L' Irlande et le post-punk? S' est-on souvent posé la question? Franchement jamais. Normal en fait. Ce courant majeur au large spectre stylistique qui a brillé en Angleterre, en Ecosse jusqu' en Australie semblait n' avoir jamais avoir entamé avec succés la traversée de la Mer d' Irlande. Bon ok ! Les chipoteurs vont me parler d'un triste groupe apparu dans la queue du post-punk originel devenu remplisseur de stade avec son chanteur roi briseur menu-menu dans son rôle pathétique de sauveur du monde. Mais franchement! Comment rapprocher U2 et ses hymnes démagos des PIL, Joy Division, Birthday Partys et compagnie pour faire cours. Heureusement encore que Brian Eno avait des factures à payer (pour les rares bon disques). Il y a avait bien aussi The Virgin Prunes mais trop gothiques et The Waterboys à leurs débuts. Ces derniers étant vite devenu un musée celtique. Dublin sans crier gars est simplement devenu en à peine quelques semaines l' autre épicentre du revival réussi (ça arrive parfois) que nous vivons. Étonnant épicentre parce que si on rembobine cette petite histoire le périmètre était restreint à Londres dans un premier temps avec les artificiers Fat White Family et leur état d' esprit post-punk qui ne cesse de se cacher dans d' autres styles. Ensuite sont venus leurs enfants putassiers, Shame et Hotel Lux. Un petit détour par Bristol pour Idles et voilà quatre des plus grands sauveurs des guitares politisées à l' agonie depuis trop longtemps. Guitares aventureuses musicalement? Pas toujours (Idles? hum! mais le coeur y est), même si parfois elles se révèlent surprenantes et sincères (Shame). Certainement ce qui fait l' intérêt de ce revival est que ses guitares sont accompagné d' une observation et critique sociales, politiques et révolutionnaires que certains revivalistes des 00's plus portés sur la danse et les ambiances dark avaient livré en mode light et attendu. Dublin avait-il autre chose à proposer? Trois disques en 2019 répondront d'une manière assez détonante. La-bas aussi les guitares replongent leur museau dans la merde sociétale, économique, écologique et politique du moment. Mais Dublin a un truc en plus. Les guitares se font aussi bien plus aventureuses en matière stylistique et d' expérimentation que chez les anglais. Certaines influences pas franchement attendues en matière de post-punk montrent leur bout du nez. Dublin vient de frapper très fort et rentrer probablement dans la courte liste des grandes villes qui révolutionnèrent la musique tel Detroit, Berlin et Manchester.
Qui a allumé la mèche du côté de Dublin? Pourquoi Dublin? Répondant d' abord à la deuxième question sous forme d' un état des lieux sans trop en passer par la carte postale maintes fois ressassée à chaque apparition sous les projecteurs d' une formation du cru. Dublin au cours des 90's et début 00's était devenue synonyme de croissance économique, changements sociétaux, progrès etc etc. Et Ryan Air d' apparaître le symbole du succès irlandais. Symbole appelé dorénavant à devenir celui des faux semblants néolibéraux et carrément un boulet en terme d' image. Et ne parlons pas du jour où les Européens béas se rendirent compte que l' Irlande avait financé sa réussite en grande partie par son statut de Paradis Fiscal. En ce temps il se passa aussi un petit miracle pour quiconque suivait ce pays avec affection depuis des années. On parla de moins en moins de la violence inhérente à la colonisation britanique dans le nord du pays avec le processus de paix entamé à l' orée des 90's. Et puis patatras! La crise de 2008 remis les préjugés et la vision d'une nation en souffrance à la mode. L' Irlande est certainement le pays européen qui s' est pris le plus les pieds dans le tapi néo libéral. Récession, politique d' austérité budgétaire, chômage reparti en hausse, délitement sociale et crispation réac sur certains sujets en lien avec la religion. Bref, l' actuelle décennie lorsqu ' elle débuta ressemblait bien trop à celle des 80's et ses travers que les irlandais pensaient avoir laissé derrière eux à jamais. Autant alors regarder dans le rétro ce qu' il se faisait de bien musicalement à l' époque. Et c' est ce que fit tout un pan de la jeunesse dublinoise. Back in 1978-82 et l' aventure post-punk sous toutes ses formes. Triste à dire mais bien souvent quand rien ne va, la musique se requinque parfois et artistiquement ça porte ses fruits. Parfois. GIRL BAND, les initiateurs d' une révolution et leur grandiose comeback.
Qui a montré le chemin de la remise en route temporelle des vieilles guitares ? Du courage, rigueur et de la force pour repartir au combat? La réponse est évidente pour les habitués du blog tant je vous en ai parlé plus d' une fois. Girl Band ! Doublon au moment de la remise des lauriers pour l' année 2015, 7 ème du Top album 2015 avec "Holding Hands with Jamie" et 25ème pour les ep ("The Early Years") jusqu' à figurer à une brillante 31 ème dans le top de la décenie en cours. Pour les retardataires Girl Band c' était un renouveau rock les pieds encrés dans le réel à grande dose de noise et sous haut patronage du Post Punk aventureux et de son pendent ricains, la No Wave. Des guitares sans la fausse pudeur des copieurs, oublieuses du passé et cherchant vaille que vaille à faire du neuf. Le rock n' était qu'un simple matériaux brut entre les mains des Dublinois. Une matière sonores agressive qu'ils se hâtaient de remonter d' une manière totalement originale. On a craint un instant que cette apparition était juste un mirage parce que depuis 2015 plus aucune nouvelles de Dublin. Panne d' inspiration? Autodestruction? Pression trop grande du fait d' être devenus les sauveurs des guitares bégayantes? Les nouvelles alertant sur l' état de santé fragile du chanteur devenait source de craintes quant à une probable séparation précoce. Craintes confirmées avec les multiples annulation de concerts en 2017. Et le pauvre Dara Kiely de passer par la case hôpital et psychiatrie. Le printemps 2019 chassa tous les doutes quand le groupe annonça la sortie d' un nouvel album prévu en Septembre et qu 'il accompagna la nouvelle par un clip terrifiant.
Une fois Kiely remis sur pied la petite troupe s' est retrouvée quelques jours a enregistrer dans une vieille demeure géorgienne en périphérie de Dublin. Selon les membres du groupe, le choix du lieu s' est révélé une réussite en permettant une multitude d' expérimentation en matière de production. Une batterie enregistrée dans le studio, l' autre dans le couloir. Avec cette exemple on ne peut s' empêcher de se dire que Martin Fox leur bassiste et dorénavant producteur est un grand fan et adepte de feu Martin Hannett (Joy Division). "The Talkies" rien que par son titre en référence au cinéma parlant et la révolution qu' il entraîna dévoile parfaitement ce que l' auditeur va découvrir. Un grand pas dans un inconnu idiosyncratique pour lui et une vraie et profonde révolution des ancestrales méthodes ritualisée des formations à structures traditionnelle rock & punk. On retrouve très vite ce qui fait la caractéristique des Girl Band, utiliser une instrumentation "classique" rock mais avec les méthodes issues de l' électronique. L' abstraction souvent dominante n' est pas sans rappeler une nouvelle fois l' IDM d' Aphex Twin et Autechre. Mais les irlandais sont allés encore plus loin jusqu' à définitivement abandonner le fantôme des Liars de la grande époque. Les guitares sont traitées tel des samplers comme cela est coutumier dans l' électro minimal. L' auditeur arrive très vite au point de ne plus savoir qui fait quoi si ce n' est le batteur. Du rock ils ont également mis à mal l' égo dont ses musiciens sont trop souvent dotés. Le groupe fait réellement bloc et seul compte le résultat.
L' état d' esprit libre provenant du post-punk est à la base de cette façon de faire mais pas seulement. Girl Band se rapproche aussi des deux autres formations irlandaises dont il sera question plus tard par son approche osée et sans œillères des influences du passé. Ainsi ils revendiquent avoir utilisé les même méthodes que Marvin Gaye pour son sommet soul "What's going on". Un autre point commun avec leurs compatriotes c' est bien sûr leur connaissance parfaite et passion pour l' histoire musicale des voisins anglais et cette capacité à injecter des références rarement croisées dans le post-punk et la noise. La rythmique symbolisant les rituels d' autrefois dans "Shoulderblades" ne peut qu' évoquer celles du Glam Rock et croisée récemment chez James Holden ou les Battles. Quand ils décident de nous refaire le vieux coup de la manipulation sonore en repassant des sons à l' envers dans un titre ils vont encore plus loin que les dieux Beatles. Ils apprennent carrément à jouer à l' envers avec leur instrument et l' effet est totalement bluffant et novateur. L' auditeur est plongé dans un univers sonores souvent agressif mais toujours énigmatique par les surprises qu' il recèle. Girl Band est même apte à étonner quand une mélodie plus identifiable cajole vos oreilles pour mieux laisser place à sidération bruitiste. Bien sûr qu' en ce qui concerne le chant la révolution est moins nette. Mais on peut déjà assurer que Dara Kiely a définitivement dépassé le maître en assumant totalement son phrasé typiquement Mark E Smith voir mieux. Comme les deux chanteurs de Fontains DC et The Murder Capital il révèle son gigantesque talent de documentaliste critique de la société irlandaise. L' intro du disque commence avec un Kiely enregistré en pleine crise d' angoisse et indique parfaitement ce qui va suivre. C' est bien le phrasé du Mancuniens par moment mais la personnalité de Kiely est si forte que l'on finit très vite par oublier le récent défunt. Et puis le jeune homme a comme l' autre ses propres marottes parfois en lien avec sa pathologie mentale. Idée incongrue mais génial de ne pas utiliser de pronoms ou d' en passer par les palindromes. Son univers de parolier se conjugue au présent mais rode les fantômes de Joyce et Burrough. Comme pour celles de ces grands noms notre époque contemporaine se révèle un terrain de jeu passionnant pour qui comme Kiely aime alterner l' absurde, le détail anodin et le plus profond. "The Talkies" répond à toutes les attentes portées envers Girl Band. Révolutionnaire musicalement, un gros coup de pied au cul au revivalisme rock, et la bande son parfaite du chaos ambiant qui domine notre monde menaçant et dissonant. Une réussite totale! THE MURDER CAPITAL, plus qu' un groupe punk revival.
Si Girl Band sont ceux qui allumèrent la mèche passons directement et illogiquement aux tout derniers pyromanes à la place de ceux qui les ont précédé de quelques semaines en matière de publication et de hype. A vrai dire leur place de deuxième dans cet état des lieux dublinois n' est ni entièrement injustifés et encore moins le fruit d'un caprice de votre serviteur. The Murder Capital se situe parfaitement dans une sorte de no man's land entre les expérimentateurs Girl Band et les plus "classiques" Fontaines D.C.
Il y a peine 8 mois The Murder Capital n' existait pas médiatiquement ou alors très peu. Peu de chanceux avaient bien sûr entendu parlé du groupe faisant alors les premières parties des Shame ou d' Idles et de la hype du moment en cette fin d' année 2018, The Fontains D.C. Bref un groupe en passe de devenir une hype faisant la première partie d'une autre hype. Hum! Buzz immérité? Hallucination collective sur une probable nouvelle scène Dublinoise à la conquête du monde??? Même le NME en mettait une grosse couche. Fallait du solide et il arriva enfin avec un premier single, "Feeling Fades". Morceau typiquement post-punk avec l' ombre de Joy Division en influence majeur, pas vraiment surprenant. Mais sur ce titre c' est la voix du chanteur et ses talents de prédicateurs à fort charisme qui justifia toutes les promesses et supputation de The Next Big Thing post-punk. Quelques semaines plus tard c' est "Green & Blue" qui confirma l' affiliation à la troupe de Ian Curtis en se révélant moins punk, beaucoup plus noir. Le chanteur James McGovern ne faiblissait absolument pas dans la performance et prenait toujours soin à ne pas singer Curtis. Par contre question rythmique The Murder Capital réussissait là où beaucoup d' autres n'ont pas osé s' aventurer. Reproduire le groove intense et martial des mancuniens tout en y injectant leur personnalité. Effet garanti en matière d' atmosphère abrupte et oppressante. En juillet c' est "Don't cling to life" qui remis une couche avec ses manières Joy Division accélérée et cachées sous le lyrisme de Mc Govern et la production. Il apparaissait clair que l' album à venir serait au pire un très bon disque de post-punk comme ceux de Shame et consorts.
"When i have fears" est sorti fin Août et malgré les avertissements cités plus haut il a réussi à placer le groupe à un palier bien plus haut que celui de simple "bon groupe post-punk revivaliste". Et pour cela il n' aura suffit que les premières seconde du titre "For Everything" servant d' introduction au disque. Probablement l' un des débuts d' album parmis les plus bluffant intense depuis longtemps. Une ambiance étouffante créée par des larsens vous agrippe au cou et l' auditeur pressent immédiatement qu' un animal sauvage va surgir hors de sa cage. Et quand c' est le cas c' est une dévastation totale. "More is Less" présente un visage plus sauvage et punk du groupe et "Green & Blue" calme le jeu mais replonge le groupe dans la pénombre. Et la suite est du même accabit en nous emportant encore plus dans les profondeurs et The Murder Capital, si j'ose dire, de tutoyer Joy Division dans les sommets de l' exercice. Le tout en surprenant. C' est que nos irlandais dévoile au cours de "Slowdance I & II" une palette bien plus riche et diversifiée que la plus part des revivalistes post-punk. Les liens avec Idles et Shame sont oubliés aussitôt qu' un violon s' avance et que des guitares typiquement noisy 90's closent le diptyque. A peine remis ces crapules irlandaises décident de lâcher leur meilleur titre à ce jour, "On Twisted Ground". Complainte typiquement irlandaise à la sauce post-punk. Encore un "long" morceau qui se conclue par un soupire appelé a rester encrée dans toutes les mémoires.
"Feeling fades" et "Don't cling to life" se rappellent à notre bon souvenir resté bien vivace et confirme que la caractéristique de Murder Capital face à leur congénères anglais est bel et bien cette capacité de savoir alterner les attaques brutale et les moments de profonde réflexion poétique. Comme Kiely des Girl band et le chanteur des Fontaines D.C. James Mc Govern est un vrai et fin poète quand il s' agit d' aborder le passage douloureux à l' âge adulte, l' acceptation des peurs, l' anxiété, la fragilité, la douleur et la perte. Comme les deux autres lui aussi s' empare du malaise existentiel de notre époque avec une justesse et une maestria peu vu ces dernières années. Oui il est encore possible de le faire avec des guitares quand bon nombre de producteurs électros et expérimentateurs en tout genre semblaient avoir le monopole face aux bégayantes guitares coupées du présent.
Murder Capital sort du lot aussi parce qu'ils sont très malins en sachant parfaitement s' entourer pour la production avec le choix de Mark Ellis aka Flood. Si vous découvrez pas cette vieille tête bien connu sachez juste que ce type a produit par le passé New Order ("tiens tiens tiens !"), Depeche Mode, Nine inch Ails, Nick Cave, PJ Harvey, The Charlatans etc etc. La production révèle à chaque écoute une multitude petits détails rarement croisé chez les autres. Flood réussit également a bien capter et aiguiller la force live du groupe sur le chemin du format discographique.
The Murder Capîtal tape un très grand coup et peut même postuler avec ce premier album à la place de meilleur disque d'une scène encore en devenir. Dotés d' une maturité hallucinante ils n' ont pas à rougir face aux Idles et Shame. Ils sont tout simplement bien plus qu'un groupe punk ou post punk. Deviendront-ils avec un disque tel que celui-ci les futurs Strokes ou Radiohead de leur époque? S'endormiront-ils sur leurs lauriers comme les ricains ou quitteront-ils le post punk originel en gardant son état d' esprit pour s' aventurer sur d' autres terres? Seul l' avenir nous le dira en attendant dégustons ce disque déjà devenu un classique.
FONTAINES.D.C. Post Punk post Britpop ???
On va donc finir cette revue d' effectif par le groupe qui a le plus fait parlé de lui en 2019. Si Girl Band est l' allumette qui a foutu le feu tout en révolutionnant à grand coup d' expérimentation, que les Murder Capital sont ceux qui offrent le plus beau visage moderne au post punk sans concession de Joy Division et tiennent le rôle des héros outsiders géniaux appelés à devenir cultissimes alors on peut affirmer que les Fontains D.C. sont la locomotive médiatique et commerciale de cette scène. Les Oasis du machin comme Gallagher et compagnies l' étaient pour la Britpop lancée par Suede, Elastica et Blur. Fans des Girl Band et supporter des Murder Capital les Fontains tiennent leur rôle de tête de gondole pour la scène du coin et font même beaucoup mieux. Jusqu' à devenir la révélation indie de ces 10 dernières années en additionnant succés critique et publique. Apparu après le choc Girl Band la formation a pris son temps pour en arriver à la sortie de l' album à guitare de 2019. La concurrence ricaine est rejetée très loin, les vieilles marottes oubliées, et les voisins Shame et Idles auxquels on les raccrochent systématiquement relégués au rang de faire valoir. "Dogrel" est sorti le 12 Avril et depuis il est devenu instantanément un "classique" dans la rare catégories des premiers albums réussis comme le furent par le passé ceux des Stone Roses, La's, Smiths, Oasis, Storkes, Interpol, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et d' autres. Ce genre de disques qui n' inventent presque rien mais redisent ce qui a été dit d' une manière si pertinente et nouvelle qu' ils renversent la table et rabattent les cartes pour dix ans. Je ne pensais pas qu' un groupe avec cette musique toute simple puissent me retourner comme c' est le cas depuis Avril. Mais qu' est ce qui enclenche ainsi les émois du vieux briscard indie que je suis? En 5 mois je n' ai pas trouvé la réponse. Juste des indices. Et comme les Stone Roses, les La's et les autres on ne la trouvera certainement jamais. Le truc qui fait tout.
Si je ne cesse de citer un pan entier de l' histoire indie de ces trente dernières années ce n' est pas pour rien. Les Fontains s' inscrivent parfaitement dans son héritage autant que celui du post-punk et se révèlent être les plus dignes successeurs. L' erreur à ne pas commettre en effet est de résumer ce groupe à la simple étiquette post-punk. Comme jadis Wire ils piquent où bon leur chante. Bien sûr à l' image du chanteur Grian Chatten par sa petite ressemblance et son jeu de scène et comme Murder Capital le fantôme de Joy Division est omniprésent. Certaines lignes de basse semblent sortir d' "Unknown Pleasures". Un autre spectre plane sur la musique des Fontains et d' une manière plus pernicieuse, celui des Chameleons. De l' histoire indie qui succéda au post-punk les Fontains l' assument entièrement et vont même jusqu' à tisser un lien entre les Clash pour leur esprit combatif punk et les Smiths par leur amour inconditionnel de la poésie. Chatten comme Mc Govern des Murder et Kiely des Girl Band connait par cœur son Rimbaud, Joyce et Yeats. On peut même oser dire que Chatten est une version de Morissey en mode je m'en foutiste qui a un peu oublié son Oscar Wilde et le pédantisme qui va avec. L' indie des 80's et 90's est également dans la musique à grande rasade de Jangle Guitare. Et que dire de la Britpop qui irrigue les veines de nos irlandais. Dès l' intro de l' album le titre "Big" se présente comme la version post-punk improbable du "Rock'n'roll star" d' Oasis. Plus loin "Roy's Tune" poursuit la tradition des ballades remise au goût du jour en leut temps par les britpopeux. L' aspect Lads se profile même sur le chant footballistique "Liberty Bell". "Dogrel" a pour personnage principal Dublin. La ville est au centre de tout dans les paroles du troisième prédicateur de cet article récapitulatif. Dublin et l' histoire de son pays. La si typique mélancolie irlandaise est bien sûr présente avec "Dublin City Sky" et les gosses savent bien que le meilleur groupe irlandais à citer n' est pas celui de l' horrible Bono mais bel et bien The Pogues ou peut être bien Thin Lizzy. Tiens!? En aurais-je oublié un autre? Pas de trace de shoegaze chez ces jeunots, dommage! Un fait qui le confirme est que par exemple Chatten n' a surtout pas cherché à cacher son accent irlandais et on en redemande. Dublin post récession est un territoire parfait pour qu'il déambule son romantisme échevelé. Le chanteur comme le reste de ses troupes offrent une audace et une morve à toutes épreuves tout en restant vertueux.
Pour conclure et bien faire comprendre en quoi The Fontains DC est le putain de machin indie immanquable est qu' il me font penser aux Stone Roses et aux Oasis. Citer ces deux formations accolés au terme Post Punk a beau être une incongruité mais cela se révèle bel et bien juste.L' album, l' évidence de certaines chansons, ce mélange de culot, d' intégrité, de génie et de branlitude fait penser au premier disque de la clique à Ian Brown et Gallagher. Et que dire des concerts. Jetez vous sur celui de Glastonbury de cette année. Le son est certes pas top mais on ressent le même frisson que devant ceux de Blackpool ou de Main Road.
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Et quand il n'y en a plus il y en a encore. Derrière ces trois locomotives une pléthore de groupe irlandais tente le coup. Le post punk reste en filigrane mais vous allez vite comprendre que chaque formation a sa propre version des archétypes post-punk.
MELTS.
Melts est constitués de membres issus d'une grande diversité de formations aux styles musicaux eux aussi multiples et variés. Et cela se sent immédiatement à leur écoute. C 'est parfois brouillon mais reconnaissons-leur qu' ils sont encore en maturation vu le jeune âge du groupe. Comme Fontains DC ils s'intéressent au "Post post-punk" et plus précisément ce qui a suivi immédiatement. Ils offrent un psychédélisme rafraîchissant face aux compères irlandais déjà abordés qui évoque Echo & The bunnymen avec parfois des senteurs New Wave façon Cure. Cet alliage pas si courant rappelle un autre oublié de nos jours mais qui a eu le mérite d' exister grâce à une formation dans ses débuts dont il a déjà été question dans cet article. Comment ne pas penser aux Stone Roses sur "Echoes" et "Skyward". Mais attention les Stone Roses première version avec look gothique et romantique du single "So Young/Tell Me". MELTS ? Un revival improbable Baggy à la sauce post-punk? SILVERBACKS
Ce groupe mené par la frairie O'Kelly délivre quant à lui un post-punk remuant bien plus conventionnel que tous les autres mais possède lui aussi sa bonne dose de particularisme. Trois guitares dans le post-punk c' est rare et encore plus rare c' est que cette caractéristique offre comme point de repère le pré-punk de Television avec l' accumulation de couches qui se répondent sans cesse. Musique labirynthique parfaitement mise en place avec le soutien à la production du Girl Band Daniel Fox. Autre bizarrerie et petit point commun avec les Fountains DC et surtout Girl Band encore une fois c' est qu'ils lorgnent sur les 90's et vont jusqu' à franchir l' océan pour citer Pavement et Sonic Youth. Au final comme The Murder Capital c' est une espèce de revivalisme post-punk assumée mais comportant une sacrée dose d' originalité par ses influences rarissimes en la matière. JUST MUSTARD
Ces derniers rappellent une chose un peu oubliée, Kevin Shields de My Bloody Valentine a grandi pendant le post-punk et la New Wave. Rien que les liens héréditaires entre le shoegaze et The Cure suffisent à le prouver. Trente plus tard Just Mustard remet la question au goût du jour. Attention là aussi il s' agit d'un groupe encore en maturation comme l'indique l' évolution entre leur premier album "Wednesday" et les singles "Frank/October" et "Seven". Ces derniers semblent offrir un visage plus direct permettant à la chanteuse d' évoquer un Lush dansant et indus ou des Sundays moins rêveurs et préférant une certaine forme d' incantation.
Place au son ! Dans l' ordre de l' article. GIRL BAND
THE MURDER CAPITAL
FOUNTAINS D.C.
Le magnifique concert de Glastonbury 2019
MELTS
SILVERBACKS
JUST MUSTARD