BENJAMIN BOOKER, continuer d' avancer et d' évoluer coûte que coûte
- Jojo Lafouine
- 9 févr.
- 3 min de lecture

Au regard de ce blog la carrière de Benjamin Booker avait fort mal commencé. Adepte d' un Blues Rock sans grand intérêt, malgré un bon savoir faire en matière de texte et d' une sensibilité particulière, le virginien était une caricature Rétro Gaga quand les médias Indie s' intéressèrent à lui au mi temps des 10's. Puis, très vite, oublié. Le bonhomme nous revient 8 ans après et le moins que l'on puisse dire c' est qu' il tape très fort.
Englué dans un vintage mille fois entendu depuis le grand Revival Rock du début 00's on ne misait pas un Kopeck sur Booker. C 'est donc après une pause qui se révèle plus que bénéfique qu' il a enfin décidé d' effectuer un retour assez tonitruant. Pour cela il n' a pas hésité à effectué un vraie et très forte remise en question. Abandon de ses influences Blues Rock trop fortes et dans ce but opérer un choix audacieux en matière de producteur. C' est donc accompagné du producteur Hip Hop expérimental Kenny Segal que l' américain s' est remis au travail et a pu enfin trouver le son qu' il explique avoir chercher un certain temps. Si Segal lui a apporté les astuces d' un art Hip Hop fortement aventureux Booker a quant à lui été voir ailleurs. Certes il ne fait pas preuve d' une folle originalité en regard des artistes défendus dans ce blog tant les influences sont mille fois cités par ici mais il le fait d' une manière très personnelle et efficace. Noise Pop, Shoegaze, Glitch, Dream Pop, des modes opératoires très Ambient et de fortes senteurs Tri Hop. On commence à connaître la recette ces derniers mois mais faut-il encore posséder une sacrée personnalité et assez d' originalité pour toucher au but. Ce troisième album intitulé "Lower" se révèle être l' accouplement parfait d' une très riche diversité d' influences. A celles citées plus haut il est à rajouter une sensibilité très Soul débarrassée des tics Blues Vintage à l' image de la douceur de sa voix qui accompagne assez singulièrement avec succès l' aspect râpeux des fuzz qu' il adore utiliser. Le premier titre "Black Opps" en est l' exemple parfait avec ce nuage Shoegazien boosté par un Beat robuste chaperonnant une voix fragile et suave à souhait.
Richesse et diversité encore en matière d' instrumentation puisqu' il n' hésite pas à sortir des carcans stylistiques en ajoutant à une très classique (guitare acoustique) l' électronique et l' échantillonnage via notamment par le goût prononcé de l' interférence sonore. Sur ce dernier sujet on peut constater ces derniers mois que la méthode de l' interférence sonore devient fréquente chez des artistes parfois très éloignés et adorés par ici. Que ce soit du côté du Brésil avec Dj K et son Bruxeria Funk, Dj Anderson Do Paraiso avec son Baile Funk, ou la relecture Psychédélique du Soukous Congolais par Ale Hop & Titi Barkola. Ajouter influences sur influences ne suffit pas et peut être l' une des plus grandes qualités de Booker expliquant la réussite de cet album qui brille également par la diversité des titres est son grand talent sans bornes en matière de songwritting Pop. Les moments d' accalmie succèdent à d' autres plus rentre dedans sans que le niveau d' intensité et d' émotion ne baisse. Le couplet qui charme immédiatement, le refrain tueur terriblement accrocheur pas prêt de sortir de votre tête, il maîtrise la palette Pop à la perfection ce qui très rare de nos jours surtout côté Outre Atlantique. Une Pop Indie qui parfois évoque Grandaddy ou Sparklehorse tout en se drapant d' une toge cinématographique. Quoi de plus de normal pour un artiste qui avoue s' être fortement inspiré du réalisateur Jean Pierre Melville comme le trahit le noir et blanc de ses clips.
Booker se demande tout au long des 11 titres de "Lower" comment fait-on pour réussir à vivre dans un tel monde de merde. Sans être donneur de leçon et avec une certaine délicatesse sous entend la réponse évidente. Continuer à aller de l' avant et à l' instar de sa musique, ne pas avoir peur d' évoluer et de se remettre en question.
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