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458 éléments trouvés pour «  »

  • ELYSIA CRAMPTON, la mixtape cadeau !

    "L'avenir est notre domaine; ici et maintenant est une prison " Phrase présente dans ce monstrueux mix et tellement partagée par ici. Le complément indispensable de son "Demon City", l'un des très grands disques de 2016. Sacrée petite coquine d' Elysia Crampton. On l' avait pas vu passer cette magnifique mixtape de Novembre. Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'univers futuriste à forte odeur folklorique anti-colonialisme et revendication de genre c' est l'occasion ou jamais. Tout y est. les motifs ancestraux Boliviens, les jingle radio latino, les montées et les descentes du trip provoqués par un prêtre amérindien machiavélique. C'est peut-être l'un des meilleurs mix de l' année avec celui d' Arca et surtout le truc à faire écouter d' urgence à ceux qui peuvent aller un peu trop vite en besogne et refouler cette musique. On est très loin du harcèlement des troupes folkloriques des JMF ou des centre commerciaux. Y'a de la flute de pan et probablement du pancho mais alors en version post-internet 2016 totalement dingue.

  • DEDEKIND CUT ou, Lee Bannon contre les idées reçues.

    Fred Warmsley est devenu depuis un an Dedekind Cut après s' être fait connaître sous le pseudo de Lee Bannon. Son "$uccessor" sort ces derniers jours et au delà du fait déjà important qu'il est une réussite totale c' est bel et bien la mutation subie par sa musique qui est encore plus notable chez ce bonhomme. Un changement complet qui n' avait pas attendu celui du pseudonyme et qui est si symbolique d' une certaine musique expérimentale et underground aujourd' hui. L' ultra-connectivité des genres et courants musicaux apparus récemment, l' immense capacité en matière de réactivité de certains artistes et des explorations de plus en plus issues de collaborations enjambant toutes les barrières en musique. L' assimilation de la révolution internet est déjà terminée et parfaitement digérée au point de détruire toutes formes de barrières, raciales, politiques, stylistiques ou autres. Lee Bannon c' était d' abord fait connaitre par ses production hip hop portées sur la Trap et le Cloud Rap, cette version éthérée et sans oeillères du vieux genre. Il dévoilait déjà une certaine singularité et un goût prononcé pour l' étrange et l' expérimentation. En ces temps pas si lointains, mais qui apparaissent dorénavant si anciens aux regards de l' évolution rapide du bonhomme, l'un de ses principaux collaborateurs alors n' était autre que le cinglé Joe Bada$$. Plus tard le regard de Bannon se porta sur la Drum & Bass anglaise et on senti chez lui une attention toute particulière pour le grime expérimental des Logos, Mumdance et compagnie. Les disques se succédèrent à une vitesse sidérale et aucuns ne se ressemblaient. Une vision sans borne transpirait à chacune des sorties. Une culture riche et un besoin ténu de chercher ailleurs encore plus. Bannon lorgna sur la jungle un moment puis sur le footwork mais aussi sur ce qu'il se passait du côté de chez Daniel Lopatin avec Oneohtrix Point Never et de la post-industrielle de Helm. Bref, il était à la pointe du progrès en musique et dans tous les bons coups. Alors, quand en plus on s' aperçut qu'il samplait Autechre, il en fallu pas plus pour surveiller d' encore plus près cet énergumène. Avec son dernier album sous le pseudo de Bannon, "Patterns Of Excel", il devenait de plus en plus évident que l'on était très loin de ses débuts timides et que le bonhomme avait bien changé. Le changement de nom en Dedekind Cut devenait irrémédiable. Si la première publication sous le nom de Dedekind Cut en 2015 échappa à votre serviteur la seconde l' attira automatiquement . Le ep "R&D" de janvier dernier était en fait une collaboration avec l'un des chouchous de ce blog, Rabit. Quelque semaines plus tard stupéfaction encore dans les chaumière ultra connectées, Dedekind Cut quittait Ninja Tune et Chilwave Records pour lesquels il officiait depuis longtemps pour fricoter avec Dominick Fernow que l'on ne présente plus dans ce blog (Prurient/Vatican Shadow). Et c'est vrai que depuis quelques temps les influences industriels devenaient encore plus évidentes à l'instar de synthés toujours plus oppressants et anxiogènes comme chez Vatican Shadow. L' ensemble strié par des déflagrations digitales qu'un Ferraro ou un Rustie ne renieraient pas. Le ep "American Zen" déboula en Mars à la fois chez Hospital et Ninja Tune pour la dernière fois et ce fut une sidération pour moi. L' électronique de Bannon était encore plus progressive, les ambiances tour à tour écrasantes puis planantes , le drone un outil manipulé avec talent et enfin un champ d' exploration définitivement sans limite. Suffisamment pour le classer illico dans le top ep de mi-année. A peine remis on apprenait que le bonhomme s' était encore fait de nouveaux amis eux aussi adorés par ici, la clique NON Worlwide de Chino Amobi (combien de fois ais-je écrit ce nom depuis deux ans!?). Bref, le monde est bien petit, surtout celui des combatants révolutionnaires. "$uccessor" voit le passage au grand format devenir celui de la consécration. Magnifique du début à la fin, un modèle d' ambient remise aux goûts du jour. Une tripotée de collaborateur figurent sur les crédits et étonnamment le passé hip hop de Bannon se retrouve dans la présence de ce bon vieux DJ Shadow. Pour la promo du disque Bannon s'est aussi montré beaucoup plus explicite sur ses influences dans son évolution et des vieux noms bien éloignés du domaine hip hop ont surgi, Laurie Anderson, Philip Glass ou Steve Reich. Il y a quelques semaines il nous offrit une playlist magnifique pour quiconque désirant s' immerger dans l' ambient et son histoire (par ici). Un modèle du genre mêlant l' historique (Brian Eno of course) et le beaucoup moins caricatural (Aphex Twin, OPN, Burial ou Basinsky). Il démontrait ainsi que le terme ambient ne désigne pas seulement du planant et doux mais aussi des choses bien plus bruitistes. "$uccessor" a un très fort pouvoir de déconnection et son écoute amène à une inévitable et totale immersion. Une musique translucide se voit parsemée de débris d' explosions Grime, post-dancefloor et digitales, on pense à Arca mais aussi à Oneohtrix Point Never et Tim Hecker. Des accords envoûtants vous réchauffent l' âme et le corps face à un climat polaire d' abord engourdissant puis revigorant. Chaque écoute devient une expérience nouvelle. Bannon avec ce disque arrive à un tournant de sa carrière comme à celui d'une certaine musique expérimentale tant décrite dans ce blog. L' ambient qu'il pratique détruit les préjugés et la vision réductrice du genre. De même l' aspect politique de son label NON Worldwide rajoute à l'ensemble en cassant la caricature des musiques à forte composantes revendicatives et contre culturelles. Ce collectif rassemblant bon nombres de musiciens derrière une appartenance sociale et raciale n' a pas fini d' étonner les esprits fermés et de lutter ainsi contre certains préjugés à la couenne dure dans la musique et nos sociétés occidentale. Disque vitale et parfait pour affronter sereinement la future année, la terrible et paradoxalement tant attendue, année 2017.

  • MSYLMA, Deconstructed Club et traditions en provenance de la Mecque.

    Très étrangement l' artiste dont il va être question ici a déjà été croisé il y a peu de temps sans réellement laissé une grande trace. Ce qui n' était absolument pas le cas du disque auquel il a avait collaboré. Faut dire que le tonitruant "Terminal" de l' égyptien Zuli (par ici), était tellement riche de pépites que le titre auquel l' artiste du jour prêta sa voix semble être resté noyé au milieu des mille et unes merveilles. Petite injustice vite réparée quelques mois après grace à son premier disque solo. Une énorme claque susceptible de faire perdre tout repère musicaux, géographiques et temporelles. Un peu comme si après le décès de Scott Walker un type vient voir le fan attristé de l' américain pour lui chuchoter à l' oreille qu' il pourra se consoler et retrouver un peu du frisson Walker des dernières années auprès d'un disque fait de chant arabe reluquant l' ère pré-coranique, le post-club, le post-grime d'un Logos et l' indus de Coil. ET qui plus est, ne provenant pas des States, d' Angleterre ou de Berlin mais bel et bien produit ...à la Mecque, Arabie Saoudite. Msylma est un producteur et chanteur qui nous vient donc d'un l'un des lieux saint de l' Islam. Repéré en premier lieu par Zuli et sa clique du Caire le bonhomme sort finalement son premier album chez l' un des plus rafraîchissant label du moment et les plus adulés par ici, Halcyon Veil. Je pourrai encore une fois vous pondre le sempiternel chapelet sur les bienfaits d'une mondialisation pas si malheureuse que ça via les réseaux sociaux et les plateformes de partages en matière musicale. Vous ressassez aussi qu' à présent que la modernité n' est plus l' apanage de l' occident, comprenez Europe et Amérique du Nord, l' hybridation produites par des influences plus vraiment surprenantes par leur destination "imprévues" est en train de redessiner la carte musicale mondiale en matière d' innovation et de merveilles originale. Bref, cessez de regarder encore une fois dans les même directions et apprenez à guetter le globe en abandonnant si possible les habitus du petit blanc en mal d' exotisme musicale bien souvent conjugué qu' au passé. En résumé si en 1994 tu zieutais Sheffield en attente d' une sortie chez Warp d'une probable tuerie électro futuriste bien barrée c' est à présent dans tous les endroits les plus inimaginables que tu vas retrouver le chemin du futur. A la différence d'un Zuli qui refuse dans sa musique toute forme d' exotisation facile à force d' expurger sa musique de traces trop visibles de sa culture et histoire celle de Msylma nous offre tout un pan de sa culture facilement identifiable. Et malgré celà la performance réalisée par Zuli en matière de modernisme est égalée. On peut par fainéantise vous décrire son disque comme le parfait croisement du presque voisin (Syrie) Omar Souleyman avec les velléités modernistes de la Koweitienne Fatima Al Qadiri. J' ai bien écrit par fainéantise parce que Msylma n' est pas une simple addition des deux artistes ou une énième recette facile de tuning moderniste à la va vite. Le bonhomme dont il est impossible de trouver une photo le représentant sur le web est du genre original, cultivé et consciencieux. Au point d' aller dans les tréfonds de l' histoire de son pays ses sources d' inspiration. Si bien sûr une certaine mystique croisé au travers du Coran imprègne son œuvre il faut aussi déplacer le curseur bien avant l' apparition de cette religion en matière de culture et de poésie. Les rares qui ont pu traduire les paroles nous informent que "Dhil-Un Taht Shiparat" raconte les affres de l' arrivée à l' âge adulte après avoir évoquer l' enfance et les déchirements de l' adolescence. Mais une fois cela appris je peux vous affirmez qu' il vous sera inutile de passer par des cours du soirs an arabe classique tellement la voix du bonhomme comporte une charge émotionnelle suffisante pour transmettre ce que son auteur veut. La voix de Msylma est une vrai bombe à fragmentations affectives. C' est peut être ça en premier lieu qui a fait rapprocher le Saoudien de Scott Walker chez les chanceux qui sont tombés dessus. Par sa seule voix Msylma développe un imaginaire puissant où le désespoir teinté d'un terrible pathos et d'une angoisse étouffante peut rapidement se transformer chez l' auditeur en une poussée d' espoir tout aussi forte et un bien être total. Si la voix semble être le réceptacle du passé la musique quant à elle est bel et bien symptomatique de notre présent et de qui se fait de plus aventureux de nos jours. On peut toutefois comme chez Al Qadiri et Souleyman retrouver des mélodies facilement identifiable comme provenant du Moyen Orient avec des orgues eux aussi fortement romanesques. Mais ces artefacts se voient catapulter dans le futur par une électro tout sauf vintage au contraire de celle de Souleyman. Il y a des traces du grime des origines mais surtout on se retrouve face aux climats Weightless avec une certaine qualité spectrale développées chez un Logos ou un Visionist et fatalement Fatima Al Qadiri. A ceci on peut rajouter l' irruption de bruits corrosifs qui tiennent autant de la noise que de l'indus. Cette spécificité le fait immanquablement à l' instar de Zuli rapprocher de la deconstructed club du tenancier de son label, Rabit. On peut s' étonner de sa non présence dans le collectif de Chino Amobi, NON Worldwide. Msylma réussit avec ce premier album l' une des plus parfaites combinaison de traditions ancestrales avec une sensibilité hautement moderne. Il dépasse ses influences modernes en déplaçant son regard encore plus loin dans l' avenir en se reposant sans les trahir sur ses traditions. Après une année 2018 déjà faste Rabit et son Halcyon Veil nous offre en ce début d' année une autre merveille qui risque de surprendre plus d'un dans le conformisme ambiant occidental.

  • DESIRE MAREA, POST-CLUB DIVIN

    Quatre ans après la claque "Bottoms Revenge" (par ici) un des membres du duo queer Sud Africain Faka nous revient et affole cette fois-ci les boussoles post-club de votre serviteur après avoir titiller celles du Gqom. Premier album solo et premier chef d' oeuvre. (Récap pour les derniers de la classe au sujet du Post-Club ici) Si le premier album de Faka semble devenir un serpent de mer celui de Desire Marea sorti en janvier dans un quasi anonymat devient au fil des jours la grande révélation de 2020. Faka avait entre temps sorti un second ep en 2017 qui avait laissé sur sa faim. Toujours Gqom mais franchement moins envoûtant et surprenant et on commençait même à avoir quelques doutes sur l' avenir du duo plus réputé pour ses performances que ses rares sorties discographiques. Surtout l' art de la déconstruction qui les rapprochait du Post-Club semblait en berne et leur musique prenait une patine vieillotte. Sur "Desire" rien de tout cela. C 'est même une énorme surprise futuriste. Une nouvelle fois le post-club s' annonce comme une des locomotives de la décennie entamée. Le Gqom ne subsiste dans la musique de Marea que par bribes. Des bribes certes parsemées un peu partout mais souvent détectables que par les junkies du Gqom des débuts. On retrouve aussi parfois les sound-collage qui étaient une des marque de fabrique de Faka mais ils semblent eux aussi être devenus mis en retrait même si un titre comme "The Void" et ses incantations en zoulou ne dépareilleraient pas sur "Bottoms Revenge". L' aspect cérémonial semble quant à lui bien plus mis en avant et flotte sur le dancefloor où Marea nous attire une forte odeur de divin. Dieu sur un dancefloor avec un dj queer aux manettes.L' auditeur va être complètement déboussolé par ce mélange de divinité et des sujets comme l' amour, la luxure, la perte, le déracinement et le sentiment d' appartenance à une communauté. Encore une fois le post-club prouve ses énorme capacités à restituer la complexité de notre époque. Parce que de ce disque on peut bel et bien parler de Post-Club comme il était justifié au sujet du chef d' oeuvre d' Yves Tumor "Safe in the hands of Love". A la fois visible et invisible. Passif ou actif. Avec ses manières franchement Post-Club le Sud Africain s' attaque à une multitude de styles et les titres s' étendent sur une gamme très variée. On navigue entre Gabber et Synthwave dès "Zibuyile Izimakade" puis vient une sage pop incantatoire à base de Marimba et de Hip Hop pour le single ""You Think I'm Horny", une tuerie électro disco ( "Tavern Kween") à la Gus Gus (!!!), une attaque martiale instrumentale digne de Chino Amobi et de la Drill and Bass d' Aphex Twin et Suarepusher et on arrive au déjà cité "The Void". L' art du collage sonore évoque l' un des pionnier du Post Club Total Freedom et en même temps une certaine précision expressive queer et goût pour l' extravagance amènera à SOPHIE. Comme pour Arca il semble que chez Desire Marea la musicalité, les voix et le goût de la performance artistique s' entremêlent et ne font plus qu'un. "Desire" déborde de trouvailles fraîches et galvanisantes qui permettent de dépasser le simple travail de déconstruction pour offrir un univers neuf et totalement étranger jusqu' alors.

  • AUTECHRE, génies assagis? Qu'en apparence.

    Ça fait 33 ans que ça dure. 33 ans a ne jamais sombrer dans l'inutile, la redite, le tout venant. 33 ans qu' ils ont largué les amarres et quitté le morne quotidien de la plus part en nous entraînant avec eux. Pas d' Autechre, pas de Dancing With The noise. Pas ce goût pour l' étrange, l' inconnu, un futur imprévisible. Pas cette attraction pour une dystopie qui s' avère de plus en plus pertinente. 33 ans que ça dure et à nouveau en 2020, ces deux types de Manchester m' ont encore poussé à me cloîtrer dans leurs monde pendant des heures. Et avec deux albums sortis coup sur coup s'il vous plait! Des instants magiques à disséquer, à s' abandonner, à s' émerveiller. Je n' ai jamais chroniqué un disque d' Autechre. Inutile ou peut être, infaisable. Comment expliquer que leur musique est l' une des plus passionnante, essentielle, vitale depuis autant de temps. Comment mettre les mots avec mon faible bagage sur ce petit miracle qu' ils réussissent en permanence. Petit miracle consistant à produire une musique issue de machine et pourtant tant humaine. L' une des plus humaines et juste. C' est que nos deux génies n' ont jamais réellement divulgué leur secret. Le secret ! Une musique de machine bancale comme un humain. Leur dernier "vrai" album si on ose dire c' était l' inconstant "EXAI". Inconstant parce qu' il offrait une succession de sommets artistiques un peu trop espacés par des moments un brin banals. Mais la banalité chez Autechre est souvent l' équivalent de la folie douce chez les autres. Un jour plus frisqué que les autres mais toujours sous l' égide de leur éclatant soleil Noir. Je parlai de "vrai" album si on référait à une certaine norme. Pas la leur. Parce que dans ce cas-là et comme les Top annuels de DWTN l' atteste les Autechre ne nous pas épargnaient en coups de boule abstraits. En agressions sonores magistrales multiples et variées prenant souvent l' apparence de marathons musicaux éreintants mais toujours vivifiants dans un second temps. Les sessions de 8 heures pour la radio NTS, monstrueux dédales où l' intransigeance et le génie du duo vous surprenaient à tout moment pour ne plus vous laisser en sortir. Et ça c' est si vous n' aviez pas laisser votre peau dans le vrai-faux album "Elseq" de 2016 sorti en 5 volumes et cumulant 4 heures de musique. "Elseq" lui aussi un monstre d' abstraction. Un sommet du genre pour Autechre. Allaient-ils finir par se perdre, nous perdre, à force d' exigence et de demande d' endurance envers l' auditeur? Le quatorzième album "SIGN" est la balise qu' il fallait au bon moment certainement. C' est aussi pour ceux qui avaient fini par l' oublier à force d' abstraction la preuve ultime du talent et du génie des deux mancuniens. Une balise à laquelle les probables naufragées de leur longue carrière peuvent s' agripper. "SIGN" est un disque fortement mélancolique, moins agressif et intransigeant. Du AUtechre pudique, tendre et agréable. Beau dans le sens commun du reste du monde. Pas de réel sentiment d' étouffement ou de malaise comme il s' en dégageait de plus en plus depuis 15 ans. Certains se sont contenté dedire que "SIGN" était leur oeuvre la plus dépouillée depuis des lustres. Tout dépend ce que l'on entend par "dépouillée" tant cet album met à jour la talent des deux gars dans l' art du détail. Il en faudra de multiples écoute pour enfin contempler la richesse et la variété de ces détails. On trouve des traces des albums précédents mais que des traces. Pas de redite ou de travail compilatoire facile chez eux. "SIGN" à peine digéré que déjà Autechre revient offrir une deuxième balise sur le chemin menant à leur oeuvre labyrinthique précédente. "PLUS" peut être lui aussi considérée comme une porte d' entrée accessible mais Autechre reste Autechre et ce dernier disque est plus brut de décoffrage que "Sign". Moins "beau" parce que plus décapant, une ambient un brin plus sombre et moins douce. Moins surprenant après "Elseq" et les "NTS Sessions" mais toujours intriguant. Peut être mon préféré des deux. J' expliquai que mon goût pour les musiques futuristes souvent à connotations dystopique me venait probablement des Autechre. Ils avaient semé en moi les graines pour cela. Quand je vois ce que j' apprécie de nos jours, les expérimentations africaines de Nyege Nyege, le Post-Club des Lotic M.E.S.H. ou les délires aventureux d' un Daniel Lopatin ou d'une Holly Herndon on peut considérer les Autechre comme des guides spirituels voyageurs du temps qui fin 1994 déboulèrent nous prévenir qu' il ne fallait pas avoir peur du futur et de l'inconnu si on voulait justement qu' ils soient meilleurs. Ce temps curieux où votre serviteur passait d' Oasis à Autechre pour glisser sur Pulp et terminer dans les bras du furieux Richard James. Un temps pas si révolu que ça en fait. Et si parfois une légère impression de déjà entendu apparait au cours de "SIGN" et "PLUS" les diables d' Autechre prouvent une nouvelles fois leur pertinence et n' apparaissent absolument pas comme un "vieux machin" largué au milieu des jeunots. Bien au contraire. Ils avaient trente trois ans d' avance et peut même, plus! A suivre.

  • JAM CITY, retour surprise de l' un des grands de la décénie écoulée.

    On y croyait plus tant les nouvelles se faisaient rares en ce qui concerne Jack Latham aka Jam City. Ce petit saligot vient d' annoncer la sortie imminente de son quatrième album, "Pillowland", toujours son label historique, Night Slugs. Outre un changement total de look accompagné de posture et de photos rappelant fortement Yves Tumor l' anglais nous offre une vidéo teaser du disque et raconte des histoires sordides de piratage de compte de twitter. Bref on sait pas trop à quoi s' attendre de la part de l' un des grands artistes novateurs des 10's. Histoire de patienter et pour mieux vous faire comprendre qu' indépendamment des qualités du futur disque ce type est à surveiller de près parce que les cadors du moment en matière d' avant garde dancefloor lui doivent beaucoup. Il a participé dès 2012 avec son grand classique "Classical Curves" à la modélisation de la Deconstructed Club et à son lancement sur orbite mondiale. Autant le dire c' est l'une des icônes de ce blog. Jetez-vous sur l' immense "Classical Curves" qui a façonner le son post-club du présent pour ensuite l' abandonner pour une escapade Synth-pop hypnagogique où apparaissait sa passion R'n'b annonciatrice de sa collaboration avec Kéléla. Pour Jam City dans DWTN, cf les mots clés.

  • GOOD SAD HAPPY BAD, Mica Levi et ses Shapes s' attaquent à l' indie 80's

    Micachu & The Shapes reviennent sous une nouvelle appellation et nous offrent la relecture idéale de l'Indie 80's pour 2020. Un petit fantasme assez pervers et intelligent pour ne pas être rétrogaga. Mica Levi semblait avoir laissé tomber ses vieux copains définitivement depuis le dernier album du groupe de ses débuts (2015). Faut dire que l' anglaise avait du pain sur la planche entre ses projets solos touche à tout , ses bandes originales de film et ses collaborations multiples avec Oliver Coates, Tirzah ou Babyfather entre autres. Sa carrière solo est l'une des plus passionnantes de la décennie écoulée et elle n' a eut de cesse de squatter ce blog en oubliant pas de devenir une habituée des tops de fin d' année. 2020 marque donc le grand retour de l' une des rares formations indie à guitares parmi les plus passionnantes au début des 00's qui a vu péricliter ce courant comme jamais à force de rétromanie et groupes interchangeables. Mica Levi retrouve donc Raisa Khan et Mark Pell sous un nouveau nom qui n' est rien d' autre que celui du dernier Micachu & The Shapes. Aux trois historiques s' est ajouté CJ Claderwood avec ses talents de saxophoniste/producteur/programmateur. "Shades" est une belle petite réussite mais tout sauf une surprise en matière de disque faussement rétro tant leur talent est demeuré intacte. Ils semblaient toujours avoir tourné autour des 80's indie sans réellement franchir la faille temporelle avec leurs manies Lo-fi. Mais cette fois-ci c' est la bonne et ils assument une fois pour toute ce que l'on soupçonnait fortement. Ce disque prouve que ces gens-là ont dévoré l' âge d' or Indie. Se sont gavé de Dream Pop, de C86, de Jangle Pop, de Twee Pop et du Paisley Underground. Ils ont décortiqué les débuts du Shoegaze via My Bloody Valentine comme ils ont tout autant bien étudié à la loupe le Grunge. Ces courageux aventuriers sonores sans œillères ont également porté très haut l' étendard slacker allant jusqu' à le faire rentrer dans l' enceinte des salles pour orchestre symphoniques ("Chopped & Screwed"). Avec le dernier disque ils reprennent le drapeau brodé par les Pavement pour repartir à la conquête de leur héritage indie britanique. Avec celui des Fontaines D.C. un autre grand disque Pont transatlantique pour 2020. "Shades" offre de solides mélodies s' appuyant sur des rythmiques imprévisibles et puissamment iconoclastes dans les genres et les époques retravaillés. L' approche Avant gardiste reste et demeure la caractéristique essentielle de Mica Lévi et ses compères. Celle qui les propulse au dessus du lot comme le prouve le magistral ornement ambient. Une ambient bien personnel qui déborde de mille et une idées. La voix de Raisa Khan n' a jamais été aussi essentielle avec son aspect désinvolte et fragile à la fois. Un des éléments les plus fortement marqués 80's de "Shades". Les guitares reprennent de la force entre leurs mains et n' hésitent pas à citer sous couvert Nirvana autant que le My Bloody Valentine des débuts. Les riffs indies semblent avoir retrouver une certaine virginité après des années de recopiages incessants dépourvus d' imagination et de personnalités . Faut dire que le saxo de Claderwood et certaines aspirations jazz mariés au courants déjà cités à de quoi paraître réellement original. Il s' agit bien là d' une relecture réellement aventurière où un sens inné de l' humour et une douce ironie évoque un groupe de quadra biens dans leur peau qui ont décidé de jouer avec leurs cultes d' adolescents quand d' autres se vautreraient dans la muséïfication neuneu. Une désacralisation respectueuse et pertinente. Micachu & The Shapes en changeant de nom assument un goût caché pour une certaine Pop sucrée nimbée d'ne perversité intelligente s' appuyant sur une production méticuleuse et raffinée. "Shades" évoque fortement d' autre relecture Hypnagogique d'un courant du passé, Ariel Pink s' emparant de ses souvenirs de Pop 80's et 70's et celle concernant le R'n'b par Tirzah. Mais rien de plus normal quant à cette dernière puisque Mica Levi est copine et productrice de l' auteur du somptueux "Devotion". Et encore un chef d' oeuvre à mettre au compte de Lévi et ses amis dans leurs passionnante carrière. Pour ceux qui connaissaient pas, voici une petite playlist C86-Twee Pop-Paisley Underground

  • HALLOWEEN 2020, la Mixtape

    1. Roly Porter "Assembly" 2. Duma "Lionsblood" 3. Regis "Another Kind Of Love" 4. Heather Leigh "Phrases On The Mount" 5. Klein "When Jesus says yes, nobody say no" 6. Cucina Povera "Salvia Salvatrix" 7. Klein "When Jesus says yes, nobody say no" 8. Dijit "1772 (feat SD - Cover)" 9. Mj Guider "Quiet Time" 10. Goblin "Suspiria" 11. Villaelvin "GHOTT ZILLAH" 12. Metal Preyers "Hard Screw" 13. Menzi "Impazamo" 14. Menzi "QGM Dance" 15. Blacksea Nao Maya & DJ Kolt "Terror" 16. Judgitzu "Kelele" 17. Nico "Mutterlein" (2007 Remastered version) 18. Elysia Crampton "Crucifixion" (feat Shannon Funchess)

  • Fontaines D.C., Porridge Radio & Idles: les bons, les gentilles et les idiots du Post-Punk

    Quid des guitares post-COVID? Petit retour sur ce que je n' ai pas pu chroniquer cette année. Si les guitares semblent toujours à l' agonie en 2020 certaines tendances apparues auparavant se confirment. En gros c' est un certain revival post-punk qui domine permettant à ces artefacts du 20ème siècle de briller miraculeusement et même parfois, de faire espérer pour leur avenir. LES GENTILLES Des guitares toujours en recherche de tête de gondole ou devrais-je dire de messie. Et en la matière 2020 a débuté avec la grosse hype Porridge Radio. Véritable buzz chez les fans et les critiques jusqu' à ce que le Covid passe par là et perturbe franchement le lancement sur orbite de la tête de gondole. Porridge Radio nous vient de Brighton et comme tant d' autres reluque sacrément le passé. Plutot qu' être ennuyeux ce groupe dans une moindre mesure réussit le petit miracle entendu chez les post-punk Fontaine.D.C, Shame et The Murder Capital. Bref faire un petit peu de neuf avec beaucoup de vieux et offrir quelque chose d'un temps soit peu personnel. Comme chez les noms cités la musique de Porridge Radio lorgne sur le post-punk mais possède certaines particularités. L' une d' entre elles est un goût prononcé pour l' indie rock des 90's. Celui qui avait élu les Pixies plus grand groupe du monde et fait de PJ Harvey sa Sainte alors que Fontaines D.C. ont quant à eux une certaine prédilection pour le versant Britpop et ses singles susceptibles de sortir des rangs indies. PLus exactement Porridge pourrait passé pour les petites soeurs des plus récentes Electrelane. Des Electrelane plus radiogéniques et moins expérimentales avec pour preuve l' absences titres purement instrumentaux. Si Electrelane nous marquait par ses chœurs collectifs Porridge a pour figure centrale la voix de Dana Margolin. Une Dana Margolin qui vous touche en plein cœur avec ses phrases simples parfois répétitives et sa voix qui racle et déchire. Margolin et son groupe vous plonge dans la complexité humaine d' une curieuse manière. Leurs chansons peuvent être à la fois brûlantes et impitoyables puis réconfortantes et cajoleuses. Porridge semble se dire que répéter sans cesse ce qui fait mal va avoir pour résultat d' hâter la résolution de nos problèmes. En parallèle le groupe via sa chanteuse nous apporte également quelques solutions simplissimes paraissant un poil trop évidente mais toujours pertinentes. Les titres ont de sérieuses capacités en terme d' accroche radiophonique et d' efficacités mais sans suivre un seul et unique schéma facile. La panoplie stylistique est plus large que prévue sans que l'on se perde face à un son océanique où des courants chauds éclatants voisinent d' autres plus froid par épurement. Parfois le groupe se révèle plus enfumé et sombre avec des approches dub. Alors oui on est loin de la marge expérimentale du rock indie des 90's, Porridge Radio ne va pas aussi loin que Girl Band tel des Sonic Youth 2.0. Oui le côté lyrique de Margolin peut agacer, devenir la marque de fabrique un peu trop évidente et un simple produit d' appel. Mais leur quatrième album, deuxième réellement distribué, intitulé "Every Bad" constitue une bonne petite surprise laissant planer un brin d' espoir pour l' avenir. LES IDIOTS UTILES DE LA LUTTES DES CLASSES L' épineux cas Idles. Idles est devenu ces derniers temps sujet à controverse. On va parler musique bien sûr mais aussi de la polémique qui poursuit les Idles depuis quelques semaines. Le groupe subit les attaques de certains de leur congénères et pas des moindres. Plutot des types qui en ont dans le ciboulot. Cette polémique n'est pas à rejeter d'un revers de la main avant de se concentrer uniquement sur l' artistique et d' entamer la chronique du récent "Ultra Mono". Une polémique qui en dit long sur les déchirements et l' incompréhension qui règne dans nos sociétés. Depuis ses débuts ce groupe a assumé et s' est revendiqué comme un groupe engagé et contestataire quite à en faire une véritable petite marque de fabrique relayée avec force par des médias énamourés. Quelques uns avait vite repéré que le discours Idles était un brin naïf façon "Miss Monde" quand ce discours suffisait à d' autres pour les propulser chef de file d' une contestation un brin caricaturale. Alors bien sûr un groupe agissant de la sorte doit s' attendre à un retour de bâton. Surtout si dès le début il existait certaines failles dans des fondations coulées un peu à la vite. Que des types issus de la Working Class tel Williamson de Sleaford Mods ou Lias Saoudi de la Fat WHite Family s' en prennent aux Idles plutot de classe moyenne n' est absolument pas surprenant. L' attitude et les façon de faire des Idles est une énième fois la preuve du complexe de supériorité dont est imprégnée la mentalité des classe moyennes. Parfois à leur insu et malgré toutes leurs bonnes volontés. Parfois... Ce fut d' abord le bon Jason Williamson des Sleaford Mods qui après avoir apprécié les premiers efforts du groupe leur a balancé une assassine accusation d' "appropriation de classe" sociale. En gros ils la jouent Working Class mais sont bel et bien issus de la Middle Class. Est-ce que Williamson exagère? Peut-on y voir une espèce de réaction teinté de jalousie ou d' un sentiment proche du réflexe "chasse gardée"? Non parce qu' il connait son affaire et développe rapidement des arguments solides. A qui veut bien les entendre. Et Williamson de continuer à la situationniste sans le savoir au sujet du rôle de l' art musicale que les Idles jouent vraiment: "La musique ne peut pas résoudre les problèmes politiques. Et je pense que leur point de vue est cliché, condescendant, insultant et médiocre. Et c'est pourquoi j'ai un problème avec eux. " Et on ne peut que le confirmer. Rabacher de la même façon un brin Dada parce que ça fait rire depuis trois albums les même sujets sans réellement faire évoluer sa pensée, et sa musique, devient un brin inoffensif parce que très vite caricatural et attendu. Idles et ceux trouvant ces accusations illégitimes voir incompréhensibles n' ont toujours pas compris que l'on parle toujours du milieu où l'on a grandi. Qu' il en reste toujours suffisamment quelque chose pour biaiser la vision que l'on a des choses et qu' il faut y prendre garde en permanence sinon on loupe la rencontre avec l' autre et les chances de le convaincre s' amenuisent. Par exemple certaines chroniques françaises dans lesquels leurs auteurs rejettent d'un revers de la mains les piques de Williamson et de Saoudi en disent longs sur l' aveuglement, le manque de connaissance voir même sur un certain déficit d' empathie lié à des préjugés tenaces par les gens de classes moyennes à l' encontre de ceux d' en bas. Et au propos des réactions de certains critiques pro-Idles balayant sous le tapis l'aspect lutte des classes que porte en elle la polémique il y a quand même une sacrée ironie à les lire. Eux qui n' ont eut de cesse de parler et mettre en avant les parties pris de Talbot presque exclusivement sociétaux , sa dénonciation franchement caricaturale des élites, de la masculinité toxique et du racisme ne se limitent dorénavant qu' à citer vite fait les même sujets pour se concentrer sur de l' intérêt artistique (on verra plus tard franchement en berne) et divertissant du disque. Ils mettent en avant l' énergie dont les Idles font preuve et osent le folklorique second degré que nous sortent de la toute autant coutumière manière les classes moyennes quand on leur indique leurs erreurs, contradictions et parfois leur cynisme. Du fond dans ces chroniques? Plus grand chose ou si peu! Les qualités des Idles mises en avant : énergique, rigolo, spectaculaires et motivés, parfaits pour les festival, bref une définition adéquate du parfait entertainer. Euh... c' était pas censé être le populo qui se vautrait dans le divertissement abrutissant, toque et sans fond quand la classe moyenne se cultivait en écoutant des groupes intello ou engagé à la Radiohead? Quand Talbot dénonce dans ses chansons le racisme rural ou le vote Brexit un autre de nos chouchous le clash illico. Lias Saoudi des Fat WHite Family complète et précise la critique de Williamson: «La dernière chose dont notre culture de plus en plus puritaine a besoin en ce moment est un groupe issu de la classe moyenne auto-stérélisante nous disant d'être gentils avec les immigrants» Et d' en remettre une couche avec : "Vous pourriez appeler cela de l'art, je l'appelle un pédantisme sentencieux". Et oui je sais, il semblerait que l'on soit plus futé dans la working que la middle class et je vous épargne la réponse bas du front de Talbot tellement elle fut pathétique. En gros aucune remise en question et les faites pas chier pendant leur quart d' heure Warholien. On ne peut pas en appeler le peuple à l' unité et faire la leçon en même temps. Ça va très vite se révéler contre-productif. Cela rappelle beaucoup les critiques sur les gilets jaunes par la classe moyenne d'ici qui détournait la conversation sur l' homophobie et le racisme de certains et repoussait ainsi les justes et pertinentes revendications. Et Saoudi de conclure sur un mode qu'on osera dire franchement DWTN anti-rétro: "Pour moi, le post-post-punk classe moyenne représente un effondrement dans la nostalgie, né d'un refus du présent, dans un monde où le futur a été pratiquement annulé." Quand je l' avais abordé (ici) on pouvait déjà sentir mes doutes autour de la formation de Joe Talbot. Politique mais aussi musicale. J' écrivais à leurs propos de "gentillets soubresauts des guitares à l' agonie". Une manière de ne pas se faire aveugler par leur côté énergique et hardcore rafraîchissant un instant mais déjà mille fois entendu. L' énergie ne suffit pas toujours et on peut faire ou dire, d' énergiques conneries. Autant le dire tout de suite leur troisième album a éclaircie les doutes et signe l' acte de décès de certaines prétentions post-punk que leurs illustres aînés avaient su maintenir. Les Idles s' y révèlent incapables de voir plus loin que leur bout du nez et offrent une redite ennuyeuse. Certains les imaginaient en Clash capable d'une certaine prise de risque stylistique avec une grande envie de découverte des autres courants musicaux extérieurs à leur scène, en réalité ils ne seront que des Buzzcocks de deuxième division. Incapables de la moindre prise de risque. Pire! Ils semblent régresser et perdent d' une manière prématurée leur tranchant. A part deux ou trois titres c' est roue libre et les chroniques dithyrambique semblent réellement exister que pour sauver le soldat Idles, tête de pont de l'industrie musicale en berne depuis le Covid. A moins que, ce ne soit que par simple réflexe d' auto-défense de classe? Le succés et l' usure des tournées n' y sont certainement pas étrangers. Mais il y a avait aussi peut être des capacités en deça de ce que certains ont cru ou voulu voir. Leur penchant post-hardcore comme certains faux-semblants n' y peuvent plus rien pour faire passer la pilule. Le gentil et revigorant hédonisme engagé de leurs photos et prestations scéniques a fait place à une routine trop visible et devenant un brin agaçante. Ils sont même aller chercher le pote de Nick Cave, Warren Ellis, à la rescousse pour palier un manque évident d' imagination et d' originalité. Même Jenny Beth y va de son aide mais ne parvient à éviter le naufrage. Rien n'y fait. Et que dire d' une saugrenue tentative de lorgner les territoire plus dark d' Interpol sur le pathétique "A hymn" en guise de faux renouvellement mais vrai retour en arrière. Tentative qui a pour seul mérite de rappeler aux poissons rouges de la chronique qu' Idles s' est cherché longtemps, très longtemps, et qu' ils déboulèrent au début des 10's avec une espèce de redite d' Interpol/The Rakes chargée de relents ...U2 ! A ouais dit comme ça, on comprend mieux qu' il y avait un vers dans le fruit musicalement et politiquement. On a vraiment l' impression d' être face à un groupe un brin naïf qui après des années d' apprentissage avait trouvé une petite recette miracle mais se révèle pour l'instant incapable de voir plus loin et de se renouveler. LES BONS. Voir même TRÈS BON. Et le Post-Post Punk de Fontaines D.C. est-il comme celui de Idles un effondrements dans la nostalgie comme le dit Saoudi? Pas si sûr. Peut-être simplement parce qu'ils plus futés et courageux. Fontaines D.C. était attendu. Inutile de présenter le plus grand groupe indie du monde (voir ici).Comment le groupe le plus prometteur de sa génération allait-il survivre à leur immédiat succès critique et publique. Allaient-ils se désagréger à la Stone Roses? Un premier album devenu illico un classique puis une triste agonie? Ils auraient pu faire comme Idles, se répéter inlassablement et devenir non pertinent. Mais non. Pas eux. Pas de trajectoire à la Interpol ou d' explosion dans la stratosphère à la Oasis. Ils avaient les cartouches pour ça afin que l'on y voit que du feu un temps mais ne l'ont pas fait. Ce "A Hero's Death" est une prise de risque réelle et une réussite totale. La prise de risque de ceux qui ne cesseront pas de chercher, de se questionner et d' aller plus loin . Voilà la différence ultime avec Idles. Quand "Dogrel" offrait des hymnes poétiques euphorisants accessoirement calibrés pour les festivals " A Hero's Death" se révèle plus complexe à appréhender. L' euphorie fait place à une rigoureuse mélencolie. Quand "Dogrel" semblait cassant, flamboyant et carré le dernier offre des contours plus flous et présente des strates atmosphériques virevoltantes. Ainsi la voix de Chatten n' a jamais été plus hanté et déprimé. Bien moins gouailleuse. Ses textes sont plus introspectifs et délivrent une certaine angoisse absente aux débuts et réussit le miracle de perdre définitivement ses habitudes à la Ian Curtis. Mais il ne faut pas s' y tromper. Les Fontaines.D.C. ne se sont pas pour autant assagis. Toujours autant perturbateurs et anticonformistes. Toujours ces révolutionnaires insouciants développant une rage salvatrice alliée à une forte empathie. Les dignes héritiers de la tradition socialiste bohème de leur quartier ouvrier, The Liberties. Si les paroles semblent plus personnels Chatem et ses sbires nous parlent bel et bien de notre monde contemporain à travers leurs expériences. Succés oblige Dublin et sa vie quotidienne est loin mais le Capitalisme et le consumérisme en prennent encore un sacré coup. Tiens! En voilà une autre différence et pas des moindres avec les Idles. Côté instrumentation ce groupe se révèle encore une fois l' un des plus talentueux et chercheurs. Plutot que des inventeurs révolutionnaires qui change la donne du jour au lendemain ils appartiennent à la caste des méticuleux qui par leur ingéniosité et sans crier gard assènent toujours la petite surprise qui additionnée aux autres fera toujours avancer le bidule. Les rythmiques sont tendues et musclées sans passer par la case dopage. L' influence de CAN est toujours persistante et agit discrètement pour singulariser l' ensemble. Les deux guitaristes diversifient davantage leur jeu et osent se faire télescoper des pans entiers de la culture indie d' une manière totalement nouvelle. La grande force de ce groupe est leur façon à la fois grossière et légère de citer le passé pour en un rien de temps offrir quelque chose de tout à fait personnel. Et que dire de l' étonnante capacité du groupe à passer d'une rive à l' autre de l' Atlantique sans que cela ne fasse artificiel et qu' ils perdent leurs identités irlandaises et européennes. Les guitares de Sonic Youth et de Television se retrouvent confrontées au savoir faire Britanique de toutes les époques. Un Morrissey jouvenceau embraye sur une intro Interpolienne ("You said") quand ce n' est pas l' hymne Glam "Ballroom Blitz"des Sweet qui se retrouve confronté au "Last Lite" des Strokes pour déboucher sur toute autre chose un rien Beach Boys en un seul titre" A hero's Deaf". "I Was not Born" déterre le Velvet en le déguisant en post-punk et "Living in America" rend hommage à Suicide. Fontaines joue des références pour mieux s' en éloigner et tracer son chemin. Au bréviaire post-punk les Fontaines D.C. ajoutent des pages de ballades Britpop que ne renieraient pas Blur et Oasis. Et quand retentit "No" en guise de conclusion je retrouve exactement la même émotion adolescente qu' il y a 30 ans avec le "Looking Glass" des La's. Fontaines D.C. avait offert un premier classique, ne vous posez plus de question. "A Hero's Death" est le deuxième. PS Je n' avais pas envie de vous montrer les derniers clips des Idles mais finalement je pense que cela peut parfaitement illustrer les critiques et la réaction à ces dernières que j' aborde. Depuis les attaques ils ne cessent d' être filmés dans le quotidien du "peuple". Talbot qui prend sa voiture, les Idles font les courses et du covoiturage ou le "bon peuple" sait s' amuser façon clip caricaturaux à la con gnangnan du temps du confinement . Plus encore qu' auparavant. Quand ceux de Sleaford Mods faits avec trois bouts de ficelles transpirent le réel et la débrouille ceux des Idles, toujours bien foutu et plus léchés, semblent transpirer franchement un sale petit air de plan com.

  • SAULT, Mystérieuse Néo Soul combattante post George Floyd

    Le mystère musical 2020. 2020, l' année de colères interminables qui semblent être vouées au bâillonnement face à l' apathie d' une large majorité et l' obstination suicidaire d' une si petite quantité mais puissante d' affreux idiots. Comment les exprimer ces colères quand toutes les actions utilisées par le passé se révèlent inopérantes? Comment le mettre en musique? Faut-il utiliser là aussi celles qui ont fait leurs preuves au risque de louper la cible et de ne plus émouvoir mais juste "divertir" ? Sault est un mystère à lui tout seul. Collectif? Vrai groupe? Et si il y avait un petit génie multi-instrumentiste à la Prince derrière tout ça? Même la reconnaissance euphorique de certains et la totale ignorance des autres concernant sa notoriété est une énigme. Sault est apparu l' an dernier sans crier gare. En 18 mois, 4 albums! Deux doubles en à peine 12 semaines. Et rien en terme de promo, pas même des concerts ou une utilisation intensive des réseaux sociaux. Tout le temps semble n' être prédestiné chez Sault qu' à la création musicale. Question information sur ses membres idem. Rien ou alors très peu. Le nom des producteurs (Inflo & Little Simz) et c' est tout avec de vagues présomptions sur d' autres membres. Mais une chose est sûr Sault aura marqué l' année 2020. D' abord parce que ses deux albums ont en commun avec les deux autres de 2019 le fait d' être de haute facture comme on dit. Probablement les meilleurs dans le courant musicale auquel on peut les rapprocher. La Néo-Soul. Vous savez ce vieux trucs qui a le mérite de toujours effectuer un retour aussi tonitruant que parfois bref dans nos existence selon les sorties discographiques et les modes journalistiques. Ou juste quand un ambigu alliage de désir jumelle besoin sexuel, volonté rebelle d' action politique et sociétale quand ce n' est pas chez certains qu'une vague recherche de confort dans nos cocons domestiques devenus des étouffoirs par temps pandémiques. Quand "Untitled (Black is)" sort le 19 juin dernier c' est déjà une petite secousse qui va charrier un petit culte déjà grandissant chez les fans et certains critiques. Pour beaucoup ce sera la BO de l' été post-George Floyd et le mouvement de contestation mondial que son assassinat a entraîné. A peine quelques jours après la mort de Floyd sort donc ce double album imprégné de tristesse et d'une ardente volonté d' apaisement sans non plus baisser les bras. 20 titres de néo-soul s' inspirant des 50 dernières années de musiques noirs. Sault possède un savoir encyclopédique en la matière mais je me dois immédiatement de vous prévenir sur un point. Un point qui explique à lui seul la présence de Sault dans ce blog. Sault réussit là comme d' autres dans des styles différends en faisant dans le rétro sans vraiment que cela en est et parvient à déjouer les affres du déjà entendu. Et le plus étonnant sur une assez longue durée. Sault est à la Néo-Soul ce que Fontaines DC est au Post Punk ou Kelly Lee Owen à l' électro sont. Une espèce de faille temporelle reliant un passé mille fois entendu et un futur proche. Réussir à faire du neuf, du personnel, quelque chose bien dans l' air du temps, avec beaucoup de vieux. Le suivant, "Untitled (Rise)", sorti le 18 septembre se révèle être exactement du même acabit avec peut même une encore plus grande réussite. Et toujours sans trahir le mystère des débuts. "Untitled (Rise)" se différencie de son prédécesseur par une volonté plus affirmé d' être constructif et combattant pour la cause noire. Dans les deux disques l' auditeur va donc retrouver des territoires connus mais agencés d' une manière nouvelle. La surprise dans les changements stylistiques est encore présente sur les 15 derniers titres parus. Sault évite la niche en tâtant de TOUT! House, Funk, Disco, Hip Hop, R'n'B, Jazz, Afrobeat, Gospel etc etc. Bien sûr qu' ici on aurait aimé un rapprochement avec l' avant-garde africaine ou le Post-Club version NON Worlwide mais dans ce cas cela tient pour le moment du miracle. Pour le moment, sait-on jamais. Avec le tout dernier apparaît pour les avides de référence de franches ressemblances avec les grandes ESG. La rythmique Post-Punk s' incrustant partout et se mêlant à tout les autres genres. Il est vrai que "UNtitled (Rise)" sonne beaucoup plus dancefloor que son précédent. Sinon le reste du temps et surtout sur le "(Black is)" et la fin de "(Rise)" c' est le fantôme du gigantesque "There a Riot Goin' on" de Sly And Family Stone. Ce monument de colère tout en retenue qui fait mal. On pourra bien sûr citer Marvin Gaye pour les paroles et les teintures Smooth-Soul, Prince pour le goût de l' hybridation et un zeste de Stevie Wonder. Sault retranscrit mieux que quiconque par des sortes de cantiques hautement spirituels et émouvants les sentiments de paranoïa, de chagrin, d' exaspération et d' une volonté de changement et de lutte. Parfois les structures des titres paraissent squelettiques, l' instrumentation minimal puis ce sont de riches et fastueuses cordes qui vous surprennent et vous enveloppent pour vous porter comme aux plus belles heures de la Philly Sound. Les "Sault" comme tant d' autres de nos jours disent "Nous n' allons plus supporter" mais en appellent à tous de sortir de nos torpeurs et peurs pour passer à l' action sans vraiment en passer pas la guerre comme autrefois certains rappeurs. Violence, non-violence, le tout face aux violences pseudo"légitime" des pouvoirs en place et des polices. Une fois encore Sault tombe juste avec sa musique nouvelle aux fortes senteurs rétro. Bonne tactique ou pas, l' avenir nous le dira.

  • RIAN TREANOR, métaplasme pour dancefloor

    L' an dernier Rian Treanor avec son premier album "ATAXIA" (20ème du top 2019 DWTN) avait confirmé tout le bien que l' on pensait de lui depuis son premier ep en 2015. 2020 le voit revenir et encore une fois il hausse la barre encore plus haut. Et en plus, il touche notre corde sensible africaine après avoir flatter celle Footwork. A chaque fois que je parlais de son confrêre en matière de Computer Music extrème Gabor Lazar le nom de Rian Treanor lui était associé (ici et là ). Déjà à l' époque j' exprimais mon hâte de voir l' originaire de Rotherham* offrir son premier grand album (*: ville voisine de Sheffield ce qui veut dire beaucoup en matière d' électro). Treanor a pris son temps avant de se lancer sur long format et quand ATAXIA est sorti l' an dernier c' était une réussite mais un petit quelque chose pouvait tracasser. Il semblait que Treanor avait vu sa vitesse de croisière ralentir entre ses ep et son LP. Bref, ATAXIA répétait ses oeuvres précédentes, d' une manière plus que convaincante certes, mais on avait pris l' habitude de voir le bonhomme avançait par grandes enjambées dans l'inconnu à chaque sortie. Le si judicieusement nommé "File under UK metaplasm" remet les pendules à l' heure aux sourcilleux de mon genre parce que Treanor reprend sa course vers les territoires vierges. Mais avant de se pencher sur ses nouveaux territoires de jeu il faut préciser d' où est parti Rian Treanor parce que cela a son importance. Treanor est donc né en 1988 à côté de Sheffield en plein Second Summer of Love de l' union d' un couple de ravers issus de la classe ouvrière du Nord de l' Angleterre alors en pleine désindustrialisation. A l' avant garde dès sa conception le gamin et baignant dedans toute son enfance. Naître à Sheffield en pleine explosion Acid-House! Sur l' échelle du coup de bol musical électronique y'a pas mieux si ce n'est naître à Manchester dans les chiottes de l' Haçienda un soir de 1988. Passif de Sheffield en musique: Cabaret Voltaire, The Human League, Clock DVA et WARP. Pulp aussi mais c' est une autre histoire. Vous allez me dire que le petit Treanor était béni des dieux? Attendez la suite! Le papa n' est pas n' importe qui. C' est Mark Fell une légende glitch, IDM et Minimal Techno. Bref faut imaginez l' enfance du petiot. Papa ravers, trainant le mioche voir LFO, Autechre, Aphex Twin et explorant à la maison les arcanes de la Computer Music et des dancefloors déviants. Beaucoup de "fils ou fille de" se seraient contentés de perpétuer sans trop d' imagination l' héritage familiale mais pas le petit Rian. Comme son père il est à l' écoute de tout ce qui se passe dans le monde. Dès ses débuts ses déconstructions lorgnaient sur les courants les plus récents comme le Footwork en plus de nous offrir une connaissance encyclopédique de l' histoire électro/dancefloor. Aux outils du papa il rajoute tout ce que la technologie et l'informatique ont pu apporter depuis les 90's et 00's. Si on peut dire que le fils poursuit l' héritage IDM/Glitch alors il faut vite préciser qu' il rénove et met au goût du jour voir du lendemain l' IDM allant jusqu' à nous offrir la version 2.0 du croisement des Dancefloors et de l' Expérimental la plus obtue. Comme le signifiait ATAXIA Treanor recherche d'une certaine manière ce qui pourrait évoquer la perte du contrôle total des mouvements corporels. A grand coup de rythmes asymétrique et en disséquant tout le reste Treanor découvre en nous entraînant avec lui les frontières inconnues du dancefloor. Par ci par là on va retrouver des traces de Techno, de Speed Garage, d' Acid, de Gabber, de Synth-pop, de jungle et de Grime. Les rythmiques sont mises à rude épreuve mais on s' aperçoit encore très vite que Treanor reluque autant le passé que le présent voir le futur. Et surtout bien au delà des rives anglaises. En 2018 Rian Treanor est l' invité du Nyege Nyege Festival et collabore avec les artistes du label à l' occasion d' une résidence. Oui je sais! On parle encore de NYege Nyege dans ce blog mais que voulez-vous, c' est là-bas que ça se passe! Si on peinait à en retrouver les traces sur ATAXIA ce n' est plus du tout le cas dans le récent "File Under UK Metaplasm". Déjà adepte des BPM à haute vitesse du Footwork ou du Gabber Treanor a absorbé l' énergie du Singeli (par là)sans trop non plus plagier nos chouchoux que sont Jay Mita, Bamba Pana ou Sisso. Le dernier disque de Treanor est donc son meilleur et représente un sacré exemple de Créolisation artistique via les influences d' Afrique de l' Est (voir ici). Pour encore mieux décrire aux novices en quoi consiste l' art de la déconstruction de Treanor et décrire sa musique on pourrait se rapporter au titre du disque. Métaplasme signifie manipuler le langage en enlevant, rajoutant ou remplaçant des lettres. Certains parlent de "Faute d' orthographe efficace". Ecouter Treanor donne exactement cette sensation. On repère certaines choses identifiables à des fautes ou des bug mais une fois habitué on se surprend à découvrir des mélodies enflammées voir à danser comme sur toutes autres faites pour. Treanor est un maître dans l' art de surfer entre le fonctionnel et le dysfonctionnel. Le futur est ici ! Et Treanor nous offre la bande son du jour d' après qui tarde quant à lui à venir.

  • MJ GUIDER, retour givrant pour un shoeagaze revigoré.

    On espérait plus et puis la belle Mélissa Guion aka MJ Guider vient de nous cueillir avec son troisième album "Sour Cherry Bell", quatre longues années après le merveilleux "Precious System" (voir ici). Une totale réussite et on espère enfin une reconnaissance méritée pour une artiste peu connue. Alors qu' il n' est plus question depuis quelques temps d' un énième revival shoegaze chez les neuneux indies à guitare MJ Guider se charge à elle seule de maintenir la flamme abandonnée et d' honorer le culte de Sainte Elizabeth Frazer à l' instar de Grouper , de l' encore plus rare Tropic Of Cancer ou de Julianna Barwick sur un autre modèle. "Sour Cherry Bell" est le palier supplémentaire dont on savait Guider capable de franchir. Moins immédiat et accessible aux rétrogagaïstes ce disque est une vraie cure de jouvence pour l' axe Shoegaze/Dream Pop. En premier lieu Guider va puiser dans le bréviaire Post-Punk pour chasser la sensation de déjà vu et surtout, en y portant une attention toute particulière, bouscule les vieilles manies à grands coups de pieds aux fesses donnés par l' indus et ses rythmiques intraitables. Imaginez Vatican Shadow/Prurient produisant Grouper ou Julianna Barwick. Avec elle la mélancolie et les rêves dream-pop sont teintés d'une bien sombre et forte inquiétude. Alternant les deux faces pour mieux toucher et surprendre. La dureté des rythmiques est contre-balancée par sa voix céleste modulée et la réverbération omniprésente. Sa musique opère entre exigence et angélisme. Lourdeur et légèreté. Enfermement et ouverture. Une nouvelle fois MJ Guider confronte les friches industrielles et la nature sauvage prêt à reprendre ses droits quand notre monde se sera définitivement écroulé. Souvent l' auditeur aura l' impression de se trouver coincé en sueur sur un dancefloor ou une salle de concert bondés mais à ciel ouvert . Ou plutot avec un trou béant au milieu de la piste donnant sur des profondeurs insondables. Mais le recours au post-punk n' explique pas entièrement la nouveauté chez MJ Guider. Le shoegaze et la Dream Pop des origines n' avaient pas réellement intégré l' influence des dancefloor et surtout celle de l' électronique plus planante et cérébrale du début des 90's. Pour faire court "Loveless" est sorti bien avant les deux "Selected Ambient" d' Aphex Twin. Un groupe s' est approché de cette confrontation, Seefeel. Mais très vite catalogué post-rock plutot que post-shoegaze la musique des anglais avait été perdu de vue par les revivalistes. Guider semble franchement s' en rapprocher avec son goût commun pour un certain espace avec l' électronique nous a maintes fois offert. MJ Guider vient de nous offrir sa plus belle oeuvre. Une oeuvre magistrale au fort pouvoir de déconnexion face à ce monde étouffant. Mes deux préférées: Dancefloor au bord du précipice Le pont entre électro ambient et Shoegaze dans les 90's, cherchez pas! Seefeel. Essentiel !!!

  • KELLY LEE OWENS: deuxième album, deuxième petite réussite !

    A l' annonce de la future sortie de son deuxième album je m' étais dit que la Galloise avait intérêt à avoir mis le paquet pour nous charmer une deuxième fois. Rappelez-vous 2017 et nos premiers émois pour la dame. Sans trop de battage la petite souris avait trusté les platines et c' était faite sa petite place. Par ici on parlait de "gentil" petit disque cocon à l' indéfinissable étrangeté. Finalement ce tant attendu deuxième effort soufrera d' un double handicap en plus d' une attente un brin vicieuse. Le covid reporta sa date de sortie dans un but de solidarité avec les disquaires. Le premier handicap était qu' en gros on attendait pas grand chose tant le charme du premier reposait sur des bases bien fragiles et qu' à tout instant Owens pouvait vite être rattrapé par le peloton. "Inner City" répond à nos doutes sans réellement les disperser malgré certains gages. Si tous les morceaux présents ne vont pas franchement souffler par leur caractéristique innovante la galloise a continué à cultiver le petit sillon de 2017. Allant même jusqu' à l' approfondir avec la sensibilité particulière dont elle est porteuse depuis ses début. Plus profond est bien le mot juste pour différencier le dernier disque du premier. Plus profond et plus sombre comme l' atteste l' une des vraies et solides réussites d' "Inner City" qu' est l' ambigue "Corner of my city". Toujours teinté de l' onirisme hypnotique cher à la dame ce dernier titre offre un visage dystopique inédit. Le rétro-futurisme perd le penchant madeleine de Proust réconfortant tant redouté par ici qu' Owens développait auparavant. Ainsi la présence de son compatriote John Cale renforce un sentiment de malaise pré-apocalyptique. Un John Cale dans une forme éclatante comme rarement entendu depuis très longtemps. On ne peut ne pas penser au chef d' oeuvre dystopique et désolé du vétéran tant adulé par votre serviteur, "Music For New Society". Autres vraies réussites du disque, "On" et "Night" avec l' art singulier et maîtrisé d' Owens de passer en un titre d'une Dream Pop ennivrante au dancefloor via des crochets techno toujours bluffants. "Night" offrant lui aussi le même visage plus sombre que "Corner of my city". Avant elle faisait penser à ANdy Stott, à présent il y a un petit quelque chose de Laurel Halo indéfinissable. Sur le reste de l' album Owens peut paraître un brin insipide mais surprendra les auditeurs les plus exigeant par un répertoire bien plus riche que présageait le premier album. En fait cet aspect insipide qui transparaît fait partie aussi du charme. Cette capacité qu' ont certains disques à nous happer via le charme de leur aspect "chasse au trésor" qu' ils portent en eux quand des morceaux merveilleux alternent avec d' autres beaucoup moins marquants. Peut être bien aussi que les loupés de cet albums représentent les "compromis douloureux" de toutes relations qu' Owens dit avoir voulu décrire. En fait si je devais comparer Kelly Lee Owens pour décrire les sensations et réflexions qu' elle provoque chez moi ce ne serait pas du côté électro mais post-punk qu' il faudrait aller chercher. Des groupe comme Fontaines DC ou The MUrder Capital. Je ressens un savant mélange de frustration de l' assoiffé d' innovation et finalement de satisfaction parce que cette musique a vraiment quelque chose de fortement personnel et unique. Et si c' est unique c' est que fatalement Owens et les irlandais développent quelque chose d'inédit pouvant certes ne pas sauter aux oreilles à la première rencontre mais bel et bien réel. Bonus: le plus grand disque de John Cale en solo n' est peut être pas Paris 1919. Peut être bien mon chouchou. Dispo ici: https://open.spotify.com/album/5qakKBfzhK3Ivu0cEyOzn3?si=w-xVtFpuSSih6Hx3HIFfqg

  • DUMA, créolisation musicale chez Nyege Nyege Plus: Phelimuncasi

    Pour le retour de DWTN aux affaires je me devait que ça cogne fort. Et ce dans tous les sens du terme. Comprenez-moi amis dominés. De longues semaines sans pouvoir écrire la moindre chronique et tout ça parce que nous vivons sous l' ère néo-libéral de l' idiocratie dominante. Pour explication je me dois de vous préciser que l' auteur de ces mots est soignant et que ces dernières semaines ,si cela ne vous a pas échappé, il y avait comme qui dirait, quelques petits désagréments dans ma vie de soignant. Et ensuite pas mal de désespoir au point de perdre l'envie d' écrire. Mais! Pas celle, vitale, d' écouter du son! Et si à cela on rajoute la gigantesque frustration face au manque total de curiosité d'une bonne partie de la critique musicale mondiale qui avait pourtant mille fois le temps de tenter de partir à la recherche de la bande-son du jour d' après. Malheureusement le jour d' après ressemble au jour d' avant dans ce domaine aussi. La rétromanie continue malgré le fait que le rythme des sorties s' était considérablement ralenti. Comme nos chers élites gouvernementales, les mastodontes de la critique s' arc-boutent sur leur petit monde et nous offrent leur pathétique vision bas du front. Et les gentils mais idiots Idles de se présenter comme des contestataires sauveurs d'un monde déjà happé par le passé. Donc DWTN se devait de revenir et en pleine forme. Quitte à remuer sévèrement la bulbe qui a du se coller aux cranes de certains. Déjà qu' avant le Covid les vieux réflexes étaient difficiles à oublier, cette époque post-traumatique paralysante semble nécessiter un traitement énergique. Et en matière de laboratoire à la pointe du progrès en création musicale DWTN connait la bonne adresse. Direction l' Afrique et plus particulièrement Kampala en Ouganda encore une fois. Vous l' aurez compris chers habitués, on va encore parler du label Nyege Nyege Tapes. Pour les retardataires faut aller voir ici en passant par là chez les petits frêres d' Hakuna Kulala. Commençons avec la première phase de traitement. Celle déjà connue donc la plus soft. Nyege Nyege en cette triste rentrée virale partouzarde nous a enfin offert le disque Gqom que l' on attendait plus chez Gqom Oh!. Une compilation prodigieuse du trio pionnier Phelimuncasi dans laquelle notre chouchou Munzi écrase encore la concurrence dans le rôle de producteur. Entre vieilleries et productions plus récentes les titres du trio vocal composé des frangins Makan Nana et Nera accompagnés de Malathon nous offrent une nouvelles preuves de la richesse de la scène de Durban. Aux côtés de Menzi pour les accompagner on croise DjMP3 et Dj Scoturn pour développer les ambiances cyberpunk indus et les mêler aux coutumes africaines. Quand la musique africaine se teinte une nouvelle fois d'une aura dark et dystopique on imagine déjà les yeux écarquillés des entartrés du bulbe que j' évoquais précédemment. Alors la suite qui va venir et c' est coma assuré. Peut être plus que chez les confrêres du label Gqom Oh! et tout ce que j' ai chroniqué depuis des années ce Gqom dévoile réellement l' art du toasting Sud-Africain utilisant la conversation et fortement imprégné de la tradition vocale développée sous l' apartheid. A la suite ce dernier disque il ne faudra ne pas oublier de repasser chez Gqom Oh! afin de jeter une oreille sur une autre compile Gqom dans laquelle on retrouve nos vieux amis Citizen Boys et Mafia Boys. Après le traitement léger, la chimio pour esprits étriqués. Et si on parlait de ... "CRÉOLISATION"(*) musicale. *: Plus d' info ici, là pour l' actualité du sujet et par là afin de comprendre que cette magnifique chose rencontre des dangers en création artistique. Dangers si souvent abordés ici . En matière d' attaque et de richesses sonores le groupe dont on va parler a plié le game 2020. Nyege Nyege ne cesse donc de tordre le cou aux idées préconçues issues de l' héritage coloniale chez les occidentaux et détruit leurs faux semblants et fausses consciences. Certains sont bien plus enfermés dans leur bulle qu' ils ne le pensent ou voudraient le faire croire. Depuis 2017 le catalogue Nyege visite une grande partie de l' Afrique de l' Est en quête de musiques à la fois porteuses de l' héritage mais également totalement moderniste et innovatrice. Par exemple le territoire historique est souvent post 90's quand l' électronique avait infiltré les traditions assez fortement. Donc pas vraiment de proto électronique africaine chez Nyege. Le curseur ne remonte pas à la nuit des temps et l' histoire en musique ne s' est pas non plus arrêté vers 2000 comme certains le laisseraient penser. Leurs sorties sont ainsi la réponse parfaite au culte des vieilleries discographiques de ce continent qui pullule en Europe. Parce qu'il faut bien comprendre qu' il y a chez certains un petit problème dans leur passion de la musique africaine. Pour faire court, quand un type comme moi se pointe et constate qu' ils vivent dans une niche ils ne comprennent que stylistique et avec tout l' art snobinard et bourgeois du mépris qui les caractérise me balance leur bagage culturel de la musique africaine vintage. Ou parfois ses versions rétros contemporaines. Et c' est bien là tout le problème. La pseudo ouverture d' esprit stylistique ne pallie pas les tares de l' étroitesse nostalgico-gaga qui indique beaucoup sur certaines attitudes provenant d' une paralysie et refus du futur. A ne pas se pencher sur l' Afrique contemporaine on se contente d' une vision passéiste propice à certains réflexes. Volontairement ou pas, on interdit toutes évolutions possibles aux africains et déjà certains hypocrites ou idiots vont vous balancer la tarte à la crème de l' authenticité quand vous leur ferez découvrir le groupe qui va suivre. Se rendent-ils compte qu' ils méconnaissent totalement comment l' humanité s' est construite? Que par mégarde les effets de leurs actions et pensées flirtent dangereusement avec ceux de la pensée raciste et réac? Finalement on comprend mieux que certains ne comprennent pas le terme de "créolisation" pensé par Edouard Glissant. Et pas que dans le camp que l'on croit. "Je peux changer en échangeant avec l' autre sans me perdre ni me dénaturer" Edouard Glissant Alors bien sûr quand certains apprennent que les protagonistes formant Duma sont issus de ce qu' ils jugeront comme "étonnante" scène métal de Nairobi au Kenya ça peut en laisser plus d'un sur le carreau du réflexe "colonisation culturel" et " perte d' authenticité". Faut déjà remarquer qu' une scène Métal Kenyane paraisse "étonnante" à un occidental en 2020 appelle à la réflexion sur l' incapacité de certains à se rappeler qu' internet et ses capacités de partages mondiaux ont plus de vingt ans voir carrément, leurs préjugé sur les capacités africaines à utiliser le net. Je vous avais prévenu, gratter de plus prêt nos réflexes en matière de musique trahissent bien la persistance coloniale dans les esprits. Donc voici Martin Kanja et Sam Karugu qui adorent faire du boucan de tous les diables avec leur guitare et développer leurs capacités vocales en matière de cri gutturaux. Mais pas que! Ils sont aussi dotés d' une ouverture d' esprit stylistique que bon nombre d' européens devraient envier. L' électronique déboule alors avec des traces de culture dancefloor. Et c' est là qu' entre en jeux le concept de créolisation avec ce qu' elle signifie de plus important. J' emploie pour la première fois ce terme mais je m' aperçois que si elle brille actuellement dans le domaine sociétale et politique elle est au cœur de la plus part des chroniques de ce blog depuis 2012. Duma hybride à ces deux influences occidentales leur héritage rythmique africain. Passé comme présent. Voir carrément mondiale avec des traces de footwork par instant. Mais il ne s' agit pas seulement d'une simple hybridation comme souvent avec les artistes de la musique indie tant défendus dans les gros médias. Glissant selon Loïc Céry " insiste toujours sur la différence de la créolisation avec le simple métissage, qui crée du prévisible, de l' hybride, alors que la créolisation procède d' une mise en présence de différends apports culturels, créant de l' imprévisible" Sur le papier la musique de Duma devrait être du Doom Métal avec de vagues rythmiques africaines. Deux choses totalement identifiables et l' écoute n' apporterait qu'une simple addition. En réalité les 9 titres sont étranges, inclassables et totalement novateurs. Les Duma dépasse la simple addition stylistique. Le dialogue acoustique-électro qui les caractérise révèlent des territoires insoupçonnés jusqu' à présent. Ce premier album éponyme éblouit par sa puissance, réveille par les surprises et la richesse de la palette sonore que dissimule le mur du son en apparence insondable à la première approche. Les voix passent par le registre Métal, chopent la culture africaine et termine au final en terra incognita. Par contre jamais les Duma assomment l' auditeur. Les 9 titres ne semblent pas être de simples variantes comme il peut souvent le sembler aux novices avec ce courant musical en général. Le résultat prouve que les deux gars ne "trichent" pas, ne se contentent pas d' étaler un savoir mais ont réellement décidé de laisser libre cours à leur imagination. Leur musique est ainsi l' une des plus étranges et novatrice parce que surtout c' est "LEUR" musique. Pas celle des autres. Et bien sûr avec un talent certains. On peut certes par instant penser à d' autres artistes africains faisant dans la créolisation comme Faka ou encore les Metal Preyers signés eux aussi chez Nyege Nyege mais en définitive Duma trace avec ce premier disque un chemin que personne n' avait suivi auparavant. ESSENTIEL !!! PS: 2020 est d' hors et déjà assurée d' être l' année Nyege Nyege/Hakuna Kulala. Aux albums de Dj Diaki, Phelimuncasi et Duma, Nyege Nyege va bientôt nous faire planer en offrant leur vision du psychédélisme à grand renfort de nappes de synthé, de techno et de rythmiques africaines. Ce sera avec le premier LP de HHY & The Kampala UNit. Quant au petit frêre de Hakuna Kulala il va sortir le premier album du catalogue des deux labels d'un non africain, le "Ngoma Injection" du russe Wulffluw XCIV. Nouvelle créolisation à base de EBM, Gqom, Kuduro et de Dumbow.

  • Les Inrocks et leur top 100. Un sacré loupé symbolique. Ou, l' électro ? un sous-genre comme d&#

    C'est l' histoire d'un hors série sur les 100 meilleurs disques d'une région du monde. Une liste faite par un magazine qui autrefois avait oser faire un hors-série sur le Velvet Underground et se présenter comme le magazine parlant de musique pas comme les autres. Sous entendu de musiques moins commerciales que celles dont les autres médias nous abreuvaient en ce temps-là. C' était autrefois, il y a très très longtemps. Le passage du format mensuel à hebdo souvent considéré par beaucoup comme le début de la fin, date d'il y a plus de 20 ans. Depuis, on croise parfois cet hebdo avec son déguisement d' "indie magazine" devenu totlement inaproprié et daté. C'est courageux de faire un top 100 des meilleurs disques anglais* de tous les temps. Le petit astérisque c 'est déjà pour montrer qu'il y a un loupé du à des approximations dans le titre du Hors Série. Astérisque faisant référence à celui du titre. Visiblement les Inrocks n'ont pas voulu trancher face à la problématique de l' utilisation du terme Royaume Uni face aux désirs d' indépendance des nations le formant. Par peur peut-être de blesser ou d' offenser. C 'est loupé et même loupé doublement parce qu'il y a matière à offenser quand on regarde dans le détail ce top 100 sponsorisé par la "radio Rock", ce qui aurait du titiller la rédaction sur un point. Les 100 meilleurs disques anglais et des voisins... Oui mais. Les 100 meilleurs rock, pop, folklorique, électro... Ils n'ont pas cru bon d' apposer un genre ou un courant. Peut-être qu' à leurs yeux tous les genres sont représentés selon leur "importance"? Artistique, culturelle ou autre. Et c'est là qu' est l' énorme loupé mais loupé bien utile car symbolique de la vision de ce que sont devenu les Inrocks. Loupé symbolique aussi du monde de l'industrie musicale français dans son ensemble (Labels, organisateurs de concerts, médias et publique dans une certaine mesure). Ce loupé est passé totalement inaperçu et encore moins signalé dans les réseaux sociaux. Peut être parce qu' aussi beaucoup se satisfont d'un état de fait pitoyable en 2016 et ne sont franchement pas motivé pour changer la donne. Les niches stylistiques et les visions étroites sous forte domination consumériste ont encore de beaux jours devant elles. Il y a quelques temps Paul Morley, imminent critique et musiciens rock, disait ceci: "Kraftwerk est devenu par son influence et son rôle pour l' électro dans l' histoire de la musique l' équivalent des Beatles pour la pop et le rock." A ces yeux la musique électronique n' était plus un sous genre de l'underground mais bel et bien un courant musical et sociologique fort tout autant important que le rock ou le punk de part son impact sur la société anglaise et autres. Visiblement cette phrase plus que justifiée n 'est pas rentrée dans les esprit au point de perdre les mauvaises habitudes. Avant de continuer me revient à l' esprit les sempiternels éditos annuels de JD Beauvallet nous expliquant que l'on vit une époque génial parce qu'il n'y plus de barrières stylistiques comme le prouvent d' après lui les top de fin d' année de son hebdo. Et ce dernier de nous bassiner une nouvelles fois avec ses souvenirs de Madchester quand le dancefloor rencontrait les salle de rock, l' Haçienda Happy Mondays bla bla bla... Un sacré hypocrite. Ou un niais. Ou un candide. Au choix. Les choix rédactionnels des Inrocks font tout le contraire ou du moins, prouve qu' il y a encore du progrès à faire en matière de frontière à exploser. Il y a bien de l' électro dans le top des Inrocks mais surtout une électro en format pop (Metronomy, New Order) ou mélanger à d' autres genre en version light (Chemical Brothers,Primal Scream). Le loupé est donc l' absence non seulement de certains artistes, mais carrément de ce que Paul Morley décrivait comme un truc aussi important que le rock. L' électro et la culture dancefloor ou rave sont présent mais seulement en version édulcorée via mutation par le rock, la pop ou la culture rap/hip-hop. Bref le format chanson. Pas l'original mais la version la plus vendable. Dans cette liste, attention accrochez-vous, il n' y a pas de disque purement électro ou techno, c' est à dire de disque à prédominance instrumental en raccord avec les rave ou dancefloor. La liste des noms absents est un coup de couteau dans l' ampleur sociologique et musicale de ce genre au Royaume Uni. Pas d' Aphex Twin, pas d' Autechre, pas d' Orbital, pas d' Underworld, de A Guy Called Gerald, pas Goldie, pas The Orb, de LFO, Cabaret Voltaire. Cette liste est bien sûr trop courte surtout quand en plus on s' aperçoie que non seulement le loupé concerne le genre électro mais aussi bien d' autres. L' Industriel, la jungle, le prog-rock et une certaine version du post-rock (Seefeel ou Main par exemple), l' expérimental sous toutes ses forme en règle général. Et j' en passe. A ceux qui me parleront d' histoire de format je leur répondrai qu'ils arrêtaient avec leur tarte à la crème cache-misère et hypocrite. Au final même si ce hors série et cette liste ont quelques qualités (toutes les décennies sont présentes et l' esprit indie demeure, des exceptions heureuses comme The Slits ou Boards Of Canada), il n' en demeure pas moins que le malaise est énorme devant une vision du passé sous domination de deux genres principaux et teintée d'une certaine démagogie journalistique. Une vision étriquée ne tenant absolument pas compte de faits avérés. La Démagogie rock-pop de la presse musicale française en général. On peut me rétorquer que venant de ce magazine c' était prévisible. Le fait même de faire cette un objection est le problème. Parce qu'en 2016 un magazine musicale français se doit d' être électro, rock ou jazz. Chacun son pré carré et le troupeau sera bien gardé. Même il n' existe plus de barrière, sauf celle des esprits frileux et fermés. Il y a aussi des petits détails qui en disent long sur une certaine étroitesse d' esprit et cette démagogie. Bowie oui mais pas n' importe lequel. Le Bowie rock de Ziggy ou funk de Station ou encore le poppeux d' Hunky mais surtout pas de trilogie Berlinoise avec son ambient et son électro naissante. Ce fait avait déjà été constaté dans la différence de traitement de la mort du bonhomme entre la France et l' étranger. Robert Fripp n' a jamais existé tout comme Genesis P Orridge et ce génie briseur de frontières stylistiques ou sociales de Robert Wyatt voit son chef-d' oeuvre Rock Bottom relégué dans les profondeurs tout comme Brian Eno peinant à atteindre la 55 ème place. Loin derrière les ...Artic Monkey, Amy Winehouse ou The Last Shadow Puppets ou XX et les Libertines. PS Un autre aspect, si souvent décrié dans ce blog, transpire. Apparaît sans réellement sauter aux yeux. Pour ça faudrait faire un jeu. Ou tenter une expérience irréalisable. Prenez un brave extra-terrestre tout juste attéri sur terre. Apprenez lui à reconnaître les genres musicaux en omettant surtout pas de leur rattacher l' époque qui les a vu naître. Puis, montrez lui cette liste sous une forme purement musicale, une playlist. A coup-sûr le gentil petit bonne vert va vous faire une réflexion qui va vous désarçonner. "C' est pas de tous les temps ce top, c' est juste celui des 40 dernières années du 20 ème siècle, il s' arrête en 2000". Mais ça, DWTN vous en a déjà parler au sujet des terribles années 2000, les années Rétros, et de l'omniprésence des musiques revivalistes et du manque de curiosité de la presse musicale française concernant tout style ou courant musical un brin novateur. Top 100 dispo ici

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