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- 2012-2017, 5 années de musiques. TOP 100
DWTN a 5 ans. L' heure est venu de s' arrêter sur le bord de la route pour votre Kowalski* de "la musique pas comme les autres". Mais avant cela et parce qu'un anniversaire est une bonne occasion je tenais à remercier de tout mon coeur mes 3 à 5000 visiteurs mensuels. Chiffre inespéré compte-tenu de la faible médiatisation d'un petit blog comme tant d' autres. Un anniversaire c' est aussi le moment de regarder vers l' avenir en participant à des projets. Après avoir tenu le rôle de simple passionné et d'observateur, à se la jouer critique musical à la Lester Bangs du trou du cul du monde numérique , il est enfin venu le temps de franchir la barrière. Donc d'ici la fin de 2017 le "petit" Lester Bangs va faire place à une sorte de "petit" Tony Wilson. Attendez-vous à certaines annonces concernant ma humble participation à l' organisation de concerts sur Limoges (déjà débutée en 2016 aux côtés de Blue Monday, Melting Pop, Soundscape et le théâtre Expression 7 ). Mais pas seulement! L' heure est aussi venue d'une toute aussi humble participation à la diffusion et production vinyle de musique avec la génial Soundscape Collective. Vous vous apercevrez en observant ce blog que certains disques datent d' avant la création "officielle" de ce blog. Faut dire qu'en cherchant sur le net vous pouvez trouvez des tentatives avortées présageant DWTN qui existait déjà en 2010 au fond de mon cerveau malade. Certains de ces disques sont même essentiels dans ce qui me poussa à tenter à ma moindre échelle à vous faire partager des disques moins médiatisé en France (et ailleurs vue les nationalités visitant régulièrement ce site). Ce classement sera-t-il le même dans quelques temps? Probablement pas dans le détails parce qu' avoir du recule apporte toujours des changement et clarifie toujours un peu plus. Mais celui-ci donne assez bien une bonne idée de ce que j' ai voulu proposer comme alternative au panurgisme de nos chers médias musicaux et d'une grande partie de l'industrie musicale (label, tourneurs, programmateurs etc etc). De ce qui m'a plu, enthousiasmé et interrogé depuis 5 ans. N' y voyez pas là non plus un simple classement basé sur une quelconque notion de supériorité intrinsèque. Si certains sont moins bon ou abouti ils se révèlent à mes yeux d' une très grande importance pour l' évolution du blog dans ses coups de coeurs. (*: en référence au premier habillage visuel du blog) TOP 100 Récapitulatif ONEOHTRIX POINT NEVER Garden of delete DEMDIKE STARE Tryptych + Testpressing series HOLLY HERNDON Platform BANGS & WORKS VOLUME 1& 2: A Chicago Footwork Compilation RUSTIE Glass Swords ARIEL PINK'S HAUNTED GRAFFITI Before today JULIA HOLTER Ekstasis JAMES FERRARO Far Side Virtual JAM CITY Classical Curves ROLY PORTER Third Low THESE NEW PURITANS Hidden LAUREL HALO Quarantine DEAN BLUNT The Redeemer PETE SWANSON Man With Potential ANDY STOTT Luxury Problems ACTRESS R.I.P ARCA Mutant JLIN Dark Energy M.E.S.H. Piteous Gate TIM HECKER Ravedeath, 1972 LOGOS Cold Mission SHABAZZ PALACES Black Up FLYING LOTUS CosmogramMa RAIME Quarter Turns Over A Living Line JOHN MAUS We Must Become The Pitiless Censors Of Ourselves TRAXMAN Da Mind Of Traxman JULIANNA BARWICK The Magic Place GQOM OH! The Sound Of Durban GAZELLE TWIN Unflesh ELYSIA CRAMPTON American Drift GIRL BAND Holding Hands With Jamie HOLY OTHER Held MY BLOODY VALENTINE Mbv YELLOW SWANS Going Places DEDEKIND CUT $uccessor GANG GANG DANCE Eye Contact LEE GAMBLE Diversons 1994-1996 SCOTT WALKER Bish Bosch NOT WAVING Animals CARLA DAL FORNO You Know What's It's Like THE HAXAN CLOAK Excavation 2814 Rain Temple PRURIENT Bermuda Drain KUEDO Severant GROUPER AIA RP BOO Legacy BJÖRK Vulnicura SALEM King Night PJ HARVEY Let England Shake ONEOHTRIX POINT NEVER R Plus Seven DEATH GRIPS Exmilitary SAND CIRCLES Motor City MILES Fear HeaRted DJ RASHAD Welcome To The Chi, Teklife Volume 1 CHROMATICS Kill For Love SAVAGES Silence Yourself ICEAGE Plowing Into The Fiel Of Love HUERCO S For Those Of You Who Have Never SUN KILL MOON For Benji GODSPEED YOU BLACK EMPEROR ! Allelujah! Don't Bend Ascend HTRK Psychic 9-5 Club JAMES BLAKE James Blake KANYE WEST Yeezus LORENZO SENNI Superimpositions ENSEMBLE ECONOMIQUE The Fever Logic MOUNT EERIE Ocean Roar COLIN STETSON New History Warfare Volume 2 : Judges FACTORY FLOOR Factory Floor DIRTY BEACHES Badlands GROUPER Ruins FUCK BUTTONS Slow Focus VESSEL Punish, Honey JULIA HOLTER Have You In My Wilderness RANGERS Suburban Tours BON IVER Bon Iver, Bon Iver BEACH HOUSE Teen Dream GRUMBLING FUR Glynnaestra LOTIC Damsel In Distress PROTOMARTYR Under Color Of Official Right TAME IMPALA Lonerism DEERHUNTER Halcyon Digest THE SLAVES Ocean On ocean SOPHIE Product MR MITCH Parallel Memories EMERALDS Does It Look Like I'm Here ARCA Xen SWANS The Seer RASHAD BECKER Traditional Music Of Notional Species Volume 2 ANDY STOTT Passed Me/We Stay Together MARIA MINERVA Tallinn At Dawn RUN THE JEWELS Run The Jewels 2 THE CARETAKER A Empty Bliss Beyond This World CIRCUIT DES YEUX In Plain Speech VISIONIST Safe KEITH FULLERTON WHITMAN Desingenuity B/w Desingenuousness MICA LEVI Under The Skin OWEN PALLETT Heartland THE FAT WHITE FAMILY Champagne Holocaust ARIEL PINK Pom Pom EEK & ISLAM CHIPSY Kahraba
- TOP EP & SINGLES 2017
1. ex aequo KLEIN Tommy & FARAI Kisswell 3. CARLA DAL FORNO The Garden 4. LANARK ARTEFAX Whities 11 5. KELORA Boy & 999 6. DEDEKIND CUT The Expanding Domain 7. DAVY KEHOE Short Passing game 8. AMNESIA SCANNER AS Truth 9. PATTEN Requiem * 10. SADAF Shell 11. CS + KREME 12. ELYSIA CRAMPTON Spots Y Escupitajo 13. DOON KANDA (JESSE KANDA) Heart 14. KARYYN Quanta 1 15. M O R S E Vol. 1 * 16. PESSIMIST Pagans & Through the Fog 17. YALLI (RAIME) Dread Risk/U-Eff-O 18. DOMINOWE Siya Thakatha * 19. ANCIENT METHODS The First Siren * 20. VATICAN SHADOW Rubbish Of The Floodwaters & Luxor Necropolitics 21. SUNDAN ARCHIVES Sundan Archives 22. BURIAL Subtemple & Inner City Life remix for Goldie 23. NOT WAVING Populist & POWELL New Beta Vol.1 24. MMPH Dear God 25. BEN FROST Threshold of Faith 26. FATIMA AL QADIRI Shaneera 27. LAKKER Eris Harmonia 28. DJ NIGGA FOX 15 Barras 29. REGIS The Master Side 30. SAMUEL KERRIDGE The Silence Between Us HORS COMPETITION BRIAN ENO & KEVIN SHIELDS "Only once away my son"
- M.E.S.H., l' IDM du 21 ème siècle. Et aussi son Richard D James ?
Depuis que j' écris sur toutes ces musiques basées sur la déconstruction des clichés sonores dancefloors, ce que les anglo-saxons nomment "Post-Club/Dancefloor ou "Deconstructed club sound", une figure me revient sans cesse à l' esprit. Une figure centrale de notre époque à laquelle personne ne prête vraiment attention. Celle du type posté à l' entrée du club que l'on croise en entrant mais qui ne fait pas partie du service de sécu. Celui qui est bel et bien venu pour la musique en priorité mais qui défie les normes et la routine des clubs. Attention à ne pas confondre avec le pilier de bar ou le poseur social. Ou encore le simple fêtard consommateur majoritaire en France. Je vous parle du type qui ne fait rien comme les autres. Qui ne se contente pas de ce qui semble suffire à la majorité. On le nommera en 2017 James Whipple aka M.E.S.H. . Suffisamment avancé dans le couloir d' accès pour entendre ce que le Dj passe sur la piste mais refusant obstinément d' y rester comme les autres. De s' en satisfaire. Allant même parfois jusqu'à se sortir pour revenir quelques instants après. Ou pas. Mais diable e où peut-il bien aller? Faire! Refus de choisir ou simple hésitation? Cette figure si situationniste du type agissant à contre flux des autoroutes urbaines, pratiquant donc une sorte de Dérive Intra-muros et temporelle me rappelle une autre des clubs croisée il y a bien longtemps du côte de Manchester. Celle du dealer guettant le client entre deux salles thématiques, la piste "Rock" et la piste "Funk". Les deux musiques se mélangeant dans sa tête acidifiées le type décida d' en faire sa propre musique en créant un groupe. Il le nomma Happy Mondays et participa au phénomène Madchester ou Baggy Sound. On l' appelera Shaun Rider . Mais si il existe donc un point commun entre les deux figures ne respectant les signalisations et circulations sociales une troisième semble être aussi à convoquer. Celle du type apparu juste après le second. Alors lui, il est rentrée dans le club, il a écouté et volé les ingrédients sonores du cocktail, puis est reparti tranquillement chez lui pour bricoler ses propres ustensiles et produire une musique cocktail née sur les dancefloor mais absolument pas dansante au grès de ses expérimentation. C 'est qu'il ne voulait pas uniquement "danser" ce curieux personnage. Encore un "dangereux" anti-conformiste celui que l' on appellera Richard D James. La morale de toute cette histoire est facile à trouver. Ne jamais suivre aveuglément et ne jamais se contenter de ce qui a été fait. Tracer sa propre voie en faisant attention de ne pas se retrouver enfermé dans la niche/discothèque. Et ce sont les "parias" qui tracent le chemin suivi par les autres. Si le lien entre M.E.S.H. et Shaun Rider semble un peu tiré par les cheveux parce que le mancunien est malheureusement resté trop longtemps enfermé dans la boite de nuit (tellement défoncé qu'il était) celui entre l' américain résidant à Berlin et le génial cinglé de Cornouaille apparaît de plus en plus fort. Les deux n' ont pas hésité à sortir du club et si Aphex Twin semble n' être jamais revenu on peut le soupçonner fortement de roder sur le parking et de reluquer dans les caisses les sons de la nouvelle génération comme l'indiquent ses set-list actuelles. James Whipple est quant à lui revenu dans le club et pas par la petite porte. Des "fous furieux" (Bill Couligas boss de PAN en tête) aux yeux de bon nombre l' ont embauché comme DJ !!! Et lui aussi avait volé la liste des ingrédient du cocktail pour en faire un à sa manière. Une boisson à la fois plus piquante et suave, plus stimulante qu' abrutissante. C' est acté dans son deuxième album, "Hesaitix". Et il n' est pas le seul en cet automne 2017, un autre appelé Lee Gamble a fait exactement la même chose (voir par là). M.E.S.H. avec le successeur du monstrueux "Piteous Gate" en 2015 (voir ici) se montre plus poli et courtois qu' il y a deux ans. Moins agressif et obstiné que Richard D James. Même si ce dernier agrémentait sa recette de breakbeat jungle par instant histoire de se faufiler aux dépends des videurs gardien du temple hédoniste. L' abstraction toujours présente se retrouve confrontée à des rythmiques plus accentuées ou un poil plus évoquées. On retrouve ainsi sur "Hesaitix" les deux faces du producteur. Celles plus expérimentale de cet hallucinant et obligatoire "Piteous Gate" que DWTN avait classé 2ème meilleur album mais aussi celle plus assimilable par les dancefloors classiques de son EP jouisseur "Damaged Merc" (lui aussi classé en 2016). On alterne tout au long des 11 titres entre plages "dansantes", remarquez bien les guillemets, et plage "ambiante". Remarquez ici aussi les guillemets histoire de ne pas tomber dans la caricature de l' ambient symbole de musique planante inoffensive. M.E.S.H. offre de l' ambient une vision dystopique donc fatalement flippante par instant et futuriste plutot qu'un retour sur des espèves de fondamentaux "naturels" et/ou"authentiques". Trait commun entre ses deux faces qu' il mélange avec réussite ici pour n'en faire qu'une, une gamme sonore digitale reluquant sur le noise et la "nature". Comme depuis toujours il y a à la fois une sensation et une fascination affichée pour la technologie et un petit quelque chose d' organique. Et des nouvelles technologie ou de la nature on oublie les a-priori, la seconde peut se révéler autant flippante que la première finalement plus rassurante. Encore une fois c' est le futur que Whipple nous donne à voir. C 'est même plus fort encore, il nous y téléporte et pour celà réussit à faire de nous des cyborgues. A la question que tout bon fan un brin simpliste de Blade Runner se pose, "Deckard est-il humain ou replicant?" M.E.S.H. et d' autres cherche plutot à répondre à "Un replicant n' est-il pas un peu humain?". Le post-club des M.E.S.H., Lotic ou Gamble répondent aussi bien que l'IDM des Aphex Twin et autres Autechre à la question débile "la technologie va-t-elle tuer l' humanité" et en celà sont devenus au fil des sorties les plus parfaits descendants de la clique tournant en orbite autour du laboratoir spatial lancé dans les 90's, WARP. De toute façon il y a bien longtemps que PAN et Berlin sont devenus la NASA et le Cap Canaveral de notre époque pour ceux désirant voir et aller plus loin. Si Aphex Twin était un Youri Gargarine jamais revenu sur terre M.E.S.H. semble bien être devenu avec les autres notre Neil Armstrong.
- FEVER RAY, sexe & politique.
Je n' espérais plus grand chose de Karin Dreijer aka Fever Ray tant je m' étais résolu à considérer son projet solo comme un geste sans suite. Mais bon dieu, quel geste! Que ce soit avec The Knife (et donc son frangin) ou en solo avec son album éponyme de 2009 (très bonne année) il est devenu clair aux fils des années que les deux faces de sa carrière ont changé beaucoup de chose dont on peine encore à mesurer l' étendue des conséquence sur l' ensemble de la production musicale. Il faut faire l' effort de se remettre dans le zeitgeist des 00's rétrogaga pour comprendre à quel point elle et son frère ont participé à changer la donne. Peut être moins frontalement qu' un Burial à première vue mais d'une certaine manière tout autant vicieusement qu' un John Maus ou Ariel Pink. Si tout leurs fans n' ont pas eu la même lecture une petite partie avait compris qu' ils étaient une porte de sortie à la mélasse ambiante plutot qu' un énième exercice revivaliste. Avec les trois noms cités et sans réellement offrir une radicale nouveauté sonore Karin Dreijer nous a au moins donné le machin qui manquait tant face à tous les revivals déjà omniprésent. L' étrange. Une anormalité salvatrice anti-routine et ronronnement rétro. La marche avant était réenclenchée et prenait l' apparence d' un chamanisme nordique venu de la nuit des temps teinté de technologie futuriste. Comme les autres il y avait bien quelque chose de déjà entendu avec leur synth-pop so 80's mais via le brassage des influence et leur tradition gothique scandinave nous découvrions des territoires inconnus. Après des années de revival rock et post-punk facile et chaleureux le son de sa voix semblant venir des tréfonds à grand coup de filtrage faisait entrer une rigueur glaciale revigorante. Le malaise, le dark, redevenaient une alternative. La trilogie de Cure remise au goût du jour sans les clichés guitaristiques à la Interpol. C' est par elle que le souvenir des Cocteau Twins allait réapparaître dans les chroniques et chez bon nombres d' artistes. Mais Fever Ray dépassait bien largement la niche stylistique et culturelle 80's/"New Wave. La deuxième vague électro tendance IDM était passée par là. Aphex Twin, Autechre jusqu'à reluquer Boards Of Canada. "Plunge" vient de débarquer dans nos vie à l' improviste en fracassant tout sur son passage comme "Fever Ray" et même si le choc semble moins marquant qu'en 2009 ce dernier album va encore compter . Dreijer apparaît un peu moins comme une tête de pont brûtale tant le dark et le gothique sont redevenus monaie courante à qui s' en donne la peine mais aussi parce qu' elle délaisse les longues montées engourdies pour plus d' évidence et de rapidité à l'image de son phrasé. Je dirai qu' elle se "Depeche Moderise". En gros ça signifie que l'on va pouvoir faire chuter la température des piste de danse et des apéritif dinatoire sans faire fuir ou bayer aux corneilles les chochottes et autres fêtards. La suédoise réussit le tour de passe-passe d' être à la fois plus "pop dansant" et plus sérieuse et agressive. Pour cela elle se renouvelle via toutes les nouvelles formes de rythmiques apparues depuis 2009. La présence de la portugaise Nidia fait monter les beat à 160 dopés qu'ils sont par leurs origines kuduro et on entrappaercoit le spectre footworkien. Quand ce n' est pas sur le rythme Fever Ray modernise sa synth pop analogique par de subtile touche digitale et techno. Errorsmith et Mannerfeld (présent sur l' enregistrement) sont à cité tout comme l' autre avant garde tant aimé par ici, Arca ou le post internet de PC Music. Moderne musicalement "Plunge" l' est aussi en collant à l' air du temps contrairement à "Fever Ray". Si ce dernier préfigurait et mettait en garde face à l' aspect dystopique de notre présent "Plunge" est la phase suivante, le futur. "Au combat !" semble nous cracher à la gueule Dreijer tout au long des 11 titres. Acte politique avec pour arme l' intimité et la débauche. Cet album redonne au sexe un aspect politique et rédempteur. Après le dernier The Knife sur les même thèmes elle enfonce le clou. En ligne de mire de la suédoise le nucléaire, les anti avortement, la pollution. Ses référence? L' anarchisme et son auto-détermination. Comment elle s'y prend en musique ? Elle donne un élément de réponse quand par exemple elle explique : "La chanson est une prothèse qui s' étend comme un membre dans nos intestins pour sortir notre coeur à moitié digéré"
- CLAUDE SPEEED, déconstruction des 90's. De la rave à Oneohtrix Point Never en passant par le pos
On avait déjà croiser ce rouquin, écossais fatalement, au moment de la sortie du plus beau titre de Kuedo, "Work live and sleep in collapsing space". Il nous avait offert un remix particulièrement réussi lui permettant de signer illico chez Planet Mu. Un premier ep nous le présenta comme une nouvelle étoile dans la galaxie du Oneohtrix Point Never première perriode, celle des synthés planant et new age. Voici venu le temps du format long et le moins que l'on puisse dire c' est que notre rouquin tout en continuant de suivre de loin l' américain dans ses approches hauntologiques trace son propre chemin. Par son origine Speeed n' a pas tout à fait les même références que Lopantin et c'est bel et bien ceci qui sert avant tout comme gage de différence. L' écossais se rapprocherait plus pour ses connaissances historiques européennes du dancefloor mutant d' un Lee Gamble ou d' un Lorenzo Senni. Une sorte d' alter ego version club de Leyland Kirbye . On retrouve dans son "Infinity Ultra" quelques traces de rave comme Gamble, des mutations trance digne de Senni et même de gros résidus hardcore. Je parlais d' Hauntologie et donc de questionnement à nos souvenirs mais Speed s' occupe aussi de notre présent dystopique et technologique comme le dévoilent certains de ses attraits vaporwave et maximalistes. Il raconte avoir voulu créer "un espace abstrait pour traiter l' oppression, la confusion et la folie de l' âge contemporain". Et de préciser en parlant de "tristesse des rave". Ce qui l' intéresse en fait, ce serait de décrire l' avant et l' après dancefloor avec les éléments de language trafiqués de ce dernier. Afin d' atteindre cette "abstraction" il passe d'un mode ambient à un autre beaucoup plus noisy et développe ainsi chez l' auditeur la même inquiétude étouffée que nous ressentons en chacun de nous comme dans la société dans son ensemble. Il réussit la parfaite et rare symbiose entre le disque au vertu cicatrisante et celui qui ne nous épargne aucunes turpitudes de la triste réalité. Speeed c' est un peu comme une machine à laver, rinçage et essorage compris. Les textures dancefloor 90's subissent un véritable toilettage moderniste et déformant. Les textures mais aussi les mélodies. Il faut préciser au sujet de ces dernières que bon nombres d' entre elles risquent surprendre par leurs origines. L' écossais ne se contente pas du dancefloor des 90's, il maltraite également d' autres choses de la même époque bien connues par ici . Au détour de "Moonchord Supermagic" ne vous frottez pas les oreilles si vous pensez Boards Of Canada. "Entering the zone" quant à lui vous fera bien sûr penser à Lopatin mais un Lopatin jouant avec un batteur post-rock. Et que dire du petit bijou à la fin du disque, "Dream Dream". Animal Collective qui fait du shoegaze grandiloquent façon M83. On peut soupçonner à juste titre l' écossais d' avoir un passif indie puisqu'il débuta dans une formation post-rock. Qui plus est dans la patrie de Mogwai. Les guitares de sa jeunesse on les retrouve sur "800 Super Nyc" mais elles aussi subissent le même sort que les éléments de language des club. Comme Mogwai il use du spectre entier de l' art de la distortion pour apaiser comme pour électriser. "Infinity Ultra" est à la fois une libération maximaliste de pulsions refoulées et un baume hypnagogique aux senteurs nostalgiques. Premier essai transformé pour cet enfant illégitime de Daniel Lopatin et de Mogwai !
- CIRCUIT DES YEUX, le chef d'oeuvre.
Circuit des Yeux, grande passion du blog depuis sa création comme par exemple ici, par là ou encore là. La grande claque glaciale offerte en plein été par le single "Paper Bag" le laissait présager. Un an après son projet "Jackie Lynn" Haley Fohr risquait taper très fort avec son prochain septième album. Celle que nous avions découvert toute fraîche diplômée de l'université d' Indiana peut à présent postuler pour une chaire à vie au panthéon des très grands songwritters. Section ... voix gigantesques. "Reaching for Indigo" est à considérer ,déjà, comme un grand classique. L' album de la maturité d' une jeune fille qui n' a eut de cesse d' évoluer, de se questionner et d' expérimenter à tout va. Moins fouillis que les précédents et franchement plus équilibré entre expérimentation et classicisme folk gothique. Oubliez tous les pastiches dont nous abreuve l' industrie et les médias indie depuis des années. Ce disque offre un magnifique résumé de toutes les facettes qu' Haley Fohr a dévoilé au cours des 7 années écoulées depuis sa découverte. Hasard des sorties, l'une des révélations du début 10's tant défendues dans ce blog sort son disque au même moment qu' un autre grand espoir de DWTN, ZooKid/King Crule . Je ne sais pourquoi mais mon esprit les a toujours associé étrangement malgré de fortes différence. Si l' anglais confirme lui aussi toutes les espérances il faut bien reconnaître que l' américaine apparu sous les projecteurs de façon beaucoup plus discrète vient de prendre une très large avance. Là où l' anglais semble s' appuyer uniquement sur ces solides bases et parfois nous laisse franchement face à un mur de répétition jusqu'à l' ennuie, les errements expérimentaux de Fohr, qui ont pu par le passé laisser certains sur leur faim, semblent être les clés du succès artistique. La monotonie ne fait pas partie de son language musical. Belle leçon en faveur de l' expérimentation élevée en dogme. Il faut avertir les néophytes au sujet de Circuit des Yeux. Rentrer dans un de ses disques ne laisse jamais l' auditeur sans profond émois voir même des cicatrices tant elle touche là où ça peut faire mal. Là où ça peut bouleverser même le plus cynique d' entre nous. "Reaching for Indigo" atteint un degré d' existentialité rare en musique. Fohr ne triche jamais dans l' exercice méditatif et confessionnel à l' instar d'une Carla Dal Forno. Autre point commun avec l' australienne on sent planer sans cesse depuis ses débuts le fantôme de Nico période post "Chelsea Girl", bref, la meilleure, l' harmonium. Comme Nico en son temps, Haley Fohr possède l'une des plus belles voix de sa génération. Un baryton puissant doté de 4 octaves qui emporte tout sans prévenir. Un petit filet ondulant le long de la vallée qui peut en un instant se transformer en torrent d' émotion. On passe de l' harmonie apaisante au chaos le plus incontrôlable. J' avais déjà cité pour tenter de décrire le choc émotionnel et artistique ressenti face à cette voix des noms comme bien sûr Nico mais aussi Scott Walker. L' expérimentation dans le chant évoque de plus en plus un autre moins connu mais tout aussi important, Patty Waters! Fohr était à ses débuts complexée et déçue par l' accueil d'une partie du publique qui n' hésitait pas se moquer de sa voix et de sa façon de chanter. Les moqueurs conformistes vont devoir faire profil bas face à une voix encore plus belle et maîtrisée. Question instrumentation Fohr réussit également l' équilibre parfait entre désordre et subtilité. On retrouve les arabesques orchestrales intimes et dépouillées accompagnant sa guitare depuis deux disques. Un important travail sur des textures électroniques discrètes mais tout autant essentielles a encore été réalisé. On croise des drones au violon pudiques mais fort digne d' un John Cale , des motifs répétitifs à la Terry Riley et de surprenantes guitares psychédéliques. "Reaching for Indigo" est à l' image d' Haley Fohr. Inclassable. Donc fatalement essentiel.
- COLLEEN vole au dessus de tout.Bonus: Kaitlyn Aurelia Smith
Cécile Schott aka Colleen a laissé de côté sa viole de gambe pour faire mumuse avec des synthés et le bonnes vieilles pédales Moog. Dit comme ça ça peut laisser indifférent ou, à peine titiller l' esprit et la curiosité. Oui mais. Colleen vient de nous offrir l'un des plus beaux disques de Dream pop de l'année. Et c'est peu dire que d' affirmer que son prochain disque va réconcilier certains avec ce terme devenu symbole de parodie et de cliché, un mot clé pour tout bon apéritif dînatoire pour poseur qui se respecte. Tout ce que l'on déteste ici. Ce style est tant saturée depuis quelques années en redites sans réel intérêt où tout ce ressemble, s' auto-caricature, tourne en rond, ressasse le même référentiel jusqu'à en être devenu un genre mort synonyme d' indigestion. Je préfère de toute façon parler d' ambient pop à son sujet tant elle s'inscrit dans une tradition moins portée sur le songwritting classique pop du genre dream . La dream pop chez elle se conjugue au présent par la recherche et l' expérimentation. Laissons à d' autres Charlotte Gainsbourg faire fructifier l' héritage familiale. Colleen nous offre l' une des pierres angulaires d'une carrière déjà riche en pépites et réussit l' exploit de rejoindre au panthéon du genre notre fierté national Air mais aussi les grands noms du passé, Arthur Russel ou dans une certaine mesure David Sylvian . On peut dire de Colleen qu' il s' agit de notre Julia Holter made in France. En huit titres son changement de priorité en instrumentation s' accompagne d'une curiosité dans l' expérimentation rares et passionnantes. Sans toutefois perdre en capacité d' émouvoir. Il faut dire que ce disque dévoile une artiste se livrant corps et âmes comme jamais peut être. Parfois, un fantôme surprenant à la symbolique tellement dramatique flotte porté par la voix de SChott. Celui déjà croisé chez une Lana Dal Forno. Le spectre des spectres de la musique moderne de ces 40 dernières années. Qu'elle soit expérimentale ou pop. Nico. Selon les infos il a été enregistré juste après le Bataclan et est donc marqué par la proximité de la parisienne avec ce drame. "A flame my love, a frequency" dissertant sur la vie et la mort, la nature et la solitude, réussit l' exploit d' être un baume contre toute la merde qui a fini de nous exploser à la figure ce soir-là. Colleen plutot que de sombrer dans l' apitoiement nous donne de l' espoir, la force de s'ouvrir au monde pour éviter tout cloisonnement et atteindre une lucidité salvatrice. Si nous détournons nos regards de la saleté pour regarder nos pieds nous la détournons aussi un peu de la beauté qui sauvera en apportant les solutions. C' est un peu le message qu' elle délivre. Ses boucles électroniques évoquant la tête chercheuse Delia Derbyshire et les grandes heures de la BBC Radiophonic Workshop s' apparentent aux méandres d'un fleuve en cru nous emportant tous. N' aillons pas peur des senteurs concrete de son électronique , ne fermons pas les yeux et les oreilles, laissons nous être porté et écoutons tous les "bruits", et qui sait? Ce fleuve qui nous fait si peur nous amènera à la branche salvatrice auquel il faudra s' agripper pour en sortir. Bonus: Proche des travaux de Colleen par certaines références et sonorités au passé électronique et également thématique (découvrons la vie et la mort sur un mode voyageur curieux de tout) il est aussi conseillé d' écouter le dernier disque de Kaitlin Aurelia Smith. Peut être plus abouti que son précédent album (classé dans le top des failles spatio-temporelle 2016) son récent "The Kid" convainc un peu plus malgré de forte connotations 70's vintage. Et quelle pochette
- VISCERAL MINDS 2, dancefloor furieux et aventureux
Il est une nouvelle fois question des deux têtes pensantes de Fractal Fantasy, Zora Jones et Sinjin Hawke (voir par là). Leur label qui se veut ne pas être à proprement parlé un label nous offre LA compilation 2017 pour tout bon dancefloor qui se respecte. Un dancefloor qui expérimente à tout va, qui n' est pas une énième niche stylistique ou sociale. Je sais, je vous avais déjà tenu à peu de chose près les même propos au sujet de la compilation gigantesque du Club Chai en début d' année (voir ici), mais force est de constater que "Visceral Minds" sans réellement chasser sur même les terres de "Club Chai vol1" est devenue depuis sa sortie une sorte de jumeaux. Si Club Chai rassemblaient une pelleté de noms inconnus et prometteurs nos deux énergumènes de Fractal Fantasy viennent de construire une espèce de Dream Team de la cause futuriste pour le dancefloor. On y retrouve tout un tas de nom de révolutionnaires de la musique de club. Un contingent hallucinant de noms déjà croisés par ici et provenant d' univers différents.Des dj Footwork et pas des moindres, la participation post-mortem de Dj Rashad en plus de celles de Dj Spinn et JLIN! Un gros bout de l'univers Night Slugs/Fade To Mind avec L-Vis 1990 et même le nouveau trésor des nuits mancuniennes, le collectif Swing Ting. J' oubliai le croisement entre Sakamoto et TCF, les V1984. Stylistiquement c 'est un putain de bordel jouissif sans nom. Nous fréquentons tout ce qui peut se faire sur un dancefloor sous toutes ses formes au cours d' un voyage planétaire. Passage assez long du côté de Chicago et son footwork, le grand gaganant une nouvelle fois, puis c' est Newark et son Jersey Club et un soupson de Baltimore Club. L' UK Bass n' est pas en reste avec un son maximaliste à souhait tout comme le crunk, le 2 Step et le dancehall jamaïcain. Quand des voix apparaissent elles sont anglaises ou latines. L' instrumentation classique cher à Sinjin Hawke peut symboliser à nouveau sa volonté et celle de ses compères et consoeurs de rajeunir le passé pour se propulser vers le futur. Le mot d' ordre de Visceral Minds est bel et bien ceci : Go to the futur. Ou "Dancing with the futur"? Un futur pas toujours dystopique, quelque fois rétro sans tomber dans le cliché, parfois rêveur quand l' ambient s' en mêle. L' expérimentation, la recherche de nouvelles idées, est d' abord perspectible tout au long des 20 titres jusqu'à devenir le principal attrait. Compilation obligatoire ! Adresse de leur site où Visceral Minds est dispo dans son intégralité avec bien sûr un visuel époustouflant (marque de fabrique du couple Jones/Hawke) https://fractalfantasy.net/
- LEE GAMBLE, quand le passé parasité crée le futur
Après quelques ep passionnants l' un des artistes essentiels des 10's revient au long format trois ans après un "Koch" qui m' avait un peu laissé sur ma faim. Faut dire que ce qui avait précédé "Koch" mettait placé la barre très haute en matière de choc artistique. Que ce soit avec son chef d' oeuvre absolu "Diversions (1994-1996)" (présent dans le top 2012-17 des 5 ans de DWTN) ou "Dutch Tvashar Plumes". 2017 Lee Gamble a encore fait table rase de son passé et réenclenché son moteur à propulsion en direction d' univers lointains. "Koch" n' était donc qu'une pause et ses titres plus "dansables" (le ep "Chain Kinematics") une jolie récréation. "Mnestic Pressure" poursuit donc le gros travail de réflexion sur le passé qui est la marque de fabrique de Gamble. Pour les débutant "Diversions 1994-1996)" comme son titre le laissait suggérer était la distillation d' éléments jungle et rave de cette époque lointaine dans l' expérimentation la plus obptue. "Dutch Tvashar Plumes" reprenait les us et coutumes du bonhomme mais c' étaient nos souvenirs de la techno qui subissait ses foudres créatives. Le passé parasité par le numérique moderne pour rencontrer le futur potentiel, bref deux grands disques avant gardistes par excellence. Gamble s' inscrivait ainsi dans la suite d' artistes que DWTN a tant de fois abordé. Des artistes jugés pourtant très éloignés de sa culture dancefloor. Ce disque sorti en 2012 se voyait étiqueter par les plus réactifs et avertis du nom d' hypnagogic . Hypnagogic dancefloor aurait-il mieux valu juste histoire de bien cerner la nouveauté portée par Gamble et sa filiation avec des gens comme James Ferraro, Oneohtrix Point Never et même Ariel Pink. Gamble n' a eut de cesse de s'interroger sur l' histoire et la nature même de nos souvenirs musicaux. Ce qui le rapproche d' un autre courant maintes fois également traité ici, la Hauntologie de Leyland Kirbie et des Demdike Stare. "Mnestic Pressure" marque plusieurs tournants dans la carrière de Gamble, d' abord exit PAN et coucou Hyperdub en ce qui concerne la maison de disque qui l' héberge. Ce changement de label s' accompagnant d'un important changement musical . Exit encore mais plus légèrement les brumes hypnagogiques parfois sinueuses pour rencontrer un Gamble plus immédiat mais toujours délicat, le semblant de narration laisse quant à lui place à un coq à l' âne plus abrupte mais tout autant explicite. Sa musique toujours rêveuse et parfois planante semble devenir aussi plus robotique et rigoureuse. Mais que les fans de la première heure se rassure cette musique semble encore et toujours en mutation permanente tant Gamble est capable d' appliquer une multitude et une diversité d' angle de vision dans un même morceau. Qui dit s' attaquer à nos souvenirs musicaux doit automatiquement mettre à mal, consciencieusement nos habitude d' écoutes. Gamble utilise pour cela une vision surréaliste inédite. Les choses ne sont pas là où elles le devraient. N' arrivent quand on s'y attend. Ne sont de toute façon comme on se souvenait qu' elles étaient. Gamble jongle avec tout le registre de tonalité et de fréquence qui puisse exister. L' écoute passive ou simulée proche d' un réflexe pavlovien ne peut pas fonctionner avec lui. L' investissement doit être total. L' aspect vieillot qui subsistait des samples de jungle et de rave malgré ses maltraitances numériques se voit masqué un peu plus par un autre plus technologique et moderne. "Mnestic Pressure"? Assurément un futur "classique" sur lequel on s' évertuera encore à trouver les secrets dans quelques années.
- JOHN MAUS: Fin du quiproquo? Notre héroïque pourfendeur de l' abus d' ironie et de cynisme
Après son pote Ariel Pink cet été (voir ici) le génial cinglé John Maus revient 6 ans après son dernier album. L' attente fut longue. Trop longue? Découvrir ce quatrième album amène à des interrogations. Elles étaient déjà présentes dans mon esprit au sujet des deux derniers Pink et il devient vital de les affronter quand il est question de nos deux héros musicaux. Héros pas seulement pour des raisons purement de ... "goûts musicaux" consuméristes ou de maquillage sociales et culturelles". Le machin baptisé Hypnagogic pop apparu fin 00's et peu abordé en France, si ce n'est avec des pincettes par les hallergiques à toute forme de réflexion poussée sur la musique, c 'était d' abord et avant tout, lui et ses deux potes! JOHN MAUS, ARIEL PINK et Gary War. Daniel Lopatin et James Ferraro suivirent de près. L' hypnagogic pop avec son interrogation sur notre rapport au passé musical, à nos souvenirs, et tout ce qu'elle entraîna comme réflexion (la nostalgie, le vintage, la révolution numérique et le flux d' info, l' état du monde etc etc) et nouvelles formes musicale. Les intentions et le gigantesque attirail de concept que Maus et ses deux compères voulaient transmettre par leur musique, tout ce bordel essentiel pour comprendre l' enjeu de ces artistes et de l'hypnagogique pop, et bien ce bordel est tout bonnement passé à la trappe chez bon nombre de fan en pleine confusion rétrogagaïste et hipstériennes. L' aspect dystopique porté par leur rétro futurisme? Emporté par la pose des uns et la toxicomanie à l' unique rétromanie des autres. A moins que la dystopie ne soit devenue l' argument malhonnête d' individualistes forcénés et suicidaires. Je n'aborde pas ma musique en termes de nostalgie ou de rétromanie" John Maus Novembre 2011 Au moment de se retirer le bon John nous avait assuré vouloir se relancer dans l' expérimentation et tenter de nouvelles approches. Trop lucide qu'il était pour ne pas voir l'impasse lui arriver dessus et surtout les quiproquos qui commençaient à s' additionner à son sujet. Le quiproquo en pop n'est pas une nouveauté. Voir des gens aimer une musique qui dénonce leur comportement, leurs valeurs ou ce qu'ils sont, on l' a déjà vu. Mais celui dont sont sujets Maus et Pink est peut-être l' un des plus frustrant et énorme. Depuis 2011 Maus et Pink ignorés pendant les 00's alors qu'ils étaient bel et bien actifs (et déjà géniaux) ont vu un statut culte et un éclairage médiatique assez surprenant leur tomber dessus. Surprenant par l' origine de l' intérêt porté et sa nature. Parce que derrière une côte d' amour en hausse permanente il y aurai comme qui dirait une grosse méprise. John Maus est un anti-ironie et cynique à l' instar de ses prestations scéniques héroïques et brut de décoffrage. Pas de chichi et de folklore rock'n'roll/pop/"spectaculaire" (dans son sens situationniste). Une bande magnétique pour le refus d'une certaine authenticité désirée par certains et un type qui tel un soldat en combat donne tout ce qu'il peut. Une autre forme d' authenticité contre la pose et la routine. John Maus entendait lutter justement contre ce que le comportement dont ses fans en pleine méprise sont symptomatique par leur façon d' aborder la musique. "Screen Memories" jette un petit voile sur les belles promesses et les espoirs placés en lui pour briser la méprises de certains au cours de son absence tant on a le sentiment de se retrouver en territoire connu aux premières écoutes. Je reconnais que je suis un peu dur parce qu'à y regarder de près ce prochain album n' a pas à rougir face aux trois premiers et à la compile d' inédits sortie entre-temps. Mais dans ce blog on préfère aller plus loin que le simple "c' est bien foutu" et la simple question de "goût". Outre le sentiment d' accalmie en comparaison aux précédents il y a dans les paroles une petites évolution. Quelques petits indices qui montre que Maus est loin d' être naïf et dupe face à l' amour porté par une partie de ses fans et l' accueil des médias. Certaines de ses paroles maintes fois répétées tel des slogans politiques comme toujours chez lui devraient faire tiquer les oreilles de certains. Mais je crains que ce ne soit toujours pas le cas faute d'une forme musicale devenue trop facilement récupérable car déjà assimilée, et donc lue sur plusieurs degré et surtout ceux qui ne poussent pas à la remise en question. Musicalement on se retrouve malgré une plus grande maîtrise et un soin plus important à sa production toujours devant la même recette que celle de "We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves". Ce détournement d' éléments synthpop 80's (les année de la poussée Néo-libérale et du capitalisme triomphant sur toutes autres idéologies) , ses influences classiques et baroques, cette posture post punk évoquant le mariage entre la proto électro de Cabaret Voltaire et Current 93 pour l' imaginaire et les craintes de fin du monde moyen-âgeuses omniprésentes. Maus explique avoir passé le laps de temps qui sépare ses deux albums à s' amuser avec les puces électroniques afin de construire ses propres synthés et ça se sent. Il est probable qu' à l'instar de Pink lui aussi a donc cherché à nettoyer le son hypna au moment où bien des suiveurs s' en sont emparés (la chillwave). Ce son qui rebutait au tout début tant de gens devenu depuis des fans (croyez mes expériences perso de tentative de partage). Ce qu'il faut bien comprendre avec "Screen Memories" c' est que l' on est une nouvelle fois devant une relecture du passé qui se veut plus une perversion, une manipulation qu'un simple copiage dénué de réflexion qui satisfait la partie de ses adorateurs en pleine méprise. Malheureusement à l' image de "Teenage Witch" il semble que Maus en nettoyant sa production lo-fi plus difficile d' accès affiche moins clairement le détachement et l' analyse d' autrefois face la nostalgie. Cette chanson évoque par sa musique une nostalgie léchée de l' adolescence, un "c' était mieux avant" cher à tous les fans de vintage. Oui mais les paroles ne décrivent pas des souvenirs tranquilles, un instant de vie purement agréable. Il y a quelques petites surprises dévoilant un développement comme ce titre tellement Pinkien avec sa grosse guitare FM mais beaucoup moins charmante que ses éternels synthés néo-baroque("Find Out"). La surexcitation semble faire place à certains moment à des instants méditatifs surprenant de la part de cet hyperactif . Pour conclure sur la simple appréciation musicale ce "Screen Memories" est aussi intéressant que les trois précédents mais seulement voilà, on en est au 4ème après 6 ans d' attente et...: "Si le statu quo est un état politique ou un langage musical, l'idée devrait être de tuer ou renverser cela." John Maus Novembre 2011 Au début des 10's Maus et Pink cernaient parfaitement certaines petites choses comme par exemple l' overdose d' ironie, de cynisme, de consumérisme et de superficialité recouverte de fringue vintage et de rétromanie qui guettait et étouffait la musique et la société. Exactement ce qui peut décrire le comportement de la partie de ses fans en plein malentendu. Ironie et superficialité surtout pratiquées dans la classe moyenne blanche occidentale, celle étant censé être culturellement "plus ouverte", "plus progressiste", "plus curieuse" et "plus armées en outil critique". Et c' était plus particulièrement le cas dans l'indie music (LA musique de ces classes sociales) qu'ils secouèrent. Un autre n'a t-il pas dit récemment : "On s’est trop habitués à l’indie rock, qui est une appropriation bourgeoise du rock, sans fond, sans danger ni excitation." Ian Svenonius (The Make Up) Face à ça ,toujours selon Maus en interview, le chanteur pop était censé être le courageux et vaillant chevalier des temps anciens qui remet le monde dans le bon sens. Qui use de la meilleur arme et pour lui ça signifiait que le musicien se devait de trouver un nouveau langage pour parler de la façon dont les gens se rapportent les uns aux autres. Dans un sens Maus bien avant les politologues et les politiques en appelait déjà à une certaine forme de populisme en musique. Attention, le populisme n' est pas le clientélisme démago surfant sur la nostalgie et les niches stylistiques pseudo contestataire qu'il dénonçait justement. Lui c' était le bon côté de la médaille. LCD SOundsystem ou le rock garage l' autre face malgré eux. Il est loin le temps où Maus passait pour un naïf utopiste et déclenchait les sarcasmes ou l'incompréhension des cyniques en beuglant "right for the gays" ou "Cop Killers". Faire des chansons engagées, réellement, certains de ses fans actuels trouvaient ça trop facile et sans intérêts. Le fameux retour du populisme que j' écrivais plus haut. Un appel à l' engagement et un rappel du rôle artistique de la pop alors que tout amenait à l' asservissement consumériste et au conformisme. Et notre bonhomme d' "accabler" les neuneus journalistes pas venus pour ça de concepts et de citations provenant d'un Deleuze ou de Badiou. "Cop Killer est le moyen idéal de mettre en avant l'idée que tout programme politique ou artistique valable devrait chercher à renverser la situation telle quelle. Que le statu quo soit un état politique ou un langage musical, l'idée devrait être de le tuer ou renverser cela. La chanson ne consiste pas à tuer un être humain, mais à surmonter l'inhumanité, à détruire la machinerie qui nous tourne vers une fin autre que nous-mêmes". John Maus 2010 Maus disait et, c' est ça mon gros problème avec ce disque, semble encore nous dire en 2017 : "attention un jour on va avoir un président dangereux" à force de ne pas parler simplement de l'essentiel alors qu'il faut dorénavant écouter et s' adresser au peuple et non à un coeur de cible commercial et culturel dans nos chansons. Tout ce qu'il avait prévu, ce gouffre s' apparentant à la fin du monde, est devenu palpable pour un plus grand nombre. Trump, Brexit, Macron et réchauffement climatique... c' est arrivé, c' est sous nos yeux, et Maus est encore dans le signal d' alerte. C 'est ça qui gène un peu dans le dernier disque avec son manque de changement radicale dans la forme par exemple qui aurait permi une adaptation à la situation qui a changée et bien sûr au quiproquo lié sur la rétromanie. Entre 2011 et 2017 lui et ses compères de l' hypnagogic pop ont participé activement à changer la donne en enfantant bien des artistes et des mutations en musique. Mutations certes encore très peu répandues dans les gros médias "indie" mais on les perçoit de plus en plus tel la gène occasionné par la redite rétrogaga qu' ils dénonçaient et détournaient s'une certaine manière. Le maître en passe d' être dépassé par les élèves et les changements qu'il avait pourtant appelé de ses voeux, anticipé jusqu' à les provoquer? Et en plus, bien évidemment, ce qui devait arriver arriva, les cyniques de tout poil maître absolu de l'ironie et autres hipsters stigmatisés par les deux gars se sont donc mis à adorer Maus et Pink avec leurs aspects vintages et rigolos. Sans parler de la pléthore de musiciens so 80's comme Maus mais totalement à mille lieu dans les intentions et le degré de réflexion (Alex Cameron). Les conceptes d' Hypnagogic pop ou d' Hauntologie et tout ceux spécifique à Maus leur sont bel et bien passé par dessus la tête et ça, dès 2011;l' américain regrettait en interview via un jugement sur les guitares qui doit franchement géner ses fans de garage soit disant aventureux par exemple. "Je pense que les synthétiseurs et les formes d'onde permettent une complexité sonore qui dépasse la palette des guitares traditionnelles ... La palette était là dans les années 80 alors pourquoi a-t-elle été mise de côté et oubliée? les timbres et les sons offrent tellement de couleurs et de possibilités, me semble-t-il, que les possibilités de la guitare ont été épuisées." Le pari de piocher dans le passé pour justement critiquer son utilisation ad nauseam sur le seul prisme de la nostalgie et de se trouver un coeur de cible était risqué en terme de quiproquos et de confusions avec les clientélistes. Qui plus est en privilégiant le format pop là où d' autres faisaient fuir les tricheurs en réussissant à éviter les amalgames par une expérimentation moins commerciale. Demdike Stare et Lee Gamble pour le dancefloor et Leyland Kirbye pour la musique ambient. Maus et Pink font dans la Hauntologie comme tous les nom cités. La Vaporwave (les vrais punks des 10's), ce qui la suivi tel les artistes d' Orange Milk Records, James Ferraro ou Oneohtrix Point Never ont développé de nouvelles formes en matière d' emprunt et de détournement du passé. Ils ont affiné les critiques et multiplié les points de vue éclairant comme par exemple sur le rôle en matière de communication de la culture pop. Des gens comme Arca ou Holly Herndon ont dépassé le stade du post-modernisme pour ré-ouvrir via la technologie la boite de pandore (aux yeux de certains) du modernisme. NON Worldwide ou certains artistes post-punk (Protomartyr, Sleaford Mods) ont remis au goût du jour et élargie la critique sociale et politique après que Maus les ait juste ébauché, regretté et espéré. Là où Protomartyr par exemple pallie le manque de renouveau musicale par la grande forme de son chanteur/parolier Maus apparaît beaucoup plus timide. Timoré face à NON Worlwide pour être plus exact. Là ou Daniel Lopatin excelle et se renouvelle dans les trouvailles d' artefact pop à détourner notre Saint John semble être devenu justement un artefact du début des 10's et de l' apparition du courant hypnagogic pop. Epoque pourtant pas si lointaine. Finalement à la question de savoir si je conseille ce disque j' ai envie de vous dire de juste s'y arrêter et ensuite d' aller voir ailleurs en passant juste avant par ses 3 premiers albums qui, malgré le temps écoulé, semblent encore bien plus pertinent et possède toujours la vitalité dont ce tardif "Screen Memories" semble manquer. Histoire de se rappeler que ce type est un héros, certes fatigué (définitivement? pas sûr!). Un des rares qui ont réenclenché la marche avant musicale et critique quand tous les autres utilisaient le passé à des fins cyniques, nostalgiques et idiotes en nous suggérant que l' histoire était fini. "Screan Memories" sera bientôt dans tous les bons apéritifs dînatoires pour cyniques arrivistes, bobos, réac faussaires, poseurs, dragueurs vicieux et hipsters. Afin d' éviter tout quiproquo et confusion faites leur écouter ceci, ils ne connaîtrons pas, n' aimeront pas et disparaîtront parce qu'il y a des merdes bien plus aptes à satisfaire leur triste désir de posture facile et de consumérisme béat. Et pourtant. Avec leurs sales manières de décrire le vrai monde du présent en piochant dans les poubelles et tous les genres... Ce sont LES "We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves" de 2017 ou du moins, ses enfants légitimes! Pas le temps de chronique Le Nmesh et l' année hallucinante de son label Orange Milk Records mais allez sur le site du label. Nmesh? "C' est comme comme des Avalanches avec un cerveau"
- JANA RUSH, l' autre fille du footwork
C 'est LA révélation footwork de cette année. Celle que l'on avait pas vu venir tellement Jlin monopolise l' attention. Et pourtant on ne peut pas vraiment dire que la discrète Jana Rush est une débutante. C' était même l'un des secrets les mieux gardés du footwork à Chicago au point que votre serviteur passionné de cette scène depuis 2010 n' en connaissait que quelques titres sous le pseudo de JA RU et de vagues rumeurs sur les forums spécialisés. Cette trentenaire débuta sa carrière de Dj au sein des radios des blocks de Chicago à ...10 ans! Premier disque de ghetto Tech/house à 15 (1996) chez ... Dance Mania, rien que ça! Si vous ne connaissez pas Dance Mania et son créateur Jesse Saunders allez vite sur le net, histoire de réparer une grosse bévue musicale. La transition magique de la juke à cette révolution que fut le footwork fin des 00's , et aussi de tout ce qui a précédé en terme d' innovation sur les dancefloors chicagoans, elle peut donc dire qu' elle en était et pas qu'un peu. Alors que toutes les portes lui semblaient ouvertes pour accompagner sa consoeur Jlin derrière la cohorte des mecs l' histoire s' arrêta net. Maman Rush appréciait peu qu'elle passe son temps à faire de la musique avec ses copains Rashad et Deeon. Jana étant une brave et adorable jeune fille à sa maman elle se lança dans des études en 2000 pour devenir brillamment ingénieur en Chimie et ...technologue en tomographie par ordinateur. Me demandez pas je sais foutrement rien de ce truc, moi mon truc ici c' est le footwork. Le footwork justement, avec les bonnes fréquentations qu'elle avait, elle ne pouvait y échapper. Même avec la tête dans les bouquins. C' est peut être bien là le truc qui fait que son "Pariah" arrivé sur le tard après tous les copains ne ressemble absolument pas à une redite. Le recule pris avec une très bonne vision d' ensemble pendant toutes ses années-là lui permit d' enfanter une version bien à elle du footwork. Un footwork également bien plus teinté de la techno, de la house et de la ghetto sous toutes leurs formes apprises chez Dance Mania. Ce qui frappe au premier abord chez elle c' est donc bien l' omniprésence de l' électro. Bien plus que chez les autres grands noms. Ensuite il y a la puissance et l' âpreté à faire pâlir bien des mâles du genre. "Break it", l' un des plus grands titres de l' histoire déjà riche du footwork, résume parfaitement cela. Un monstre au BPM gigantesque et aux sautes d' humeur dévastatrices. Mais attention, âpreté ne veut pas dire bourrin systématiquement comme on le verra plus tard. C est que notre revenante a un sacré sens du détail et opère avec précision et sérieux tel un rat de laboratoire. Probable déformation professionnelle. Jana Rush est autant singulière par son parcours et sa forte personnalité qu' elle est aussi totalement imprévisible dans ses manières. Sa parfaite connaissance du genre et sa maîtrise complète de toutes les variantes font de "Pariah" un parfait résumé de tout ce qui a été tenté avec le footwork. On passe tour à tour de l' art de la fluidité à la Rashad au tape à l' oeil minimaliste et à l' efficacité de RP Boo et Traxman. Sans parler de sa passion et de sa virtuosité très "JLINienne" en matière de percussion. Si on retrouve chez elle quelques bons (et attendus) samples issus de l' héritage soul/funk/hip hop Jana Rush se démarque de tout le reste une fois de plus au regard des emprunts étonnants mais aussi du "produit fini". "Divine" et d' autres titres la voit explorer une espèce de drone évoquant étrangement une forme nouvelle accélérée d' ambient si ce n'est de shoegaze!!! . Face à "Midline Shift" comment ne pas imaginer les vocaux de My Bloody Valentine ou d'une cohorte de chanteuse dream-pop maltraités sur une rythmique footwork vaselinée. Après le footwork un brin trippant et étrangement planant, même à très forte vitesse, elle peut aisément se jouer ailleurs des codes dancefloor house et techno et de leurs synthés avec en toile de fond des tics toujours très dronesque, musique concrète (!) et même ...IDM! Aphex Twin déjà fan de Jlin devrait vite écouter. Autre rencontre du troisième type la présence de bons vieux breakbeats directement en provenance de la jungle. Pour résumer mon amour de ce disque, entre le shoegaze et l' ambient façon footwork et maintenant la drum & bass british toujours à la même sauce cette fille m'offre pour le prix d'un disque pas mal de mes fantasmes de partouze stylistique que la découverte du footwork avait enfanté. Sept ans après Bangs & Works et alors que les suiveurs de mode et les opportunistes, raccrochés au wagon à la suite de l' éclairage apporté par la mort médiatisée de Rashad , commencent à lâcher l' affaire (ouf!) le footwork via "Pariah" prouve une nouvelle fois toute sa vitalité et qu'il ne s' agissait surtout pas d'un "sous genre". Il y avait une reine footwork, JLin ...il y en a à présent deux! La même à 15 ans pour le légendaire Dance Mania Son ep de 2016 sous le pseudo de JA Ru célébrant son grand retour avec le terrifique "Space". Titre footwork parfait pour halloween.
- CARLA DAL FORNO
Je ne pensais pas réécrire de si tôt sur Dal Forno après la news concernant l' annonce de la sortie de son ep "The Garden" et la claque du titre hommage à Berlin et Einstuzende Neubauten (voir par là). Surtout que depuis deux ans elle ne cesse de squatter ce blog (ici, là juste avant) sans parler de ses liens avec l'un des labels préféré de DWTN, Blackest Ever Black. Et que dire du tortueux nouveau disque de son groupe F Ingers (c'est ici aussi). Mais ça c' était avant la découverte des trois autres titres présents sur le ep. Ils sont tous bluffants et absolument pas anecdotiques comme parfois on peut le craindre dans ce cas de figure, album gigantesque suivi d'une série de tournées usantes et de collaborations chronophage (FIngers). Un changement s' opère, sobrement mais surement. Le titre "The Garden" le suggérait mais les trois autres le confirment encore plus. L' optimisme du premier album disparaît, on perd les traces de dream-pop pour des choses plus sombres , indus et gothique. Le lien avec la dark ambient et les lubies de son label se fait plus fort. Mon petit plaisir actuel éclaire bien ceci, alterner les chansons de la belle avec les titres "dancefloor" et étouffant de ses collègues Pessimist ( ici) , Raime (là), Tropic Of Cancer (là) ou la légende Regis (jetez-vous sur sa compile "Manbait" classée number one dans le genre ici même en 2015). Tout le travail accompli avec F ingers se fait encore plus sentir. Toujours ces senteurs médiévales qui la rapprochaient de Nico mais à la différence de l'icône allemande et de son apparente simplicité acoustique l' enchevêtrement primitif chez Forno et surtout l' usage primordial des effets sonores , comme chez F Ingers, deviennent la marque de fabrique de cette personnalité forte. Comment l' australienne réussit elle a à la fois imprégner fortement notre cerveau avec cette musique qui semble traverser notre esprit puis disparaître sans prévenir. Un songe voué à être oublié après le réveil mais qui va vous poursuivre toute la journée, si ce n'est la vie! En moins de deux ans depuis la sortie de "Fast Moving Cars" Carla Dal Forno est devenue une grande, ... une TRES GRANDE! Et aussi un poil plus belle que le plus beau spécimen que Berlin a produit
- SOTE, de WARP à Téhéran
Quelques semaines après la réédition de l'un de mes disques cultes, le "Spellewauerynsherde" d' Akira Rabelais (voir ici), un autre album et ce coup-ci tout inédit réussit la plus parfaite des jonctions entre le passé et le futur, le patrimoine ancestral et la technologie. Sote n' est pas le dernier rejeton de la scène électro et expérimentale Iranienne. Ce quadragénaire a en effet déjà un très long parcours derrière lui. Une trajectoire qui l' a vu partir de l' IDM et de chez WARP, passer par Sub Rosa, déglinguer l' héritage Rave en s'inspirant de Xénakis , pour arriver aujourd'hui à Téhéran et OPal Tapes, l'un des labels les plus pointu en matière de recherche. "Sacred Horror In Design" sorti il y a quelques semaines marque ainsi l' aboutissement d'une longue recherche. A l'origine c' est une commande de l'un des plus passionnant festival, le CTM de Berlin, le genre de festival alliant modernité, originalité et expérimentation en tout genre avec une réelle ouverture sur notre monde contemporain. Bref, le genre de festival dont la France toujours à la traîne car peuplée de professionnels de la profession totalement idiot, capitalistes et peureux est quasiment privée. Accompagné du joueur de santour Arash Bolourt et du spécialiste de Luth Iranien Behrouz Pashai, Sote soit Ata Ebtekar dans le civile, nous offre une musique à la fois délicate, mûrement réfléchi et instinctive. Sa partie à lui est l' électronique et il y excelle quand il s' agit de pervertir avec respect le passé. Parfois Sote laisse la musique ancestrale s'emparer de vous pour laisser les bidouillage numériques faire leur oeuvre lentement. A d' autre moment la technologie ouvre les hostilités de manière aussi puissante que le peuvent le hardcore ou la techno pour en revenir à l' acoustique intemporel . Avec lui tout débat stupide sur l' authenticité est évacué au profit de l' évasion artistique et du cassage en règle des codes et des dogmes. Après Fatima Al Qadiri, Ash Koosha (par là), Karyyn (ici) et prochainement Sadaf DWTN vous invite une nouvelle fois à vous jeter sur une musique qui nous vient d' Orient et qui passe par la planète entière histoire de sortir de nos vieilles cultures occidentales et rocks en train d' agoniser ou du moins, de sentir fortement le renfermé. PS: Avant Sote un autre artiste iranien avait marié l' électro et l' héritage ancestral, jetez-vous sur les disques sur le gros travail de réédition des oeuvres de Dariush Dolat-Shahi. Démontage en règle de tous les préjugés qui peuvent encore polluer le fond de votre cerveau de petit occidental.
- KLEIN, musique folle pour monde fou. Et un peu d' Yves Tumor, prochainement artiste WARP
L'an dernier par faute de temps je n' avais pas pu vous parler plus longuement de Klein et l' artiste classée dans le top annuel de DWTN n' avait donc eut droit qu'à une petite place dans la chronique concernant le chef d' oeuvre d' Yves Tumor. En 2017 on inverse les rôles, Yves Tumor pour son magnifique dernier album n' aura que quelques mots et Klein sera la reine de l' article grace à un ep encore plus cinglé et tout autant réussit que son "Only". Si vous ne connaissez pas encore Klein sachez que vous allez mettre les pieds dans l'un des territoires musicaux parmi les plus étranges mais aussi les plus magnifiques. Sa musique ne laisse jamais de marbre. Soit c' est un rejet, soit c' est le début d'une passion irrésistible. Comment définir, tenter de décrire, la musique de cette artiste du Sud Londoniens d' origine Nigérianne (Lagos) ? C' est tout simplement impossible. Je peux bien vous dire qu'il y a des traces de jazz, de R'n'B, de Noise, glitch, psychédélisme, jungle, gospel, Soul etc etc Vous seriez encore loin du compte . Une combinaison inédite de sons et de vie, tout ici est déchiqueté, disloqué, métamorphosé et inexorablement inédit. Face à autant d' imagination délirante sans aucune limite on ne peut que capituler. Tout ce qui passe entre les mains de Klein semble être propulsé dans la quatrième dimension. Un trop vieux monde disparaît et fait place à un tout nouveau jamais vu. C' était déjà le cas avec "Only" sorti en quatimini sur Bandcamp et très vite appelé au cours de la même année à être publié en format solide tant la demande s' est faite pressante. Un an à peine après Klein rejoint l' écurie prestigieuse d' Hyperdub (Dj Rashad, Burial, Laurel Halo, Fatima Al Quadiri, Jessy Lanza). Même parmi la belle liste de ses camarades déjà bien classés non conformistes, originaux et aventuriers, elle fait figure d' extra terrestre. Le ep "Tommy" enfonce le clou. On ne peut qu' être bluffé par ce croisement inédit du r'n'b et des manières issu de l' expérimentation la plus folle comme par exemple l' électro acoustique et la musique concrete. Dès le titre baptisé "Intro" on croise Maria Carey reprise par Klein et ses amis mais à la moulinette spatiale de Sun Ra le tout supervisé par Parmégiani. Tout au long des 8 titres Klein nous traîne de grès ou de force dans un dédale d' effets singuliers. Les voix et les pianos sont maltraités numériquement, la belle avoue un amour pour les limites du logiciel Audacity. Quand on pense pouvoir s' accrocher à un choeur ou à une boucle un brin "normal" tout se volatilise en une brume sonore épaisse ou légère selon la bonne volonté de la dame. Mais dans les deux cas ce brouillard transforme la vision de votre environnement, du monde tel qu'il est. On perd pied. Et ça, c' est très rare de nos jours, rare donc totalement utile. Yves Tumor vient de sortir sans prévenir un nouvel album et encore une fois on ne peut que contempler la grande oeuvre. Voir ici pour les retardataires qui ont loupé l' un des plus grands disques de 2016. Moins d'un an après "Serpent Music" et quelques mois après sa participation à l' obligatoire compilation ambient "Mono No Aware" du label PAN Tumor offre "Experiencing the Deposit of Faith". Même si l' effet de surprise semble être atténué face à ces 12 titres prolongeant ceux de "Serpent Music" le bonhomme a pris une tel avance que l'on ne peut le considérer comme anecdotique. Il est allé bien trop loin dans les terres inexplorées pour ennuyer et son attitude à multiplier les alternatives pour toutes les musiques électronique ou autres frappera encore par son imagination et son savoir faire. Encore une fois il charme avec son spleen et son art délicat du coq à l' âne stylistique. Avec maestria il déambule sa soul et son blues dans tout ce qui se fait de palpitant depuis quelques années, Vaporwave, indus, dark ambient, musique concrete, Hauntologie et hypnagogic pop. Une fois de plus son art des raccords juxtaposés étonne et ne parlons pas de sa capacité à créer des espaces sonores où on peut trouver de façon surprenante et charmante certaines choses là où elles ne devraient pas être. Autre nouvelle concernant Tumor, confirmant tout les espoirs placés en lui, il vient d' annoncer sa signature chez Warp après son passage chez Pan.
- DEMDIKE STARE fouillent et magnifie la malle aux trésors du GRM
Nos deux mancuniens préférés avaient été invités il y a quelques semaines par l' INA GRM (Groupement de Recherches Musicales) à se produire en ses murs. Un concert un peu particulier et forcément intriguant puisque pour l'occasion Miles Whittaker et Dean Canty pouvaient fouiller et utiliser tout ce que l'un des nos trop rares orgueils musical français peut receler en trésors. Et voilà l' héritage magnifique français en recherche de son et en musiques électroacoustique passé à la moulinette et au filtre de nos deux druides anglais. Forcément ça va très loin et peut également servir de porte d' accès à ces formes musicales parfois un brin brutale en matière d' accessibilité. Le résultat c' est une cassette de 45 minutes où nous retrouvons aussi bien certains travaux des deux compères mais aussi ceux des grands noms, Pierre Henry, Bernard Parmegiany, Guy Rébel sans oublier celui par qui le miracle GRM a eut lieu, notre génie national en la matière, Pierre Schaeffer! En prime l' INA GRM avait interviewé nos deux gars. Nos deux gars interrogés et traduits en français est une chose si rare qu' elle en est absolument vitale. Dans la même thématique, ce pays regarde trop le passé en musique, , le fait que l' institut National de l' audiovisuel spécialiste du passé justement et de la nostalgie en tout genre ait pris sous son aile un temple en matière de recherche et d' expérimentation dit beaucoup de la haute estime et des non-dits que portent nos institutions et ce pays à tout ce qui peut s' apparenter à de la musique neuve, originale et courageuse. La conjugaison ne se fait qu' au passé, effet révolutionnaire à proscrire et conformisme élevé en dogme. Seule ombre au tableau l' incapacité de reproduire sur bande magnétique les effets du surround de l' accousmonium du GRM avec ses déplacement de sons au travers des pièces. Jetez-vous les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes sur "Cosmogony", les Demdike Stare ne savent pas faire de disques ratés ou inintéressant!