J'ai définitivement remisé mes kickers de 1995, mon bob et bien sûr mon vieux k-way rouge. Au diable les discussions interminables sur le trajet à prendre, la saveur de la bière, le stationnement dans un Saint Malo bondé et la qualité des galettes saucisses. De toute façon le petit côté consommateur grandissant des festivaliers m' a toujours foutu la gerbe, le confort comptait bien moins que la musique. La Route du rock c'en est fini pour moi. Sans aucuns regrets.
Et dire que l'histoire avait commencé à l' arrache en 95. Presque par hasard. Pendant 20 ans ce festival ,à l' origine pas comme les autres et ce pour une grande partie de ce bout de vie, était une borne annuel. Le grand moment de la rencontre d'un gamin venant de son trou du cul corrézien avec les musiques alors inaccessibles en live au quotidien et qui lui servait de phare salvateur. Si ce n'est de bouée! D' abord un moment attendu avec frénésie, ensuite une habitude vitale jusqu'à devenir une coutume. Je n' aime pas les coutumes. C' est chiant les coutumes, et surtout pas favorable au grand frisson de la nouveauté, de l'inconnu et de la perte de repère si nécessaire pour ne pas se pourrir. Ces derniers temps il y a encore des gens pour me demander : "alors jojo, tu vas à la route du rock?" Et moi de répondre depuis 3 ans par la négative ne manquant pas de créer la surprises chez les retardataires. Il y a bien sûr de nombreuses raisons. Un enfant par exemple. Pourquoi traînerai-je ce pauvre gamin chaque année au même endroit alors que le monde et les possibilités de découvertes sont si grande ailleurs. Ne pas faire à un autre ce que tu as détesté par le passé. Mais pour être honnête la principale raison est purement musicale si pas philosophique et politique. Et c'est peut-être bien ça le plus important. Depuis déjà trop longtemps le Fort ne m'offrait plus le "grand frisson". Trop de revival, trop de redite, trop de vieux groupes reformés peinant à retrouver le lustre d'antan. Trop de vieille musique à l'image d'une scène mondiale indie qui n' a pas vu qu'elle s' était faite récupéré un petit peu et que ses plus dignes héritiers étaient partis voir ailleurs. L' état d' esprit indie de 95 existe toujours mais il est bien ailleurs, son esthétique a changé, des nouveaux courants sont apparus, d' autres ont muté. Alors pourquoi écouter toujours le même son qui peinent tant à nous parler de notre époque?
Quand un quadra commence à trouver aux rendez-vous annuels malouins un arrière goût gentillet de musée et de madeleine de Proust c'est que vraiment il y a un truc qui cloche. Plus ça allait et plus la musique qui passait au fort Saint Père ne parlais pas du présent de ma passion et évoquait de moins en moins son probable futur. On pourrait me rétorquer que ma passion s' est simplement estompée avec l' âge. Mon blog Dancing With The Noise prouve tout le contraire depuis 6 ans. Les grands noms ont beau continuer de venir, les petits nouveaux de débarquer, je me demande si certains spectateurs ne continuent pas à y aller pour retrouver une jeunesse perdue ou juste rajouter froidement une ligne comme d' autres le font sur un CV. Et un CV vous savez, culturel ou pas, passionnel ou pas, ça triche toujours un peu et surtout cela ne rendra jamais réellement compte d'une vie de passion. Un peu comme des touristes suivant bêtement leur guide. Ce dernier est en mode automatique depuis trop longtemps et son publique semble avoir perdu depuis trop longtemps aussi la soif de l'inconnu. Le monde a changé et les musiques par une logique implaquable font de même. De mes récents coups de coeurs musicaux il n'y en avait quasiment trace dans les récentes programmations si ce n'est des apparitions bien trop tardives (John Maus en 2018??!!!!). Je pourrai faire comme d' autres, me laisser atteindre par la paralysie musicale recroquevillé sur mes souvenirs et mes artefacts et perpétuer le pèlerinage. Rester dans le confort culturel voir l' affichage sociale à peu de frais comme certains faussaires. Mais j' aurai juste trop peur de me dessécher tout simplement. De me renier. Le festival pas comme les autres est donc devenue à mes yeux un festival quasiment comme les autres. Il y a bien sûr certaines nuances qui différencieront toujours un peu ce vieux machin mais dans le fond le présent et surtout le futur s' écrivent dorénavant ailleurs. Aller à un festival en 2015 est-il la même chose qu'en 95? On dira juste un peu moins iconoclaste. Si rares autrefois ils sont dorénavant aussi fréquent que les Mc Do en périphérie des villes. Ai-je changé? Suis-je toujours le gamin de 1995 avide d'une autre musique que le tout-venant? Non et c'est bien pour ça que la Route du Rock ne me verra plus. Ce sont les temps qui ont changé et la RDR s' est pris les pieds dans le tapis de la nostalgie et du vintage jusqu' à faire du surplace. Alors ne soyons pas non plus ingrat. Ce festival fut pendant près de 20 ans un petit miracle dans ce pays qui n' aime pas autant la musique qu'il le croit. La RDR m' a donc tant offert en 20 ans qu' il faut désormais solder les comptes et jeter un dernier regard dans le rétroviseur juste avant que la brume du temps qui passe ne cache tout les bons souvenirs. Ne sont pas pris en comptes les DRAMES (JOJO absent à ST MALO)
PORTISHEAD 1998 2014
PJ HARVEY 1998
TV ON THE RADIO 2004
NICK CAVE & THE BAD SEEDS 2013
APHEX TWIN 2011
LCD SOUNDSYSTEM 2004 -2007
ANIMAL COLLECTIVE 2005
LIARS 2006-2010
FUCK BUTTONS 2008
INTERPOL 2001
DEATH IN VEGAS 1997
LO FIDELITY ALLSTARS1998
GUSGUS 1997
DAN DEACON 2011
SAVAGES 2012
THE FLAMING LIPS 2010
JULIA HOLTER 2013
DOMNIQUE A 2009
THE NATIONAL 2007
SONIC YOUTH 2008
THE AVALANCHES 2001
MAZZY STAR 2012
SPIRITUALIZED 1998
MY BLOODY VALENTINE 2009
GRIZZLY BEAR 2006
CAT POWER 2006
LIFT TO EXPERIENCE 2001
DIRTY BEACHES 2011
DEERHUNTER 2009
SLOWDIVE 2014
ELECTRELANE 2011
WILLIS EARL BEARL 2012
FAT WHITE FAMILY 2014
GIRLS BAND 2015
GANG GANG DANCE 2009
DJ SHADOWS 1999
TINDERSTICKS 1999
SUN KILL MOON 2015
COLIN STETSON 2012
SIGUR ROS 2008
MOGWAI 2001
REGULAR FRIES 1999
!!! 2005
BLACK DICE 2003
PROTOMARTYR 2015
Les deux absents de Spotify