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Trish Keenan, Broadcast

DEERHUNTER, l' indie rock n' a pas la haut débit.


Il s' est à présent écoulé plus de dix années depuis l' âge d' or de Deerhunter. Comprenez une période entamée avec le doublon "Microcastle/Weird Era Continued" et clôturée par "Halcyon Digest" (classé 81ème dans le top de la décénie par ici) . Même si les disques sortis durant les 10's sont de très loin à ne pas jeter il faut reconnaître qu' il semble que la clique à Bradford Cox venait bel et bien de vivre son âge d' or discographique. Ce qui faisait le charme de Deerhunter persistait, cette grande capacité à ne jamais se satisfaire de la redite en cherchant sans arrêt le renouvellement et l' expérimentation. Même si cette dernière n' avait évidemment que peu de chose à voir avec celles plus audacieuses dans d' autres styles et courants à l' époque. Deerhunter malgré l'immense talent et la forte personnalité de son leader n' évita pas les travers isolationistes et revivalistes de l'indie rock d' alors et d' aujourd' hui. Dans cette quête maladroite et peu révolutionnaire on vit donc Cox oublier la délicate Dream Pop et le discret shoegaze de ses débuts pour tâter du Garage-rock sur "Monomania". Leur disque le moins convainquant par une certaine logique évidente (cf le Garage-rock bien sûr). "Fading Frontier" avait dévoilé les Deerhunter oublier leur sortie de route Garage pour s' habiller d'un voile trompeur Rock FM. Bref, Cox faisait comme bien de ses congénères de la scène indie-rock. Vision basse et piochage éhonté dans le passé de sa scène et celles affiliées. Heureusement que sa très forte personnalité et son talent certain le sauva du marécage indie. Mais peut-on vraiment lui en vouloir? "Why hasn't everything already disappeared" vient de sortir tout juste et on peut immédiatement pour le chroniquer passer par une rapide tentative de réponse indirecte au titre en lui-même. Pourquoi Deerhunter n'a-t-il toujours pas disparu? N' y voyait pas là une quelconque ironie teintée de méchanceté de ma part. Ce disque est réussi et me plait. On est bien loin du crash "Monomania". Non, la réponse est de savoir comment Cox continue de surnager de la masse des neuneux malgré ses abus et excés personnels et les sales manies revivalistes du groupe inhérentes à leur scène d' origine. On retrouve par exemple leur capacité intacte faire s' entrechoquer la violence et un étrange sentiment de bien être. Cox est torturé depuis toujours et qui plus-est dresse dans ce disque un constat terrifiant de fatalisme sur notre époque. Et une nouvelle fois et toujours autant étrangement, ses chansons sont de parfaites couvertures pour nos cocconing d' occidentaux désespérés face aux cataclysmes en cours. Musicalement Cox va chercher plus loin que la majorité les influences. Jazz, folk, rock-Fm encore, Glam Rock et même Synthpop fin 70's début 80's(GreenPoint Gothic). Par certains styles approchés et thématique abordées l' ombre de Bowie plane étrangement. Les penchants taciturnes du bonhomme lui évite l' assemblage facile référenciel. La politique n' a jamais été absente chez Deerhunter mais sur "Why hasn't..." elle l' est encore plus. L' effet Trump? Mais si on a répondu à la première question concernant la caractéristique essentielle du groupe qui en fait le meilleur groupe indie-rock ricain apparu depuis dix ans une autre interrogation se profile. Interrogation qui cache ce qui ne plait pas dans ce disque. Le petit échec perso de Deerhunter et l' immense de l'indie-rock agonisante. Cox semble s' interroger du comment peut-on parler de ce monde par l' intermédiaire d' un album d' indie rock classique? Déjà le format permet-il de coller et de bien décrire l' immédiateté et l' effet loupe déformante du numérique et de ses réseaux socios? Pour Cox ça semble inenvisageable. On lui dit que des Lopatin, Ferraro, Holly Horndon et tant d' autres présents dans ce blog y arrivent? Il a bien tenté de changer l' esthétique, pas débile il a bien compris depuis longtemps que l' esthétique indie se devait de changer. Ses tentatives rétrofuturistes à la Laurie Anderson("Détournement") en sont une preuve mais aussi la marque d'une erreur. Le mot rétro reste collé à ses expérimentations courageuses. Au moins ils ont cherché plutot que de tomber dans l' arnaque et le maquillage Synth-pop facile des Tame Impala.

Bradford Cox dit depuis quelques années qu' il déteste la nostalgie et le cynisme qui noye l' indie. Et c' est peut-être bien ça qui en fait une sorte de groupe ultime d' une histoire musicale déjà vieille de plus de trente ans. L' indie rock, pop ou que sais-je encore. Il sait ce qu' il cloche mais peine à franchir le cap. Comme à son habitude, ce fêlé a encore fait preuve d'une vista et d'une capacité d' analyse que beaucoup en sont démunis. Mais malheureusement, même si il a compris le piège des guitares/boulets, Deerhunter apparaît de plus en plus un peu comme les formations anglaises post-punk (Idles, Shame) qui redonnent envie de retrouver nos vieilles passions. Des gens bien, pas idiots et plutot courageux et combatifs, mais qui faute de réelles avancées sonores nous offrent des brûlots politiques qui agissent un peu trop malheureusement comme des nids douillets nostalgiques plus aptes à encourager le cocooning que que la grande révolution. Les sons sont bien trop familiers et récupérables pour bouger quoi que ce soit.


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