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DANCING
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Haley Fohr aka Circuit Des Yeux

MOGWAI, retour au sommet du Post Rock .



Dans le Top annuel 2024 au sujet des géniaux Still House Plants et de leur relecture moderniste du Post Rock jazzy des origines (Talk Talk, Tortoise) j' expliquai à quel point leur démarche était salvatrice pour ce courant après des années monopolisées par les suiveurs de la deuxième vague Post Rock plus proche du versant Noise. Le groupe légendaire cité pour illustrer la deuxième tendance Post Rock était Mogwai.

Ma relation avec Mogwai a toujours été des plus complexes. Entre émerveillement avec le sentiment de s' être trouvé des copains dans leur vision de guitares expérimentales sans compromis à leurs débuts puis, progressivement, une amère sensation de lassitude accompagnant leurs sortie discographiques.

2025 voit Mogwai revenir avec ce qui n' est que leur onzième album en 30 ans de carrière. Un ratio faible en comparaison à d' autres groupes vétérans mais à prendre avec le recule tant le groupe resta toujours très actifs en matière de Bande Originale et de Ep.

Le récent "The Bad Fire" apparaît donc comme l' occasion d' écrire enfin sur ce qui est devenu au fil des années une véritable formation culte .


Mogwai est apparu à la fin des 90's et comme je l' écrivais plus haut les écossais appartiennent à ce que l'on peut considérer comme la deuxième vague Post Rock. Avec eux les Sigur Ros, Godspeed You Black Emperor ou Explosions In The Sky mettaient l' accent sur les crescendos amenant vers un Post Rock plus épique et parfois plus Pop dans sa sensibilité. Les guitares s' inspiraient fortement du Noise Rock et du Shoegaze. Ce dernier qui avait eu à subir les quolibets de la presse anglaise alors en pleine masturbation réac et égocentrée Britpop obtenait avec son dérivé Post Rock une petite vengeance.

Immédiatement, avec leur petit côté rebelle écossais à l' humour dévastateur, ces éternels emmerdeurs des certitudes et de l' arrogance anglaise, les Mogwai furent perçus comme les pourfendeurs d'une Britpop pas vraiment aventureuse et devenue très vite médiocre comme l' illustra le célèbre épisode du T-Shirt "Blur: are Shit". Leurs crescendos partis d' ambiances calmes et mélancoliques accédaient à d' autres assez apocalyptiques. Leur musique servait ainsi de palliatifs aux orphelins du Shoegaze qui bien souvent, par goût prononcé pour les textures sonores, l' expérimentation et des structures de chansons non conventionnelles, avaient eux aussi opté pour la vision instrumentale du Post Rock au détriment des velléités Pop et simplistes de la Britpop.


Pendant un petit peu plus de dix ans les Mogwai étaient devenus les cadors du courant au même titre que les groupes cités plus haut. J' ai eu maintes fois l' occasion de les voir en concert. A chaque fois ce fut une expérience intense et jubilatoire.

Chaque album enfonçaient le clou tellement ce groupe maintenait un très haut niveau et continuait de captiver par leur identité très forte. Mais après leur 6 ème album "Beat" de 2006 la saturation commença à s' emparer de moi. Les albums suivants semblaient se répéter malgré l' introduction de plus en plus affirmée de l' électronique. La surprise s' estompa et le niveau général sans tomber très bas semblait franchement plafonner. Mogwai était alors sauvé par certains moments de gloire comme par exemple pour leur bande originale pour le documentaire "Zidane : A 21 St Century Portrait" qui avait surtout l' intérêt de porter un éclairage plus grand publique sur ce courant jugé plutot difficile.

A chaque sortie cette impression de redite prenait le dessus malgré le fait qu' ils continuaient à vouloir évoluer. Peut être trop lentement. Mogwai a toujours suivi son petit bonhomme de chemin malgré les modes et les changements. Mais à sa faible allure quand parfois ça s' accélérait à côté et que certains fans d' origines prenaient poliment leurs distances tout en continuant de leur vouer un culte . Au fil des années Mogwai devint une sorte de The Fall version Post Rock comme avait été autrefois la formation de Mark E Smith. Un groupe intouchable à toujours citer comme référence absolue même si on écoutait de moins en moins leurs dernières sortis. Et puis au moment où ne s'y attendait plus trop un petit regain de forme et surtout de renouveau artistique apparu avec à la suite une surréelle reconnaissance grand publique. Sorti après la pandémie "As The Love Continues" produit par Dave Fridmann était marqué par un regain de forme et surtout une ouverture plus visible à des influences extérieurs bien mieux assimilées. La musique de Mogwai probablement en lien avec le contexte COVID semblait alors recoller à son époque comme à ses débuts. Ce n' était plus une capsule fin 90's début 00's déconnectée comme les précédents l' étaient devenus. Personnellement même si je fus agréablement surpris je considérai cet album comme une de ces petites réussites que l'on oublie très vite. J' étais passé à autre chose et si je devais les réécouter c' était bien sûr leurs classiques "Mogwai Young Team" et "Rock Action" qui me venaient à l' esprit. Mais ce qui marqua plus mon esprit et d' autres ce fut l' accueil de ce disque. Classé numéro 1 dans les charts Britanniques à sa sortie et nominé au Mercury Prize ce disque marquait le triomphe tardif d' une formation devenue légendaire qui avait eut son pic créatif 20 ans plus tôt. Un peu comme ces acteurs qui reçoive leur Oscar ou César d' honneur pour l' ensemble de leur carrière alors que la profession et le grand publique les avait ignoré et jamais mis sur le socle qu' ils méritaient depuis toujours.


"The Bad Fire" arrive donc 4 ans après cet étrange moment de reconnaissance et de léger renouveau artistique. A leur apothéose de 2021 succéda une période trouble dans leurs vies privé. L' un des membres vit même sa fille passer à deux doigts de la mort alors le triomphe récent passa très vite au second plan. Toujours humbles les Mogwai semble avoir continuer à vouloir évoluer et ce disque est à mes yeux une preuve bien plus solide et convaincante que le précédent.

L' album perpétue donc la démarche d' ouverture à une plus vaste palette d' influences mais sans que la personnalité très identifiable et forte du groupe n' en soit altérée . Les synthés paraissent avoir arrêté d' empiéter sur les plates bandes des guitares permettant ainsi à Mogwai de trouver un juste milieu. Avec leur nouveau producteur John Congleton ils ont enfin retrouvé une excellente nouvelle recette . S' appuyant sur leurs pics d' innovations artistiques d' autrefois ils les dépoussièrent leur donnant ainsi un lustre très moderne. Les titres se révèlent être bien excitants, bouleversants et euphoriques.

Si écouter Mogwai en 1997 pouvait parfois s' apparenter à une introspection et, plus fortement à un dangereux repli sur soi par la suite quand ils semblaient ne plus vraiment correspondre à l' époque, en 2025 leur musique franchement plus optimiste peut aider l' auditeur à se réveiller et à retrouver des forces pour passer à l' action.

Petit bémol. Sur "The Bad Fire" apparaît plus que jamais l' évidence, mais qu' au nom du respect total parfois un peu forcé dont ils leur portaient, les fans n'osaient affirmer. Les titres un brin en dessous sont les vocaux. Mogwai reste et demeure un très grand groupe d' instrumentaux et non de Pop Songs classiques. Le single "Fanzine Made Of Flesh" par exemple est certes entraînant mais on a l' étrange sensation d' écouter une version écossaise de Grandaddy. Les morceau phares sont donc les sans paroles "Pale Vegan Hip Pain", "If You Find This World" et l' inaugural "God Gets You Back" avec ses voix déformées qui passent au second plan façon Shoegaze. Le Shoegaze encore présent plus tard avec leur plus beau hommage à Saint Kevin Shields (My Bloody Valentine), "18 Volcanoes".

Mais ne boudons pas notre plaisir. Mogwai vient simplement de sortir son meilleur album depuis 19 ans. Et rien que ça c' est l'une des meilleurs nouvelles.






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