top of page
nico-1 bis.jpg
Music Blog
& OTHER

DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

DEENA ABDELWAHED, le futur est aussi tunisien. Ou, moment rare, quand la critique musicale française


Parfois il arrive des trucs bizarres dans la vie de ce blog. Par exemple, en fait très rarement, un emballement médiatique et critique français sur un artiste, un genre ou un disque réellement jugé par ici également génial ou passionnant. Le genre de disque qui va compter dans le futur. Le futur...un temps de conjugaison si peu usé et défendu en France, l'un des pays parmi les plus rétrograde et égocentrique qu'il soit. Surtout en matière de chronique et programmation musicale. ET ça, DWTN en a parlé des dizaines de fois. Alors quand nos chers programmateurs et journaleux-critiques craquent sur le même disque que DWTN, et qui plus est, sans l' éternel retard dont ils font preuves systématiquement, on ne peut que s' en réjouir. Réjouir et aussi rigoler un petit peu tant l' accueil de ce disque révèle de l' incurie de certains. Deanna Abdelwahed est tunisienne. Elle s'installe à Toulouse vers 2015 et ceci a sa petite importance dans l' "étonnant" accueil de notre cher fRance (pas de faute de frappe ici). Elysia Crampton, Chino Amobi ou Rabit devraient-ils faire pareil pour avoir ne serait-ce qu'un peu de l' attention médiatique qu' ils méritent? Du coup son disque sort chez Infiné Music, label français créé entre autre par Agoria. Assurément la plus belle sortie de toute l' histoire du label. Cherchez pas plus loin les raisons de ce coup de lucidité et de flaire journalistique et de l'industrie des festivals français. Entre égocentrisme, fainéantise. Bon par contre pour la présence de Nidia Minaj sur Bordeaux le miracle n' a pas eu lieu . Tant pis pour nous, tant mieux pour Princìpe. De Deanna Abdelwahed les premiers échos que j' avais reçu remontent à pas mal de temps mais ne concernait pas sa propre musique. Plutot ce qu' elle osait passer en Tunisie et en France dans ses dj set. Un peu d' UK bass mais surtout, surtout, du ...Footwork! Ce sont des gens comme elle, des personnes venant d' ailleurs et n' ayant pas attendu la mort de Rashad pour craquer sur le style de Chicago , qui me faisait penser qu' en fait il n'y avait que la France vers 2012-13 qui passait à côté du phénomène mondial. Elle le dit et le répète à longueur d' interview ces derniers jours. Le disque qui a tout changé c' est Bangs & Works en 2010. Bref, un peu comme par ici. Pour ceux qui ne savent pas ce disque est encensé par ici depuis la création du blog (dernier article en date ici). En 2017 elle balance le ep "Klapp" dans lequel l' auditeur découvrait un mélange spirituel d' un petit peu de tout avec une certaine prédominance dans les manières du Dubstep gonflé au numérique. Si je me souviens bien "Klapp" m' avait laissé une très bonne impression teinté de modernité et de courage malgré un sentiment d' inabouti. Un travail de déconstruction un brin trop sage. "Khonnar", pour les ignorants le K se prononce "R", va beaucoup plus loin. Jusqu'à fréquenter à sa manière des territoires bien connus des lecteurs du blog. Encore un disque qui prouve clairement que la boussole de la musique électronique n 'indique plus vraiment le Nord. Je vous parle depuis longtemps de Gqom, de Cumbia Clombienne, du Kuduro façon Princìpe, de rythme brésiliens malaxé par des ritales ou du mélange des genres footwork/afrique de Clap Clap. Plus récemment du Singeli de Bampa Pana. Et bien sachez que Deenna adore tout ça. Cela se ressent fortement dans son parti prix rythmique qui évite le 4/4 systématique et pioche dans les influences citées à l' instant. "Khonnar" ne se contente pas de s' inspirer des dernières innovations rythmiques. Il s' inscrit parfaitement dans la lignée de beaucoup d' autres choses. Musicalement comme politiquement et sociétal. Brassage d' influences, celles du dancefloor comme de son héritage culturel tunisien. Autre trait commun avec les artistes défendus ici, ce refus de choisir entre coutume et technologie, ce goût pour l' histoire doublé par une volonté farouche de futurisme. Et qui dit futurisme dans un monde en plein chaos dit comme souvent ici, dystopie. Mais une dystopie combattante. Les 9 titres balancent à nos faces une musique dark, perturbante. Conflictuelle. Et en la matière d' illustration de conflit Deanna Abdelwahed évoque fortement la musique de l' une des icones du blog, Dominick Fernow aka Vatican Shadow. Et pas seulement artistiquement. Depuis que j' écoutes sa musique et que je connais son pays d' origine je ne cesse de penser au "Media in the service of Terror" de Fernow et à sa pochette (photo de l' attentat de Sousse en 2015). Les gentillets intéressés par un exotisme déculpabilisateur de nos pays colonisateurs devront passer leur chemin. Deanna Abdelwahed va comme Vatican Shadow faire exploser le lavage de cerveau médiatique. Le terme a été lancé il y a peu au sujet de NON Worldwide et je l' attribue également à ce disque, c' est à une nouvelle décolonisation que nous découvrons. Ses armes, la Bass music et la Techno expérimentale, un couillat d' abrasion noisy, des synthés reprenant et disséquant les motifs orientaux pour les rendre glaçants. Et ce coup-ci contrairement au ep ça passe par un très gros travail de déconstruction original. Son territoire de lutte, un dancefloor où la démagogie, le panurgisme et le conformisme sont interdits de présence. Sa force, une personnalité forte qui sait de qu'elle parle. Abdelwahed parle autant d' inégalité des sexes, d' homophobie, bref émet une critique de la société tunisienne de l'intérieur, mais aussi se détache et tords la vision européenne majoritaire. J' ai déjà cité son nom mais franchement on aurait que trop envie de proposer à Deanna Abdelwahed de quitter les structures françaises pour rejoindre celle de NON Worldwide et de ses affiliés tant elle s'inscrit dans leur lignée. Tant comme eux elle fait du bien en décrassant les oreilles et les mentalités vieillottes. Le trait d' union est inévitablement sa proximité sonore avec Fatima Al Qadiri et son "Desert Strikes" de 2012. Sans rien perdre de sa personnalité, avec un talent monstrueux et un savoir indéniable, la tunisienne frappe un grand coup et offre à son disque le rôle parfait de passeur du morne quotidien français occidental, terne et rétrograde à celui de la fraîche Deconstructed-Club (ou post-club) mondiale, politisée et moderniste. PS J' ai encore oublié de vous parler de Zuli, la grosse claque sonore égyptienne du moment. Jetez-vous sur son disque paru sur le label UIQ de ...Lee Gamble. Et si Gamble aime, c' est dire l' intérêt qu'il faut lui porter!



 RECENT POSTS

bottom of page