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458 éléments trouvés pour «  »

  • SOHO REZANEJAD, transcendance sombre.

    Je peste souvent contre l' univers rock critique et plus particulièrement celui qui se revendique de l' héritage indie. Anglo-saxon ou français. Son passéisme, son manque d'ouverture et de curiosité , ses complexes de supériorité à peine cachés. Mais la découverte de ce disque dépasse largement le simple coup de colère et la mauvaise humeur face à sa très faible exposition médiatique. En recherchant des infos ce fut simplement une sidération intense qui m'emporta face au si faibles nombres d' articles. Comment est-ce possible à l' heure où nous dit-on tout est disponible sur le net? Comment ont-ils pu passé à côté? Si j' ai trouvé des chronique elles sont avant tout le fruit de site franchement mainstream ou fortement marqués stylistiquement (gothique, indus, dark). Ca en dit long sur l' état désastreux des troupes d' ayatollahs autoproclamés de la cause indie. Elle s' appelle Soho Rezanejad et en est à son déjà deuxième disque après un ep inaugural "Idolatry". Vous la connaissez probablement comme moi si vous vous êtes titillé le jonc sur la synth-pop cultivée des Lust For Youth (voir ici dans les archives du blog) . Lust For Youth qui avait réussit aux débuts à sauvaient leur revivalisme par un je ne sais quoi de courage des fous. Quelques années plus tard Rezanejad réussit le même tour de passe-passe. Partie de la synth-pop des Lust elle va encore plus loin en lorgnant sur un référentiel tout autre. Encore une fois le fantôme de Nico plane sur l' oeuvre d'une jeune pouce après Carla Dal Forno et Circuit des Yeux. Dans un sens découvrir le tout frais "Six Archetypes" revient à imaginer la ténébreuse allemande collaborer avec le crème post-punk peu avant sa fin tragique pour offrir un dernier chef d' oeuvre. On peut même aussi penser à Siouxsie Sioux et Liz Fraser accompagnant l' allemande tant le chant et les ambiances créées par Rezanejad évoquent les univers de ces deux artistes. Et puis histoire d'en rajouter une couche et titiller la fibre nostalgique en chacun de nous imaginez une nouvelle fois juste cette scène, Nico improvisant sur "Warzarwa" (Low) et enregistrant dans "son" Berlin avec Bowie et Eno derrière la console et les deux autres icônes en soutien. "Six Archetypes" ne brille pas toujours pas le goût acide et enthousiasmant de la nouveauté qu' il laisse dans la bouche mais ne peut pas non plus se résumer à une énième redite dénuée de fond. Tout d' abord la démarche de la danoise d' origine Iranienne s' appuie sur une très forte réflexion intellectuelle et artistique. Le titre de l' album s' inspire des théories du psychiatre Carl Jung pour définir les postures essentiels adoptées par les humains. Ce disque offre à qui veut bien se laisser emporter une expérience métaphysique rare en devenant un manifeste pour toutes sortes de révolutions personnelles ou collectives comme en atteste certaines traces des arts aux débuts de l' air soviétique. Musicalement Rezanejad évite l' aspect protocolaire tant répandu dans l' exercice revivaliste. Ainsi l' appel formaliste à des mélodies mille fois entendues et attendues se fait bien moins évidents. Si elles arrivent fatalement alors c' est d'une manière souvent nonchalante. La belle Soho prend son temps, aime égarer l' auditeur, jouer avec lui quitte à lui tendre des chausse-trappes là où tout semblait être écrit d' avance. Les moments de bravoure et d' impertinence sont nombreux et régulier tout au long des 14 titres. La relecture osée de l' hymne du Conseil de la Résistance Iranienne en clôture du disque reste d' hors et déjà comme l'un des plus beaux moments de l' année. L' ambient peut s' inviter puis laisser la place à du folklore Bulgare et Arménien là où on guettait l' exercice New Wave facile. Coil est encore une fois ,comme de nombreuses fois ces derniers mois, une référence venue de nul-part à citer pour boucler la boucle. Vous l' aurez compris, ce disque est absolument essentiel en ce début d' année tristounet.

  • DJ TAYE, le footwork sort de sa tanière et se fait cajoleur.

    Depuis le temps que son nom est familier des fans de Footwork on peine à réaliser que Dj Taye n' a que 23 ans. Couvé sous l' aile Teklife le petit génie n' a pas cessé de sortir des disques. Pas toujours homogènes. L' anecdotique alternait avec de belles preuves de savoir faire. Mais depuis toujours Dj Taye amenait au sein de Teklife la petite touche rafraîchissante de la jeunesse. Il fait partie de la deuxième génération du genre, celle qui succéda aux illustres anciens tant abordés par ici, les Rashad, Spinn, Traxamn et compagnie. "Still Trippin" sort ces jours-ci et il est d' hors et déjà à considérer comme son disque le plus abouti. Mais aussi le disque footwork le plus susceptible de rencontrer un plus large publique. Ces derniers mois le footwork nous a offert de somptueux chefs d' oeuvres par des artistes qui effectuaient un magnifique travail sur ses capacités propres en matière d' innovation sans réellement qu'il ne se confronte à certains styles. Qu' il ne s' adoucisse. Inutile tellement le footwork a en lui les capacités pour se recréer. Jlin et Jana Rush ont ainsi poussé le footwork originel vers des territoires magnifiques. Mais des territoires jugés à tord ou à raison par certains comme un peu abruptes. Taye choisit une autre piste tout autant passionnante. Les bases footwork sont bien présentes tellement le fantôme Rashad plane mais Taye offre un travail d' hybridation rarement croisé dans le footwork. Et il ne s' agit pas seulement du simple choix des samples ou des sonorités comme auparavant. Si on retrouve la complexité typique du genre elle se fait un poil plus discrète et laisse une plus large place aux mélodies. Il faut ici préciser que contrairement à ces aînés de Teklife Taye ne vient pas de la Juke et de culture dancefloot pure mais du Hip Hop puisqu'il était un rappeur et que ce n' est qu'ensuite qu'il devint Dj et danseur. Ce parcours devient flagrant dans "Still Trippin'". Le Hip Hop s' initie partout comme sur le single "Trippin'" avec le phrasé d'un Taye en mode MC. Ici il rappe réellement alors qu'en général les voix du footwork sont surtout des sample répétitifs et déchiquetés. Et si ce n' est pas lui ce sont des voix souvent féminines (Odile Myrtile & Fabi Reyna) qui participent à un travail de polissage du footwork original sans que ce dernier ne se retrouve trop dénaturé. Peut-on parler d' une espèce de footwork pop comme celui entra perçu sur certains remixe d' artistes tel Jessy Lanza? un peu. Ici on se retrouve face à de la jungle, du trap, du dubstep et du r&b. A chaque fois Taye réussit là où beaucoup se sont vautré dans le mélange artificiel sans saveur. Dj Taye prouve encore une fois que le footwork en a toujours dans le ventre et aussi dans le cerveau. "Still Trippin'" est le successeur réussit du "Double Cup" de Rashad en se posant comme une réactualisation réussit du disque footwork le plus connu dans les sphères extérieur du genre.

  • SHAME, frisson inespéré post tout.

    La jouer fine et surtout pas en faire des tonnes en se contentant de glisser de brèves et discrètes allusions à cette micro hype anglaise (voir ici). Depuis plus d'un an la cas Shame avait le don de vriller les neurones de votre serviteur. Perdu qu'il était le vieux con grincheux face à ces guitares flamboyantes revenues de nul part. Deux singles, soit à peine trois titres, mais une putain d' énergie rédemptrices rarement croisée depuis des lustres. Il n' en fallait pas plus pour l' ancien fan d' indie anglaise à guitare de se frotter les yeux et se poser un million de questions existentielles. Shame, un mirage? Un miracle? Et d' abord, c' était quoi ce putain d' enthousiasme qui me prenait à chaque écoute? Le pervers effet anesthésique de la familiarité face à certains trucs mille fois entendus depuis mon adolescence? Putain, ça y était? A mon tour de tomber dans la sénilité nostalgico-gaga qui semble ne plus épargner qui que ce soit autour de moi? Une seule chose à faire. Attendre l' album. On en a vu beaucoup se vautrer sur le format long malgré de belle promesses scéniques et des avertissements sur format court. Les cimetières d' Angleterre en sont remplie de ces formations tentant de rallumer les vieilles mèches et finalement aboutir à un pétard mouillé (These Animal Men,Menswear,Art Brut,Crins etc etc). "Songs of Praise" débarque et finalement faut bien enfin tomber le masque. Moi quadra, pourfendeur de la redite guitaristique, celui qui devant le moindre Demarco des fifilles ou le premier pseudo garageux bas du front se prenant pour l'inventeur du psychedelisme venus voit hérisser son poil d' exaspération et de lamentation, j' abdique. Shame est le premier disques à guitare à me foutre en l' air depuis belle lurette. Et si il faut chercher loin chronologiquement , 5 ans, géographiquement et dans un certains état d' esprit réellement contestataire et politisé c' est tout le contraire. Ce sont les voisins de mon dernier coup de coeur en la matière, The Fat White Family. Mieux, leurs squatteur de leur local de répétition à en juger la déclaration enthousiastes de la clique de Lias Saudi au sujet des gamins. Si Shame a l' accent du Sud Est de Londres comme leurs illustres prédécesseurs les jeunots prennent encore plus fortement des faux airs mancuniens. C' est la grande révélation du passage à l' album. Bien sûr il y a le phrasé à la Mark E Smith de The Fall. Bien sûr c' est du post punk mais...Mais il y a un petit machin qui change tout, le petit air de ressemblance qui titillera l' inconscience de ceux qui ont grandi à l' époque Madchester. Sans tomber dans le pastiche stylistique les Shame ne cessent d' évoquer d'une manière subtile les Stone Roses. Entre passion viscérale et innocence mêlées à une réelle lucidité et une forte tendance à la raillerie. Mais attention, pas la simple machine à groove et à hédonisme baggy que certains veulent uniquement voir par nostalgie et embourgeoisement chez Ian Brown et compagnie. A chaque instant les Shame semblent être prêts à foutre le feu aux bagnoles dans les rues (réécoutez "Made Of Stone"). Une autre ombre traverse ce disque et différencie Shame de la cohorte des autres apprenties post-punk. On l' a retrouve dans les paroles et l' art d' éructer de leur charismatique chanteur Charlie Steen. Ce gamin d' à peine 20 balais est déjà appelé à devenir une figure de la scène indie de la décennie. Il explose tout sur son passage et Shame lui doit beaucoup au point de renvoyer des types comme les gentils et déjà trop vieux Protomartyr à leurs études. Steen avec ses dons de prédicateurs fouillant dans les profondeurs des âmes tourmentées par un prisme résolument politique et sociale donne l' effet que l'on se retrouve en 2018 face à une espèce de Nick Cave né et grandi dans les banlieues anglaises qui n' a jamais ouvert une bible de sa vie et surtout très peu écouté du blues. Le fort mimétisme avec l'icone australienne qui fait parfois grimacé chez les Iceage est évacué par la lads attitude. Shame redonne à la branllitude et l' arrogance anglaise ses lettres de noblesses bien trop caricaturées et surjouée depuis Oasis et Blur. Steen est encadré par des potes musiciens qui, si ils évoquent aussi The Birhtday Party, ne tombent pas non plus dans la chausse trappe vintage bluesy-garage à la con. Trop anglais encore une fois et malin pour ça. Laissons ça aux crétins ricains ainsi que leur communautarisme stylistique. Les Shame en surprendront plus d'un avec leur trouvailles provenant aussi bien du post punk Wire avec le grand art de pigmenter leur rage punk d' envolée pop (le prog viendra plus tard), de l'indie des origines et sa sentimentalité (Television Personalities) que du psychédélisme pour stade mais toujours sobre des Echo & The Bunnymen. Le dernier titre rappellera aussi certaines clôture d' album de l' ère Britpop. Shame est toujours à la limite de se vautrer dans le pilotage automatique et le fayotage nostalgique du revival post punk des 00's des Editors, The Rakes et Interpol. Mais Shame a ce que ces formations avaient perdu de vue comme d' ailleurs l'ensemble de la scène indie depuis trop longtemps. Comme je l' écrivais au sujet des prometteurs Hotel Lux, Shame est la plus parfaite des suites à donner aux deux miracles populos anglais de ces dernières années, The Fat White Family et les Sleaford Mods. Si musicalement on est encore dans la redite il y a tout ce qu'il faut en puissance et authenticité pour que cela ne débouche pas sur un pastiche nostalgique infertile coupé de notre réalité.

  • RABIT, Les fleurs du mal au 21 ème siècle. Le lien entre post-club et ...Current 93 / COIL / Nurse W

    Il a été beaucoup question de l'artiste texan connu sous le pseudo de Rabit dans DWTN ces 5 dernières années. Que ce soit au sujet de ses projets solos avec par exemple son fabuleux doublé dans les tops de 2015 (son album "Communion" 17ème et son ep "Baptizm" 26ème), comme pour ses collaborations avec le grand Chino Amobi ("The Great Game: Freedom for Mental poisoning" 39ème en 2016) ou avec Elysia Crampton sur son "Demon City" (12ème en 2016). Et ne parlons pas des nombreuses sorties de son label Halcyon Veil plébiscitées ici (Pessimist, Conspiracion Progresso, Imaginary Forces, la française Fawwkes, Myhsa et City). Bref vous l' aurez compris on s' attaque à du lourd. Du très lourd même! Un très vieux coup de coeur ardemment défendu ici sans attendre l' annonce récente de sa participation logique au dernier Bjork et le micro buzz journalistique qui suivra. Deux ans après son premier album chez les Tri Angle Records Rabit revient donc avec "Les Fleurs du Mal" et continue de côtoyer les sommets. Vous avez bien lu le titre et Rabit assume entièrement le lien de parenté de sa dernière oeuvre avec qui vous savez. Il raconte s' être plongé dans la littérature pour se ressourcer dans son approche artistique de la musique. Emprunter ce nom pourrait faire passer Rabit pour un arrogants et vaniteux musiciens raté se la jouant poète maudit en quête d'un buzz "cultureux"/artistique mais quand on connait le parcours du bonhomme et surtout ses qualités on pige très vite qu' il faut s' y pencher sérieusement. Avec ce disque comme avec les écrits de Beaudelaire nous nous retrouvons face à une oeuvre ou hédonisme, sexualité et mysticisme se mélangent sur fond d' abstraction et de psychédélisme dark. Comme le poète français Eric C Burton aka Rabit se complaît à pratiquer l' autopsie de son époque, un monde parcourue de tensions extrêmes souvent refoulées et régulièrement secouée de convulsions. Rabit voit le beau là où c 'est moche. Sa musique est en constante évolution depuis ses débuts. Il reste peu de chose de ses premiers pas très marqués grime et dancefloor. "Les fleurs du mal" dépasse même le simple cadre de ce que l'on nomme le post-club. Ce machin-bidule tant rafraîchissant et novateur qui déconstruit tout ce qui peut provenir des pistes de danse. Ce magnifique empêcheur de danser en rond. Cet agglutination de sons sans de réels rythmes digne de ce nom et qui malgré cela à la gigantesque capacité de vous surprendre et de vous hypnotisé autant que le plus putassier des titres techno ou house. Comme tous les autres apôtres malgré-eux de la cause post-club Rabit fait plus dans l' estampes sonores illustrant merveilleusement notre monde que dans la pop song plus classique ou le morceau fonctionnel pour guincher . Il y a bien la voix de Cecilia au tout début mais jusqu'à la fin on est dans l' abstraction. Si certaines manière évoquent encore "Communion" et beaucoup d' autres artistes post-club (Lotic, M.E.S.H.) il y a dans "Fleurs du mal" des caractéristique propre à Rabit. La plus évidente des nouveautés est sans aucun doute l'influence grandissante de ses amis de NON WorldWide présents pendant l' enregistrement, Chino Amobi et Elysia Crampton . Bien plus que chez les autres même tout ce petit monde se fréquente ou s' espionne. Mais il y en a une autre qui se révèle totalement éclairante sur l' importance du courant. Sur son lien caché via des connotations politiques et sociales avec un certain passé. Liens également formelles . Et celle-là nous vient de très loin. Si elle est parfois détectable chez les autres Post-club comme par exemple leur critique du néo-libéralisme et leurs revendications sociétales l' artiste Texan a le mérite d' affirmer haut et fort sa filiation et son attachement à de vieilles lubies musicales jouant le même rôle en leur temps pour les passionnés de musiques aventureuses voir "tordue". Rabit mâche le travail à ceux qui tentent de décrypter et d' affirmer ce qui fait l' intérêt de post-club en 2017 tout en lui cherchant un précédent . Rabit ne cesse de citer à qui veut l' entendre sa relation avec David Tibet de Current 93. Rien que ça explique parfaitement la fixation sur Beaudelaire. Tibet, grand amateur de littérature n' a pas cessé d' aller chercher dans le passé pour parler du présent. Ce disque jugé hâtivement et simplement électro a pernicieusement de très fortes odeurs de folk, de New Age et de drone comme ceux de Tibet. Si ces premières raisons devraient suffire à draguer les fans quadras de Current une autre raffermit les liens étroits entre 2017 et son post-club avec l' Angleterre des 80's et sa musique industrielle. J' avais déjà cité Throbbing Gristle et Genesis P Orridge au sujet de Rabit et d' autres mais ce coup-ci c' est un autre nom illustre de l'ère Thatcher (la mère matrone du néo-libéralisme) . Un nom qui intrigue, qui peut même faire peur à certains frileux de l' indie. Coil ! En effet, en plus de la présence de l'un de ses anciens membres (Drew Mc Dowal) on ne peut ne pas penser à cette légendaire formation issue de l'indus mais qui toucha à tout ce qui se faisait neuf en ces temps-là. Il y a d' abord l' attrait commun pour la technologie et les techniques les plus originales sous toutes leurs formes dans la création, et si possible les plus malpolies. Le refus d' aller à la facilité et vers le commerciale. On retrouve l' art idiosyncratique d' incorporer des languages musicaux là où ils ne devraient pas être, à les dénaturer pour leur faire dire tout autre chose que ce qu'ils sont censés raconter. La dystopie des Rabit ou des Arca (sans parler de la thématique scatalogique chez le dernier) ne sont rien d' autre qu'une forme détournée de la vision apocalyptique des Coil et Tibet en plein triomphe du Tatchérisme. Une nouvelle fois le post-club réussit à décrire et à reproduire parfaitement le zeitgeist numérique et son rôle de miroir face à l' effondrement capitaliste qui a commencé. Rabit avec "Les Fleurs du Mal" offre l'une des plus parfaites alternatives artistiques à tous ceux qui viennent de comprendre que répéter le passé mène au gouffre.

  • GRUMBLING FUR, psychédélisme libre d' esprit.

    Que j' envie ceux qui ne connaissent pas Grumbling Fur. Ceux qui vont tomber un beau jour sur l' enchaînement hallucinant qui entame leur tout dernier album. Ceux qui vont se retrouver complètement désorienté face à ces mille et une idées, sensations et frissons en tout genre. Ceux qui vont tremper leur lèvres dans la coupe remplie d'une potion préparé par une sorcière cachée dans une foret épaisse et sombre de la perfide Albion. Et puis non. Je ne les envie pas tant que ça quand ils vont s' apercevoir qu'ils ont loupé auparavant trois autres disques formidables qui présageaient ce joyau psychédélique moderne. Psychédélique post-punk! Grumbling Fur c' était précédemment dans DWTN par ici. Ce monstre de "Molten Familiar" bien plus compliqué qu'il n' en n'a l' air ne doit pas résumer le dernier album. Cet album n' est pas facile à caricaturer comme un énième hommage. Trop de délicatesses et de trouvailles. Trop de réflexions et de culture. Les rares initiés des Grumbling Fur savent bien que leur carrières ne peut être réduite à de simple recopieur de l' age d' or pop psychédélique britannique. Les 60's sont leur terraux mais le post-punk et ses expérimentateurs est le solide tuteur de cette plante hallucinogène. Alexander Tucker et Daniel o'Sullivan savent bien que le psychédélisme ne se résume pas à quelques pédales et du fuzz avec l' emprunt maladroit d'un once de Sun Ra afin de masquer un songwritting bas du front. Les références qui viennent à l' esprit sont bien plus originales que les sempiternelles lubies résumable en une dizaine de disque croisées chez d' autres. Ici il n'est pas que question de guitares. Penguin Café Orchestra fréquente Stéréolab, Faust et Arthur Russel rencontrent Moondog. On est de toute façon dans un autre monde que les naïfs Tee Oh sees et consorts et leur musique dictat pour les auditeurs. Rien que lorsque les anglais définissent leurs objectifs: “songs are about including the process in the finished piece and spontaneous ideas are laid down and a structure starts to emerge from this source” Encore une fois avec eux on est bouleversé par la concision limpide de ce "FurFour" faite de mélodies déconcertantes et enchanteresses. Des bien bizarres mélodies se pointant au détour des courbes d'une composition ondulante et mystérieuse. Chez eux les "défauts" semblant être des erreurs deviennent les gages de l' envoûtement. Cette sensation d' inexactitude, ce ne serait-ce pas une trace des "stratégies obliques" de Saint Brian Eno? On ne peut que penser au bonhomme chauve tellement cette pop psychédélique évoque également celle du bonhomme. Et puis il y a aussi cette volonté affichée de laisser à l' auditeur toute sa liberté d' interprétation. Si leur imagination est sans borne celle des auditeurs va y être encouragée face à leurs multiples couches sonores faites de samples. Découvertes et surprises à chaque écoutes pour l' heureux voyageur dans cette musique teintée d' ésotérisme que Coil ou Current 93 ne renieraient pas. La subtilité des Grumbling Fur vient aussi de la richesse de leurs goûts et de leur culture liée à une ouverture d' esprit sans borne. Par exemple au détour de "Acid Ali Khan" non seulement on s' aperçoit que la synth-pop peut être bien sûr profondément psyché et que Tame Impala n' a rien inventé mais qu'en plus du Depeche Mode psyché, ça le fait franchement! Plus on s' enfonce dans ce graal psychédélique plus on s' aperçoit de la multitude de genre musicaux et de techniques susceptibles d' entrer dans cette recette de sorcière. Les pédales d' effets et le fuzz à tout va ne sont pas dogmatiques. On peut aller voir ailleurs. Drone, orchestrations classiques de la pop 60's ou dub (Sun Arraw l' avait aussi démontré) côtoient l' expérimentation acoustique ou électronique. Certaines expérimentations à la guitare peuvent d' ailleurs détonner par leur senteurs d' amateurisme et de simplicité face aux pseudos virtuoses du garage déjà cités. Comme si des non-musiciens jouaient avec les instruments de Kevin Parker et John Dwyer. L' héritage post-punk démocratique des This Heat et leur volonté de faire jouer les "non-musiciens" est évident vers la fin de "FurFour" avec en prime la présence de l'un des anciens membres d' une des formations les importantes de l' histoire britannique. Les Grumbling Fur démontrent encore une fois leur savoir-faire en matière de textures sonores et des libertés qu'ils prennent avec. Une autre présence prouve le talent en la matière, celle d' Isobel Sollenberg de Bardo Pond. C' est dire que le carnet d' adresse des fans du groupe est riche. Et si on rajoute leur collaboration passée avec les Sun o))) alors on se rend compte que ce groupe ne plait pas à n'importe qui et que ce n'est pas pour n'importe quoi. Comme avec le précédent "Preternaturals" Grumbling Fur démontre encore une fois que le mot pop peut être synonyme d' étrange et d' expérimentation sans que cela paraisse vieillot. Leur songwritting parfois timide s' affirme et éclabousse de sa classe celui des scribouillards psychédéliques enfermés dans leur garage dogmatique.

  • Powell va encore faire parler de lui et de Diagonal Records

    Enfin ! Comme DWTN l' espérait dans un de ses très nombreux articles au sujet du bonhomme, ce dernier a annoncé cet été la sortie de son premier album pour le 14 octobre. Comme d' habitude le bon Oscar a su y mettre les forme via un clip simple et efficace tombant à point nommé . Ce que l'on sait c' est que cette fois-ci il ne s'est pas contenté de sample vocaux mais s' est adjoint les services d'une tripotée de collaborateurs. Et pas non-plus des inconnus chez DWTN. Jonnine Standish des HTRK (la version aventurière australiennes d' XX) et Loke Rhabek de Lust For Youth entre autres. Pour les malheureux qui ne connaissent pas les tueries électro-no wave de Powell petite piqûre de rappel par ici. "Sport" sortira chez XL mais Powell ne délaisse pas pour autant son label Diagonal qui n' en fini pas de nous filer des torgnoles musicales en 2016. Après Elon Kartz (par là), le ep d' In The Mouth Of The Wolf d' Ancient Methods et les flamboyance de Not Waving et bien ce fut le tour du grand Container et des passionnants NHK xy KOYXEN de nous en mettre plein les oreilles. Avec ces deux recrutements le label anglais peut rivaliser avec les grands. Et médaille d' or au créateur du design toujours très sobre mais efficace de Diagonal pour la pochette des NHK xy KOYXEN. L' idée t-shirt la plus hype et classe pour la rentrée du petit.

  • DEATH'S DYNAMIC SHROUD.WMV, post-vaporwave?

    Je me demande si les DEATH'S DYNAMIC SHROUD.WMV ne nous ont pas offert l' un des plus beaux titres de 2016. Un vrai "classique" que ce "SIDE ℬÆ「究極のカタルシス". Un journaliste anglais a dit à son sujet: "(...) which is a better M83 epic than anything M83 has made" Et c'est vrai que l'on peut confondre mais jusqu'à un certain point. C'est franchement moins bourrin et con que M83. Surtout ses trucs récents. De toute façon il n'y a qu' à écouter l' album de ces gens-là (une personne ou plusieurs?) pour comprendre que c' est bien plus passionnant que notre français égaré depuis trop longtemps au pays phare de la Société du Spectacle et de Pitchfork. Je ne parle pas assez d' Orange Milk Records. Pourtant que de perles issues de ce label américain défendues ou citées dans ce blog . Giant Claw, Foodman, DJWWWW, EQ Why, Nico Niquo, Jerry Paper etc. Que de pochette plus belle les unes que les autres. Que de genres musicaux abordés tant adorés par ici, footwork, glitch ou vaporwave. Et cette énumération n' est qu'un trop rapide résumé avec les artistes du label tant le brassage d' influences, de cultures et de concepte offre l' inidentifiable et l' inclassable. Le collectif DEATH'S DYNAMIC SHROUD.WMV m' avait déjà épaté avec leur "I'll Try Living Like This" et son curieux traitement maximaliste d' une tout aussi étrange Vaporwave . Jusqu'à présent ce collectif sortaient ses disques chez Dream Catalogue, le label des géniaux 2814 (par ici). Le dernier, "Classroom Sextape", fait figure d'un retour au bercaille puisque dans le collectif ont été identifiés l'un des créateurs du label Keith Rankin (Giant Claw) et une de ses signatures James Webster (HCMJ). Si ce disque ne sonne pas exactement Vaporwave comme on pourrait s' y attendre caricaturalement nous nous retrouvons tout de même face à un sacré pamphlet des médias sociaux et de notre société Néo-Libérale. Notez que ce qui est critiqué des médias sociaux est ce qu' en est fait par le néo-libéralisme. La pop-culture y est de la même manière attaquée par le prisme de l' ambient et un art du sampling plus pertinent et intelligent que chez beaucoup d' autres. Il semble que la Vaporwave cherche à gagner en simplicité dans sa critique. Ici le détournement se révèle par sa clarté encore plus critique et jouissif. Ils n' hésitent pas à devenir...agréables. POP ! Pour celà leur palette stylistique s' est infiniment agrandie et gagnée en diversité. Mais évidemment ils sont surtout vicieux et de sacré faux-cul avec les toxicos du premier degré en musique. Les naïfs vont se retrouvé face à certaines traces symboliques de "mauvais goûts musicaux". Comme chez Ariel Pink ou OPN le neuneu et les saintes ni-touche indie vont pas comprendre et rater bien des pépites de songwriting et de plaisir purement auditif. Dans une interview passionnante Keith Rankin avait pourtant dit l' évidence que ces personnes-là, nos chers socio-démocrates indies trop dépendant et parti-prenante d'un système qui va de toute façon s' effondrer, n'ont toujours pas compris: "Je me suis dit que les auditeurs d’ aujourd’ hui absorbent tellement de musiques différentes que les limites de la question de goût s’effondrent de plus en plus" Une lucidité encore plus visible plus loin: "Je souscris à l’idée qu’au lieu d’essayer de réparer un système bousillé comme l’industrie de la musique, un effondrement total serait préférable." (Lisez ce vieil article découvert aujourd' hui de Libération fin 2014 (ici) et vous comprendrez que certaines choses lues dans ce blog depuis 2011 ne sont pas l' apanage de DWTN ou des bafouillage d'un "haters aigri". Bref vous l' aurez compris, moins hermétique, ce disque n'en demeure pas moins un sacré exercice Vaporwave susceptible de draguer des publiques qui snobaient ou ignoraient jusqu'à présent ce courant majeur des années 10*. * : A ce sujet de décennie musicale et de genre révolutionnaire dans l' interview de Rankin la journaliste de Libé en posant deux questions fait un aveu que peu osent faire encore de nos jours. Et perso, je me sens beaucoup moins seul quand j' explique et critique les revival et les resucées du passé comme étant une réponse capitaliste de l' industrie musicale (labels, journalistes et programmateurs par exemple). Elle y parle ainsi des terribles années 00's "nostaligo-gaga" comme je les appelles systématiquement. Visiblement il n'y a pas que moi à avoir été pris de malaise et de gêne devant Interpol et LCD Sounsystem par exemple. "Cette nouvelle réalité (internet) est aussi une remise en cause de l’industrie de la musique telle qu’elle existe, qui vend des produits à des cibles très précises…" "C’est ce basculement, à la fin des années 90, qui commence enfin à façonner la musique actuelle après une grosse décennie un peu tétanisée ?" Il aura donc fallu 10 ans pour que la musique digère la révolution internet et offrir enfin de la nouveauté après s' être trop goinfrée de son propre passé devant youtube. Visiblement il y en a à qui ça prendra plus de temps. C'est con, c' est eux qui ont le pouvoir dans la musique en France.

  • MOIN, réinvention Post Hardcore

    A peine plus d' un an après le pénétrant "Moot!" (ici) les Raime (par là) toujours accompagnés de Valentina Magaletti continue de rénover un certain rock et renforce les bases d' un virage artistique radical et totalement réussi. "Paste" poursuit donc la trajectoire entamé par son prédécesseur et confirme amplement que ce projet est en rien une lubie sans conséquence d' une fameuse formation électronique. Le duo Raime qui semble bel et bien avoir abandonné toute velléités électroniques est en train depuis un an de nous offrir l' une des plus belles renaissances artistiques. Evidemment que la réussite du projet Moin repose en partie sur les talents déjà reconnus du duo mais avec ce nouvel album il apparaît encore plus indiscutable le rôle primordial pris par Magaletti. Tout simplement l' une des plus grandes batteuses du moment avec ses influences provenant de la musique concrète et de la No Wave. Les Moin affinent encore plus leurs choix et resserrent encore plus les rangs dans la même direction. Si le premier pouvait parfois sembler hésiter encore celui-ci indique le chemin clairement ce qui à le charme d' amplifier encore plus l' effet de tension. Curieusement, mais peut être pas vraiment par une certaine logique, on a l' impression que leur espèce de mixe de Post Rock, Post Punk et de Post Hardcore tente de revenir à l' essentiel, le New York fin 70's début 80's en pleine No Wave. Les souvenirs de Slint et Fugazi, les héros de leur jeunesse rurale proche de Reading, semblent s' atténuer pour laisser place à un intérêt croissant pour Sonic Youth et une utilisation décomplexée de leur savoir faire électro. L' attrait de Moin qui m' attire le plus, outre la réussite artistique du projet, est ce qu' ils réussissent à produire comme réinvention de vieux courants. Leurs bagages Dark Ambient, Ambient Dub et Post Industriels s' emparent de leur nostalgie et lui filant de bon gros coups de pieds au cul la propulse dans une direction inédites. Magaletti semble systématiquement tenir la barre quand les deux Raime s' occupent des voiles majestueuses de ce navire attaquant sans hésitations les déferlantes d' un océan déchaîné. Il est sûr qu 'avec ces deux-là, leurs maîtrises parfaites dans l' utilisation de sample et dans l' art de la production typique de l' électro, se révèlent être des atouts ultime pour rajouter une tension nouvelle là où des formations au parcours "rock" plus classique seraient incapables de renouveller le genre. Après Girl Band/Gilla Band Moin nous offre encore une fois l' opportunité que tout n' est pas si mal barré pour les guitares et que leur sauvegarde sur les devants de la scène passe par l' ouverture vers les autres courants et surtout d' oublier de leur propre histoire les autoroutes pour préférer les chemins traverses oubliés un temps.

  • JUST MUSTARD, dépasser le Shoegaze pour révolutionner les guitares.

    Just Mutard fut d'abord un groupe étiqueté Shoegaze comme tant d'autres. Peut être un poil plus attendrissant et intriguant par certains aspects. Mais après des années de Revival un énième groupe parmi tant d' autres. Noyée dans la masse cette formation irlandaise (et oui, encore! ) n' a probablement pas obtenue l' attention qu' elle aurait du mériter. Après 4 longues années d' attente arrive le difficile exercice du deuxième album. Le test ultime permettant de ceindre en deux le troupeau des revivalistes. D' un côté les habiles copieurs sans réelles personnalités, dénués d' une once d' imagination et de courage. De l' autre ceux appelés à devenir des passions sans bornes par refus du conformisme et du statu-co. Des artistes capables d'une vraie créativité par goût de la recherche et susceptibles de transmettre des émotions non frelatées. Le quintet Just Mustard appartient à la deuxième , et si rare, catégorie. Leur "Heart Under" les propulse dans une autre sphère que la majorité des apôtres de Saint Kevin Shields (My Bloody Valentine). Pour les derniers amoureux des guitares, race en voix d' extinction faute de profond renouvellement, c' est la révélation de l' année. Pour les autres, plus portés sur l' électronique ou l' Ambient une occasion de s'étonner que les guitares aient encore quelques choses d'inédit à dire afin d' échapper à une muséification inévitable. Un premier album plus complexe qu' il n' y paraissait. Leur premier album "Wednesday" de 2018 suscitait déjà chez votre serviteur un petit intérêt. L'exercice Shoegaze revivaliste apparaissait pas réellement révolutionnaire mais suffisamment intriguant pour s' y attarder. Un brin foutraque. Ce groupe se cherchait-il encore ou cherchait-il quelque chose. Notez bien la différence entre les deux types de recherches. C'est peut être bien ça qui sépare le grain de l ivraie. Just Mustard délivrait un Shoegaze bien plus complexe que ce qui nous avait été donné d' entendre depuis des années. La gentillesse si ce n'est une certaine naïveté Dreams Pop des revivalistes, la norme au cours des 00's et 10's laissait place à un sens inné et parfois oublié de l' agressivité et de l'étrangeté sonore. "Wednesday" opérait un retour aux origines du genre. Plus Noise, plus industriel sans pour autant tomber dans les travers parfois caricaturaux de A Place To Burry Strangers. Plus proche de la Noise Pop de Jesus & Mary Chain que de Slowdive en omettant pas la filiation entre les Écossais et le courant Post Punk qui les avait vu naître au début des 80's. D' autres perçurent dans la production et certaines manières le proto-shoegaze des A.R. Kane (Voir ici). Vous trouverez également à leur sujet des allusions aux anglais Cranes. Groupe de la fin 80's début 90's sous forte influences Cocteau Twins et gothique mais pas à proprement parlé adeptes, ou par inadvertance, du chaos sonore des My Bloody Valentine et du Noise. Il est vrai que la magnifique voix éthérée aiguë de Katie Ball évoque considérablement celle de la chanteuse des Cranes et bien sûr la mère de toutes, Liz Frazer des Cocteau Twins. A ces deux voix du passé je rajouterai celle de Harriet Weelher des trop oubliés de nos jours The Sundays. Just Mustard se démarquait ainsi en introduisant dans le peloton revivaliste une tache sombre et glaciale typiquement gothique. Mais cela allait bien plus loin et s'arrêter qu'à cette comparaison relevait d'un manque certains de discernement et de culture. Une erreur d' appréciation que le tout frais "Heat Under" va finir de battre en brèche. Comme nombre de leurs compatriotes irlandais Just Mustard faisaient à leur tour partie du Revival Post Punk mais un revival qui avait aussi ingurgité bien d autres choses que l'original. Inévitablement ils furent invités à partager l'affiche avec les champions de cette vague irlandaise, les Fontaines D.C (ici). Eux aussi adeptes d'un Post Punk plus complexe susceptible de piocher ailleurs et ne se limitant pas à un chronologie restrictive en terme d' époque de référence. Ce qui séparait ces originaires de Dundalk des dublinois c'est un goût prononcé pour des territoires éloignés du tout -guitare Indie. Pas de Britpop ou de Math rock ou encore Post Rock mais des senteurs Trip Hop évoquant forcément les premiers auteurs du rapprochement Shoegaze -Trip Hop. Les légendaires et essentiels Bowery Electric. L' électronique entrait dans leur ADN et cela rendait ce premier album bien plus spécifique et à part. Un autre fait important est qu' il s' agissait d'un disque autoproduit par leur guitariste Dave Noonan. D' où une originalité certaine. Mélange des genres. Par la suite les interviews du groupe et notamment la connaissance de leurs passions musicales expliquèrent bien des choses sur leurs spécificités et qu'un type comme moi leur trouve un charme salvateur face à au troupeau revivaliste bas du front aux influences ne dépassant pas les petits mondes shoegaze ou Post Punk. Et vous allez vite comprendre pourquoi ce blog va défendre corps et âme ce groupe. Les points communs sont bluffant. D' abord la filiation entre le chaudron Noise -Indus-post-punk et le vénéré Trip-hop (ici). Elle ne pouvait passer que par l'immense "Mezzanine" de Massive Attack (là). Plus tard une autre évidence de cette filiation sera cité par un des leurs, leur album préféré de Portishead ne pouvait être que le plus Rock expérimentale et Post- Industriel "Third". Mieux. Outre un moins commun mais prévisible dorénavant amour d' Aphex Twins, le temps faisant son oeuvre d' émiettement des cloisons stylistiques, la présence de J Dilla et son art de la production dans leurs playlist assurait que nous avions à faire à de vrais curieux. Mais ce n' était qu'un début. Dans ces même playlists la présence de Squarepusher confirmait leurs appétences IDM Drill et breakbeat quand Boards Of Canada contrecarrait l' hégémonie Dream Pop par les tendances Ambient moins faciles. Et puis apparurent au grès des listes qu' ils publiaient Balam Acab et sa Witch House dans un premier temps pour encore plus lorgner sur l' électro et les dancefloors. Ce qui fut définitivement confirmé par l' un des Saints de ce blog, Andy Stott (ici) ! De là à les surprendre écoutant Demdike Stare il n' y avait qu' un pas. Encore un nom mille fois présent dans ce blog. La coupe est pleine ? Non. Mica Lévi semble également les avoir bluffer et ils allèrent jusqu'à taper dans la musique concrète avec Luc Ferrari. La concurrence Post Punk fait pâle figure dans le domaine de la culture et de l'ouverture d' esprit. Si j'ai pris la peine d' énumérer longuement leurs influences c est surtout parce qu'il s'agit de l'une des raisons principales que leur deuxième album est un chef-d'œuvre susceptible de revigorer les guitares. Ce brassage d' influences multiples et diversifiées est la clé. Cependant Il y en a une que j'ai volontairement laissé de côté pour mieux y revenir et prouver une fois pour toute de l'importance de cette dernière formation. Une autre voie "Heart Under"nous offrent des chansons avec des structures qui ne correspondent pas au classicisme rock et Shoegaze. Pas de refrain -couplet prévisible. C'est bien plus des façons de faire électro dancefloor auxquelles l'auditeur sera confronté. Répétitions, boucles et utilisation de drone. Ce que confirme le guitariste et producteur David Noonan en déclarant vouloir : "trouver des moyens d'arranger des chansons avec l'instrumentation traditionnelle d'un groupe de rock, mais essayait de trouver des moyens de le faire qui reflètent les types de musique qui les intéressent". La dernière fois qu'un groupe expliquait agir de la sorte c' était leurs autres compatriotes irlandais, Girl Band (ici). La voici l influence qui a décoincé Just Mustard et une grande partie de cette scène irlandaise qui écrase dorénavant le "Post post Punk" anglais. Mais peut être bien que les Just Mustard sont allés plus loin que les Girl Band dans un domaine bien précis jusqu'à rejoindre, voir dépasser également une formation qui a fait le chemin inverse. Du dancefloor et l' Ambient version Dark aux guitares Noise et Math Rock, soit les géniaux Moin (ici). Ce trio formé par les Raime avec Valentina Magaleti qui nous avait conquis l'an dernier par sa simplicité Post Hardcore. Les rythmiques elles aussi sont un marqueur de ce qui différencie Just Mustard. Si on peut parfois penser à la précision métronomique et martiale de Joy Division une oreille plus attentive dévoile des tentatives Drum & Basse Trap ou encore Jungle dans la relation Batterie -Basse. La démarche est évidente, faire de la musique électronique mais avec l'instrumentation rock afin de renouveler ce dernier. Ce deuxième album dépasse largement le premier effort sur long format. Autoproduit comme "Wednesday", ce qui prouve que ces irlandais savent depuis les premiers moments où ils veulent aller et savent acquérir les moyens et connaissances techniques pour atteindre leurs objectifs sans se reposer naïvement sur le premier producteur venu. Kevin Shields, essoreur de producteur par excellence, serait fier. Moins fouillis parce que plus simple dans sa forme, le fond s'est épaissi à force d'expérimentation. Katie Ball quant à elle n'a plus rien à envier à ses illustres aînées et la mise en avant de sa voix par rapport à "Wednesday" lui rend justive tout en évitant les clichés du shoegaze. Une voix qui emporte tout et rajoute en émotion à une musique pas évidente dans ce domaine parce que plus agressive. La musique devient encore plus pesante et l' ambiance s' obscurcit. L' heure n'est pas à légèreté Dream Pop comme chez d' autres. Just Mustard évite ainsi l' un des travers des revivalistes bas du front, l' anachronisme, en conjuguant leurs influences au présent jusqu' à les dépasser. Il devient difficile d' étiqueter l' ensemble Shoegaze ou alors doit-on oser le terme Post Shoegaze tant Just Mustard a trouvé ce que tant d' autres n' ont pu ou voulu trouver. Une nouvelle voie pour un courant en phase terminal. Des variations de ce courants on en a entendu ces dernières années mais elles provenaient de l' électronica ou l' Ambient. Que cela arrive d' une formation basée sur les guitares relève dorénavant du miracle. Et ce miracle, Just Mustard, ça ne se loupe pas.

  • BRITPOP, une épine dans le pied depuis trente ans. Intro

    Cela faisait très longtemps que Dancing With The Noise désirait s' attaquer à ce vieux machin que l' on nomme Britpop. Ces derniers mois une succession d' événements ont fini de provoquer cette série Britpop. On pourrait en appeler au hasard mais franchement que le mot Britpop soit réapparu aussi fortement en dit long sur le zeitgeist de l' époque. Entre nostalgie et agonie d'une certaine musique Post Brexit. UN RETOUR TONITRUANT APRES DES ANNÉES DE NOSTALGIE RAMPANTE. Au printemps ce fut d' abord un documentaire sur Damon Albarn relayé assez ardemment dans les pages Culture des grands médias. En France comme en Grande Bretagne. Un Albarn qui n' avait jamais vraiment quitté la scène médiatique entre ses activités solo, Gorillaz et la reformation de Blur. Et à chaque apparition le leader de Blur de devoir encore s' épancher (avec sa version) sur le courant auquel il a participé. Le reformation du groupe en 2009 avait été marquée par deux concerts gigantesques à Hyde Park ( performance reproduite en 2012 et 2015) puis la sortie de leur album "The Magic Hype" en 2015 rencontra un succès critique et commerciale assez étonnant au vu de ce qu'il contenait. Albarn nous assénait son ressenti et ses réflexions simplistes de globetrotter Rockstar sur une musique qui très adroitement consistait en un malicieux mélange nostalgico gaga des différentes époques du groupe. Toujours malin le petit Damon quand il faut surfer sur la demande. On y reviendra bien sûr. Toujours ce printemps Suede, plus rare qu' Albarn, annonce un nouvel album. Reformé après une séparation de 7 ans la bande à Bret Anderson nous en avait déjà offert assez régulièrement avec une certaine réussite et pertinence mais sans réellement déclencher l' accueil de cet automne. Grand succès critique en cette rentrée à la surprise générale (ici). Chez les vieux critiques comme les plus jeunes. Dans la foulée ils annoncèrent avec des Manic Street Preacher's revenus de nul part une grande tournée mondiale en commun comme à la grande époque. En Juillet c' est au tour de Jarvis Cocker de claironner la reformation de Pulp (pour la 2ème fois !!!) pour une grande tournée. Le même Cocker qui voit sa biographie "Good Pop, Bad Pop" rencontrer un surprenant petit succès en terme de vente. Avant celle de Pulp prévue en 2024 le phénomène des reformations, comme pour l' ensemble de la scène Indie des 90's et 00's, ne nous avait pas épargné les vétérans Britpop ces dernières années . Mais depuis le Brexit on est face à une recrudescence. Surpergrass, Shed Seven, Salad, Cast, Echobelly, The Bluetones etc etc . Tous tournent et sont régulièrement croisés dans des festivals d' été qui se sont mis à surfer sur cette nostalgie avec parfois une scène réservée exclusivement à ces groupes. Encore plus symptomatique et carrément flippant. En Janvier 2017 les sites Internet, anciens ou récents, relayent tous avec enthousiasme une série de photo. On y voit trois quadras difficilement reconnaissables et l' annonce d' une probable reformation de leur groupe Brtpop. Et tous de titrer "Elastica The Come Back !?" En définitive la baudruche se dégonflera rapidement car il ne s' agissait que d'une réunion effectuée dans le cadre d'un remastering du premier album. Et en plus sans la moindre réapparition médiatique officielle de leur leader, Justine Frischmann. Autre indice, les Tribute Band. Si il y a encore quelques années cette singularité britannique ne touchait que les monstres sacrés mainstream comme les Beatles ou les Stone Roses (rare exception Indie avec Oasis) on constate de plus en plus de fossoyeurs qui joue à reproduire les concerts de leurs idoles Britpop. Certains réussissant à proposer un pot pourri de multiples formations Britpop en un seul concert. Soirées nostalgie garanties que votre serviteur s' empressera toujours de fuir. Exemple d' un Tribute Band Britpop. Oui je sais c' est pas joli joli la nostalgie, comme un bermuda rose imbibé de bière piétinant dans la boue (vers 2'05). Si vous me voyez faire ça...Tuez Moi !!! Comme tout courants ou mouvements musicaux la Britpop n' a pas échappé non plus aux célébrations médiatiques à chaque anniversaire et il ne faut pas être devin pour imaginer que 2024 et 2025 ne vont pas y échapper. Et ce sera reparti pour les témoignages de vieux cons enjolivant leur si géniale 90's et sa pas si "Cool Britannia" que ça. Ces pseudos experts qui à l' instar de ceux des chaines infos vont ne cesser d' effectuer des raccourcis, approximations si ce n' est une réel réécriture de l' histoire. Mais plus dingue encore au sujet de ce retour de la Britpop sur le devant de la scène est ce qu'il s' est passé les 3 et 4 Juin derniers. KNEBWORTH 1996-2022 Liam Gallagher et Oasis n' ont jamais quitté les projecteurs médiatiques depuis la Britpop et la séparation. Au fil des années ce qui était devenu une sorte de marotte éditoriale et nationale servait surtout à une presse britannique musicale agonisante de tenter en vain de surnager. Faut dire que les nouvelles générations n' ont jamais à de très rares exceptions (Arctic Monckeys, The Libertines) atteint les sommets de la Britpop par l' engouement suscité et commercialement. Artistiquement sans intérêt, comme les reformations des autres, la carrière de Liam Gallagher consistait surtout en ses nombreuses sorties médiatiques controversées et au pathétique mais parfois hilarant ping pong verbale entre lui et son frère avec en arrière fond l' improbable reformation. Un frémissement commença à apparaître vers 2016 quand après la désastreuse expérience Beady Eye (groupe formé avec des ex Oasis) sa carrière solo décolla lentement mais surement. En 2017 Gallagher effectue son grand retour médiatique mondial au cours du concert de charité (ici) faisant suite à l' attentat à la bombe (ici) qui avait été perpétué dans sa ville d' origine, Manchester. Invité surprise d' Ariana Grande faute d' un Noel qu' on dira poliment "moins opportuniste" , faut dire que "Don't look Back in Anger" était devenu à son insu l' hymne des hommages, voilà notre plus jeune Gallagher de se retrouver parmi la lie musicale du Mainstream et d' entonner aux côté de l' agaçant et pitoyable Chris Martin de Coldplay deux titres d' Oasis et (hum hum) un titre de son prochain album. Et votre serviteur de se rappeler ironiquement les vieilles saillies verbales des Gallagher au sujet de ces endives de Coldplay. A la suite de ça son premier album "As You were" atteint une improbable première place des charts. Les deux successeurs rééditeront l' exploit quand le bonhomme de devenir l' une des rares têtes d' affiches Indie à guitares dans les grands festivals estivaux. Celui que souvent on prenait pour le plus fêlés et totalement idiot de la scène Britpop va se révélé être le plus fort en gestion de son culte et particulièrement habile pour faire fructifier l' héritage Britpop. Documentaires multiples sur Oasis et sur son aventure solo parsemèrent les 00's et les 10's avec souvent le bonhomme à la manœuvre. Très roublard en matière de communication il ne cessera d' aligner les coups tel l' invité prestigieux tellement symbolique des 90's Britpop en Grande Bretagne dans de son clip "Once". Personnellement je pensais que les gens qui lâchaient des tunes sur les disques et se ruaient sur les documentaires de toutes sortes étaient majoritairement des vieux cons de mon âge avec cependant une petite minorité de jeunes nostalgico gaga déjà vieux dans leurs goûts comme il en existe pour d' autres courants et artistes. Les 3 et 4 Juin derniers c' est une très grosse mandale que prirent votre serviteur et une presse britannique prête à dégoupiller les grenades inter générationnelles. Avec l' orgueil et l' arrogance qui ne cessèrent jamais de le définir Liam Gallagher décida de refaire le coup de Knebworth 96. Les 10 et 11 Aout 96 Oasis avait joué devant plus de 250000 mais le tournis va vous prendre encore plus quand vous apprendrez que c' est près de 2 millions 5 de demandeurs de tickets qui se sont alors fait refoulé. Beaucoup considèrent ces deux concerts comme l' apogées de la Britpop avant sa mort un an plus tard. On peut bien sûr accepter ce jugement mais à mon humble avis il y a eu deux apogées et la première avait eu lieu un soir de Juin 95 du côté de Glastonbury. Même si les demandeurs de tickets pour sa prestation 2022 n' atteindront pas le record de 96 le coup de Gallagher laisse sans voix. Ils sont peu de nos jours à pouvoir rassembler en deux jours 170 000 personnes et le pari fut réussi. Mais probablement l' autre fait marquant et en lien avec les raisons de cette série d' articles c' est l' âge des participants. Bien sûr beaucoup de quadras ou quinqua revenus vivre leur jeunesse mais les cheveux grisonnant furent noyés dans une masse bien plus jeune. Les millennials représentèrent la grosse majorité du publique et ce fait bluffa tous les observateurs. POURQUOI LA BRITPOP DANS DANCING WITH THE NOISE ? Et c' est quoi d' abord pour moi la Britpop? C' est une véritable épine rétrogaga plantée dans le pied d' un mélomane possédant des goûts aux petites prétentions progressistes sans œillères stylistiques . Une vision développées depuis 10 ans dans ce blog. L' âge grandissant cette épine Britpop ne se décroche toujours pas et j' avoue même parfois ressentir un petit plaisir masochiste à la tripatouiller quand elle se rappelle à mon bon souvenir. C'est que cette petite saloperie agit comme une bonne piqûre de rappel des errements passés et cela vous immunise. La cicatrice qui vous rappellera à l'ordre avant de refaire la même connerie. Une épine porteuse de bien sales germes dénoncés régulièrement dans ce blog. Nostalgie, nombrilisme, nationalisme, réaction, cloisonnement stylistique et vision à court terme artistique et politique. Mais pas que. Rien n' est simple. Surtout avec la Grande Bretagne et encore plus avec son Indie Music. Il m' arrive régulièrement de penser qu' aussi paradoxalement que cela puisse paraître pour ceux qui ne me connaissent que par ce blog (l' immense majorité de mes lecteurs), si la Britpop n' était pas survenue au cours de ma jeunesse ce blog n' aurait peut être pas existé. Oui autant que ça puisse paraître pas d' Oasis, Blur, Menswear etc , pas d' article sur le Footwork, la Deconstructed Club, le Gqom, Elysia crampton, Demdike Stare, l' Hypnagogic Pop, la Vaporwave et tant d' autres. Je vous propose donc de remonter le temps au travers de mon parcours personnel et des évolutions de la scène musicale indépendante britannique. Le cheminement va être long et parfois pointilleux mais nécessaire pour aborder cette Britpop. il s' est joué quelque chose d' important à ce moment-là. Une bascule dont on ne s' est pas vraiment sorti même si je le répèterai la Britpop seule n' explique pas l' état désastreux d'une certaine Indie Music surnageant dans un océan de revivals et de nostalgies. Aborder sérieusement la Britpop va immanquablement nous pousser à dépasser la simple énumération de groupes et de chiffres de vente ou encore de vagues descriptions stylistiques. Il va falloir parler des illustres aînés, de la société Britannique, de Britishness, de politique, d' une histoire de triangle amoureux (si si), du conflit entre les Mods et les Trads, de la lutte Rockism contre Poptimism et de tant d' autres choses. Un sujet bien plus complexe qu' il ne paraît dans les documentaires ou articles disponibles sur le net. Des erreurs et des approximations se glissent dans bon nombre et le gamin de 2022 d' avoir une vision souvent caricatural, fausse ou juste surfant sur la surface du sujet. Si ce n' est une réécriture de l' histoire par les vainqueurs et ceux qui prennent des postures d' autruche. Exemple de l' inculture des journalistes. Article publié sur le site de France Inter le 8 Septembre 2022. Un festival ! Entre la prétendue rivalité Joy Division/New Order digne de celle d' Oasis/Blur , l' approximation totale sur le rôle de Paul Weller et le disque qui a lancé la Britpop on se demande si il ne faut pas lui donner le lien de Wikipedia ou crucifier l' autrice de l' article. Quant au "Prolos ou Intellos" on l' attribuera non pas à l' évidente ignorance musicale de la journaliste mais bien sûr à une certaine vision d' une certaine classe sociale pas toujours intello mais bien bourgeoise par son arrogance. Non ! La Britpop ce n'était pas que Blur contre Oasis ou une réaction rétrogaga uniquement contre le raz de marée Nirvana. Nirvana, un bouc émissaire idéal pour Albarn et compagnie. Oui ! Ce fut une construction médiatique mais qui en disait beaucoup sur la réalité britannique avec ses classes sociales et surtout sur sa scène musicale Indie. Oui bien sûr, il y avait de la rétromanie dans la Britpop mais ne l' a réduire qu'à cela est injuste pour certaines formations qui ont d'une certaine manière collé à leur époque jusqu'à tenter de la changer tout en innovant un tant soit peu. Oui elle légitima et prépara la multitude de revival qui lui succéderont jusqu' à nos jours mais est-elle l' unique raison et fautive? Le mal n' était-il pas déjà en cours dans l' Indie Music? Oui elle a vampirisé la scène alternative/underground jusqu'à lui faire du mal en marginilisant encore plus ce qui aurait pu la revigorer. Mais elle l'a aussi mise en avant en lui offrant succès commercial et médiatique comme rarement depuis le Punk. Jusqu'à la transformer en Overground, quand les non Britpop Radiohead auront conquis le monde. Je vais donc tenter de vous apporter ma propre version de ce courant. Un courant que j' ai vu apparaître puis mourir. Depuis trente ans et surtout depuis la création de ce blog bien des fois l' idée de me confronter à la Britpop m' avait traversé l' esprit. Un peu comme affronter un fantôme du passé je me devais de relater une de mes plus belles erreurs (ou pas) musicales de jeunesses. Mais de ces erreurs qui vous rendent plus fort. Et on va commencer par les origines et un sacré passage aux aveux. PROCHAINEMENT : LES ORIGINES P.S. Comme en 1996 il fit venir à son Knebworth 2022 John Squire des Stone Roses pour Champagne Supernova. Comme en 96 il porta une veste Blanche. Et comme en 96 ça a fini pas un feu d' artifice. Finalement en 26 ans seul deux choses semblent avoir changé chez Gallagher. Le publique et les portables . Pour la petite histoire LIam sort ces jours-ci un documentaire sur son Knebworth . Sans aucunes de ses reprises d' Oasis (nombreuses en live) . Noel n' a pas voulu... La cause ? "Juste pour le faire chier" selon Nono. On les changera jamais !

  • CARLA DAL FORNO, retour magistral

    Troisième album pour notre australienne préférée et probablement son meilleur. "Come Around", une beauté désarmante d'une apparente simplicité par une des plus importante artiste de la scène Indie de ces dix dernières années. Celle que j'avais affublé du terme "d' oracle de l' âme" est une bénédiction depuis ses débuts. Tout ce qu'elle a entrepris touche en plein cœur systématiquement. Que ce soit en solo ou avec F Ingers Tarcar. Carla Dal Forno est l' une de ces rares artistes qui réussissent à chaque nouvel album de vous émouvoir et charmer comme à la première rencontre. Pour cela, celle qui a résidé à Berlin et Londres pour finalement revenir sur son île natale, n'a pas besoin de tout révolutionner. Quelques petites touches de nouveauté suffisent. Sorti sur son propre label "Come Around" dévoile une Dal Forno qui va à l' essentiel en épurant encore plus sa musique. Toujours menés par une basse implacable et charmeuse, ses titres évoquent encore plus qu'autrefois la Lo-fi des Young Marble Giants sans perdre son caractère foncièrement Dream Pop et leur propre personnalité. Cette ancienne du regretté label Blackest Ever Black (ici) continue de nous prouver que l'on peut s'inscrire dans la tradition du Post Punk en respectant ses valeurs sans pour autant tomber dans le caricaturisme à guitare qui monopolise le revival de ce courant. C' est dans cette état d' esprit qu' elle s' évertue donc à vouloir écrire des sortes de Dream Pop qui ne cherchent pas à déboussoler l' auditeur par un voile éthéré de sons abstraits ou déformés. Une Dream Pop qui se déguise tour à tour ou tout à la fois en Minimal Wave, Trip Hop, Hypnagogic Pop ou Ambient Pop. Plus on s' immerge dans cet univers sonore à nul autre pareil plus on constate la diversité et la complexité de l' art de Dal Forno en total contradiction avec son apparence simpliste. Cela ne saute pas aux oreilles mais elle semble s' inspirer également fortement d' une Dark Ambient bien plus agressive, étrange et plus lugubre que ce que laisserait penser la première rencontre. Evidemment ceux qui la suivent depuis ses débuts ou les habitués de Blackest Ever Black n' en seront pas surpris tant il semble que ce disque est une version brut et directe des cauchemars et rêves infantiles de F Ingers et des ambiances de Raime et Tropic Of Cancer. Est-il encore utile dans ce blog de tenter de vous jeter à corps perdu dans toute cette galaxie de groupes australiens tournant autour de Blackest et qui ne cessent de me charmer depuis des années, HTRK, CS + Creme, Laila Sakini, YL Hooi etc etc. La nature complexe et inédite de l' univers de Dal Forno est perceptible depuis longtemps et d' une certaine logique explique en grande partie que cette musique charme autant mais se révèle encore plus quand la spécialiste (son ep "Top Of The Pops") de l' exercice décide de faire une nouvelle reprise. Ce coup-ci elle brille une nouvelle fois par la sûreté et son savoir encyclopédique des musiques venant de nul part. Déjà connaître la légendaire formation expérimentale et psychédélique The United States Of America n' est pas une chose courante mais voir une artiste offrir une version totalement bluffante d' originalité et de grande classe de leur titre "The Garden Of Earthly Delights" subjugue et charme encore plus. Rentrer dans ses chansons c' est toujours comme rentrer comme dans un rêve mais un rêve à la désarmante et brutale apparence de la réalité. Comme toujours elle nous met face à nous même en ne nous épargnant pas les non dits et les petits mensonges de notre psyché. Avec une sourde désinvolture elle continue tel une oracle dévoiler nos tourments et les tactiques que notre cerveau va mettre en place pour y échapper. Essentiel. PS Quand j' en aurai fini avec la série sur la Britpop il faudra vraiment un jour que je vous parle dans la rubriques Great Classics de l' inusable et venu de nul part album au titre éponyme des United States Of America, folie expérimentale et psychédélique so 60's.

  • BRITPOP, les origines. 1962-1987

    ALors je vous rassure tout de suite, cette première partie en deux parties concernant les origines va vous sembler très longue, mais sera suivie par d' autres plus courtes. Pour aborder la Britpop il faut remonter très loin dans la riche histoire Britannique et s' attaquer de front à la terrible complexité de cette scène musicale. D' autant plus que comme je l' ai écrit dans l' introduction (ici), une succession de relecture caricaturale ou approximatives sinon totalement fausses ont été produites et rentrées dans l' inconscient collectif. LES AVEUX Alors oui j' avoue! La Britpop, un des premiers grands revivals rétrogaga que je maudits en permanence par ici, je m' y suis plongé jusqu' à y perdre pied. Du bout de la dernière mèche de ma coupe de cheveux Mods/Playmobile jusqu' à mes Adidas Gazelles . Et je suis tenté de dire "j' y étais" voir carrément "j en étais aussi". Avec toute l' arrogance et la morgue apprises et copiées tel des savoirs vivres au cours de ces années devant les couvertures de magazines représentant les Liam Gallagher, Damon Albarn, Ian Brown, Jarvis Cocker et autres Brett Anderson. Visuellement si vous m' aviez croisé dans les rues de Limoges ou dans une discothèque paumée de Corrèze votre premier réflexe aurait été de vous adressez à moi en langue de Shakespeare (quiprocos maintes fois vécus). Chaque mercredi c'était injection hebdomadaire de Britpop via les lectures des NME et Melody Maker achetés sur Limoges (Maison de la Presse Rue Haute Vienne) ou à Brive La Gaillarde. Parfois les mensuels anglais Select, Q Magazine et Mojo s' ajoutaient à la liste selon leurs arrivées hasardeuses en gare de Limoges. La presse écrite musicale britannique vivait alors ses dernières heures de gloires et je confirme par mes lectures passées qu 'elle fut l' instigatrice du phénomène Britpop. Mais probablement aussi que pour arriver à ses fins, sa survie, elle se reposa sur un mouvement de fond souterrain réel qu' elle amplifia jusqu' à le détourner de sa trajectoire initiale tel une loupe déformante. Côté hexagone c' est la légende Bernard Lenoir qui s'occupait de la dose quotidienne via son émission sur France Inter. Les Inrockuptibles devenus mensuels puis hebdos se contentant d' en remettre une couche via les écrits de JD Beauvallet principalement. Et je ne parle même pas du pèlerinage estival Britpop que constituait alors la Route du Rock et ceux automnaux au Festival des Inrocks. Comme je vous l' avais raconter dans l' article sur Nirvana (ici) j' étais un ado un peu à part. Rebelle mais pas trop. Pas très bavard voir carrément refermé sur lui même. Sur la défensive. Entre mal être adolescent et impression de ne pas être né au bon endroit et à la bonne époque. De ne pas avoir grand chose à partager avec les autres sauf avec les rares autres amateurs de musiques. Déjà passionné de musique je commençais à peine à afficher mes différences d' avec la majorité de mes congénères et il fallait l' intimité d' un dortoir ou d' une salle de classe après les cours pour lâcher mon petit côté Proto Geek musicale. NAISSANCE D' UNE ANGLOPHILIE MUSICALE ET CULTURELLE. Résumons mon parcours pré-Britpop et vous allez vite comprendre que les germes Britpop était déjà en moi avant même la première lecture d' un NME ou d' un Melody Maker. Vers 15-16 ans (1987-89) ma fibre mélomane débuta par la découverte des vieilleries opportunément ressorties en CD, le nouveau support apparu quelques années plus tôt. Bien sûr j' écoutais les tubes du moment comme tous les gosses mais à part deux ou trois exceptions, ce qui passait sur les ondes françaises n' était rien d' autre que du jetable. Aussi vite gobé que recraché et oublié. Un simple divertissement. J' étais donc devenu progressivement un adolescent très nostalgique d' une période qu' il n' avait pas connu. Les mythiques 60's. Cette décennies qui avait vu la jeunesse prendre un tant soit peu le pouvoir et tenter de changer le monde étaient louées régulièrement dans les médias (télé, radio et presse spécialisée) par les soixante-huitards alors devenus hégémoniques dans les rédactions. Face à mes congénères ados plus portés dans leur majorité sur le suivisme ou le "je m'en foutisme", et n' ayant aucuns accès au Rock alternatif français, la jeunesse 60's semblait à mes yeux le modèle ultime à suivre tel la fratrie que je n'avais pas. J'avais un gros besoin d'espérer mais le monde autour de moi n' était déjà que source de pessimisme et de désillusion. On y revient justement sur le rôle des premières rééditions CD des classiques 60's sur la Britpop. Les légendes du passé devenaient bien plus abordables en Cd qu' en version vinyle hors de prix (Souvenir d'un exemplaire du "Low"de Bowie alors introuvable en Cd et vendu 300 francs soit 68 euros). Pour être plus précis les CD eux aussi étaient chers et bien souvent on se reportait sur le format cassette et la copie pirate. Fallait-il encore pour cette dernière trouver la matière via les connaissances sinon le fan de musique isolé de devoir s' armer d' une patience à toute épreuve et d' avoir souvent un train de retard. N' oubliez jamais que nous allons parler d' une époque sans internet et à moins de vivre dans une grande ville ou dans une fratrie votre seule source de découvertes musicales n' était que la radio, la télé et la presse écrite disponible. Le passé est donc devenu vers la fin 80's bien plus accessible. Pas autant omniprésent que de nos jours quand un simple clic suffit. La démarche était encore saine et s'apparentait à une simple volonté de se cultiver. Pas de piocher par opportunisme et refus du présent afin de quoi se créer une posture ou fabriquer un assemblage facile d'influence. Je débutai donc par le parcours classique d' alors : Beatles, Hendrix, Rolling Stones, Doors (désolé) Led Zeppelin (tel un vermifuge) Pink Floyd, Queen (beurk! ), U2 (rebeurk) etc etc etc. Et avec ça une petite dose de punk mais pas trop (Sex Pistols et Clash). Les curateurs médiatiques soixante huitards n' aimaient pas trop ceux qui les avaient suivi et on peut assez vite comprendre pourquoi. J'avais aussi un petit faible pour les compilations concernant les musiques à base de Synthétiseurs et enfin les rares titres Acid House croisés sur les ondes. Je me gavais donc surtout du passé en piochant sur les deux rivages de l' Atlantique sans discernement ni préférence jusqu' à une rencontre bien plus marquante. Un véritable événement dans mon quotidien qui me fit basculer vers le camp anglophile pour un très long moment. Et ainsi de tomber amoureux à vie des sous-cultures britanniques. En Mars 1988 sort chez Polydor la compilation "Who's Better, Who's Best". En parallèle est diffusé un documentaire relatant l' histoire des Who sur M6. Le choc ressenti un samedi après-midi est terrible et multiple. Musicale, esthétique, sociétale et politique. Ce pays que mon héritage rugbystique franchouillard considéraient comme la terre de nos ennemies héréditaires devenaient l' Île merveilleuse des héros de mon monde intérieur. Tout dans le documentaire me marqua à vie. Les postures, les danses, les fringues, la musique, les commentaires, la façon de parler de musiques avec des considérations débordant sur d' autres domaines. Il y était notamment question des classes sociales britanniques et cela rentra en résonance avec ma vision de la société et ma fibre politique naissante elle aussi. Je m' aperçus à ce moment-là , par un étrange phénomène paradoxal, que l' adolescent français que j' étais se retrouvait mieux dans les paroles de groupes et artistes d' outre Manche que celles de ses compatriotes malgré bien sûr quelques différences. Et ce fait de persister jusqu' à nos jours à l' exception du Rap et de trop rares particularités rock ou électros. Une véritable révélation. J' ai pas vue la Vierge, mais Pete Townshend avec la frange de Keith Moon, et tous les chemins menèrent à Londres. Assez rapidement ils auront tendance à passer régulièrement par l'axe Manchester/Liverpool. Vision Moderniste contre penchants Traditionalistes. Mod et Trad Rock débattant de la modernité, Brighton 1964 Pour cet article je me suis replongé dans mes premières années de mélomanes et donc cette compilation un temps oubliée mais qui compta tant. Respectant à peu près la chronologie de leur carrière les 19 titres dressent l' évolution stylistiques et les innovations de leur génie en chef, Pete Townshend. Des début Rythm & Blues avec la période Mods adepte de la Soul , les tentations psychédéliques et enfin le retour rock sauvage mêlé aux envies expérimentales et électroniques. Je suis sidéré par les parallèles entre leur parcours jusqu' aux 70's et ce que je recherche de nos jours dans la musique. Des liens avec la conception développée dans un blog capable curieusement de produire une série d' article sur la Britpop "rétrograde" alors qu' il ne jure que par l' innovation, l' expérimentation, le renouvellement et la prise de risque chez les artistes. Tout est dans le mot Mods. Mods: abréviation de modernists pour qualifier à l’origine les amateurs de modern jazz, par opposition aux trads . Sous culture britannique. Et les Mods devenus plus tard amateurs de Pop et de Soul de se foutrent de grosses branlées avec les "Trads" rockers sur les plages de Brighton. La bagarre ,ou plutot le débat, se poursuit sous une autre forme dans ce blog et ailleurs depuis 10 ans. Jusqu'à quel point faut-il s' inspirer du passé et quels dangers quettent? Curieusement quand les groupes Britpop énuméreront leurs influences les Who seront rarement cités dans leur culte du passé malgré une influence esthétique et patriotique certaine. Seront cités par ces gamins nostalgiques en quête d' une identité nationale plus forte face à l' invasion Grunge les grandes heures de leur héritage musicale avec principalement les groupes de la British Invasion victorieuse aux Etats Unis. Mais déjà je me dois de préciser un petit accroc dans le récit médiatique. La British Invasion, réel modèle ou fausse excuse ? Invasion de Parkas et de Vespas, Mods à Brighton La génération Britpop dans sa quête d'un nouvel âge d'or citait cette British Invasion conquérante avec les Beatles bien sûr, parfois The Rolling Stone car jugés trop rock donc trop ricains, les Zombies, les Animals etc etc. Mais paradoxalement les formations réellement admirées et copiées étaient bien trop British pour avoir percé aux States voir même en Europe. Beaucoup de Mods tel Les Small Faces, The Creation, The Easybeats ou plus ambigu les The Kinks. Une vériatble facination pour l' imagerie Mods va se déverser dans la presse sous la Britpop. De même on pourra rajouter, et nous les aborderons ici, d autres groupes ou courants succédant aux Beatles mais qui eurent également un impact moindre en dehors des frontières britannique tel le Glam Rock ou le Post Punk. Ce qui s' apparentait à une réaffirmation identitaire certainement légitime et nécessaire pour lutter contre une trop grande influence étrangère débouchera sur un repli sur soit total mortifère et illusoire. Rien à voir avec une volonté de repartir à la conquête du monde qui aurait nécessité une certaine ouverture sur l'extérieur. Les groupes Britpop dans leur majorité ne chercheront donc pas vraiment à devenir grand aux States mais quoi de plus normal. En ces temps-là un simple succès nationale suffisait à leur presse nationale pour leur décerner le titre de Plus Grand Groupe Du Monde. L' Europe et le Japon leur subviendront pour penser dominer le monde et être à la pointe mais en définitive ce sera les dernières petites bataille victorieuses des guitares Britanniques avant la prise du pouvoir mondiale par le Rap américain. En définitive nous verrons que la recherche des influences dévoile que la Britpop n' était pas un bloc monolithique et que nous pouvons même parler d'une succession de vagues hétérogènes ne partageant seulement en commun qu' un fort goût du rétro et que la volonté d'afficher plus fortement son identité patriotique n'était pas commune à tous . À y regarder de plus près on peut même déceler en la Britpop comme une étrange alliance entre Modernistes et traditionalistes jusqu'à ce que l'un des camps l' emporte et l' entraîne à sa mort. Des différences sociétales, sociales et même genrée vont être également discernables. Il semble évident que la trajectoire des Who ne les gêna un peu ces Britpopeux et pour cause. Townshend avait su évoluer et sortir des ornières nombrilistes et stylistiques quand les Oasis, Suede ou Pulp (avec honneur si plus), Blur un temps et tous les autres se plantèrent royalement. Si on doit chercher les deux plus fortes et revendiquées influences réelles sur la Britpop il faut alors chercher dans l' enfance de ses acteurs qui pour l'immense majorité n' avait pas connu les glorieuses sixties, le Glam Rock et à peine le Punk. Mieux vaut sa propre nostalgie de son enfance, plus marquante, que celle de seconde main des aînés. Et donc pour la plus part, ce fut dans les 80's qu'ils puisèrent le mode opératoire. Deux formations vont leur servir et bon nombre vont se limiter qu'à ces deux là limitant encore plus dangereusement le spectre d'influences. THE JAM, Is this modern world? Ainsi et très vite on en arriva , par une certaine logique, "si eux l'on fait pourquoi on y aurait pas droit", à ce qu' une partie de la Britpop de dédier par réelle passion ou par excuse un culte à un autre revival exclusivement anglais moins massif et lui aussi tournant autour de l' univers des Who. Certains rétrogaga n' ont pas tout à fait tord, les revivals ont toujours existé dans l' art et la musique populaire. Cette fausse excuse vous pouvez souvent la voir apparaître et évidemment elle a servit à certains Britpopeux comme dorénavant à tous les revivalistes contemporains. Mais jamais avant la Britpop ils n' avaient à ce point éclipser toute autre forme de modernisme et tuer dans l' œuf toutes tentations d' évolution. Fin 70's c'est donc un Revival Mods qui apparaît. Son impact est assez court et faible sur l' ensemble de la société Britannique. Si quelques groupes eurent leur petit instant de gloire il fut en grande partie lancé et incarné par Paul Weller et ses Jam. Weller qui sera nommé chez les Gallagher et compagnie comme le Modfather, le parrain de la Britpop, verra alors sa carrière relancée après quelques années de vaches maigres. The Jam quasiment inconnu encore de nos jours en France fut le groupe le plus populaire en Angleterre au début des 80's. Leur séparation précoce sera vécu comme un véritable traumatisme. Un traumatisme que l' on a ressenti fortement plus de 10 ans après quand les Gallaghers, Bluetones et compagnie les nommèrent avec des trémolos nostalgiques dans la voix comme l' une de leur influence majeur. Se pencher sur l' histoire des Jam va se révéler être très éclairant et explicite en partie de celle de la Britpop. Paul Weller se lance dans la musique dès ses 14 ans. Ses précoces qualités de guitariste et de chanteur vont très vite le propulser au rang de petit virtuose ce qui va entraîner chez lui dès cette époque un certain complexe de supériorité que l' on peut aisément définir comme de l' arrogance et de l' assurance hors norme. De cette arrogance que les Gallagher et Albarn vont nous abreuver dans les 90's jusqu' à la nausée. Le jeune Weller ne s' intéresse pas au Glam de Bowie ni au rock progressif alors aux sommets. Lui son truc, c' est les 60's et surtout toute la scène Mods avec sa passion pour la Soul. Déjà à contre courant de la définition du modernisme. En fait Weller avec ses acolytes, Bruce Foxton (Basse) et Buckler (Batterie), vont reprendre le train de l' histoire en marche grace à la bombe d' énergie et de remise à plat que fut le Punk vers 76-77. Leur son va devenir tout autant violent et agressif que celui des Punk mais toujours avec leurs us et coutumes Mods. Leurs costumes taillés sur mesure et toute l' imagerie Mods vont très vite les faire passer pour d' étranges anomalies dans la vague Punk qui déferle sur Londres. Immédiatement le talent de songwritter de Weller va très vite les propulser aux sommets des charts britanniques. Un premier album "In The City" dès 77 les impose sur le devant de la scène Punk. Les textes de Weller diffèrent également du contingent Punk par sa teneur bien plus politisée et sa perspicacité. Anti Establishment absolu, Weller ne laissera rien passer et sera l' un des premiers opposant culturel à Margaret Thatcher avec Billly Bragg. Ce trait va durer tout au long de leur carrière. Sans jamais l' affirmer Weller va devenir probablement le chanteur le plus ouvertement de gauche avec Joe Strummer des Clash. Sur ce point ses adorateurs Britpop passeront au mieux pour des timorés, au pire pour des fêtards insouciants et un brin stupides. Weller longtemps après les Who et les Kinks va être aussi le principal représentant du retour d' une forte Britannicité* qui avait quasiment disparu que les Sex Pistols effleurèrent en comparaison par l' utilisation de l' union Jack quand les Clash auront des visées bien plus mondialistes et universalistes. *Britishness : terme anglais traduisible en français par britannicité. Est utilisé pour qualifier ce qui distingue le peuple britannique des autres peuples européens et forme la base de son unité et de son identité. Leur carrière va être une course effrénée qui ne dura qu' à peine 5 ans. Leur deuxième album "This is Modern World" sort à peine 6 mois après et confirme que The Jam se différencie des autres Punks par son adoration pour les 60's. Déception critique ce disque marquera Weller qui va très vite comprendre que la simple redite tout autant énergique qu' elle soit ne suffit pas. Alors que la légende raconte qu' un Weller très (trop?) sûr de lui avait pris d'un peu trop haut Joy Division au cours de l' émission légendaire Something Else du 15 Septembre 1979 la suite va vite révéler un Weller plutot intelligent et adroit en entamant une démarche similaire de réinvention comme le Post Punk et Joy Division avaient entamé. "All Mod Cons" est la deuxième naissance des Jam qui deviennent progressivement plus Post Punk que Punk. Le succès critique comme populaire ne les quittera plus. Ils vont marquer durablement les esprits en alignant une succession ininterrompue de 18 singles dans le Top 40 national. "Setting Sons" suivra avec la même réussite. Ces deux albums, mélanges malins et adroits de Traditionalisme et de Modernisme avec une très forte Britannicité seront les plus plébiscités par les artistes Britpop. Les plus copiés. Dommage, le meilleur restait à venir. "Sound Affects" avec sa pochette hommage aux clichés Pop 60's se révèlent être le disque des Jam le plus Moderniste. Moins agressif mais tout autant pertinent politiquement on voit un Paul Weller chercher constamment à sonner comme son époque Post Punk, voir mieux, à la dépasser. L'influence des productions des disques de Joy Division et Gang Of Four y est franchement évidente et le poids de Gang Of Four se discerne également dans l' écriture des paroles. On ressent à la réécoute la forte tension décrite plus tard par Weller au moment de l' enregistrement. Dans ce disque, le préféré de Weller, la tension entre Modernisme et Traditionnalisme est au plus fort degré que l' on puisse rencontrer à l' époque et dans leur carrière. Laissant de côté sa fibre Mods il tenta de rééditer à sa manière le coup d' accélération Pop que fut le "Revolver" des Beatles et comme il le reconnaîtra plus tard sous la très forte influence du "Off the Wall" de Mickael Jackson bien que cela ne se révèle pas vraiment en apparence. L' immense "That's Entertmaint" frise l' Art Pop tout en décrivant la vie quotidienne ouvrière de l' époque. C' est aussi le plus parfait pont entre les deux groupes anglais les plus populaires des 80's. The Jam and The Smiths. Par la suite Weller développera une musique bien plus mixte en terme d' influence en devenant de plus en plus dansant, Funk, Rythm & Blues et Soul. "The Gift" et enfin le single d' adieu "Beat Surrender" seront leur apogée et de ce fait la raison principale de la décision de Weller qui estima qu' il fallait tourner la page pour continuer à évoluer. A l'instar du Townsend progressiste le Paul Weller post Jam de Style Council avec son virage Sophisti Pop et Jazzy, après ses virées crossover Soul et Funk, sera mis aux oubliettes par les Britpopeux bas de front. Dommage pour eux parce qu' à l' exemple de cet emprunt au Jazz, les groupes Post Rock s' en souviendront à leur place. Les tentations réactionnaires derrière les revivals. Le Paradoxe/mensonge Britpop L' imagerie des Mods mais une musique Traditionaliste Weller avait bien décelé les risques mortifères de tout Revival dans la musique puisqu' il avait frôlé de peu les abîmes rétrogaga avec son deuxième album et qu' à force de remise en question, d' expérimentation et de brassage stylistique, il put se renouveler et sortir de l' ornière. La Britpop dans son ensemble n' en retint aucune leçon comme le montrera ces sommets d' isolement stylistique et de nombrilisme que seront "Be Here Now" et "The Great Escape". D' autres Revival en parallèle du Revival Mods incarné par les Jam et auraient pu également servir d' avertissement à la Britpop. Réactivés par l' énergie Punk ils étaient apparus aux débuts 80's avec plus ou moins de pertinences et finirent très mal. Le revival Ska britannique piochant dans la culture Jamaïcaine et populaire britannique des 50's et 60's fut l' un des rares à finalement se révéler progressiste politiquement et artistiquement. Mais très vite et assez injustement il fut traité comme une simple mode pas très sérieuse. En fait le monde musicale depuis le Punk était devenu profondément progressiste et une fois leur fraîcheur provenant du Punk évaporée les Revivals tournèrent vite en rond incapable qu' ils étaient de se renouveler. Madness dont on va reparler abandonna le Ska progressivement pour une Pop bien plus blanche quant aux Specials leur virage Art Pop ne rencontra pas le succès mérité. Par exemple un autre revival trahissant plus concrètement les relents réactionnaires de ces tendances était également apparu fin 70's. Le revival Rockabilly avec en fer de lance les Stray Cats et son pendent anglais traduit par le retour dans les rues des Teddy Boys. Et devinez ce qui se passa. Les rues de Londres de ressembler aux plages de Brighton 15 ans plus tôt sauf que les Punks avaient remplacé les Mods. Il est aussi à noter qu' en matière de relents réactionnaires le Ska du fait de son lien étroit avec le mouvement populaire Skinhead n' y échappa pas non plus et Madness devra toute sa carrière se coltiner un contingent de Skin d' extrême droite dans ses concerts. A partir de cette époque les tentations Revivalistes furent alors jugées comme pathétiques voir dangereuses artistiquement et socialement. Même si un artiste était alors très fortement influencé par un vieux mouvement il se devait d' en proposer une relecture fraîche si ce n' est une réinvention ou son brassage avec d' autre mouvance stylistique. Certains Mods apparus à cette époque, souvent amateurs de Northern Soul, n' oublieront pas les origines progressistes de leur mouvement et on en retrouvera à l' avant garde de la vague Acid House et Rave. LA BRITPOP, THE SMITHS ET L' AMBIGU MISTER MORRISSEY On ne peut pas ne pas parler des Smiths au sujet de la Britpop. Après les grands groupes 60's et The Jam voici l' autre gigantesque influence. Cette formation mancunienne étendard de l' Indie music des 80's fut la plus citée et régulièrement affichée comme le modèle à suivre mais entre les déclarations tapageuses et les actes il y a souvent un monde. The Smiths avec leur Jangle Pop opérèrent eux aussi une sorte de retour en arrière dès 83 mais encore bien assez moderne à contrario d' une partie de la Britpop 10 ans plus tard. Tous le témoins de cette époque vous le diront et certaines de mes conversations avec des autochtones me l'ont confirmé. L' arrivée et le succès des Smiths fut là-bas un cataclysme musicale et sociétale qu'ici on peine à imaginer. Leur singles atteignant régulièrement les sommets des charts cela avait pour conséquence une présence médiatique inédite illustrée par des passages à l' institution télévisuelle Top Of The Pop devenus légendaires. L' Indie Music se faisait une place au milieu des charts qu' elle n'avait jamais trouvé jusqu' alors. Ce groupe au nom si commun avec son chanteur affublé de chemisiers prisées par les ménagères britannique, ses lunettes premier prix de la sécurité sociale, ses bouquets des glaïeuls hautement anti virilisme rock, et ses paroles évoquant le quotidien de la Working Class et des franges, jetait une pierre Britishness* popu dans la vitrine Toc du Mainstream. Sans toutefois devenir très renommé à l' extérieur de l' île au contrario de The Cure. Cure que Morrissey détestait aussi comme l' illustre l' hilarante succession de saleté que Robert Smith et Morrissey se sont envoyé (ici pour la rigolade). Morrissey revendiquait ainsi une très forte Britannicité encrée dans le réel et non de carte postale. Mais aussi une Britannicité trempée dans une indécrottable nostalgie. C' est probablement ce fait qui rebuta les étrangers comme cela avait été le cas avec The Jam et d' autres. Morrissey et Johnny Marr n' aimaient pas la musique Mainstream de leur époque à base de synthés et axée sur les pistes de danse. En réaction et par goût ils optèrent pour la configuration classique Guitare/Basse/Batterie. Marr possédait une culture musicale de guitariste assez ouverte pour l' époque allant du Rock des Yardbirds ou les Rolling Stones jusqu' au Folk de types comme Bert Jansh ou Roy Harper. Plus tard il s' intéressera à l' électronique et l' Ambient dans la droite ligne de l' esprit sans frontières stylistique du Post Punk qui l' avait vu grandir. Si en apparence Morrissey semblait plus éclectique en adorant les chanteuses Pop de son enfance (Sandie Shaw et Cilla Black) il faut remarquer qu' il ne quittait pas la sphère Rock avec ses passions limites maniaques pour Patti Smith ou les New York Dolls jusqu' à développer une étrange et déjà anachronique lubie pour le Rockabilly. Le germe des tendances réac Britpop est bien à trouver par là, chez Morrissey. Grandis tous les deux sous le punk et le Post Punk ce fait leur évita d' avoir une démarche trop rétrograde et chercher à s' évader du lourd héritage Rock. Marr a donc toujours expliqué vouloir rompre avec les clichés Rock de la guitares et développa son art des arpèges sophistiqués en délaissant l' agression sonore des larsen par exemple. Il ne cessa de repousser les limites et d' innover. Un titre à lui seul comme "How soon is now" prouve que les Smiths malgré leur instrumentation rock des plus classiques pouvait utiliser le studio afin de sonner réellement neuf. Fait amusant et très annonciateur, Morrissey détestait donc toute la culture Dancefloor et ne se gênait déjà pas de jouer les vieux cons en crachant sur Madchester et la House quand Marr y sauta à pied joint avec le duo qu'il forma avec le New Order Bernard Summer Neil Tennant des Pet Shop Boys. Ascétisme et timidité Indie. La Britpop a donc toujours revendiqué l'importance des Smiths mais quand on se penche sur le poids réel de la formation sur chaque groupes Britpop on discerne de réelles divergences et seulement un vrai point commun. Et en fin de compte on s' aperçoit également que les successeurs ayant de cesse de porter aux nues le groupe n' ont pris dans l' héritage que ce qu' ils ont bien voulu. La configuration guitare/basse/batterie est bien sûr le lien évident avec notamment un très fort consensus autour de la guitare de Marr. Les guitaristes Britpop ont tous vénéré le Mancunien et toutes les formations Britpop ont tenté de retrouver l' alchimie qui reliait Marr et Morrissey. Ils furent rares ceux réussirent. Des très bons guitaristes il y en avait mais de la classe d' un Marr très peu finalement. L' évidence est Bernard Butler de Suede loin devant les Steve Mason (Gene), Steve Cradock (Ocean Colour Scene), Nick McCabe (The Verve) et Gaz Coombes (Supergrass) pour les plus intéressants. Les divergences sont surtout au sujet des paroles de Morrissey et de sa personnalité complexe. Je pourrai passer des heures à tenter de le définir sans réellement toucher au but. A la fois bagarreur et délicat, fragile et fort, Morrissey par ses paroles et ses attitudes fut souvent traité de maniaco dépressif voir de misérabiliste ou encore de moralisateur. Il agaçait aussi par son petit côté poète maudit cultivé donneur de leçons. Critiques justifiées qu'en infime partie parce qu'il pouvait également se révéler être drôle même si grand amateur d' un humour très noir, capable d' une autodérision totale, sarcastique et provocateur. Prenez toutes ces descriptions et chercher un parolier Britpop qui y correspond dans leur totalité. Vous n' en trouverez pas à une seule exception notable, Martin Rossiter des Gene. Et parfois vous allez même rencontrer des antithèses absolues. L' apport essentiel à la Pop britannique de Morrissey fut donc la fragilité qu'il se dégageait de ses chansons. Rarement on avait croisé des textes de chanson Pop évoquer aussi bien la solitude affective, les désirs sexuels non conformistes et la dureté de la société britannique. Rien à voir avec les clichés rock , l' assurance orgueilleuse et la masculinté affirmée de certains roitelets Britpop. Rien à voir non plus avec l' euphorie jouissive et la volonté de célébration à tout prix affichés par certains. Il y a avait aussi dans le personnage public de Morrissey un petit truc qui pouvait en effet bousculer les normes masculines de certains . Ses poses durant ses passages télévisés ou les séances photos, ses déclarations sur sa virginité volontaire et le droit au célibat était à contre courant de ses congénères rockstar. Laissant immanquablement planer le doute sur sa sexualité. 10 ans après Bowie le mancunien remettait le couvert sur ces sujets-là et il est clair que dans le Manchester du début 80's comme dans le rock aux tendances misogynes et virilistes ce n'était certainement pas de trop et franchement salvateur. Comme certains de la Britpop Il s' inscrivait lui aussi dans la grande tradition de songwritters passés maître dans l'art de la description et critique de la société britannique à l'instar d'un Ray Davis des Kinks ou Pete Townshend. Mais encore une fois, à de très rares exceptions, ils furent très rares à aller aussi loin que Morrissey préférant rester à la surface quite à tomber dans la caricature. Morrissey développa une haine envers la génération qui lui succédait, Madchester, et encore une fois le comportement des Britpopeux avec leurs hommages appuyés, héritiers et marqués aussi par Madchester, semblaient hypocrites. Ainsi, Morrissey par son aspect donneur de leçons, aimait mettre en avant une certaine hygiène de vie. Végétarien revendiqué, ce fan des New York Dolls (ironie !) reprouvait la consommation des drogues et on était même pas sûr qu'il buvait de l' alcool. Pour lui plutôt que la boite de nuit et l' ecstasy c' était camomille et un bon livre. Les Gallagher et d'autres avec leurs montagnes de coke et de champagne oublierons le dogme Morrissey. Autre divergence tue par la Britpop, l' étique Indie et anticommerciale. Si The Smiths jouaient le jeu de l'industrie musicale cela était cependant avec de fortes valeurs héritées du Post Punk et des limites assez restrictives. Morrissey et compagnie dressaient en permanence des restrictions à l'exercice marketing au grand dam de leur label indépendant et quand ils signèrent sur un gros label c'était avec des conditions très strictes. Refus d' apparaître dans la première émission télé venue (à l' exception notable de la messe culturelle hebdomadaire Top Of The Pop), relation conflictuelle avec la presse, méfiance de l'outil promotionnel principal des 80's que fut le clip etc etc. La Britpop fut moins regardante dans son désir de dominer les charts et un grand nombre d'accrocs à l' éthique Indie apparurent. On se souviendra de l'utilisation avec leur accord de titres pour la publicité et des explications pitoyables d'un Damon Albarn par exemple. Alors que Morrissey ne ratait pas une occasion d' allumer l' establishment Blur et Oasis se reposaient dessus quand cela leur était nécessaire. Suede et Pulp s' avéreront moins dociles et franchement plus futé dans l' art d'infiltration du système. Les Smiths et la personnalité de leur chanteur marquèrent de leur empreinte toute la scène Indie. Mais tous n'avaient ni le charisme, ni la talent d' orphevre Pop des Smiths pour oser autant et bousculer les charts. Très rapidement le profil type de l' Indie Boy devena celui d' un étudiant mélancolique, plutot réservé, de classe moyenne, progressiste sur les domaines sociétaux et pas franchement porté sur les drogues et la biture. Musicalement cette génération abandonna la "ligne claire" des Smiths pour noyer ou flouter leurs gentilles mélodies sous un boucan de réverbérations et une production lo-fi. L'éthique Indie était alors un dogme susceptible d' être utilisé pour exclure les artistes un brin trop ambitieux commercialement. Quant aux paroles elles se déplacèrent de la rue vers l' intimité d'une chambre d' adolescent mélancolique. Elles ne garderont donc pas le côté acerbe et l' affirmation d'un soi So British la jouant dorénavant plus modeste. L' explosion Madchester fut une première révolte, hédoniste, contre un certain ascétisme et une chape de Plomb que certains traits de la personnalité de Morrissey liés paradoxalement au climat Thachérien avait fait tomber sur une partie de la jeunesse et la société. L' androgynie affichée de Morrissey on la retrouvera chez Suede tout comme la fragilité émotionnelle et certaines revendications des minorités et marges dans les paroles chez les premières formations Britpop tel Gene et Echobelly. Par la suite cela s' estompera jusqu' à disparaître. 1992, la chute du Roi Indie des 80's. Une place à prendre. Morrissey en 92 reste et demeure l' icône absolue de l' Indie anglaise. Et même si Madchester a ébrécher son statut d' icone en le ringardisant un brin avec ses postures de donneur de leçons chaque sortie de disque est attendue tel celle du messie. Son précédent disque "Kill Uncle" avait quelque peu déçu ne rééditant pas le premier effort solo réussi du Moz, "Viva Hate". Disque qui dévoilait un Morrissey plus aventureux musicalement avec Vini Reilly de Durutti Column à la guitare et le fidèle Stephen Street en musicien et producteurs comme du temps des Smiths. Un Stephen Street que l' on retrouvera avec ...Blur. Quand "Your Arsenal" sort en Juillet c' est une douche froide pour l'indie boy que j' étais. Morrissey par ses paroles semble annoncer son futur départ d' une Angleterre qu' il juge à l' agonie en opposition avec la volonté de célébration des Albarn et compagnie. Mais aussi musicalement. Il quitte le navire Indie pour se noyer dans un marasme bodybuildé Rockabilly rétrogaga seulement éclairé par de fines lueurs Glam portée par la présence de Mick Ronson (ex guitariste de Bowie). Une des chansons ("National Front Disco") raconte la vie d' un jeune anglais aux tentations nationalistes se désolant de voir ses "pôtes" fachos du National Front fantasmer leur délire racistes dans des soirées dansantes. Peut être la chanson la plus ambigue d'un Moz qui va le devenir lui aussi de plus en plus dans ses sorties médiatiques. L' infâme concert de Finsbury Park. Le "secret" de la fameuse Britpop Touch des clips de Blur résumé en un seul de Madness. Une formation légendaire So British se reforme cet été-là et pour l' occasion s' offre un festival à Finsbury Park. Madness. Eux aussi énorme influence et fierté de la Britpop et surtout Blur, ils créent leur propre festival nommé Madstock et y invite Morrissey. Petit détail déjà dit. Les Madness ont toujours drainé avec et malgré eux quelques énergumènes fachos. Quelques jours auparavant le Moz donne une interview au NME et sort cette connerie. "Je ne pense pas que les Noirs et les Blancs s'entendront vraiment " Immédiatement Morrissey dément mais le 7 Aout à Findsbury il ne trouve rien de mien que de se draper de l' Union Jack sous les applaudissement d' un parterre de Skinhead d' extrème droite selon la version médiatique. Selon les fans les Skin l' aurait hué pour cause ... d' accaparement de leur culture. Dans les deux cas le Moz commença à sombrer à ce moment-là. Le malaise est général. Chez Madness, la majorité du publique et les fans Indie. Pendant quelques années on pensera à de la maladresse ou de la pure insouciance puis d' autres déclarations de la bouche d' un Moz vieillissant arriveront toute plus accablantes et gerbante. Et l' idole Indie de se transformer en un équivalent Rockstar du Céline de la littérature. La Britpop ne tombera pas réellement dans les travers de la relation étroite entre Patriotisme et Nationalisme malgré un usage intensif de l' Union Jack par ces artistes et leurs sempiternelles et multiples péroraisons Britishness allant jusqu' à la nausée . Chose impensable quelques années plus tôt dans le milieu Indie plutot allergique. Morrissey a-t-il brisé un tabou chez ces gamins-là où ont il voulu se réapproprier un attribut national longtemps accaparé par l'extrême droite ? La réponse se situe comme souvent entre les deux mais cela va virer au ridicule. Si certains n' hésitèrent pas d' autres, portés par des valeurs plus à gauche (Cocker, Anderson) ou simplement par méfiance contre tout symbolisme un brin trop martial, préférèrent ne pas trop s' afficher ou s' associer à l' Union Jack. THE SMITHS & THE JAM VUS DE FRANCE Arrivé trop tard dans l' univers Indie, leur séparation date de 1987, je ne découvris l' oeuvre des Smiths que Post Mortem vers 90 quand Madchester m' en laissa le temps. C'est à la même époque, et tout à fait fort logiquement pour un fan des Who, que je suis devenu fan des Jam et de la suite de la carrière de Weller. Le tube "Shout To the Top" de son Style Councyl est l'un des très rares titres de cette partie, avec ceux de Madness, qui appartiennent à mes souvenirs radiophonique ou télévisuels de ma période ultérieure à ma passion musicale. L' impact des Smiths fut également considérable chez les rares français adeptes de Bernard Lenoir et des Inrocks (autour de 100000 personnes). Celui des Jam bien moindre si ce n'est chez certains connaisseurs et ce pour une raison générationnelle. Parfois je fus également témoin d' un certains mépris de la part du camp Smiths pour celui des Jam quand l'immense majorité du public rock nous balançait cette sentence pitoyable "Trop anglais pour plaire chez nous". Ces groupes étaient donc totalement inconnus de la majorité du fait qu' ils n' entrèrent jamais dans notre triste Top 50 nationale alors que la France vivait une étonnante et drôle Curemania . Je devins donc totalement addict de 1990 à1993 sans que cela ne soit une hégémonie passéiste dans mon univers musical. Avec le recul il apparaît très évident que c' est la réappropriation forcée et abusive de la Britpop mêlée au naufrage Rockab de Morrissey qui me firent lâcher ces deux groupes pour passer à autre chose. Depuis si j' entretiens pour ces groupes une toujours forte passion celle avec Morrissey se rapproche de plus en plus à la relation que l' on peut entretenir avec un Céline en littérature. Weller quant à lui ce serait plutot le gentil parrain parfois un peu trop déifié et servant de mauvaise excuse aux rétrogaga. Un vieux parrain parfois radoteur mais qui illumina ces dernières années par certaines de ses déclarations fondamentalement Mods et progressistes comme quand il avait reconnu que seules le Grime et la Jungle puis l' UK Bass renouvelaient réellement et la scène musicale britannique (ici). Voilà pour la première partie consacrée aux origines. Vous allez très vite comprendre que si 1988 sépare les deux parties sur les origines ce n' est absolument pas un hasard. Cette date est celle d' une révolution qui aura de grandes conséquences sur la Britpop même si cette dernière semblera vouloir la refouler et piocher dans celles abordées ici. A SUIVRE

  • SUEDE, UNE MAGNIFIQUE ÉPINE DANS LE PIED DEPUIS 30 ANS

    Alors voilà où en sont les guitares Indies en 2022. C'est triste mais si prévisible. Cette rentrée discographique est marquée du point de vue critique par un hallucinant Come Back sur le devant de la scène qui met à jour l' état pitoyable des guitares depuis des années. Bien sûr il y a ces derniers temps des motifs de réjouissances. Surtout avec le Post Punk des Fontaines DC et quelques autres allant piocher ailleurs. Les Black Midi, Just Mustard (ici) et Squid par exemple. Girl Band (ici) par son influence et sa réussite récente est dans une toute autre dimension en terme de réelle innovation. Mais ces arbres cachent un véritable désert d'originalité et de consistance où la redite et les groupes interchangeables finissent de clouer le cercueil de l' Indie music. L'un des grands disques du moment selon les blogs et les sites spécialisés est donc l'œuvre d'une formation vieille de plus de trente ans. Un groupe qui plus-est souvent défini à ses débuts (voir encore chez les détracteurs) comme un feu de paille médiatique. Une hype comme le sont réellement beaucoup de pseudos futurs rénovateurs des guitares de nos jours. Des faux espoirs d'un instant que ces vieux Suede couvrent aujourd'hui de leur ombre solennelle. Mais c'est aussi et paradoxalement un des premiers groupes a pioché allègrement dans le passé et lancer, ou rendre acceptable, les Revivals qui ne cessent d' occuper l'espace depuis trente ans. Dans ce blog chaque fin d'année on prend soin de séparer les groupes un peu trop traditionalistes dans leur utilisation du schéma classique Guitares Basse Batterie . Le top s'appelle Top Faille Spatio Temporelle et permet de parler de très bons disques faits par des jeunots mais jugés ici pas assez progressifs et moderne, voir un brin déconnectés du présent. Dans le même état d' esprit le Top Monument Historique célèbre les vieux qui, sans apporter du neuf comme autrefois, continuent d'exceller dans leur domaine. En 2022 je vais être emmerdé. La formation dont il est question va peut être dominer ces deux classements tellement les jeunots ont vu leur niveau baisser depuis des années. Les meilleurs d'entre eux préférant jeter leurs envies sur d'autres styles et technologies. Sérieusement! Comment peut-on encore s' enthousiasmer pour le psychédélisme faisandés des King Gizzard And The Lizard Wizard, la si simpliste recette Punk Rock Rap de Bob Vylan, l' Indie Folk Country pour quadras dépressifs de Big Thief et The Sadies. Sans parler de l' arrivisme Post Punk d' Idles . Wet Leg a remis au goût du jour l' art du crochet Pop dans l' Indie mais allez écouter le vieux groupe en question et vous allez vite comprendre que ces types de plus de 50 ans sont plus prometteurs pour la suite que les jeunes Wet leg avec leurs méthodes si prévisibles. Suede sort l' un des meilleurs disques de la rentrée et l' accueil de la critique est tout à fait approprié selon moi. Et dieu sait que dans ce blog on déteste mettre en avant les vieux machins. Manquerait plus qu'un succès commercial chez les jeunes générations tel celui de Liam Gallagher en Grande Bretagne (ici) et le constat dressé plus haut d' être encore plus affligeant. C'est assez ironique tout de même. Les guitares sont remises sous les projecteurs médiatiques via deux artefacts Britpop. La Britpop ! Merde ! Ce machin des 90's, en partie construction médiatique, symbole de patriotisme, taxé ici et ailleurs de réaction anglocentriste passéiste. De retour en arrière créatif rétrogaga. Un symbole de tout ce que l'on déteste par ici est en train de devenir trente après un rayon de soleil dans une époque sombre et le pire, sans que cette satanée nostalgie s'en mêle réellement puisque ce sont des jeunes critique et un publique rajeuni qui en sont l'origine. La jeunesse des journalistes se trahie d'ailleurs assez bien quand on lit leur présentation de Suede et du courant qu'il lancèrent malgré eux, la Britpop. Approximations, connaissances de surface et caricaturisme appris dans les articles et documentaires commémoratifs récupérés à la va vite sur le net. En gros la Britpop c' était tout ce que j' ai écris avec le duel Oasis/Blur et quelques autres vite énumérés. On leur dit que le meilleur groupe n' était pas dans ces deux grands noms ? Neuvième album d' une longue carrière, "Autofiction" est à la fois un retour aux sources et un disque moderne. Retour aux sources parce qu' on retrouve le Suede des débuts. Et il est utile de préciser, le Suede d' avant l' emballage médiatique de 1992. Celui au sein duquel la copine de Brett Anderson tenait la guitare aux côté de Richard Butler, une certaine Justine Frischmann future leader d' Elastica. Future copine de Damon Albarn qui lui la Britpop avec Blur... Oasis... Shed Seven...Menswear...Gene ... Jarvis ....Echobelly...My Life Story...Supergrass......Salad...My Life Story;;;The La's...... ... Hum! ... OK ... J' avoue ! Si vous me lancer sur ce sujet Britpop ça va devenir assez gênant pour le moderniste pourfendeur de la nostalgie et des revivals. Celui qui préfère voir devant plutot qu' en arrière. Parce qu' on risque y être encore dans quelques heures et ainsi de me trahir. Comme une épine planté dans le pieds depuis très longtemps qui vient de se faire ressentir avec ce dernier album de Suede. Une épine que je me refuse à enlever comme d' autres ne cherchent pas à cacher les vieilles cicatrices provenant de l' insouciance adolescente. Cicatrices servant de petit rappel à l' ordre. La Britpop, j' y étais et pas qu'un peu au point que... L' heure est donc peut être venue ... (A suivre...) Revenons à "Autofiction", à 2022. Retour aux sources parce que l' on retrouve l' énergie et la puissance punk et Post Punk en partie disparues avec le départ de Frischmann mais encore décelables dans leur premier album éponyme. Disque Moderne parce que si ils reviennent à la case départ ils ne laissent pas de côté non plus leurs acquis musicaux engrangés depuis 30 ans et ne trompent pas sur leur âges. Si il y a nostalgie elle ne déforme pas le regard sur le présent et n' empèche pas de se projeter dans l' avenir. Le Brett Anderson de 2022 reprend les manies du Bret de 1992 mais raconte la vie du quinqua et il est visiblement très colère. Peut être plus que le rebel et anticonformiste mais naïf de 1992. Le plus étonnant chez Anderson mis à part sa niaque et son talent de parolier intact est que sa voix est elle aussi insensible aux ravages du temps. Changée un peu, des brisures apparaissent mais elles ont l' avantage d' être maîtrisées pour rajouter émotionnellement le ressenti d'un "vieux". Toujours magnifique et étonnante. la grande voix Britpop avec celle du Vrai Roi de la Britpop (Mais qui est-ce me demandez-vous , si c'est pas Albarn et Gallagher???...a suivre vous dis-je ...) et à moindre échelle celle de Liam Gallagher. Suede nous revient donc dans une forme rarement affichée depuis leur reformation en 2012. Percutant et assez frais après deux derniers disques plus spirituels et expérimentaux. Confirmation que cette reformation était amplement justifiée car si ils n'ont pas toujours épaté avec les trois albums qui suivirent la pause de dix ans il est nécessaire de préciser que pas un seul est médiocre et que chacun nous ont surpris par les changements et la prise de risque créatif d' une formation pouvant se reposer avec fainéantise sur ses grandioses débuts. Les membres originaux, Osman avec sa basse à la fluidité imparable, Gilbert et sa force de frappe atomique, tiennent toujours la baraque et à l'instar d' un Anderson revigoré ils pourraient donner des leçons de talent à la relève. Richard Oakes à la guitare, successeur de Butler, et Codling aux synthés, épatent encore et prouvent qu' ils se sont révélés être plus qu'une simple bouée de sauvetage au départ de Butler. Le premier album éponyme et "Dog Man Star" de l' ère Butler constituent le sommet de Suede généralement dans l' esprit des fans. Le troisième "Coming Up" reposant sur la collaboration de ces deux types avec les originaux en est guère loin si ce n' est leur pendent plus Britpop. Si Suede a donné le coup d' envoi de la Britpop les vieux cons comme moi vous diront que très vite Anderson a rejeté l' étiquette et que Suede s' en est éloigné un temps pour finalement surfer dessus avec "Coming Up" d' une façon très maline. "Autofiction" ne peut pas être étiqueté Britpop parce qu' il n' en comporte pas beaucoup. Anderson parle toujours de son pays où il vit mais sans vraiment afficher une anglicité et un patriotisme glorifié affirmés. Il parle surtout de l' âge, du Sexe, de la maltraitance et de la situation désastreuse de son pays Post Brexit. Et puis surtout ce disque n' est pas Britpop parce que ce que l' on nomme Britpop est surtout un courant encadré chronologiquement (1992-1997) tel une capsule temporelle dans les 90'S avant d' être un style musical définissable. Grosse bévue souvent lue chez les jeunes journalistes. Ce neuvième album de Suede est marqué du saut Post Punk. Visiblement Anderson et les siens ne sont pas murés dans leur musée Glam Rock Bowienesque et observent la jeune garde. Il y a aussi quelque chose de Black midi dans cette façon de remettre l' expérience du live dans l' enregistrement, quelque chose de Girl band dans cette production jouant énormément sur la spatialité du son. Suede a toujours évolué stylistiquement et ce depuis les débuts. Punk et Glam d' abord, puis Arty avec "Dog man ...", carrément Britpop "Coming Up", plantage un tantinet électro sunthé avec "Head Music", le grand vide superficiel de "A New Morning" (leur pire) et enfin les trois post reformation faisant variés les ingrédients déjà utilisés dans leur dosage. Dès l' entame du disque, "She still leads me on" Suede rassure et sidère par sa force en donnant à l' occasion une sacrée leçon à The Horrors. Leçon Glam Gothique répété avec "That Boy On the stage". "She still leads me" est également remarquable parce qu' il est l' un des titres de Suede les plus Morrissey/The Smiths de leur longue carrière, une énorme influence pour eux. Dans ce titre et dans quelques autres du disque Suede réussit là où Morrissey en solo s' était planté quand il avait voulu durcir le son dès "Your Arsenal" en 1992. Suede n' apparaît pas bodybuildé artificiellement et grotesquement comme le Moz autrefois. Plus loin "15 Again" est un futur classique de leurs concerts comme les autres vieilles tueries. Véritable hymne potentielle chez leurs fans pour des lives qui étonnent toujours les étrangers devant l' intensité du culte et l' adoration qui y sont développés. Les fans de Suede sont parmi les plus accrocs que vous pouvez rencontrer tout étant adorables et ouverts. Suede a toujours été très clivant tout comme The Smiths et les Pet Shop Boys autrefois, deux grandes influences d' Anderson avec Bowie. Suede nous délivre comme à son accoutumé quelques unes de ses ballades dont ils ont le secret. Suede est probablement le dernier grand fabriquant de Slows acceptables, classieux et intelligent de l' histoire du rock. Pour les jeunes générations c' est un conseil, si Il ou elle sont susceptibles d' aimer, Suede par ses ballades/Slow est une arme de destruction massive lancée sur son cœur en soirée. "Drive Myself Home" en est la version ultime pour 2022. Déjà titubant par le début du disque et son énergie inespérée l' auditeur, fan ou méfiant, va définitivement tomber KO avec les trois derniers titres. "It's Always The Quiet Ones" le plus Bowienesque des 11 titres est appelé lui aussi à devenir un hymne chez les fans quand "What am i with you" est une ballade/slow somptueuse prenant le temps pour vous dévaster en un claquement de doigt. Le monstre de lyrisme "Turn Off Your Brain and yell" clôture le disque et dévaste tout sur son chemin. Anderson donne la marche à suivre d' une manière ambiguë mais nécessaire pour affronter cet avenir si inquiétant que l' on soit jeune ou un vieux. Un vieux pas encore égocentrique et atteint de panurgisme Néo libérale, misogyne, homophobe, viriliste et pollueur. "Débranche ton cerveau et hurle" Suede avec ce neuvième album est à l' encontre totale des vieilles redites nostalgico gaga qui favorisent toujours plus un auto enfermement volontaire afin de se couper du monde face aux multiples mauvaises nouvelles qui assomment et rendent amorphe. Alors oui! Ce n' est pas une blague. En 2022 Suede vient de pondre l' un des plus beaux et vivifiant disques de guitares de l' année.

  • RIP JEAN LUC GODARD . Godard et la musique?

    Godard et la musique? Beaucoup de choses à dire. Bien sûr Delerue pour "Le Mépris", la danse de "Bande à part", les Jukebox omniprésents, Marianne Faithfull, Chantal Goya, le fameux "la musique après la littérature" de Pierrot Le Fou etc etc etc. Tout ça à voir dessous. On doit aussi à Arte cette collision magique entre Godard, Sonic Youth et Tarrantino. Le truc susceptible de résumer la jeunesse de certains quadras et quinquas en quelques secondes. Et enfin pour finir son fameux One + One dans lequel il mélange les Rolling Stones créant Sympathy For Devil avec la politique et les Black Panther. Un must dans le domaine du mélange réussit des genres et un modèle absolu pour parler musique pour ce blog.

  • SARAH DAVACHI, arrivée au sommet.

    On ne présente plus Sarah Davachi dans ce blog. Depuis son "All my circles Run" de 2017 cette canadienne truste annuellement les tops Albums. 2022 la voit offrir son disque peut être le plus abouti. Somme de toutes les expériences passées ce "Two Sisters" semble revêtir le costume de l' album clé d'une déjà riche carrière et peut être bien son chef d' oeuvre absolu. Pour les retardataires Sarah Davachi est une experte en orgue depuis son passage au sein du Centre National de Musique du Canada . Obsédée par les musiques classiques, médiévales et religieuses du passé elle n' a de cesse pour autant de les propulser dans le présent si ce n' est le futur. Sa carrière est parsemée de voyages spatio temporels qui finissent toujours par atterrir en territoire Ambient-Drone et classique Moderne. Des drones qui perdent vite tout dans l' esprit de l' auditeur tout sentiment de monotonie pour le plonger dans un labyrinthe de douces émotions profondément viscérale et d' expérimentation obtus. Le dernier "Antiphonals" malgré sa réussite ne m' avait pas tant emballé que ça. Une impression de simple retour en arrière après les aventures précédentes. Pire. Son statut de reine héritière de Pauline Oliveros sérieusement remis en question avec la talentueuse prétendante Kali Malone auteur du magnifique "Living Torch" plus tôt dans l' année. "Two Sisters" efface immédiatement cette impression et on retrouve la canadienne un cran au dessus. C 'est un album somme mais surtout un album qui révèle une artiste au sommet de son art capable d' une musique vu et entendu nul part. L' expérimentation a repris ses droits un très laps de temps suspendus. L' étrangeté qui accompagne Davachi depuis toujours semble avoir été renforcée alors que toute ces années auraient du l' atténuer. Davachi excelle comme jamais dans sa spécificité de brouiller systématiquement les pistes. De mélanger avec magie et maestria ce qui semblerait être opposé. Le passé rencontre le présent, un présent obscur et flippant à l' image d'une musique nouvellement devenue pessimiste et sombre. L' acoustique et l' électronique se mêlent avec encore plus de limpidité et la nostalgie se tourne vers l' inconnu. Ses Drones apparaissent tour à tour modernes ou baroques. On l' avait vu chanté mais cette fois elle invite Jessika Kenney et offre une version originale des merveilles du chef d' oeuvre d' Akira Rabelais (ici). "Alas Departing" introduit avec le traitement d' une voix fantomique un Leyland Kirby inédit dans l' univers Davachi. A force de ne ressembler à rien ni personne Davachi semble depuis ses débuts nous offrir une espèce d' Hauntology purificatrice et aventureuse sous des attraits faussement nostalgique, académique et revivaliste. Mais surtout, plus encore avec ce dernier album, Davachi nous offre l' une des plus émouvante et belle musique d' avant garde. Un baume pour le corps et les esprits ouverts et difficiles. Magique !

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