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  • MARIA SOMERVILLE, une reine Dream Pop venue du Connemara.

    Dans le Best Of 2024 j' abordais avec enthousiasme la déferlante de disques dignes héritiers de la Dream Pop des 80's. Il était question de Jabu, Tristwch Y Fenowod, Spivak, Man Rei et Milan.W entre autres. Je parlais d' une salvatrice réinitialisation de la Dream Pop plutot qu' un énième revival. Je pointais également l' accointance chez beaucoup de ces artistes pour le label légendaire 4AD en précisant à leur sujet qu' ils n' étaient que la partie émergée d' un immense iceberg. Mais il manquait à cet iceberg un magnifique palais faisant figure de forteresse et d' étendard. Un château où vivrait une princesse. Ne cherchez plus. Ce que certains nomme déjà la Nu-Gaze, terme déjà utilisés par le passé, vient de trouver sa majesté, Maria Somerville. Maria Somerville est quelqu'un sachant prendre son temps et demeurer discrète. Avant son tout récent disque un seul album au compteur, "All My People" en 2019. Quand son nom était cité, très rarement, lui était souvent accolé les termes d' Ambient Pop et de Dream Pop. Surtout depuis sa signature sur 4AD en 2021 et ce pour des raisons évidentes. Personnellement Maria Somerville fut avant d' être une artiste une animatrice radio. Et quelle animatrice. L' une de mes chouchous de NTS avec ses matinales dans lesquels elle nous délectait de sa grande culture et ses goûts assurés en matière de Dream Pop et d' Ambient. L' an dernier son nom fut maintes fois suggéré pour une très probable participation à l' album du collectif Princ€ss. Un disque à deux doigts d' être classé dans mon top annuel avec son étrange musique hésitant entre une mutante Hypnagogic Pop, l' Ambient et l' héritage Shoegaze/Dream Pop. Somerville a donc pris son temps et bien lui en a pris. Si le récent "Luster" apparait comme l' évident successeur de "All My People" c' est une immense marche que l' Irlandaise vient de gravir. Il n' y a rien à jeter sur ce féerique deuxième album. Après un bref passage à Londres elle est revenue sur ses terres natales, le Connemara. Et cela se ressent. Entrez dans "Luster" et immédiatement vous allez vous retrouver à déambuler parmi les plaines herbeuses, subir les vents, gravir et survoler les montagnes avec une certaine nonchalance teintée de mélancolie. Pour les malheureux français c' est le meilleur des moyens d' oublier le cauchemar musicale du non moins cauchemardesque chanteur réac que je n'ose écrire le nom de peur de me salir les doigts. Outre le fait d' être absolument dépaysant "Luster" prend surtout les contours d'une expérience merveilleuse, passionnante et envoutante. A la fois évident par ses atours Dream Pop et Ambient reconnaissables il apparait assez vite incernable. La quiétude apparente et pastorale tutoie sans la contredire une complexité émotionnelle troublante en d' autres occasions. Avec ses paroles basiques mais très suggestives Somerville fait preuve d' une soif de connaître l' âme terriblement attachante . L' auditeur va être emporté pour rencontrer l' énigmatique, le fantomatique et un romantisme réconfortant. Si Maria Somerville est par ses phrases l' une des personnalités les plus attachantes apparues ces dernières années il faut également relever ce qui est la caractéristique essentiel de ce disque lui permettant d' échapper au pastiche. Sans en faire trop elle remet donc à jour le référentiel Dream Pop comme rarement depuis très très longtemps. Avec un savoir faire technique hallucinant vu son jeune âge, un sens du détail bluffant, une immense capacité d' offrir des textures d' une richesse irréelle, son talent en songwriting nous offrant des Pop Song parfaites, elle réussit à égaler les illustres aînés. Evidemment qu' elle connait ses classiques (Cocteau Twins) en matière de réverbération des guitares. Evidemment que le connaisseur va penser à tout ce que l'on a associé au terme Dream Pop depuis trente ans. Mazzy Star (pour le côté planant), My Bloody Valentine quand l' héritage Shoegaze se fait plus parlant, Julianna Barwick ou la regrettée Trish Keenan sur certains de ses phrasés, Julee Cruise et son acolyte Badalamenti le temps du merveilleux "Up" (tube absolu pour des au revoir). Mais pas seulement. Comme de nombreux artistes défendus dans ce blog Somerville ne s' est pas contentée d' ingurgiter paresseusement un seul courant défini chronologiquement (fin 80's début 90's). "Garden" lorgne sur le The Cure des débuts 80's sans que ce soit caricatural. Ses manières Slowcore remémoreront un brin certains passage du Beach House des 00's quand à d' autres moments c' est une nouvelle fois le Trip Hop de Massive Attack qu' il faudra penser en écoutant "Spring". Par sa production elle n' hésite pas à doper certaines sonorités jusqu' à délivrer une bien étrange version Hyperpop Slowcore de cette bonne vieille Dream Pop. Ailleurs on distinguera des Breakbeat venus de nul part côtoyant un lourd héritage Folk irlandais. Si je me devais de citer la référence la plus évidente alors ce ne serait pas les noms déjà cités mais celui bien plus proche dans le temps et aux lecteurs de ce blog, l' immense Liz Harris de Grouper et ses Drone Pop de ses débuts. Juste après on peut rajouter des artistes cités plus haut et bien souvent découverts par l' intermédiaire de son émission radio tel Hysterical Love Project et Jabu. En définitive Maria Somerville éblouit surtout par sa singularité et ensorcelle par son unique talent. L' un des grands disques de l' année.

  • LOS THUTHANAKA, quand le passé vient au secours du futur.

    Depuis plus de dix ans Chuquimamani Condori Crampton est une star de ce blog ( ici ). L' an dernier son retour avec "Dj E" avait fait grand bien après trois longues et inédites années de silence. La suite était attendue avec impatience même s' il paraissait illusoire de ressentir une nouvelle fois le fantastique choc sonore et culturel subi quand " The Light That You Gave Me to See You" et "American Drift" déboulèrent sur la toile. Malgré toute la passion que l'on peut lui apporter pouvions-nous pressentir ce qu' il allait arriver? A vrai dire non et le saisissement actuel en est encore plus fort. En s' adjoignant les services de son frère Joshua Chiquimia Crampton elle nous offre peut être sa plus grande oeuvre à ce jour et qui plus est assurément, un prétendant solide au titre de meilleur album de l' année 2025. Pour les novices comment définir Elysia Crampton? Toute sa carrière s' apparente en la confrontation entre la tradition avec ce qu' elle peut comporter de sagesse et l' expérimentation la plus libre et folle en utilisant un numérique symbole d' éphémère. Entre la quête d'un passé disparu et une volonté résolument moderniste. Sa musique c' est également l' union magistrale de deux luttes, la défense des communautés Trans LGBT et celle des peuples colonisés. Il y a tout ça chez Crampton et bien plus encore. Crampton est à la fois inclassable, étrange et tellement essentiel. Si on l' associe souvent à la Deconstructed Club c' est pour immédiatement ajouter qu' elle fait figure à mes yeux d' un précurseur qui s' en est éloignée depuis très longtemps. Celui qui plante des graines et passe au champs suivant laissant les autres bénéficier des nouvelles pouces. Nouveau changement de nom (Los Thuthanaka) et nous nous retrouvons donc pour la première fois face à un vrai duo formé avec son frangin Joshua Chiquimia Crampton. Ce dernier je ne l' avais pas vu venir. Déjà sur "Orcorara 2010" (2020) c' était sa mère Fanny Panquara Chuquimia qui donnait un coup de main aux côtés d' autres invités. Que Crampton collabore n' est pas inédit et on se souvient surtout de "Demon City" (2016) dans lequel apparaissaient la crème de la crème de la Deconstructed Club naissante, Why Be, Rabit, Chino Amobi et Lexxi. Si son frère est longtemps passé sous les radars c' est depuis "Profundo Amor" et principalement "Estrella por Estrella" qu' il se fait à son tour une sacrée réputation dans l' avant garde. Lui aussi mérite le titre d' innovateur fouteur de merde et dans son cas perso c' est dans les doxas concernant la guitare. Preuve s' il en est qu' elles ne sont pas mortes si on ose un petit peu utiliser l' imagination plutot que le copiage. Comme Elysia il tâte de certaines formes psychédéliques et par son utilisation des six cordes il se rapproche bien plus de courants plus "Rock" tel le Post Rock, le Shoegaze, le Post Metal, le Drone ou la Noise tout en y ajoutant à l' instar de sa soeur une aura de sacré en puisant son inspiration dans la tradition Andine. Ce tout nouvel album au titre éponyme apparait comme la somme complète des très nombreuses expérimentations d' Elysia et de son frère au cours des années. Finalement ces plus de dix années de carrières s' apparentant à une succession d' ascensions vertigineuses en terme de trouvailles n' étaient en fait qu' une préparation avant de s' attaquer au plus haut sommet de la chaîne. Sans s' éparpiller tous les deux s' appuient sur les bases solides acquises durant leurs carrières respectives et offrent un véritable disque révolutionnaire. Les guitares flirtant avec des sonorités Métal ou Noise tournoient et tourbillonnent comme si elles rebondissaient contre le mur du son percussifs d' Elysia. C' est face à une véritable tornade de bruit que l' auditeur va être confronté. Le son parait tellement saturé par instant que vous allez prendre peur pour votre audition ou votre système de diffusion et en même temps. Progressivement. Assurément. Vous allez vous apercevoir que votre esprit s' envole et se mettre à danser en entraînant tout le reste de votre corps. Avec ce groove amplifié la fratrie délivre l' une des meilleurs proposition de Trance de ces quarante dernières années. Une version andine surdopée par la technologie du Gospel des chapelles américaines ou des Gamellan Indonésien. Nous passons d'incantations planantes et assez prévisibles ("folklorique") à d' autres bien plus euphoriques, étranges et perturbantes. Les deux Crampton avec leurs expériences acquises au cours de cérémonies andines se révèlent être passés maitres dans ce domaine. Cette musique en apparence lourde et agressive par son déluge sonore se transforme en le plus parfait des vaisseaux spatiaux pour décoller vers les cieux. La sensation éprouvée évoquera certainement aux plus anciens celles ressentis à l' apparition du Shoegaze de My Bloody Valentine ou plus tard face à la Noise Psychédélique des grands Yellow Swans. Mais bien sûr ce qui fait la particularité des deux Crampton c' est leurs influences. Nous voilà confronté à un gigantesque savoir encyclopédique des rythmes d' Amérique du Sud et plus précisément des Andes. Comme à l' accoutumé chez Elysia la musique syncopée Huayno de son peuple d' origine, les Aymaras, domine les débats mais ce sont également d' autres rythmes issus de la région tel la Caporal avec son double Kick qui va vous transporter au cours de titres foudroyants et entrainants. Le son est la clé de voûte de cette musique. Les deux Crampton en mettant au premier plan les textures à égalité avec les rythmes transmettent un message fort autant politique qu' artistique et confirme la vision revendicatrice de cette enfant d' un peuple colonisé : Les sons, selon Elysia, sont « plus anciens que nous et plus anciens que la folklorisation de l'État, plus anciens que les histoires d'origine que les puissances occupantes ont créées pour eux ». Sur son précédent disque sous le pseudo de Chuquimamani-Condori elle avait refusé de pratiquer un réel mastering post production afin disait-elle de "désapprendre les notions de perfections sonores" imposées par le colonisateur et son système capitaliste/consumériste. Il est sûr que ce soit avec celui de "Dj E" et celui du tout dernier certains vont avoir du mal à s' acclimater à l' aspect rêche et agressif du son mais si on se replonge dans certains souvenirs concernant le Rock et ses grands tournants révolutionnaires la découverte de ce disque évoquera des témoignages tel ceux des spectateurs du premier concert historique des Sex Pistols à Manchester ( lire ici ) quand ils expliquent que le son était "pourri", "brutal", "provocateur" ou encore ceux similaires des heureux qui assistèrent à la prestation matinale de Jimi Hendrix à Woodstock. Réussite et révolution artistique assurément mais certainement, parce que, œuvre résolument politique. Faire du neuf avec du très anciens et du très contemporain peut paraître contradictoire quand par exemple les rythmes Aymaras deviennent identifiable à nos petites cervelles d' occidentaux et évoquent ainsi la fameuse "folklorisation" décrite plus haut. Mais quand on se penche sur la pensée de Crampton fille de peuple colonisé en quête de justice c' est une imparable logique qui se met en place: "L' avenir n' est pas devant nous, mais derrière nous (...), avancer c' est aussi revenir". Là où depuis vingt ans les occidentaux à grande rasade de revival bêtas en tout genre s' enferme dans une nostalgie niant et évacuant l' existence d' un avenir possible Crampton, elle aussi en quête d' un passé perdu mais portée par l' espoir, opte pour le modernisme et une profonde remise à jour de ce passé. Sa démarche rappelle celle de l' Hypnagogic Pop et de la Hauntology Music et on regrette qu' un penseur comme Mark Fisher ne puisse se pencher sur ce sujet. Ne faites jamais écouter Elysia Crampton aux neuneus Anti Woke. Parce que non seulement elle leur remet en pleine tronche le sujet de la colonisation (qu'ils regrettent) et sa saloperie mais en plus elle ose porter l' étendard Queer. Eux qui passent leur vie à regretter un "bon vieux temps" illusoire et mensonger seraient bien avertis de se pencher sur certaines divinités Inca/Aymara comme par exemple Chuqi Chinchay, protectrice des Hermaphrodites, ce qui transposé au 21 ème siècle peut aisément devenir la protectrice des Queer LGBT. Mais je crains qu' ils n' en auront cure puisque pour eux seul la vision Catholique Occidentale Raciste est la seule qu' ils connaissent. Si ce disque peut à son approche déstabiliser sachez qu 'il ne déstabilisera que certaines mauvaises pensées qui subsistent en vous et cette musique est capable de les évacuer jusqu' à les détruire une bonne fois pour toute. Un chef d' œuvre absolu qui va à l' instar de ses prédécesseurs semer bien d' idées révolutionnaires et créatrices dans de nombreuses tête d' artistes ou non. Et comme disait John Cage : "Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le."

  • DJ ELMOE, quand le Footwork expérimente.

    On ne l' attendait plus. Dj Elmoe sort enfin un disque sur un label digne de ce nom. Planet Mu évidemment. Le grand espoir du Footwork découvert sur la légendaire compilation Bangs & Works Volume 1 de 2010 en était l' une des grandes révélations. 15 ans plus tard son "Battle Zone" replace au sommet du genre ce garçon qui si il n' avait cessé de produire de la musique n' avait jamais bénéficié des projecteurs médiatiques. Une immense injustice vient d' être réparée. Intriguant Dj Elmoe l' a toujours été. Dès ses deux titres présents sur Bangs & Works il se différenciait de la scène Footwork puis très vite il disparut pour ne réapparaître que très discrètement par sa participation aux disques des autres mais surtout par des albums sortis en catimini sur le net. "Battle Zone" fait disparaître le brouillard dans lequel Johnathan Tapp aka Dj Elmoe aimait à se lover. Il s' agit bien d'un artiste différent des autres du Southside Chicago préférant offrir une version expérimentale d' un Footwork qui ne cherche ainsi plus vraiment à faire danser. En terme de diversité j' expliquais récemment que Traxman ( ici ) faisait office de mètre étalon dans le Footwork mais Dj Elmoe va encore plus loin en n' hésitant pas à convoquer la Bossa Nova, le classique, la Lounge Music et carrément un accordéon. Mieux encore. Elmoe n' est pas addicte aux sacrés 150-160 BPM. Les tempos chez lui sont bien plus diversifiés que chez ses petits camarades. On le savait mais les 25 titres plus ou moins anciens de ce disque qui peut s' apparenter à une compilation le démontrent avec force. Dj Elmoe est l' un des plus grands. IL peut aisément s' assoir à la table de DJ Rashad, Traxman et RP Boo. De plus il fait figure de trait d' union parfait avec ses soeurs Jlin et Jana Rush plus portées sur l' expérimentation. Redécouvrir son Footwork longtemps mis de côté nous fait rencontrer miraculeusement le choc ressenti début 10's quand le courant explosa à la face du monde. Un choc d' étrangeté et de nouveauté. Tout y est comme en 2010. Ces percussions frétillantes et discrètes qu' il dispose avec parcimonie et malice. Cette TR 808 Rolland qui sait prendre son temps tant elle est maniée avec une agilité assurée. Ces samples qui prennent eux aussi le temps de se dévoiler pour mieux vous faire chanceler et surprendre. Doit-on danser ou tout simplement écouter? Et que dire de cet art de la fausse piste quand les autres, même le meilleurs ne surprennent plus vraiment. La palettes des sentiments est multiple et souvent paradoxale. On peut passer de l' euphorie à l' apaisement et du rêve à l' anxiété en quelques secondes. 15 ans après Dj Elmoe réussit à m' offrir l' un de mes fameux fantasmes musicaux non réalisés jusqu' alors. Combiner le Footwork avec l' autre important courant apparu à la même époque, l' Hypnagogic Pop. "Battle Zone" replace Dj Elmoe dans l' Olympe du Footwork et prouve quelques semaines après le disque de Traxman à quel point ce genre sera toujours synonyme de modernité intemporelle. Maintenant il ne me reste plus qu' à placer ce disque dans le Top du genre que vous retrouverez ici .

  • YHWH Nailgun : Deconstructed Rock cataclysmique.

    Les YHWH Nailgun étaient apparus sur les radars en 2022 avec deux Ep tout autant intriguant l' un que l' autre. Depuis le buzz est monté progressivement chez les amateurs de musiques anticonformistes qui les attendaient au tournant avec fébrilité par crainte d' être confronté une nouvelle fois à une si belle promesse non tenue . Trois ans plus tard "45 Pounds" déboule enfin et c' est un véritable coup de tonnerre. Mes premières impressions vers la fin 2023 étaient partagées. Entre un fol espoir et l' inquiétude que cela soit trop beau pour être vrai. Avec leurs lacunes inhérentes à leur jeunesse d' alors, parfois on s' y perdait et eux ne semblaient pas toujours savoir où ils allaient, "YHWH Nailgun" et "No Midwife and I Wingflap" apparaissaient clairement dans mon esprit comme la réponse ricaine aux géniaux irlandais Girl Band/Gilla Band ( ici ) et aux percussions de Valentina Magaletti au sein de Moin ( ici ) . L' association de ces deux groupes prenait alors dans mon petit cerveau le rôle d' un pur fantasme tant je les adule. "45 Pounds" voit YHWH Nailgun (prononcez Yahvé) resserrer leur art et aller au plus simple. Efficacité absolue, œuvre brut sismique susceptible de charmer sans pour autant tomber dans un compromis fruit de la timidité du débutant qui n' ose pas tout. En 10 titres condensé en à peine 21 minutes les originaires de Brooklyn balance une énorme bombe sur les territoires Rock Indie. Fini les faux semblants niaiseux des uns et les redites copieuses des autres. C 'est une relecture totale du style et le renversement de la combinaison désuète traditionnelle Guitare-Voix-Batterie. Les YHWH Nailgun délivre une conception du Rock réellement innovante et captivante. Plus j' écoute cette musique et plus j' ose penser que YHWH Nailgun nous offre à force de déconstruction des habitudes et des us et coutumes la version rock de ce qui se fit il y a peu en électro, la Deconstructed Club ( ici ) . L' auditeur va identifier des tropes de vieux courants et styles apparentés au Rock totalement détournés et utilisés d' une manière profondément idiosyncratique. Ont-ils écouté Arca, SD Laika, HYph11E, Chino Amobi ou Sophie? On peut également évoquer l' HyperPop tant cette musique offre un Rock dans une version à la fois viscérale et cérébrale n' hésitant à en faire trop via un second degré totalement assumé. "45 Pounds" c' est un shoot de dopamine évoquant la vie numérique de la génération Z. Nous sommes confronté au déversement ininterrompu de désir inassouvis, de frustrations, d' informations parfois contradictoires souvent interrompues et parasités par d' autres. Cette musique de l' ère Internet est à son image, frénétique. Les mélodie sont amputées et les paroles que des bribes chopées à la volet. Devant vous le chaos humain post moderne de 2025. Entre désolation et volonté de foutre en l' air ce qui semble tenir encore debout mais cache l' horizon et le chemin du grand tournant. Ce monde que nous décrive les YHWH Nailgun peut paraître certes absurde, risible, ridicule et flippant mais ils le font d' une manière absolument pas nihiliste et hostile tant ils peuvent redonner la force d' affronter ce réel. Il est impossible de les étiqueter. Bien sûr que parfois ce Groove venu de nul part peut évoquer LCD Soundsystem aux jouvenceaux des 00's mais pour les autres ce sera des noms bien plus illustres parce qu' en leur temps bien plus originaux que le gentil grassouillet Prof Pépère de Dance Punk James Murphy. Dire que YHWH Nailgun ça ressemble à des Liquid Liquid ou A Certain Ratio et The Pop Group n' est pas faux mais encore trop vague. Il faut encore plus fouiller dans la catégorie Experimentale et une filiation via l' audace et certaines sonorités va apparaître. This Heat ! Comme les anglais en leur temps les jeunots de Brooklyn adorent les textures singulières et n' hésitent pas à utiliser des idées tonales parfois très éloignées et différentes les une des autres. L' auditeur est en permanence surpris et l' imprévisibilité est leur marque de fabrique sur l' aspect son qui peut être à la fois métallique et synthétique, diffus et opaque. Imprévisibilité toujours concernant les structures des titres. Ils ont beau être courts cela ne les empêche en rien de vous déconcerter par leurs tournures. Ces compositions sont absolument anticonformistes et ne cesseront de surprendre voir de choquer. Je parlais de Groove plus haut et il apparaît clairement que la grande star de ce disque est le batterie. Tenue par Sam Pritchard qui officine aussi en temps que producteur. Ce type a la polyrythmie dans le sang, un goût et un don unique pour toujours être sur le fil du rasoir de la cacophonie. Avec une souplesse hallucinante il fait preuve d' une hyperactivité hallucinante quand il s' agit de changer de rythme ou de chercher sur tous les éléments de sa batterie le son qui va vous emporter loin de la routine Rock. A ce sujet les YHWH Nailgun sont profondément Dada dans cette façon qu' ils ont de s' inspirer du Free Jazz sans jamais plagier le passé. Entre provocation et authenticité absolue. Ils vont encore plus loin que Still House Plants dans ce domaine. La complexité rythmique peut certes évoquer le Math Rock mais franchement on est loin de ce que nous offrit il y a peu la vague revivaliste dans le domaines et qui provoqua souvent chez moi et d' autres une aversion définitive liée à une forme d' overdose avec un courant rapidement devenu trop traditionnaliste. L' autre star du disque est la voix de Zack Borzone. Parfois on se demande si ce n' est pas la Kim Gordon des grands jours qui aboie, grogne et hurle tout ce qu' il a au fond des tripes. Lui aussi semble prendre un immense et pervers plaisir à ne jamais tomber dans le déjà entendu. Quand Pickard avec sa batterie tient la baraque et envoie les titres dans la quatrième dimension et que Borzone vous arrache à la torpeur du "consommateur" de musique divertissante les deux autres membres du groupe, Jack Tobias et Saguiv Rosenstock, en remette une couche à grand coup de synthés déformés surnaturels et de guitares totalement méconnaissables. C 'est surtout sur ces sons de guitares inédits et l' anticonformisme des compos avec le goût des cris de bêtes qu 'il faut penser aux adorables Girl Band/Gilla Band même si chez les irlandais nous semblons être confronté à une façon multidimensionnelle quand les ricains ne jurent que par une démarche purement anti conventionnelle. Face à la rugosité de cette musique et la déferlante sonore qu' elle contient on peut parler de Hardcore mais alors dans une version bien plus complexe et réfléchie qu' il n' y parait. Une version surtout fertile pour l' avenir. Les YHWH Nailgun se rapprochent des révélations expérimentalistes de l' an dernier, Moin et Still House Plants et avec eux enfin, on peut dire définitivement après les éclaireurs Girl Band/Gilla Band, que le Rock a retrouvé le goût du risque et a définitivement repris le chemin du futur.

  • Post-Club/Deconstructed Club, musique révolutionnaire pour dystopie contemporaine.

    De gauche à droite: Jam City, M.E.S.H., Total Freedom et Lotic. En cette année 2018 le Post-Club est au centre de l' actualité en ce qui se fait de plus avant-gardiste en électro. De plus rafraîchissant. Mais comme bien souvent l' étiquette même de Post-Club peut paraître si flou que certains arrivistes qui ont par exemple découvert Lotic cette année sont susceptibles d' y mettre un peu tout ce qui y ressemble. SOPHIE a-t-elle à voir par exemple avec les Lotic et autres pensionnaire du club Janus? Bref on peut s' attendre à un peu tout et n' importe quoi d' ici peu. Surtout que le mot n' est pas encore réellement sur toute les lèvres et sous les plumes. Comme d' habitude les artistes eux-même y sont pour quelques choses à force de ne vouloir pas être affiliés à un machin réducteur et d' y perdre ainsi un peu de leur singularité. Souvenir d'un interview franchouillarde bâclée où Lotic suite à un quiproquos sur le terme expliquait à quel point il voulait justement rester dans le club. Post ne désigne évidemment pas la sortie du club mais bel et bien d' y incorporer de nouvelles visions musicales. On peut parfois également retrouver les même artistes sous l' appellation de Deconstructed-Club. Cette dernière est revenue sans cesse tout au long de l' histoire pour des scènes et artistes bien éloignés du sujet du jour (voir idm). Bref, c' est pas clair cette affaire et ce dernier terme risque d' en perdre plus d'un tant Deconstructed-Club peut désigner uniquement une simple technique de création musicale. Lee Gamble ou Lorenzo Senni ne font que ça et pourtant. Partagent-ils plus avec un M.E.S.H. ? On peut s' interroger si derrière ces deux désignations il existe une véritable cohésion justifiant sa légitimité. Si ce n' est pas une invention journalistique pour définir un machin qui a justement semblé pendant très longtemps échapper à la presse musicale. Ce n' est pas faute de vous avoir tenu au courant des liens tissés et des affinités régulièrement dans ce blog tant les principaux acteurs de cette scène y sont présents. Les M.E.S.H., Lotic, Amnesia Scanner, Rabit, NON Worlwide et compagnie. Il est donc venu le temps de faire le point sur le sujet. Une récapitulation haut combien nécessaire tant le sujet est flou mais aussi et surtout parce que tous ces artistes sont en train de booster les musiques dites électroniques. Yves Tumor vient d' écraser la rentrée avec son album et je peux vous affirmer que si ça ne saute pas aux oreilles le type a bien plus de point commun avec le Post-Club qu' avec la pluspart de ses collègues de WARP. LES ORIGINES DE LA DECONSTRUCTED CLUB: Venus aux platines des mythiques GHE20GOTH1C Au début de la deuxième décennie du siècle dans les bas-fonds de New York certains se sont mis à tout casser à grand coup de marteau-piqueurs informatiques, de croisements de looks et d' innovation en matière de DJing. Que ce soit les barrières musicales comme celles de goûts sexuels et des origines sociales et raciales. L' épicentre se trouvait vers Brooklyn au cours des soirées mythiques GHE20GOTH1K ("Ghetto Gothic") organisées par Venus X. Elles rencontrèrent un très gros succès mais surtout une certaine reconnaissance même en France via le monde de la mode (Rihanna s' en inspira ou plutôt pilla provoquant la colère de Venus X).Très vite des mecs comme Total Freedom firent parler d' eux tant leur approche révolutionnait un peu le milieu musicale en voie de patinage nostalgico-gaga. D' une certaine manière ils étaient le pendent dancefloor et festif à l' hypnagogic-pop. D 'autres artistes éloignés de New York apparurent immédiatement dans la lignée. Chino Amobi aka Diamond Black Hearted Boy ( voir ici ), Elysia Crampton aka E+E ( voir par là )et Eric Burton aka Rabit partageait en commun avec Total Freedom un goût prononcé pour une sorte de collage sonore épique à fortes résonances conceptuelles et proche des arts visuels . Très vite ils oublièrent les règles du dancefloor et le dogmatique rythme 4/4 pour créer un tout nouveau vocabulaire musical dans lequel on pouvait également retrouver beaucoup d' éléments anthropologiques. Leurs travaux abordaient beaucoup de sujets politiques, il y était souvent question de la culture Queer, de féminisme et du genre, d' internet et de ses effets sur les relations humaines, des relations inter-raciale et des méfaits de la mondialisation via une certaine colonisation toujours présente comme passée. D 'autres favorisaient également une approche conceptuelle plus accentuée sur la technologie et le futurisme. Bref une musique réellement protestataire le regard vers le futur plutot que le passé et qui commença sérieusement à me titiller les oreilles vers 2013-14 ( ici ). Musique donc épique où opérait un certain détournement où la culture pop et dancefloor passée et présente y subissaient de violentes attaques sonores provenant aussi bien des sons préhistoriques informatiques que d'une indus abrasive. S' opérait une réel et riche brassage stylistique menant à de nouvelles formes d' hybridation. D' autres sur la côte Ouest des USA et d' un petit peu partout (Koweit!) se joignirent à leur petite révolution. Derrière la bannière du label Fade To Mind des gens comme Kingdom, Nguzunguzu et Fatima Al Qadiri venu du monde artistique commencèrent à faire parler d' eux et à fréquenter la clique d' origine. Encore plus vite le phénomène est apparu quasi simultanément de l' autre côté de l' océan. La vitesse de l' épidémie s' explique par les réseaux numériques au centre de toute cette histoire récentes. Cette scène est en effet un pure produit de la culture dancefloor passée et propagée par internet via les soundcloud et autres bandcamp. En Angleterre donc, puisqu' il ne pouvait s' agir que d' elle, Jam City et le label Night Slugs fondé par L-Vis 1990 avec leur grosse culture UK Bass s' inscrivirent dans la même démarche à leurs manières bien british. D' autres en Europe se firent tout autant prompt à suivre un mouvement qui n' en était qu'à ses balbutiement. TCF pour la Norvège avec sa cassette YYAA ( voir ici ) et Why Be au Danemark. Immédiatement cette scène se distingua par son hétérogénéité. Sociale, raciale et sexuelle. A LA CONQUÊTE DU MONDE Comme souvent ce sont les versions les plus faciles et aguicheuses de Fade To Mind et Night Slugs qui firent leur apparitions dans la presse pour recueillir un succès d' estime vers 2012-13. Pour DWTN c' était par-là et ici et j' y tissais déjà un lien toujours d' actualité entre Jam City qui venait de sortir le véritable premier album du genre ("Classical Curves") et les deux labels (Fade To Mind & Night Slugs) avec le renouveau instrumental du Grime souvent nommé Weightless, bref les Logos, Mumdance et Visionnist. Internet et le système Néo-libéral avec son emprise sur la mondialisation étant au coeur de leurs préoccupations on peut aussi évoquer un certain cousinage avec la Vaporwave bien plus calme mais tout autant provocatrice. James Ferraro est un exemple parfait à l' époque de son tournant opéré entre "Far Side Virtual" et "Sushi". Si Total Freedom trouva une solide reconnaissance avec des titres plus percutants et dansants sur les dancefloors Chino Amobi et Elysia Crampton consolidaient dans l'ombre des autres leurs conceptes et technicités pour aller encore plus loin quite à définitivement oublier la volonté de danser. Amobi en profita pour créer avec Angel-Ho NON Worldwide et offrit à cette Deconstructed-club une première plaque tournante mondiale par sa nature de rassembleuse d'une certaine diaspora et ses visées politiques et sociétales. Ce collectif bientôt label met la main sur des gens passionnant comme Mhysa, Dedekind Cut, Why Be, Klein, les Faka avec d' autres artistes Gqom et Yves Tumor. Rabit quant à lui créa la deuxième plaque tournante avec son label Halcyon Veil et continua à porter une attention particulière sur ce qui faisait en Europe que ce soit à Lisbonne et le label Principe comme Berlin. Surtout Berlin, parce que c' est dans la capitale de l' Allemagne et de la culture dancefloor continentale que le terme Post-Club trouve son origine.Bien sûr que toute cette clique n' était pas seule au monde dans sa volonté de faire bouger les choses. Eloignés dans un premier temps de cette galaxie deux autres artistes omniprésent dans ce blog montrèrent leurs bouts du nez et révélèrent de vraie similitudes dans leurs sales manières déconstructivistes et visées conceptuels. D' abord une jeune femme américaine mais passé par Berlin partageait avec eux un intérêt assumé pour la technologie et des vues futuristes. Plus proche de l'expérimentale que des soirées GhettoGohtic New Yorkaises Holly Herndon ( ici ) peut être désignée comme une cousine. L' autre est un garçon originaire du Venezuela qui montra son bout du nez discrètement d' abord puis de plus en plus lyriquement. Lui aussi faisait dans la déconstruction tarabiscotée. On évoqua immédiatement sa proximité sonore avec Total Freedom et Kingdom mais avec des petites touches R'n'B et Hip Hop plus accentuée. Son nom, Arca( ici) , et chez lui aussi il y était beaucoup question du genre, du corps et de sexualité sur un fond sonore épique aux senteurs futuristes et modernes. LE POST-CLUB et BERLIN En 2012 l' effervescence noctambule et électro de Berlin voit débouler de nouveaux venus avec la création du Club Janus ( ici ) par Dan Denorch et Michael Ladner. Immédiatement des ricains y prirent leurs quartiers et les liens avec la Deconstructed Club ricaine et anglaise s' établirent. James Whipple aka M.E.S.H. et J'Kerian Morgan aka Lotic commencent ainsi à faire parler d' eux. A ces deux nouveaux une vieille tête apparu dès les débuts se joint pour repousser les limites de ce que doit être la musique de club, Why Be. Un troisième ricain originaire de Miami et passé par l' Italie se pointe aussi et celui-là aussi va bientôt faire parler de lui. Dans un premier temps il mixera sous le pseudo de Bekélé Berhanu et sortira une mixtape très remarquée en 2015 sur le label du collectif. Son nom dans le civile selon ses dires, Sean Lee Bowie, mais son pseudo le plus connu, Yves Tumor ( ici ). Les visées conceptuelles, politiques, sociétales et musicales sont les mêmes que chez NON Worlwide et Halcyon Vieil . Au point de voir les Janus sortir des disques et collaborer avec les deux (Yves Tumor). Les velléités de réécrire les règles et casser les coutumes du dancefloor aussi au point de très vite les faire remarquer dans la cité allemande et de tisser le lien avec le Grime Weightless britannique de Logos et Visionist. Internet une nouvelle fois offre ses capacités en matière de propagation et d' amplification et le label Tri Angle s' empresse de mettre la main sur Lotic et Rabit. Signant par la même occasion un autre américain proche de tout ce petit monde, SD Laïka. M.E.S.H. signera chez les allemands de PAN Records confirmant par là les ponts entre ce nouveau dancefloor et des choses plus expérimentales et extrêmes présente sur cet important label en matière d' avant-garde. Bill Kouligas le créateur de PAN a très vite compris l' importance de la scène Deconstructed Club bientôt renommé en Europe Post-Club et son label vite devenir une autre plaque tournante pour ce mouvement. La place prépondérante de Berlin dans les musiques électro en tout genre faisant d' elle un vrai aimant une pelleté d' autres artistes rejoignent les troupes Janus au point parfois d' effectuer des virages artistiques plus ou moins serrés. Un grand contingent nordique se faufile sur les traces de Why Be. Les Finlandais Amnésia Scanner délaissent leur Tech-House faite sous le nom de Renaissance Man pour plus de sauvagerie technologique et politique. La suédoise Kablam ramène son bagage de Body-Music à la scandinave sans les connotations masculines et faschistes. Le danois Dj Hvad apporte quant à lui une pincée de culture Pendjab (Inde). PANDEMIE MONDIALE ET STYLISTIQUE Mexique 2015 Vous l' aurez compris derrière une simple homogénéité stylistique se cache en fait un puissant courant artistique aux revendications sociétales, raciales et modernistes très fortes. Revendications communes avec d' autres styles. Je parlais de la Vaporwave mais très vite une autre scène par ces accointances est à rapprocher de la Deconstructed-Floor ou Post-Club. Internet étant au coeur de son existence il apparaît très clair qu' avec son esthétique post-internet, certaines revendications féministes ou LGBT et son inscription dans le présent mondialisé via le net la clique de PC Music allait reluquer de plus près ce qui se faisait chez Janus, Halcyon ou NON Worldwide. En 2018 avec sa composante Bubblegum Bass agressive faite sur les bases d'un sérieux travail de déconstruction et d' hybridation moderniste , l' album "Oil Of Every Pearl's Un-Insides" de SOPHIE, ainsi que la personnalité de son auteur, font de lui un album très proche du "Power" de Lotic ou du "Another Life" des Amnésia Scanner. L' influence très puissante et l' ouverture d' esprit de cette scène font que partout à travers le monde de nouveaux venus peuvent facilement se revendiquer en être les enfants. La côte Ouest américaine a vu apparaître après Fade To Mind de nouvelles soirées aux cours desquels une nouvelle génération de producteurs et Dj, souvent eux aussi issus de diasporas et de minorités, firent leurs armes. On peut citer le Club Chai avec Foozool et 8unlentina. De l' autre côté de la frontière mexicaine c' est le collectif NAAFI avec Embaci, Imaabs et DEBIT au point de sortir en collaboration des disques avec NON Worldwide au sein desquels on croise certains Janus. En Angleterre c' est une nouvelle fois dans la diaspora latine qu'il faut chercher et surtout chez le Bala Club avec Kamixlo, Endgame et l' étonnante présence de la belge Sky H1. Les Sud Africains de Faka avec leur déconstruction du Gqom et leur revendication sont aussi un peu de la partie. On peut encore retrouver des liens avec les portugais de Principe Records. Plus proche dans l' esthétique et les orientations portant sur la technologie et la politique des gens comme Antwood au Canada, Brood Ma toujours en Angleterre, CECILIA et Chevel (ce dernier retisse le lien avec la Weightless Grime) en Italie, CONCLUSION: LE CHANGEMENT C' EST MAINTENANT Que l'on appelle ça Deconstruted Club ou Post-Club, ou qu' également on opère une scission entre les deux termes, il apparaît de plus en plus évident que les artistes regroupés derrières ces mots sont en train de changer la donne. Si pour le moment, on le constatera dans les bilans annuels, le tout-venant des sites et médias sous domination blanche et indie les rangent rapido dans la case fourre-tout et bien vague Avant-garde électro, les tops annuels par la présence des SOPHIE, Yves TUMOR, Lotic et d' autres vont dévoiler un peu plus l' importance du bidule pour le futur. L' éternel histoire de l'underground méprisé qui s'infiltre partout pour tout changer, recommence une fois de plus. Déjà les compiles Club Chai et NAAFI, auxquels il faut rapprocher aussi la clique Fractal Fantasy (certes un brin éloignée stylistiquement mais tout autant moderniste), sont souvent avancées par les têtes chercheuses des dancefloors comme étant les plus en avance. Des icônes et de parfait radars à Next Big Thing tel Bjork ou Aphex Twin, Daniel Lopatin et James Ferraro ne cessent de tourner autour. L' hypnagogic-Pop, la Vaporwave et le Footwork avait déjà secoué ce putain de monde devenu nostalgico-gaga. La deconstructed-Club et/ou le Post-Club avec leurs cousines la Bubblegum Bass, le Grime Weightless, la Batida portugaise et toutes autres formes de musiques à base d' hybridations et de déconstructions issues de minorités (Gqom, Singeli), sont susceptibles voir assurées, de foutre tout en l' air et devenir des influences majeurs à l' avenir. Ne loupez pas le train. SELECTION L' axe Fade To mind & Night Slugs NGUZUNGUZU,TOTAL FREEDOM & KINGDOM The Claw JAM CITY Classical Curves NGUZUNGUZU Skycell FATIMA AL QADIRI Desert Strikes KINGDOM Dreama L' axe Halcyon Veil-NON E+E The Light That you Gave Me To See You DIAMOND BLACK HEARTED BOY Father, Protect Me ELYSIAN CRAMPTON American Drift CHINO AMOBI Paradiso RABIT Baptizm RABIT Communion RABIT & CHINO AMOBI The Great Game: Freedom From Mental Poisoning MISTRESS Hollygrove NON WORLDWIDE Compilation, Vol.1& Trilogy MHYSA Fantasii LES COUSINS ELOIGNES & GRIME WEIGHTLESS HOLLY HERNDON Platform ARCA Mutant LOGOS Cold Mission VISIONIST Safe MUMDANCE & LOGOS Present Different Circles JANUS & LES NORDIQUES M.E.S.H. Piteous Gate M.E.S.H. Damaged Mec LOTIC Heterocetera LOTIC Power BEKELE BERHANU Untitled KABLAM Furiosa WHY BE Snipestreet AMNESIA SCANNER As AMNESIA SCANNER Another Life HVAD Hvad PANDEMIE MONDIALE & STYLISTIQUE SOPHIE Oil Of Every Pearl's Un Insides SD LAÏKA That's Harakiri WWWINGS Phoenixxx AÏSHA DEVI DNA Feelings ZIÙR U Feel Anything? CLUB CHAI Vol.1 N.A.A.F.I Pirata 2 BROOD MA Daze ANTWOOD Virtuous S.C.R. BALA CLUB Bala Comp Vol.1 TOXE Muscle Memory FAKA Bottoms Revenge LANARK ARTEFAX Whities 011 ENDGAME Savage DEBIT Animus PLAYLIST plus ou moins dans l' ordre de l' article

  • CIRCUIT DES YEUX, quand le paradis se cache dans les profondeurs de la nuit.

    Haley Fohr aka Circuit des yeux est une des icones de ce blog. Habituée aux plus haute place du top annuel depuis douze ans elle peut aisément être considérée comme l' une des cinq plus grandes artistes de ces trente dernières années. Huit albums au compteur et, si on met de côté les trois premiers à considérer comme des œuvres de jeunesse mal dégrossies fait alors qu' elle avait à peine la vingtaine, ce n' est rien d' autre que quatre classiques absolus pour une seule artiste. Le cinquième vient de sortir et alors que l' on craignait un ralentissement ou une redite inédite dans une carrière exemplaire déjà longue de dix sept années l' américaine frappe encore très fort jusqu' à encore étonner même ses plus fidèles adorateurs. Eu égard à certains battages médiatiques par le passé bénéficiant à des chanteuses contemporaines de l' américaine (Lana Del Rey, St Vincent et la très agaçante Anna Calvi) la faible reconnaissance critique et populaire portée sur Circuit des Yeux m' a toujours semblé totalement injuste. Arrivée à l' entame des 10's Haley Fohr ne commença à faire parler d' elle que sur les sites les plus curieux et pointus. C 'est surtout "Overdue" ( ici ) en 2013 qui la plaça discrètement dans le paysage musical dans la case Folk. Immédiatement si elle se distingua pour son expérimentalisme Folk assez téméraire c' est surtout sa voix qui attira les oreilles. Une de ces voix inoubliables comme l' on croise rarement. Avec son Barython sur quatre octaves Haley Fohr ne pouvait pas passer inaperçue et avec sa musique audacieuse c'est le plus beau des spectres qui planait sur cette débutante. Celui de Nico. Lourd héritage à porter qui se vit compléter assez vite par un autre tout autant plus ardu, celui de Scott Walker. Une voix exploitée avec assurance quitte assez vite à attirer certaines critiques chez les coincés du bulbe du conformisme. Sa signature sur Thrill Jockey, un label indépendant plus réputé et suivi que le passionnant De Stijl de ses débuts et le très temporaire Ba Da Bing!, attira les rédactions et les tourneurs. Avec "In Plain Speech" ( ici ) elle bénéficia de plus de moyens ce qui enrichit sa palette instrumentale. Elle qui avouait avoir vécu en véritable ermite studieux pendant et après ses études jusqu' à "In Splain Speech" découvrit les bienfaits du travail en collaboration et ceux des rencontres au cours des tournées. A l' époque elle expliquait aussi avoir souffert de l' accueil qui avait été réservé à sa voix et son utilisation par le public Indie Américain ou européens. Face à ce conformisme affligeant mais pas vraiment surprenant quand on l' a fréquenté elle fit preuve d' un courage absolu en assumant encore plus cette voix devenant tout naturellement la clé de voute de son édifice artistique. Depuis Fohr navigue toujours sur une crête entre le trop et le pas assez. Jamais elle ne se reposa que sur cette voix au risque d' en faire trop et de ne pas renouveler l' instrumentation quand les Anna Calvi et St Vincent tombèrent dans la surcharge puis le conformisme anodin faute de réelles évolutions et prises de risque. Fohr continua ainsi à incorporer des Drone et des éléments Noise frôlant parfois l' abstraction et expérimentant sans cesse. En 2017 voit un énième changement de label prouvant la fragilité de son statut au sein du petit monde Indie ricains et "Reaching For Indigo" ( ici ) sur Drag City qui finit par installer définitivement Circuit Des Yeux sur un piédestal chez les amateurs de vraie Avant Garde. Ce qui était palpable auparavant devient également une spécificité de la belle, cette capacité hallucinante d' alterner des mélodies Pop délicates accrocheuses et bouleversantes avec des des extrêmes abstraits et téméraires. Elle s' élève  en équilibre parfait entre désordre et subtilité sur une cime irréelle. Avec ce disque elle canalise la puissance poignante et une certaine audace que sa musique propageait. Et encore et toujours cette voix. Une voix qui peut s' apparenter à un petit filet d' eau ondulant, peinant à trouver son chemin et risquant à tout moment de s' éteindre et disparaître dans les profondeurs du silence quand en un instant l' auditeur se retrouve emporté par un véritable torrent émotionnel cataclysmique. Par cette voix et ses paroles Forh atteint des degrés rares d' existentialité rarissimes en musique. Ne trichant jamais dans l' exercice méditatif et confessionnel elle est susceptible de faire fondre les plus rétifs à l' introspection et laisse rarement l' auditeur indemne. Entre temps Forh s' était aventurer dans un projet solo parallèle sous le pseudo de Jackie Lynn en 2016 ( ici ) s' apparentant à une sorte de Thriller féministe racontant la sombre destinée d' une femme faisant une mauvaise rencontre l' emportant dans le trafic de cocaïne pour finir par disparaître. Parfois très Lynchien ce disque était encore une fois l' occasion pour Fohr d' expérimenter encore et cette fois-ci surtout avec les boites à rythme très Minimal Wave et des réminiscences vocales assez Country. La passion électronique grandissant alors chez l' américaine on la retrouvera dans "Reaching For Indiguo" l' année suivante via un soin important apporté aux textures électro. Il y aura une suite beaucoup moins marquante alors mais finalement assez annonciatrice de ce qui va suivre. "Jacqueline" sorti en pleine pandémie Covid est passée inaperçue pour votre serviteur à l' époque. Toujours aventureuse Fohr continue ses aventures Minimal Wave et se lance sur des territoires Synthpop accrocheurs jusqu' à s' approcher de loin les Dancefloors. En 2021 Circuit Des Yeux passe la vitesse supérieur en matière de moyen. Entourée de 6 musiciens classiques jouant de 24 instruments allant des cuivres jusqu' aux cordes en passant par les percussions, Fohr délivre une œuvre monumentale écrite pendant la pandémie et traitant du deuil . La mort est partout sur ce disque ce qui amplifie les ambiances Gothique présente depuis toujours. "io" ( ici ) reconvoque les deux spectres Nico et Scott Walker comme jamais pour encore mieux distinguer la personnalité et le talent pure de Fohr. Elle ne sera jamais une suiveuse dénuée de personnalité et encore moins une pilleuse d' héritage. Elle nous offre une version intime et dénuée de grandiloquence obséquieuse et outrancière de la Diva. Sa voix évoque Nico mais s' en détache en allant là où l' allemande ne s' était pas toujours aventurer et en s' en émancipant définitivement. De Walker elle récupère l' aspect cinématographique , le phrasée et les sensations Baroque Pop des 60's et celles plus Post Industriels dans l' ambiance de la fin de carrière. En 2021 Circuit Des Yeux semble avoir atteint un sommet et il devient évident qu' elle arrive à un tournant de sa carrière. Quel chemin pouvait elle prendre pour échapper à la redite et à l' emphase qu' elle ne cessait de tutoyer sans y choir. Allait elle choisir un retour au minimalisme en revenant vers son Folk Expérimental des débuts ou un autre chemin? La réponse était sous nos yeux avec son projet Jackie Lynn. L' électronique. Pour réussir sa mue post "io" Haley Fohr reprit ses vieilles habitudes estudiantine en recherchant la solitude de sa cave pour écrire le futur album. Autre petit changement qui est loin d' être un simple détail concerne ses horaires de travail . Elle qui racontait s' astreindre à ses débuts à des horaires strictes de jour choisit de travailler la nuit. Le disque s' en ressent. Livrée à elle et avec les moyens du bords elle décida de quitter les salles symphoniques d' "io" pour l' ambiance Dark et Post Indus des Dancefloors. "Halo On The Inside" se révèle être un résumé parfait de la longue carrière de Fohr. A la fois direct et fugace ce disque mérite que l' on s' y plonge sans s' arrêter à l' apparence divertissante et dansante. Il alterne en permanence les extrêmes esthétiques, le tonitruant et le ouaté, le tragique et le réservé, la rigueur et la catharsis. Fohr accole les rythmes lourd Indus et Dancefloor avec des mélodies d' une délicatesse et d'un charme ravageur. La puissance poignante des débuts contenue depuis "Reaching For Indigo" est à nouveau relâchée et explose à la face des auditeurs. Sa grande liberté artistique ne semble plus connaître de restriction et c' est avec espièglerie qu' elle passera des crochets Pop lyriques à des instants planant à l' abstraction étrange. Fohr ne se contente pas de recracher ses influences Indus et Minimal Wave. C' est un véritable travail de déconstruction d' époques et de courants divers auquel nous sommes témoins. Les réminiscences 80's évoquant la sophistication d' un David Sylvian tutoient la filouterie dancefloor de la Björk des 90's si ce n' est pas carrément les Chemical Brothers subissant sa sorcellerie ou les vétérans Depeche Mode essuyant une vraie cure de jouvence bénéfique. La grandiloquence agaçante de M83 est détournée par un sortilège vers une Dark Ambient bénéfique et ne soyez pas étonné de percevoir par instant des éléments Hip Hop et House. Et encore et toujours cette voix. (Bis repetita) Cette voix nous parle encore du deuil et des métarmorphoses inévitables qui nous permettent après des épreuves à rechercher et retrouver les chemins de la beauté que la vie peut réserver pour au final atteindre le répit et clore un chapitre. Cette voix qui joue avec nos nerfs pour mieux nous emporter et détruire nos craintes et nos à priori. Les hurlements et les bêlements perdent tous les aspects grotesques que l'on pourrait leur attribuer facilement pour émouvoir au plus profond de nos âmes. Cette voix parfois jugée autrefois trop rapidement comme austère se révèle imaginative et aventureuse quand la palette technique et émotionnelle de cette chanteuse assez prévisible et identifiable devient bien plus insondable et trouble s' apparentant à un don en sorcellerie ou un travail d' alchimiste qu' elle seule maîtrise. Haley Fohr a encore réussi à travailler et fait progresser ce don qu' elle a d' expulser nos émotions les plus troublantes vers l' extérieur. "Halo In The Inside" tutoie le majestueux et l' intime, entre grandiloquence et complexité. Il marie l' instinct avec le goût pour un songwriting très structuré et réfléchi qui fait mouche systématiquement sans passer par la facilité. On croyait depuis "io" que Circuit Des Yeux avait atteint les plus haut sommets fréquentés par des Björk, des PJ Harvey ou Beth Gibbons de Portishead, lui permettant ainsi de s' approcher au plus près de spectres du passé tel Nico et Scott Walker. Elle aurait pu dévisser et chuter, elle vient tout juste de s' envoler.

  • MASMA DREAM WORLD, quand la musique guérit. Depuis la nuit des temps.

    Souvenez-vous de certaines scènes de films visionnées au cours de votre existence. L' action se passait dans une case, un tipi, une grotte ou une masure moyenâgeuse. Le spectateur assistait à un rite visant à guérir un personnage atteint d' un mal profond. Physique ou mental. Souvent la nuit à la lueur des flammes avec la présence de musiciens et de danseurs agissant sous les ordres d'un maître de cérémonie tenant le rôle de guérisseur. Une expérience nimbée de mystères provenant de la nuit des temps. Les temps de nos ancêtres à tous d' où qu' ils soient. Masma Dream World nous en offre sa version avec son très troublant et ensorcelant second album "Please Come To Me". Devi Mambouka aka Masma Dream World par ses parents est multi ethnique et culturel ce qui se ressent et apporte à sa musique une aura très particulière. Essentielle. Passée par le Gabon elle a également vécu vers Singapour, patrie de sa mère, pour finalement finir de grandir à New York . Éduquée sous l' influence catholique, reste de la colonisation du Gabon et de son passage en école privée américaine, l' artiste multidisciplinaire s' est aussi confrontée à la spiritualité Hindou. Fatalement sa musique est fortement imprégnée de religiosité, de mysticismes d' époques lointaines et aux origines géographiques multiples. L' assemblage de toutes ces héritages culturels apporte la principale caractéristique de son dernier disque. Tout au long de "Please Come To Me" l' auditeur est transporté dans un univers surnaturel qu'il peinera à identifier si il lui prend l' envie de prendre du recul afin d' observer de haut pour se protéger. Surtout Mambouka nous rappelle à quel point thérapie, l' un de ses sujets de prédilection, et spiritualité furent mêlées avant que l' art de soigner deviennent une science rigoureuse sous l' influence occidentale. Avec elle pas de médicaments issus de laboratoires, pas de blouses immaculées, de protocoles savants et de lieux aseptisées aux lumières blanches . Elle nous transporte dans l' ambiance claustrophobique et sauvage des forêts du Midwest. Lieu de l' enregistrement du disque. Et bien sûr par une nuit à la fois paisible et inquiétante. Dans la besace de l' artiste d' avant garde nous trouvons des enregistrements de terrains, des extraits de conférences spirituels accumulés par sa mère, toute une palette d' instruments multiples tel des percussions et évidemment, époque et volonté d' innover oblige, le matériel numérique nécessaire permettant la mise en place de drones glaçants et la transformation sonore. A cela il faut ajouter peut être l' élément le plus ancestral dans l' art de guérir et de créer de la musique, la voix. Mambouka en passe par toutes les variations possibles. Du chant grégoriens aux cris et incantations provenant de toutes les époques sans oublier ses souvenirs bien plus récents R'n'B captés à New York. Avec elle tout le pouvoir de guérison et de transformation des âmes et du corps par la voix nous apparaît au grand jour comme finalement il est rare en musique. Il faut par exemple se souvenir des chants de gorge inuits croisés chez Bjork. Souvent elle dissout les rythmes pour encore mieux épaissir l' ambiance en laissant le premier rôle aux chants hantés, à des carillons ritualisés et des loops brumeux et d' une étrangeté inexplicable. Si ce disque peut intimider l' auditeur se doit d' oublier ses craintes, de faire confiance à notre héritage mondial et à l' art de Mambouka, afin de vivre une expérience sonore rare et intense. Il va très vite lâcher prise avec le fatalisme technologique et scientifique contemporain qui nous ronge tous pour être capturé par une multiplicité de mondes tentaculaires d' où il en ressortira transformé et même ...peut être... guéri.

  • SQUID, Chef d' œuvre Post ...tout!

    Ils nous étaient apparus au milieu du raz de marée Post Punk fin 10's début 20's et immédiatement ils devinrent par leur singularité Arty et Post Rock une bouée d' originalité au milieu d' un océan qui est devenu aussi ennuyeux qu' une mer morte. En 2025, alors que de jeunes pouces tel Still House Corner ou des confirmés comme Moin n' en finissent pas de redéfinir les guitares jusqu' à faire tomber les masques un brin conventionnel d' un certain Post Punk, Squid évolue de la plus bel des manières et finit par emporter la mise. Commençons déjà par tordre le cou à une idée reçue provenant de la fainéantise de la critique musicale. Squid étaient-il réellement, profondément Post Punk? Oui et non. Tout dépend de quel Post Rock parle-t-on. Oui si on a en tête le Post Punk des origines. Ils n' ont pas hésité à aller voir ailleurs jusqu' à en passer par des genres souvent jugés chez les neuneus bas du front comme chiantissimes. Jazz, Krautrock, Prog et des senteurs assumées solidement arty. Non à l' égard de leurs contemporains. Parce que justement la diversité de leurs influences était bien plus riches et iconoclastes que celles de leurs congénères de cette vague que l'on a pu appelé Post Punk Revival. Les fans de The Murder Capital, Fontaines D.C., Shame, Dry Cleaning ou encore ceux des affreux Idles vont très certainement, les yeux perdus dans leur bière devenue trop chaude et dégueulasse à la longue, restés perplexes si ce n' est totalement réfractaires à la découverte du complexe "Cowards". Avec "Cowards" les Squid confirment tous les espoirs placés en eux en terme d' audace et d' expérimentation. Pour les avoir vu sur scène en 2023 je m' étais convaincu que la porte de sortie à ce Post Punk décrit plus haut à la palette trop succincte d' influences passait par eux plus que par leurs géniaux amis de la Windmill Scene. Les Black Midi commençaient déjà à montrer des signes de fatigue préfigurant la séparation de l' an dernier quand les Black Country New Road entamait une longue convalescence post perte de leur chanteur qui aura duré plus de trois ans (album prévu en Avril). "Cowards" montre effectivement un groupe qui s' est encore plus ouvert au monde et aux courants musicaux éloignés suite à ses tournées et collaborations. Mais surtout, et peut être là est l' origine de la réussite, ils ont osés prendre encore plus de distance avec le mot Punk du terme Post Punk. Des titres comme "Fieldworks I", "Fieldworks II" ou "Cowards" ne comportent quasiment pas de guitares saturées et en appelle bien plus à votre réflexion qu' à vos pulsions et frustrations. L' aspect Post Rock historique est encore plus marqué et cette fois-ci on peut vraiment parler d' une version de Talk Talk sous amphétes et est devenue définitivement dystopique. Squid innove dans l' héritage Post Rock en osant des réminiscences Baroques rarement croisées si ce n' est quand une hybridation du Folk avec le Math Rock vous cueille sans crier gare. Si les compositions d' une maîtrise totale et d' un courage à toute épreuve semblent sophistiquées et lapidaires, plus que par le passé, les textures se révèlent disloquées et possèdent une complexité elle aussi absente sur leurs deux premiers albums. En parlant d' une version profondément dystopique du Post Rock Squid a toujours porté sur notre époque un regard assez pessimiste au travers de ses compositions flirtant avec le chaos et le chant flippé d' Ollie Judge. Leur troisième album confirme et renforce la tendance quand par sa voix Judge augure de l' apocalypse prochaine. Il est beaucoup question de peurs, de meurtre et d' occultisme. Le constat fait par Squid est terrible et peut les rapprocher des oiseaux de mauvais augures Radiohead à l' aube du 21ème siècle. En évoquant Radiohead on peut aussi affirmer que les comparaisons musicales au groupe d' Oxford apparaissent dorénavant puériles si ce n' est mensongères quand il est question de Squid. Bien sûr l' aspect Prog Rock est commun mais Squid ne semble pas autant s' y attarder comme le fit la bande à Tom Yorke. Les Squid font plus que confirmer et évacuent définitivement les critiques et les craintes apparues à la sortie du précédent. "Cowards" est un très grand disque et pour être franchement honnête je n'y croyais qu' à moitié devant le spectacle de la presse avide de hype Post Punk se ruant sur eux dès les premiers singles pour ensuite les délaisser aussi vite face à des albums refusant la facilité adoptés par le contingent de suiveurs.

  • KLEIN, quand les guitares sont arrachées au Rock.

    Son précédent "Marked" à peine digéré, la grande Klein nous assène avec "Thirteen Sense" le coup de massue définitif depuis qu' elle s' est décidée à s' emparer des guitares. Peut être l' ultime possibilité au petit monde Indie de découvrir ce génie absolu et parallèlement un important tournant dans cette carrière à nul autre pareil. A chaque sortie de Klein je suis confronté à la même difficulté. Comment bien décrire cette musique unique. Comment entraîner dans mes pas les autres vers cet univers si étrange, si envoûtant, révolutionnaire et sans compromis. Je peux toujours m' en référer à certains disques uniques en leur temps. De ces oeuvres qui ont non seulement changé la donne en la musique mais également la vision portée sur elle par bon nombres. "Thirteen Sense" m' évoque immédiatement le "Loveless" de My Bloody Valentine pour ses évidences shoegaze plus affirmées que sur le précédent et surtout parce qu' il semble aller bien plus que le courage magistrale de Kevin Shields. Mais en réalité pour bien prendre acte de l' aspect provocateur et bouleversant il faut aller vers le "Métal Machine Music" de cette canaille de Lou Reed. Comprenez un de ces disques coup de poing dont on sait réellement si il s' agit d'une grosse blague ou d' une remise à plat totale de règles de ce que l'on croyait être la musique. Depuis qu' elle martyrise les guitares pour leur bien Klein me rappelle cette vieille sensation à la fois étrange et provocante qu' il est arrivé de percevoir au spectateur de concert que je suis et qu'il m' arrive de penser être commune à d' autres. Sensation ressentie à la fin de concert plus ou moins marquant voir totalement oubliable quand les groupes finissaient leur set par des larsens. Cette étrange impression qu' un univers parallèle intriguant et sauvage se dévoilait un court instant après avoir vécu dans un monde ennuyeux et uniforme. "Thirteen Sense" délaisse le Doom Sludge appuyé de "Marked" et semble plus ouvertement assumer ses aspirations Shoegaze, Slowcore, Noise Rock et Post Rock. Voir Free Jazz. On est loin des fortes senteurs Gospel, Soul et R'n'B perçues aux débuts de sa carrière mais l' héritage de Klein reste bel et bien présents pour qui connait sa musique depuis longtemps. Des trilles Trap et certaines manières Hip Hop évoquent encore le monde qui berça la jeune artiste londonienne. Elle fait subir aux guitares et bien sûr à ce qu'on leur associe systématiquement, le Rock et ses dérivés, les même mutations qu' à ses styles de prédilection à grand coup de manipulations électroniques expérimentales et par ses talents gigantesques en Sound Collage. Les guitares en ressortent encore plus indomptables, survoltées et exubérantes que sur "Marked". Si au début du disque l' agressivité provient du Métal et du ressenti éprouvé par l' outrance et la démagogie agressives du Rock de Stade, comme par exemple la batterie qui en fait des tonnes sur "Nobody Sees What The Tree Knows", la suite va plus évoquer l' Ambiant et ses drones puis certains souvenirs plus Dark. Son passage aux guitares ayant définitivement abandonné les us et coutumes Rocks, le pourquoi on peut réellement et sérieusement parler d' une nouvelle version du Post Rock, Klein semble avoir enrichi cette musique en complexité et en strates. A moins bien sûr qu' elle l' a toujours été, ce que je pense, et que cette sensation dépend de l' auditeur par ses affinités et habitudes en matière de guitare et de genre musicaux. On ne perçoit les plus infimes variations des choses que lorsque on les connait et maîtrise assez solidement. Bien sûr que la découverte de Klein va en refroidir plus d' un mais je peux les assurer que la persévérance va leur faire revivre certains instants suspendus hors de notre monde de merde et du temps qu' ils ont ont pu avoir déjà vécu sur les premiers disques de Shoegaze ou Psychédéliques voir du côté de l' IDM des Autechre et Aphex Twins. Et comme je l' écrivais au sujet de "Marked , cet musique cassant tous les codes... est TOUT. Et TOUT le reste... De la merde.

  • TRAXMAN, retour d' une légende du Footwork.

    Il aura fallu attendre plus de onze ans pour enfin découvrir la suite de sa série Da Mind Of Traxman. L' immense Traxman, idole iconique absolue de ce blog depuis sa création, revient enfin sur Planet Mu et si vous ne connaissez toujours pas le bonhomme sachez juste qu' il s' agit d' une véritable légende vivante des dancefloors et du Footwork. Et si vous ne connaissez pas non plus le Footwork, je vous invite fortement, après vous avoir gentiment traité de tous les mots grossiers que je connaisse devant un tel raté, à vous rendre sur le champ ici Traxman est simplement l' un des plus grands innovateurs parmi les djs de ces trente dernières années. Cornelius Ferguson aka Traxman s' est donc enfin décidé de sortir de son ghetto du West Side de Chicago. On va enfin reparler de Footwork dans ce blog. Bien sûr qu' il en a été un peu question récemment dans DWTN avec les deux reines du genre Jlin et Jana Rush et dans une moindre mesure avec Nondi_ mais du neuf en provenance de la capital du genre ce fut très rare ces derniers mois. Voir carrément ces dernières années. Et surtout de la part de l'un des créateurs originels du courant. A Chicago Traxman est un monument du Djing Footwork. Apparu dans les 90's, Ferguson a traversé en tête de peloton les heures de gloire de la Ghetto House , provoqué le virage de la Juke puis a participé à la construction et à la mise sur orbite du Footwork aux côtés des autres légendes RP Boo, le regretté Dj Rashad et Dj Spinn. Peut être que le timing, malgré un tel laps de temps entre les deux derniers volumes de la série Da Mind Of Traxman, devient finalement parfait. Nous avons à présent le recul nécessaire pour apprécier ce disque qui se révèle être la plus parfaite des introductions à un courant qui semblait être en état stationnaire depuis quelques temps. Avec son volume 3 Traxman remet à leur place ceux qui ont osé traiter le Footwork de courant rétro. Bien sûr qu' il n' est plus tout jeune au moment où les modes et les courants se succèdent à une vitesse sidérale, mais avec ce disque Traxman prouve qu' il s' agit d' une musique absolument intemporelle et toujours porteuse d' une futurisme bien réel. Apparu avec Internet le Footwork fut bel et bien la plus parfaite des bandes originales pour accompagner l' apparition de la surcharge d' informations numérique que nous découvrions alors. Avec ses rythmes syncopés dépassant les 150 Bpm, ses samples perpétuels et ceux vocaux surréels et déstabilisants ce genre musicale illustrait parfaitement le déluge incessant de news et de fake news auquel nous sommes continuellement confronté depuis. Dans ce disque Traxman nous régale avec les traditionnelles grosses caisses ondulantes et les charlestons pointillistes via une bonne vieille Roland TR 808. C 'est l' occasion aussi de redécouvrir la maestria du bonhomme en matière de Crate Digger dans l' utilisation des samples. Si vous êtes fan de DJ Shadow dans le domaine vous allez simplement halluciner par l' art de son alter égo de Chicago. Même si une grande partie des titres proviennent des archives et ont été compilés par le déjà connu ici Sinjin Hawke, Traxman de nous bluffer par ses innovations et le lot d' idées nouvelles à exploitables dans l' avenir. Il n' a jamais cessé d' expérimenter et a toujours fait preuve d' une sacrée ouverture d' esprit en matière de musique à sampler. Dans le dernier on va non seulement retrouver des pépites Soul, Hip Hop, Funk et Dancehall revenues de loin mais aussi certaines en provenance d' autres univers tel le titre phare éponyme de LFO. La patte Traxman reste inchangée avec son art tant personnel de nous offrir un Footwork à la fois flottant et nerveux si ce n' est absolument percutant et contagieux par ses aspects Pop. En 2014 Traxman nous offrait déjà probablement la version la plus accessible aux non habitués du genre. En 2025 c' est avec de véritables Bangers qu' il prouve que le Footwork en a encore sous le pied. Et quand il se décide à réutiliser les cordes douces issues de la tradition Soul le lien si évident entre la House à la Frankie Knuckles et son fils illégitime le Footwork apparaît au grand jour. Des trois volumes le dernier se révèle être le plus apte à attirer les novices avec ses passages Ghetto House plus introduits dans les courants dominants et les habitudes des dancefloor. Bref... une véritable bombe sur les Dancefloor lâchée par un vétéran.

  • KATHRYN MOHR, entre douceur, solitude et dystopie sinistre.

    Cela faisait bientôt cinq ans que l' américaine Kathryn Mohr expérimentait toute seule dans son coin et nous délivrait des perles d' Avant Folk souvent passées inaperçues. Avec son troisième album "Waiting Room" Mohr commence à sérieusement faire parler d' elle et tutoie le somptueux. Kathryn Mohr a délaissé ses bien tristes Etats Unis natals pour s' expatrier un temps en Islande. On peut franchement la comprendre vu le contexte actuel et ce désir d'' isolement sur cette île lointaine à la densité de population parmi les plus du monde en apparence étonnant se révèle plus qu' approprié. De son séjour dans la patrie de la reine mère Bjork la chanteuse nous envoie sous forme de carte postale ce "Waiting Room" enregistré dans une usine d' emballage de poisson devenue lieu de résidence pour artiste. Ecouter "Waiting Room" c' est plonger dans un véritable univers en soi. Un univers à l' image des paysages rugueux et isolés de l' agitation humaine. Comme il n' y a jamais de hasard en musique ce disque peut immédiatement être identifié comme le petit frère d' un autre paru il y a quelques semaines, le terrifiant "Perverts" d' Ethel Cain ( ici ). Ne vous attendez donc pas à une musique joyeuse et festive, à un album alignant gentiment des chansons aux structures classiques. Dans la droite ligne de Cain Kathryn Mohr opte pour une oeuvre fortement cinématographique sans compromis. Vous trouverez certes biens plus de chansons assez structurées que chez Cain mais Mohr les habille d' une enveloppe Ambient qui renouvelle les genres abordés. Elle incorpore à son songwritting des atmosphères sonores qui l' emportent souvent tout en servant de respiration. Cette façon de faire renouvelle l' approche et les manières conformistes de faire tant rencontrées ces derniers d' une certaine Indie Music fortement influencée par les 90's. Mohr se singularise ainsi par rapport au troupeau de formations et d' artistes rétrogaga récitant le leçons du passé sans réellement chercher à y apporter un petit peu de rafraîchissement. Probablement plus abordable et charmeur que "Perverts" ce "Waiting Room" évoque lui aussi l' univers sonore du "Erashead" de Lynch. C 'est Dark et pas franchement porteur d' un fol espoir mais tellement plus proche de nos vécus. Certains ont même évoqué une Jessica Pratt arrachée à ses 60's californiennes pour être larguée dans une friche industrielle islandaise en pleine nuit. Le falsetto délicat de Mohr offre un contraste saisissant et ensorcelant à une production dystopique et sinistre. La réverbération, les delays et des synthétiseurs léthargiques couvrent des compositions minimalistes d' un voile surréaliste. Parfois les basses délivrent de véritables drones susceptibles d' éclipser tout le reste. Mohr affirme bien plus ses penchants 90's qu' Ethel Cain et ne vous étonnez pas de croiser les spectres de Liz Phair, Cat Power ou PJ Harvey. Encore une fois Liz Harris aka Grouper est à évoquer et confirme son statut d' influence majeur sur la nouvelle génération tout comme Julianna Barwick. Ces influences se succèdent mais à la différence des rétro gaga Mohr par sa personnalité, les thèmes abordés et son parti pris Ambient offre un liant évitant la simple redite. Serait-ce un rêve de sensibilité ou un cauchemar de solitude que nous offre Kathryn Mohr? On hésite et quand la réponse la plus douce semble évidente la musicienne scie la branche sur laquelle vous pensiez pouvoir échapper à de bien tristes vérités et sensations croisées dans notre quotidien. Une véritable pépites sonores.

  • BENJAMIN BOOKER, continuer d' avancer et d' évoluer coûte que coûte

    Au regard de ce blog la carrière de Benjamin Booker avait fort mal commencé. Adepte d' un Blues Rock sans grand intérêt, malgré un bon savoir faire en matière de texte et d' une sensibilité particulière, le virginien était une caricature Rétro Gaga quand les médias Indie s' intéressèrent à lui au mi temps des 10's. Puis, très vite, oublié. Le bonhomme nous revient 8 ans après et le moins que l'on puisse dire c' est qu' il tape très fort. Englué dans un vintage mille fois entendu depuis le grand Revival Rock du début 00's on ne misait pas un Kopeck sur Booker. C 'est donc après une pause qui se révèle plus que bénéfique qu' il a enfin décidé d' effectuer un retour assez tonitruant. Pour cela il n' a pas hésité à effectué un vraie et très forte remise en question. Abandon de ses influences Blues Rock trop fortes et dans ce but opérer un choix audacieux en matière de producteur. C' est donc accompagné du producteur Hip Hop expérimental Kenny Segal que l' américain s' est remis au travail et a pu enfin trouver le son qu' il explique avoir chercher un certain temps. Si Segal lui a apporté les astuces d' un art Hip Hop fortement aventureux Booker a quant à lui été voir ailleurs. Certes il ne fait pas preuve d' une folle originalité en regard des artistes défendus dans ce blog tant les influences sont mille fois cités par ici mais il le fait d' une manière très personnelle et efficace. Noise Pop, Shoegaze, Glitch, Dream Pop, des modes opératoires très Ambient et de fortes senteurs Tri Hop. On commence à connaître la recette ces derniers mois mais faut-il encore posséder une sacrée personnalité et assez d' originalité pour toucher au but. Ce troisième album intitulé "Lower" se révèle être l' accouplement parfait d' une très riche diversité d' influences. A celles citées plus haut il est à rajouter une sensibilité très Soul débarrassée des tics Blues Vintage à l' image de la douceur de sa voix qui accompagne assez singulièrement avec succès l' aspect râpeux des fuzz qu' il adore utiliser. Le premier titre "Black Opps" en est l' exemple parfait avec ce nuage Shoegazien boosté par un Beat robuste chaperonnant une voix fragile et suave à souhait. Richesse et diversité encore en matière d' instrumentation puisqu' il n' hésite pas à sortir des carcans stylistiques en ajoutant à une très classique (guitare acoustique) l' électronique et l' échantillonnage via notamment par le goût prononcé de l' interférence sonore. Sur ce dernier sujet on peut constater ces derniers mois que la méthode de l' interférence sonore devient fréquente chez des artistes parfois très éloignés et adorés par ici. Que ce soit du côté du Brésil avec Dj K et son Bruxeria Funk, Dj Anderson Do Paraiso avec son Baile Funk, ou la relecture Psychédélique du Soukous Congolais par Ale Hop & Titi Barkola. Ajouter influences sur influences ne suffit pas et peut être l' une des plus grandes qualités de Booker expliquant la réussite de cet album qui brille également par la diversité des titres est son grand talent sans bornes en matière de songwritting Pop. Les moments d' accalmie succèdent à d' autres plus rentre dedans sans que le niveau d' intensité et d' émotion ne baisse. Le couplet qui charme immédiatement, le refrain tueur terriblement accrocheur pas prêt de sortir de votre tête, il maîtrise la palette Pop à la perfection ce qui très rare de nos jours surtout côté Outre Atlantique. Une Pop Indie qui parfois évoque Grandaddy ou Sparklehorse tout en se drapant d' une toge cinématographique. Quoi de plus de normal pour un artiste qui avoue s' être fortement inspiré du réalisateur Jean Pierre Melville comme le trahit le noir et blanc de ses clips. Booker se demande tout au long des 11 titres de "Lower" comment fait-on pour réussir à vivre dans un tel monde de merde. Sans être donneur de leçon et avec une certaine délicatesse sous entend la réponse évidente. Continuer à aller de l' avant et à l' instar de sa musique, ne pas avoir peur d' évoluer et de se remettre en question.

  • ALE HOP & TITI BAKORTA , quand le renouveau des guitares ne passe pas par l' occident.

    Le Top 2024 de DWTN a confirmé que les guitares revenaient aux sommets si elles étaient placées entre de bonnes mains. Quand la nosltagie laissait enfin à la place à l' expérimentation. En ce début 2025 un album le prouve une nouvelle fois. Et comme il n' y a jamais de hasard la bonne nouvelle provient de l'un de mes labels préférés et entérine le fait qu' il faut cesser avec les sales vieilles habitudes égocentriques occidentales. La péruvienne Alejandra Cárdenas aka Ale Hop est reconnue pour ses expérimentation électro-acoustiques en partant de la tradition musicale de son pays. Et en matière d' hybridation, de mélange des cultures et d' expérimentations réussies si il existe une très bonne adresse on ne la connait que trop depuis longtemps dans ce blog. Pour ça faut toujours surveiller de près le laboratoire Ougandais Nyege Nyege et son petit frère Hakuna Kulala. Par le biais d' une de ces résidences à Kampala dont Nyege Nyege a le secret, Ale Hop a travaillé avec le guitariste congolaise Titi Bakorta. Le fruit de cette collaboration est une merveille de remise à jour de la tradition musicale. Quiconque s' intéresse à la musique africaine ou est amené à la croiser connait le Soukous. Et parfois sans même le savoir. Le bon vieux Soukous congolais qui a conquis l' Afrique depuis 40 ans est dès ses origines lui aussi le fruit d' un étrange croisement culturel. Les musiciens congolais s' étaient imprégnés dans les années 30 de la Rumba Cubaine diffusée par le colon d' alors sur les ondes de la radio Congo Belge. Plus tard dans les 60's les congolais ont rendu les rythmes de la Rumba Congolaise encore plus entraînants en accélérant le rythme et étendirent les structures des chansons par des improvisations virtuoses des guitaristes qui développaient des motifs très complexes. Titi Barkota est l'un des héritiers de cette tradition. L' écouter jouer pourrait facilement vous amener à trouver le jeu de célèbres tricoteurs de cordes occidentaux tel un Johnny Marr des Smiths assez gauche si ce n' est infantile. Barkota et les siens sont de véritables virtuoses. Fruit de leur collaboration "Mapambazuko" est donc une véritable remise à jour d'un vieux style. Pour faire court Titi Bakorta joue et Ale Hop propulse sa musique dans un univers paradoxale. Les rythmes anguleux et joyeux de l' un sont télescopés par le goût pour l' hallucination et l' expérimentation de l' autre. Le Soukous si euphorique et attendu dans un certain sens est d' un seul coup imprégné de chaos et d' impondérables. La joie rencontre l' étrange et le psychédélisme. Les samples aux origines multiples (synthés, enregistrements) d' Ale Hope et semblant discordants apporte ce surnaturel Sud Américains que l'on a déjà croisé autrefois chez Elysia Crampton ( là ) et plus récemment du côté du Baile Funk de Dj Anderson Do Paraiso ( ici ) et du Bruxeria Sound de Dj K. La production de Hope renforce la guitare de Bakorta à un tel degré que l' on peut évoquer le terme de Maximalism. Aux six titres originaux présentés sont rajoutés trois remix assez inégaux. Si celui d' Ale Hope n' apporte pas grand chose ceux de la déjà vue ici Flora Yin-Wong et du très intriguant artiste Kényan KMRU rajoute à la proposition novatrice en passant par les cases Deconstructed Club et Ambient. P.S. sous forme de petit coup de gueule. Dans leur dernier numéro il est enfin fait mention de Nyege Nyege et de l' Ouganda chez les Inrocks ( ici ). Mieux vaut tard que jamais mais ma joie fut de courte durée. Si l' article est plus que pertinent et nécessaire en abordant ce que la communauté LGBTQueer et le Nyege Nyege Festival doivent affronter en terme de discriminations et d' homophobie il reste un âpre arrière goût après l' avoir lu. Les Inrocks, même si je sais qu' ils n'ont plus rien à voir avec ceux de ma jeunesse, se présentent toujours comme un magazine culturel très axé sur la musique. Mais seulement voilà. Pas une seule chronique portant sur des sorties Nyege Nyege ou Hakuna Kulala au cours de ces dernières années et les voilà qui aborde le sujet Nyege Nyege que sous le prisme sociétal de l' Homophobie sans qu' il soit une seule fois fait mention auparavant artistiquement des deux labels parmi les plus avant gardistes et passionnants musicalement (leur domaine pourtant). Il me revient à l' esprit bien des extraits d' interviews ou des citations des artistes africains qui justement parlaient de cette approche typiquement occidentale. On va parler de l' Afrique que sous le prisme de ce qui ne va pas, abordant toujours les aspects les plus tristes et sombres en suggérant volontairement ou pas ce triste "retard" servant d' excuses aux visions colonialistes de toutes époques. Et ce sans jamais s' intéresser à ce que l' Afrique crée ou produit de passionnant. Ou alors avec toujours un certain retard si ce n' est indirectement quand par exemple une célébrité mondiale convoque un artiste de là-bas pour un de ses disque. Je concède que peut être il s' agit d' une "maladresse" et que cette maladresse des Inrocks provient d'une certaine forme d' ignorance, et finalement d' un manque de curiosité ou de flaire journalistique (ce qui est déjà une sacrée faute pour eux dans un sens si on se réfère à ça ce qui prouve au moins que d' autres avaient fait le job) mais avouons qu' à l' heure du net de 2025 et de certains combats certaines lacunes et approches journalistiques occidentales sont toujours de mises et ce, partout, même dans la presse jugée progressiste.

  • MOGWAI, retour au sommet du Post Rock .

    Dans le Top annuel 2024 au sujet des géniaux Still House Plants et de leur relecture moderniste du Post Rock jazzy des origines (Talk Talk, Tortoise) j' expliquai à quel point leur démarche était salvatrice pour ce courant après des années monopolisées par les suiveurs de la deuxième vague Post Rock plus proche du versant Noise. Le groupe légendaire cité pour illustrer la deuxième tendance Post Rock était Mogwai. Ma relation avec Mogwai a toujours été des plus complexes. Entre émerveillement avec le sentiment de s' être trouvé des copains dans leur vision de guitares expérimentales sans compromis à leurs débuts puis, progressivement, une amère sensation de lassitude accompagnant leurs sortie discographiques. 2025 voit Mogwai revenir avec ce qui n' est que leur onzième album en 30 ans de carrière. Un ratio faible en comparaison à d' autres groupes vétérans mais à prendre avec le recule tant le groupe resta toujours très actifs en matière de Bande Originale et de Ep. Le récent "The Bad Fire" apparaît donc comme l' occasion d' écrire enfin sur ce qui est devenu au fil des années une véritable formation culte . Mogwai est apparu à la fin des 90's et comme je l' écrivais plus haut les écossais appartiennent à ce que l'on peut considérer comme la deuxième vague Post Rock. Avec eux les Sigur Ros, Godspeed You Black Emperor ou Explosions In The Sky mettaient l' accent sur les crescendos amenant vers un Post Rock plus épique et parfois plus Pop dans sa sensibilité. Les guitares s' inspiraient fortement du Noise Rock et du Shoegaze. Ce dernier qui avait eu à subir les quolibets de la presse anglaise alors en pleine masturbation réac et égocentrée Britpop obtenait avec son dérivé Post Rock une petite vengeance. Immédiatement, avec leur petit côté rebelle écossais à l' humour dévastateur, ces éternels emmerdeurs des certitudes et de l' arrogance anglaise, les Mogwai furent perçus comme les pourfendeurs d'une Britpop pas vraiment aventureuse et devenue très vite médiocre comme l' illustra le célèbre épisode du T-Shirt "Blur: are Shit". Leurs crescendos partis d' ambiances calmes et mélancoliques accédaient à d' autres assez apocalyptiques. Leur musique servait ainsi de palliatifs aux orphelins du Shoegaze qui bien souvent, par goût prononcé pour les textures sonores, l' expérimentation et des structures de chansons non conventionnelles, avaient eux aussi opté pour la vision instrumentale du Post Rock au détriment des velléités Pop et simplistes de la Britpop. Pendant un petit peu plus de dix ans les Mogwai étaient devenus les cadors du courant au même titre que les groupes cités plus haut. J' ai eu maintes fois l' occasion de les voir en concert. A chaque fois ce fut une expérience intense et jubilatoire. Chaque album enfonçaient le clou tellement ce groupe maintenait un très haut niveau et continuait de captiver par leur identité très forte. Mais après leur 6 ème album "Beat" de 2006 la saturation commença à s' emparer de moi. Les albums suivants semblaient se répéter malgré l' introduction de plus en plus affirmée de l' électronique. La surprise s' estompa et le niveau général sans tomber très bas semblait franchement plafonner. Mogwai était alors sauvé par certains moments de gloire comme par exemple pour leur bande originale pour le documentaire "Zidane : A 21 St Century Portrait" qui avait surtout l' intérêt de porter un éclairage plus grand publique sur ce courant jugé plutot difficile. A chaque sortie cette impression de redite prenait le dessus malgré le fait qu' ils continuaient à vouloir évoluer. Peut être trop lentement. Mogwai a toujours suivi son petit bonhomme de chemin malgré les modes et les changements. Mais à sa faible allure quand parfois ça s' accélérait à côté et que certains fans d' origines prenaient poliment leurs distances tout en continuant de leur vouer un culte . Au fil des années Mogwai devint une sorte de The Fall version Post Rock comme avait été autrefois la formation de Mark E Smith. Un groupe intouchable à toujours citer comme référence absolue même si on écoutait de moins en moins leurs dernières sortis. Et puis au moment où ne s'y attendait plus trop un petit regain de forme et surtout de renouveau artistique apparu avec à la suite une surréelle reconnaissance grand publique. Sorti après la pandémie "As The Love Continues" produit par Dave Fridmann était marqué par un regain de forme et surtout une ouverture plus visible à des influences extérieurs bien mieux assimilées. La musique de Mogwai probablement en lien avec le contexte COVID semblait alors recoller à son époque comme à ses débuts. Ce n' était plus une capsule fin 90's début 00's déconnectée comme les précédents l' étaient devenus. Personnellement même si je fus agréablement surpris je considérai cet album comme une de ces petites réussites que l'on oublie très vite. J' étais passé à autre chose et si je devais les réécouter c' était bien sûr leurs classiques "Mogwai Young Team" et "Rock Action" qui me venaient à l' esprit. Mais ce qui marqua plus mon esprit et d' autres ce fut l' accueil de ce disque. Classé numéro 1 dans les charts Britanniques à sa sortie et nominé au Mercury Prize ce disque marquait le triomphe tardif d' une formation devenue légendaire qui avait eut son pic créatif 20 ans plus tôt. Un peu comme ces acteurs qui reçoive leur Oscar ou César d' honneur pour l' ensemble de leur carrière alors que la profession et le grand publique les avait ignoré et jamais mis sur le socle qu' ils méritaient depuis toujours. "The Bad Fire" arrive donc 4 ans après cet étrange moment de reconnaissance et de léger renouveau artistique. A leur apothéose de 2021 succéda une période trouble dans leurs vies privé. L' un des membres vit même sa fille passer à deux doigts de la mort alors le triomphe récent passa très vite au second plan. Toujours humbles les Mogwai semble avoir continuer à vouloir évoluer et ce disque est à mes yeux une preuve bien plus solide et convaincante que le précédent. L' album perpétue donc la démarche d' ouverture à une plus vaste palette d' influences mais sans que la personnalité très identifiable et forte du groupe n' en soit altérée . Les synthés paraissent avoir arrêté d' empiéter sur les plates bandes des guitares permettant ainsi à Mogwai de trouver un juste milieu. Avec leur nouveau producteur John Congleton ils ont enfin retrouvé une excellente nouvelle recette . S' appuyant sur leurs pics d' innovations artistiques d' autrefois ils les dépoussièrent leur donnant ainsi un lustre très moderne. Les titres se révèlent être bien excitants, bouleversants et euphoriques. Si écouter Mogwai en 1997 pouvait parfois s' apparenter à une introspection et, plus fortement à un dangereux repli sur soi par la suite quand ils semblaient ne plus vraiment correspondre à l' époque, en 2025 leur musique franchement plus optimiste peut aider l' auditeur à se réveiller et à retrouver des forces pour passer à l' action. Petit bémol. Sur "The Bad Fire" apparaît plus que jamais l' évidence, mais qu' au nom du respect total parfois un peu forcé dont ils leur portaient, les fans n'osaient affirmer. Les titres un brin en dessous sont les vocaux. Mogwai reste et demeure un très grand groupe d' instrumentaux et non de Pop Songs classiques. Le single "Fanzine Made Of Flesh" par exemple est certes entraînant mais on a l' étrange sensation d' écouter une version écossaise de Grandaddy. Les morceau phares sont donc les sans paroles "Pale Vegan Hip Pain", "If You Find This World" et l' inaugural "God Gets You Back" avec ses voix déformées qui passent au second plan façon Shoegaze. Le Shoegaze encore présent plus tard avec leur plus beau hommage à Saint Kevin Shields (My Bloody Valentine), "18 Volcanoes". Mais ne boudons pas notre plaisir. Mogwai vient simplement de sortir son meilleur album depuis 19 ans. Et rien que ça c' est l'une des meilleurs nouvelles.

  • ETHEL CAIN, de la Pop Indie aux tréfonds des States. Pays malade depuis ses origines.

    Jeudi 16 Janvier dans la soirée. Un bruit sourd à l'origine inconnu associé à d' autres sons évoquant l' électricité perturbent mes sens. L' ambiance est lourde. Pesante. Des voix étouffées laissent parfois la place à une autre voix. Une voix spectrale qui me berce pour mieux m' entraîne vers les tréfonds de l' âme humaine. Quelque chose ne tourne pas rond et un drame est à redouter. La sensation est très forte d' autant que certains sons exhument en moi d' autres très similaires sans que mon vieux cerveau ne trouve ni l' origine ni la nature de ces derniers. Par réflexe inepte je regarde mon fil twitter. Tout y est pitoyable. Flippant. Grotesque. Pathétique et dramatique. Puis de nouvelles notifications apparaissent. Toutes proviennent de sites américains et traitent du même sujet. David Lynch est mort. Parfois le hasard réserve bien des surprises auxquelles on ne peut s' empêcher de répondre par des interprétations aventureuses. Le lien que ma mémoire défaillante s' obstinait à contourner venait de gicler enfin grâce à une bien triste nouvelle. L' un des artistes les plus passionnants de ces quarante dernières années venait de casser sa pipe et le choc personnel comme celui provenant des réseaux sociaux fut l' un des plus puissants depuis la mort de Bowie. Fatalement dans ces moments rares et intenses on ressort la phrase : "Je me rappellerai toujours ce que je faisais à ce moment-là". Pour Lynch ce sera "J' écoutais Ethel Cain". Et rarement dans pareille occasion les choses ne pouvaient pas tomber... mieux! Les sons entendus sur l' album de Cain. Cette ambiance sombre et pesante... Eraserhead. Hayden Silas Anhedönica aka Ethel Cain avait fait surface dans mon univers personnel fin 2022 à l' un des pires moments de mon existence. Un certain sens du timing la Ethel. Il fallait bien continuer à vivre donc... Continuer à écouter. Dans ce but je m' étais contenté exceptionnellement au vue de mon contexte à aller voir les top annuels des sites musicaux. Comme d' autres s' accroche à la première bouée venue. Le nom alors inconnu d' Ethel Cain trustait les premières places. Ma découverte de son single "American Teenager" me laissa sur ma faim même si j' avouais en moi même qu'il s' agissait d'une classique Pop Song Indie assez parfaite. Le clip l' accompagnant possédait lui aussi son petit intérêt en comportant une certaine dose d' ironie derrière son optimiste caricature d' American way of Life. La découverte de l' album s' imposait afin d' éviter de rapidement penser qu' il ne s' agissait que d' un emballement critique sur un album pas vraiment nullissime mais certainement poussé par la quête d'une tête de gondole facile pour une scène Indie et ses médias en désespérance . "Preacher's Daughter" se révélait être bien plus complexe qu' une simple succession de "tube" indie Dream Pop. Les titres s' avéraient être longs et l' ambiance pas franchement à la joie. On était bel et bien passé derrière le clinquant optimiste de l' american way of Life auquel plus personne ne croit vraiment depuis trop longtemps. Très Americana et à la fois très éthérée et gothique. Si parfois sa voix pouvait par certains tics très ricains et mainstream agacer j' ai du m' avouer qu' elle avait le don de soigner mes plaies du moment. Plus je m' enfonçais dans le disque et plus l' aspect malade et étrange de l' univers de Cain prenait le dessus. Les paroles me racontaient une sordide histoire de Serial Killer dans un bien triste pays et je ne vous parle même pas des sombres et sordides histoires de congélateur à la fin du disque. Musicalement c' était bien foutu mais pas vraiment susceptible de bouleverser un vieux de la vieille comme moi alors qu' à contrario les paroles étaient de plus en plus glauques et glaçantes. Finalement Ethel Cain n' osait pas assez l' étrangeté avec sa musique. Mais ça, , c' était juste avant le stupéfiant triptyque composé de "Ptolemaea", "August Underground" et "Televangelism". Avec ces trois titres ce que j' avais pris pour une sympathique mais gentillette futur star de l' Indie Pitchforkienne à la Lana Del Rey changea radicalement de catégorie et de division dans mon esprit. Elle osait. Son dernier disque s' appelle "Perverts" et vient tout juste de sortir. Rien que le titre de l' album suffit à prévenir. Âme sensible s' abstenir. Il va être question de la perversion et ce sous toutes ses formes. La belle Ethel grandie sous les lois rigoureuses Baptiste de son environnement du Sud des Etats Unis nous parle d' onanisme, de pédophilie, de transgression et de damnation éternel. Dès le premier morceau du disque donnant son titre à l' album c' est un cantique venu des abîmes qui vous cueille pour très vite faire place à un bruit sourd et des voix étouffées inintelligibles. Les titres y sont encore plus longs que sur le précédent. Par la suite des bruits statiques d' électricité, des pas inquiétant et des drones meubleront et perturberont vos sens. Le silence? Jamais. La sérénité? Jamais. Parfois quelque chose qui ressemble à une pop song classique surgit servant de respiration dans cette ambiance Dark mais faut-il encore ne pas trop prêter attention aux sujets abordés. L' instrumentale domine et le chant n' a droit qu' à une portion congrue. Le reste du temps on navigue entre le Slowcore, la Dark Ambient et le Spoken Word. C' est le genre de disque avec lequel l' entre deux n' existe pas. Certains vont le vénérer et s' y replonger à corps perdu quand chez d' autres l' incompréhension se mariera à l' ennui ou à la sidération négative. Ce qui semblait être encore une hypothèse sur "Preacher's Daughter se confirme. Ethel Cain se voit comme musicienne et cinéaste. Encore un point commun avec Lynch qui aura lu aussi touché à tout. Ethel Cain marque par sa capacité à maîtriser son art très casse gueule par sa nature. Elle possède ainsi un ton toujours juste, un sens aigu du rythme et sa production se révèle être très inventive et parfaite. La charge émotionnelle est gigantesque et ce disque peut jusqu' à détruire certaines de vos certitudes sur l' humain et vous même. Les paroles sont toujours flippante si ce n' est encore plus sombres et tordues sans que l' on tombe dans un délire caricatural qui en ferait trop. Les synthés bourdonnants, les bruits Industriels et les drones de guitares entra perçues sur le premier albums sont ici mis en pleine lumière. La voix de Cain prend un ton encore plus envoûtant. Ce disque nous est présenté comme un ep et non un album selon son auteur qui rajoute qu' il s' agit d' une oeuvre à part dans l' univers de son pseudo Ethel Cain et que "Preacher's Daughter" aura une suite. Peu importe ce que l' avenir nous réservera de sa part mais ce virage poursuivi vers une musique expérimentale et dans un certain sens ce refus de jouer le jeu du star system Indie musicale Pitchforkien, que tant de ses tristes congénères adoptent sans aucunes remises en question, place immédiatement Ethel Cain dans un univers bien plus haut. Entre une Grouper, un Nick Cave pour l' amour des références et biblique et une Nico pour le goût du risque expérimental. Post-Scriptum. Mardi 20 Janvier au soir. Toujours Ethel Cain dans le casque et des sensations Lynchiennes. Je pense à la chronique que je vais écrire sur "Perverts" en regardant l' investiture de Donald Trump. Je baisse le casque pour écouter son discours. Il est question d' un mur, de digressions plus stupides et hors sujet les une que les autres. Et ce devant un parterre de milliardaire (Bezos, Zuckergerg et notre Bernard Arnaud national se prenant en selfie tel un touriste ébahi devant un spectacle du Puy du Fou). Trump s' adressait non pas à des demeurés mais aux habitants malades d' un pays lui-même malade depuis toujours. Un pays qui domine encore pour un temps notre monde au nom du dieu Capitalisme. Les milliardaires en sont les idoles et Trump la triste et inévitable conséquence.   Plus  tard au cours de la soirée je verrais même un type faire un salut Nazi. Et encore une fois le monde médiatique et leurs moutons de s' offusquaient et de feindre la surprise devant ce qui n' est n' est qu'un pathétique et glaçant spectacle issu d'une logique qui ne cesse de se répéter depuis des lustres. Elon Musk, juste un héritier mégalo suprémaciste blanc qui ... quelle surprise... est né et grandi sous l' apartheid avec un père gérant de mines de diamants. Et ça aussi on le sait depuis des années. Mais quoi de plus normal. Cette nation qui, comme le rappelait Lynch grand pourfendeur de d' Hollywood et de son culte de la célébrités et du succès, est celle qui est née d' un génocide et la seule a avoir osé provoquer Hiroshima . La musique et les paroles d' Ethel Cain nous parle très bien de cette nation et des traumas si prévisibles qu' elle engendre sur sa population.

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