FAST SELECTION N° 7. Anna Von Hausswolff, Geese, Alpha Maid, Blawan, Dania, Authentically Plastic, Akira Umeda & Metal Preyers
- Jojo Lafouine
- il y a 6 jours
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Quoi de neuf depuis Septembre mais qui n' aura pas de vraie chronique faute de temps.
GEESE
GEESE va truster les classements mondiaux de fin d' année.
Quand j' écris mondiaux comprenez bien que le monde Anglo-Saxon toujours assez égocentré. Face à l' abatage médiatique votre serviteur a pris son temps. Les rares fois qu' il avait entendu du Geese c' était pas vraiment la claque. J' irai même jusqu' à dire que l'insulte préférée a surgi, RETROGAGA !!! Leur "3D Country" portaient trop en lui de senteurs vintages. Ils possédaient certes certaines qualités inconnues du reste du troupeau Rétro comme par exemple cette façon d' avoir des structures partant dans un peu tous les sens. Il y avait bien une folie inédite pour un exercice qui tenait autant du Classic Rock que de la Country Alternative et du Southern Rock. Mais ce n' était vraiment pas comparable avec les formations réellement avant gardiste que ce blog adore comme YHWH Nailgun, Gilla Band, Moin ou Still House Plant par exemple.
En début d' année le leader Cameron Winter sortait un disque solo ("Heavy Metal") à la vulnérabilité surprenante par des paroles qui ne pouvait qu' interpeler par ici. Le type écrivait un truc sur les Rolling Stones, originalité 0 depuis 50 ans, mais ce qui aurait du être anachronique en 2025 et surtout complètement pathétique venant d' un garçon de son âge me bouscula. Oui il reconnaissait regarder trop dans le passé et en même temps faisait preuve d' une sincérité et d' une lucidité rare chez les rétrogagas. Le passé n' est pas pour lui un cul de sac nostalgique dans lequel s' abriter mais une arme pour décrire les sentiments et le monde d'un mec de la génération Z.
Question style bien sûr que l' on pouvait pas dire que le truc innover tellement on naviguait dans une espèce de Chamber Folk mêlée de Soul et d' Americana. Autant retourner écouter la plus moderniste et elle aussi Americana Ethel Cain.
Charmant et déchirant mais musicalement rien qui vienne illustrer la lucidité de son constat sur ses amours Rétro et leur travers. Et boum "Getting Killed" déboule et surprend jusqu' à plaire et troubler. Déjà ce qui commençait à transparaître dans le précédent album du groupe apparait et éclate à la gueule des neuneus rétro. Une diversité stylistique énorme. Psychédélique, Krautrock (!!!???), une vivacité d' esprit Punk (!!!???), des sales manies Post Punk ou Electro-Disco et même un petit courage en terme d' expérimentation. Alors bien sûr l' emballage sonne comme de "bon vieux" Classic Rock & Blues, de la "bonne vieille" Country" et même de la Soul/Funk en arrière plan.
Mais non seulement ça se laisse écouter mais en plus cela devient passionnant. Passionnant parce que si même Cameron Winter est un indécrottable Rétrogaga il a bien compris que le machin ne peut plus durer. Qu' il risquait de se déconnecter de son époque. Alors lui et ses potes ont mis les paroles de son ""Heavy Metal"
en raccord avec la musique. Toujours cette voix émouvante et ces paroles déchirantes sur notre époque mais accompagnées d' une musique libre de réinterpréter le passé à sa guise. Ils ont pris les vieux grimoires et après avoir déchiré et découpé les pages nous offre une nouvelle version du Cut Up.
Mais quoi de plus normal parce que le secret de Geese n' est rien d' autre que leur origine et lieu de vie. Une ville cosmopolite stylistiquement et ethniquement en matière de musique
qui ne permet pas aux rétrogagas de s' enfermer dans une case étroite trop longtemps.
New York.
Alors bien sûr ça ne sera pas le disque de l' année par ici.
Pour sûr.
Mais au moins cela peut être la chance du Rock Indie d' offrir une porte de sortie plus accessible afin d' en finir avec les revival bêtas.
J' aurai pu en faire une vraie chronique mais justement. Coller Geese à côté de ce qui va suivre est pour le coup bien plus pertinent. Comme pour une playlist, balancer du facile puis amener délicatement du complexe.
ALPHA MAID
j' imagine juste le fan un peu trop rétrogaga qui tombe sur cet article via sa passion pour Geese et qui va écouter ce qui suis. J' en bave déjà. Ce fan justement ne doit pas connaître le label Ad 93. C' est con, c' est pour moi le label de l' année 2025. Moin (ici) , la délicieuse James K, YHWH Nailgun (par là), Joanne Robertson et Valentina Magaletti (avec YPY). Excusez du peu mais tous ces albums vont être classés par ici en fin d' année. Tiens en parlant de la plus grande batteuse du moment, Magaletti (Moin), elle collabore aussi dans le premier album de Leisha Thomas aka Alpha Maid. Et pas qu' elle. Coby Sey. Et encore une fois il s' agit dans ce blog d' une proche de Mica Lévi. Tout ce qu' repère ou touche Lévi ce transforme en or. Alpha Maid sort son premier album "Is This Queue" et c' est une pépite. A peine trente minutes de musique mais une densité hallucinante d' expérimentations. Ici aussi les guitares renaissent et sortent du ghetto rétrogaga. Il faut rajouter un grand nom pour finir de présenter cette londonienne. Tout au long des 9 titres plane le goût du risque et le désir de singularité de la reine Klein. Avec Alpha Maid on ressent pour la première fois chez une jeune artiste le poids de l' une des stars de ce blog.
On peut aussi dire que la jeune fille doit kiffer d' autres star DWTN tel Dean Blunt mais aussi les vieilles références absolues tel This Heat, Sonic Youth, Slint et Black Dice. Sa guitare faussement brouillonne vagabonde à travers les âges et les territoires. Elle vagabonde mais affirment avec force. C' est DIY et intime mais puissant. Chaque titre surprend par le style d' expérimentation choisi et pourtant c' est une vraie et très forte personnalité qui se dégage. Et comme chez ses amis on repère cette belle manie de prendre dans le passé, d' étirer, de dépecer puis enfin, de plonger dans une vapeur composée de Dub et d' Hypnagogic Pop. Merveilleux et perturbant.
BLAWAN A-t-on perdu ou guéri le fan Rétrogaga de Geese? Pas encore? Alors on tape plus forte et rien de mieux que de la Techno. Enfin presque. Jamie Roberts aka Blawan à l' instar d' Alpha Maid a pris son temps. Depuis plus de dix il traîne ses guêtres dans les sous-sols de la Techno Industriel. Il a même rencontré un certain succès par l' apparition de certains titres dans des mix grands publiques. Mais il s' en foutait et a très vite coupé les ponts avec un buzz médiatique qui voulait de plus en plus de lui. Bien lui en a pris. Ça tabasse, ça prend aux tripes et ça vous recrache sur le Dancefloor en lambeaux. Et surtout ça innove ! En lorgnant sur le Grindcore et en faisant trempé ses rythmiques dans un bain d' acide Glitch jusqu' à les rendre épileptiques à force de saccades, Blawan redonne un gros coup de tatane au cul d' une électro qui commençait à se reposer sur ses lauriers Deconstructed Club. Au sujet de cette dernière on ne peut qu' être sûr que l' anglais s' en inspire et à l' instar d' Aya (ici) la sauve littéralement du sur place. Cherchez pas la tuerie Dancefloor novatrice de 2025, C' est Blawan !
DANIA Après la castagne Dancefloor il est venu le temps des caresses pour le fan Rétrogaga de Geese. Dania c' est dans le civil Dania Shihab. D 'origine Irakienne elle a vécu une grande partie de sa vie en Australie en poursuivant une carrière de médecin urgentiste. Dorénavant localisée sur Barcelone elle poursuit en parallèle une brillante carrière de musicienne Ambient. Jusqu' à présent son travail passait tour à tour de l' A Capella et la chorale au collage sonore à une électro acoustique fricotant avec des Drones, le Dark ou le New Age. Son quatrième album intitulé "Listless" la voit osciller vers la DreamPop et le Trip Hop. Le mélange n' est pas nouveau ces derniers temps et Dania fait mouche et touche là où ASO et Hysterical Love Project nous avaient ému en 2024. La spécificité de ce disque est qu' il a été composé en grande partie après les douze coups de minuit. Mais étrangement les nuits de l' urgentiste en Tasmanie semblent bien douce. Peut être le calme après la tempête vous suggèrera le soignant expérimenté. C 'est un disque apaisé qui prend tout son temps et qui semble être un rêve éveillé mélancolique. Dana qui reconnait venir d'une culture où chanter ça ne se faisait pas ou alors en douce, nous susurre et nous berce souvent quand elle ne nous élève pas parfois. A chaque titre on se dit que l'on connait par cœur ce son depuis des années mais malgré cela on craque littéralement. Parfois c' est My Bloody Valentine, Seefeel et surtout Bowery Electric pour le tout premier croisement SHoegaze/Trip Hop qui revient à l' esprit. Merveilleux.
ANNA VON HAUSSWOLFF
Je ne sais pas si c' est l' époque ou l' écoute assidue de Maruja mais j' ai des envies de grandiloquence. De maximalisme. De bruit, de colère et d' émotion. Quitte à ce que ça en fasse trop. Anna Von Hausswolff m' a surpris cet automne. Je connaissais déjà et si il m' arrivait d' écouter son Neo Classical Dark expérimentateur je n' éprouvais pas pour autant l' envie de le partager. Peut être par peur d' effrayer ou de faire rire tant ses chants grégoriens enveloppés de Drone pouvait rebuter et effrayer. 15 ans de carrière avec 5 albums au compteur et la suédoise se décide à tutoyer d' autres univers plus accessibles. A se faire plus avenante. Alors je préviens. C 'est lyrique au possible et parfois on peut se dire que ça en fait trop. Puis en un instant, d' une caresse de sa voix puissante, par un arrangement plus léger, une texture délicate, elle nous prend la main et nous emporte dans son tourbillon. Sur le tout récent "Iconoclasts" elle allie son baroque Dark et ses arrangements classiques à des sonorité plus rock ou plus précisément elle s' empare des envolées Post Rock et en fait quelque chose d' encore plus grandiose. Elle fait verser son songwriting aventureux et téméraire vers une Pop décomplexée. Et toujours cette voix qui transperce tout sur son passage. Elle en a fait une arme de destruction massive avec ses cris, ses gémissements et des hululements venus du tréfond des âge.
Viscérale à souhait l' union de son orgue avec lequel elle compose, l' orchestration Rock et surtout le saxo d' Otis Sandsjö évoque une version Néo Classique par ses arrangements des déjà cité Maruja. Sauf que souvent le saxo apaise entre deux tempête émotionnelle.
La belle quadra suédoise a déjà été croisée avec la toute aussi belle Ethel Cain et ce coup-ci tape très fort en matière de collaboration jusqu' à nous offrir le meilleur titre chanté du vieux Iggy Pop depuis plus de 15 ans. Un titre très très Nick Cave par ailleurs mais quoi de plus normal puisqu' elle l' a côtoyé.
C 'est un disque portant sur la séparation mais aussi sur les ambiguïtés de la maternité. Touchant, parfois mystérieuse, parfois violente par la force de son ton, elle ne peut laisser indifférent.
Ça passe ou ça casse mais pour le moment et depuis un certain temps, ça passe allègrement.
Faut juste pas abuser.
Et pour finir quoi de mieux que de terminer notre voyage par une bonne vieille adresse, celle de nos potes pour toujours de Kampala en Ouganda (voir ici).
AUTHENTICALLY PLASTIC
Son "Raw Space" de 2022 avait été encore une belle occasion de tisser encore des lauriers au label Hakuna Kulala. Ses polyrythmies lorgnant sur le Gqom et s' inspirant de l' IDM d' Autechre avec une légère touche très British.0 à la Dean Blunt commençaient à nous manquer. Authentically Plastic nous revient avec "Rococo Ruine" . Encore plus frontal, encore plus apocalyptique encore plus tripant. Et surtout encore plus révolutionnaire tant il n' en fini pas de redéfinir la science du rythme. S' appuyant sur ceux créés pour "Raw Space" il les déconstruit pour les réassembler et les répéter encore plus rapidement et régulièrement. Voilà pour l' ossature susceptible de faire bouger le croupion à n' importe qui parce qu' il faut aussi constater que l' enveloppe est elle aussi en mutation et va bousculer tous nos esprits. Ses synthés attaquent de toute part, entre la Trance et CyberDub. Il n' en fini pas de nous propulser dans d' autres univers à moins qu' il s' agisse de pouvoir hallucinogène diabolique. C' est un psychédélisme revigoré. Musique à la fois dystopique et combative, une véritable danse de Saint Guy à la sauce ougandaise. Perfect
A présent allons voir du côté de la maison mère d' Hakuna Kulala, Nyege Nyege, sans pour autant quitter le psychédélisme version africaine.
AKIRA UMEDA & METAL PREYERS
Et encore une fois un voyage psychédélique à nul autre pareil. De ces disque qui vous hâpent et dont on risque ne pas en ressortir. Ou alors en n' étant plus le même. Jesse Hackett et Mariano Chavez aka Metal Preyers reviennent avec une nouvelle collaboration. Akira Umeda, artiste japo-brésiliens spécialisé dans le collage a osé se confronter à ces deux producteurs géniaux et le résultat est sidérant. On a quitté un instant l' Afrique de l' Est pour s' enfoncer dans les profondeurs en quête d' un continent inconnu au confluent de l' Asie et du Maghreb. Les mélodies d' une simplicité ahurissante mais emportent, font frémir et vous transforme. Des voix synthétisées fantomatiques , des synthés glaçants, des rythmes entraînants. Trip psyché Dark, palpitant et terrifiant, charnel et voluptueux.
Et une pochette magnifique. L' une des plus belles de 2025.













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