THESE NEW PURITANS, héros revenus nous bercer par un trésor.
- Jojo Lafouine
- 20 nov.
- 4 min de lecture

Que dire au sujet des These New Puritans qui n' a pas encore écrit dans ce blog?
Peut être se répéter tout simplement (voir ici et surtout par là)? These New Puritans est l' une des plus grandes formations britannique de ces 20 dernières années. La plus grande sur la longueur?Assurément. Les deux jumeaux viennent de sortir leur 5 ème album en près de 17 années. Et une nouvelle fois c' est somptueux, impétueux et prodigieux.
Pour ceux qui ne connaissent pas These New Puritans sachez qu' ils sont des idoles par ici. Par ici mais aussi chez la Reine Bjïork, Sir Elton John (lol), Charlie XCX ou Massive Attack. Pour ne citer que quelques uns. 17 années donc de sorties discographiques pour seulement 5 albums. C 'est peu mais totalement à contrario de la richesse artistique dont ont fait preuve les deux Barnett, Jack et George. Non seulement tous les disques des TNP sont à écouter mais également observer leur parcours, leur indépendance d' esprit et leur volonté à toute épreuve faisant d' eux depuis leurs début un phare dans la scène britannique.
TNP c' est un éternel dédain pour les modes et le conformisme avec un sens de l' anticipation ahurissant provenant d' une vision globale dont peu de formations contemporaines de leurs débuts étaient munies.
Chaque album des TNP s' apparentait à une rupture face aux précédents et si "Crooked Wing" marque un changement par rapport à son prédécesseur "Inside The Rose" les vieux habitués vont avoir l' impression trompeuse d' un retour en arrière vers l' époque du grand "Field Of Reeds". On parlera plutot de recentrage mais encore plus assurément de perfectionnement. Les tentatives très Footwork concernant la rythmique sont abandonnées et les senteurs Sophisti Pop remisées dans les archives dont il faudra un de ces jours que le groupe nous les offre tant les trésors et les pistes ,trop vite abandonnées mais passionnantes, doivent pulluler. Qui dit retour à "Field Of Reeds" dit jubilatoire réapparition des textures puisées chez Talk Talk. On retrouve aussi les classiques tel un vibraphone typiquement Reichien (Steve Reich), le travail de réverbération évoquant David Sylvian. Jamais ils ont sonné plus Jazzy. Jamais ils ont autant évoquer certains aspect Prog Rock.
L' outillage de précision habituel se retrouve aussi au grand complet alors que les synthés avaient taper un peu trop l' incruste sur le précédent. Orgue médiévaux magnétiques, piano déchirant mais consistant, des chœurs d' ange et enfin cet art unique du rythme batterie déconstruit qui pourrait les faire passer comme des précurseurs de la Deconstructed Club. A l' image de cette dernière avec le conformisme Dancefloors les TNP ont toujours mis au centre de leur art cette façon de proposer des titres ne respectant jamais les structures classique Pop, Rock ou autre. D' aller à l' encontre des idées reçues.
L' alternance au cours d' un même titre est l' une des caractéristiques de ce groupe et ainsi les batteries décousues et lourde peuvent en un instant devenir scintillantes et accordées.
A la production ce disque marque aussi le grand retour d' un héros méconnu, Graham Stutton, le leader de l' une des formations essentiels du Post Rock, Bark Psychosis. Avec lui les TNP ne pouvait pas louper leur retour au Post Rock plus assumé. A ce propos alors que la Windmill Scene (un exemple ici ) ne cesse de puiser la grandiloquence de ce courant il serait de bon ton que les jeunots observe l' art de la délicatesse et de la sobriété dont font preuve TNP. Par son talent et l' entente dont fait preuve Stutton avec les deux frères les textures entre ses mains peuvent être à la fois crades et aériennes. Paraître usée puis resplendir à nouveau.
Avec TNP nous nous sommes toujours retrouvé face à une dichotomie ensorcelante et réussie. Rappelez-vous les sons de sabre au milieu des cordes planante d' "Hidden". Les bruits de verres cassé succédant à un piano étouffé. J' ai récemment appris que leur studio était situé entre des usines de traitement de déchets industriels et une forte concentration d' églises médiévales. Il n' y a jamais de hasard.
"Crooked Wing" s' empare donc de souvenirs avec mélancolie et les enveloppe à la fois d' élégance aérienne et de brisures métalliques. Les textes sont dictée par des voix oscillant entre les extrêmes de la tonalité, le chant pure alternant avec des murmures sinistres. La voix de Jack qui depuis "Inside The Rose" avait pris (enfin) une place plus importante semble atteindre un aboutissement certain.
Sur " I'm Already Here" et sur "Bells" il atteint des sommets jusqu' à tutoyer Mark Hollis et d' autres illustres tel Robert Wyatt. Il charme, dorlote, console, panse. L' autre pépite "Industrial Love Song" le voit faire un contrepoint d' exception à la présence de Caroline Polachnek qui après son passage chez Caroline trouve un deuxième titres sublime en cette année alors que ses disques personnels ne m' ont toujours pas convaincu définitivement.
Entre temps les fidèles de la religion TNP retrouveront leur art maîtrisé des arrangements luxurieux, des percussions répétitives minimales ou guerrières de "We Want War" et "Attack Music" sur "A Season in Hell" et "Wield Field". L' époustouflant "Goodnight" offre ce qui pourrait être la version TNP des voix déformée infantiles suraigües de l' Hyperpop, une version provenant des profondeurs industrielles. "Waiting" avec sa voix féérique féminine qui avait donné le ton dès l' entame du disque clôture de la même façon, nous touchons des doigts un paradis musicale.
Si le précédent était considéré comme leur plus direct celui-ci l' est encore plus et réussi l' exploit de persister dans l' originalité et l' expérimentation. Ils ont repris leurs travaux de l' époque "Field Of Rose" afin de les étirer et les ralentir pour retrouver les sommets. Disque d' une beauté inespérée "Crooked Wing" est à ranger d' office aux côtés des monuments "Laughing Stock" et "Rock Bottom".













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