Search Results
458 éléments trouvés pour « »
- DUMMY, expérimentation rétrogaga jouissive.
Après un premier album en apparence sans surprises mais assez intriguant et complexe la formation provenant de Los Angeles revient avec l' émerveillant "Free Energy". La divine surprise du moment en provenance d' un rock Indie qui voit se poursuivre son fragile renouveau artistique. Depuis sa sortie en 2021 "Mandatory Enjoyment" des Dummy se révélaient être l' oeuvre d' une formation au style et à la personnalité difficilement classables. Un disque bien plus sibyllin qu' il n' y paraissait. Une sorte de cheval de Troie. Avec ses rythmiques Krautrock, ses claviers évoquant la Pop 60's et la musique Lounge, il paraissait évident que l' on avait affaire à des fans de Stereolab et parfois Broadcast et pas vraiment à une énième formation sans réelle personnalité adepte de la copie facile d' illustres aînés? Les neuneus adeptes du vintage se ruèrent sur "Mandatory Enjoyment" sans réellement saisir la portée de ce disque. Faute de détenir le mot clé caché par la référence Stereolab. Pour les habitués de ce blog, avant d' être une simple lubie Rétrogaga 90's Indie Pop gentillette, Stereolab est surtout l' un des groupes précurseurs de l' Hauntology aux côtés de Broadcast. Je vous invite à vite vous jeter sur ce vieux post de 2016 ( ici ) ou à taper dans le moteur de recherche du blog le mot clé justement. On rappellera juste ici que la Hauntology Music se différencie de l' exercice rétrogaga simplet car il interroge le présent en utilisant la nostalgie non pas pour son seul intérêt réac de doudou mais pour évoquer un futur qui n' a pas eu lieu en tentant de reconstruire un utopisme perdu à l' heure du néolibéralisme triomphant. La composante Rétro-futuriste de Stereolab n' était pas seulement un simple déguisement vintage mais plutot une tentative de redonner goût à l' avenir par des gauchiste avérés refusant la terrible sentence ânonnée après la chute du mur de Berlin, " la fin de l' histoire ". Le capitalisme a gagné et " There is no alternative " . Avec "Free Energy" Dummy se révèle appartenir pour de bon à l' univers Hauntologique. Moins perfide que Dean Blunt, moins vintage et tordu qu'un Ariel Pink ou un John Maus (les deux représentant de la version ricaine que l'on appela "Hypnagogic Pop"). Ces derniers mois nous avons vu apparaître une pelleté d' artistes et formations jouant donc cette carte afin d' échapper au rétrogaga et interroger réellement sur le présent jusqu' à tenter de changer les choses. Dummy est la version Indie Rock et Pop d' une Bianca Scout ( ici ) ou de Space Afrika. Beaucoup plus fun mais non moins pertinent parce que fondamentalement le fruit d' expérimentations stylistiques et sonores. La palette référentielle s' est considérablement élargie avec ce deuxième album et sans que cela ne devienne un assemblage grossier cache-misère. Les rats de discothèque Dummy ont pris leur temps et dévoilent une certaine maestria dans l' art d' emprunter sans copier éhontément rejetant d' autres rats aux oubliettes tel les Horrors (pourtant assez pertinents par instant). Dès la sortie de "Free Energy" beaucoup de la critique neuneus conformistes du net se sont rués sur l'un des très rare buzzer référentiel mis à leur disposition par leur esprit simpliste, "Shoegaze!!!!!" . Suivi du nom du groupe qu'ils auraient probablement détester ou mépriser en 91, "My Bloody Valentine". Remarquez, ça change un peu de la tarte à la crème Post Punk. Un peu court bande de branleurs. Evidemment que le dernier Dummy a des senteurs "Loveless" mais elles ne sont pas caricaturales et enfin il faut veiller à préciser que le poids de la formation de Kevin Shields est axé sur un seul titre. Et quel titre. Avec des rythmiques délaissant le Krautrock pour aller se faufiler dans des univers plus dansant les Dummy rappelle l' importance du morceau clôturant "Loveless". Le gigantesque "Soon". Titre ultime pour votre serviteur, le pont ultime entre les deux courants majeurs de la musique Indie fin 80's début 90's. Deux courants portés plus ou moins aux nus et très vite raillés. Assassinés par une certaine vision rockiste et réac pour laisser la place net aux revivalistes dont la Britpop. Mais deux courants aux portées considérables encore visibles de nos jours, le Shoegaze bien sûr et le Baggy Sound des Stone Roses, Happy Mondays et les Charlatans. Il suffit d' écouter "Soonish" pour réaliser que les Dummy dans leur passion shoegaze sont allés là où si peu des prédécesseurs revivalistes du genre sont allés. Le dancefloor. On ne peut également pas clore ce pont entre la scène Shoegaze et Madchester sans parler des sous estimés Chapterhouse. Mais réduire "Free Energy" à un simple changement de paramétrage nostalgico-gaga grossier en direction d'un seul autre courant du passé est une erreur comme le dévoile "Blue Dada". Avec son intro basée sur un rythme typiquement Baggy et ses voix éthérées qui font place à un retour surprenant du Krautrock accompagné de drones et larsens en tout genre ce titre résume parfaitement ce qu' est ce disque. Plus loin "Godspin" invoquera le Field Recording sur "Opaline Bubbletear" quand certaines senteurs New Age risquent vous surprendre au détour d'un "Opaline Bubbletear" avant de replonger chez MBV et Lush. Juste avant "Unshaped Road" laisse à entrevoir ce que donnerait un vieux banger Baggy Madchester entre les mains des Girl Band/Gilla Band. Nos sommes confrontés à un Kaléidoscope foncièrement moderniste des 90's. Une vision déformée par le prisme de courants pas réellement associables à cette époque et qui ont la côte de nos jours car ils se sont renouvelés. Délaissant le rétro futurisme du premier album les Dummy opte pour le psychédélisme via ses textures sonores mais dans les us et coutumes de la composition on sent une approche qui a plus à voir avec l' Ambient et l' expérimentation. Certains sons vont réellement surprendre l' auditeur par leur nouveauté et la production joue un rôle très important pour se différencier du peloton tant elle ne cesse de tenter et de trouver. Alternant ainsi des titres abrasifs parfois Noise Pop avec d' autres plus calmes et planant cet album psychédélique à la vision large et doté d' un songwritting hors pair à l' efficacité redoutable me rappelle un autre des 90's par sa richesse et sa diversité. Découvrir "Free Energy" en 2024 peut permettre aux jeunots de ressentir les même émotions perçues par le quinqua plus de trente ans auparavant à une autre de ces formations honteusement sous estimé. C' est la même sensation jouissive et addictive d' ouvrir une mystérieuse boite à surprise qu' autrefois avec le "Everything's allright Forever" des Boo Radleys. Comme les Liverpuldiens Dummy révèlent non seulement être dotés d'une sincère et forte curiosité dénuée d' arrière pensée mais en plus savent partager leur savoir tout en l' enrichissant à leur tour. Peut être en plus charmeurs et trompeurs Dummy appartient bel et bien à cet petite galaxie de formations apparues récemment qui renouvellent enfin et véritablement l' Indie tel les merveilleux Still House Plant ou Squid. Bonus, les ponts entre le Baggy Sound/Madchester et le Shoegaze
- BEST OF 2019
Je tiens tout d' abord à m' excuser pour le faible nombre de chroniques dans le deuxième semestre de l' année écoulée. On fait pas toujours ce que l'on veut mais si le temps est venu trop souvent à me manquer pour écrire sur la musique rassurez-vous! Il en est resté suffisamment pour me permettre de partir fouiner sur le net et écouter des merveilles. Question de survie. Curieuse année que 2019. Très souvent surprenante. Si parfois les déceptions et le découragement pouvaient l' emporter elle fut d'une certaine manière, que certains trouveront ambiguë, rassurante et teinté d' espoir. En 2019 comme en 2018 le monde s' est donc révélé fort complexe et riche. En musique comme pour le reste. Entre fuite en avant, déni, repli sur soi pour les uns, et réveil révolutionnaire, lucidité et ouverture d' esprit avec une grande dose de courage pour les autres. Bien évidemment ce sont ces derniers en matière de musique qui m' ont donné le plus d' entrain pour affronter les péripéties de la vie dans un monde où tout n' en fini pas d' accélérer. Chez DWTN on a fait comme toujours. Pas d' œillères, un goût immodéré pour la nouveauté d' où qu' elle vienne et une soif gigantesque de musique. Une bien curieuse année que cette année 2019 qui voit un "presque" vieillard et une "presque" vieillarde squatter le podium du top album parmi la jeune garde qui habituellement monopolise les tops annuels du blog. Jamais on ne remerciera assez Warren Ellis d' avoir rattraper à temps Nick Cave avant que les mains crochues d' un destin ,déjà bien assez salopard avec lui, ne balance notre plus grand rockeur en activité dans le formole vintage . Votre serviteur avait déjà en 2016 beaucoup hésité à le classer parmi les "modernistes" plus que dans la catégorie "Vieux monuments" tellement l' australien suite au drame que vous savez s' était renouvelé. Avec "Ghosteen" plus de doute. En abandonnant les territoires foulés depuis bientôt 40 ans Cave avec Ellis s' est retrouvé une seconde jeunesse. Et si ça suffisait pas une autre vieille référence de mon adolescence est venue nous cueillir sur le territoire de la réinvention et de la jeunesse d' esprit. Kim Gordon est allée à grand coup de footwork, de post-club et d' indus bien au delà des paysages Sonic Youthiens dans lesquel ses ex congénères roupillent pépère. Si PJ Harvey et Bjork restent nos reines, la Gordon demeurera à jamais la plus punk des Reines Mères. A l' image de ces deux héros de mon adolescence c' est une infime partie des guitares rocks qui a enfin retrouvé le chemin de l' avant laissant le reste du monde indie dans un état de lobotomie vintage et de sclérose nombriliste qui ne fait plus du tout illusion. Même aux pires gougnafiers rock-critiques. Quitte d' ailleurs à abandonner un temps les cordes pour l' électroniques. Des plus jeunes mais tout autant cramés par la vie que Cave ont suivi leurs traces, The Fat White Family. L' Irlande quant à elle a tapé très fort à coup de réinvention chez Girl Band et avec une inespérée fraîcheur post-punk pour Fontaines DC et The Murder Capital. Chez les voisins Black Midi auront aussi fait très fort quand nos deux gars de Sleaford Mods, ils viennent de pondre l' album définitif de leur recette faite de trois bouts de ficelles, de beaucoup d' authenticité et de lucidité sociale. Mais laissons de côté le vieux monde occidental blanc et allons voir là où la musique a continué sa marche en avant de plus belle. avec un goût certain pour le brassage des genres et des cultures. Mais où allez-vous me dire? Et bien ...partout! Encore une fois le top annuel de DWTN traverse les mers et les océans à la vitesse du numérique. L' Afrique est au sommet. Que ce soit par sa diaspora ou sur ses terres elle est à la pointe. A peine remis du Gqom qui s' est infiltrée jusqu'à la pop r'n'b de Beyonce et le monde putride de Disney par la grace de DJ Lag, c' est le Singeli qui marque pas sa nouveauté et sa puissance novatrice. On le retrouve dans 4 albums classés. Version originale chez Duke, Sisso et Jay Mitta, puis version du futur avec le champion Slikback . Cherchez pas le futur des dancefloor, c' est chez ce jeune Kenyan et son label Hakuna Kulala au sein duquel on trouve LE disque Hip Hop avant gardiste de 2019, celui de Debmaster & MC Yallah. Pour en finir avec le Singeli faisons un détour par la France !!! Si si je vous jure, on a un compatriote à la pointe qui tâte du Singeli, Judgitzu aka Julien Hairon. Cet ethnomusicologue se revendiquant du punk et fondateur du label Les Cartes Sonores vient tout simplement de redorer notre blason national avec probablement LE grand single dancefloor de 2019 et une magnifique promesse pour l' avenir. L' Afrique continue également son appropriation du Post-Club via NON Worldwide avec Angel-Ho et Nkisi quand ce style continue par ailleurs son emprise mondiale (Amazondotcom, Elvin Brandhi). La diaspora africaine n' est pas en reste non plus. Quand Dj Nigga Fox, Nazar et DJ Firmeza portent le Kuduro portugais aux sommets c' est du côté de l' Angleterre et d' une de ses ressortissants Nigériennes que l' album de l' année est à aller chercher. Klein est la grande dame de l' année avec son "Lifetime". Premier "vrai" album et aboutissement réussi de ses recherches sonores mêlant Gospel, musique de film et expérimentations vocales. Un grand disque exigeant et teinté d'une salvatrice spiritualité moderne. De la Soul version 3D. A noter aussi qu' Outre Atlantique les senteurs africaines redorent le blason du jazz chez Angel Bat David et du collage sonore de Yatta. Et tout ça c' était pour l' Afrique Noire parce qu'il y a aussi le Maghreb et le Moyen Orient voisin! L' an dernier Deanna Abdelkader et surtout Zuli avaient cassé les idées reçues sur la région. En 2019, si l' iranien Sote a continué son travail en profondeur de mariage entre modernité et tradition, c' est chez l' égyptien 1127 et le saoudien Msylma que cette partie du globe a laissé loin derrière elle les occidentaux en matière d' électro pointu. Msylma se targuant de pouvoir être le seul et improbable enfant légitime que Scott Walker et Autechre ont eu ensemble. La diaspora joue aussi son rôle de passeuse entre les cultures avec la copine du club Chai, DJ Haram. Côté Amérique Latine il faut faire un détour impromptu par le Canada (!) pour le puissant brassage musicale détonnant et politique des Pelada. Et l' Asie dans tout ça? La chinoise 33EMYBW effectue avec talent elle aussi un fantastique travail de mixage culturel, temporel et géographique (y'a du footwork), et ce, sur sur le mode Post-Club bien sûr. L' indonésien Gabber Modus Operandi surprend tous les idiots du bon goût en remettant le très mal vu Gabber au goût du jour en le saupoudrant de Footwork et de Gamelan ! Revenons chez les occidentaux pour conclure cette belle revue des effectifs qui ont brillé en 2019. Toujours dans l' avant garde mais sur le socle d'une instrumentalisation classique Kali Malone nous a émerveillé avec son orgue et ses drones comme auparavant Sarah Davachi qui de son côté poursuit son petit bonhomme de chemin. Laura Cannell et Polly Wright se sont attaquées au premier des instruments, la voix, pour offrir un disque d' une beauté à couper le souffle. Côtés nouvelles têtes qui ont fait très fort dès la première fois on se doit de citer en premier lieu le berlinois XIN et son alliage à la fois bruitiste et planant fait de Drum& bass, de Hardcore et de Dubstep. Juste derrière lui on ne peut oublier la passionnante Loraine James et sa musique très personnelle faite de tout ce que l' Angleterre a produit ces trente dernières années (Dub, grime, jungle) et de manies de ses idoles de jeunesse, DJ Rashad et Laura Halo. On n' oubliera pas d' autres nouveaux venus moins tapageurs mais tout autant prometteurs, la française Malibu et l' américaine Ana Roxanne. 2019 a aussi prouvé que certains artistes adorés par ici sont de réelles valeurs sûrs. Holly Herndon s' est faite plus docile et facile d' accès sans pour autant cesser l' expérimentation tout comme les These New Puritans qui sont ,eux aussi, partis sur ces chemins hasardeux. Carla Dal Forno, Rian Treanor, Alessandro Cortini, Moor Mother, Not Waving en compagnie étonnante Mark Lanegan et quelques autres têtes bien connues de ce blog sont à rajoutés aux deux premiers. Les amours de jeunesse de ce blog tel le footwork sont comme d' habitude présents avec le retour inattendu de Dj Nate et celui de W00dy. PS: Comme il ne vous l' a pas échappé le 31 Décembre 2019 clôturait une décennie. Et qui dit décennie dit Top de la décennie. Alors...Patience ! TOP ALBUM 1. KLEIN Lifetime 2. GIRL BAND The Talkies 3. NICK CAVE & THE BAD SEEDS Ghosteen 4. MSYLMA Dhil-un Taht Shajarat Al-zaqum 5. BLACK MIDI Schlagenhein 6.SLIKBACK Lasaneku/Tomo 7. LORAINE JAMES 8. XIN Melts Into Love 9. HOLLY HERNDON Proto 10. KALI MALONE The Sacrificial Code 11. NKISI 7 Directions 12. MOOR MOTHER Analog Fluids Of Sonic Black Holes 13. CARLA DAL FORNO Look Up Sharp 14. FAT WHITE FAMILY Serfs Up ! 15. 1127 Tqaseem Mqamat El Haram 16. DUKE Uingizaji Hewa 17. LAURA CANNELL- POLLY WRIGHT Sing As The Crow Files 18. DJ NIGGA FOX Cartas Na Manga 19. KIM GORDON No Home Record 20. RIAN TREANOR ATAXIA 21. YATTA Wahala 22. FENNESZ Live At The Jazz Cafe 23. THE CARETAKER Everywhere At The End Of Time Stage 6 24. MC YALLAH & DEBMASTER Kubali 25. THESE NEW PURITANS Inside The rose 26. NOT WAVING & DARK MARK (Mark Lanegan) Downwelling 27. PELADA Movimiento Para Cambio 28. ALESSANDRO CORTINI Volume Massimo 29. AMNESIA SCANNER & BILL KOULIGAS Lexachast 30. CATERINA BARBIERI Ecstatic Computation 31. HELM Chemical Flowers 32. ANGEL BAT DAWID The Oracle 33. RICHARD DAWSON 2020 34. SLEAFORD MODS Eton Alive 35. 33EMYBW Arthropods 36. FKA TWIGS Magdalene 37. JAY MITTA Tatizo Pesa 38. KING MIDAS SOUND Solitude 39. DIS FIG Purge 40. GABBER MODUS OPERANDI HOXXXYA 41. SOTE Parallel Persia 42. SISSO MATESO 43. NIVHEK After Its Own Death/ Walking In A Spiral Towards The House 44. BARKER Utility 45. SARAH DAVACHI Pale Bloom 46. DJ NATTE Take Off Mode 47. ANGEL-HO Death Becomes Her 48. HTRK Venus In Leo 49. LOGOS Imperial Flood 50. BILLIE EILISH When We All Fall Asleep, Where Do We Go? TOP EP & SINGLES 1. JUDGITZU Umeme/Kelele 2. JONNINE Supernatural 3. ANA ROXANNE ~~~ 4. ANDY STOTT It Should Be Us 5. DJ LAG-OKZHARP Steam RoomS 6. WOODY My Diary 7. MALIBU One Life 8. NAZAR Enclave 9. LOFT And Departt From Mono Games 10. DJ FIRMEZA Ardeu 11. AMAZONDOTCOM Mirror River 12. LEE GAMBLE In A Paravental Scale 13. DJ HARAM Grace 14. LEILA BORDREUIL Headflush 15. ELVIN BRANDHI Shelf Life & RAIME Planted TOP LABEL Mais avant la liste annuelle des meilleurs labels il faut avant tout parler de la bad news de 2019. RIP BLACKEST EVER BLACK Comment aborder en quelques mots l' histoire de l' un des labels parmi les plus importants de la décennie écoulée? Impossible tant ce label a tenu de haute volée l' un des rôles fondamental que tout bon label doit tenir. Celui de défricheur et dealer préféré de votre serviteur en matière de musique électronique ténébreuse et audacieuse. Raime, Tropic Of Cancer, Pessimist, et la plus belle des pépittes, Carla Dal Forno avec dans un premier temps F Inger puis en solo par la suite. Créé il y a tout juste 10 ans par Kiran Sande, alors journaliste à Fact Magazine, BEB était devenu un des piliers des chroniques de ce blog. Les points de départs de cette aventures au travers des parties sombres de la musique et des sentiments humains furent deux influences majeurs remises aux goût du jour en cette fin 10's par une pelletée d' artistes. Bien avant les guitareux british ou ricains à la mode de nos jours ce label s' est toujours inscrit dans la lignée du post-punk le plus aventureux de la fin 70's début 80's. Et ce avec une certaine prédilection pour le Gothique, l' indus et les expérimentations les plus extrèmes. Mais loin de se borner à une époque précise et une niche stylistique Kiran Sande était aussi un enfant de la Jungle et de la culture électro des dancefloor apparue à la fin des 80's. Raime en surfant sur l' aspect dystopique et moderniste de la jungle tout en lorgnant sur les penchants sombres de l' indus et du gothique reste et demeurera à tout jamais comme l' archétype de la production Blackest Ever Black. Un classique absolu, "Quarter Turns Over a Living Line", puis un savant travail d' exhumation et de détournement de tout qui a pu passer par les dancefloors ces trente dernières années. Tropic Of Cancer servira de pendent plus "pop" mais toujours ô combien minimal à Raime et finira de tisser par l' intermédiaire d'un de ses membres les liens ténus unissant BEB à l' Hospital de Dominick Fernow. Cut Hands quant à lui entrainera l' esprit BEB en territoire tribal et la légende Régis y trouvera un abris digne de son immense talent. Dans le cahier des charges post punk BEB remplira avec talent la case curiosité et dépaysement en dénichant vers l' Australie sa trouvaille la plus belle, ou du moins la plus reconnue, Carla Dal Forno. Jamais on ne se remettra par ici de la rencontre nocturne de l' ambient infantile et terrifique de F INGER, le trio que la belle héritière de Nico formait avec Tarquin Manek et Samuel Karmel. Tout comme les premières publications sous son seul nom qui vont faire tant parler d' elle dans le petit monde indie jusque-là rétif aux sorties du label. Par la suite BEB offrira les collages sonores gauchistes de Tomorrow the Rain Will Fall Upwards (également un hommage caché à l' une des figures tutélaire du label Rowland S. Howard et un lein avec les cousins de HTRK) , la Drum'n'bass minimal de Pessimist, Ossia et ira jusqu' aux confins de la Russie dégoter тпсб avec son mariage détonnant de Jungle et d' ambient givrée. On aura même droit au fenchie de service en la personne de Jac Berrocal En faisant preuve à la fois de diversité et d' un profond respect de sa ligne éditoriale BEB est entré dans la légende des grands labels du passé et même si la tristesse d' un départ prématuré est persceptible elle se lie aussi au sentiment rassurant de ne pas observer à l' avenir à un de ces trop nombreux naufrage que l' histoire des labels indépendant nous a offert autrefois. Blackest Ever Black en 10 disques RAIME Quarter Turns Over a Living Line TROPIC OF CANCER Restless Idylls CUT HANDS Festival Of The Dead F INGER Hyde Before Dinner REGIS Manbeit RAIME Tooth CARLA DAL FORNO You Know What It's Life TOMORROW THE RAIN Will Fall Upwards PESSIMIST Eponyme тпсб Sekundenschlaf Playlist BLACKEST EVER BLACK LES PETITS JEUNES (qui ont fait beaucoup parler d' eux) HAKUNA KULALA, Ouganda (Slikback, MC Yallah & Debmaster, Villaelvin) SVBKVLT, Chine (33EMYBW, Gabber Moddus Operandi Slikback, Hyph11e) PRINCIPE DISCOS, Portugal (Dj Nervoso, Dj Marfox, Nidia Minaj, DJ Nigga Fox), DJ Firmeza (*) N.A.A.F.I. Mexique (Debit, Lechuga Zafiro, Omaar, Imaabs, Zut Zut) (*) HALCYON VEIL (USA)(Rabit & Chino Amobi, Msylma, Imaginary Forces, Mistress, Conspiracion Progresso) CLUB CHAI USA (Foozool, 8Ulentina, Jasmine Infinity) THE DEATH OF RAVE Royaume Uni(Teresa Winter, Rian Treanor, Gàbor Làzàr, The Sprawl, Sam Kidell) NYEGE NYEGE Ouganda (Bampa Pana) NON WORLDWIDE No Country (Alex Zhang Huntai, Chino Amobi, Farai, Dedekind Cut, Faka, Why Be, Klein, Embaci) GQOM OH ! (Afrique du Sud) (Dominowe, Citizen Boyz, Cruel Boyz, Forgotten Souls, TLC Fam) (Ceux qu'on aime bien mais qui n'ont pas fait grand chose) DREAM CATALOGUE (2814, Telepath, Equip) SUBTEXT (FIS, Emptyset, Paul Jebanasam) DIAGONAL (Powell, Not Waving, Elon Katz, Evol, Container, N.M.O, NHK Yx Koyxen, In The Mouth Of The Wolf, Russel Haswell) ORANGE MILK RECORDS (Giant Claw, Death's Dynamic Shroud, Jerry Paper, Uq Why, Dj WWWW, Foodman) LES GROS (Ceux qui ont fait leurs preuves) PLANET MU (RP Boo, Kuedo, DJ Nate, Ziur, Ital Tek, WWWings, Asher Levitas, Antwood, Jlin, Sami Baha, etc etc etc) PAN & Lost Codes (Label de Visionist) (Pelada, Amnsesia Scanner, Rashad Becker , Yves Tumor, Valerio Tricoli, M.E.S.H., ADR, Lee Gamble, Lotic, Visionist, Helm, Objekt, Kamixlo, Sky H1, Ling) TRI ANGLE (LOFT, Roly Porter, Brood Ma, Katie Gately, Rabit, Vessel, Holy Other, Balam Acab, Evian Christ, FIS, SD Laika etc...) HOSPITAL PRODUCTION (Shifted, Prurient/Vatican Shadow, Ninos Du Brasil, Dedekind Cut, Alessandro Cortini, Clay Rendering, Silent Servant) MODERN LOVE (Demdike Stare, Andy Stott, Low Jack, Miles, Millie & Andrea) HYPERDUB (Teklife, Jessy Lanza, Dj Taye, Babyfather/Dean Blunt, Burial, DVA, Endgame, Fatima Al Qadiri, Laurel Halo) TYPE RECORDINGS (Shapednoise, Basic Rythm, Kane Ikin, Insha, Zelienople, Sylvain Chauveau, Pete Swanson) NIGHT SLUGS & FADE TO MIND (Kelela, Kingdom, Nguzunguzu) & (Jam City, Girl Unit, L-Vis 1988, Egyptrixx) TOP FAILLES SPATIO TEMPORELLES Ils sont jeunes (ou parfois vieux) et font de la musique d'une autre époque. C'est franchement bien foutu et même parfois prodigieux mais seulement voilà...Merde !!! On est en ... 2017 et on les aime non sans gène. Faut vivre avec le futur! 1. JESSICA PRATT Quiet Signs 2. FONTAINES D.C. Dogrel 3. THE MURDER CAPITAL When I Have Fears 4. BOY HARSHER Careful 5. CHAI Punk 6. MICHAEL KIWANUKA Kiwanuka 7. WANISHING POINT The Age Of immunology 8. THE COMET IS COMING Trust In The Lifeforce of The Deep Mistery 9. JAMES BLAKE Assume From 10. ANGEL OLSEN All Mirrors TOP MONUMENTS HISTORIQUES Aussi beaux que l' architecture moderne même si c'est pas toujours révolutionnaire. Mais! Ça tient et ça tiendra toujours la route. Surtout, que la jeunesse prenne garde de ne pas y squatter trop longtemps. Eux, ils savent faire, vous les jeun's, prenez modèle mais surtout surtout, NE PAS COPIER, ça ferait du Made in China pour nouveaux riches. Vivez votre temps et préparez le futur! 1.HENRYK GORECKI - BETH GIBBONS, POLISH NATIONAL RADIO SYMPHONY ORCHESTRA Symphony N°3 2.BILL CALLAHAN Shepherd In A Sheepskin Vest 3.AUTECHRE WARP Tapes 89-93 4.PURPLE MOUNTAINS Eponyme 5.COSEY FANNI TUTTI Tutti 6.SUNN O))) Life Metal 7. DEERHUNTER Why Hasn't Everything Already Disappeared 8. CLINIC Wheeltappers And Shunters 9. STEVE MASON About The Light 10. THE CHEMICAL BROTHERS No Geography
- MANNEQUIN PUSSY, la surprenante métamorphose.
Ma première écoute des Mannequin Pussy c' était à l' occasion de leur deuxième album "Romantic". Et la sentence fut "ça casse pas trois pattes à un canard". La deuxième fois, poussé par une chronique typiquement Chauvino-Pitchforkienne de leur troisième, "Patience", la sentence fut "même le canard ferait mieux". Pour la troisième fois, il y a quelques jours avec "I Got Heaven", la sentence devint : "Putain ! " et de filer m' ingurgiter le canard, plumes comprises, en guise de pénitence. Vous l' aurez compris tel le palmipède déjà cité, Mannequin Pussy est l' exemple parfait de ces groupes patauds et lourdauds qui tanguent sur une crête tout en hésitant sur quel chemin prendre. Ils sont tombés souvent dans le précipice de l' insignifiance quand ce n' était pas celui de la grandiloquence putassière. Mais cette fois non seulement ils ont filé droit mais ont miraculeusement réussi un merveilleux envol inespéré. Ce fut long, 14 ans de carrière, mais on est bien plus que simplement agréablement surpris par la tournure que prend leur carrière. "I Got Heaven" les propulse en tête d' un peloton Indie américain d' où s' échappent depuis quelques mois des formations enfin pertinentes et bluffantes après des années de marasme rétrogaga. Ce disque est puissant. C 'en est même la caractéristique principal. Ce disque est également terriblement accrocheur. Bref il est Power Pop tout simplement. Ce n'est pas pas la première fois ces derniers mois que ce courant qui a connu plusieurs incarnations au cours de l' histoire réapparaît dans mes pensées à l' écoute de certains groupes ricains. La Power Pop désignant un style mêlant mélodies accrocheuses et puissances sonores semble être un peu comme le monstre du Loch Ness. Alternant les périodes d' absences et celles d' apparitions courtes mais tonitruantes. Première vague dans les 70's avec les géniaux Big Star ou les Rasperries et Badfingers. Suivront celle des 80's très grand public amenant même à un certains dégoût (The Beat ou The Knack) et enfin et surtout beaucoup plus digérable et pertinente celle en provenance de l' Indie des 90's, Lemonheads, The Posies, Weezer, Matthew Sweat, Teenage Fanclub et Sugar. Toutes ces formations sous la grande influence des Primitives et des Replacements qui les avaient précédé de peu. Depuis des mois l' Amérique semble vouloir y regoûter. Et pas seulement. Bien évidemment il ne s' agit pas réellement d' un Revival en bonne et due forme mais certains aspects transpirent chez certaine formations Indie qui ont la côte tel Hotline TNT, Alvvays ou les Coréens de Parannoul. Pour la plus part il faut faire preuve d' une certaine connaissance dans le domaine pour discerner les éléments Power Pop de ceux provenant de la Noise Pop voir d' un Shoegaze aguicheur. En fait c' est le trait caractéristique de cette nouvelle génération qui ne veut (ou peut) plus assumer des aspiration rétros faciles et simplistes. Les 90's dans le viseur ils ne se contentent pas de copier une ou deux références stylistiques mais de brasser tout un ensemble d' influences parfois éloignées d' une manière réellement inédite. Il semble qu' une nouvelle fois on assiste à une réponse à l' autre dans l' éternel dialogue parfois houleux entre l' Amérique et le Royaume Uni. Ces derniers nous ont dégoupillé le retour d'un Post Punk qui à présent tourne à l' overdose et voilà que les yankees en tapant eux aussi dans le passé amène l' Indie Music à tenter de se renouveler enfin. Les Mannequin Pussy n' échappe pas à ce phénomène Outre Atlantique et eux aussi amènent parfois à repenser à la Power Pop. Comme les autres ce ne sont à proprement parlé que des sensations évoquant la Power Pop mais il est indéniable que leur production puissante est ce qui en rapproche le plus et ce avec une certaine maîtrise des crochets Pop. Leur penchent Power Pop s' était déjà révélé sur le précédent "Patience" mais à l' époque comme je l' évoquais plus haut les Mannequin Pussy faisaient preuve d' une certaine maladresse si ce n'est d' un passage en force totalement grossier et pataud dans leur évolution et leur songwritting. Hésitant donc entre Hardcore Punk, Power Pop et des affinités Indie Pop jusqu' à en faire trop ou pas assez. Ce disque par moment évoquait l' aguichante Power Pop 90's mais également le rock FM de l' époque qui profita du phénomène Nirvana pour nous asséner sa musique pseudo Indie Rock Grunge Métal mais calibrée pour les stades et les radios (Soundgarden, Alice In Chains). Ce qui marque avant tout le virage opéré et surtout l' élévation du niveau dans "I got Heaven" c' est un savoir faire enfin atteint et leur habilité inédites dans l' alternance de textures sonores et la variété des compositions. On peut véritablement parler d' un Crossover stylistique encré dans les 90's qui ne semble pas forcé. Toujours adeptes de titres débridés ils oublient enfin leurs gros sabots quand ils décident de passer au Mi-Tempo typiquement Indie. Le titre inaugural qui donne son nom à l' album est la plus parfaite illustration. "I Got Heaven" débute dans la plus pure tradition Punk Hardcore puis subitement opte pour un refrain Indie 90's introspectif et planant très Shoegaze. Peu après "Nothing Like" suggérera encore plus My Bloody Valentine et leurs compères de l' époque. Des titres comme le très Pixien "Loud Park", "I Don't Know You" et "Sometimes" dressent quant à eux un très large tableau de ce qu' était la diversité Indie dans les 90's. "OK! OK? OK! OK?", "Aching" et "Of Her" coche l' obligatoire case Punk Hardcore mais face au reste de l' album ces trois titres , peut être par soucis et une volonté de ne pas passer pour des vendus aux yeux de leur scène d' origine, par leur aspect "conformiste" en deviennent un brin anecdotiques et surtout révélateur du virage opéré. Révélateur comme l' est également le sens général des paroles de la leader du groupe, Marisa Dabice. Bluffante par sa capacité de passer de la vocifération Punk au chant fragile et éthéré elle assume également qu' auparavant elle et ses comparses avaient probablement bien de mal à abandonner leurs laisses. Celles du patriarcat, de la religion, des carcans stylistiques et des velléités commerciales. "I got Heaven", imprégné enfin d' une réelle énergie féministe qui n' aligne plus les clichés un peu trop facile, devient un symbole de libération. Plus du tout adepte de l' emphase surjouée par le passé Dabice se révèle bravache et n' hésite plus à afficher ses propres contradiction et celle de son groupe. Mannequin Pussy avec leur quatrième album a donc franchi un cap jusqu' à nous offrir l' une des plus belles réussites de l' Indie de ce début d' année. On peut certes s' interroger sur les motivations réelles, opportunisme ou libération artistique comme suggéré par les paroles, d' une formation qui semblait se chercher maladroitement depuis très (trop?) longtemps. En attendant ne boudons pas notre plaisir tant ce disque est jubilatoire par sa force et son art de conjuguer le passé sur un mode totalement affranchi et un brin original.
- CINDY LEE, dysphorie pop ou, la vie après l' indie music des Women.
Qui se souvient du groupe Women? En fait tous ceux qui l' ont écouté au début des 10's. Women était le cas typique de la formule gagnante d'un groupe d' indie en pleine rétromanie. Un référenciel ad hoc sans faute de goût selon la doxa "indie". D' abord un amour puissant et assumé envers les matrices 60's du courant, le Velvet Underground pour l' âme et The Beach Boys pour les voix. Une connaissance parfaite du post-punk, l' intransigeance des Swell Maps, le goût du risque des This Heat et le savoir pop accrocheur sans avoir vraiment l' air d' y toucher des Wire. Et enfin une éducation faite pendant les 90's sous les règne de Pavement et de Sonic Youth. Ajoutons à cela un certain talent, un chanteur à l' âme torturé avec la petite dose du truc en plus et ces canadiens avaient tout pour devenir Deerhunter à la place de Deerhunter dans le coeur des indies boys. Mais seulement voilà, l' aventure s' est clôturée en eau de boudin quand les membres se sont mis également à plagier les deux frangins d' Oasis en plein concert. Comprenez pas la musique des mancuniens mais l' art de se foutre sur la gueule en famille à tout moment. Et surtout au plus mauvais. Après le désastre la partie rythmique fila former le maladroitement nommé Viet Cong pour finir par s' appeler Preoccupations et continuer un intéressant travail de déconstruction post punk sous les projecteurs des médias indies. Pendant un temps on ne su pas trop ce que devenait le chanteur Patrick Flegel. A vrai dire tout le monde s' en foutait un peu du bonhomme dans les site indie tant ses anciens comparses faisaient parler d' eux en peignant dans le sens du poil le nostalgico-gaga. Oubliant de plus en plus les 60's et les 90's en lorgnant de plus en plus sur la période 1978-83 britannique devenue alors la grande marotte à la mode les Viet Cong/Preoccupations voyaient chez eux le charme des Women disparaître au profit de manières adéquates pour taper l' incruste dans festivals nostalgiques. 10 ans après le grand et émouvant "Public Stain" des Women on sait enfin qui dans le groupe s' accrochait aux 60's pop d'un Brian Wilson et aux 90's de Sonic Youth. Patrick Flegel ! Et on sait aussi que l' un des petits trucs charmants en plus, une certaine fragilité alors indéfinissable des Women, c' était aussi lui! Sur le tout récent cinquième album de Cindy Lee beaucoup d' aspects semblent rendre justice au solitaire et nous redonner ce que ses anciens collaborateurs ont perdu. Cindy Lee qui semble avoir d' abord été un groupe puis devenu progressivement un projet solo s' évade de l' autoroute indie et offre un chemin de traverse franchement intriguant et charmeur. Je serai réducteur et un brin feignasse, voir carrément salopard, je ne pourrais pas m' empêcher pour présenter ce "What's tonight to Eternity" de vous balancer uniquement sa pierre angulaire. Un vieux titre des Sonic Youth qui n 'était rien d' autre qu' une magnifique reprise. Dégeulasse de résumer l' affaire Cindy Lee par ce qui va suivre tant Flegel a considérablement développé et approfondi ce qui peut se révéler être le concept musicale. Détruire la pop mainstream 60's par des manières punk et post-punk de Sonic Youth. Abordons tout de suite la singularité de Cindy Lee face aux légendaire "Superstar" de la clique New Yorkaise. Bien sûr qu' il y est beaucoup question du destin tragique de Karen Carpenter et de ce que recèle comme lâchetés, mensonges, manipulations et autres secrets peu glorieux de l' arrière salle de la pop mainstream et du showbuisness. Bien sûr aussi que comme le note le dossier de presse le travail de Flegel en solo est "l' exploration permanente de l' art, de la guitare électrique" et qu' il s' agit en grande partie des habitus Sonic Youthiens. Mais la fin de la citation apporte un vaste sujet pas vraiment abordé chez Thurston Moore et compagnie: "(...) l' identité Queer et l' expression de Genre." Patrick Flegel explique avoir désiré assumer totalement son identité transgenre après l' épisode Women en passant par la transformation de son apparence dans un premier temps . Le merveilleux "What's tonight to eternity" déroule la suite du processus en étant une juste et émouvante description de la dysphorie , la détresse psychologique des transgenre. La musique est à l' image des émotions brossées par Flegel. On ne tombe jamais dans la caricature facilement classable stylistiquement. Il apporte une dicersification et une richesse sans rompre le juste et fragile équilibre enfin obtenu après 5 albums. Ses aspirations pop sont parfaitement contrebalancée par sa maîtrise du bruit et l'on ne sait jamais réellement de quel côté on va tomber.. Les accroches pop spectrales sont ainsi suffisamment maltraitées pour ne pas permettre une nostalgie rance et un poil trop sage. Le chant androgyne et la texture du son flirte beaucoup trop avec le surréalisme pour que le nostalgico-gaga ne retrouve son cocon aseptisé. Si on ne peut pas vraiment le classer dans ces deux styles il est très clair que Cindy Lee est proche de l' Hauntology music et de l' Hypnagogic Pop par bien des aspects. Entre nostalgie et volonté de quitter définitivement un passé pas si rose que ça. Souvent on pense à des Broadcast produit par Lee Renaldo et Moore. Ou bien à une version mutante parfaite d' Ariel Pink enfumé croisé avec son faux frêre John Maus et ses synthés tonitruants. A d' autres moment avec cette voix fantomatique et une production volontairement abîmée à The Caretaker de James Kirby et son travail sur la mémoire si ce n' est pas à la production de Yves Tumor. En fait c' est bien dans ce courageux largage des amarres indies pour voguer sur les mers convoitées par ce blog qu' une grande partie du charme de Cindy Lee demeure. Repenser aux récents travaux de ses ex camarades de Women apporte un nouvel éclairage et une réponse clair à ce qui à fait dépérir l' indie music. On peut être nostalgique mais dans ce cas faire de la musique doit réclamer une sacrée dose de remise en soi, d' ouverture d' esprit et de réflexion envers certaines chose mal vues ou intimidante dans la doxa Indie. Il est vrai que pour cela il faut du temps et Patrick Flegel l' a pris mais les 9 titres puissants de cet album donne un ensemble difficilement inclassable pour servir de canot de secours aux derniers rescapés du naufrage indie avant le naufrage définitif qui selon les dernières observations risque fort bien de se resumer au tout dernier Tame Impala. Une forme aguichante mais sans fond. Et bien Cindy Lee offre les deux et déchire les coeurs.
- JLIN, quand le Footwork fout le bordel à l' auditorium.
"The most exciting music is one that physically demands the body to move in unfamiliar ways" ("La musique la plus excitante est celle qui oblige physiquement le corps à bouger d'une manière inconnue") Steve Goodman Aka KODE 9 Après 6 longues années d' attente Jlin revient au format album studio classique. La reine du Footwork était attendue au tournant. Quelle orientation pouvait-elle bien prendre après les titanesques "Dark Energye" et "Black Origami" ? Allait-elle continuer d' amener le Footwork en territoires éloignés de son lieu d' origine ou opérer un retour au source? "Akoma" perpétue les bonnes habitudes prise dès le début de sa carrière et amène le style musicale chicagoan au-delà de toute espérance. (Pour les retardataires utilisez le mot clé histoire de rattraper le temps perdu) Au cours des 6 années séparant "Akoma" et "Black Origami" Jlin n' a pas cessé d' évoluer . Deux ep passionnants, "Embryo" qui la voyait s' approcher inexorablement de l' IDM d' Autechre et Aphex Twins et enfin "Perspective" l' an dernier qui confirmait ses accointances pour le minimalisme et le Glitch. Avec ce dernier elle franchissait un palier supplémentaire en collaborant avec le Third Coast Percussion Ensemble jusqu' à devenir finaliste du prix Pulitzer. Auparavant elle avait publié "Autobiography", musique composée pour le spectacle de danse contemporaine de Wayne McGregor. Le statut de Jlin a continué quant à lui de grandir et le grand espoir du Footwork est devenue une référence absolue en matière d' avant gardisme musical jusqu' à sortir du cadre unique de son courant d' origine. Pas pour rien que son nom a été associé à la crème des crèmes dans le domaine et quelque soit le genre, SOPHIE, Ben Frost, Holly Herndon et la reine Bjork. Et ne parlons de la vénération que lui voue Aphex Twin. Avouons tout de suite qu' "Akoma" n' atteint pas immédiatement l' intensité de ses deux prédécesseurs en matière de choc futuriste et de surprise mais on peut mettre cela sur le compte justement des Ep's qui ont ponctué l' intermède en nous dévoilant progressivement les développements artistiques de l' américaine. Il faut rappeler pour les néophytes à quel point la sortie de "Dark Energy" atteignait comme de très rares exceptions avant lui les sommets révolutionnaires des dancefloors. Un véritable cathaclysme digne de celui provoqué par la Jungle 20 ans plus tôt. Moins clinquant et désarçonnant mais bien plus diversifiée et accessible. Le quidam peut ainsi toujours s' accrocher à des sonorités un brin moins étranges tel celles lorgnant sur le Jazz, le Trap, le classique Moderne avec le minimalisme et les passés Techno de Detroit et de la Rave. A vouloir colorer son Footwork expérimental d' une multiple palette Jlin ne perd pas non plus son encrage dans le genre qui l' a vu naître. Au fil des titres Jlin nous entraîne dans une pérégrination l' amenant des Dancehall de Chicago pour aller sur les Dancefloors européens en passant par des salles bien plus institutionnelles et académiques. Et en chacun des lieux et styles cités elle fout le bordel et casse les préjugés et le conformisme tout en poussant à entamer une danse de Saint Guy inédite. Au fil des 11 titres on va en croiser du beau monde. Bjork ouvre le bal suivi par le quatuor Kronos et enfin l' un des papes du Minimalisme, Philip Glass en personne. Mais avec Jlin la collaboration n' est pas un simple cache misère divertissant comme chez tant d' autres. A l'images de la voix de Bjork à peine reconnaissable l' américaine ne la joue pas petit bras ou fan trop respectueuse. Son art et sa maîtrise sont si forte que c' est bien elle qui vampirise les artistes cités. Si sa musique mérite toujours une attention particulière tant les détails sont importants elle se révèle toujours aussi dérangeante, stimulante et hypnotique qu' aux premiers jours. Le chemin parcouru depuis son apparition sur la légendaire compilation Bangs & Works Vol.2 de Planet Mu est gigantesque et le palier franchi par "Arkhoma" encore phénoménal. Jlin avait marqué la décennie précédente et ce disque est une affirmation sans contestation possible que les 20's seront encore celles de la reine du Footwork.
- BIANCA SCOUT, étrange musique hantologique du présent.
Dans le radar de ce blog depuis belle lurette Bianca Scout délivre enfin le grand disque espéré. Un bien étrange songe musicale dont on en sort pas indemne. Cela fait 10 ans que le nom apparaissait régulièrement dans l' Underground. De Bianca Scout jusqu' à présent on ne savait seulement qu' elle possédait un sacré carnet d' adresse tant elle illuminait de sa présence les travaux des autres. Et quels "autres". Croisée aux côté des merveilleux Mica Levi, Coby Sey, Space Afrika, Klein et bien d' autres on prévoyait que tôt ou tard cette danseuse de formation souvent dans l' hombre allait à son tour avoir droit à la lumière de l' avant garde Ambient. Restait à savoir de quelle manière. La native de Newcastle en est partie très vite pour rejoindre le Sud de Londres. D' abord connue pour ses prestations dans la sphère de la danse elle s' est donc très vite acoquinée avec le gratin cité plus haut. Suivrons trois albums solo sortis en catimini et encore très difficilement trouvables. Sans faire de bruit elle creusait son sillon. Souvent une Ambient à base de collage sonore lorgnant plus ou moins sur la Pop. En parallèle on la verra collaborer en duo avec Martyn Reid au sein du projet Synthpop Marina Zispin ou encore aux côtés d' Elena Isolini pour une Ambient Pop aux senteurs Folk. 2023 marque un tournant qualitatif. Scout franchit un palier avec son quatrième, "The Heart Of Anchoress". Découvert trop tardivement par votre serviteur il en fallu peu pour qu'il tape l' incruste dans mon Top annuel. "The Heart Of Anchoress" voyait Bianca Scout cesser de tâtonner pour atteindre une réelle maîtrise. Plus assurée elle délivrait une Ambient parfois Pop aux sonorités fortement Hypnagogic Pop mais finalement Hantologique parce que travaillant sur la nostalgie sans l' être réellement. (Pour les retardataires sur ce sujet allez ici et là) Enregistré en partie dans une église afin de bénéficier de son orgue cette musique éthérée ne cachait pas ainsi l' influence de la nostalgie sur son autrice mais évitait que ce sentiment commun à tous ne devienne donc un refuge définitif s' approchant en définitive d' une prison . Bianca Scout n' effectue pas un repli sur le passé mais affronte le présent tout en domestiquant les spectres musicaux d' autrefois. Le récent "Pattern Damage" fait plus que confirmer la progression opérée par le précédent. Il l' accélèrent et la renforce. La palette stylistique dévoilée sur les dix années écoulées s' est concentrée en seulement 12 titres et ce avec une maestria rare. Electro Dark ("Desert"), la Musique de Chambre ("Forest Spirit" et "Lead Us") ou la DreamPop Lo-Fi. À certains moment on peut penser à l' Illbient quand en parallèle l' utilisation des techniques Chopped & Screwed confirme la largesse d' esprit et la curiosité de Scout. "Passage" est un clin d' oeil R&B appuyé à la version alternative du genre que nous offrent le duo magique Tirzah et Mica Levi. C' est donc une Ambient Pop bien plus complexe qu' elle en a l' air lorgnant sur la musique Classique mais surtout imprégnée de l' esprit Post Punk. Et c'est peut être bien cet état d' esprit qui fait tout le charme quand il est au service d' une musique faussement rêveuse et pas rétrogaga. Bianca Scout affronte sans fausse pudeur l' époque de troubles profonds que nous vivons, cette succession de trop plein numérique et de vide existentiel comme l' illustrent ses paroles incisives assez détonante dans l' Ambient. C' est à la fois hypnagogique et anesthésiant mais surtout pas soporifique quand Bianca Scout nous raconte un terrifique présent dystopique et technocratique. Selon ses dires ce disque aborde les traumatismes et l' importance des réponses qu' on leur apporte. Des réponses qui parfois ne poursuivent qu' une boucle infernale quitte à entraîner des traumatismes chez les autres et soi même. J' ai beaucoup penser à Leyland Kirby aka The Caretaker tant la musique de Bianca Scout possède ses senteurs et sonorités profondément Hauntologic. Mais à la différence de son compatriotes ce n' est pas vraiment une relecture d'un passé lointain et identifiable affirmant la disparition d'un futur (Derrida) mais l' utilisation d'un passé flou dépourvue d'une vénération isolationniste pour mieux décrypter et traverser le présent. Moins cynique, plus combatif. Album d'une beauté foudroyante "Pattern Damage" s' inscrit parfaitement dans le renouveau apporté par une certaine scène britannique expérimental les pieds bien encrés dans le bitume de nos villes. Les Space Afrika, Klein, Coby Sey ou encore Tirzah. Il est à noter qu' après Space Afrika, Jack Muir et la très étrange Hip Hop Ambient du non moins bizarre Yungwester le jeune label mancuniens Sferic tape fort encore une fois et ravive à merveille la flamme de l' histoire musicale tant vénérée ici de cette cité anglaise et est appelé à devenir une boussole essentiel pour la musique britannique dans son ensemble.
- CHUQUIMAMANI-CONDORI aka ELYSIA CRAMPTON, retour tonitruant.
Disque sorti en catimini à la fin de l' année dernière et qui plus est sous l' un de ses pseudos le moins connu, la dernière oeuvre d' Elysia Chuquimia Crampton est encore un sommet et justifie une fois de plus la vénération quasi obsessionnelle dont jouit l' artiste américaine dans ce blog depuis près de 10 ans. On n' avait plus vraiment de nouvelles d' Elysia Crampton depuis son gigantesque "Orcorara" de 2020 (ici) si ce n'est les comptes rendus des multiples expositions artistiques auxquels elle avait participé (Centre d' Arts Contemporains de Genève, MOMA de New York). L' attente parut longue et on commença à s' inquiéter et spéculer sur le fait que l' artiste d' origine Aymara-Bolivienne née aux états Unis ne cesse de produire de la musique préférant les salles expos et les arts visuels. On hésita même à en parler au passé et commencer à dresser le bilan d' une carrière mirifique à l' influence gigantesque tant on était habitué à son rythme effréné de production (environ un album par an). Pour ceux qui ont loupé les débuts de la grande histoire d' amour qui unit ce blog avec Crampton on vous conseillera d' utiliser son mot clé afin de rattraper le temps perdu mais comme on est gentil on va faire le petit résumé de l' un des personnage les plus marquant de l' avant garde électro. Cette artiste multicarte apparu aux débuts des 10's marqua les esprits dès 2013 avec "The Light That You Gave Me To See You" enregistré sous le pseudo E+E. Avec de faibles moyens tel des échantillonneurs et des synthés ce disque au fortes senteurs d' électro Latine et de Cumbia Digital se révélera au fil des années comme l' une des pierres philosophales de la Deconstructed Club (par là). Disque en avance sur son temps il fut suivi du tout autant essentiel "American Drift" sous l' étiquette Elysia Crampton. C' est réellement avec ce dernier qu' elle acquit une reconnaissance mondiale dans le milieu alternatif. Elle y dévoilait sa fibre d' historienne de la musique et de sa culture au travers de titres abordant l' histoire de la Virginie mêlée à ses origines latines. Au fil des sorties discographiques elle ne cessa de s' interroger sur ses racines Aymara et de nous questionner sur le passé et le présent colonial ainsi que sur le sujet LGBT. La musique de Crampton est restée jusqu' à présent assez difficile à définir mais peut aisément être résumée comme être l' un plus beau mariage de l' avant gardisme électro avec la Folk Sud Américaine. Le présent et le passé. Ses Sound Collage et ses expérimentations ont produit une musique aux forts pouvoirs psychédéliques susceptible parfois de charmer le milieu Indie. Sorti uniquement sur Bandcamp sous le nouveau pseudo de Chuquimamani-Condori ce disque intitulé "DJ E" marque un virage affirmé vers une radicalité artistique encore plus assumée. Dans ses très rares interviews Crampton a souvent déclaté vouloir aller vers une musique "plus moche" parce que sans compromis. Pour le coup c' est réussi mais tout dépend bien sûr ce que l'on entend par "musique moche". Il faut comprendre par "Moche" que la volonté de Crampton est de créer une musique allant à l' encontre de ce que les médias et l' industrie tentent de nous imposer. Soit une musique "agréable", "d' ambiance" (rien à voir avec l' Ambient en tant que genre artistique et plus avec un but "utilitaire"). Une musique suffisamment discrète pour ne pas perturber nos petites vies de consommateurs et votre productivité. Peu de chance de retrouver un des 7 titres de "DJ E" dans une playlist spotify diffusée dans les Open Space des grandes entreprises ou les robinets à clip et les radios. Pour arriver à ses fin Crampton/Chuquimamani-Condori a décidé de ne pas masteriser ses titres. En évitant la compression une fois le titre terminé les contrastes sonores ne sont pas atténués comme nos oreilles de consommateurs y ont été habituées. Le choc peut se révéler assez perturbant et il faut un certain temps d' acclimatation pour pouvoir percer à jour les multi couches sonores qui parfois flirte avec l' atonalité. Par traitement numérique et compression hors mastering elle superpose donc les couches et les samples jusqu' à parvenir à un miraculeux équilibre de la dissonance. Il est très difficile parfois de trouver l' origine stylistique et quels instruments sont utilisés à force d'un immense travail d' hachage et de distorsion même si certains courants musicaux latino-américain sont assez identifiables tel les boliviens Saya, Caporal ou Huañyo. Crampton afin d' expliquer cette superposition dit s' être inspirée d' un rite ancestral Aymara: "le son de nos cérémonies de l'eau, les 40 groupes jouant leurs mélodies en même temps pour créer la cacophonie de la première aurore et l'appel de l'étoile du matin Vénus". L' auditeur se retrouve confronter à un brouillard sonore opaque désorientant amenant à une profusion de sentiments multiples et incontrôlables. Progressivement de cette mélasse hallucinatoire , et si l' auditeur veuille bien s' en donner la peine, filtre une lumière et des couleurs hypnotique susceptible de vous élever pour atteindre une plénitude jubilatoire. Crampton réussit à amener jusqu' à une sorte de catharsis rarement atteinte. Elysia Crampton nous avait manqué au cours de ces 4 dernières années et elle nous revient encore plus passionnante et intègre. Malgré plus de dix de carrière c'est une proposition encore et toujours enrichissante et révolutionnaire que celle de cette artiste.
- JLIN, quand le Footwork fout la merde sur les Dancefloors il évoque ...Autechre!
La reine Jlin nous avait laissé sans nouvelles depuis 2018 avec sa bande originale "Autobiography" pour le chorégraphe Wayne McGregor. Recluse dans son château-laboratoire sa seule missive reçue de sa part durant ces trois années fut le titre prodigieux "JSLOIPNHIE" produit avec la regrettée et géniale SOPHIE. Titre pour le non moins important "meilleur festival du monde" Unsound. Cette fin d' année la voit enfin revenir sérieusement aux affaires par le biais d'une vraie sortie discographique. "Embryo", ep de 4 titres, est probablement un tournant dans sa carrière. Même si cela reste à confirmer, il peut s' agir également d' une échappée stylistique sans lendemain, Jlin s' y renouvelle assez profondément et il en restera toujours des traces dans ses œuvres à venir. Jlin s' empare de l' héritage électro 90's et offre une cure de jouvence sonore et inédite dans le petit monde Footwork qui l' avait vu naître. A ce jour "Embryo" est peut être son disque le plus ouvertement Deconstructed Club dans une carrière qui l' avait vu s' éloigner de ses congénères Footwork pour s' emparer de tout ce peut être appeler "percussion" de par le monde. Beaucoup de sonorités Acide et un étonnant 4/4 tentant de se faufiler dans sa frénésie rythmique habituelles la voient s' approcher du Detroit légendaire 90's. Faut dire que les similitudes entre sa ville d'origine Gary dans l' Indiana et celle de la capitale Industrielle du Michigan sont nombreuses en matière de friches industrielles laissées à l' abandon et déshumanisées. "Embryo" est à la fois frénétique et sombre, euphorique et pessimiste. C' est peut être l' apparition de sons réellement électro s dancefloors croisés dans l' IDM mais les comparaisons avec un Aphex Twin et Autechre se multiplient ces derniers jours dans les chroniques. Totalement justifiées ces comparaisons peuvent se révéler un brin réductrices tant Jlin ne plagie jamais et son art n' appartient qu' à elle. Même en s' emparant d' éléments du passé identifiables par instant elle reste et demeure l' une des artistes les plus innovantes de notre époque. Hâte de voir la suite surtout que la Reine Footwork annonce travailler enfin sur le successeur de l' immense "Black Origami".
- BILL RYDER-JONES, une merveille Chamber Pop.
Il faut parfois du temps à un artiste pour produire un chef d' oeuvre. Cela fait 28 ans que Billy Ryder-Jones traîne sa bosse dans le milieu Indie britannique. Avec son 5 ème album "Iechyd Da" il nous offre la merveille absolue que l'on attendait pas vraiment de lui en solo et plus du tout de son ancien groupe The Coral. La carrière de Bill Ryder-Jones a débuté quand à 13 ans il incorpore le groupe de ses potes d' école qui allait devenir The Coral. La formation de Liverpool sera très vite appelée à devenir le fer de lance du revival des guitares en Grande Bretagne aux côté des Libertines à la suite des ricains The Strokes et White Stripes. The Coral se démarquèrent très vite de leur tumultueux compatriotes londoniens en délaissant le Garage Rock pour aller vers plus de psychédélisme et une production plus pop avec le très lourd héritage liverpoolien musicale à porter. Assez vite Ryder-Jones rencontra de très sérieux problèmes psychiques au cours des tournées ce qui l' amènera à quitter le groupe une première fois avant de revenir en studio pour le chef d' oeuvre "Roots & Echoes" auquel il donne une patine Baroc Pop en composant certains arrangements de cordes. Il se sépare du groupe définitivement en 2008 toujours à cause de ses difficultés à entrer sur scène mais également parce que les velléités commerciales du groupe devenaient trop forte à ses yeux. Débarrassé des tournées épuisantes et des emmerdes promotionnelles Ryder-Jones se remet rapidement à la musique en signant plusieurs B.O. pour finalement passer aux albums studios classiques et ainsi s' affirmer. Un premier, "If", confirme ses accointances pour les cordes et les univers des compositeurs de musique de film. Se dévoilent également les influences de Nick Cave, Syd Barrett et les trop vite oubliés gallois de Gorky's Zygotic Mynci. Un deuxième, "A Bad Wind Blows In My Heart", le voit s'orienter vers le Folk d' un Bill Callahan (Smog) pour ensuite avec le suivant revenir un peu plus près du Rock de ses débuts sous l' influence des Strokes mais aussi celles d' autres gallois Super Furry Animals. Et ce avec un léger accent Slacker Rock à la Pavement. C 'est avec le quatrième album que Ryder-Jones commença à vraiment me titiller les oreilles. Faut dire qu' avec "Yawn" il touchait certaines de mes cordes sensibles quand des sonorités Shoegaze accompagnait un chant évoquant le légendaire Michael Head (The Pale Fountains, Shack) et flirtant parfois avec l'univers des Cure. En parallèle de sa carrière solo on verra Ryder-Jones se mettre à la production pour plusieurs groupes dont son idole Michael Head et participer à l' aventure Chamber Pop The Last Shadow Puppets tout en accompagnant sur scène les Arctic Monckeys en tournée. Bref vous l' aurez compris Ryder-Jones sans réellement être sous les feux des projecteurs a construit une de ces solides carrières underground susceptibles à tout instant de se propulser aux sommets par ténacité et intégrité. Avec "Iechyd Da" c' est exactement ce qu' il vient de se passer. Immense succès critique et commercial tellement mérité. Mettons très vite l' aspect comptable de côté parce qu' il y a tant à dire sur ce nouveau joyaux Chamber Pop de la couronne. Denrée en provenance de Grande Bretagne devenue bien rare. "Iechyd Da" est un solide bon en avant créatif pour un artiste qui faisait jusqu' à présent dans le bel ouvrage artisanal sans grandes prétentions. Ryder-Jones affiche dorénavant une sacré ambition et réussit là où beaucoup se sont plantés. On peut même avancer qu' il dépasse largement le projet The Last Shadow Puppets des stars Alex Turner et Miles Kane auquel il avait participé. Ce disque offre une forme de dualité assez surprenante mais réussie. Profondément émouvant tant son auteur se met à nu comme par exemple quand il nous parle du poids du confinement sur ses problèmes psychiques. C' est également le cas lorsque flotte sur certaines paroles le fantôme d'un frère mort trop tôt. Sa voix douce et blessée rajoute en trouble quand elle aborde des sujets souvent lourds. Une voix touchante qui évoquera pour les plus anciens une autre tout autant déchirante, celle du regretté Mark Linkous de Sparklehorse. L' emploi d' une esthétique acoustique par la guitare notamment amplifie encore plus le lien avec l' américain décédé en 2012. Face à autant de délicatesse et de fragilité Ryder-Jones opte en contrepoint pour des orchestrations de cordes et des cuivres majestueux apportant à l' ensemble une teinte très cinématographique et lyrique. Sa production se révèle parfaite et paradoxalement puissante. C' est mélancolique et à la fois exaltant. Épique et Humble. Douceur et grandiloquence ne donne pas toujours de bons mariages mais dans le cas de "Iechyd Da" cela ne sonne absolument pas faux. Ce type nous raconte ses petits et gros problèmes personnels mais on est jamais dans l' auto apitoiement avec des chansons délivrant une fantastique soif de vivre. Ses tristes petites histoires par un tour de magie deviennent universelles et une soif de vivre puissante s' empare de l' auditeur qui peut dorénavant retourner au front du quotidien. Ryder-Jones se retourne sur le passé douloureux, sonde au fond de lui même et y puise un optimisme lucide salvateur. Ce disque regorge de merveilles tel "We Don't Need" avec son début terriblement intimiste à la Sparklehorse jusqu' à surgissent des chœurs d' enfants angéliques. Et que dire du monument "This is Can`t Go" qui va vous emporter très haut tout. Sur ce dernier on ne peut pas ne pas penser aux "Deserter`s Songs" de Mercury Rev ou certains moments des Flaming Lips. A d' autre occasions l' orchestration typiquement britannique suggérera un autre trésor caché de la couronne, Richard Hawley (sur "It's today Rain"). On peut citer encore "Nothing To Be Done" qui voit le retour des chœurs d' enfants. Et quand Ryder-Jones décide de se taire c' est pour faire place à la légende Michael Head déclamant "Ulysse" de James Joyce ("...And The Sea..."). Encore un instant où le temps s' arrête d' autant plus si on connait le passé de Head, mille fois condamné mais renaissant toujours de ses cendres. Parfois Ryder-Jones se dévoile taquin et érudit comme quand il cite The Velvet Underground après avoir débuté "I Know That's Like This" sur un sample de la brésilienne Gal Costa. Il sait calmer le jeu et éviter la surcharge comme sur "If Tomorrow starts without You" ou "I hold Something in my Hand" qui prouvent qu' il n'est pas seulement question d' une simple question d' emballage via la production mais que ses compositions possèdent des bases solides. "Iechyd Da" signifie en gallois "Bonne Santé". Comment ne pas la retrouver ou au moins un morale doublé d' un optimiste dont on a besoin plus que jamais de nos jours. Avec ce disque Bill Ryder-Jones s' inscrit immédiatement dans la grande histoire de la Chamber Pop britannique parmi les trésors déchirants que sont entre autres le "Coles Corner" de Richard Hawley, l' "Apple Venus Vol.1" d' XTC et le "Promenade" de Divine Comedy qui fête ces jours-ci son trentième anniversaire. Sans vraiment rien inventer et en utilisant des bouts de ficelles déjà entendus ailleurs qu' il magnifie, ce qui pourrait sembler être du toupet ou du cynisme mais qui tient bien plus d'un cri du cœur d' érudit respectueux, Ryder-Jones vient simplement de nous offrir un classique . PS : Chroniquer Bill Ryder-Jones m' a mis d' excellente humeur donc voici certains artistes cités.
- DJ ANDERSON DO PARAÌSO, le côté obscur du Baile Funk.
L' an dernier, toujours affamé de nouvelles sonorités innovantes, DWTN s' était rué sur la version hallucinatoire et terrifiante du Baile Funk brésilien offerte par DJ K (ici) . A peine remis de ma découverte nommée dorénavant le Bruxeria Sound, le label ougandais Nyege Nyege déjà découvreur de DJ K annonçait en grande pompe une nouvelle recrue issue de la scène Baile Funk brésilienne. Et les plus avertis des observateurs du label nous prédisaient une encore plus grande claque tant la version promise du Baile Funk était totalement différente et originale jusqu' à battre en brèche les idées reçues. Le premier album du petit dernier au sein de l' écurie Nyege vient enfin de sortir et disons-le immédiatement. Les annonces n' étaient pas du buzz pour pas grand chose mais bel et bien le coup de vent annonçant une sacrée tempête. Mais avant de s' attaquer au phénomène il est utile de passer par un petit cour d' histoire sur ce que l' on nomme le Baile Funk histoire aussi corriger quelques petites boulettes vues par ci par là. Déjà une chose à préciser pour les aficionados du Funk américain il n' y en a quasiment plus aucunes traces dans ce que l'on appelle le Baile Funk ou Funk Carioca. Même si les Dj des 70's à l' origine du genre passaient du Funk et de la Soul, devant l' affaiblissement des deux courants dans les 80's, ils se tournèrent vers le Hip Hop et l' électro avec une forte prédilection pour la Miami Bass. Assez vite ils développèrent leur propre version en ajoutant des sonorités provenant des instruments de percussion afro-américains et en remplaçant également l' anglais par le portugais. A forte teneur sociale par ses lyrics le "Funk" remporta un gros succès dans les favelas sous les regards réprobateurs des classes riches et moyennes du pays. La version plus commerciale apparue fut le Funk Melody et bien sûr la Pop Mainstream commença par emprunt à vampiriser le courant. En réaction le "Funk" eut bien sûr sa version plus brutale et gangsta avec le Funk Proibidão. Plus tard un autre sous genre débarqua, le Funk Ostentação. Marqué par le Pop Rap d' alors mais toujours sous forte connotation Gangsta il domina les 10's. Le "Funk" brésilien devenu mouvement de masse parti de Rio (d' où souvent l' appellation Carioca à présent réductrice) se propagea et c' est tout le brésil qui vit les Dj essaimer dans les Baile (fêtes de rue) au cours des années. Dj Anderson Do Paraìso malgré son jeune âge de 27 ans est déjà une légende du Baile Funk. Il a grandi dans la grande Belo Horizonte, grande ville située à l' intérieur des terres et assez éloignée des images d' épinal rattachées à Rio. Ne partageant en commun évidemment avec la cité côtière que les favelas et leurs pauvreté . Ceci expliquera peut être ce qui va suivre. Il débute vers 15 ans en assistant aux Baile (fêtes de rue) du quartier Serrão. A Belo Horizonte il est au cœur pour prendre une part immense à l' une des plus passionnantes évolutions du Baile Funk, le Funk BH. Avec une approche franchement plus minimaliste lui et ses potes vont rendre le Funk plus éthéré et atmosphérique. Le rythme habituellement proche des 150 BPM diminue jusqu' à 90 pour stagner la plus part du temps vers les 130. Les MC délaisse un tant soit peu l' univers Gangsta et mysogine tout en perpétuant la contestation sociale des origines. Ainsi il n' est pas rares de voir la sexualité être abordée d' une manière bien plus progressive avec parfois des lyrics pro LGBT accompagnés d'une vision franchement plus optimiste et combative. Immédiatement à l' écoute de cette claque qu' est "Queridão" l' auditeur va être surpris par les choix sonores en matière de sample opérés par Anderson. Aux côtés du traditionnel outillage électro et l' usage systématique de la réverbération la surprise provient de l'instrumentation classique. Flûtes retravaillées, pianos et cordes en tout genre eux aussi maltraités. Le Baile Funk devient plus solennel jusqu' à être menaçant. Si cette musique demeure toujours très urbaine elle prend une tournure très fantomatique et étrange entre les mains d' Anderson. On ne sait plus très bien si le meilleur endroit pour l' écouter demeure le dancefloor d' une favela ou singulièrement notre fauteuil à la lueur d' une bougie. Avec DJ K on pouvait encore s' imaginer se trémousser en bermuda une bière à la main dans une Baile en pleine période carnavalesque sous l' effet d'une quelconque substance hallucinogène face à une profusion de beat. Chez Anderson c' est l' hiver et à tout instant vous êtes susceptible de frissonner de peur tant il est maître pour délivrer une musique très forte en suspens. Pour cela il joue sans cesse avec le silence. C' est avec une méticulosité infinie et un sens de l' économie louable qu' il va se contenter de peu pour maintenir une pression énorme. La surcharge présente chez la concurrence brésilienne n' a pas de raison d' être du côté de Belo Horizonte. Le phrasé rap ou surtout le chant typiquement brésilien ne jurent en aucunes façons avec cette musique si lugubre. On dit toujours que les contraires s' attirent et ici le mariage est un succès. Ne cherchez pas de disques autant novateurs. Vous n' en trouverez pas ou si peu tant cette musique semble venue de nul part. Si pour certains le Baile Funk peut se révéler être une musique un brin difficile par manque d' habitude ou simplement par éloignement culturel celui-ci par ses prétentions expérimentale exposées avec une facilité déconcertante est susceptible de vous emporter très loin jusqu' à redéfinir toutes nos conceptions et les diktats musicaux contemporain un peu comme le footwork en son temps.
- KIM GORDON, quand les boomers n' en sont pas.
Le royaume musical imaginaire de Dancing With The Noise possède l' étrange particularité de contenir trois reines. Une islandaise, une bristolienne et une éternelle jeune fille du Dorset. Devant l' état de forme de ces trois reines toujours passionnantes et pas encore grabataires J' avais presque oublié de vous rappeler qu'il existait aussi une reine mère. Une reine mère encore plus cool, courageuse et percutante que ses trois filles. Symbole absolu d' indépendance, de féminisme et de liberté artistique totale. Vendredi dernier, journée mondiale des droits des femmes (pas un hasard), Kim Gordon, 70 ans, sortait son deuxième album solo. Probablement l' un des disques parmi les plus bluffants et judicieux en ce timide début d' année. Le premier sorti en 2019, "No Home Record" m'avait sidéré au point de le classer dans mon top 20 annuel (ici). Comment, après 30 ans de carrière au sein de Sonic Youth avec la réussite que l'on sait, pouvait-elle encore nous surprendre et nous secouer? Nous épater de nouveau par son intégrité, sa passion pour l'expérimentation, sa curiosité à tout épreuve pour les nouvelles musique de "djeuns" tel le Footwork ou la Deconstructed Club. Sur une musique innovante sans compromis , elle dépeignait d'un œil acerbe et lucide notre époque. Souvent les membres de groupes essentiels peinent à atteindre en solo les cimes tutoyés collectivement. Bien sûr il y a des exceptions (Van Morrison, Peter Gabriel et Morrissey si on ne veut pas être trop regardant). Depuis la séparation je ne veux pas être médisant mais que ce soit pour Thurston Moore ou Lee Ranaldo il m' en a fallu du courage pour suivre la suite de leurs carrières discographiques. Plonger dans l' après Sonic Youth revenait parfois à rendre visite le dimanche à ce vieux tonton qui a loupé le virage numérique et qui s' obstine sur ses vieille lubies (le rock classique pour Lee et encore les cordes en tout genre pour Thurston). Et parfois les vieux tontons boomers ça dit des conneries ou des banalités vide de sens en fin de repas. Tonton Moore quant à lui nous a fait la totale, crise de la cinquantaine en larguant la Kim pour une bien plus jeune. Quel con. On ne largue pas Kim Gordon. Alors comment expliquer la réussite du récent "The Collective" après l' époustouflant "No Home Records" de 2019 ? Pourquoi est-elle toujours pertinente quand les deux autres délivrent des œuvres certes réussies mais franchement pas rafraîchissantes ni réellement nécessaires. Comment cette femme âgée de 70 ans peut en 2024 devenir une référence des "Djeuns" sur Tik Tok. Des quatre Sonic Youth Gordon a toujours fait figure de la moderniste curieuse de ce qui se faisait en dehors du milieu Rock et Punk. Une vraie Mods déguisée en Punk Arty. Rappelez-vous sa place plus importante dans le processus de création du "The Whitey Album" sous le nom de Ciccone Youth. Projet parallèle de la bande des quatre dans lequel l' instrumentation classique Punk subissait l' ajout de technique Hip Hop. Plus tard elle fera des pieds et des mains pour chanter en duo avec Chuck D de Public Enemy sur "Kool Thing". Quand les deux gars se préoccupaient des accordages et des structures elle privilégiait le travail sur les textures et avait une approche bien plus corporelle de la musique. Autre particularité expliquant qu' elle s' échappe du carcan Rock/Punk assez facilement afin de se renouveler et tenter d' autres aventures c' est qu' elle était l' exemple typique de la musicienne assise le cul entre deux chaises. Trop arty et ésotérique pour les rockeurs et trop punk et tapageuse pour le milieu des salles d' expos. On rajoutera qu'en plus de fréquenter le gratin Indie qu' elle aimait traîner aux défilés de la mode mais avouons immédiatement que c' est un truc pas tout à fait louable et surtout d' un intérêt assez quelconque en définitive. Limite agaçant. On préférera surtout rappeler son flaire imparable cinéphile pour repérer les futurs grands réalisateurs pour les clip de Sonic Youth. En 2024 Kim Gordon fait dans le Trap, dérivé sudiste du Hip Hop apparu dans les 00's et toujours d' actualité au point qu'on le croise souvent dans ce blog. Et voila cette bassiste qui s' amuse à en faire voir de toutes les couleurs aux rythmes arrachés d' une bonne vieille TR 808. Les synthés ont le pouvoir mais eux aussi subissent une véritable torture jusqu' à en devenir abrasifs et suppliants. Le climat et les sonorités sont évidemment Post Industriel et accompagnent sa poésie avant gardiste qu' elle entonne parfois en rapant sur son éternel ton apathique . Parfois une guitare s' en mêle ("Psychedelic Orgasm") mais que les fans de Sonic Youth ne se trompent pas. Kim a bel et bien tourné la page. Avec le soutien de Justin Raisen qu' ici on connait pour son excellent travail avec le Roi Yves Tumor, Gordon hybride à tour de bras tout ce lui passe dans sa tête. Numérique, synthétique et organique. Gordon n' a jamais été du genre à se pincer le nez et faire sa puriste intégriste. La forme moderne rejoint le fond contemporain et les objectifs sont atteins. La musique de Gordon ne fait pas son âge. Maintes fois ici j' ai relevé à quel point l' utilisation d' une vieille musique rendait le discourt anecdotique qu' il soit juste ou pas. En France on a ces derniers temps la gentille hype Gwendoline (ici) qui par ses textes possède un certain fond critique et lucide mais perd de sa force à cause d'une musique profondément rétro (New Wave) jusqu' à en devenir caricaturale. DWTN préférera toujours vous proposer Oï The Ox, Pö ou Mandy, Indiana qui pour le coup se présente comme les dignes petits enfants de Kim Gordon. Des quatre Sonic Youth il fallait bien avouer qu'une fois passer les attitudes grandes gueules de Moore c' était bel et bien Gordon qui tenait le rôle principal de chroniqueuse acerbe de la vie américaine. La plus engagée. Déjà à l' époque dans ses paroles Gordon démontrait un talent certain pour s' emparer de sujets maintes fois rabattus jusqu' à la caricature pour les rendre à nouveau intéressant et frais. En 2024 elle n' a rien perdu de son art de déconstruire le quotidien pour nous le balancer dans la tronche. Et le constat est encore plus terrible qu'il y a 30 ans. Encore en 2024 elle a ce petit truc en plus qui fait d' elle une fille super cool mais aussi distante qui en un instant va vous toucher au plus profond de vous et vous amener à une réelle remise en question. J' en connais beaucoup d' homme de mon âge pour qui le travail de déconstruction du patriarcat a commencé ou au moins été accéléré avec l' écoute de cette grande féministe. Elle lâche pas le combat la Kim quand le temps d' un "I m a Man" elle s' attaque à la masculinité toxique. Ailleurs elle n' en finit pas de remettre en question les normes sociétales, de sexe, de genre, de l' âge et bien sûr musicales. Son pays en prend bien sûr pour son grade comme toujours quand elle s' attaque à la passion américaine pour les armes à feu au nom d' une liberté qui a bon dos. Si il est avéré que notre septuagénaire surfe sur les réseaux sociaux il est aussi certain qu' elle en dresse un constat absolument imparable pour la raison même qu'elle y a été. Non pas comme nombres de ses amis boomers qui n' en finissent pas de répéter finalement ce que la télé, concurrente du net, leur remplie le cerveau comme jugements trop caricaturaux et réducteurs jusqu' à en devenir totalement inefficaces face aux maux numériques réellement malsains. Kim Gordon est donc par son âge une boomeuse comme tant d' autres. Malheureusement ce terme désignant une classe d' âge précise est devenu une insulte. Bien évidemment DWTN va ne pas vous faire l' injure d' essentialiser une classe d' âge et rentrer dans une guerre des générations. D' autant plus que si certains sont tentés de prendre partie chez les plus jeunes et certains vieux dont moi même. C' est surtout pour rappeler le fait que nos médias et pouvoirs sont monopolisés par les mauvais boomers. On ne voit qu' eux et leur déni sur leurs responsabilités quant à l' état du monde qu'ils laisseront. Leurs ignorances crasses parfois bien désirées et cultivées. Eux et beaucoup trop de leurs enfants conformistes et réacs avant même de devenir adulte. Cette culpabilité devenue déni puis mépris et enfin geste suicidaire. Ils aimeraient bien que surtout on n' aille pas cracher sur leur tombe en mettant à mal leur héritage putride et réac. Kim Gordon était déjà en avance il y a trente ans et continue de voir plus loin. Quand elle s' attarde sur les objets de la vie tel les cadeaux ringards que sa générations adorait s ' offrir on y constate qu' un jugement acerbe sûr vis à vis de sa génération et un simple conseil faite aux plus jeune. Elle fustige toutes ces années de quête d'acceptation, de réussite et d'affirmation boomeuse au détriment de tout le reste et au final d' une assez grande futilité devant le triste résultat. Elle est la preuve vivante que mal vieillir s' évite parfois dès le plus jeune âge. Fille de l'underground des 60's et des 70's, reine de celui des 80's et 90's, elle traverse le temps sans rien changer de ses valeurs tout en continuant la critique. L' engouement récent la concernant chez les jeunes générations via Tik Tok n' est absolument pas une surprise. Un juste salaire du travail de sape entrepris il y a si longtemps. "The Collective" s' empare de vous, vous perturbe, vous trouble, vous agresse mais aussi vous grandit et vous amène à aller voir plus loin. Comme les monuments discographiques de Sonic Youth autrefois Kim Gordon réussit le même exploit en solo. Avec la même fraîcheur, âpreté et l' intransigeance de ceux qui ne vous prennent pas pour des crétins quand les autres ne désirent que vous endormir.
- BEST OF 2023
DWTN est de retour après plus d'un an d' absence. Avant de passer en revue l' année 2023 je tenais à remercier tous les lecteurs pour leurs petits messages au cours des derniers mois écoulés. 2023, RETOUR HAUNTOLOGIQUE et MODERNISTE DES 90's. Quid de l' année 2023? Une bien étrange et trompeuse année musicale. Par exemple les premières places de ce top sont trustées par des noms coutumiers des exercices précédents . Cela suffirait à paraître être un indicateur assombrissant en terme de renouvellement et si en plus on se penche sur la nature même des genres musicaux présents l' affaire devient un poil plus déprimante. Mais à y regarde de plus près, ces premières constatations sont assez mystificatrices. Certes il faut aller à la septième place pour découvrir de nouveau noms mais ensuite c' est une avalanche de nouvelles formations et d' artistes débutants. Quant aux styles musicaux évoqués on va très vite constater qu' ils ont subi de sacrées transformations. En effet un terrible constat peut apparaître : que ce top sent les 90's. Rien que l' évocation du nom de la numéro 1 suffirait à faire suggérer aux plus perfides que le Top annuel de DWTN a des faux airs de Uncut ou Q Magazine. Deux cas typiques de média musicaux surfant sur la niche commerciale générationnelle nostalgique des 80's et 90's. Et si en plus on tente de nommer ces genres qui ont le vent en poupe en 2023 alors on frise la correctionnelle en terme de rétromanie. L' éternel retour du Shoegaze, encore une fois me direz vous, celui encore plus bluffant et triomphale du Trip Hop et enfin, cette terrible année a vu le retour en grâce inespéré de l' Indie Music à guitares. Mais que les rétrogagas de tout poil ne se réjouissent pas trop. D' abord votre serviteur n' a pas viré sa cuti sous le poids des années en sombrant à son tour dans une forme de nostalgie sénile mais surtout ces trois courants se sont donc vus remis au gout du jour d'une manière totalement réjouissante et pertinente. Dans ce blog cela fait quelques mois ,si ce n' est des années, que l'on voyait venir une remise au goût du jour progressive du Trip Hop. Je ne vais pas vous énumérer les articles y faisant référence (si ce n'est ce lien vers une compilation du genre pour les novices) préférant en lieu et place proposer de vous jeter sur les mots clés. Si on se réfère aux trente premier du Top c' est une bonne dizaine de disque auxquels on peut aisément rapprocher le Trip Hop. Parfois l' évidence s'impose mais souvent le lien est plus discret mais toujours bel et bien réel. Enfin et surtout, et que ce soit pour le Trip Hop et les deux autres fausses vraies réminiscences , le Shoegaze ou l' Indie music à guitare, nous sommes parfois assez loin du simple exercice rétro de copiage. Même les médias les moins avertis et observateurs en terme d' expérimentations et d' avancées stylistiques commencent enfin à y regarder de plus près incommodés qu'ils sont par la puanteur pestilentielle du rétrogaga qu'ils ont eux même favorisé depuis 15 ans. Pitchfork au sujet du shoegaze (ici) a bien compris que l'on en avait pas fini avec le shoegaze et que ce courant tant critiqué autrefois est tout simplement l'un des plus influent depuis trente ans. On ne peut pas vraiment en dire autant du Grunge et de la Britpop qui l' avaient supplanté dans les cœurs de la critique Rock de l' époque. Cette musique à la fois mélancolique et bruitiste redevient la bande son parfaite pour l' époque contemporaine et les jeunes générations. Par exemple il vous suffit de surfer sur Tik Tok, loin d' être un réseau social pour quadra et quinqua, pour tomber en extase devant la popularité hallucinante de Slowdive chez les millennials. Mais enfin et surtout, et le plus rassurant, c' est que dorénavant ces courants musicaux datés ne sont plus recrachés sous formes de futile copie conforme. Hotline ou Bar Italia nous refourguent les 90's Indie Rock d' une façon assez particulière. Ça a l' odeur, la couleur, le goût mais il y a un ingrédient supplémentaire qui change tout et ne fera pas de vous un junkie monomaniaque du vintage. Dans un article (ici) maladroit et incomplet mais assez éclairant un jeune type des inrocks a (enfin!) cerné que ce soit chez Bar Italia ou d' autres que l' approche Hauntologique était omniprésente plutot que le simple exercice revivaliste. On va pas être trop dur avec le garçon pour ses oublis (l' hypnagogic-pop et son cousinage avec l' Hauntology et plus particulièrement l' année de la sortie d'un Yves Tumor) et rappelez que sa réflexion a déjà été faite et observée il y a plus de 10 ans par un vieux con (ici pour l' exemple). Petite mixtape faite maison avec la plupart des artistes classés. TOP ALBUM 1. PJ HARVEY - I Inside the Old Year Dying Que DWTN classe la reine PJ Harvey numéro 1 de l' année est une surprise à bien des égards. Que vient foutre l' une de mes idoles des 90's et 00's dans un top habituellement réservé aux nouvelles têtes? D' autant plus surprenant que son précédent album "The Hope Six Demolition Project" m' avait laissé de marbre et pour être plus franc, j' envisageais le début de la fin en matière de réelle pertinence pour la belle du Dorsey. A la différence d'une Bjork, PJ Harvey afin de ne pas paraître rébarbative et dépassée, n' a jamais brillé dans l' art de s' entourer des nouvelles têtes chercheuses du moment pour moderniser le son. Toujours le même entourage depuis des années avec pour le dernier les vieux complices Flood et John Parish. Seulement voilà. PJ Harvey, tout en puisant dans le passé sans tomber dans les travers revivalistes Folk et rock, continue de se renouveler et nous offre un album à la fois novateur et pertinent. Après une telle carrière ils sont peu nombreux à en être encore capable. Ce disque agit comme un baume parfait pour affronter notre époque chancelante et chaotique. 2. LAUREL HALO Atlas Cela fait près de 12 ans que Laurel Halo conjugue l' Ambient à toutes les sauces pour notre plus grand plaisir. Avec "Atlas" elle confirme son virage jazzy et classique entamé avec la bande son "Possessed" allant jusqu' à totalement reconfigurer le paradigme Ambient. Laurel Halo, comme en 2012 avec son merveilleux "Quarantine", apparait comme une éclaircie miraculeuse dans une scène musicale où sein de laquelle se profilait une overdose nauséeuse face à l' avalanche de productions pas franchement judicieuse et intéressante pendant et post periode Covid. 3. YVES TUMOR - Praise a Lord Who Chews but Which Does Not Consume; (Or Simply, Hot Between Worlds) Mais que peut encore rajouter DWTN au sujet d' Yves Tumor? Allez voir par ici et vous comprendrez que ce type dont le vrai nom à l' état civile est Bowie jouit ici comme son illustre homonyme d'une vénération absolue. Le dernier album en date n' est probablement pas à mon avis son meilleur, mais il représentera à l' avenir la porte d' accès ultime pour entrer dans cet univers si riche et bien plus complexe que laisse présager l' accueil et les succès critiques reçus depuis quelques temps. Le retour en grâce artistique des guitares de l' Indie music lui doit beaucoup. 4. KLEIN Touched By An Angel Même cas de figure que le précédent. Génie absolue Klein continue d' atteindre les cimes de l' expérimentation jusqu' à demeurer encore et toujours indéfinissable. Certes cette musique demeure difficile d' accès mais c' est justement parce qu' il s' agit d'une œuvre fortement personnelle et semblant venue de nul mais pouvant s' adresser à tout le monde. Que son nom et celui de Tumor soient encore associés plus de 7 ans après leur première apparition commune dans ce blog (ici) en dit long sur leurs importances respectives et sur le fait que, "parfois", ce blog ne se trompe pas. En 2016, on était pas nombreux à parier et en faire des tonnes sur eux. En 2023 ils sont devenus des évidences. 5. TIRZAH Trip9love...??? Encore un nom habitué des top annuels de ce blog. Voici probablement son meilleur album. Avec la gigantesque Mica Levi à la production ce disque aux apparences si simples est totalement révolutionnaire ,et/ou parce que, sans compromis. Avec un courage absolu les deux copines repoussent les limites de leur art. On a beau écouté des dizaines de fois on ne découvre jamais comment expérimentation et émotion peuvent se marier autant magistralement. 6. ONEOHTRIX POINT NEVER Again Encore l' une des icônes absolue de ce blog. Je vous l' avais écrit plus haut mais ce top est trusté par les têtes connus. On pensait Daniel Lopatin un peu égaré depuis ses deux précédents albums mais il n' en était rien. Oubliant un peu ses velléités Synthpop acquises par sa collaboration avec Weekend, le voici piochant dans son gigantesque " Garden Of Delete" jusqu' à parfois retrouver la magie novatrice et réflexive de ses Eccojams. Comme certains l' on évoqué, on se demande si cette fois Lopatin n' a pas définitivement réécrit avec succès le dogme d'un genre comme son amie Laurel Halo (avec l' Ambient). Celui du Progressif. Qu' il soit électro, rock ou que sais-je encore. 7. PÖ Cociage Première nouvelle tête dans ce top. Provenant de la galaxie Nyege Nyege/Hakuna KUlala, (NDLR, un top DWTN sans représentant des deux labels Ougandais c' est comme un repas sans fromage), Pö résume à elle seule tout que nous offrent ces artistes et cet univers. Expérimentation, mélange stylistique, puissance et critique acerbe sans compromis du monde post colonial. Elle marie à merveille tous nos pêchés mignon tel l' Ambient, Dark Ambient, Indus, le Gqom, la Deconstructed Club et la culture musicale Est Africaine. 8. HYSTERICAL LOVE PROJECT Lashes L' une des plus belles découvertes 2023. Ce duo en provenance de Nouvelle Zélande évoque leurs illustres congénères de l' hémisphère Sud en matière de rénovation Ambient Pop, HTRK. Mais des HTRK lorgnant à la fois la Dream Pop, le Shoegaze et le Trip Hop sans jamais tomber dans la redite facile. Un des exemples parfait de ce que j' écrivais en introduction à ce top en matière de vieux styles musicaux remis au goût du jour et tournés vers le futur. Des trésors de trouvailles en matière de production qui parfois proviennent d' univers variés et éloignés tel le Breakbeat, l' UK Bass ou la Drum & Bass atmosphérique. La liste en faveur de l' hémisphère Sud commence à devenir longue en terme d' artistes salvateurs aux dons avérés dans le rôle de dealers en matière de frissons absolus, HTRK bien sûr, CS + Kreme, Clara Dal Forno, YL Hooi, Laila Sakini, F Ingers etc etc. 9. THE MURDER CAPITAL Gigi's Recovery Disque parfait et déchirant, le deuxième album de ces irlandais a de quoi faire rougir leurs compatriotes de Fontaines D.C. . Je serai mauvaise langue j' ajouterai qu' il serait parfait en tant que chant du cygne d'un revival Post Punk qui n' a que trop duré. 10. NIECY BLUES Exit Simulation Autre grande découverte de l' année. Comme les précédents les influences sont multiples et mariées d' une manière totalement innovante avec des us et coutumes totalement Ambient. Trip Hop (encore), la Dream Pop cousine du Shoegaze (encore), le Gospel, la Soul et le R'n'B. Ce disque est le croisement ultime et totalement personnel de deux autres grands disques cités plus haut, le Yves Tumor et le Laurel Halo. 11. A.S.O A.s.o Encore du Trip Hop mais bien plus complexe qu' il n'y parait. Ce duo berlinois ne se contente pas de piocher dans les récapitulatifs du seul genre, c' est carrément toute une époque (les 90's agonisantes et résumée facilement par la BO du film de The Beach) qui est appelée pour nous offrir des pépites de songwritting. Des chansons susceptibles de filer le frisson aux plus aguerris des vieux cons à qui on ne la fait plus en revival. Il y a chez ce duo un truc ensorceleur et malicieusement moderniste dans cette capacité de s' emparer de tout un pan du passé pour évoquer un futur évanoui et auparavant kidnappé par les revivalistes de tout bord. Ce petit quelque chose avec lequel les Hauntologistes de la première heure (Broadcast, Leyland Kirby, Focus Group) nous sauvèrent de la rétromanie réac pendant les 00's. 12. JONNINE Maritz La moitié d' HTRK nous revient avec ses pépites gorgées d' humanité comme elle seule sait le faire. Des chansons fragiles et au charme unique parce que parfois imparfaites. Depuis ses débuts solo elle s' obstine à se passer d'un travail de production minimum susceptible de cacher les imperfections mais garde ainsi une puissance émotionnelle sans pareil. Parfois on pense à Carla Dal Forno, à d' autres instants à John Cale et au final il plane sur son album l' aura d'un spectre que les deux noms cités ont eu en commun. Celui d' une Nico transfigurée. 13. SQUID O Monolith Apparu à la suite de Black Midi Squid confirme tous les espoirs en abandonnant lentement le Post Punk et le Prog pour tâter de l' electronica glitch et du Folk. Ce groupe depuis ses débuts ne cesse d' évoluer et offre avec ce deuxième album l' une des très rares possibilités à l' Indie Rock de se sortir définitivement de l'ornière passéiste. Ils semblent reprendre d' une façon malicieuse les choses où Radiohead les avait laissé après "Kid A". 14. NONDI_ Flood City Trax Venue de nul part cette petite sœur de Jlin et Jana Rush plonge le Footwork et le passé électro de Detroit dans une marmite psychédélique et en tire une potion magique impressionniste totalement singulière. Pas sûr que les battle de Chicago apprécient par contre idéal pour panser les plaies et quitter ce monde de merde. 15. MANDY, INDIANNA I'Ve Seen A Way Exemple parfait de ces jeunes formation s' emparant du passé afin de mieux le détourner en direction d'un futur post apocalyptique. Une française et trois mancuniens pour une énorme gifle Post Industriel, punk, electro, EBM etc etc. Finalement que l' association entre une fille de chez nous et trois types de MANCHESTER produise l' un des disque les plus acerbes et juste sur notre époque ne semble pas si incongru. La France d' aujourd'hui après 7 années de Macronisme Néolibérale et autoritaire ressemble tant par certains aspects à l' Angleterre du Nord sous le joug Thatchérien pendant l' âge d' or musicale de Manchester. Un âge d'or qui transpire sans cesse dans leur musique par ses aspect Dark et Post Industriel sans que cela ne vire au plagiat tant cette formation voit et pioche plus loin. La production moderniste du Daniel Fox de Girl Band/Gilla Band y est bien sûr pour beaucoup avec un son abrasif au possible mais également les paroles de Valentine Caulfield bien encrées dans notre affreux présents. 16. BAR ITALIA Tracey Denim & The Twist Comment font-ils pour rendre jouissif ce que l'on a cessé d' écouter depuis trente ans? Et qui plus est sur deux albums la même année. La réponse se trouve dans l' article les concernant cité plus haut. Je rajouterai qu'il y a un certain talent baignant dans un "je m'en foutisme" symbolique d'une formation connaissant ses forces et ne se prenant pas pour les messies d' une cause Indie qu'ils ont déjà un peu sauvé. 17. HONOUR Alaafia Musique faite de collage qui possède d' hors et déjà la force spirituelle des disques Klein l' art d' Honour va foutre un sacré bordel dans vos certitudes. Comme chez l' anglaise l' univers de cet américain ne ressemble à rien. Le Hip Hop est défiguré par de sale manies Hypnagogic Pop sans que cela ne sonne réellement comme tel. Pour orienter le quidam on peut citer les merveilleux Space Afrika, Laurel Halo ou Dean Blunt qu' en définitive il se retrouvera tout de même en terre totalement inconnue. 18. JUDGITZU Sator Arapo Notre ethnomusicologue national continue son exploration du Singeli Tanzanien et a décidé de l' hybrider avec ses racines celtiques et d' autres passion tel le Gabber et ses découvertes asiatiques. Les BPM poussés à 170 il nous propulse sur un dancefloor imaginaire où tradition et modernisme s' accouple en pleine partouze mondialiste. 19. WATER FROM YOUR EYES Everyone’s Crushed Serait-ce la réponse américaine aux attendrissant et surprenant Jockstrap anglais. Probablement. Encore un exemple parfait de ces jeunes formations qui ont le toupet de ne plus vraiment respecter les illustres aînés tout en retenant parfaitement les leçons initiées. 20. SLOWDIVE everything is alive L' une de ces très rares reformations assurément pertinentes. Et en plus les millenials adepte de Tik Tok les kiffent. Slowdive nous refait le coup de "Pygmalion" en entraînant plus profondément son Shoegaze en terre Ambient par l' utilisation assurée d'une Electro de bon aloi. Le temps n' a pas de prise sur les 5 de Reading comme sur la reine du Dorsey. 21. ML BUCH Suntub Cette danoise continue d' épater en empruntant les vieilles manies des chansons d' autrefois (70'S ET 80'S) pour les tremper dans notre présent synthétique et Ambient. 22. RAINY MILLER & SPACE AFRIKA A Grisaille Wedding Casting trois étoiles pour cette collaboration entre Rainy Miller et le duo de choc Space Afrika. Ici encore le Trip Hop subit une cure de jouvence en passant dans un filtre de musique concrète et de sonorités indus. Et quel plaisir de retrouver Icebo Violet, Mica Levi, Coby Sey et Voice Actor. 23. L'RAIN I Kill Your Dog On l' avait découvert avec l'intriguant "Fatigue" dans lequel l' expérimentation jouait la trouble fête dans une mixture Psychédélique et R'n'B. Elle poursuit et développe encore plus sa recette et fait plus que confirmer les espoirs placées en elle. L'Rain en empruntant au Prog Rock, au Soft Rocker et même à du complexe façon Drone étonne encore une fois et offre une cure de jouvence à l'Indie Pop. 24. JAMES HOLDEN Imagine This Is A High Dimensional Space Of All Possibilities Encore un disque parfait pour Holden après 20 de carrière. Toujours sa passion pour la Kosmisch Music et sa maitrise des synthés pour délivrer une musique parfois motorik, souvent psychédélique et comme chez beaucoup, un brin Shoegaze et Dreampop. 25. DJ K Panico No Submundo Nouvelle scène, nouveau genre. Les gens bien informés appelle ça le Bruxeria Sound. En provenance des favelas de Sao Paulo on retrouve un Baile Funk hallucinatoire via une production qui plébiscite des sons imprévisibles et terrorisants venus de nul part. Il se passe quelque chose là-bas de très fort en matière de rénovation de la musique Dancefloor. 26. ONE MORE GRAIN Modern Music 27. YUNGWEBSTER Yungwebster 28. NOURISHED BY TIME Erotic Probiotic 2 29. HOTLINE TNT Cartwheel 30. TZUSING 绿帽 Green Hat 31. PARANNOUL After the Magic 32. NABIHAH IQBAL Dreamer 33. BILLY WOODS & KENNY SEGAL Maps 34. TITANIC Vidrio 35. LEE GAMBLE Models 36. HYPERDAWN Steady 37. KABEAUSHE The Coming of Gaze 38. RAT HEART ENSEMBLE Northern Luv Songs 4 Wen Ur Life_s A Mes 39. FEVER RAY Radical Romantics 40. FLESH & THE DREAM Choose Mortality TOP EP TARA CLERKIN TRIO The Turning Ground ICEBOY VIOLET Not a Dream But a Controlled Explosion JLIN Perspectives NAHASH A snake in your house
- YVES TUMOR, l'improbable Rockstar. Les origines du phénomène et Top Album
Trois ans après le fol été 2018 (ici) ce qu' il convient d' appeler la "Rock Star" préférée de ce blog vient à nouveau d' enflammer la période estivale 2021. Et toujours ce sens parfait du timing et du marketing même si bien sûr, l' essentiel n' est pas là. Annonce surprise le 15 Juin d' un single coup de poing suivi immédiatement de la vidéo digne des exploits précédents de Tumor en matière de clip coup de poing eux aussi. A peine un mois s' écoule et le 15 juillet il annonce la sortie d' un ep chez Warp. Et quel Ep que ce "Asymptomatical World". L' occasion pour DWTN d' analyser une des plus brillantes carrières de ces dix dernières années et de tenter de comprendre d' où vient sa singularité et son talent. Sur les réseaux sociaux la soirée de ce fameux 15 juillet s' est transformée en un sacré révélateur du solide culte dont Tumor bénéficie dorénavant. Un culte récent à la propagation rapide en deux étapes étalées sur à peine 10 ans. La première concerna le petit monde de l' avant garde la plus pointue et commença à apparaître au grand jour des réseaux à l' époque "Serpent Music" chez PAN. La seconde débuta avec une nouvelle signature sur un label illustre et se poursuivit avec un tournant artistique le voyant passer de ténor de l' underground avant gardiste à celui de star Indie. Des confins de l' avant garde et l' underground jusqu'aux sommets de l' Indie Music. Yves Tumor & James Ferraro, Primavera festival 2012 Né dans le Tennessee Shean Bowie dit avoir grandi dans un milieu ennuyeux et un brin réac. A l' adolescence il se jette à corps perdu dans la musique et très rapidement devient un parfait instrumentiste touche à tout. Toujours selon lui c' est principalement au sein de la scène Noise qu' il fit ses premières armes. Plus tard il avouera une passion totale pour Throbbing Gristle et l' indus. Très vite il va développer l' habitude d' utiliser une multitude de pseudo et sa trace ne sera pas toujours à suivre jusqu' au point que votre serviteur va apprécier certains de ses disques sans même savoir qu' il s' agit du même personnage. Le principal et celui qui me le fit connaître au début des 10's est Teams. Sous ce pseudo, Sean Bowie, qui venait de migrer vers des cieux plus propices à ses velléités artistiques (la Californie), est apparu dans le voisinage de la Chillwave (Toro Y moi, Washed Out, Neon Indian). Très vite il s' en différencia par ses penchants expérimentaux et l' aspect moins Pop de sa musique pour se rapprocher fortement de l' Hypnagogic Pop avec qui il partageait ces caractéristiques. A l' instar de ses multiples pseudos le futur Yves Tumor dévoilent rapidement un goût persistant pour le voyage. Géographiques comme stylistiques. Jamais là où on l' attend. On le croisera Côte Est, en Italie, Angleterre et Allemagne. En grand aventuriers amateurs de territoires inexplorés musicaux il va très vite s' emparer d'une multitude de genres et courants artistiques du passé pour en créer de nouveaux. Dix ans plus tard cela reste une de ses marques de fabrique. Pas de cloisonnement chez cet adepte du mouvement perpétuel. Son premier album s' intitule "Dxys Xff" et sort dès 2011 mais si on veut bien comprendre l' évolution du bonhomme il faut prendre en compte que les dates de ses premières publications ne sont pas toujours raccord avec son évolution. "Dxys Xff" laisse transparaître des éléments de la Vaporwave alors en gestation associés à des penchants Wonky, soit du Dubstep croisant le Hip Hop, et un éloignement certain de la Chillwave. Les penchants Vaporwave se confirment fortement l' année suivante quand Teams collabore avec Daytime Television au sein de Teamm Jordann pour l' album "Champion" qui offre une version moins dystopique qu' à l' accoutumée pour la Vaporwave. Deux ans après "Sierra City Center (Diamond Club)" (2013) peut apparaître comme un retour en arrière Hypnagogic Pop mais laisse à penser qu' il contient des titres précédant la création de "Dxys Xff". "Sierra City Center" est pour moi son premier grand disque et l'un des classiques de l' Hypnagogic Pop. Sean Bowie apparaît bel et bien comme un suiveurs des fêlés Ariel Pink et John Maus mais va bien plus loin à l' instar d' un James Ferraro. Une prédilection appuyée pour les guitares d' où qu' elles proviennent marque ce disque et s' observera tout au long de sa discographique avant de revenir en force sur "The Assymptotical World". Quelques semaines après "Sierra..." Teams publie "OneWorld開発" et le brassage stylistique de se poursuivre voir de s' accélérer: UK Bass, Ambient House, Juke, Future Garage. Le tout avec les us et coutumes Hypnagogic Pop et dorénavant Vaporwave. Tumor vient de franchir un palier important et ça s' est joué juste avant. C' est qu' un an plus tôt Yves Tumor croisa le chemin d' un génie. 2012 voit sa collaboration au sein de Bodyguard avec le grand James Ferraro (ici). Les uns disent qu' il participa à la mixtape essentielle "Silica Gel" quand les autres ne lui accréditent que sa participation aux live de Ferraro. Une chose est sûr on ne fricote pas avec Ferraro sans séquelles comme ce fut le cas pour Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never) et Laurel Halo. Une autre collab avec la comète Mykki Blanco le mettra un peu plus sous les projecteurs underground et novateurs. En 2011-2012 Tumor fréquente donc Ferraro à la fin d' une période cruciale. Ferraro venait de lâcher l' Hypnagogic Pop de ses débuts avec ses manipulations Lo-Fi pour basculer vers la Vaporwave et plus précisément l' Utopian Virtual. "Far Side Virtual" sorti en 2011 abandonnait donc la chaleur Lo-Fi pour les son Hi-Fi qui progressivement devint Maximaliste à force de superposition d' une multitude de couches sonores. Tendance en cours également de l' autre côté de l' Atlantique avec sa version UK Bass de Rustie qui partageait elle aussi un goût prononcé pour le son Hi-Fi brillant voir vrillant pour les oreilles. Si nous ne savons pas réellement le rôle de Tumor sur la légendaire mixtape "Silica Gel" dans laquelle le Cloud Rap et le R'n'b sont maltraités dans une sorte de proto Deconstructed Club Maximalist et Vaporwave une chose est certaines, c' est la présence de Tumor sur le live enregistré au Primera Festival de 2012. Encore une fois Ferraro et Tumor change de style pour défigurer la Trance et l' Ambient pour ce qui fut alors l' un de leur disques le plus facile d' accès. Après les souvenirs 70's Rock FM, Synthpop, New Age ou les rengaines publicitaires de L' hypnagogic Pop Tumor avec Ferraro se sont emparé donc de leurs pendents 80's et des musiques de jeux vidéos dans la Vaporwave dans un premier temps pour s' attaquer au Rap et au R'n'B avec Bodyguard. Les styles et les courants musicaux sont avec eux de la matière à manipuler et déformer plus qu' un déguisement ou une formule vintage à refourguer. Une matière dont l' utilisation doit interroger, déranger, être désacralisée et surtout ne pas devenir un doudou pour rétrogaga. Avec James Ferraro Yves Tumor se retrouva à travailler et à penser sur la nostalgie et nos souvenirs musicaux avec une critique forte du consumérisme. Sujet maintes fois abordé dans ce blog avec également la Hauntolgy. Déjà attaché aux textures Tumor va avec Ferraro développer un peu plus ses capacités et son originalité en terme de production. Le son abrasif du maximalisme prend le pouvoir un temps mais les expériences crachoteuses Lo-Fi et les guitares entr'aperçues sur "Sierra City Center"ne sont pas loin et resurgiront. 2013 voit également apparaître le pseudo Yves Tumor avec des titres sortis en single numériques appelés à figurer sur "The Serpent Music". 2014 rien à signaler en terme de sorties mais Tumor a très certainement passé son année à créer et surtout écouter ce qui se faisait ailleurs après trois ans de surproduction. Ainsi qu' à sortir en boite en Europe parce que le Dancefloor plutot absent voir discret dans ses manipulations va faire une entrée fracassante. 2015 confirmera nos intuitions puisque Tumor réapparaît sous le pseudo de Bekelé Berhanu et se voit fréquenter le Janus Club de Berlin avec l' une des mixtapes phare d' un courant alors en pleine gestation. Dans "Untitled" les sales manies Deconstructed Club (ici) se confronte à ses souvenirs Noise, sa passion Indus pour Throbbing Gristle, sa nouvelle passion pour les percussions d' Afrique de l' Est et son art du Sound Collage développé avec l' Hypnagogic Pop. Un nouveau changement stylistique dans sa musique mais également visuellement par son look. Le petit geek avant gardiste sage va vite devenir une espèce d' oiseau de nuit androgyne tendance SM, amateur des marges les plus osées et poussant haut les revendications Queer et Lgbt. Yves Tumor & Chino Amobi le patron de NON Worldwide. Pour Tumor ce fut très vite la version underground de la célèbre phrase "in the right place at the right time". Sans même être cité à chaque fois Tumor ne devint pas seulement un habitué de ce blog en trustant le Top 10 des tops annuels mais également un grand habitué des articles concernant la Deconstructed Club et bein d'autres courants novateurs. A peine son expérience Berlinoise terminée qu' on le retrouve sur la première compile NON Worldwide (ici) et pote avec Chino Amobi (ici). Et tant qu' à fricoter avec la crème de la Deconstructed Club autant aller faire un petit passage au sein du Halcyon Veil de Rabit pour la génial compilation "Conspiraciòn Progresso" (1ère du top ep 2016). L' année 2015 se clôture en beauté avec un nouvel album "When Man Fails You" dans lequel Tumor semble stopper sa course folle stylistique pour faire le point et affirmer sa personnalité. D' une noirceur inédite dans sa production ce disque démontre l' une des forces de Tumor, soit un talent hors norme pour aborder l' intimité et décrire la relation amoureuse et ce avec très peu de paroles. Il se dévoile un maître en Sound Collage et offre une Ambient régénérée. A la suite du disque est annoncé sa signature sur un autre label phare de l' avant garde, PAN (Lee Gamble, M.E.S.H., Objekt etc etc). 2016 sera donc le sommet de la première partie de son culte. Les sites électro et avant gardistes célèbrent "Serpent Music" (ici) qui se classera dans nombres de leurs classements annuels (Wire par exemple). Par ici Top 8. Suite logique et aboutie de "When Man Fails You" ce disque voit Tumor effectuer un nouveau virage stylistique vers les racines Soul et psychédéliques. Et l' auditeur de se retrouver face à une version Ambient de l' Afro Futurisme. Racines et influences bien évidemment passées à la moulinette via l' esprit moderniste et pervers du bonhomme. Les sample détonnent par leur variété et une forme de désespoir semble s' emparer un peu plus de l' auditeur qui se confronte à l' anxiété sociale, la paranoïa et la mort. Désespoir face auquel Tumor nous propose pour l' affronter une spiritualité inédite dans sa musique. Tumor s' inscrit parmi la fine fleure de l' avant garde aux côtés de Klein quand certains le rapproche pour son approche arty d' un Dean Blunt. Malgré l' effet PAN et sa participation à la réputée et remarquée compilation "Mono no Aware" Tumor peine à sortir du monde avant gardiste et électro. Les sites Indies plus important ne le repèrent qu' à peine et ne parlons pas de la France où Yves Tumor deviendra l' énième symbole de l' allergie à la nouveauté et l' expérimentation pour ensuite devenir celui d' un arrivisme et la vision bas du front de sa presse. Un an après le choc "Serpent Music" Tumor enfonce le clou avec le trop sous estimé "Experiencing the Deposit of Faith" (ici). Dans la suite logique du précédent il lorgne sur l' ambient mais une ambient détonante au pouvoir émotionnel sans précédent dans sa carrière et la parfaite maîtrise d' un groove hypnotique et transcendant. Et Tumor brisa la frontière séparant l' Avant Garde de l' Indie ronronnante. Après l' étape du culte très limité mais solide au sein de l' underground la plus pointue Tumor passa dans une autre dimension. Son grand virage de 2018 en direction d' une musique un brin plus accessible et une plus grande visibilité médiatique sans rien perdre de son talent et son originalité est d' abord précédé par l' annonce de sa signature chez les légendaires WARP. "Safe In The Hands Of Love" (ici) puis "Heaven To A Tortured Mind" (ici), lui amenèrent la reconnaissance tardive et lente du petit monde Indie et de ses sites. L' américain vit alors son noyau dur s' agrandir considérablement au point qu' il explosa à la face du monde numérique ce 15 Juillet 2021 et les jours qui suivirent. Tous les site qui naguère le boudaient lui tressent des lauriers et le bonhomme de devenir une improbable Rock Star. "Safe in The Hands Of Love" est une déflagration dans le milieu Indie qui ne l' avait pas vu venir. Déflagration sonore mais également visuelle tant Sean Bowie s' est rappelé son nom de naissance et en s' inspirant des paillettes Glam Rock de qui vous savez assume totalement les us et coutumes vestimentaires et scénique de la RockStar. Pour ceux comme DWTN qui suivait le bonhomme et lui vouait déjà un culte c' est également une surprise. Maintes fois espéré, l' introduction de l' avant garde de la décennie écoulée (Hypnagogic Pop, Vaporwave, Deconstructed Club) dans la sphère indie et ce avec une réussite totale, relevait du pure fantasme après des années de rendez-vous manqués. Avec du recule relire les chroniques Pitchfork et autres de Tumor ne permet pas encore à expliquer leur engouement surtout quand on y décèle une certaine perte de repère et pas mal d' approximations dans ce qui est écrit. Ils adorent mais peinent à expliquer les origines de cette musique qui part dans tous les sens, aux influences bien trop diverses pour être cataloguée, capable d' offrir enfin le mariage entre une expérimentation aventureuse et des capacités en songwritting Pop/Soul et Rock digne des plus grands. Sincèrement je pensai à un accident quand je vis apparaître le nom de Tumor dans les Top annuels des Pitchfork, Inrock et compagnies. Deux ans après rebelote avec le plus facile d' accès "Heaven To a Tortured Mind" qui continue de bénéficier un accueil critique victorieux mais via des chroniques toujours autant perdues parce que leurs auteurs n' avaient pas vu le début du film de la carrière de Tumor. Comment expliquer alors cette capacité à s' emparer de vieux styles tel de la matière comme l' Hypnagogic Pop, ce son puissant et striant issu d' une production aventureuse et sans bornes sans se souvenir du Maximalisme et de la Vaporwave, et ce méticuleux travail de destruction et de reconstruction dans une nouvelle forme façon Deconstructed Club. Surtout quand on a négliger ces trois courants parce que jugés "Sous genre" et bien moins vendeur de ticket pour les festivals. "The Asymptomatic World", le bijou de la couronne d' un avant gardiste devenu RockStar. "The Asymptomatic World" est donc arrivé à l' improviste et des sites tel Pitchfork ou ce qui reste des Inrocks de le chroniquer. Chose plutot inhabituel dans le ronronnement journalistique qui boude ce format en général mais qui en dit long de l' impact du bonhomme. Un impact appelé à s 'intensifier d' ici un an. Il y a un petit détail à préciser sur le culte Yves Tumor en cours de solidification et de croissance. Tumor n' a quasiment jamais tourné en Europe avant les restrictions COVID. Très peu de vidéos circulent mais les rares promettent des concerts assez intenses pour multiplier l' impact sur les festivaliers par exemple. Comme toujours avec Yves Tumor cet ep laisse l' impression que tout change en apparence mais finalement, rien dans le fond. Faut dire que question fond le bonhomme en a revendre après plus de dix ans à expérimenter et réfléchir. Quite à déstabiliser la critique dans son ensemble qui s' étonne systématiquement de ces changements. Evidemment elle a raison mais qu' en partie et peine à réellement réaliser ce qu' il se passe depuis trois sorties discographiques. Ce qui fait que Tumor apporte aux petits mondes de guitares une inespérée bouffée d' air frais. Bien sûr que la Soul et les solos Prince semblent s' effacer pour laisser place à des tendances stylistiques aux origines plus proches chronologiquement. Ce n' est pas une nouveauté que dire que Tumor reluque les 90's indie. Déjà à l' époque de "Safe in the hands of love" cette décennie était présente comme l' atteste la tuerie Baggy/Soul "Noid". Le traitement des guitares a toujours évoqué certaines expérience shoegaze ou Noisy et certains ressortent à juste raison cette référence au sujet du récent ep. Sur "Asymptomatical World" Tumor évoque le Post Punk, le Grunge, le Glam, l' Indus, le Gothic et pleines d' autres vieilles choses. Mais Tumor va plus loin que le simple revival et ne se contente pas de simplement moderniser une vieille machine. N 'oubliez pas que Tumor a fait plus que fricoter avec les cliques Deconstructed Club Berlinoise de Janus et celle d' Halcyon Vieil de Rabit. Il détourne les tropes et les retravaille en permanence. Sauf qu 'il a laissé ses vieilles lubies dancefloor pour ses amours guitaristiques assumées comme jamais sur cet ep. Ainsi certains de ces titres débutent comme une resucée rétrogaga mais immédiatement, la copie s' éloigne des originaux. Les us et coutumes s' effondrent au fil de morceaux qui filent droit au but mais ne cessent de se rapprocher du précipice et risquent de s' effondrer sur eux même. Chose curieuse dans son sens de l' innovation il y a quelque chose d' insolent à la Oasis ou à la bêcheuse façon The Strokes chez Tumor comme si justement Oasis et les Strokes ne s' était pas contenter de pomper le passé des guitares avec arrogance ou cynisme mais en plus de les traiter avec irrespect pour finalement les faire viser le futur. Beaucoup des caractéristiques de Tumor ont à voir avec la production qui quant à cette dernière peut influencer fortement la construction des titres. Une production viscérale qui fausse l' aspect vintage et le train train du songwritting rétrogaga. Sur ce point il est à préciser un petit changement autour de Tumor puisque Justin Raisen a disparu au profit de Yves Rothman et Chris Greatti. Du coup Tumor et sa fine équipe se lachent comme jamais en matière de production sur "Asymptomatical World" . Les curseurs tutoient le rouge dans un exercice fondamentalement Maximalist. Et pour faire plus précis et taper juste on peut affirmer que les titres présents sur cet ep offre une relecture Maximalist des textures sonores de cette bonne vieille Hypnagogic Pop. Et il est peut être même bien là le secret de la grandeur et l' originalité du Yves Tumor deuxième version depuis 3 ans. Il a tout retenu de son expérience underground et avant gardiste pour ensuite transposer son savoir en des terres plus connues mais moins réputées pour leur originalité ces dernières années. D' une certaines manière Tumor venge l' Hypnagogic Pop, la Vaporwave et la Deconstructed Club, trois genres musicaux novateurs jugés comme "sous-genre" par un milieu Indie un brin nombriliste. Et c' est ça qui déstabilise la critique et une partie des réfractaires indies dans leur ensemble. Tumor vient d' un univers où le concept n' est pas une tarte à la crème comme chez certaines formations indie. L' Hypnagogic Pop, la Vaporwave et la Deconstructed Club sont les œuvres d' artistes qui ne se sont pas contenter de faire comme les autres mais ont chercher à nous interroger, nous interpeller afin de réfléchir sur ce qu' était devenu la musique pop ou autres de nos jours. Pour conclure on dira juste que Yves Tumor qui vient de fêter ses dix ans de carrière discographique est probablement l' un des plus dignes héritier de David Bowie et qu' il apparaît lui à son tour comme un messie envoyé du futur au pays des guitares en 2021 après des années de rétromanie. Mais à la différence de l' anglais, qui débuta dans un Pop Rock plus mainstream (Hunky Dory-Ziggy) pour s' abreuver et s' inspirer de l' underground avant gardiste (la trilogie Berlinoise) après moult changement stylistique, c' est que l' américain commença dans l' avant garde et l'underground pour ensuite filer vers un plus large publique avec dans ses bagages 10 solides années de réflexion artistique et d' expérimentation en tout genre. Cette infime différence est peut être ce qui singularise Tumor mais surtout le rend essentiel parce que ce type de parcours quoi qu' en pense certains était devenu inexistant ces 20 dernières années. TOP ALBUM Sous une multitude de pseudos et de collaborations Yves Tumor arrive à atteindre la vingtaine d' albums ou mixtapes en à peine 10 ans de carrière. Bien sûr il en manquent mais vous trouverez ici une grande majorité de ses sorties. 1. YVES TUMOR Safe In The Hands Of Love (2018) 2. YVES TUMOR Serpent Music (2016) 3. YVES TUMOR Experiencing The Deposit Of Faith (2017) 4. YVES TUMOR The Asymptotical World (2021) 5. YVES TUMOR Heaven To A Tortured Mind (2020) 6. YVES TUMOR When Men Fails You (2015) 7. RAJEL ALI Vejas SS16 Soundtrak (2015) 8. TEAMS Sierra City Center (Diamond Club) (2013) 9. BEKELE BERHANU Untitled (2015) 10. TEAMS One World 開発 (2013) 11. DEDEKIND CUT + YVES TUMOR Trump$America (2016) 12. THE MOVEMENT TRUST Asemic Swing (2016) Collaboration avec L.R. BEDMAN 13. TEAMS Dxys Xff (2011) 14. SILKBLESS Club:Gen (2014) Collaboration avec L.R. BEDMAN 15. TEAMM JORDANN Champion (2012) Collaboration avec Daytime Television 16. TEAMS Everything Was Beautiful (2019) 17. SILKBLESS SB1 (2013) 18. TEAMS + NOAH + REPEAT PATTERN Kwaidan (2018) PLUS : Trois compilations essentiels où Yves Tumor apparaît. NON Worldwide Compilation, Vol.1 (2015) PAN Mono No Aware (2017) HALCYON VEIL ConspiracÌON Progresso (2016)
- DIJIT, fumée bristolienne sur Le Caire. Quand le Trip Hop redevient moderne là où on l' attendai
Imaginez que vous vous retrouvez confiné dans un modeste appartement de la banlieue du Caire ces derniers jours. Engourdie par une chaleur récemment réapparue, vous êtes affalé sur un canapé vétuste. Noyé bien sûr dans la fumée d' une chicha dont vous ne pouvez plus vous passer. Et tout ça au son d' un vieux Portishead ou Tricky sur lesquels se superposent les sons modernes des radios locales et les appels des muezzins. Difficile cependant de se représenter cette scène allez-vous me dire. Tant elle se révèle à la fois fortement intrigante et incongrue. C 'est que vous ne connaissez pas Dijit. La gigantesque bourrasque d' air frais dans nos vies confinées de ce triste printemps 2020. Et le grand retour totalement inespéré et tout autant inattendu ,voir appréhendé, du Trip Hop dans nos vies de presque vieux ainsi qu' à la découverte d'un style échappé des griffes des revivals incessants de l'industrie musicale pour les plus jeunes. Hashem L Kelesh aka Dijit est un artiste pluri-disciplinaire résidant dans la banlieue de la capitale Egyptienne. Méfiant mais engagé politiquement ce jeune homme d' à peine 30 ans produit de la musique depuis une dizaine d' années. Passé d' abord par un rock "Horrible" selon ses dires il s' est dirigé vers les sonorités plus modernes et permissives en matière d' expérimentation. Il se définit comme "un homme triste" fortement attiré par la création artistique portant sur le corps et le sexe. Il dit aussi vouloir créer "des illusions de sons et d' images qui, à sa grande surprise, plaisent à certaines personnes". Le label YOUTH d' Andy Lyster , déjà repéré pour l' excellent "Lo Tech" de L Lund l' an dernier, nous dévoile donc le merveilleux premier disque de Dijit, "Hyperattention Selected Dijital Works Vol.1" . Le nom du disque en forme de clin d' œil suffit à faire savoir quel est l' un des héros du bonhomme qui se revendique comme un autodidacte par internet. Et bien évidemment comme un fan d' Aphex Twin pour ceux qui connaissent pas l' un des disque les plus importants des 90's. Mais étrangement, ce qui rajoute à l' aspect mystérieux de ce machin, ce n' est pas de l'Idm de Richard D James qui est évoqué immédiatement à l' écoute du disque. C' est une évidence. Au Caire entre 2013 et 2018, un type s' est imaginé avoir un pied dans le Bristol des 90's et l' autre dans sa patrie agitée en plein Post- Printemps arabe. Et tout aussi étrangement, cela ne sonne absolument pas comme une réappropriation flemmarde d' un passé lointain chronologiquement (30 ans!) ainsi qu' exotique par son origine géographique. Dijit rénove le Tri Hop et ce d' une façon à la fois radicale et mesurée. Pour les lecteurs de ce blog le fait qu' en Egypte et le Moyen Orient la modernité soit vivace en matière de création sonore ce n' est pas une surprise. Loin de là. Zuli (ici) et Msylma (par là) ont déjà mis de sacrés coups de pieds au cul des a-prioris occidentaux. Dijit quant à lui réussit à totalement s' approprier le passé occidental et à nous le rajeunir d' une manière rarement croisée dans notre si vieille Europe. Bien sûr que l' auditeur va penser aux premiers Portishead ou au "Maxinequay" de Tricky ainsi qu' à Massive Attack période "Mezzanine". Les ambiances enfumées, flegmatiques et sobres virant plus rarement, mais parfois, à l' étouffant et l' angoissant cible tout un pan des 90's dans ce qu' elles avaient de plus passionnant et émouvant. Mais les aspects orientalisant et le gout de la modernité sonore issu de l' indietronica et l' IDM de la clique Warp vont irrémédiablement évoquer par affinité d' origine la grande Leila en plus des voisins Msylma et Zuli. A l' image de l' absence des craquements vinylesques typique du Trip Hop d' origine celui de Dijit, les remplaçant par des petites évocation numériques et digitales, est frais jusqu' à atteindre vicieusement l' hyper modernité du Post Club. Ce disque dont l' enregistrement s' est étalé sur 5 ans, est surtout le fruit d' un travail collaboratif entre un producteur lo-fi intransigeant et génial invitant ses amis à poser leurs voix sur ses productions. Et que le carnet d' adresse de Dijit est riche en talent vocaux et diversités. Tout comme ce disque appelé à devenir un classique de cette heureuse mondialisation moderne musicale passant sous les radars d'un occident musical indie à l' agonie à force de rétromanie. Merveilleux ! LE TRIP HOP EN QUELQUES MOTS ET UNE PLAYLIST The Wild Bunch dans les 80's, Bristol. Je pense que si pour les plus perspicaces c' est une évidence il faut quand même envers les plus jeunes le dire , la génération de votre serviteur a baigné dans le Trip Hop pendant les 90's. Grandi sous Madchester avec sa partouze rock indie et électro-dancefloor, témoin de l' apparition du Hip Hop plus tôt, donc déjà adepte du brassage stylistique et culturel, passant par le shoegaze novateur et l'IDM pour le goût des textures et l' abstraction, à mes yeux le Trip Hop était aussi important que tous les noms cités. Une musique totalement adapté au spleen post chute du Mur et triomphalisme révoltant du Capitalisme. Et bien sûr aux rites enfumés des post-ado. A la fois post-moderne par l' utilisation des samples du passé musical mais tout autant frais et novateur par ses manières et le rendu il se permettait d' être le passage obligé entre d' une part l' égocentrisme et le passéisme de la Britpop/rock si réconfortant par leurs aspects de madeleine de proust pour jeune en manque de révolution mais également et malheureusement indicateur d' un nombrilisme sociale et de race pesant. Et d' autre part, l' expérimentation futuriste radicale parfois intimidante de l' électro façon Jungle, Drum & Bass où ce coup-ci la mixité de race et sociale était la règle. Le terme Trip Hop a été souvent utilisé à tors et à travers par la critique mais honnêtement ce style était aussi bien identifiable que difficile à cloisonner tant les variantes furent multiples. Dresser une playlist du genre en tentant de garder une certaine forme de purisme est une véritable gageure tant ce courant et ses artistes possédaient un goût certain pour le mélange des genres. Si les racines étaient bien évidemment à trouver dans le Hip Hop chaque artistes y a introduit ses marottes personnelles. Les 60's Baroque-pop, variétoches ou Soul pour leur goût affirmé des voix féminines, se confrontaient ainsi aux affinités plus récentes comme le Post-punk indus (Mezzanine) , techno ou indie rock voir jazzy. Bien évidemment la clique de Bristol est obligatoire mais le style a tellement influencé mondialement et culturellement que l'on peut autant le retrouver à peu près partout mélangé à d' autres styles multiples. Du rôle influenceur d'une Neneh Cherry au copinage avec Bjork et des tentations d'une frange indie (UNKLE) Aborder le Trip Hop sans citer DJ Shadow, si éloigné de Bristol est tout de même impossible tant sa musique partageait avec celle des anglais. Et que dire des catalogues Mo Wax et Ninja Tune pour des versions souvent instrumentales. Voici une très longue playlist qui reflète cette diversité et la tendance hégémonique du Trip Hop a ruisseler un peu partout. Et les éternels absents de Spotify
- Farai, le post-punk façon NON Worldwide rappellant tant Massive Attack et l' avant glaciation n
Le frisson est là! Mais pas n'importe lequel. Ce satané putain de frisson ressemblant autant à un cri de guerre que d' amour. Un cri à la fois terrorisant et jouissif. Réconfortant et encourageant pour partir au combat. Son nom c' est Farai. Artiste originaire du Zimbabwe résidant à Londres. Plus qu'une simple énième découverte musicale comme tant d' autres que le flot massif de sortie nous apporte. Elle semble ainsi répondre à la question de l'omniprésence rétro souvent abordée dans ce blog et ce au travers d' un lien tissé entre deux périodes. Farai mais aussi la lecture d'un livre qu'un heureux hasard a mis entre mes mains récemment. Un livre racontant l' histoire d'un des plus grands groupes de la musique. Groupe auquel on ne peut que penser en écoutant la belle. Massive Attack. Farai parait à mes yeux entamer la même démarche que certains autres dont il a été question par ici. Des Rustie, Lorenzo Senni, Oneohtrix Point Never ou Ariel Pink pour la faire vite. D'une certaine manière Farai tente consciemment ou pas de réponde à la question : Quand ça a merdé? Quand ça s'est arrêté? ça s'est mis à patiner? Et une fois la réponse trouvée de poursuivre en apportant une solution au problème posé. "Vers la fin 90's ça a chié semblerait-il? . Depuis c'est revival et vintage à gogo! Soumission et fatalisme. Ok, alors reprenons juste avant pour pouvoir repartir sur de bonnes bases". Sa solution semble être un énième retour en arrière mais différent de celui opéré par tant de gaga nostalgiques dans la musique. Cela peut paraître illogique, critiquer l' arrêt de la course du temps et le recours au passé systématique pour se plonger à son tour dans une période donnée. S'en imprégner fortement et la recracher. Tout dépend peut-être quel époque, quel musique, quel endroit, quel classe sociale on se réfère. Les objectif et les motivations de la démarche? Je vous ai justement déjà parlé ici à propos de l' Hauntologie et de sa différence avec la rétro nostalgie repérée par Adam Kesher. Les Ariel Pink, Oneohtrix Point Never se mirent à fouiller les poubelles de l' histoire mainstream et underground pour réécrire le futur et le présent. A leurs yeux c' était plus propice que les sempiternelles même références du musée musicale institutionnalisé. Farai semble en être une autre version. Une version plus directe! Et sans passé par la case poubelle de l' histoire. Mais peut-être par le placard de l'histoire ou certains entreposent les belles choses qu'il n' osent, influencé par les modes, ne plus porter. Beaucoup tissent des liens entre 2017 et les années trente. Montée du faschisme face àux "crises" économique et politiques . On sait comment ça c'est fini et entre perte de mémoire des uns et le déni des autres une grosse majorité opte pour un illusoire arret du cours du temps. Pour d' autres, une minorité semble-t-il, c'est 1917-2017 et notre siècle n' a réellement commencé avec ses bouleversements que depuis quelques mois. Comme si la fin du précédent et le début du 21ème siècle semble s' être apparenté à une pause malencontreuse de l' histoire sous la domination d'un truc terrible dans bien des domaines. L' apparition de Farai semble bien vouloir signifier un peu de ça et pour elle la marche de histoire se gela donc vers 96-98 au moment même où un groupe de Bristol tenta de changer le cours des chose à grand coup de brassage culturel et musicale. Le néo-libéralisme s' est abattu sur le monde et gela tout progrès et changement possible en s' accaparant la mondialisation. En infiltrant tout. Et la musique n' y échappa pas sous la forme d'une glaciation rétro recouvrant toute forme de nouveauté et d' expérimentations originale. Il y a aussi un sentiment âpre et ténu qui s' était emparé de moi depuis quelques années et qui vient de ressurgir grace à Farai et les écrits de Mélissa Cheram sur la clique de 3D. Le grand brassage culturel symbolisé par Massive et Bristol s' est-il pas un peu évaporé pendant l' ère nostalgico-glaciaire? L' approche de la musique, et particulièrement en France, ne s' est-elle pas franchement un peu teinté de cloisonnement hypocrite et masqué au cours de cette glaciation? Ma découverte des titres de Farai mélée à la piqure de rappel qu'est le livre de Mélissa Chemam me donna l' impression qu' un long et ennuyeux chapitre prenait enfin fin et que l'on se retrouvait ainsi au point de départ. Venons-en à Massive Attack et le moment juste avant que ça gèle selon ce que Farai évoque. 1998 Bien sûr il y eut d' abord "Unfinished Sympathy" et "Blue Lines" en 91. 1991, année surchargée de choc musicaux mais curieusement, ce n' était pas ma première rencontre avec la clique de 3D qui semble avoir laissé le plus d' impact sur moi. Mais bel et bien l' effroi et le plaisir ressenti au printemps 98. Comment se remettre de "Mezzanine". Mon préféré et pas que pour des raisons purement émotionnelles. La chaleur trip hop rencontrait la glace indus-New Wave grace à la magie du sampling. Que ce passe-t-il si on trempe le sabre rougeoyant de la colère tout juste sorti de la fonderie dans la rage glaciale faite d' azote liquide à moins 500 degrés. Massive Attack par le mélange des genres et des clans me retourna. Jamais je ne remercierai cette formation et leur ville de Bristol pour le shoot d' ouverture d' esprit qu'ils m'ont injecté. Pas d' oeillères ou de niche stylistique, depuis le Pop Group, en passant par Tricky et Portishead c'est une marmite de genre où aucun ingrédient, aucune classe sociale, aucune race n' y a pas sa place. Tout y était le bienvenue. Toutes les musiques et les cultures. Bristol? Aussi important que Manchester et Berlin. Point final et toute discussion devient intutile. Automatiquement au cours de mes lectures au sujet de Massive Attack et de sa ville dans mon esprit une autre rencontre du chaud et du froid s'y est associé. Peut être parce que sa découverte date aussi de ce fichu printemps 98 et aussi parce qu'à y regarder de plus près bien des points commun la reliait à Mezzanine. Une autre forme de crossover stylistique et culturel parfait. Et pourtant le disque dont il est question ne semble pas bénéficier à tord du même prestige que "Mezzanine". Les témoins peuvent vous le dire, votre DWTN n' écoutait que deux disques en ce printemps-là, Massive Attack et ..."How to Operate With a Blown Mind". Hein quoi! hurle le néophyte. Oui oui, "How to Operate With a Blown Mind" et surtout "Vision Incision". Hein quoi? De qui?. Lo Fidelity All Stars. Formation affiliée au courant Big Beat mais aussi étiqueté Skunk Rock . Un truc de journalistique pas si faux que ça dont le nom était une référence à la fumette. DWTN est tombé dedans comme dans le trip hop bristolien. Avec les Lo Fidelity il y avait aussi les Regular Fries et les Campag Velocet. Certains ont voulu caricaturer en les définissant comme un regrettable retour de flamme madchester mais il y avait là un contenu politique, une fraîcheur et un goût pour la diversité bien plus important et pertinent que ce qui suivra. Raillé et très vite mis au rebut leur crossover pas si débile que ça . Le trip-hop représenté par Massive Attack n' y échappa pas non plus. C' était devenu has-been et il faut aller fouiner dans la presse musicale et les premier sites pour tomber nez à nez avec un ras le bol sous jacent chez certains. Comme si cela avait été une overdose forcée. Un trop plein de trip hop et ce dernier finalement qu'un simple effet de mode passager avec certes de grands moments mais franchement lassant. Mais bon dieu que le produit faisait du bien et franchement il était bien moins nocif que les tendance revivalistes et égogentriques amenées par la Britpop. Lassés donc, certains se vautrèrent dans le revival rock des Strokes et compagnies. Avouez qu'ils avaient une bien curieuse façon de lutter contre la lassitude en choisissant le déjà vu. Mais c' était plus complexe et plus vicieux qu'un simple repli sur soi assumé en société. Le culte du passé maquilla ce qui n' était qu'un retour en arrière et si les mariages mixtes furent accepté on peut se demander si ce n' était pas ceux uniquement déjà célébrés. 2017. La rage et la colère froide sont toujours là. Le Néo libéralisme dogmatique et sa course à la compétitivité suicidaire continuent la prise d' otage des cerveaux. Le mur contre lequel nous fonçons approche encore plus vite. Le désastre écologique s' amplifie, la haine et la peur de l' autre règnent partout sur fond du désastre économique qui n'est rien d' autre que son terreau. Les même maux semblent s' être surmultipliés et ce qui semblait n' être que des lubies de gauchistes utopiques aux yeux de certains en 98 deviennent des évidences. Au mur terrifiant certains à la vue courte répondent par d' autres murs illusoires et meurtrier. Le rêve de l'union européenne fagocité par le Néo-libéralisme s' écroule et se retrouve nez à nez la crise des migrants. Avec l'individualisme forcené et l'isolationisme qu'il a créé.Tout ça Massive Attack l' avait prophétisé dès 95. Réécoutez "EuroChild" ! Regarder cet Eurochild qui a voulu se goinfrer sur le dos des autres et qui à présent se voit imposer des cures d' austérité et les autres frappé à sa porte pour réclamer leur du. Pas un hasard non plus si Massive Attack reprend ce vieux titre dès l' annonce du Brexit. L' isolationnisme en musique il est aussi bel et bien là. Mais d'une manière bien particulière. Beaucoup parlent des anciens mariage mais se révèle totalement hermétique aux nouveaux. Un collectif semble répondre à "Eurochild" d'une façon très directe 22 ans après. Je vous en ai maintes et maintes fois parlé tant ses publication et son activisme sont devenu au fil des mois via de sacrées remises en question une bouée de sauvetage musicale, politique et morale. C'est donc une nouvelle fois par Non Worldwide que m'est venu la beauté, la joie et le sursaut. Une nouvelle fois ce collectif basé sur la diaspora africaine brille par son flaire, son ouverture d' esprit stylistique et son importance. Après les sud africains de Faka et bien d' autres NON offre au monde Farai. Son premier titre "The Sinner" présent sur cette putain de compile essentiel qu'est "NON Worldwide Compilation Vol.1" avait déjà bien des similitudes avec la clique du nord de l' Angleterre Lo Fidelity. Similitudes qui ne m'ont pas sauté aux oreilles tant la compile était si riche en nouveauté et en diversité. Ce flot de brassage stylistique à nouveau novateurs. La diaspora africaine se réempare des influences américaine et européenne plus blanche. Un retour de boomerang salvateur. Comme 3D qui écoutait The Clash, du post-punk puis du hip hop pour enfin brasser tout ça dans Mezzanine. Comme les Lo-Fidelity tapant autant dans le funk, le ska et le disco des blacks que l' électro post-Madchester et le rock des prolétaires anglais. "Lion Warrior" apparu vers janvier marque un virage important dans l'oeuvre de Farai. Elle s'est trouvé un nouveau compère de jeu, Tone.Ce dernier lui apporte une certaine sobriété et simplicité. Au début ça peut ne pas vous le faire. Sentiment de retrouver la même recette facile repérée chez TV on The Radio ou plus récemment Algiers et Light Asylum. Mais assez vite la recette s' avère ne plus être une liste d' ingrédient facilement maîtrisable par le premier cordon bleu venu. Les incantations paraissent décuplées. 20 ans après le terrifiant "Mezzanine" des Massive Attack ce titre semble à la fois avoir été fait au même moment dans un studio voisin puis via une faille temporelle s' être imprégnée de notre époque contemporaine . De la réalité prophétisée par "EuroChild". Les ressemblances sont troublantes et touchantes. Seule différence, la concision désarmante offert par les faibles moyens et les rares outils de Farai et Tone. Pas de corde symphonique ici de même que pas plus de mur shoegaze façon Tv On the Radio méthodiquement construit en studio. "Inhale Exhale" semble quant à lui avoir été bricolé sur la même boite à rythme rachitique chopée chez Easy Cash que celle des deux héros lads, les Sleaford Mods. Sa montée glaciale et étouffante, le travail sur la voix, c 'est exactement le même truc que les Lo Fidelity. Quand l' Afrique rencontre l' angoisse et la déprime du post-punk froid c'est à une catharsis jubilatoire et revigorante. On retrouve ça aussi dans le Gqom, ces nappes de synthé qui plombent et enveloppent la chaleur de la rythmique ou du chant ici. Claque du jour? Une journée qui risque bien durer une délicieuse éternité.