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Haley Fohr aka Circuit Des Yeux

YHWH Nailgun : Deconstructed Rock cataclysmique.



Les YHWH Nailgun étaient apparus sur les radars en 2022 avec deux Ep tout autant intriguant l' un que l' autre. Depuis le buzz est monté progressivement chez les amateurs de musiques anticonformistes qui les attendaient au tournant avec fébrilité par crainte d' être confronté une nouvelle fois à une si belle promesse non tenue . Trois ans plus tard "45 Pounds" déboule enfin et c' est un véritable coup de tonnerre.


Mes premières impressions vers la fin 2023 étaient partagées. Entre un fol espoir et l' inquiétude que cela soit trop beau pour être vrai. Avec leurs lacunes inhérentes à leur jeunesse d' alors, parfois on s' y perdait et eux ne semblaient pas toujours savoir où ils allaient, "YHWH Nailgun" et "No Midwife and I Wingflap" apparaissaient clairement dans mon esprit comme la réponse ricaine aux géniaux irlandais Girl Band/Gilla Band (ici) et aux percussions de Valentina Magaletti au sein de Moin (ici) . L' association de ces deux groupes prenait alors dans mon petit cerveau le rôle d' un pur fantasme tant je les adule.

"45 Pounds" voit YHWH Nailgun (prononcez Yahvé) resserrer leur art et aller au plus simple. Efficacité absolue, œuvre brut sismique susceptible de charmer sans pour autant tomber dans un compromis fruit de la timidité du débutant qui n' ose pas tout.


En 10 titres condensé en à peine 21 minutes les originaires de Brooklyn balance une énorme bombe sur les territoires Rock Indie. Fini les faux semblants niaiseux des uns et les redites copieuses des autres. C 'est une relecture totale du style et le renversement de la combinaison désuète traditionnelle Guitare-Voix-Batterie.

Les YHWH Nailgun délivre une conception du Rock réellement innovante et captivante. Plus j' écoute cette musique et plus j' ose penser que YHWH Nailgun nous offre à force de déconstruction des habitudes et des us et coutumes la version rock de ce qui se fit il y a peu en électro, la Deconstructed Club (ici) .

L' auditeur va identifier des tropes de vieux courants et styles apparentés au Rock totalement détournés et utilisés d' une manière profondément idiosyncratique. Ont-ils écouté Arca, SD Laika, HYph11E, Chino Amobi ou Sophie? On peut également évoquer l' HyperPop tant cette musique offre un Rock dans une version à la fois viscérale et cérébrale n' hésitant à en faire trop via un second degré totalement assumé.

"45 Pounds" c' est un shoot de dopamine évoquant la vie numérique de la génération Z. Nous sommes confronté au déversement ininterrompu de désir inassouvis, de frustrations, d' informations parfois contradictoires souvent interrompues et parasités par d' autres. Cette musique de l' ère Internet est à son image, frénétique. Les mélodie sont amputées et les paroles que des bribes chopées à la volet. Devant vous le chaos humain post moderne de 2025. Entre désolation et volonté de foutre en l' air ce qui semble tenir encore debout mais cache l' horizon et le chemin du grand tournant. Ce monde que nous décrive les YHWH Nailgun peut paraître certes absurde, risible, ridicule et flippant mais ils le font d' une manière absolument pas nihiliste et hostile tant ils peuvent redonner la force d' affronter ce réel.

Il est impossible de les étiqueter.

Bien sûr que parfois ce Groove venu de nul part peut évoquer LCD Soundsystem aux jouvenceaux des 00's mais pour les autres ce sera des noms bien plus illustres parce qu' en leur temps bien plus originaux que le gentil grassouillet Prof Pépère de Dance Punk James Murphy. Dire que YHWH Nailgun ça ressemble à des Liquid Liquid ou A Certain Ratio et The Pop Group n' est pas faux mais encore trop vague. Il faut encore plus fouiller dans la catégorie Experimentale et une filiation via l' audace et certaines sonorités va apparaître. This Heat !


Comme les anglais en leur temps les jeunots de Brooklyn adorent les textures singulières et n' hésitent pas à utiliser des idées tonales parfois très éloignées et différentes les une des autres. L' auditeur est en permanence surpris et l' imprévisibilité est leur marque de fabrique sur l' aspect son qui peut être à la fois métallique et synthétique, diffus et opaque. Imprévisibilité toujours concernant les structures des titres. Ils ont beau être courts cela ne les empêche en rien de vous déconcerter par leurs tournures. Ces compositions sont absolument anticonformistes et ne cesseront de surprendre voir de choquer.

Je parlais de Groove plus haut et il apparaît clairement que la grande star de ce disque est le batterie. Tenue par Sam Pritchard qui officine aussi en temps que producteur. Ce type a la polyrythmie dans le sang, un goût et un don unique pour toujours être sur le fil du rasoir de la cacophonie. Avec une souplesse hallucinante il fait preuve d' une hyperactivité hallucinante quand il s' agit de changer de rythme ou de chercher sur tous les éléments de sa batterie le son qui va vous emporter loin de la routine Rock. A ce sujet les YHWH Nailgun sont profondément Dada dans cette façon qu' ils ont de s' inspirer du Free Jazz sans jamais plagier le passé. Entre provocation et authenticité absolue. Ils vont encore plus loin que Still House Plants dans ce domaine. La complexité rythmique peut certes évoquer le Math Rock mais franchement on est loin de ce que nous offrit il y a peu la vague revivaliste dans le domaines et qui provoqua souvent chez moi et d' autres une aversion définitive liée à une forme d' overdose avec un courant rapidement devenu trop traditionnaliste.


L' autre star du disque est la voix de Zack Borzone. Parfois on se demande si ce n' est pas la Kim Gordon des grands jours qui aboie, grogne et hurle tout ce qu' il a au fond des tripes. Lui aussi semble prendre un immense et pervers plaisir à ne jamais tomber dans le déjà entendu. Quand Pickard avec sa batterie tient la baraque et envoie les titres dans la quatrième dimension et que Borzone vous arrache à la torpeur du "consommateur" de musique divertissante les deux autres membres du groupe, Jack Tobias et Saguiv Rosenstock, en remette une couche à grand coup de synthés déformés surnaturels et de guitares totalement méconnaissables. C 'est surtout sur ces sons de guitares inédits et l' anticonformisme des compos avec le goût des cris de bêtes qu 'il faut penser aux adorables Girl Band/Gilla Band même si chez les irlandais nous semblons être confronté à une façon multidimensionnelle quand les ricains ne jurent que par une démarche purement anti conventionnelle.


Face à la rugosité de cette musique et la déferlante sonore qu' elle contient on peut parler de Hardcore mais alors dans une version bien plus complexe et réfléchie qu' il n' y parait. Une version surtout fertile pour l' avenir. Les YHWH Nailgun se rapprochent des révélations expérimentalistes de l' an dernier, Moin et Still House Plants et avec eux enfin, on peut dire définitivement après les éclaireurs Girl Band/Gilla Band, que le Rock a retrouvé le goût du risque et a définitivement repris le chemin du futur.





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