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- ROY MONTGOMERY, guitares aventureuses avec le haut du pavé des chanteuses contemporaines. Et piqure
Ici on aime le présent, sa belle musique et ses grandes chanteuses entre mille autres choses. Le passé, même si il a laissé des traces indélébiles, on préfère le laisser au musée histoire de ne pas trop polluer les jeunes esprits et bloquer le futur. Mais seulement voilà, il arrive, parfois, que le passé fricotte avec le présent pour le meilleur. En cette rentrée 2018 un nom quasi perdu de vue revient et accompagné de la plus belle façon. Roy Montgomery. Qui se souvient de lui? Je vous le dis tout de suite ils sont peu. Anglais de père Allemand (dans les 50's c' était encore osé), fils d' une maman travaillant pour les service d' informations militaire(leurs BBC en quelque sorte), il quitta la perfide Albion pour passer quelques années à Cologne puis partir loin. Très loin. La Nouvelle Zélande le voit débarquer à 5 ans et il y restera définitivement. Guitariste au sein de ses premières formation le bonhomme va très vite se faire remarquer en participant à l' aventure Flying Nun. La légende indie du bout du monde. Si vous n' avez pas non plus entendu parlé de ce label rendez-vous à la fin de la chronique. Le son de Flying Nun c' est en grande partie grace à Montgomery. Cette expérimentateur entame une carrière discographique en solo dans les 90's et tutoie les sommets. Avec une vision d' avant-garde il malaxe la lo-fi Indie, le post-rock naissant et le folk pour offrir une musique ambient fortement atmosphérique et très cinématique. Avec lui les guitares retrouvent systématiquement une seconde jeunesse et oubliaient le petit côté vintage et 60's de ses collègues de l' ère Flying Nun. Bien évidemment sa terre d' accueil avec ses somptueux paysages variés et désolés n' y était pas pour rien. Opérant souvent par le Drone et l' échos il est rapidement devenu un expert et un virtuose de la superposition de couches sonores sibyllines. "Temple IV", "And Now The Rains Sounds like life is falling down throught it" et plus récemment "RMHQ: Headquarters " sont absolument essentiels et il faut les avoir écouter au moins une fois dans sa vie si on apprécie le psychédélisme, le post-rock et le shoegaze sous toutes leurs formes. Alors qu' il poursuit une carrière de conférencier à Christchurch et s' est spécialisé en gestion de l' environnement à l' université Lincoln ce brâve homme poursuit sa carrière. Mais seulement voilà, il a un problème, il n' aime pas sa voix. Ce solitaire a décidé de franchir le pas et s' est donc mis en quête de belles voix. Il aurait pu manquer de flaire mais c' est tout le contraire qui s' est produit. On retrouve sur son tout récent "Suffuse" les grands noms féminin de notre époque. Des noms souvent acclamés dans ce blog. Haley Fohr (Circuit des Yeux et Jackie Lynn), Julianna Barwick et cerise sur le gâteau, Liz Harris (Grouper) ! S ' y rajoute des connaissances déjà croisées ou des inconnues tel She Keeps Bees, Katie Von Schleicher et Purple Pillgrims. Sur le papier ça s' annonçait grandiose et le passage à la pratique bluffe encore plus. Les voix de ces belle se marie parfaitement à la musique du bonhomme. Venant d' horizons multiples et variés ses collaboratrices apportent fortement leur touche personnelle permettant à cet album d 'être à la fois uni et de partir dans plusieurs directions. Les six titres de "Suffuse" porte la marque de fabrique dont Montgomery est coutumier avec ses titres longs usant de la répétition de motifs mélodiques statiques. Mais l' apport des étrangères dans son petit monde offre à la musique de Montgomery un parfum pop à sa vision cinéphile. C 'est une réussite totale qui conviendra parfaitement aux fans des Grouper, Circuits des Yeux ou Barwick. L' apport d' artiste pop ou proche du genre dans l' expérimentation est souvent frustrant face au résultat mais ici tout semble couler de source et offre en prime une curieuse réflexion sur les questions de genre et d' humanité sur fond de questionnement écologique. FLYING NUN, la boite à trésor Néo-Zélandaise ! C 'est une véritable institution et légende que ce label du bout du monde. Si vous vous dites fan de musique pas comme les autres vous ne pouvez pas ne pas plonger dans son catalogue. Créé en 1981 cet enfant du post-punk britannique débarqué sur les rivages de cette île lointaine va très vite devenir une usine à tube indie pendant deux décennies. Un secret bien gardé qui aurait mérité de s' afficher plus pleinement sur le podium aux côtés des institutions britanniques tel Creation, Mute, Rough Trade, Sarah Records etc etc. Chez Flying Nun on pouvait y trouver de tout, du minimalisme, de l' expérimentation, du brutal, de l' indus, de la pop, des enfants putassiers du Velvet et même du brassage rock-électro. Mais surtout ce label fut le berceau du fameux Dunedin Sound aux fantastiques répercutions mondiales sur la scène indie jusqu' à un très proche passé. La Jangle Pop y vit une grande partie de ses lettres de noblesse s' inscrire en or sur les murs du label. Souvent lo-fi, les guitares carillonnantes accompagnée de basses rachitiques et de claviers trouvés on ne sait dans quelle brocante offrirent des pépites et une vision totalement originale. Si vous êtes fan des Pavement, Galaxie 500 ou Yo La Tengo sachez juste que ces ricains étaient fan absolu du label et de ses artistes et que ça se sentait dans leur musique. Dorénavant les Real Estate, Vivian Girls, Woods ou Crystal Stylts surfe sur l' héritage de Flying Nun mais avec cependant beaucoup moins de réussite et d' originalité que leurs aïeux. Raison de plus pour préférer l' original à la copie du 21ème siècle. Dresser la liste de ses signatures est susceptible de mettre la larme à l'oeil aux connaisseurs tout comme dresser le poil aux néophytes à leur découvertes. Kris Knox, The Verlaines, The Chills, The Bats, Garageland, The Clean et la formation de Roy Montgomery The Pin Group. Sans parler des géniaux The Dead C. Que du lourd. La catalogue Flying Nun est une obligation dans le parcours d'un fan d' indie surtout en ces tristes temps où les guitares ne se conjuguent plus qu' au passé et le garage monopolise la place avec ses caricatures et ses visions basses. Je le redis, préférer les originaux aux pâles copies et découvrez cette institution avec ses démonstrations d' authenticité et de songwritting intelligent. Voici la dernière compilation en date sur le label qui vous offre un trop bref aperçu et je vous invite donc fortement à creuser plus comme par exemple en allant voir les clips produits par le label où un véritable ras de marée d' autres pépites vous attendent. Vous ne vous en remettrez pas ! https://www.youtube.com/playlist?list=PLfmR2Qm9-yv0pEWwxVe6Dr6DqpBKvWSMc
- 1988, ANNEE GIGANTESQUE.
Je ne voulais pas le faire. Quand j' ai entrepris en ce début d' année de fêter à ma manière les 20 ans de 1998 une autre année s' est initié dans mon esprit jusqu'à ne plus me lacher. Bien plus qu' une simple histoire de chiffre. Mais seulement voilà. Dans ce blog la nostalgie est proscrite un maximun et si le passé musical ressurgit ce ne doit être que pour mieux expliquer le présent et imaginer le futur. Alors, même si un grand pan de ma culture musicale, de mon approche, s' est construit autour de 1988 je me disait qu'il fallait pas trop la jouer vieux cons déblatérant ses souvenirs. Quel intérêt? 98 ce justifiait en 2018 car elle marquait un tournant dont nous subissons encore les effets (voir par ici). Et 88 dans tout ça. "Non!" voulais-je crier. Revendiquer. Et puis un soir je me suis revautré dans les archives du net, dans les banques de données discographique et ce qui devait arriver, arriva. Les souvenirs ressurgirent. Souvenirs gluants accompagnés d'une évidence absolument sidérante. 1988 est elle aussi un tournant. Un bouleversement. Un bouleversement tel qu' en 2018 nous ne désirons qu' une chose, le revivre sous une autre forme. Et c'est bel et bien ça la seule raison de cet article. Nous souvenir à quoi ressemble à une putain de bonne année musicale. La liste de disques sortis cette année-là donne le tourni. Déjà la liste d' album est l' une des plus belles pour une seule année mais si on s' attarde sur les autres formats alors on frise l' apoplexie face à autant de "classiques". Mais pas seulement. Nous ne sommes plus dans un simple exercice de top chronologique de statisticien curateur un brin cultivé comme nous en rencontrons tant de nos jours. Mieux! Une décennie qui a vu le toc et le clinquant le plus pervers l' emporter va voir apparaître une multitude de mouvement sociétaux, de remises en questions en tout genre, souvent liés à la musique, exploser un peu partout. Cet ensemble de pensées et d' arts musicaux nouveaux vont conquérir les pensées et les oreilles mondiales. Un mouvement sociétal intrinsèquement lié à la musique tel que malheureusement on peut se demander si il y a eut d' autres d' une même ampleur par la suite. Ce sont bel et bien de nouvelles formes musicales qui explosent quite à changer les vies d'un très grand nombre. Comme si un iceberg tournait sur lui-même et que sa plus grande partie, celle immergée, apparaissait aux yeux d'un vieux monde qui une fois de plus n' avait rien vu venir. Commençons par ces petits détails oubliés qui disent tout. Un groupe à lui seul symbolise cette année 88 et ses changements, ses utopies, ses miracles et ses échecs. Un groupe qui ouvre des brèches dans toutes les chapelles, musicales et raciales. Un duo qui préfigure la révolution à venir et le grand mélange crossover de la décénnie suivante. Un "vrai" groupe maudit. AR Kane. Les trop facilement nommés "Jesus & Mary Chain black" qui gardèrent leur âme Soul et leurs influences black , les trempèrent dans la culture blanche via le rock blanc le plus bruitiste et expérimental sur "69". les même qui optèrent ensuite (et malheureusement pour eux) vers une synth-pop devenue étrangement anachronique mais qui (heureusement pour nous), offriront juste avant avec leurs potes de Colour Box l'un des titres parmi les plus important de l' histoire. L' adolescent encore enfant perdu dans trou corrézien avec pour seule boussole musicale son poste de télé se rappellera toute sa vie de leur cadeau de la fin d' année 87. Une bouffée d' air frais futuriste apparue dans un déjà bien moribond top 50 et qui le squatta tout le début 88. Le machin avait un nom, la House, il allait pas tarder à s' acidifier. Passons à l' un des deux courants musicaux qui marqua le plus les esprits et domina les années suivantes sur le mainstream mondiale. Le deuxième viendra plus tard. Un machin encore un peu méprisé malgré ses débuts tonitruant fin 70's début 80's prit en quelques mois une dimension encore plus grandes jusqu'à vivre en 88 son premier âge d' or tout en se voyant déjà se profiler des mutations. Le Hip Hop offre en cette année 88 une pelleté de ses plus grands classiques et on commence à voir apparaître une scission, les troupes hip hop arrivent à un carrefour symbolisé par la virulence politique de Public Ennemy. Au choix, prendre l' option hardcore et gangsta avec N.W.A. et/ou, opter pour le "conscious" et offrir une version plus alternative quite à regarder ce qu'il se passe sur les dancefloor (Jungle Brothers). Les 80's s' éteignent et avec elles ses grandes marottes comme une certaine pop léchée, intimiste et nostalgique qui offre ses derniers soubresauts (Prefab Sprout, Morrissey, The Church) . On a même droit à une bizarrerie jugée trop vite comme simplement anecdotique et exotique. Un groupe islandais (!!!) nommé Sugarcubes faisait parler de lui. En son sein, une petite souris qui deviendra contre toutes attentes alors, une reine! Bjork. L' indie rock après n' avoir vu que par les guitares carillonnantes 60's pour lutter contre le mainstream très synthétique, petite victoire politique mais défaite esthétique 30 ans après, commence enfin à relever la tête. Son âge d' or arrive à grand pas et une reconnaissance populaire plus "grande" avec. Les guitares se font beaucoup plus agressives et tonitruantes et réapprennent à bomber le torse. La modestie TeePop/C86 laisse place à un peu plus d' assurance. Les Pixies offrent leur premier album. La cuculterie qui les entoure dorénavant n' est pas encore là et ce rock est pour le moment symbole de fraîcheur et de renouveau. Avec ses attraits pop leur musique capable de mieux séduire les filles du lycée que celui de Fugazi ou des suivants se révélera la porte d' accès la plus grande pour l' arrivée d'un nouveau public au sein de l'indie . Mais...Y' a Mieux! Les guitares chez d' autres recommencent à innover de nouveau et à s' inspirer d'un référenciel bien plus élargie. Sonic Youth tiennent d' abord à enterrer les 80's avec la reprise perverse de l'un de ses hymnes et de ses emblèmes (sous pseudo Ciccone Youth) pour ensuite réenclencher la marche avant du rock en un album gigantesque à grand coup d' emprunt au free jazz, à l' indus, au noise, au drone et bien d' autres genres. Des styles parfois en maturation depuis longtemps apparaissent enfin au grand jour (Shoegaze ) pendant que d' autres n' en sont qu'à leur balbutiement tel le Post-rock. My Bloody Valentine après quelques années d' errements et d' hésitation ont enfin leur déclic en tombant sur une grande gigue bizarre alors en tournée en Angleterre (Dinosaur Jr). La bande à Kevin Schields attaque enfin les choses sérieuses avec un titre appelé lui aussi à devenir emblématique ("You made me realise"). Le Shoegaze est à peine né officiellement que déjà des batards tel les Pale Saints lorgne sur l' héritage avec classe. Les Talk Talk d' une manière similaire aux Sonic Youth sape la décénnie de leur succès et font un gros doigt au mainstream en optant pour des idéaux proches de ceux indie et en laissant la synth-pop et l' instrumentation rock classique de côté pour des couleurs jazzy. Bref, les bases du post-rock. Plus discret, House of Love fera office de rampe d' accès parfaite entre le passé et le futur des guitares. Entre la coutume et la modernité. Guy Chadwick deviendra un de ces nombreux héros indie pour les années à venir (bizarrement sous-estimé de nos jours) face aux monstruosités du rock fm de l' époque (Guns'n roses). Si vous voulez la version américaine allez voir du côté des Galaxie 500. De toute façon à chaque fois c' est l' héritage du Velvet Underground qui l'emporte. House of Love succèdent un temps dans les coeurs aux Jesus et Mary Chain (qui vont pas tarder à perdre de leur mordant) aidé en cela par le même rouquin écossais. Un junkie à la fois réac et visionnaire qui va faire passer plus tard l' underground à l'overground avec son label Creation. L' indie affiche encore une fois au grand jour son ambiguïté qu 'elle cultive depuis les débuts. Progressiste politiquement mais parfois franchement réac stylistiquement et dans son esthétique. Désir de changer le monde mais parfois un peu trop qu' avec les outils des anciens. Un autre titre légendaire sorti une première fois en 88 et lui aussi appelé à devenir l' une des pierres angulaire de l'indie symbolise cette vision bornée mais encore pertinente pour un temps. Le "There she goes" des La's préfigure le nombrilisme Britpop et ses penchant revivaliste avec l' attention porté par leur leader Lee Marvers pour les studios et le matériel estampillé 60's. Quite à s'y perdre... Si l' Angleterre et les States donne le La il s' en passe aussi de bien bonne à Berlin. Le classicisme rock et blues va s'y regénérer (une dernière fois?) au contact de son avant garde et voir ainsi son plus grand espoir devenir une légende et une icone à tout jamais. Il est australien et délaisse enfin la seringue pour l'une des plumes les plus belles du rock depuis Lou Reed et Leonard Cohen. Nick Cave offre l'un de ses plus fameux classiques intemporels, "The Mersey Seat". Oups ! "The Mercy Seat" , simple lapsus écrit, je suis déjà à la suite. Parce que tout Nick Cave qu' il est, et même si ce titre a un petit quelque chose d' un titre conçu pour les dancefloors, 88 voit enfin la balance indie pencher fortement dans l' autre sens que celui du simple retour en arrière pour mieux rebondir. Et ce au grand dam d'un Morrissey déjà trop occupé à cultiver son propre culte. Les frictions vont être terribles. Certains vont se sentir obligés de choisir bêtement leur camp quand d' autres ne cesseront les allés-retours. C' est en ses propres terres que l' ex Smiths, auteur des fameux vers "Burn The disco, Hang the blessed Dj" , va voir les jeunots saccager ses visions un brin fermées et larmoyantes. Des jeunots tel le combatif Ian Brown (Stone Roses) et la crapule Shaun Ryder des Happy Mondays qui lui, ne se pinçait pas le nez quand il se postait dans les couloirs de boite entre les pistes funk/disco et celles plus pop/Rock. Pour des raisons d' éducation et d' ouverture musicale comme professionnelle (toujours pour une question de nez d' ailleurs). Des jeunots qui ont dorénavant envie de faire la fête plutot que de pleurnicher sur leur nombril et la tombe d' une autre légende du village pendu trop tôt et dont le fantôme étouffa un peu trop les successeurs au cours des 80's. Certains vont leur reprocher leur hédonisme, leur semblant de dépolitisation. Que diraient-ils de l' hédonisme purement consumériste de 2018 qui sagement organise des fêtes avec accord préfectoral, municipal, policier si pas également celui de Maman? N' ont-ils pas vu ou déjà oublié ces braves gens que cet hédonisme avait quelque chose de franchement contestataire et alternatif avec l' apparition des raves sauvages. C' est qu' au nord de l' Angleterre un grand cataclysme culturel et musical se prépare et va déferler sur le petit monde indie des guitares et tout le reste. Et pour cela, il faut une nouvelle musique! Pas un revival copieur! Les gamins de 88 auront bien en tête 67 mais plutot que faire comme Hendrix et compagnie avec des guitares ils vont aller voir du côté de Chicago et de Détroit un truc tout neuf, au délicat et doux parfum psychédélique d' autrefois mais au goût délicieusement acidulé du futur. Rien n'est le fruit du hasard. Et surtout pas que Manchester devienne un phare en matière de progressisme musical. Finalement, on peut se demander si les Smiths n' étaient pas qu'un bref intermède passéiste au milieu d' une histoire en perpétuelle évolution? Un intermède certes glorieux mais un brin trompeur sur l' héritage mancunien et franchement devenu une bien facile excuse pour les fainéants revivalistes qui suivront . Personnellement je me le demande plus depuis longtemps. Manchester sera bel et bien l' épicentre du "second summer of love" qui durera 2 ans. C 'est là-bas que la vague acid et la culture indie à guitare se marieront le plus et saurons le mieux capter l' éclairage médiatique naissant. Le son baggy malgré les moqueries va jouer un rôle primordial tout au long de la décennie suivante. Ces morveux vont remettre dans leur groove une fluidité longtemps perdue. Si les Stone Roses sont si adulés encore de nos jours c' est en grande partie grace à leur section rythmique. "Mani" et "Reni" avec leur basse et leur batterie vont combler le putain de fossé qui s' était creusé entre dancefloor et les petits blancs indie. Ce deuxième été de l' amour aura son temple l' Haçienda, avant de laisser la place à la culture Rave. En 88 si certains persistent à croire encore dans les bons vieux parchemins rock et ses us et coutumes il ne faut pas oublier que cette visions fut fortement décriés plus tôt par le post-punk. Le retour en arrière peut faire revenir à l' essentiel mais il a toujours ses limites. Le post punk l' avait bien compris et ce machin multiforme était né en grande partie à Manchester. Manchester est aussi un port et en ces temps reculés pré-internet c' est par les ports que passait souvent la nouveauté musicale en provenance des States. Manchester qui avait depuis toujours le goût du métissage et souvent ça se passait sur ses dancefloors. Et à toutes les époque (cf la Northern Soul). Bien sûr les grognons me diront que le courant acid était également apparu à Londres ou Berlin et que les "galettes" de Trax Records n' arrivaient pas que dans les ports du "North". Il n' y a pas que la-bas que ce que les médias et une large partie du publique américains avaient loupé s' est trouvé des oreilles beaucoup plus à l' écoute. Bien sûr que le Shoom ou le Trip existaient . Bien sûr que The KLF ou S' Express ne venaient pas de la-bas. Bien sûr tout ne s'est pas joué qu'à Manchester mais c' est bel bien cette ville qui a vu la plus grande partouze se produire, les chapelles s' effondrer le plus redoutablement et les looks se définirent jusqu'à dépasser les frontières du Mersey. Ne pas oublier non plus l' autre grande boite de Manchester, The Thunderdome, qui a vu les 808 State avec A Guy Called Gerald encore en leur sein débuter. The Thunderdome, temple acid légendaire lui aussi et coupe-gorge réputé tant la pègre de Salford y avait ses habitudes. Je racontais plus haut à quel point 88 marque un moment majeur du rôle sociétal de la musique. C 'est à Manchester qu'un un métissage racial et social s'' opéra au son de l' acid house et de la techno de Detroit. Autres petit détails qui en disent long et que certains passent sous silence. Les Londoniens en goguette sur Manchester s' étonnèrent d' abord qu' à l' entrée de l' Haçienda tout les looks étaient acceptés. On pouvait rentrer en basket et tant pis si les pantalons traînaient par terre et avaient la fâcheuse tendance à s' élargir. D' abord au bas comme les bons vieux patte d' éléphant puis sur toute la longueur. Même les bobs avaient droit à se montrer et ne parlons pas des sifflets et des cornes de brume. Du coup un vrai métissage social et racial s' opérait. Un petit miracle à l' anglaise venant de leur bagage Post-Punk à mettre aussi au profit de la relecture situationniste de la clique de Factory Records. Factory à la fois largué au tout début mais très vite à la pointe de l' attaque. Les proprets étudiants aux looks rockabilly et travaillés fans des Smiths et des Cure laissèrent la place aux noirs fans d' hip hop et aux scallies échappés des stades avec leurs fringue casual et adeptes de la toute récente House et du bon vieux funk. Les concerts alors majoritaires firent de même laissant les soirées plus dansantes devenir la norme suite au succès des soirées Nude de Max Pickering. Pour le live et l' indie rock plus classique l' International prendra le relais. Un groupe aura connu les deux époques de gloire du bled et les changements de l' Haçienda. Faut dire qu' ils étaient proprios et épongeaient les dettes un peu à leur insu. Magouille typiquement Wilsonienne (Tony Wilson). Un groupe qui a traversé le punk avec son post puis Madchester. Un vrai groupe moderne, plus important que les Smiths parce que contrairement à ces derniers, ils nous ont apporté le futur. New Order. Pas un hasard donc que ces grands curieux après avoir explorer le New York dansant et bigarré du début 80's et sentant la montée acide venir décident en 1988 de ressortir leur titre révolutionnaire vieux de 5 ans sous une forme nouvelle, "Blue Monday 88". L' art du remix prend également de l' ampleur en 88. Faut dire qu' ils ont été bien aidés en celà par un dénommé Bez fortiche en chimie (quand lui décerne-ton le prix Nobel?). Les New Order passeront une partie de 88 à Ibiza, y croiseront une icone velvetienne en passe de mourir, se gaveront de tout ce qui passera sous leurs nez et pondront leur album le plus acide et réussit, "Technique". "Fine Time" avec sa pochette si caractéristique de l'instant clôturera l"' année. Et pour conclure avec Madchester imaginez ce que cette ville de province qui avait déjà tant offert en musique fut capable de lacher à la face d'un pays et d'une capitale qui la méprisait depuis trop longtemps. Trois singles légendaires aux énormes conséquences à long terme, "Elephant Stone" des Stones Roses , "Wrote for the luck" des Happy Mondays et "Voodoo Ray" de A Guy Called Gerald échappé des 808 State. L' acid house va être sur toutes les langues. Sens propre comme figuré. Il a même un visage ce truc-là, un visage jaune et souriant. Très vite il va se retrouver dans la rue. Dans toutes les cours de lycée. L' évolution stylistique de ces musiques issues du disco semble subir une fantastique accélération. Le "Move your body" de Frankie Knuckles n'a pas un an que déjà sa House se voit virer acide sous les mains de Dj Pierre pour l' essentiel "Acid Tracks". Les Rolland TB 808 et 303 seront les équivalents des guitares 60's pour la fin 80's et les débuts 90's. Si en 1988 ce visage se contente des "petits" formats, single et maxi 45 tours son influence va dépasser sa petite sphère. Les noms des Mr Fingers (Larry Heard), Armando, Maurice, Black Riot etc etc vont devenir des références absolues jusqu' à présent. Les disques Trax Records seront des sésames et en quelques semaine Chicago et Detroit n' auront plus le monopole mondiale de la création en musique "électro". The KLF balance la première version de son "What Time Is Love", S'Express va succéder à M/A/R/R/S . L' indie britannique va donc se souvenir après la Mancunienne qu' elle est née sur les cendres d' un post punk grand amateur du mélange stylistique et de la danse. La "blanchiment" du rythme venu avec les Smiths cessa un instant. On se retrouva le goût de danser. Un vieux grigou "post tout" justement l' avait repéré le machin qui monte, un grigou bien plus visionnaire que l'autre andouille, Genesis P Orridge avec ses Psychic TV (Jack The Tab). Evidemment ça finira avec une grande gueule de bois. Toujours mieux que la lobotomie actuelle. L'une des première rave organisées sur Manchester filmée par Tony Wilson himself...une liste d' invités ...irréelle. Un document historique! C'est quoi une mixité dans un club? C'est quoi quand il se passe un truc énorme? Ben ça! L' un des premiers raportage sur l' Haçienda et A guy Called Gerald. Malgré la vidéo pourri on sent immédiatement le frisson que peinent à rendre tous les live dispos des festivals d' été actuels. C' était le bon vieux temps où les musiques populaires jouaient un bien plus grand rôle dans nos sociétés. Pas un simple divertissement dénué de fond et de revendications. Un déguisement culturel à peu de frais. TOP ALBUM 1988 1. SONIC YOUTH Daydream Nation 2. PUBLIC ENNEMY It's take a nation of millions to hold us back 3. NICK CAVE & THE BAD SEEDS Tender prey 4. 808 STATE Newbuild 5. MY BLOODY VALENTINE Isn't Anything 6.TALK TALK Spirit Of Eden 7. MR FINGERS Amnesia 8. THE HOUSE OF LOVE The House Of Love 9. HAPPY MONDAYS Bummed 10. N.W.A Straight Outta Compton 11. PIXIES Surfer Rosa 12. JACK THE TAB Acid Tablets Vol1 13. LEONARD COHEN I'm your man 14. MORRISSEY Viva Hate 15. DINOSAUR JR Bug 16. JUNGLE BROTHERS Straight Out Of Jungle 17. THE GO BETWEENS 16 Lovers Lane 18. GALAXIE 500 Today 19. THE SUGARCUBES Life's to Good 20. ULTRAMAGNETIC MC'S Critical Beatdown 21. A.R. KANE 69 22. RAPEMAN Two Nuns And A Pack Mule 23. THE CHURCH Starfish 24. PREFAB SPROUT From Langley Park To Menphis 25. COCTEAU TWINS Blue Bell Knoll UN LABEL A SON APOGEE TRAX RECORDS LA REPRISE MEILLEUR QUE L' ORIGINAL CICCONE YOUTH Into The Groove(Y) TOP EP & SINGLES 1. MY BLOODY VALENTINE You Made Me Realise 2. THE KLF What Time Is Love (Pure Trance 1) 3. THE LA'S THERE SHE GOES 4. A GUY CALLED GERALD Voodoo Ray 5. THE STONE ROSES Elephant Stone 6.FINGERS INC. Can You Feel It 7. HAPPY MONDAYS Wrote For The Luck 8. NEW ORDER Fine Time 9. MAURICE This Is Acid (A new dance craze) 10. PALE SAINTS Barging into the presence of god 11. PHUTURE We Are Phuture 12. THE FALL Big New Prinz 13. BLACK RIOT A Day In The Life 14. HUMANOID Stakker Humanoid 15. Ex aequo S EXPRESS Theme From S Express ARMANDO Confusion's revenge MONUMENT HISTORIQUE Quand un ange déchu refait surface. On le disait cinglé, fini, foutu et laissé pour mort dans les bras d'un docteur maboul. Les trois premières constatations étaient quasiment justifiées mais la dernière ne pouvait que se révéler fausse. Les anges sont immortels. La voix est cassée, approximative, larguée parfois. La production? Du n'importe quoi. Seulement voilà, quand on s' appelle Brian Wilson, même dans un état pitoyable, on reste un génie. "Melt Away" est beau à chialer malgré tous ses défauts et rejoint "Still i dream of it" au panthéon Wilsonien des diamants non policés. Il y a parfois de ces disques que l'on affectionne que pour une seul et unique chanson. BRIAN WILSON Brian Wilson fRENCHY BUT CHIC Et la France dans tout ça? Comme d' hab, larguée. Engluée dans son "rock alternatif" Seul rayon de soleil: MANO NEGRA Patchanka BONUS 1988 a lancé Madchester et le son baggy, cette réappropriation du groove par des petits blancs guitareux. Deuxième Playlist spéciale Madchester/Baggy avec les classiques du genre. Beaucoup des groupes issus de Manchester ou sa proche banlieue mais pas que, ce son influença des cadors venu de bien loin (Blur, My Bloody Valentine, Primal Scream, Saint Etienne etc etc).
- AMNESIA SCANNER, ce monde cataclysmique qui est le notre.
Le très attendu premier album du duo finlandais Amnesia Scanner déboule et va être l'une des claques de la rentrée. Une claque tant sonore qu' artistique. Philosophique et politique? Aussi ! C 'était prévu, maintes fois ici je vous l' annonçait, et bien ils l'ont fait! Probablement l' une des formations électro expérimentale les plus pertinentes parmi les plus modernistes qui en même temps, avec "Another Life", va évoquer des chocs musicaux d' antan par ses effets sur votre cerveau. L' histoire avec eux semble être un éternel recommencement et pourtant, elle poursuit une course effrénée vers un inconnu dont les deux gars osent éhontément nous offrir des clés de secours. Si vous voulez savoir ce qu' à fait aux gens de l' époque de se prendre Cure ou Nirvana, le punk et l' indus, Salem ou Burial plus proche de nous en 2018, de ces disques terribles dans tous les sens du terme parce que définissant parfaitement leur époque et ses affres, c' est "Another Life" qu'il vous faudra affronter. Il y a longtemps que Ville Haimala et Martti Valliala squatent ce blog. Allez voir par là par exemple. Sinon que vous dire en guise de présentation rapide sur l' un des duos les plus essentiels pour comprendre notre présent musicale? Qu' il s' agit encore une fois dans ce blog de champions de la déconstruction de tout un pan du passé des musiques de club. De leur hybridation avec bien d' autres genre tel l' indus, la noise, le r'n'b etc etc. Des enfants crados de Jam City passés par le Club Janus ou des cousins éloignés européens des Oneohtrix Point Never et James Ferraro ricains. Mais plus encore. Depuis 2015 et le Ep inaugural "Angels Rig Hook" Amnesia Scanner par sa musique est l'une des formations qui brosse notre époque d'une manière les plus pertinentes. La schizophrénie de ce monde qui en veut toujours plus mais qui frôle de plus en plus le cataclysme climatique et politique trouve chez eux la meilleur des évocations. Les beats vous cognent littéralement la cervelle et des synthés poussés au maximum de leur possibilités vrillent ce qui en reste en plus de tous les autres organes de votre corps. Tout au long de "Another Life" comme à chacune de leurs sorties précédentes nous nous retrouvons face à la même chronique apocalyptique que nous déversent à profusions chaque jours les médias et les réseaux sociaux. Mais celle-là au lieu de donner la nausée et pousser au retranchement s' avère totalement jubilatoire et salvatrice. C 'est que chez Amnésia Scanner il y a de l' espoir voir même une solution musicale quand on daigne s' y plonger sans retenue. Ce n 'est pas du bruit moderniste TOC comme certains l' ont trop rapidement jugé. Cette solution, une parmi d' autres, n' a pas pour l'instant la majorité dans cet univers où le vintage et la redite monopolise quasiment tout. Mais nous l' avons déjà croisé chez Oneohtrix Point Never, le post-dancefloor et surtout Holly Herndon qui avait collaboré avec les Amnésia sur un des titres de son gigantesque et révolutionnaire "Platform" . Pour eux comme les autres la technologie malgré certaines mauvaises utilisations peut encore redéfinir les conceptions de l' humanité en musique. Eux parlent d' Avant EDM. D 'autres avancent le terme de Noise ambigu et stroboscopique. C 'est la dernière définition qui a ma préférence mais il faut préciser en quoi leur musique semble vicieuse voir perverse. Amnesia Scanner, apparu à la même époque, ont des façons de faire très proches d' autres concepteurs sonores tel un Arca ou surtout Sophie et s' inscrivent donc dans la même lignée. Comme chez Sophie on retrouve les aspects les plus magnétiques et caricaturaux de la dance-pop commerciale mais façon punk et agressive. Toujours comme chez la producteur/trice écossaise leur musique est livrée via une cybernétique assumée et branleuse sans aucunes pudeurs tel les punks des temps anciens avec leurs guitares crado et pataudes après les belles manières prog et hippie. Encore une fois on se retrouve face à l'une des peintures les plus aboutis du climat sociopolitique contemporain. Tout/tous sont capable de chavirer dans un sens ou l' autre. D' un camp à l' autre. Et Amnésia Scanner de partir en quête du restant d' humanité dans les puces informatique afin de le situer. Il y a trop longtemps que les guitares ont cessé ces recherches se contentant de nous offrir des pastiches parfois sincères mais totalement inappropriés sauf pour certains artefacts à deux pattes perdus dans un passé chimérique. A grand coup de nu-métal, de touches électro-punk, de grime encore plus sale et vulgaire que l' original, ils nous livre une parfaite combinaison éclectique à mille-lieu des niches stylistique et des entourloupes en matière de de crossover faisandés. Une nouveauté apparaît dans cette album. Les Amnésia Scanner flirte encore plus éhontément avec l' ambiant. Pour les fans de la première heure ce n' est qu'une demie-surprise tant certaines senteurs dans leurs mixtapes et passages dans leurs singles pouvait l' évoquer. La noirceur gothique de l' ère glaciaire du début 80's se dévoile aussi par un aspect plus apaisé et semble être la seule et unique trace du passé réellement identifiable avec le titre "Chain" et ses manières très Cure période trilogie. Si nous ne savons toujours pas qui est Oracle et sa voix venue de nul-part tant les Amnesia poussent des limites rarement atteintes en matière de manipulations sonores, une bonne surprise pour les lecteurs du blog est la présence par deux fois de leur collègue du label PAN, Pan Daijing. Avec "Another Life" il est sûr que l' on n' a pas fini de débattre sur le cas Amnesia Scanner. Certes c' est un disque hautement clivant comme peuvent l' être ceux de Sophie ou Lotic mais également un disque au fort pouvoir éclairant sur certaines contradictions de notre monde comme celles de bon nombres d' auditeurs perdus dans le vintage. Un de ces disques qui peuvent changer le regard de l' auditeur jusqu'à créer dans son imaginaire de passionné une de ces bornes qu' il chérira longtemps.
- PROC FISKAL, grime moderne d' Ecosse * (*): Celle de Mogwai & Boards Of Canada of course.
L' an dernier l' Ecosse nous offrait une magnifique et prometteuse pépite électro en la personne de Lanark Artefax. Avec ce petit génie il était question d' une IDM remise au goût du jour sonnant réellement moderne et surtout pas vintage. En 2018 ce petit pays en superficie mais si gigantesque par sa musique remet ça en nous offrant un autre petit génie. Mais ce coup-ci pas d' IDM new look, quoique (on verra plus loin), mais un Grime instrumental lui aussi totalement revu et corrigé fruit de notre époque. Un Grime venu de si loin qu' il est susceptible de redéfinir les canons du genre. John Powers n' a pas 21 ans, nous vient d' Edimbourg et le moins que l'on puisse dire c' est qu'il a tout pour plaire à ce blog. Fan absolu de Grime il préfère néanmoins laisser de côté ses aspects bestiaux et percutants pour en délivrer une version plus légère et chaleureuse. Parfois perçu comme trop agressif et combatif le vieux machin se dévoile entre ses mains plus cordial, biscornue et épique. Un vieux genre subissant un si puissant relifting, on signe toujours par ici. Ses aspirations pour son Grime sont aussi un point qui évoquera bien des passions partagées ici. Sous le pseudo Proc Fiskal le jeune homme rend le grime plus cérébral et introspectif à mille lieu de la joute verbale et des bombages de torses d' autrefois devenus si caricaturaux avec le temps. Purement instrumentale (c' est à dire sans MC), sa démarche n' est pas sans rappeler celle de certains autres génies tant adorés par ici. Si on en est loin par certains aspect le grime de Powers s' inscrit dans une lignée parallèle du Weightless de squatteurs du blog, les Logos, Mumdance, Rabit, Mr Mitch, Visionnist, Raime tout récemment et la dernière révélation du genre en date, Chevel. Si la clique et les proches de Differents Records n'ont eut de cesse de creuser le sillon dystopique du Grime en raréfiant les beat et en rendant les sons et la production fantomatiques, l' écossais quant à lui passe par une toute autre technique mais atteint lui aussi une sorte de rapprochement par instant avec l' ambient à travers la notion de paysage sonore éloignée du grime originel. Là où l' univers d' un Logos évoque l' espace et la science fiction celui de Powers pourrait s' apparenter à la BO d' une film fantastique limite baroque. Comment s' y prend alors le jeunot pour la rénovation du Grime? Surtout si on rajoute qu' il use et abuse de sample évoquant une certaine nostalgie car provenant des jeux vidéos 16 & 8 Bits encore plus vieux que le Grime lui-même. Nostalgie encore plus accrue car ces bipp sonnent franchement comme des rappels à l' oeuvre du roi Aphex Twin. Je vous l' avais dit plus haut, de l' IDM il en est tout de même un peu question comme chez Artefax. Quel est sa recette? Et bien c' est très simple, surtout si vous êtes un lecteurs fidèle de ce blog. Le gamin brille par ses étonnantes trouvailles rythmiques qui bousculent le classicisme Grime. Enfin étonnantes pas tant que ça car si on veut mieux comprendre il faut s' attarder sur les BPM. Dizzy Rascal et compagnie les avaient poussé à 140, Proc Fiskal/Powers les booste à 160. Et 160 BPM avec une rythmique jouant sur la polyrythmie et la surprise ça ne vous rappelle rien? Le Footwork bien sûr ! Powers est aussi un fan de RP Boo. L' inventeur du dérivé de Juke auquel j' ai consacré encore récemment un top. Cette accélération du rythme et les trouvailles en provenance de Chicago sont bien les clés qui lui ont permis de changer le sens de la cinétique grime. Il y avait bien un risque à sonner trop vintage et de là à trop jouer sur la nostalgie des fans de Mario ou de Rascal et Aphex Twin mais l' écossais peut être roublard et Powels ne déroge pas à la règle. Question sample par exemple les 16 bits croisent les notifications des Smartphones et celles des réseaux sociaux. Ce qui nous amène à deux des principales raisons qui font de Proc Fiskal un projet moderne non nostalgique du passé musicale et donc encore une fois deux affinités fortes avec ce blog. D' abord le sujet dont il traite à travers un Grime mutant. Le monde numérique qui est le notre. De son influence émotionnel et ses manipulations. Powels nous parle du même monde qu' un James Ferraro ou Oneohtrix Point Never. Ensuite, l' autre affinité, c' est dans ses interviews qu' elle se dévoile : "Je pense que la nostalgie nous tue tous" Et oui, le mioche n' aime pas ce qui radote en musique. Pas plus qu' il n' est aveugle et passif face aux dangers et manipulations numériques du présent. Il est malin et use d' une stratégie démoniaque pour faire fuire le chaland nostalgico-gaga tout en critiquant ce qui risque de dégénérer à l' avenir. Ni reclus dans le passé, ni dans la passivité du benêt. "Les sons des médias sociaux et des notifications sont conçus pour libérer de la sérotonine, ce que j' aimerai que ma musique fasse(...), en utilisant ces bruits manipulateurs de manière positive, j' aime à penser que je récupère le pouvoir de la manipulation" Ainsi il multiplie les informations les plus diverses et variées voire contradictoires en direction de l' auditeur afin de le perdre. Il entrechoque les époques et les souvenirs musicaux "pour foutre en l' air leur cerveau nostalgique". Le but est atteint largement. Qui aurait penser un jour tomber sur le croisement réussi entre le "i luv U" de Rascal, le reggaeton d' Equiknoxx et Ryuji Sakamoto comme c' est le cas sur "Dish Washing". Cerise sur le gâteau et dernière raison pour que DWTN adore ce mec, une raison un brin contradictoire en apparence puisqu' elle peut être affiliée à de la nostalgie doublement. Par ses emprunts à sa culture écossaise comme son folklore musical ou ses dialectes présent sur le disque ou ce goût affirmé pour une certaine mélancolie et tristesse, il se pose en successeur de gens un peu ou franchement éloignées stylistiquement, Boards Of Canada et ...Mogwai!!! Il les évoque. Il s' inscrit dans leur succession à eux aussi. Mais de la meilleur des manières. Celle d' un jeune écossais de 2018, lucide et bien dans son époque en cherchant à la décrire et nous avertir de ses dangers. Un jeune prodige suffisamment talentueux et original, mais aussi respectueux et fin connaisseur de ses anciens et du passé, afin de ne pas faire dans le recopiage stérile et nous offrir ainsi une de ces si rares mutations susceptibles de changer réellement la donne pour un bon moment.
- LAUREL HALO en mode minimaliste.
Laurel Halo sera à l' avenir considérée comme une artiste majeur, si ce n'est culte. C' est une évidence. Depuis ses débuts en 2011 elle nous a offert une carrière suffisament solide et enthousiasmante pour que sa côte d' amour auprès des fans de musique ne cesse de croître jusqu'à atteindre un statut d' icone voir d' intouchable. Un destin semblable dans la notoriété à celui d'un Arthur Russel si proche dans l' approche aquatique de la musique, l' aspect dramatique de la disparition précoce en moins. Halo n' a pas d' oeillères. Halo ne se repose jamais sur ses lauriers. Halo est en évolution et perpétuelle remise en question. Halo a un courage et un sens de l'intégrité artistique rares. Halo est incapable de faire dans la redite. Mais surtout elle est une magicienne. Comment surprendre à chaque fois? Comment refroidir ou bousculer l' auditeur puis le charmer irrémédiablement par ses sorties? Toujours être juste et autant aventureuse? Un an après "Dust" et sa pop étrange venue d'une planète lointaine à dominante aquatique où pouvait-elle encore aller? Dans quelle dimension seraient propulsés ses beats submergés, ses esquisses de voix ensorcelantes, et ses synthés décolorés mais toujours transcendants? Pour les retardataires revenons à cette putain de carrière qui peut servir de graal absolu pour quiconque veut échapper au ronronnement artistique et aux fatidiques niches stylistique provenant de la sénélités. Partie de l' expérimentation la plus pointue la voilà qui croise le chemin de deux génies, Daniel Lopatin et James Ferraro pour la collaboration FRKWYS Vol.7 en 2011. Fatalement elle plongera dans l' hypnagogic-pop et commencera ses aller-retours entre pop et avant-garde parfois difficile mais souvent en gardant comme fil d' Ariane ses aspirations ambients et son héritage familiale résumé dans une passion pour "TOUS" les jazz. Le très Oneohtrix Point Never "Antenna" tatera du New Age et de son électronique progressive. Avec le ep "King Félix" (son autre pseudo) elle offrira ses visions détonantes de la synth-pop et la dream-pop. "Le premier chef d' oeuvre, le ep "Hour Logic", dévoile la même année l' ouverture d' esprit gigantesque de la belle. Ce coup-ci c'est le dancefloor qu' elle fait muter. Les gènes de la techno, de la house, du breakbeat et même du footwork (l'une des premières à s'y attaquer), subissent une transformation digne des expérimentations nucléaires les plus sidérantes. "Behind the green door" remettra ça en 2012 quand "Quarantine" se teintera d' IDM pour propulser ses nouvelles envies pop dans un autre monde aquatique. Un an après c' est son amour irraisonnable pour tout ce qui touche à l' histoire techno de Detroit qui subira ses foudres de déconstruction et la rapprochera un temps d'un Lee Gamble. "In situ" en 2015 dévoile ses tentations microhouse et "Dust" avec sa petite consécration médiatique offrira pour très longtemps un disque exemplaire en matière de monumentalité et de richesse. En 2018 Halo opère encore un virage à 90° avec une réussite totale. Retour à une certaine abstraction et la pop disparaît au profit d' une expérimentation lorgnant sur l' électro-acoustique et même le glitch. Et bien accompagné qui plus est puisque l'on retrouve le violoncelliste Oliver Coates et le percussionniste Eli Vesyler. Dans "Raw Silk Uncut Wood" plus une seule trace de voix. Dans le premier titre du même nom que le disque ce sont deux seules notes d'un clavier qui nous guident pour ensuite nous abandonner dans un désert ténébreux. A l' autre bout c 'est une bande originale d' un film noir et horrifique qui nous cueille ("Nahbarkeit") tout en nous remémorant les récents travaux de Leyland Kirby acclamés par ici ("We, so tired of all the darkness in our lives"). Entre, on trouve un piano qui tangue dans une inquiétante obscurité jazzy ("Mercury"), on ausculte un autre piano jusqu' à ses entrailles puis une électronique glitch venue de nul-part nous hypnose. Selon Halo ce disque traite de la pleine conscience et c' est exactement de ça qu' il s' agit en terme de ressenti pour l' auditeur. Halo n' a pas son pareil pour l' amener à un degré d' attention d'une intensité rare. Il examine chaque son, la moindre variation ou apparition et disparition. Plusieurs écoutes et nous voici apte pour observer sur notre âme et notre corps les effets cachés de sons trop souvent noyés ou ignorés par ailleurs. Laurel Halo en à peine quarante minute nous éblouit encore une fois et sidère par sa vision intelligente et son art d' une immense originalité. L' américaine exilée à Berlin continue de tracer sa route et ainsi de devenir l'une des artiste phares de la décennie écoulée et ce pour un encore très grand nombre d' année.
- LOTIC, la confirmation.
C' était évident. Le premier album du résident Berlinois ne pouvait qu' être une gifle comme le fait que DWTN se jette dessus et ponde une chronique dythyrambique. Lotic revient sans cesse dans ce blog depuis 4 ans. Soit directement pour ses sorties discographiques (classées systématiquement) ou indirectement. En effet musicalement Lotic appartient en effet à toute cette musique d' avant-garde futuriste dont je ne cesse de vous rassasier. Cette antidote suprême à tout les revivalismes polluants pour nos oreilles. Pote de Rabit et M.E.S.H. au sein du crew Janus il est bien sûr dans tout les coups quand le terme Post-club et déconstructivisme sont cités même si il réfute maladroitement l' étiquette. Il est vrai que sa musique et ses comparses va beaucoup plus loin. Il est aussi souvent question dans ce blog de questionnement sur le genre et d' identité sexuelle (Arca, Elysia Crampton), de l'humanité et technologie avec leurs interactions (OPN, Holly Herdon), de l'influence artistique et autre d' internet (SOPHIE, PC Music), de ce monde inégalitaire et pourrissant provoqué par un pouvoir suicidaire et oppresseur (NON Worldwide, Klein, Yves Tumor). Pouvoir de l' argent mais aussi celui imposant les normes des uns aux différences des autres. Le premier album de Lotic s' appelle justement "Power" et dans ce dernier il n' est question que de ça. J Kerian Morgan a pris son temps pour nous offrir ce petit chef-d' oeuvre de modernité et d' humanité. Faut dire que la vie ne l' a pas trop épargné depuis 2015 date de ses deux premiers trésors, l' ep "Heretocera" et la mixtape "Agitations". Du jour au lendemain il s' est retrouvé sans abrits, lui qui déjà se sentait si mal logé dans son propre corps. "Power" s' est donc fait en plusieurs fois selon les opportunités et les coups du destin. Une gènése à l' image de notre monde où tout peut basculer dans un sens ou un autre à tout instant sans que l'on soit réellement et continuellement maître de nos destins. L' originaire de Houston décrit son disque comme une "exploration large des nombreuses façons dont le pouvoir peut être exprimé et vécu". Et si il y a pouvoir, il y a force. Et si il y a force d' un côté ce qu' il y a fragilité de l' autre. Les changements soudains intervenants dans de nombreux titres l' illustre parfaitement. La force du pouvoir alterne avec des notes d' espoir et de fragilité. La grande leçon de "Power" c' est le fait que ce que nous considérons comme faiblesses peut très vite se révéler comme le terreau de nos forces à venir. L' art de la déconstruction chere à Lotic ,tout comme à un Lee Gamble ou Elysia Crampton, dévoile ainsi que dans ce monde s' effondrant dans un gigantesque chaos de nouvelles identités apparaissent, de nouvelles opportunités tout comme de vieilles histoire longtemps enfouies. Rien, personne, ne doivent être négligés. Passés sous silence. Et il faut veiller à ne pas les laisser disparaître. Les faiblesses, les blessures qui font mal et aussi ce qui passait pour des plantages. Ils se révéleront fort utiles. Ce sont les socles du futur radieux ou tout au moins bien moins dystopique. Ici tous les styles ont leur place. Le R'n'b se teinte d' industriel croise le souvenir du bon vieux Gospel , les jeux vidéos tutoient le Heavy Metal comme chez Lopatin. L' électronique la plus abruptes fricote avec le tout venant des pistes de clubs. Des bruits robotique glaçant précèdent des violons lyriques qui laisseront la place à une voix fragile psalmodiant au milieu du fracas du monde. Ce disque s' intitule donc le Pouvoir. Le "leur" et le notre. Le notre que nous négligeons trop aveuglé par les démonstrations implacables du leur. Le pouvoir de notre corps par exemple même quand on veut nous le faire prendre comme une tare définitive ou une anormalité. La musique de Lotic comme celle de ses congénères modernes est celle qui exprime le mieux ce corps. Elle en témoigne comme cela ne l' avait plus vraiment été le cas depuis trop longtemps en musique populaire tant le revivalisme affadit malgré tout ce dont était porteur les musique du passés régurgitées à leur apparition. Depuis toujours les peuples luttent contre les forces négatives, réelles ou imaginaire, par la musique. Ce que longtemps certains ont voulu n'y voir que musique artificiel, froide, sans âmes, est en train avec cet artiste et tant d' autre , de dévoiler une humanité gigantesque susceptible de lutter solidement. Ils accusèrent les nouvelles technologies d' inhumanité et préférèrent se borner aux anciennes. En 2018 les sorties discographiques nous prouvent tout le contraire. Des pelletés de disques "faits à l' anciennes" qui peinent de plus en plus à cacher les faiblesses de la redite. Le rinçage du temps sur les formes anciennes d' art musicale. Il y a bien sûr des exceptions. Ce disque est truffé de mantras pouvant servir de baume et de cri de révolte. Dans ce qui est nommé Post-club et qui peut pouvait par instant rebuter à force de d' abstraction sonore créant un sentiment d' asphixie il y persiste malgré tout l' aspect tribal et rituel revigorant. Lotic comme tant d' autres avant-gardiste (Oneohtrix Point Never, SOPHIE) use de polytrythmies longtemps dédaignées par l' occident iméprialiste. Il sait à présent utiliser sa voix afin de confirmer que cette musique est l'une des plus émotionnelles et porteuse d' humanité du moment. Après SOPHIE et le relatif succés critique de OPN Lotic ne se contente plus de toquer à la porte des cloitrés du passéisme, il défonce les vitres et y propulse la modernité et la lucidité qui y manquait tant.
- LET'S EAT GRANDMA, quand la pop adolescente ridiculise l' indie vieillote.
On les a vu venir de loin ces deux gamines de Let's Eat Grandma. Les 17 ans à peine sonnés elles nous avait offert un premier album intéressant malgré les défaut inhérents à leur jeune âge. Deux ans plus tard leurs détracteurs indie ne voyant dans ces deux copines de maternelle qu' une énième arnaque de l' industrie musicale vont déchanter à l' écoute "I'm all ears". " i Gemini" en 2016 avait rappelé les souvenirs de Coco Rosie pour le côté folk accentués d' un zeste de Gang Gang Dance pour l' électronique fofolle. J' oserai même dire que ce premier disque offrait une version attachante de Tropic Of Cancer en mode pop pour ado. De toute façon de tout temps certains ado ont toujours kiffé l' étrangeté et le malaise gothique très présent sur "I Gemini". Les deux petites pestes n' hésitant pas à en rajouter en se revendiquant être des sorcières. Humour ado ayant la capacité à agacer les poseurs se prenant un peu trop au sérieux sans parler d'un touchant jeu de scène répété dans leurs chambres axé sur la caricature de l' excentricité et la douce provoc alliée à l' enthousiasme propre à leur période de la vie. Les deux originaires de Norwitch passent l' échelon supérieur. Je dirai même qu' elles ont sauté des classe laissant loin derrière la pelleté de groupe synth-pop polluant l' espace vicié de l' indie traditionnelle. Même pas encore 20 ans mais elles peuvent donner des leçons de maturité, d' éclectisme et de créativité à bon nombre de trentenaire ou quadra pilleurs du passé. Qui plus est "I'm all ears" apporte la confirmation que ce sera une formation en perpétuelle évolution. Un groupe si porté sur la modernité et l' authenticité qu 'elles feront passer toute la pseudo scène pop indie pour de vieilles mégères renfrognées et réac, Florence & The Machine en tête de liste of course juste devant la franchise commerciale Beyonce. A la grosse différence de la référence Coco Rosie longtemps accolée les deux gamines vont bien plus loin qu' un seul et unique style. Mieux. Elles pioches dans de nombreuse époque jusqu'à parfois fréquenter le futur parfois et s' inscrire surement dans le présent. Il semble que bien sûr à leur âge on ne sait pas trop ce que l'on veut mais même si cette vision encore caricaturale va leur coller à la peau on peut franchement affirmer qu' elles savent ce qu' elles veulent dans un sens, ne pas choisir justement. Ne pas se borner. Le cul entre deux chaises à l' image de deux des collaborations présentes sur le disque. On retrouve le rat de discothèque un brin progressiste Faris Badman de The Horrors mais aussi l' ultra révolutionnaire moderniste SOPHIE dont on parlait récemment. Un autre tuteur à la production fait le lien entre ces deux visions, David Wrench (Frank Ocean, The XX et FKA Twigs. Chacun des noms connus apportent sa petite touche à une oeuvre qui n' en avait pas vraiment pas besoin à ses origines mais servira à l' avenir de bornes afin que les gamines ne s' égarent pas trop. Par exemple on peut rapprocher à The Horrors la collision stylistique des épopées de longue haleine du très indie-prog virant au post-rock " Cool Collected" et de la pépite House-Indie pop"Donnie Darko". La vision ouverte aux nouvelles technologie de SOPHIE et de récentes nouvelles approches en pop mainstream se font ressentir dans la production tout au long de l' album. "Hot Pink" ne jurerait pas en modernité sur le récent chef d' oeuvre de Sophie et "It's Not just Me" avec "Falling Into Me" par leur petites audaces enjouées et gratifiantes vont aller titiller la grande soeur Lorne. Maintenant que je viens d' écrire son nom il va falloir vite mettre les points sur les i. Let's Eat GrandMa a certes des points communs avec Lorne et ses trésors pop de 2017 mais franchement on est en présence ici de toute autre chose que des suiveuses. Seule la pop sert de lien stylistique. Par contre si les thématiques abordées dans les textes sont bien sûr proche de par leurs âges respectifs on se retrouve pas non plus à du copier-coller. Les deux filles délaissent un temps leurs délires de Contes de Fées omniprésent sur "I Gemini" et abordent la féminité puis nous parlent quête de la maturité, exploration et féminité. Leur travail d' introspection est à la fois naïf mais aussi pervers et délicat jusqu' à par la suite opérer une bienvenue ouverture sur l' extérieur. Deuxième effort et déjà l' assurance que nos deux gamines peuvent faire espérer pour la pop indie un avenir franchement bien meilleur que celui offert par les fossoyeurs de l' esprit moderniste au garage, au rock ou à l' électro bégayeuse des 90's. Le disque pop parfait pour l' été voir plus longtemps. On est pas sérieux à 20 ans. A 40 passé aussi et du coup on remet ce trésors de "Donnie Darko" une deuxième en version live avec jeu de scène excentriquement adorable et touchant.
- SOPHIE, Modern Pop.
J' étais ressorti à la fois enthousiaste et un peu frustré face à la compilation de singles "Product" en 2015 offerte par Sophie. Disque suffisamment génial pour être classé 9ème du top DWTN comme l' avaient été certains de ses singles précédents mais en même temps on savait que Samuel Long (son identité de naissance) pouvait aller encore plus loin. Déjà on percevait derrière l' esthétique K-pop et bubblegum trompe-l' oeil un sérieux bagage musical et une volonté affirmée d' innover pour prendre les chemins de traverses tout en rendant hommage à une certaine pop mainstream. Et puis il y avait un petit détail. De ces petits détails aguicheurs qui peuvent vite devenir sujet de déception par effet boomrang. Sophie dans ses rares interviews avait balancé une de ces références artistiques qu' il est bon de citer quand on se la pète. Un machin à la fois attirant et bien casse-gueule dans la bouche de la dernière hype quand est venu l' heure de passer à l' acte. Elle revendiquait le plus simplement du monde être fan d' Autechre et dans une moindre mesure des riches heures de l' IDM. Les senteurs glitch lié au duo anglais et à la clique Warp des débuts apparaissaient bel et bien à ceux qui passaient outre l' aspect "artificiel" et "Madonnesque" de ses premiers titres. Mais Sophie était-elle capable d' aller encore plus loin dans l' art du mélange des genres afin d' éviter la redite ou l' entourloupe arty tout en égalant ses illustres anciens? "Oil of every pearl's un-insides" se révèle être la réponse la plus cinglante aux pessimistes et autres sourcilleux de 2015. On est très loin d'un exercice devenu conventionnel une fois passé la surprise des premières rencontres originelles. D' abord parce qu' elle accentue le brouillage. Pop commerciale ou électronique d' avant-garde ? La balance atteint l' équilibre le plus parfait entre les deux. Un équilibre si rare ces temps-ci. On pouvait craindre qu'elle finisse par pencher un peu trop du côté mercantile mais à l'image de sa collaboration avec le lèche-botte Diplo sur un titre de la Madonne Sophie a une personnalité et une vision assez fortes pour de pas tomber dans le compromis flasque. Mieux même ! Un autre artiste venu quant à lui de l' underground encore plus pointilleux et moderne qui soit s'y est également risqué récemment. Et c'est pas rien de l' annoncer, mais à tous ceux qui ont été un brin déçu par le virage commercial d' Oneohtrix Point Never, le très bon virage tout de même (on y reviendra), je ne peux que les encourager à vite se ruer sur la dernière oeuvre de Sophie. Ils y trouverons peut être la dose de surprise et de réussite qu'il semble manqué par instant aù Lopatin cuvée 2018. Ce disque, déjà l'une des très grandes réussites offertes par 2018, risque cependant d'en laisser plus d'un sur le carreau. Ici, comme dans tant d' autres oeuvres chroniquées dans ce blog, au diable les conventions étriquées du goût. Le premier titre "It's okay to cry" franchement commercial si pas limite niais va perdre certains poseurs stylistique à l' esprit étriqué. Ce qui suit la chanson la plus faiblarde du disque part dans toutes directions sans que cela nuise à une certaine homogénéité. "Ponyboy" avec sa rythmique martial et ses glitch clinquants remémore à peine "Product" que le sommet "Faceshopping" assommera puis surprendra l' auditeur même le plus aguérri aux productions du pote de Sophie,A.G. Cook et son PC Music . Sophie fait ce qu'elle veut quite à taper dans l' héritage Trance avec la ballade "Is it cold in the water", les sonorités rock-FM chers à Daniel Lopatin ou les drones de l' ambient et de la noise/indus sur "Pretending". On la savait pointilleuse sur les textures on la découvre imaginative et diversifiée en matière de rythmiques pour accompagner son surréalisme clinquant. Tout au long de "Oil of every pearl's un-insides" la productrice née à Glasgow égale ses idoles Autechre dans l' art de la sculpture sonore faite à partir des formes d'ondes en lieu et place du simple échantillonnage. Comme celle de Booth et Brown sa musique marque les esprits par son aspect palpable, passant tour à tour des sensations liquides à solides, du chaud au froid, du caressant au claquant. Chez elle on comprend assez vite que la frontière entre la douleur et le plaisir est infiniment fine jusqu'à ce que ces deux poles d' émotions puissent se confondre. Entre acceptation de soi sur fond de sexe et d' identité, critique et reconnaissance de sa dépendance au consumérisme dominant, ce disque est le digne héritier un brin tapineur des oeuvres Vaporwave de James Ferraro et d' autres. Comme du Arca sous acide ou du Oneohtrix Point Never sous dopamine. Pop et expérimental, commerciale mais aussi "underground", aguicheur et sans compromis, "Oil of every pearl's un-insides" réussit en définitive à s'inscrire dans l' héritage d'un certain mainstream courageux et innovant malgré tout comme les Pet Shop Boys ou Depeche Mode autrefois. Sophie? La "vraie" pop moderne la plus parfaite de notre époque! Rien à voir avec le contenu d' un magasine français pas vraiment magique draguant sans cesse la nostalgie des quadras moutons du macronisme.
- BEACH HOUSE, le goût des premières fois.
L' indie music de mes 20 et 30 ans est en train de péricliter irrémédiablement. Le temps qui passe. Trop de revival faciles, trop de sales manies mainstream, trop de redite et si peu de "vraies" personnalités et d' originalité. Beaucoup de groupes apparus ces dernières années sont bons. Mais là n' est plus la question. "Je n' aime pas les disques que j' écoute" avait écrit un critique rock il y a 20 ans. En réponse à cette sentence je suis allé voir ailleurs et j' y trouve largement mon bonheur. Mais que voulez-vous, parfois, comme certains aiment à retourner sur les lieux de leur enfance, il m' arrive de refricotter avec certaines sonorités de ma jeunesse. Ils sont très peu nombreux les groupes "indies" a pouvoir encore vous foutre le frisson. A être capable à chacune de leur publication de nous remémorer par sa seule musique les émotions d'un amour naissant, de l'insouciance, de la mélancolie si salvatrice dans ce monde devenu si hideux. Ces disques beaux et réconfortant comme le sourire de votre enfant. Si certains peuvent faire illusion ou faire renaître le feu de notre jeunesse cela ne dure jamais très longtemps. Pourtant quelques uns perpétue ce qui tristement devenue une "tradition". Et Beach House est peut être l'un des plus beaux spécimen dans cette catégorie. Pour préparer cette chronique je suis tomber sur une prestation live sur une grande télé américaine. Pas de chichi, pas de jeu de scène en guise de poudre de perlimpimpim ou d'une pseudo authenticité rock ou poétique surjouée. Un guitariste à peine visible, un batteur sobre et une Victoria Legrand se contentant de faire ce qu'elle sait faire le mieux, chanter et nous émouvoir. LE groupe indie dream-pop 90's par excellence, timide et perdu dans ses rêves. Face aux grosses machines pseudo indie actuelles tel les Arcade Fire, Arctic Monckeys ou la pelleté de bégayeur garage Beach House apparaît comme la réminiscence absolue des heures de gloire de leur genre. L' anomalie dans laquelle nous nous retrouvons tous à un moment ou autre. Le truc revival dont on n'ose pas critiquer leur passéisme tellement les émotions passées semblent revivre. Les dignes héritiers des My Bloody Valentine, Mazzy Star, Slowdive, Sundays, Low, Galaxie 500, The Durutti Column, Moose, Pale Saints, Cocteau Twins etc etc. Chez Beach House rien ne semble bouger mais pourtant, tout surprend systématiquement. Si il y a changement ce n'est qu' à une vitesse d' escargot. Il n' y a qu' à observer leur lente progression et évolution depuis leurs débuts. Deux premiers albums charmeur tapant à la porte discrètement (l' éponyme et "Devotion", puis deux autres les installant sur la même marche que les glorieux aînés cités plus haut ("Teen Dream", "Bloom". Les deux suivant, "Depression Cherry" et "Thank Your Lucky Star" semblaient marquer le pas et la lassitude s' installait malgré une prise de risque timide à l'image de ce groupe. Ils et surtout nous, avions tristement conscience que la "recette" était définitive et risquait tourner en rond. Le charme toujours là mais en passe de devenir une habitude. Les rencontres avec le couple Scally/Legrand devenait l' équivalent des repas dominicaux familiaux. Mais parfois a-t-on vraiment envie d'y échapper. Le néant nous guette-t-il peut être en cas de révolution? Autant y revenir? Conscient de ça Beach House a changé ses habitudes, pas sa belle personnalité. Présence du batteur des tournées en studio, changement de producteur et pas des moindre. Sonic Boom des Spacemen 3. Encore une référence de notre jeunesse et des grandes heures.La sonorité dsobrement bien nommé "7" s' en ressent, plus pesantes, plus pêchues, plus directes. Le groupe nous offre peut être pas une remise à neuf ou un changement de cap à 180° mais au moins de belles intentions. L' envie d' ouvrir les fenêtres. D' être plus immédiat mais toujours autant énigmatique. Les inspiration surf pop ou autre des Jesus & Mary Chain sont plus assumée. L' héritage cinématographique de "tonton" Michel Legrand rarement autant sur le devant. Lynch n' a jamais aussi était aussi proche d' eux dans leur Los Angeles. Dans "7" Beach House offre une évidence toute simple que nous avions oublié au profit de la simple quête de refuge dans une époque idéalisée. Ces deux-là sont parmi les meilleurs songwritters de leur époque et sont à présenter comme le revers le plus classique de la même médaille Dream Pop 2.0. La belle Liz Harris avec Grouper représente le versant le plus aventureux. Avec "73 ils réussissent le miracle de retutoyer les sommets comme au temps des "Teen Dream" et "Bloom". Beach House, l' un des derniers grands groupes indies. Quand une anomalie tape l'incruste dans l' entertainment le plus rodé et attendu.
- ELYSIA CRAMPTON ou, ce sont les oubliés du passé qui feront l' avenir .
Si j'ai mis des mois pour pondre la chronique de son premier album sous ce pseudo, que ce même album soit classé dans le top de fin d' année sans une seule explication et qu' ensuite cette dernière ne soit arrivée qu'en Avril j'en suis désolé mais sachez aussi que ce coup-ci je vais prendre le temps de reparler de la belle Elysia tellement son "Demon City" est un trésor et tellement AUSSI chacun des ses collaborateurs méritent que DWTN reparle d' eux. Pour les retardataires voici l' article d' Avril ( ici ) et ce titre hypnotique digne des breuvage hallucinatoires concocté par les prêtres et autres chamanes Sud-américains. Ce disque n' est pas une pure oeuvre solo puisqu'on y retrouve bon nombre de collaborateurs et que du haut niveau, Rabit, Why Be, Total Freedom, Chimo Amobi et Lexxi. Artistes maintes fois croisés dans ce blog depuis des mois. Si souvent on lit ou on entend " musique cinématographique" il est rare de tomber sur "pièce de théâtre musicale". La première impression donné par "Demon City" est celle-là. Une sorte de tragédie antique construite autour d'une succession de monologues et de dialogues par plusieurs auteurs/comédiens. La référence à l' art antique avait déjà été d' actualité et même citée par Crampton et d' autres au moment de la sortie d' "American Drift". Elle est encore plus aujourd'hui. Crampton parle de "Poème épique". "Épique" comme l' "Odyssée d' Ulysse" de qui vous savez. Depuis ses premiers collages lyriques la musique de Crampton a une réelle portée universelle comme les récits et les poème d' Homère. Comment réussit-elle a parlé aussi bien de notre monde contemporain, du présent et du passé et à chacun ? Comment le discours issu d'une minorité réussit-il à concerner la majorité bien au delà que cette dernière peut l'imaginer? "Demon city" est le fruit d'un grand brassage de cultures, cultures surtout minoritaires. Les opprimés d' hier et d' aujourd'hui sont la clé du futur. Ces "poèmes épiques" sont fortement politisés. Revendicatifs. Si les notions ethniques sont fortes (quasiment tout ces artiste font partie du collectif NON) les notions de genre le sont aussi. Fatalement avec Crampton depuis toujours et c'est encore plus le cas . Le corps comme chez Arca et Lotic tient le beau rôle. Le corps est le réceptacle principal et définitif de tout ce que subissent les opprimés. De toutes les violences. Les repères sont multiples et ne servent plus à rien quand il s' agit de classer. Impossible de catégoriser et finalement de caricaturer. La technologie numérique fricote avec le folklore ancestral, un rire vaudou et une rythmique bolivienne s' assaisonnent d'une production glaciale grime britanniques. Cette musique est monde. Au risque de se répéter mais la plus part des artistes défendus dans ce blog possèdent tous malgré les apparences musicale parfois différentes les même manières. Recyclage (Ferraro) qui ne se limite pas à lui seul car issu d'une volonté de coller au présent, détournement et ouverture d' esprit totale sur la provenance des matériaux (Lopatin), sans peur ou naïveté béate face à la technologie et le futur (Herndon & M.E.S.H.). Le vocabulaire emprunte au dancefloor mais sans ordonner un seule façon d'y vivre (M.E.S.H. encore et Lotic). C'est encore une avalanche de sources sonores et d' information symbolisant l'impact du monde virtuel numérique et des chaines infos. Elle parle de "Severo", "Severo est une accumulation, plutot une accrétion". Ce monde virtuel et ses infos s' agglomèrent à la surface de chacun qu'on le veuille ou non. Crampton et les autres refusent le repli sur soi. Qu'il soit stylistique ou temporelle. Les souffrances de gens éloignés par l' intermédiaire d' internet giclent sur nos beaux habits d' occidentaux. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas, à présent ça se voit de plus en plus et le cynisme devient impossible. Cette musique est MONDE. Et ce Monde vient d' accélérer un grand coup dans sa marche vers le village planétaire. La musique de Crampton par sa modernité l' exprime parfaitement. Peut-on encore être hermétique et attendre le samedi soir pour danser sur des kilomètres et des kilomètres de house? Peut-on encore se calfeutrer dans son garage pour pondre un rock blanc parlant de sex ou de bagnoles? Peut-on encore se contenter à faire mumuse avec les pédales d' effets et les guitares pour pondre du "rock psyché" en tirant sur son joint? Ces derniers temps quand je tombe sur le terme psychédélique il est quasiment toujours associé à des musique occidentales du 20 ème siècle. Souvent blanche et parfois noire. Trop souvent le rock et ses guitares. Consciemment ou pas. Merci encore une fois les ermites occidentaux du garage rock pour votre réécriture nombriliste-inculte et votre omniprésence gerbante. Les hallucinations et la perte de repères hypnotiques n'ont pas attendu Timothy Leary et Jimi Hendrix. L' état de conscience altéré pour éprouver de nouvelles sensations n'est pas uniquement produite par des guitares et l' analogique et est aussi vieux que le MONDE. Thee Oh Sees, Ty Segall ou Tame Impala c'est vraiment de la dope coupée au lait en poudre comparé à des titres comme "Demon City" ou "After Wooman". Le psychédélisme et la musique de transe retrouvent une putain de vitalité fantastique, vitalité absente depuis longtemps dans les revival rocks à force de redite. Avec du recule on peut se demander si le terme psychédélique n' a pas été inventé pour créer un fossé entre le rock et la pop (blanche) avec la coutume rituelle de la transe des autres cultures. Comme si certains s' étaient cru obligés de renier l' apport des autres. Consciemment ou pas. "Demon City" c'est le trip puissant cocaïné du champignon hallucinogène "Petrichrist" de l' an dernier. Le titre "Children Of Hell" coécrit avec le roi du bruitisme moderne tendance abstraction sonore Chimo Amobi vous fera partir rejoindre les esprits de tous les ancêtres comme jamais. La technologie et le folklore ethnique au profit d'un psychédélisme politique ouvert sur les autres et plus seulement un trip individualiste de salle de concert. Lexxi en solo nous offre un trip synthétique et latinos susceptible de vous élever et vous faire planer bien plus haut que toutes les couches de phasing crées au cours de toute sa vie par Kevin Parker de Tame Impala. Même si "Demon City" n'est pas l' oeuvre uniquement d' Elysia Crampton ce disque prouvent encore une fois qu'elle est devenue en l'espace de trois ans l' équivalent d'un Lopatin ou d' une Holly Herndon ou d'un Arca. La présence de gens comme Lexxi ou Rabit venant d' univers divers et variés prouvent aussi que c'est une véritable révolution sonore à laquelle nous assistons. Un vent d' air frais balayant tout sur son passage (les vieux genres mais surtout leurs resucées). Depuis le début d' année des groupes ou artistes prétendument qualifiés de "valeurs sûres" ont sorti des disques et comparés aux artistes cités dans ce blog ces sorties récentes sont toutes susceptibles d' être affligées des termes "passéistes" ou "largués". Radiohead, Kevin Morby ou Parquets Court coté indie rock comme The Avalanches et le prochain Justice coté électro et en ce qui concerne le rap/hip hop/r'n'b alternatif ou mainstream la sentence est la même (Blood Orange, Beyonce, Anderson P Park et Kanye West). PS: En parlant de psychédélisme, de voyage vers le pays des esprit, de perte des repères par la conscience et en y associant les origines indiennes de Crampton je ne peux m'empêcher de vous balancer ce documentaire terriblement hallucinant et terrifiant sur l'usage de la mescalline dans les andes Péruviennes. Et pour la bande-son flippante Elysia Crampton vient de sortir un premier single terrifiant pour le label Adult Swim (titre absent sur Demon City).
- GROUPER, Liz Harris tutoie les sommets.
Il se sera donc écoulé près de 4 ans entre les deux derniers albums de Grouper. Comment avons-nous fait pour tenir si longtemps? Autant le dire tout de suite, l' attente valait la chandelle. Liz Harris vient encore de nous offrir l' une des plus belles oeuvres de l' année en cours. Depuis 13 ans cette américaine ne cesse de nous étonner et de nous émouvoir au point de devenir l'une des grandes dames de la décénnie comme le furent jadis une Bjork ou une PJ Harvey. Près de treize albums au compteur et toujours pas une once d' ennui ou la sensation de se retrouver face à de inutile. Des hauts, voir des très hauts, et quelques bas, si réellement le mot "bas" est le terme approprié dans son cas. "Grid Of Points" vient de sortir et la première chose qu' il vient à l' esprit c' est la capacité cette artiste à toucher la corde sensible de chacun malgré des moyens de plus en plus pauvres. Ici il y a encore moins d' instruments et d' effets que sur le déjà minimaliste "Ruins". Ce dernier pouvait évoquer par son dénuement la maison de résidence servant de lieu d' enregistrement au Portugal. Un habitat spartiate où le minimum vital (des années 2000) suffisait tel la sonnerie de micro-onde que l' on pouvait distinguer en arrière plan. "Grids of Point" c' est le même habitat mais transposé dans le Wyoming avec ce coup-ci la sensation qu' il est totalement vide de tout meuble. Avec sa seule voix et un piano Harris arrive encore à occuper un espace gigantesque. Ses paroles sont sussurrées voir même expirées par une voix granuleuse qui ne subit pratiquement aucune transformation. Les silences ont dans la même logique encore plus d' importance que pour le précédent. Un bruit de fond enveloppe tout le disque et évoque par ses crépitements des artistes comme Leyland Kirby ou les Demdike Stare. Il nous offre la même sensation que "Ruins", un être humain s' adresse à nous de la plus simple des manières malgré le brouhaha mondial environnant. Le temps se suspend en à peine une demie heure et huit titres. Avec le fond sonore décrits plus haut servant de fil conducteur les titres semblent s' enchevêtrer. Les mélodies faites d' arrangements sobres se superposent et paraissent s' étendre à perte de vue. Sensation accrue par une réverbération touffue et chatoyante malgré sa froideur et paradoxalement un sentiment de rigidité. Un disque immédiat à la pureté incomparable. L' émotion est omniprésente, obsédante et désarmante. Liz Harris explique que l' enregistrement ne dura pas plus d'une semaine et qu' il fut interrompu par une forte fièvre. Certains titres présentent donc un aspect non fini qui rend l' ensemble encore plus essentiel. Fragile. Magnifique.
- DJ NIGGA FOX, P.ADRIX & PRÌNCIPE RECORDS: Des ghettos de Lisbonne jusqu'à Manchester & W
Celà fait longtemps que les sorties et les artistes affiliés au label portugais Prìncipe Discos squattent les tops de ce blog. L' an dernier c' étaient le premier album de Nidia Minaj et le ep "15 Barras" de Dj Nigga Fox, en 2016 Dj Marfox avec son "Chapa Quente" et Dj Nervoso pour son ep éponyme. D' une manière détournée 2015 avait encore vu la clique Principe se placer devant le peloton avec leur première incursion chez WARP pour la série d' ep compilations CARGAA et encore Dj Nigga Fox avec son "Noite é dia". Et histoire d' en finir avec les preuves d' amour de ce blog pour Principe Discos on pourra en remettre une couche que le label créé par Pedro Gomez figure systématiquement depuis trois ans dans la liste des meilleurs labels. Si l' album de Nidia Minaj avait fait grand bruit l' an dernier il semblerait que le soufflet hype dont ils bénéficiaient depuis 2 ans se soit un peu dégonflé dans les médias, ces derniers certainement partis poser leurs griffes d' arrivistes dilétants sur autre chose. Erreur totale de leur part et surtout mauvais timing. L' année 2018 s' annonce comme l'une des meilleurs pour Principe. Coup sur coup deux disques font grimper à ce qu'ils nomment et symbolisent la Batida music un palier supplémentaire en terme artistique et en promesses pour un futur radieux. Petit rappel des faits pour les retardataires. C' EST QUOI LA BATIDA? Batida signifie en portugais les battements rapides du coeur après un choc émotionnel ou un accident. Rarement une appelation aura symbolisé autant éfficassement un style musical. La première rencontre avec cette musique s' apparente à un choc ou un coup de poing du fait de la frénésie qui s'en dégage. Une tempête sonore d'une richesse et d'une diversité des sons résolument hypnotiques. L' auditeur d' abord un brin saoulé par autant de stimuli en peu de temps peut certes envisager la capitulation et préférer des choses plus posées et attendues. Mais ça c 'est la première réaction de son cerveau en mode réflexe. Très vite les jambes vont prendre le relais et finalement le cerveau en bouilli va recoller les morceaux et s' y retrouver. S' apercevoir qu'il y autre chose qu'une simple polyrythmie bien huilée par objectif fonctionnel pour bobo ou hipster en manque d' exotisme facile les premières chaleur venues. L' irrégularité des rythmes envoûte autant qu'elle peut rebuter le junkie de house kilométrique. De toute manière ce genre de bourges 2.0 va vite être mal à l' aise face à la complexité qui s' en dégage. Le consommateur de musique cartésien qu'il est va tout aussi vite ressentir un profond malaise devant les relents de sorcellerie que porte en elle la Batitada avec ses discordances harmoniques. A écouter les Nigga Fox, Minaj ou Marfox, la Batida a autant pioché dans les musiques ancestrales africaines que les plus récentes comme le zouk. Une grande majorité viennent bien sûr des ex colonies Lusophones. La Pagode brésilienne, le Kuduro Angolais, le Kizomba et la Tarraxhinna. Mais pas que! Cette bande de gamins qui ont grandi dans les ghettos périphériques de l'ancien colonisateur de leurs pays d' origine n' ont pas seulement recraché leur héritage culturel. Le même miracle que celui qui eut lieu autrefois au Royaume Uni avec son immigration Jamaïcaine c' est reproduit. Ils ont mélangé tout ça avec la culture électro et dancefloor européenne du pays hôte. La Batida transpire de house et de techno. Pour eux elle doit être un exemple parfait d' "hybridation Trance et Grime". C 'est qu'en plus ces mecs ne se contentent pas de manipuler le tout venant. Ce sont des ouïes fines et de parfaits radars à nouveauté stylistique sans oeillères et d' expérimentations. En matière d' expérimentation les artistes Batida damnent le pion à beaucoup d' autres et on pourra évoquer une certaine parentée dans cette vision et volonté de mélanger musique "populaire" des dancefloors et musiques "savantes"avec les jamaïcains d' Equiknoxx ou les cliques NON, Club Chai et NAAFI. Une autre tête chercheuse en la matière, Rabit, ne s'y était pas trompé en incluant dans la compile passionnante "Conspiracion Progresso" publiée par son label Halcyon Vieil DJ Nigga Fox. DJ NIGGA FOX, BAIN DE JOUVENCE POUR WARP Rogério Brandao aka Nigga Fox est probablement la plus belle et aventureuse tête chercheuse issue de Prìncipe. Ceci explique parfaitement qu' il est dorénavant le premier artiste du label a bénéficié d' une sortie chez WARP en son seul nom. Son ep "Crânio" sorti il y a peu est une bénédiction pour tout fan historique du label originaire de Sheffield. Bénédiction parce que ce disque fondamentalement d' avant-garde garde fermement un pied sur le dancefloor et replonge le label équivalent musical d' un Barça ou d' un Réal en foot le nez dans ses belles racines club et rave. Il perpétue ainsi la nouvelle habitude prise par les anglais mise en place avec la signature du fou furieux de Trance Lorenzo Senni. Et en matière de Trance il s'y connait aussi le renard de Lisbonne. A au fait. Peut être êtes vous étonnés du pseudo récurent "Fox" dont s' affublent beaucoup d' artistes et Dj Principe. En fait il semblerait que cette génération voue un culte irraisonnable pour un vieux jeu "Starfox". Dj Nigga Fox porte d' autant mieux ce pseudo qu' il se révèle un véritable renard des dancefloors capable des plus beaux tours de passe-passe pour stopper le danseur en pleine montée pour l' envoyer au ciel juste après d' une manière encore plus puissante. P.ADRIX, BATIDA VERSION MANCHESTER. C' est le petit dernier de Prìncipe. Il a grandi à Lisbonne comme tous les autres et comme pas mal d' entre eux il en est aussi parti pour un autre pays. Encore un exemple parfait de ce que peux produire une diaspora en matière musical. Si Nidia Minaj en suivant ses parents avait posé ses bagages à Bordeaux au milieu des bourges et des addict de garage rock, la pauvre, Adrix eut bien plus de chances? Il en s' est retrouvant quant à lui dans une ville dont il suffit de dire le seul nom pour que tout passionné de musique sache qu'il faut y jeter une oreille. Manchester. Ce qui devait arriver arriva. Sa culture africaine et lusophone au contact des sons industriels provenant des club mancuniens et la tradition UK bass, Grime et Jungle nous offre l' une plus belle réalisation du projet avoué par ses collègues, hybridation totalement réussie ! La Batida subit entre ses mains après celles de Nigga Fox une nouvelle mutation. A croire que ce genre dans les têtes de ses ardents prophètes possède le gène du développement permanent. Franchement pas le style musicale à deux doigts de se reposer sur ses lauriers pour finir par mourir. La musique d' Adrix comme celles des autres est bien sûr destinée aux clubs mais l' écouter ailleurs est également susceptibles de vous projeter dans un états de transe hallucinant. Votre petit salon peut à tout moment se transformer en un entrepôt british sordide en pleine rave 90's que devant dans un jardin public face un Soundsystem gigantesque.
- INGA COPELAND redevient LOLINA et nous offre le meilleur folk moderne pour 2018.
Alina Astrova aka Inga Copeland aka Lolina est une artiste secrète et discrète. Tellement discrète qu' elle n' a jamais eu droit aux honneurs dans ce blog. Injustice totale ! C' est d' autant plus injuste que son confrère du duo Hype Williams , Dean Blunt, ne cesse de truster les top annuels. Tout juste si on l' aperçoit dans certains top ep. Pour être clair je mets l' oeuvre de la Russe résidant à Londres au même niveau que ce satané Blunt. Et même, mieux, , au dessus avec le tout récent et inattendu "The Smoke". Tout d' abord, il me faut avertir le lecteur. A l'instar de son acolyte, Blunt, Lolina fait dans le bizarre, un bizarre à la fois trompeur et hypnotique. Parfois cajoleur, parfois franchement hermétique et brutal. Vous allez donc dans un premier temps vous retrouvez face à des choses déjà entendues, des senteurs connues. Dans un premier temps! Très vite vos certitudes vont être battues en brèche et l' incompréhension gagne du terrain dans vos petits cerveaux. Puis, ce sera comme une révélation. La musique de cette jeune femme appartient à la fois à l' avant garde comme à l' héritage commun de toutes les sonorités dominant la culture populaire. Chez elle l' électronique à la plus indocile copine avec le r'n'b ou le hip hop les plus connus. Une synth-pop simpliste peut se napper de collages sonores incongrus et l' UK Bass et le dub se saupoudrer d'une poésie inhabituelle. L' immédiateté alterne avec les chemins de traverse où il est aisé, voir même préconiser, de s'y perdre. "The Smoke" est le premier album sous le pseudo Lolina. Il marque un palier dans la carrière de la jeune femme. Ici la cohésion, qui "semblait" manquer du temps du nom d' Inga Copeland, devient plus évidente. Peut être parce que la russe avec ce disque est à son apôgée dans son art d' illusionniste du chaos. Chaque titre laisse l' auditeur face à un cyclone musicale où toutes les références prennent des apparences inaccoutumées. Lolina fait bel et bien dans le format de musique le plus écouté, des chansons, mais d' une manière totalement réinventée. De nos jours, c' est plus que rare, c' est miraculeux. Pour cela l' intérêt porté aux textures importe tout autant que celui pour la composition. Par exemple les synthés chez Lolina réussissent l' exploit de vous surprendre par leurs sonorités venues d'on ne sait où. Les rythmiques semblent elles aussi fait de textures inédites à force de torsions en suivant des schémas que seule la russe donne l'impression de pouvoir décrypter. Derrière l' étrangeté de ce dub maladif c' est un travail d'une méticulosité inouïe qui se dévoile après quelques écoutes. Méticulosité toujours pour ce qui concerne les paroles. Les textes semblent eux aussi ne signifier pas grand chose tellement ils peuvent paraître incompréhensibles mais très vite chaque mot, chaque choix de leur emplacement et le phrasé de Lolina participe à un parfait témoignage sur notre époque et la vie de son auteur. Un critique anglo-saxon s' est lancé au sujet de ce disque dans un grand exercice de réflexion. Pour lui "The Smoke" est ce que l'on devrait considérer comme ce que doit être l' album folk typique de notre époque. Partant du constat que la tradition folk est l' art de prendre le premier instrument venu et tout ce qui a précédé en terme de référence musicale pour écrire des chansons servant à encapsuler la période et son zeitgeist qui l'ont vu naître. Ici la guitare poussiéreuse des passéistes est remisée au profit du sampler et d'un simple clavier, l' héritage stylistique et esthétique "folk" 60's abandonné au profit d' une culture musicale et technologique un brin vieillote certes , mais qui a l' avantage de bien mieux illustrer notre ère où justement la technologie semble donner le LA. On ne peut que donner raison à ce chroniqueur tellement le dernier Lolina peut réellement postuler au titre honnrifique de meilleur album folk moderne pour ce début d' année.
- EQUIKNOXX, le jamaïcain se conjugue à nouveau au futur.
Et si je commençais ma chronique aussi simplement que ça : Equiknoxx c' est un duo de producteurs Jamaïcains dans la mouvance dancehall que l'on peut considérer comme les dignes héritiers du lourd passé musical de leur pays. Pour être vicieux je rajouterai Lee Scratch Perry en lieu et place de la figure tutélaire. Alors tout de suite la caricature va se pointer. Pour les plus largués et ignorants des occidentaux on va avoir l' image d' Epinal, reggae, dread, fumette puis dub et ska pour ceux possédant une once de réflexion musicale. Pour les moins hermétiques et un poil moins cloîtré dans le passé lointain ce sera paroles obscènes, mama black remuant du popotin avec pose indécentes sans parler de l' inévitable règlement de compte sur fond de deal entre bande rival à grande rasade de uzzi sur le dancefloor. STOP ! Revenons à la réalité et sa complexité puisquittons les réflexes et les préjugés occidentaux colonisateurs. L' an dernier Equiknoxx avait pourtant envoyé un sacré avertissement à tous les bas du front via leur compile "Bird Sound Power" (classé dans le top 2016 DWTN). Tout n' était pas aussi simple sur le dancehall Jamaïcain. La-bas ça fait pas comme dans notre si vieille Europe, back to the past et entre-soi culturel. On cherche (dans toutes les directions) , on regarde le futur, et on trouve! Il y a avait bien un petit indice concernant les velléités aventureuses et innovantes du collectif. Leur label, DDS. Pour les ignorants, ces initiales se rapportent au nom du duo boss, DEMDIKE STARE. Je vous refais pas le topo y'a qu'à fouiner dans les 5 années du blog. Je parlais de Lee Scratch Perry et son importance dans la production musicale de ces 40 dernières années. Que l'on soit fan des Clash ou de Brian Eno ou même de shoegaze on est tous redevable à jamais du vieux griguoux. Si le dancehall n' a jamais réussit à tutoyer le cinglé Perry en terme d' avancée et d' expérimentation Equiknoxx avec leur "vrai" premier album viennent de réenclencher la machine à voyager dans le futur et l' expérimentation. Il faut avouer que le dancehall semblait franchement marquer le pas depuis quelques années à force d' accélérer sans cesse le rythme et de ne puiser les sons que dans un nombre limité de banque de données et de logiciels. Les deux têtes pensantes d' Equiknoxx, Gavin Blair et Jordan Chung, sont sortis de l' air vicié et enfumé des dancehall. Et vas-y que je te récupère des sons improbables, des harpes, des glockenspiels, des ustensiles de cuisine en passant par ceux fauchés dans les garages. Et ne parlons pas d'une lubie qui apparaît partout sur la planète de nos jours, les chants d' oiseaux! Lubies que vous allez bientôt rencontrer prochainement du côté de ... l' Islande via le Vénézuela (voir ici). "Colon Man" déboule et va encore plus loin que son prédécesseur. Il faut rappeler que "Bird Sound Power" compilait des enregistrements réalisés sur une longue période allant de 2009 à 2016 et déjà on s' apercevait de la constante progression et des trajectoires inédites du duo au fil des années. "Colon Man" enfonce le clou avec des titres enregistrés à la suite d' une tournée mondiale surfant sur leurs succès critiques et publiques. Tournée mondiale ne passant évidemment pas par la France. Preuve s'il en est de l' étroitesse d' esprit et du largage complet de notre petit monde de la musique hexagonal absolument pas visionnaire pour deux sous. Si le poids des illustres prédécesseurs s' estompe les jamaïcains mettent un point d' honneur à leur rendre hommage au travers de la signification cachée du titre. Rarement on a rencontré une électronique aussi pointilleuse et chirurgicale dans le dancehall. Que ce soit avec cette dernière ou avec les samples on se demande s'ils n'ont pas des visés digne de musique concrète. "Nous pouvons sauter directement d'une soirée dancehall à un évènement plus expérimental" Une nouvelle fois on se retrouve donc face à des riddims venus de nul part qui ne dépareilleraient pas dans un mix ambient voir indus . Pour la faire courte un riddim est une séquence musicale sur le quel les MC posent leurs voix. Il peut exister ainsi plusieurs versions issus du même riddim originel. Dans "Colon Man" pas de parole ou sinon des bouts de voix massacrés et dénaturés. Et des oiseaux! Equiknoxx ne ce fixe pas comme unique objectif la danse même si la fameuse polyrythmie 3/2 du dancehall affleure partout. Avec cette album essentiel Equiknoxx n' a plus à rougir des ancêtres, propulse le dancehall dans la stratosphère et permet à nouveau de conjuguer le Jamaïcain au futur.
- PAPER DOLLHOUSE, Darkwave post nucléaire
Nos deux sylvidres adorées nous reviennent enfin après trois années d' une très longue d' attente. Pour ceux qui ont loupé la beauté glaçante magistrale que fut "Aeonflower" et qui se demandent bien ce que signifie ce qualificatif de "Sylvidre" allez vite faire un tour sur l' ancienne version du blog (par là). Astrud Steehouder et Nina Bosnic après quelques collaborations et travaux accessoires reviennent donc aux choses sérieuses. Et pas accompagnées par n' importe qui. Tout d' abord pour la sublime pochette elles ont fait appel à Andy Votel (pote de Bradly Drawn Boy et Grandaddy). Déjà on comprend que si le duo n' a pas réellement l' attention médiatique qu' il mérite il possède cependant un sacré carnet d' adresse auprès de leurs pairs. C' est qu' en plus "The Sky looks different", troisième "vrai" album studio, nous dévoile un autre grand nom en qualité de producteur et pas des moindres. Surprise totale tout de même d' apprendre que les deux filles travaillent depuis un bon moment avec l' iranien de Planet Mu tant adoré par ici, Ash Koosha (voir par ici). Que nos deux héroïnes adeptes de la cause analogique fricotent avec un de l' un des partisans de nouveaux sons et de manipulations en tout genre par ordinateur ce n' était pas si évident. Celà prouve encore une fois leur volonté de ne pas rester dans leur niche pour faire du surplace. Les Paper Dollhouse offrent depuis leur premier album "A box Painted Black" une sacrée preuve d' ouverture d' esprit et d' évolution réelle. Parti d' un folk certes bien déjà lugubre, mais un folk comme il s' en fait tant avec cependant certaines traces d' Arthur Russel et d' autres plus évidentes comme les ombres d'un Scott Walker et d' une France Galle 60's (RIP), elles opérèrent un salvateur ambient avec "Aeonflower" que bien des autres adeptes du vintage folk devraient envisager. Dans ce disque à la beauté immortelle l' ambient ne tenait pas le role d'un simple cache misère tant on percevait des senteurs modernes perçues chez des gens comme Demdike Stare, Andy Stott ou le fou Dominick Fernow. L' apport de Koosha via des sonorités digitales maximalistes et modernes absentes par le passé chez elles fait entrer la musique des Paper Dollhouse dans un nouvel univers totalement nouveau. L' aspect dark ambient quitte l' univers post apocalyptique fantasmé de leurs influence coldwave et gothique du 20 ème siècle (Cure, Throbbing Gristle, Joy Division) pour celui bien plus réel de notre présent. Les filles nous offrent une visite du monde de demain par une froide nuit radioactive. Nous oscillons entre traditions pop et expérimentation à base de manipulation électronique (la touche Koosha) et beaucoup de Soundcollage. Les Paper Dollhouse ont donc pris tout leur temps, entre réflexion et expérimentations, et elles ont bien fait. "The Sky Looks Different" fait entrer la Darkwave devenue tant à la mode chez les faussaires vintage dans une nouvelle ère prometteuse. Probablement aussi et surtout leur disque le plus abouti et envoûtant. Plus peut être qu'un "Aeonflower" jugé trop souvent à tord comme un acte indépassable.