurs assez bien quand on lit leur présentation de Suede et du courant qu'il lancèrent malgré eux, la Britpop. Approximations, connaissances de surface et caricaturisme appris dans les articles et documentaires commémoratifs récupérés à la va vite sur le net. En gros la Britpop c' était tout ce que j' ai écris avec le duel Oasis/Blur et quelques autres vite énumérés. On leur dit que le meilleur groupe n' était pas dans ces deux grands noms ? Neuvième album d' une longue carrière, "Autofiction" est à la fois un retour aux sources et un disque moderne. Retour aux sources parce qu' on retrouve le Suede des débuts. Et il est utile de préciser, le Suede d' avant l' emballage médiatique de 1992. Celui au sein duquel la copine de Brett Anderson tenait la guitare aux côté de Richard Butler, une certaine Justine Frischmann future leader d' Elastica. Future copine de Damon Albarn qui lui la Britpop avec Blur... Oasis... Shed Seven...Menswear...Gene ... Jarvis ....Echobelly...My Life Story...Supergrass......Salad...My Life Story;;;The La's...... ... Hum! ... OK ... J' avoue ! Si vous me lancer sur ce sujet Britpop ça va devenir assez gênant pour le moderniste pourfendeur de la nostalgie et des revivals. Celui qui préfère voir devant plutot qu' en arrière. Parce qu' on risque y être encore dans quelques heures et ainsi de me trahir. Comme une épine planté dans le pieds depuis très longtemps qui vient de se faire ressentir avec ce dernier album de Suede. Une épine que je me refuse à enlever comme d' autres ne cherchent pas à cacher les vieilles cicatrices provenant de l' insouciance adolescente. Cicatrices servant de petit rappel à l' ordre. La Britpop, j' y étais et pas qu'un peu au point que... L' heure est donc peut être venue ... (A suivre...) Revenons à "Autofiction", à 2022. Retour aux sources parce que l' on retrouve l' énergie et la puissance punk et Post Punk en partie disparues avec le départ de Frischmann mais encore décelables dans leur premier album éponyme. Disque Moderne parce que si ils reviennent à la case départ ils ne laissent pas de côté non plus leurs acquis musicaux engrangés depuis 30 ans et ne trompent pas sur leur âges. Si il y a nostalgie elle ne déforme pas le regard sur le présent et n' empèche pas de se projeter dans l' avenir. Le Brett Anderson de 2022 reprend les manies du Bret de 1992 mais raconte la vie du quinqua et il est visiblement très colère. Peut être plus que le rebel et anticonformiste mais naïf de 1992. Le plus étonnant chez Anderson mis à part sa niaque et son talent de parolier intact est que sa voix est elle aussi insensible aux ravages du temps. Changée un peu, des brisures apparaissent mais elles ont l' avantage d' être maîtrisées pour rajouter émotionnellement le ressenti d'un "vieux". Toujours magnifique et étonnante. la grande voix Britpop avec celle du Vrai Roi de la Britpop (Mais qui est-ce me demandez-vous , si c'est pas Albarn et Gallagher???...a suivre vous dis-je ...) et à moindre échelle celle de Liam Gallagher. Suede nous revient donc dans une forme rarement affichée depuis leur reformation en 2012. Percutant et assez frais après deux derniers disques plus spirituels et expérimentaux. Confirmation que cette reformation était amplement justifiée car si ils n'ont pas toujours épaté avec les trois albums qui suivirent la pause de dix ans il est nécessaire de préciser que pas un seul est médiocre et que chacun nous ont surpris par les changements et la prise de risque créatif d' une formation pouvant se reposer avec fainéantise sur ses grandioses débuts. Les membres originaux, Osman avec sa basse à la fluidité imparable, Gilbert et sa force de frappe atomique, tiennent toujours la baraque et à l'instar d' un Anderson revigoré ils pourraient donner des leçons de talent à la relève. Richard Oakes à la guitare, successeur de Butler, et Codling aux synthés, épatent encore et prouvent qu' ils se sont révélés être plus qu'une simple bouée de sauvetage au départ de Butler. Le premier album éponyme et "Dog Man Star" de l' ère Butler constituent le sommet de Suede généralement dans l' esprit des fans. Le troisième "Coming Up" reposant sur la collaboration de ces deux types avec les originaux en est guère loin si ce n' est leur pendent plus Britpop. Si Suede a donné le coup d' envoi de la Britpop les vieux cons comme moi vous diront que très vite Anderson a rejeté l' étiquette et que Suede s' en est éloigné un temps pour finalement surfer dessus avec "Coming Up" d' une façon très maline. "Autofiction" ne peut pas être étiqueté Britpop parce qu' il n' en comporte pas beaucoup. Anderson parle toujours de son pays où il vit mais sans vraiment afficher une anglicité et un patriotisme glorifié affirmés. Il parle surtout de l' âge, du Sexe, de la maltraitance et de la situation désastreuse de son pays Post Brexit. Et puis surtout ce disque n' est pas Britpop parce que ce que l' on nomme Britpop est surtout un courant encadré chronologiquement (1992-1997) tel une capsule temporelle dans les 90'S avant d' être un style musical définissable. Grosse bévue souvent lue chez les jeunes journalistes. Ce neuvième album de Suede est marqué du saut Post Punk. Visiblement Anderson et les siens ne sont pas murés dans leur musée Glam Rock Bowienesque et observent la jeune garde. Il y a aussi quelque chose de Black midi dans cette façon de remettre l' expérience du live dans l' enregistrement, quelque chose de Girl band dans cette production jouant énormément sur la spatialité du son. Suede a toujours évolué stylistiquement et ce depuis les débuts. Punk et Glam d' abord, puis Arty avec "Dog man ...", carrément Britpop "Coming Up", plantage un tantinet électro sunthé avec "Head Music", le grand vide superficiel de "A New Morning" (leur pire) et enfin les trois post reformation faisant variés les ingrédients déjà utilisés dans leur dosage. Dès l' entame du disque, "She still leads me on" Suede rassure et sidère par sa force en donnant à l' occasion une sacrée leçon à The Horrors. Leçon Glam Gothique répété avec "That Boy On the stage". "She still leads me" est également remarquable parce qu' il est l' un des titres de Suede les plus Morrissey/The Smiths de leur longue carrière, une énorme influence pour eux. Dans ce titre et dans quelques autres du disque Suede réussit là où Morrissey en solo s' était planté quand il avait voulu durcir le son dès "Your Arsenal" en 1992. Suede n' apparaît pas bodybuildé artificiellement et grotesquement comme le Moz autrefois. Plus loin "15 Again" est un futur classique de leurs concerts comme les autres vieilles tueries. Véritable hymne potentielle chez leurs fans pour des lives qui étonnent toujours les étrangers devant l' intensité du culte et l' adoration qui y sont développés. Les fans de Suede sont parmi les plus accrocs que vous pouvez rencontrer tout étant adorables et ouverts. Suede a toujours été très clivant tout comme The Smiths et les Pet Shop Boys autrefois, deux grandes influences d' Anderson avec Bowie. Suede nous délivre comme à son accoutumé quelques unes de ses ballades dont ils ont le secret. Suede est probablement le dernier grand fabriquant de Slows acceptables, classieux et intelligent de l' histoire du rock. Pour les jeunes générations c' est un conseil, si Il ou elle sont susceptibles d' aimer, Suede par ses ballades/Slow est une arme de destruction massive lancée sur son cœur en soirée. "Drive Myself Home" en est la version ultime pour 2022. Déjà titubant par le début du disque et son énergie inespérée l' auditeur, fan ou méfiant, va définitivement tomber KO avec les trois derniers titres. "It's Always The Quiet Ones" le plus Bowienesque des 11 titres est appelé lui aussi à devenir un hymne chez les fans quand "What am i with you" est une ballade/slow somptueuse prenant le temps pour vous dévaster en un claquement de doigt. Le monstre de lyrisme "Turn Off Your Brain and yell" clôture le disque et dévaste tout sur son chemin. Anderson donne la marche à suivre d' une manière ambiguë mais nécessaire pour affronter cet avenir si inquiétant que l' on soit jeune ou un vieux. Un vieux pas encore égocentrique et atteint de panurgisme Néo libérale, misogyne, homophobe, viriliste et pollueur. "Débranche ton cerveau et hurle" Suede avec ce neuvième album est à l' encontre totale des vieilles redites nostalgico gaga qui favorisent toujours plus un auto enfermement volontaire afin de se couper du monde face aux multiples mauvaises nouvelles qui assomment et rendent amorphe. Alors oui! Ce n' est pas une blague. En 2022 Suede vient de pondre l' un des plus beaux et vivifiant disques de guitares de l' année.

  • GIRL BAND aka GILLA BAND, redécouvrir la musique.

    Ils ont changé leur nom mais certainement pas leurs belles manières. Girl Band est devenu Gilla Band et se fend de son troisième album. Alors sept ans après leur premier, une pause nécessité par la santé fragile de son chanteur, un retour aux affaires en 2019 avec le très grand "The Talkies" à quoi devait-on s' attendre? Réponse simple. Au disque rock le plus innovant et iconoclaste de l' année. Pour ceux qui ne savent pas Girl Band aka Gilla Band est probablement l' une des plus belles choses qui soient arrivée ces dernières années aux guitares. Ils ont tout explosé à commencer par les structures conventionnelles de ce que devait être une chanson "Rock". Dès leur début ils revendiquaient vouloir utiliser les guitares avec les us et coutumes de électro ou l' Ambient. Girl Band a abandonné progressivement toutes les habitudes qui enferment tant de leurs congénères. Comme autrefois un Kevin Shields de My Bloody Valentine ils ont mis au centre la texture sonore en s'appuyant sur ce que les nouvelles technologies et leur imagination leur offraient. Sans non plus oublier un savoir faire certain dans la composition pour la réinventer. Plutot que singer le Shoegaze ils se sont tournés vers le Noise tout en se reposant sur leur passion pour la No Wave sans chercher à réellement singer d' autres courants et époques. Avec eux on peut parler de nouvelles conceptions sonores, de multifonctionnalité, du studio roi des instruments. Je sais que penser le studio comme un instrument à part entière n' est pas nouveau, Brian Eno, mais dans le petit monde du rock à guitares c' est denrée rare. Si leur discographie est petite par son nombre elle est devenu d' hors et déjà un monument de progressisme et de courage. Leur sens inné de l'évolution et leur refus du statu co amène à toujours plus de fraîcheur et d' innovation. Se rend-t-on réellement compte du poids prix par cette formation sur la scène Indie ces dernières années ? D' abord sur la merveilleuse vague irlandaise qui déferle, Fontaines D.C., The Murder City et tout récemment les merveilleux Just Mustard (ici). Mais pas seulement. Leur nom apparait de plus en plus dans les interview de jeunes formations prometteuses voir confirmées. Ce groupe a débloqué bon nombre de mentalités engourdies après des années de redite à la vues basses. On ne s'était pas trompé ce soir du 14 août 2015 (ici) quand ils déboulèrent sur la petite scène de la Route du Rock amenant une fulgurance de fraîcheur au milieu d'un petit monde Indie emprisonné dans le simple calcul référentiel nostalgico gaga. "Most Normal" vient de sortir et l'évidence est sous nos yeux. Girl Band appartient à la caste des grands groupes révolutionnaire. My Bloody Valentine, Sonic Youth, Radiohead et quelques autres. Plonger dans ce disque va vous faire ressentir des émotions d'une intensité aussi grande qu'avec les groupes cités. Encore plus étrange que ses deux prédécesseurs, encore plus bouleversant et déstabilisant. Vous n'en sortirez pas de cette terra incognita sans reconsidérer totalement votre approche de la musique . Les comparaisons du chanteur écorché vif Dara Kiely avec Mark E Smith sont caduques. Celles sur une supposée resucée des Liars complètement stupides tant les irlandais ont dépassé les ricains. Se contenter de définir leur musique comme étant un mix de Post Punk (facilité) et de Noise se révèle infiniment insuffisant. Il y a du Nurse Witn Wound dans ce jaillissement de bruit provenant des tréfonds de nos âmes, du Coil dans cette façon de terroriser avec n' importe quelle source sonores pour mieux nous élever de la merde quotidienne. De toutes façon ce groupe est devenu bien trop original et inclassable pour pouvoir le relier au passé si facilement. Cette musique est un tel brassage d' ingrédients, d'idées nouvelles, et qui plus est porté par un collectif de personnalités fortes et ouvertes d'esprit, que toutes affiliation réductrice est stupide. Leur parcours démontre tout cela. D' abord sous le nom Harrows ce ne fut qu' un énième groupe suceur des Strokes mais très vite ils sont sortis du carcan Indie et se sont imbibés de James Chance & The Contortion, Bad Brains, Neu ! et The Chemical Brothers. Quand d' autres se contentaient de tenter d' agréger péniblement deux ou trois vieilles références provenant du même puit. Par exemple, au lieu d'en remettre une couche sur son chanteur capable de vous emporter très loin par sa puissance et son talent immense de songwritter surréaliste, parlons du bassiste Dan Fox. Fox est devenu depuis longtemps le producteur attitré de son propre groupe. Et pas n'importe quel producteur. L'un des meilleurs de sa génération. Du même acabit qu' un BJ Burton avec Low. Les rythmiques d' Adam Faulkner à la batterie se révèlent être les des plus puissantes et les plus riches en variations depuis des lustres. Alan Duggan sort de sa guitare des sons tellement inédits et effarants que l' on peine à concevoir qu' ils proviennent d' un instrument usé jusqu' à la corde depuis 50 ans. Avec Girl Band aka Gilla Band l' auditeur n' est pas un pantin à qui on assène des évidences faciles, il devient acteur tant son imagination est stimulée. La marque des grands disques révolutionnaires. "Most Normal" est l' un des grands albums de l' année tout style confondu, probablement un classique dans les années à venir et ce groupe inévitablement une future légende comme le sont dorénavant Sonic Youth ou My Bloody Valentine.

  • RIP JEAN LUC GODARD . Godard et la musique?

    Godard et la musique? Beaucoup de choses à dire. Bien sûr Delerue pour "Le Mépris", la danse de "Bande à part", les Jukebox omniprésents, Marianne Faithfull, Chantal Goya, le fameux "la musique après la littérature" de Pierrot Le Fou etc etc etc. Tout ça à voir dessous. On doit aussi à Arte cette collision magique entre Godard, Sonic Youth et Tarrantino. Le truc susceptible de résumer la jeunesse de certains quadras et quinquas en quelques secondes. Et enfin pour finir son fameux One + One dans lequel il mélange les Rolling Stones créant Sympathy For Devil avec la politique et les Black Panther. Un must dans le domaine du mélange réussit des genres et un modèle absolu pour parler musique pour ce blog.

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