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- THE NEW EVES, les sorcières nous ont toujours voulu du bien.
Cette musique peut sembler à la fois bien commune et étrange à sa première approche. Comme si vous croisez une vieille connaissance mais quelque chose détonne. Un quelque chose ma foi fort agréable. Un changement a eut lieu et vous êtes bien incapable de savoir ce que c' est. Le premier album de The New Eves fonctionne de la même façon. Il y a une évidence puis elle disparait comme par magie et nous errons en territoire et époque inconnu . Le temps est passé et la personne que vous retrouvez porte en elle aussi le présent. Ou, et Lynch avait raison, le temps est devenu glissant de nos jours. Il y a quelque semaines de ça je suis tomber sur un documentaire évoquant le sort réservé aux sorcières. Il était question de bucher, de massacres et de croyances. On prenait une fois de plus conscience de ce qui se cachait derrière la mise au banc, les accusations fallacieuses à l' encontre de ces femmes allant jusqu' à ce que l'on doit bien appeler des féminicides de masse (plus de 60000 assassinats au Moyen Âge). S' il y a bien eu des hommes accusés de sorcellerie au Moyen Âge selon les historiens plus de 80% des jugements et condamnations concernaient des femmes. On pige pourquoi le mouvement féministe reprenant du poil de la bête (Lisez Mona Cholet) s' est emparé du sujet tant le documentaire démontre qu' en fait le seul tord de ces victimes du patriarcat et de la religion était d' être des femmes un peu trop libre et indépendantes pour leur époque. The New Eves puisent leur inspiration dans la tradition ancestrale britannique en évoquant par leur paroles et leur look ces femmes dites alors "sauvages". Leurs robes blanches et beaucoup de leur photos évoque le cliché des jeunes filles gambadant pieds nus dans les champs et pratiquant des rites païens. D' adorables hérétiques. Cliché souvent teinté d' un érotisme terne car bien sûr détourné par le patriarcat. L' an dernier nous avons rencontré déjà ce phénomène de réappropriation du passé britannique ancestrale dans la géniale musique de TRISTWCH Y FENYWOD ( ici ) puis plus tôt cette année avec une Circuit Des Yeux ou Masma Dream World selon un prisme plus mondiale. Dans ce blog on peut également remonté à Gazelle Twin et son "Deep England". Les New Eves, nom tiré d' un roman d' Angela Carter grande figure féministe d' Angleterre, vont nous prévenir de l' apocalypse à venir et se présentent comme des sauveuses d'un monde retombant dans les travers et la misogynie Moyen Âgeuse. Bien sûr qu' elles abordent le féminisme mais d' une façon à la fois subtile et imparable. Si le premier titre fait office de manifeste les suivants paraitront plus flous et plus surréalistes jusqu' à ce qu' un mot, une intonation reprennent un flambeau caché un instant par la poésie. Pas donneuses de leçon mais prescriptrices. Les paroles évoquent fréquemment la multiplicité de la féminité moderne. Musicalement il en va de même avec ces quatre femmes de Brighton. Avec elles aussi le temps est devenu glissant tout comme les frontières stylistiques. Bien sûr qu' elles piochent allègrement dans le Folk britannique mais leur musique se révèle bien plus moderne. Leur approche de la Folk est franchement sinueuse. Elles n' ont pas opté comme d' autres pour une version aseptisée et momifiée. L' étrangeté typiquement britannique provenant de la nuit des temps teinte de mystère les paroles et la musique. David Tibet de Current 93 n' est jamais bien loin avec son Wyrd Folk, une version fort imprégné de mysticisme et d' un goût particulier pour l' horrifique. Dans ce domaine The Incredible String Band et Comus ont aussi été écoutés. The New Age ne sont pas contentées de ce seul terreau. D' une seule époque. Une influence plus proche dans le temps et bien plus éloignée géographique apparait évident. The Velvet Underground. Les cordes frottées, torturées, dronesques ne peuvent qu' évoquer celles de John Cale. Mais comme le faisait remarquer un critique britannique, cette technique novatrice prouve encore en 2025 ce que racontait Brian Eno et fait taire les mauvaises langues réécrivant l' histoire: "The first Velvet Underground album only sold 10,000 copies, but everyone who bought it formed a band." La batterie saisissante est elle aussi fille de celle de Moe Tucker et la poésie déclamée de la sorte sert de marqueur absolu Reediens. Mais c' est encore plus compliqué que ça. Avec une assurance certaine ces dames sont allé piocher dans le Post Punk ou le Proto Punk du côté The Fall ou les Modern Lovers l' aspect répétitif et certaines approches textuelles de Mark E Smith. Mais aussi les côtés sauvages des Slits et expérimentateurs des Raincoats. Parfois ce sont des guitares étonament 90's qui citent Pavement ou Sonic Youth quand votre serviteur pense fortement à Electrelane. Je parlais de Proto Punk, de féminisme et de poésie, on ne peut que citer Patti Smith. Les New Eves sans vraiment aller loin dans l' inconnu dévoile cependant une personnalité rare et sont finalement incomparables. Maîtresses dans l' art de l' hybridation elles brillent aussi par un songwriting qui, si il ne révolutionne pas, surprend assez régulièrement par certaines structures. Ce disque qui peut apparaître comme d' un gentillet exotisme chronologique et culturel aux premiers abords gagne assez vite en puissance et en devient tout à fait moderne Ce "New Eves is Riding" s' empare de la tradition, l' ensauvage, l' actualise et la poétise jusqu' à faire de cette vieille Folk un objet vivant. Pas un artefact poussiéreux sorti d' un musée et devenu anachronique. Premier album et franche réussite, on attend la suite avec impatience. Le temps est bel et bien devenu glissant. A nous de l' attraper pour ne pas le laisser entre les mauvaises mains qui renverront les femmes sur les buchés Moyen Âgeux. Et en prime leur dernier single sorti en Septembre et absent de l' album.
- PRIMAL SCREAM, "SCREAMADELICA" et "XTRMNTR". Histoire d'un groupe révolutionnaire aux deux chefs d'œuvres.
1991-2021 Trente ans séparent ces deux années. En 91 votre serviteur avait à peine 17 ans mais déjà la passion musicale commençait à s' emparer de lui depuis quelques mois. A l' image du narrateur de la chanson des La's "There She goes" qui observe la jeune fille de ses rêves passant dans la rue sans jamais oser l' aborder, manquait le truc essentiel gage de consécration et de non retour en arrière. The La's et The Stone Roses avaient ensorcelé. Le premier baiser incendiaire. Ce sera 1991. Année magistrale et révolutionnaire en musique sur laquelle DWTN a commencé à revenir avec l' article sur "Nevermind" ( ici ). "Screamadelica" sera l' un de ces baisers incendiaires qui changent une vie. En commençant à écrire dessus une évidence est apparue rapidement . On ne pouvait réellement écrire sur "Screamadelica" sans revenir sur la carrière prolifique et complexe de ses auteurs ainsi que sur celle du label qui avait sorti ce disque. Et puis une autre évidence se révéla encore plus importante. "Screamadelica" tel le Yin avait un Yang, un autre chef d' œuvre de Primal Scream. Il était temps de vous parler de Primal Scream et de ses deux chefs d' œuvre. Un groupe et deux disques essentiels pour comprendre d' où vient une certaine vision développée dans ce blog. GLASGOW 80'S Alan McGee & Robert "Bobby" Guillespie début 80's. L' histoire de "Screamadelica" et de Primal Scream débute dans le Nord du Royaume Uni dans les 80's en plein cauchemar Thatchériste. Glasgow subit de plein fouet les politiques d' austérité dictées par le Néo Libéralisme. Le chômage explose et Thatcher finit d' écraser les mouvements sociaux comme par exemple la grève des mineurs tel son fils putatif Macron avec les gilets jaunes trente ans plus tard. Autoritarisme, lois liberticides et flicage de la population avec comme mot d' ordre le Do It Yourself parce que selon la salope Maggy : "Nous sommes arrivés à une époque où trop d'enfants et de gens (...) rejettent leurs problèmes sur la société. Et qui est la société? Cela n'existe pas! Il n'y a que des individus, hommes et femmes, et des familles." Thatcher, Macron. Dépolitiser et favoriser l'individualisme en divisant. Comment voulez-vous qu' un aide soignant français en 2021 ne tire pas le parallèle entre son expérience personnelle et celles de la jeunesse british qu' il écouta autrefois. Malgré le temps passé le "No Futur" du Punk est plus que jamais l' horizon de toute une génération née pas assez tôt pour avoir bénéficié et agit pendant l' espérance révolutionnaire des 60's et 70's. Deux gamins issus des classes ouvrière et basse moyenne se rencontrent à l' école et une amitié se crée au nom de leurs passions communes pour la musique. Le plus âgé se nomme Alan McGee, l' autre Robert Guillespie rapidement renommé Bobby. Guillespie est le fils d' un syndicaliste et délégué du parti travailliste et cet héritage social et politique l' imprégnera fortement jusqu' à aujourd' hui. Il le revendiquera souvent, parfois maladroitement, ce qui fera de lui une rare exception dans le milieu Indie et underground. A peine ado les deux sont emportés par la tempête Punk mais n' y participent que très peu vu leur jeune âge. Observateurs plus qu' acteurs. Ils n' auront de cesse de vouloir rattraper le train en marche de ces années révolutionnaires musicales en agrippant le wagon Post-Punk. Plus désireux d' un quart d' heure révolutionnaire que de célébrité. Sauf McGee par la suite. Assez vite ils deviendront des amateurs encyclopédistes du Rock à la culture pointue et gigantesque. Grandis sous le punk et le Post Punk les deux compères sont vite rejoint par un troisième larron du nom de Andrew Innes. Les trois nourrissent une passion aussi grande pour le psychédélisme fin 60's que pour le Krautrock. Leurs goûts musicaux s' élargiront toujours plus allant du Free Jazz des Coltrane et Sun Ra jusqu' aux expérimentations électros et bien plus tard Dancefloors. Leur leitmotiv sera d' assembler leurs deux grandes affinités, le psychédélisme et le punk. Les expérimentations musicales et psychotropes du premier avec les revendications sociétales et politiques du deuxième. Mc Gee prendra très vite le rôle du mentor/penseur/patron de label quand pour Gillespie ce sera celui de la rockstar/artiste engagé. McGee, Guillespie et Innes débutent en jouant dans The Drains formation de la deuxième vague punk puis évoluent Post Punk au sein de The Laughing Apple . En accord avec sa volonté de fusionner le Punk et le Psychédélisme afin de réveiller un rock plus vraiment révolutionnaire dans les 80's ,alors en pleine entourloupe Band Aid démagogique et subissant de plein fouet une Pop FM artificielle sans aspérité. Une Pop FM dominant même dans la presse plus spécialisée (le début du "Poptimism"?). Mc Gee alors en quête d' une certaine authenticité trouve refuge dans l' Indie Music naissante et fonde tour à tour Big Bang Pow! et Creation records (du nom d' une vieille formation Mods). A l' instar de Guillespie le rouquin Mc Gee entame donc très tôt une démarche que certain appelleront plus tard le Rockism ( voir ici ). Son opposé sera donc le Poptimism selon une vision franchement binaire. Mc Gee prend sous son aile une autre formation écossaise débutante dont Guillespie deviendra le batteur, The Jesus & Mary Chain. A peine dans le game et le rouquin chapeaute rien de moins que l' une des formations les plus importantes du "bon" rock des 80's. Les "Jesus" seront une déflagration Punk et Rock sujette à polémique dans un monde musicale assagi et tape à l' œil avec leurs concerts ultracourts et bruitistes finissant parfois en émeute. Juste avant Guillespie , après des piges comme roadies chez les New Wave Altered Image, avait participé comme bassiste aux débuts Post-Punk/Coldwave de The Wake et s' était rapproché de la clique mancunienne de Factory. En 1982 il fonde Primal Scream avec un nouvel ami, Robert "Throb" Young. Innes les rejoindra plus tard. À même pas 20 ans ce type voit déjà son nom associé à d' autres devenus déjà des légendes. The Jesus & Mary Chain avec Guillespie. Deux singles de Primal Scream sortiront très vite chez Creation dont le légendaire "Velocity Girl" présent sur la compilation tout autant légendaire "C86". K7 vendue avec le NME symptomatique du courant indie Jangle Pop alors en pleine expansion après la tornade The Smiths. Le premier album "Sonic Flower Groove" montre un Primal Scream délaissant le Post Punk et le boucan Noise/Punk/ Indus des Jesus & Mary Chain pour se vautrer dans un maladroit mais charmant et délicat exercice mêlant passéisme, underground, DIY et contestataire du mainstream. Toute la carrière de Primal Scream sera ainsi marquée par leur retour incessant de ces encyclopédistes sur le passé du Rock. Démarche souvent agaçante par ses senteurs aiguë de formoles en opposition à leurs échappées imprégnées de fraîcheurs modernistes. Beaucoup de naïveté et d' innocence quitte à se planter en beauté. Pas les moyens pour un clip à l' époque de "Velocity Girl" Guillespie lui en offrira un très beau des années plus tard sous forme d' hommage à l' égérie Warholienne Edie Sedgwick. Guillespie, après des débuts sur grand format fortement placés sous l' égide d'un axe 60's psyché californien Byrds/Love, décide de faire voyager sa machine temporelle Primal Scream vers le Detroit début 70's sous haute influence de drogues plus dure et de rock crado. Les drogues chez lui et Mc Gee joueront un rôle important jusqu' à frôler le drame et la toxicomanie la plus sérieuse. Les Stooges pour la folie toxicomane et l' influence croissant du Free Jazz et le MC5 pour le contenu politique par une forte inclinaison à l' intrusion de slogans et citations dans les chansons. "Primal Scream" deuxième album sort en 1989 et se révèle clivant dans le petit monde Indie alors en pleine sidération Madchester avec les Stone Roses. Certains vont les traiter (à juste raison alors) de réac passéistes quand d' autres adeptes du groove fluide et les arpèges majestueuses des Roses de gros bourrins virilistes rockeux. Des titres tel "Ivy Ivy Ivy" ou "She Power" apparaissent dépassés immédiatement publiés et assurément à contre courant. Primal Scream en 89? Des gros bourrins ayant gobé un vieil acide périmé quand l' heure est à danser aux sons House sous la toute récente ecstasy . Dans un sens Guillespie et compagnie peuvent être perçus comme un signe annonciateur du passéisme Britpop quelques années plus tard et la version pataude et moins cynique des Strokes/Libertines 12 ans plus tard. Les Primal Scream semblent au bout de 7 ans de carrière encore à se chercher et demeurer enfermés dans leur chambre d' ado de 1980, entravés qu' ils sont par tous les travers Rockist. Primal Scream semble sortir la tête de l' eau rétrogaga quand il s' agit de ballades psyché moins rock caricaturales tel "You're Just Too Dark To Care", "Kill The King"et surtout "I'm Losing More Than i'll Ever Have". Cette dernière chanson appelée à devenir la clé de la révolution Screamadelica. MANCHESTER ET L' ANGLETERRE 1989-90 Il faut imaginez le choc visuel et sonore totalement dépassé que représente Guillespie et compagnie en 89. Leur moule bite en cuir, les grosses bottes de Biker, leurs cheveux gras très longs et leur rock boursouflé remplissant à peine les petites salles. En face des foules au look baggy/ Casual avec coupes au bol se pressant aux concerts des Stone Roses. Les aspirations Funk Racaille sous ecstasy des Happy Mondays et autres hooligans tous droit sortis des stades de Foot face aux marottes passéistes de proto geeks. Si les Primal Scream veulent toujours la révolution, la musique quant à elle, ils la conjuguent au passé et tape résolument à côté. Mc Gee va passer par-là et remettre Guillespie sur les bons rails du progressisme. Et selon l' étrange pédagogie toute Mc Geenesque, rien de mieux que de lui faire gober la dernière drogue à la mode pour le traîner dans les première raves à la découverte de cette nouvelle musique révolutionnaire, l' Acid House. Les ¨Primal Scream n' avait pas tout à fort tord sur toute la ligne et étaient bel et bien dans l' ère du temps du Second Summer Of Love, psychédélisme et hédonisme révolutionnaire après les années de plomb Thatcher. Mais malheureusement au mode de l'imparfait. Mc Gee quant à lui, via son label Creation déplacé sur Londres, était bien plus au fait de ce qui se passait et cultivait son culte rock au présent. Il avait signé les plus bourgeois House Of Love et leur indie Pop plus moderne mais surtout il fera preuve de vista en ne passant pas à côté du bouleversement sonore abrasif Shoegaze des My Bloody Valentine à leurs débuts. Plus tard s' ajouteront Ride et The Boo Radleys. Guillespie y viendra délaissant la chaleur Soul mais que bien plus tard. Suivront ou précéderont bien d' autres signatures de formations légendaires indies, Super Furry Animals, Swervedriver, The Telescopes, The Weather Prophets, Felt, Momus, The Pastels, The Times. Creation Records devient le label phare Indie fin 80's début 90's. Souvent Rockist en mal d' authenticité le Mc Gee mais certainement pas un type allergique au métissage stylistique et à l' innovation. Entre la volonté de faire renaître le bon vieux rock mais ne cessant pas d' expérimenter des choses nouvelles afin d'y arriver. Quand Madchester en 88 explose Mc Gee en bon élève révolutionnaire qu'il est depuis toujours va là où le souffle de la révolte balaye le passé. Ce grand amateur de drogue va très vite résider un temps à l' épicentre de la révolte Acid House/ Baggy, Manchester et l' Haçienda de devenir sa seconde maison. Il faudra donc pas longtemps pour que Mc Gee traîne Guillespie dans une rave et lui donne à essayer l' ecstasy. Le choc est énorme et Guillespie de délaisser un temps les 60's et 70's pour un gavage Acid House, Techno et autre. Inner City par ci, The Orb par là et beaucoup beaucoup d' Haçienda. Le choc n' est pas seulement musicale, toxicomane et stylistique. Il l' est aussi sociale et politique Quand Guillespie se rend dans une des premières Rave sauvage à Brighton en 88 il s' en souvient : "Il n'y avait pas beaucoup de monde là-bas, mais ils n'étaient pas habillés avec des vêtements de créateurs chics; c'étaient des enfants de la cité. Nous n'avions jamais entendu de musique comme ça auparavant". Surtout que d' autres à Manchester ont déjà entamé la démarche de sortir de la salle de concert pour se rendre sur les dancefloors. Pas longtemps non plus pour qu'il lui présente un nouvel ami ancien maçon et DJ alors en plein la tourmente Acid et Dancefloor. Un Dj qui a à son compte dès 1989 une légendaire relecture avec Paul Oakenfold d' un titre indie Baggy , le "Hallelujah (Club Mix)" des Happy Mondays. Un de ces rares remix qui éclipsent l' original. 30 Novembre 1989, date historique. Madchester au sommet. Le 30 Novembre 1989 est le jour de gloire médiatique et télégénique du phénomène Madchester lié à l' acid House. L' émission Top of The Pops de la puritaine BBC reçoit les hooligans sous acide Happy Mondays et les anges Stone Roses alors sur le toit du monde. L' ère Thatcher va s' écrouler et la jeunesse britannique de danser sur sa tombe. C' est celle justement du Nord, portée sur la danse par sa tradition régionale (la Northern Soul) et la plus martyrisée économiquement et méprisée, qui va entraîner les autres sur le chemin de la révolte des Raves sauvages. La scène club jusqu' alors clandestine montre son bout du nez par le prisme de groupes à guitares. "Screamadelica" en sera le définitif avis de naissance. C 'est donc un ras de marée d' artistes Indies à la pointe du modernisme auquel assiste les jeunes téléspectateurs. Depuis les Smiths un brin rétrograde l' Angleterre n' avait pas vu l' Indie triompher de la sorte. Suivront à l' assaut des Top en provenance du "North" les Soup Dragons, The Farm, les Inspiral Carpets, les Charlatans et enfin les Candy Flip qui en reprenant "Strawberry Fields Forever" finiront de tisser le lien définitif entre les deux Summer of Love. Révolutions psychédéliques tant fantasmées et désirées par Mc Gee et Guillespie. Ceux qui avaient tout vu venir jusqu' à l' anticiper activement ,les New Order, d' en remettre une couche juste avant avec "Technique". On aura même droit à la pathétique et putassière récupération Mainstream Pop par l' affreux Georges Michael avec son titre "Freedom". Un pompage aseptisé en règle de "Loaded" et d' autres. Les Primal Scream sont regroupés devant leur petit écran et subissent une nouvelle fois le choc. Tant pis si on les juge de traîtres au Rockisme. Tant pis si ça plait à un plus grand nombre. C' est la musique qui les branche, elle est révolutionnaire et fout le feu. LA musique qu' ils ont donc envie de faire. De toute façon au bout de 6 ans d' une carrière sans succès, que risquent-ils? Le "Fools Gold" des Stone Roses sera le maître étalon pour "Loaded" et l' album qui suivra. Les Primal Scream s' attendent à voir débouler un clone des Roses ou des Happy Mondays et voit un type fringué comme eux en cuir et cheveux longs, tatouages et passion commune pour le rock de prolo de Thin Lizzy, les héros Glam tel T-rex. Ce type c' est Andrew Weatherall et sera le héros du miracle Crossover qu' est "Screamadelica". Peut être que Primal Scream y serait arrivé seul mais certainement plus laborieusement. Andrew Weatherall vers 1990 Les Primal Scream avaient la volonté de sortir de leur Rétromanie mais n' avaient pas les outils technologiques et les us et coutume adéquat. Weatherall va les leurs donnés en les initiant aux techniques issues du dancefloor. Lui aussi aime les ballades du dernier album et propose de remixer "I'm Losing More Than i'll Ever Have". Par crainte sa première proposition est un brin trop sage et respectueuse. Là où les Rockistes et autres arrivistes bas du front se seraient satisfait d' une remise à jour artificielle à moindre frais les Primal Scream emportés par la déferlante révolutionnaire Acid lui ordonne en la personne d' Innes d' en faire plus et se lâcher comme jamais . Jusqu' au sacrilège suprême d' enlever la voix du chanteur Guillespie. C' est l' acte de bravoure progressiste de ce dernier, accepter son retrait au nom de la cause commune. "Loaded" sort en Mars 90 et atteint la 16 ème place du Top 50. Succès Inouïe et inimaginable pour les Primal Scream et Creation. Les mauvaises langues s' étonnent quand d' autres hurlent à la trahison encore une fois. Parfois ce sont les même intégriste Indie qu' au moment de leur virage "bourrin/rock" un an plus tôt. Entre accusations de relookage artificiel pour coller à la mode d'une part et de l' autre que les honneurs ne doivent allés qu' à Weatherall. La suite va tous les faire taire*. (*: Quant au derniers neuneus avançant cette thèse encore de nos jours la sortie des démos sous le titre "Demodelica" juste après cet article prouvèrent sans la moindre contestation que les compos étaient déjà gigantesquse avant les ajouts de Weatheraal ou de The Orb). "Loaded" n' est qu' un remix mais un remix plus qu' audacieux. C' est surtout le début d' une grande aventure artistique, sociale et politique et pas qu' un simple coup marketing. De toute façon les Primal Scream qui n' ont pas brillé par arrivisme et carriérisme auparavant et ils avaient déjà pris leur décision pour l' album à venir avant le succès de "Loaded". Weatherall fera partie de l' équipe le temps de l' enregistrement. Il se verra aidé par Hugo Nicholson. Autre choix profondément anti Rockist et rétrogaga aux grandes conséquences, ils s' achètent un échantillonneur Akaï et compose avec celui-ci et un clavier plutot que les guitares. Au clavier justement déboule en provenance d' uns autre formation Indie légendaire, Felt, l' un des musiciens qui jusqu' à aujourd' hui demeurera l' un des piliers du groupe, Martin Duffy. Exploit en appelant d' autres en matière de recrutement tant Primal Scream va voir défiler un nombre assez impressionnant de musiciens. C' est le début de la Réal Madrilénisation du groupe qui tel un grand club de Foot cherchera à composer sa Dream Team plus tard. Duffy va se révéler être prépondérant et permettre à Weatherall de donner au travers du piano la senteur House recherchée. Plutot que plagier, ils vont sampler. Plutot qu' imiter ils vont réinventer. Plutot que cibler une niche stylistique ils vont tout mélanger. Hybrider pour ensuite opérer une créolisation. L' enregistrement "Screamadelica" va être laborieux mais quoi de plus normal. Le disque ne sortira donc qu 'en Octobre 1990 soit plus d' un an plus tard. Ils repartent de zéro et tout est à réinventer pour atteindre les objectifs fixés. Ils avanceront pas à pas, single après single. Ils se défoncent et sortent en rave comme jamais mais ne cessent de travailler. Bien sûr que leur penchant pour la citation d' encyclopédiste demeure et le premier titre en boite le reflète, "Come Together". Oublié le Rock Blanc de l' ouvrière Detroit, c' est toute leur culture black qui est assumée. Qu' elle soit musicale et politique avec le speach en introduction de Jesse Jackson subtilisé au live Wattstax . Bonjour Le Rock et le Funk du Detroit Black de Georges Clinton et ses Parliaments/Funkadelic. Sly and The Family n' est pas loin non plus. "Come Together" transpirent la Soul et l' urbanisme des cités ouvrières martyrisée par le néolibéralisme tout au long de ce titre mêlant Gospel et Acid House. Encore une fois les us et coutumes rock sont dispersés et c' est la voix de Guillespie qui en fait les frais sur une version mixée par Weatherall. Oui il y citation mais franchement l' ensemble ne ressemble pas à un chanson plagiat classique mais plutot à une longue piste façonnée pour le Dancefloor. 1990 : Réconciliation entre Mods et Rockers sous l' égide de Madchester par Primal Scream (Innes en Baggy Boy, Guillespie en Mods et Robert "Throb" Young en rocker) Le "Come Together" qui sort en single à la fin de l' été 90 est la version produite par un autre Dj Terry Farley. La claque de la version Weatherall ne sera que plus belle pour l' album à venir et évitera à ce dernier de ressembler à une simple compile de singles déjà publiés. A nouveau un irréel carton pour une obscure formation underground quelques mois plus tôt quand il atteint la 26 ème place du top british. (NDLR Imaginez en 2021 Yves Tumor tutoyant les PNL et Weeknd dans les charts) . Version moins aventureuse , elle garde la voix de Guillespie et voit sa durée se raccourcir, elle devient un hymne rock planant plus Baggy que dancefloor et Acid House. C' est le clip qui se charge de dévoiler la mutation opérée chez Guillespie les mois précédents. Si celui de "Loaded" sous haute influence psyché multicolore ou leur prestation à Top Of the Top reprenaient l' imagerie de Primal Scream à la Hell's Angel/Altamont pré Madchester, cuir avec pause à la Jagger et moto, dans celui de "Come Together" , on découvre un Guillespie au cheveux coupés Popeux dans une version Mods estivale qui sera reprisz et copiés par les Britpopeux 3 ans plus tard. Guillespie n' est pas seulement un collectionneur de disque érudit mais également a toujours fait preuve d' une connaissance parfaite des us et coutumes rock en matière vestimentaire et d' un bon goût plus que sûr. Primal Scream ne donnera plus de signe de vie discographique jusqu' à Juin 1991. Les mauvaises langues tirent donc la conclusion que le groupe patauge logiquement à donner une suite à l' artificiel et opportuniste "Loaded". 1991, année magistrale Madchester se meurt. Guillespie et compagnie ne cessent de bosser et d' expérimenter. Plus le temps s' égraine et plus ils prennent donc le risque de le sortir à contre courant une fois la vague Madchester enterrée. Au mieux de passer pour des suiveurs, au pire, pour des éternels largués. Mais comme il le dira plus tard, c' est un ouragan d' idées originales qui va les occuper et surtout, une farouche volonté de faire autre chose. Il faudra de toute manière aller bien plus loin que les Stone Roses et leur album de 89 quand ces derniers, empêtrés dans un procès avec leur ancienne maison de disque, ne transformeront jamais l' essai. Quant aux Mondays ils voient leur hooligan en chef Shaun Ryder plonger corps et âmes dans la dope après le sommet Baggy "Pill's 'n' Thrills and Bellyaches" de 90 et une tournée à faire pâlir Keith Richards ou Sid Vicious en matière de débauche. La culture dancefloor envahit le champs artistique britannique et la récupération se fait plus ou moins avec bonheur. La grande tradition britannique Pop n' y échappe pas et c' est Saint Etienne qui gagne la compète haut la main. C 'est qu' il y a du monde au portillon et tout le monde s' engouffre derrière Madchester. Par arrivisme ou pas. Les jeunots londoniens Blur par exemple sortent fin 90 et début 91 deux titres reluquant fortement le Baggy Sound du Nord Prolétaire ("She's so High" et "There's no Other Way"). Damon Albarn est coiffé comme un Stone Roses et pas encore le pourfendeur de la Britpop avec houpette et Dr. Martens. Eux au moins avaient le talent nécessaire pour paraître originaux. Le nombre de cas de types ne provenant pas de Manchester et s' écroulant dès la mode finie tel des The Dylans qui lorgnaient que trop sur les Roses, laisse songeur avec un profond arrière goût de récupération. Et que penser d' anciens vétérans se refaisant une jeunesse sur le dos du Baggy Sound tel les James qui, au bout du compte et un ou deux singles, ne nous aurons laissé de mieux que leur t-shirt promotionnel. Madchester aura même droit à sa version Boys Band avec les gentillets EMF et leur tube européens "Unbelievable". Et je vous épargne encore le reste de la cohorte de piètres suiveurs qui polluera les ondes en 91. De toute façon en 91 de Madchester c' est plus précisément sa version indie à guitare qui crève parce que la révolution Acid House qu' elle accompagna et propagea est loin de finir dans les entrepôts et les club. La fête Baggy semble déjà se finir et n' aura duré qu' à peine trois ans. Tout juste le temps pour les seconds couteaux tel Paris Angels, The Farm, Inspiral Carpets, World Of Twist, The Real People de nous offrir les derniers classiques du genre. Le "Second Summer of love" a du plomb dans l' aile et l' heure est à présent chez les indies british au mélancolique Shoegaze (MBV, Slowdive) et ce juste avant une autre déferlante de guitares venant des Etats Unis. "Nevermind" de Nirvana va bousculer et éclipser un temps la révolution dancefloor et les formations Grunge de subtiliser la place durement acquise de l' Indie dans les charts Britaniques. La contre attaque au frais du Shoegaze et Madchester sera la Britpop deux ans plus tard. Il y a de ces années qui marquent. De ces tournants où tout s' accélère, tout se mélange et tout explose. Parfois tout dérapent aussi. On assistera sans trop y prendre garde immédiatement à une scission entre une partie de la scène indie et les Dancefloors. Les guitares vont progressivement cesser de danser. Ce qui s' était rapproché va s' éloigner un temps. Restera du trait d' union tiré vers 89-91 entre guitares et dancefloor son apogée artistique, "Screamadelica". Le Shoegaze a été une porte de sortie vers l' expérimentation juste avant la Britpop réac artistiquement mais la rencontre avec les dancefloors ne s' est pas approfondi. "Loveless" se clôture par ce qui était la clé, "Soon". D' autant plus que quiconque a entendu le remix réalisé par Andrew Weatherall (encore lui) juste après "Loaded" sait que cela aurait pu être encore plus beau avec une asso du producteur et de Shields. Et pourtant Seefeel l' opérera quelques temps plus tard cette foutue rencontre sur le mode Ambient, mais trop tard pour les guitaristes perdus en pleine Britpop. My Bloody Valentine Cette scission fera mal des années plus tard par un certain cloisonnement mais 1991 va offrir une diversité stylistique et une fraîcheur tel en provenance de partout que le fan indie ouvert aux autres n' en prendra pas vraiment conscience. 1991 est l' une des plus grandes années. Elle verra sortir des chefs d' œuvres comme "Loveless", "Screamadelica", "Nevermind" déjà cités mais aussi le Post Rock qui rapplique avec le "Spiderland" de Slint et l' immense "Laughing Stock" des vétérans Talk Talk. Massive Attack lance le Trip Hop avec "Blue Lines" quand A Tribe Called Quest brasse Jazz et Hip Hop dans un exercice proche dans un sens de Screamadelica. Les premiers Djs apparus dans la queue de la comète Acid House progressent en passant au format album et en devenant des producteurs innovants. The Orb croise le Dancefloor et l' Ambient, LFO fait évoluer la Techno et l' Acid House et enfin les KLF apporte une touche situationniste à leur Acid House lorgnant elle aussi sur l' Ambient. 1991, résolument une année vertigineuse. Revenons à Guillespie et compagnie. Un autre problème arrive et pousse Primal Scream à bosser avec un minimum de moyen et privilégier l' imagination et le Do It Yourself. Creation voit ses finances s' évaporer depuis des mois à cause d' un autre projet, le deuxième album des My Bloody Valentine justement. Kevin Shields squatte les studios et use les producteurs à la chaîne pour ce qui deviendra l' autre chef d' œuvre révolutionnaire de l' histoire de Creation , "Loveless". Mc Gee déjà empêtré lui aussi dans les addictions voit ainsi son label à deux doigts de mettre la clé sous la porte à quelques mois de la sortie des deux plus grand disques de son label. Les disques sortant chez Creation bénéficieront souvent d' un succès critique mais rarement commercial et le label de crouler sous les dettes régulièrement. Le comble arrive pour cet homme du Nord quand un groupe de Reading, donc du Sud, sort un disque où les deux courants servant d' étendard à Creation se mêlent comme jamais auparavant comme dans ses plus beaux fantasmes de patron de disque. Chapterhouse, ce très bon groupe oublié de nos jours, publie "Whirlpool" à l' intérieur duquel en un titre offre la synthèse parfaite des aspirations Baggy/Dancefloor des Primal Scream et celle Shoegaze/Bruitiste/DreamPop de My Bloody Valentine et des autres formations du genre signées chez Mc Gee (Ride, Boo Radleys, Slowdive). Quand Madchester rencontre le Shoegaze, Chapterhouse La date de sortie de "Screamadelica" se précise, ce sera à l' automne. L' enregistrement arrivant à sa fin au printemps 90. Le buzz autour du disque s' amplifie à coup de une des hebdos anglais musicaux (NME & Melody Maker). Buzz justifié ou pas, c' est alors la grande interrogation dans le milieu Indie. Un élément de réponse sous forme de claques monumentales va précéder l' album via deux singles monumentaux. En juin 1990 Creation sort "Higher Than The Sun" dans sa version courte (3'36") mixée par The Orb. Un invité de marque est présent sur cette version comme sur la deuxième présente sur l' album. Cette présence va éclairer encore la démarche et surtout son origine des Primal Scream dans leur tournant dancefloor et expérimental. C' est le légendaire bassiste Jah Wobble de Public Image Limited. Voilà l' explication de l'ouverture d' esprit et du passage à l' acte courageux des Primal Scream. Si Guillespie et Mc Gee citent le Punk ils ont aussi beaucoup retenu du Post Punk et de sa volonté d' enlever toutes les œillère Rocn'n'roll. Chez eux les styles musicaux seront appliqués sur bande magnétique comme la peinture sur une toile. Par petite touche sans hésiter à changer de couleur quitte à faire du syncrétisme. Combiner ce qui est au yeux de certains incompatible. "Higher Than The Sun" voit Guillespie atteindre une certaine béatitude après l' excitation dancefloor de "Loaded". The Orb entraîne, afin de les apaiser, Primal Scream alors en pleine descente d' acide dans la salle Chill Out. Et les Scream de faire dans l' Ambient et le Dub. La version longue intitulée "A dub symphony in two parts" n' apparaît que sur l' album. Plus ouvertement Dub c' est un sommet du genre inatteignable que Guillespie tentera souvent de rééditer avec succès parfois. Selon les versions le single offre plusieurs version remixée et je vous invite à vous ruer aussi sur l' "American Spring Mix" tout autant planant que les deux autres. La pression monte de plus en plus et en Août "Don't Fight It, Feel It" va définitivement faire taire les idiots et rassurer les inquiets. L' album à venir ne va pas seulement être une petite réussite indie chanceuse mais clairement une merveille par un très grand groupe. Un disque appelé à marquer son époque et les suivantes. Ce titre est devenu un titre légendaire de l' Acid House et parfois certains auditeur de mixtape ont du mal à imaginer que les auteurs sont un groupe de "rockeurs" écossais. On en a vu des tentatives en territoire étranger par des groupes indie et il faudra attendre "OK Computer" et "Kid A" pour voir une formation guitare tutoyer les cadors d' un autre courant. Comme à l' accoutumé le titre original chanté par Denise Johnson est accompagné par un remix et encore une fois Primal Scream offre une relecture digne si ce n' est meilleur de l' original. Le "Scat Mix" comme celui de "Higher Than The Sun" pourrait taper l' incruste sur l' album que l'on y trouverait rien à redire. En quatre singles c' est tout que l'on pensait de l'univers Primal Scream, des types bloqué dans leur chambre d' ado indie encyclopédiste sentant la vieille chaussette Punk et Rock qui vole en éclat. Guillespie devient une Rock Star du jour au lendemain, une Rockstar qui ne fait plus vraiment le "Rock" attendu par les neuneus au front bas. L' album sort le 23 Septembre 1991 et est acclamé dans la presse spécialisée. Succès critique même chez les critiques les plus difficiles et avant gardiste tel Simon Reynolds pourtant réputé avoir la dent dure et pointue en Dance Music. Pour ceux qui ne connaissent de Primal Scream que les derniers disques il peut apparaître croquignolesque que le spécialiste pourfendeur de la rétromanie ait adoré ce disque fait par des encyclopédiste du rock adorant les fringues vintage. Succès commercial également puisqu' il deviendra disque de platine et que certains titres frôlent de nos jours les 50 millions de lecture sur Spotify chacun. Chez les autres artistes la claque est la même jusqu' à aujourd'hui. Beaucoup d' artistes se sont revendiqués de "Screamadelica" et ce jusqu' au Dancefloor qui ne devrait y voir qu' un charmant emprunt à sa culture. Parlez de ce disque à Guy Manuel Homen-Christo des Daft Punk et vous allez être surpris. On retrouve dans l' album les singles sortis plus tôt mais le public de l' époque stupéfié découvre des versions différentes. Versions souvent encore plus réussies parce qu' aventureuses que les premières écoutées. "Loaded" double sa durée du single et Weatherall en offre la version la plus aboutie. La plus grosse surprise à ce sujet est "Come Together" qui se voit transformée en tuerie dancefloor où les paroles de Guillespie ont disparu. Plus du tout le titre rétrogaga un brin modernisé du single. Comme écrits plus haut "Don't Fight It, Feel It" subit aussi un allongement plus inspiré par la culture Dancefloor et prend encore plus d' envergure. Assurément on dansera sur "Screamadelica", le disque par excellence pour la soirée à la maison avant de rejoindre le Dancefloor. On pouvait craindre qu' ils aient balancé leur plus belles cartouches et le reste du disque ne serait que petites réussites et remplissage. La surprise du chef Guillespie débute le disque. Et c' est aussi la preuve qu' il n' en a pas fini avec ses manière archivistes du rock. "Movin' On Up" sera le plus gros tube de Primal Scream. Le plus Rolling Stones de ses titres, bref le plus rétrogaga, et quoi de plus normal puisqu' ils ont décidé de se passer de Weatherall pour le faire enregistrer par un vétéran des Stones en la personne du producteur Jimmy Miller. "Movin' On Up" est le titre revival réussi et frais par excellence. Celui qui fait illusion parce que digne des illustres aînés juste avant que les effets pervers de l' incongruité temporelle et de la redite opèrent. Mais probablement pas le genre de titre sur lequel construire une carrière comme tant de groupe l'ont fait par la suite. "Slip Inside This House" est la seule reprise du disque mais quelle reprise. Les Primal Scream tisse là le lien définitif entre l' Acid Rock des 60's et l' Acid House. Celui qui justifie toute leur démarche entamée avec "Loaded". Il fallait oser s' attaquer à ce titre alors oubliée des 13th Floor Elevator. Déjà le connaitre. Et encore un classique au compteur de ce disque qui ne sortira en single qu'en 1992. "Inner Flight" ce n' est rien d' autre qu' un autre trésor mélangeant emprunt et innovation. Un autre bras d' honneur aux ayatollahs Rockistes. Guillespie après les Rolling Stone et 13Th Floor Elevator" s' attaque à tremper dans le bain Acid House et Ambient de "Higher Than The Sun" rien de moins que l'idole de tous en matière de symphonie adolescente californienne, Brian Wilson et ses Beach Boys. "Inner Flight" envoie "Pet Sounds", déjà planant tel un spectre sur l' album ,dans les étoiles et le futur en l' arrachant de sa plage et de son époque. "I' m Comin' Down" et "Shine Like Stars" étaleront un peu plus de la diversité des influences de Primal Scream (Jazz) et seront de la même veine planante que "Inner Flight" et "Higher Than Sun". Ce dernier verra les deux versions décrites plus haut présente histoire d' enfoncer le clou dans le marbre et graver à jamais ce disque dans l' histoire. Mais il faut bien un petit loupé. "Damaged" c' est encore du Rolling Stone mais période "Exile on Main Street" donc plus Bluesy et Country. On aime ou on aime pas. Perso J' ai toujours eu tendance à le passer mais avec le temps je lui trouve les même qualité que "Movin' On up" en matière de titre rétro frais. L' après "Screamadelica", entre gueule de bois rétro et Britpop à gogo. La tournée qui suivra sera couronnée elle aussi de succès. Les dates s' enchaînent ,et Primal Scream gagnant de plus en plus d' argent, de voir la débauche de s' accélérer. L' héroïne remplace l' acide et le gros coup de fatigue inévitable d' arriver. Quand je vous écrivais que le Primal Scream n' étaient ni opportunistes ni carriéristes mais de réels passionnés de musique agissant au grès de leurs passions la suite va le prouver mais pas dans le sens que l'on aurait préféré. Fin 1991 de passage à Memphis les Primal Scream enregistre deux titres du Ep Dixie Narco. "Stone My Soul" et "Carry Me Home". Deux ballades typiquement blues rock teintées de Soul. On est très loin de l' Haçienda et les Primal Scream de sombrer encore une fois dans le rétrogaga et ce coup-ci encore plus profondément que sur "Primal Scream" de 89. Histoire de rentabiliser, le ep contient "Movin' On Up" mais offre le titre "Screamadelica" rejeté pour l' album. Ce sera le dernier grand trip aventureux de cette époque. Fortement Soul et Funk mais toujours acidifié par Weatherall, c' est le chant du cygne auquel participe encore une fois Denise Johnston après les avoir suivi en tournée. Il faudra attendre trois ans que Primal Scream se remette de tout ça et sortent un disque. Et encore. "Give Out But Don't Give Up" est une douche froide pour tous ceux qui ont adoré le virage moderniste et dancefloor. Visiblement Guillespie et compagnie se prennent encore plus pour les Rolling Stones. Blues Rock avec un brin de Soul parfois revitalisant. Ce disque est une purge Rétrogaga dans lequel on voit des junkies incapables de prendre une nouvelle direction et se la jouer devant leur glace. Ironie de l' histoire, 1994 va voir le triomphe d' un mouvement franchement rétrograde par moment mais à la différence des Scream perdu dans des States d' autrefois fantasmés, les Blur, Suede, Pulp et autres groupes de la Britpop sont profondément encrés dans la société anglaise du moment et cela va les sauver un temps. Le seul titre un brin potable et vas-y que Guillespie se prenne pour un Jagger tunné. Juste bon pour une soirée déguisée Rock chez des Macronistes. Pour Mc Gee de son côté l' inévitable est arrivée. Il a du vendre Creation tout en gardant les rênes à Sony afin d' éponger les dettes . Mais toujours le flair pour le rouquin qui va très vite piger que la Britpop arrive et va être une nouvelle tempête. Pas vraiment un grand coup de vent artistique mais surtout un ras de marée commerciale. Il ne veut pas louper le train et pour ça il va faire très fort en signant immédiatement un groupe mancunien. Pour le prix d' un il aura le songwriting éclatant des Stone Roses et la folie déjantée des Happy Mondays. Enfin son groupe de Manchester rien qu' à lui et tant pis si il n' est plus du tout porté sur les Dancefloors et l' expérimentation. Des types plagiant les Beatles avec talent et ce, selon les us et coutumes agressives des Sex Pistols. Sex, Drug & Rock'n'roll Mc Gee avouait enfin au grand jour ses penchants McLaren. Un certain soir de 1993 à Glasgow il était sûr d' avoir vu le futur du Rock'n'roll. Là où tout avait commencé pour lui et Guilllespie 15 ans plus tôt. Sa seule erreur fut que le futur se conjuguait au passé. Oasis, les géniaux fouteurs de merde chez Creation Mais seulement voilà, suite à sa trouvaille d' une bande de branleur de Manchester, plutôt que plébisciter l' expérimentation chez ses groupes il va les pousser à suivre les pas rétro de ses nouveaux chouchous. Pour un peu le meilleur et surtout le pire. Le Shoegaze sera banni des locaux de Creation au bénéfice d' une vision passéiste/Britpop. Ride se suicide dans une bouillie de Jangle Pop et de psychédélisme. Teenage Fanclub et les Super Furry Animals sauveront l' honneur mais en matière de rétrogaga ils ont toujours été une étrange sorte de précurseurs. Les talentueux Boo Radleys offrent les derniers chefs d' oeuvre aventureux à Creation ("Giant Steps" et le très fou "C'mon Kids") avant de s' y mettre à la Britpop ("Wake Up") avec un petit succès puis baisseront les bras se sentant pas assez défendus par le label. Et ne parlons pas de Slowdive se renouvellant fortement et judicieusement ("Pygmalion") et qui eux aussi passeront pour les mauvais élèves aux yeux du boss jusqu' à carrément les foutre à la porte. Retour en grâce Et Mani déboula. Les chemins de Guillespie et Mc Gee vont progressivement se séparer. Mc Gee tombe toujours plus durement dans les drogues et surtout, il est accaparé par le succès et les frasques des deux frangins Gallagher. Oasis qui va se planter royalement perdus dans un brouillard épais d' égo et de coke avec leur troisième album. Le rouquin gourou/grand frère porté de plus en plus disparu dans les limbes d' une Britpop commençant à s' essouffler, les Scream vont s' affranchir de lui et prendre définitivement confiance en eux. Terminée l' époque d' un Mc Gee dictant plus ou moins ses choix en matière d' hygiène de vie et de vision artistique. Guillespie et compagnie se rendent très vite compte du naufrage et gaspillage que fut "Give Out But Don't Give Up". L' impasse rétrogaga s' était refermée sur eux et autant ne plus suivre les lubies de Mc Gee. Primal Scream se doit de réagir sinon ce sera la fin. Et puis il est aussi question politique entre les deux. Mc Gee et Noel Gallagher participent activement à l' élection du pitoyable chantre de la Social-Démocratie Tony Blair quand Guillespie ,probablement moins opportuniste et surtout plus lucide en la matière, sent l' entourloupe venir derrière le menteur et futur toutou de Bush. La réponse sur la marche à suivre est toute trouvée. Se souvenir de "Screamadelica" et se calquer sur son modus operandi. Et Primal Scream de se lancer dans le mercato tel un Real de Madrid afin de trouver du sang neuf. Former ce qui deviendra vers 2000 la Dream Team Indie Baggy. Et en matière de transfert ils vont faire très fort avec une recrue s' avérant déterminante pour leur carrière. En 1990 ils avaient plongé dans Madchester et la Stone Rosesmania pour "Screamadelica". En 1997 ils ne se contentent plus de prendre des leçons, ils récupèrent l' un des professeurs en la personne du bassiste des Roses en lieu et place d' Henry Olsen, Saint Gary " Mani" Mounfield. Une des idoles prolos absolues de votre serviteur. Il y aurait tant de chose à écrire sur "Vanishing Point". Presque autant que "Screamadelica". Honneur au chef Guillespie pour résumer ce disque inspiré du vieux films contre révolutionnaire portant le même titre: "Un album de road-movie anarcho-syndicaliste speed-freak… La musique du film était de la musique hippie. , alors nous avons pensé : 'Pourquoi ne pas enregistrer de la musique qui reflète vraiment l'ambiance du film ?" Ça peut surprendre pour les non initiés qui associent trop rapidement Psychédélisme avec Apolitisme, utopisme béat, culte de la liberté individuelle et léthargie après des années de caricatures et propagandes Néo Libérale. Mais on pouvait vers 1969 prendre de l' acide et faire de la politique. De la vraie, bref, de l' anticapitaliste. "Vanishing Point" est ,comme trop rapidement entraperçu dans ses précédents, un disque de fans foncièrement politisés tel le MC5. La même recette syncrétique de "Screamadelica" va être reprise ainsi le spectre des influences jugées brièvement incompatibles de s' élargir bien plus que pour le précédant. Le Dub, le Krautrock (Cab) , le Trip Hop naissant, l' indus et le Post Punk vont bousculer les habitudes Bluesy et Soul. L' Acid House ayant pris un coup de vieux c' est la Techno qui tiendra son rôle et Weatherall ("Trainspotting") de ne participer qu' à un seul titre. Le groupe s' émancipant en s' occupant seul de la production avec l' aide de Brendan Lynch La basse de Mani apportant un groove à la fois élastique et costaud à une formation qui en la matière pouvait paraître un peu droite dans ses bottes. Même si ce dernier ne participe qu' à quelques titres son esprit et son influence plane sur tout le reste. Encore de nos jours je m' étonne du manque de reconnaissance dont Mani est victime tant il fut influent au cours des 90's. Porté par le cataclysmique single "Kowalsky" tutoyant la chienlit commerciale à la 8ème place des singles, l' album va se révéler être un nouveau succès en se classant 2ème du Top Album britannique. Avec du recule on peut réellement s' étonner et s' enthousiasmer de la capacité des Primal Scream en ces temps-là de réussir l' exploit de faire atteindre des sommets de ventes à des titres si peu mélodique. L' album est une montagne russe émotionnel passant du calme à la tempête, du rock au Dub et l' expérimentation, de l' agressivité à la béatitude. Les ingrédients semblent avoir été ré-assemblés pour produire de nouveaux modèles d' hybridations réussies. Lee Scratch Perry se met au psychédélisme de la côte Ouest des States dans "Burning Wheels". Le calme et la béatitude de "Get Duffy" avec ses affects jazzy et Soul ou plus loin "Trainspotting" et sa vision glauque d' une certaine Ambient grandie sous le Trip Hop. "Star" c' est enfin Primal Scream qui refait le coup du Gospel façon Rolling Stones mais sans tomber dans le bourrin rétrogaga. "Out Of The Void" semble être un titre perdu de "Screamadelica" servant d' agréable trompe l' œil cachant une suite bien moins indulgente pour les amateurs de psychédélisme béat. Derrière "Kowalski" placé en avant poste d' autres titres bien plus agressifs dégagent un malaise et une colère inédits chez Primal Scream. Quelque chose est en train de changer chez Guillespie qui ne relève plus de l' hédonisme révolutionnaire euphorique de "Screamadelica". De la naïveté de croire que c' est gagné depuis la révolution Acid House. Bien au contraire. Nous arrivons à la fin des 90's et il ne se voile pas la face l' encyclopédiste du rock. Cette décennie est celle de nombre de faux semblant et son milieu naturel, l' Indie Rock a peut être un peu trop fait dans le Post Modernisme. En 1997 Blair est élu et Guillespie a déjà bien senti que les choses ne changeront pas dans ce vieillisant Royaume Uni, lieu de naissance d' un capitalisme plus que jamais triomphant. Il sent aussi poindre que les va-t-en guerre préparent leur retour depuis la première guerre du Golf. Le dub dark et angoissant de "Stuka" débute la série des références militaires dans le vocabulaire Guillespie. Un Guillespie qui comme dans "Screamadelica" va se faire de moins en moins locace question paroles. Deux instrumentaux le confirme mais surtout son songwritting le voit préférer les phrases courtes et surtout une passion décuplée pour le slogan sur le mode situationniste. "Medication" c 'est du Primal Scream fan irraisonnable des Stones mais on est loin du pastiche. Quelque chose de malsain flotte sur ce titre et c' est volontaire. Un peu comme si les Primal Scream ont décidé, plutot que singer les Stones, d' offrir leur BO à un documentaire sur le meurtre d' Altamont, l' un des symboles de la fin des utopies 60's . "Motörhead" reprise de qui vous savez les voit d' ailleurs sauter de 69 à 76-77. Peut être histoire d' éviter le ventre mou de l' histoire révolutionnaire. Petite remarque au sujet de la boulimie stylistique de l' écossais. Il ne s' est jamais attaqué au Glam réellement. Le punk Guillespie perdu de vue depuis les 80's commence à réapparaître. Ce que confirme la participation à la basse du Sex Pistols Glen Matlock dans la grande tradition de la Drean Team à la Primal Scream. Le titre de Lemmy Kilmister se voit dépoussiéré, dépourvu de ses gros attributs gênant Rock'n'roll pour devenir un hymne EBM Motorik éructé par un Guillespie chantant avec un masque de Dark Vador (véridique!). Laissés pour mort après la débâcle de 94 les Primal Scream se présentant à nouveau comme d' étonnant "Rockeurs/Punks Avant Gardistes" et vont taper l' incruste parmi une liste d' albums symbolisant un renouveau rock. Liste tout autant hallucinante comme celle de 1991. Les deux grandes années british des 90's verront donc Primal Scream au premier plan et devenir des influenceurs de premier rang. 1997 l' autre grande année musicale des 90' s pour la perfide Albion. D' autres formations ont compris comme Primal Scream que les guitares Britpop réac s' étaient pris le pied dans le tapis nostalgico-gaga et qu' il fallait aller de l' avant si ce n' est, au moins, de sortir du carcan Pop et guitare héros Britpop. En premier lieu Blur ,les grands instigateurs de la Britpop, lorgnent sur le Slacker Rock des Pavement, The Charlatans se souviennent de leurs débuts Madchester et font peut être le disque typiquement North Britpop que Primal Scream n' a pas pris la peine de faire. Le Post-Rock en vengeur masqué du Shoeagaze domine l' avant garde Indie avec Mogwai. Radiohead triomphe en hybridant l' indie au Prog Rock et c' est peut être bien là où perce à jour l' immense influence de "Screamadelica" en matière de "rockeur Indie". Cette façon d' envisager un album totalement libéré de tout carcan, capable de passer du coq à l' âne stylistiquement et surtout abandonnant les guitares un temps quand cela s' avère nécessaire. Peut être qu' un jour Thom Yorke le reconnaîtra. Specialized dépoussière alors le psychédélisme et les Rolling Stones bien mieux que Primal Scream autrefois. The Verve et Super Furry Animals faisant un peu la chose de leur côté avec une Britpop réellement originale. Les Beta Band quant à eux offrant la version inédite acoustique de l' électronica alors florissante. Une Electronica sortant du Dancefloor à nouveau comme sous Madchester tel Squarepusher et sa Drill'n'Bass ou µ-Ziq pour également taper le squat dans les charts et chambre d' Indie Popeux avec The Prodigy, Death In Vegas et surtout les Chemical Brothers offrant à la Britpop un dernier regain de forme. Portishead et Alpha portent alors une nouvelle pierre à l' édifice Trip Hop comme Roni Size à la Drum And Bass. A la fin de l' année 97 Primal Scream brille à nouveau de mille feu jusqu' à offrir un album remix Dub et confirmer si on en doutait encore du poids de ce courant sur la jeunesse Punk et Post Punk fin 70's à laquelle appartenait Guillespie. Les fans quant à eux craignent encore une fois le retour de flamme Post Screamadelica. Il n' aura pas lieu. Bien au contraire "XTRMNTR, le deuxième chef d' oeuvre révolutionnaire L' an 2000 apocalyptique de Primal Scream et Creation Records. Souvent quand la discussion aborde Primal Scream il m' est arrivé de détonner au moment de citer leur meilleur album. Jusqu' à 2000 le consensus, et même encore, nommait "Screamadelica". Passé 2000 j' ai toujours rencontré des regards dubitatifs si ce n' est pas écarquillés quand le titre "XTRMNTR" (à prononcer "Exterminator") sortait de ma bouche. Surtout si mes interlocuteurs sont français. Les anglo-saxons quant à eux ne s' étonnant guère, question de bon goût et de curiosité. Faisons un peu le point sur ce qui avait été les dix années du groupe à l' aube du nouveau millénaire. Avec "Screamadelica" les rockeurs indies underground qu' étaient les Primal Scream allaient danser à l' Haçienda sous acide et décrocher la lune commerciale. "Give Out But Give Up" les voyait en plein bad trip rétro dans un garage glauque et enfin "Vanishing Point" leur offrait un road movie rafraîchissant au grand air post-Britpop. "XTRMNTR" ce sera Primal Scream en mode guérilla urbaine en guerre contre le Néolibéralisme et l' industrie Militaire. "XTRMNTR" est un disque d' une audace irréelle, d' une férocité absolue et d' une immense colère révolutionnaire. Une gigantesque œuvre radicale . Tout le monde en prend pour son grade. C' est le disque le plus intelligent et lucide intuitivement de toute leur carrière. Sorti juste avant le revival rock des Stokes et Libertines, il va agir tel un détergent purificateur moderniste et engagé pour affronter la décennie rétromane et apathique qui suivra. Cet album qui déboule après la guerre du Golf 91 annonce celle que très peu n'osent imaginer de 2003 . Charge encore plus virulente et pertinente que ne l' étais "Vanishing Point" contre les délires interventionnistes occidentaux aux conséquences désastreuses. Contre le délire militaro-industriel, le saccage néo-libéralisme de notre environnement et sociale pour enfin attaquer l' illusion démocratique sur laquelle tout le reste repose. "XTRMNTR" n' épargne pas non plus l' Indie music. En 2000 Guillespie nous balance à la gueule la triste vérité sur les 90's. Une réalité que nous nous évertuons alors à ne pas voir et à assumer. Thatcher et son dogme néo-libéral avaient gagné et nous nous sommes plongés progressivement dans une nostalgie falsificatrice et antalgique. Jeunes gens des années 2020, cherchez pas le début de léthargie générale de votre époque. Guillespie et son groupe qui avaient débuté les 90's aux premières loges de l' hédonisme et euphorie Acid House, vont comme personne nous réveiller et dévoiler l' immense gueule de bois avec laquelle on sort de cette décennie. Disque le plus politique, le plus violent il est tout naturellement le le plus explosif et le plus "Maximaliste" niveau sonore. Comme à l' accoutumé Guillespie recrute et ce coup-ci encore il va allez rechercher ce qu' il se fait de mieux. Une façon de rattraper un loupé de leur carrière. La révolution Acid House, ils n' étaient pas passé à côté. Par contre le bruitiste Shoegaze avec ses caractéristiques abrasives carrément, laissant à Mc Gee le soin de signer My Bloody Valentine, Ride et compagnie. Alors quand on s' appelle Monsieur Guillespie et qu' avant d' être une légende Indie établie depuis "Screamadelica" on reste un fan, on incorpore d' autres légendes laissées sur les faussés de l' histoire. Après Mani suite à la séparation des Stone Roses c' est Kevin Shields de My Bloody Valentine qui va incorporer la Dream Team. Et Primal Scream à nouveau de passer dans une autre dimension. Kevin Shields En retraite interminable depuis "Loveless" Kevin Shields jaillit dans la galaxie Primal Scream via un mix sur le single "If They move, kill Them" sous le pseudo de My Bloody Valentine Arkestra. Partant du titre originel Shields délivre une relecture qui pulvérise les frontières de l' expérimentation comme rarement dans la carrière de Primal Scream. Même si il ne va contribuer qu' à un titre et en mixer trois, Shields tel un spectre va considérablement peser sur l' enregistrement de "XTRMNTR". Guillespie et Innes sont les deux grands protagonistes de l' enregistrement. Aidés en cela par une pelleté de collaborateurs pour la production dont David Holmes , Adrian Sherwood, Dan The Automator, Brendan Lynch ou les The Chemical Brothers. Toujours par volonté de former la Dream Team Bernard Summer de New Order effectuera une apparition aux côtés de Shields pour l' un des plus grands titres de Primal Scream. Rejetant encore plus les manières plus classiques d' autrefois les deux anciens gamins de Glasgow optent pour l' art du collage à la Burroughs. Que ce soit pour les paroles comme pour l' instrumental. Samples, boucle rythmique, superposition et slogans révolutionnaires déchiquetés recrachés façon Punk à votre gueule. Déclarant dans cette logique la guerre aux voyelles comme l' illustre le titre les Primal Scream dressent en agissant ainsi une attaque et une critique frontale contre le langage, principal élément de contrôle des masses. L' entame "Kill All Hippies" agrippe les fringues des niais nostalgiques du courant Hippie et réédite l' acte Punk. En bon fils de prolo Gillespie rappelle que justement le prolétariat british n' avaient que peu goûté aux délires contestataires utopistes, bucoliques et hypocrites de la jeunesse bourgeoise de 68. Le punk à la suite de certaines sous-cultures tel les premiers Skinheads vomissait sur tout ça. Guillespie avec "XTRMNTR" casse le récit historique un peu trop linéaire et simpliste écrit par une certaine classe sociale. A l'instar d' une légendaire photo prise à Londres dès 1968. Primal Scream semble être en recherche de sensations physiques angoissantes et martiales digne de l' EBM de groupes comme DAF. Mani tout en gardant une certaine fluidité rend sa basse maladive et perverse quand l' environnement sonore agresse de toute part et crée de la paranoïa. "Kill All Hippies" n' était que le hors d' œuvre du festin bruitiste révolutionnaire et innovateur qu 'est ce disque. L' un des très rares titres encore porteur en lui de la sensibilité funk. Le triptyque qui suit est un tunnel absorbant l' auditeur agissant tel une blitzkrieg sonore. L' effet Shields à son apogée. Quiconque s' aventure dans ce triptyque formé par "Accelerator", "Exterminator" et "Swastika Eyes" n' en revient pas indemne. "Accelerator" est une jubilation rarissime d' agressions et de transgressions sonores par le traitement des guitares par Shields. Guillespie éructe comme jamais perdu dans le tunnel Noise reformé du "You Made Me Realize" de My Bloody Valentine . Le son vient de partout, les rythmiques tel des zombies, sont putrides et proviennent d' outre tombe. "Exterminator" est une mutation robotique et industrielle de funk dystopique. Primal Scream est l' un des grands annonciateurs de la mouvance dystopique des 10's de la Deconstructed Club et d' autres. Et "Swastika Eyes" est ... un monstre. Un monstre d' électro, de trash politique. Si Primal Scream a bien compris une chose c' est que la plus belle arme en matière de contestation musicale ce n' est pas le riff, mais le rythme. Dans "Swastika Eyes" la boite à rythme et la basse de Mani agissent tel les tapis de bombes de la seconde guerre mondiale. Les samples et les boucles soniques interviennent ensuite comme les gaz chimiques. Que ce soit dans la version, la plus aboutie, du mix de Jagz Krooner ou celle plus stéréotypée et accueillante des Chemical Brothers, ce titre explose les dancefloors de l' utopie hédoniste qui avaient engendré "Screamadelica". Le curseur des influences stylistique est bien loin de celles plus mélodiques de "Screamadelica". Guillespie le pousse encore encore plus loin pour le détonnant rap "Pills". Judicieux de part leur partie prix de s' attaquer au language. Délaissant le matraquage sonore les Primal Scream semblent à partir de cet instant du disque effectuer un travail plus pointilleux, expérimentale et délicat sur les textures. Accalmie après le déluge précédent. "Blood Money" se rappelle de leurs anciennes tentations jazzy et passions cinématographiques quand "Insect Royalty", le titre le plus faible, semble chercher sans succès un territoire inexploré. "Keep Your Dreams" c' est Mani qui, seul, prend les choses en mains et, guidant l' auditeur dans un rêve hallucinatoire, réussit l' exploit d' offrir 9 ans après le digne alter égo plus moderne à "Higher The Sun" et "Inner Flight". L' accalmie fut courte. Le remix de "If They move, kill Them" par Shields sort le monstre "XTRMNTR" de ses rêves étranges et son début de torpeur. La version de "Swastika Eyes" des Chemical Brothers semble être une tentative un brin ennuyeuse de rééditer le diptyque "Higher Than The Sun" de Screamadelica. Auraient-ils du inverser les deux versions quitte à aseptiser la trilogie du début d' album? Peut être mais au final l' auditeur ne sortira pas de l' album avec le sentiment de redite. Un autre titre, énorme, considéré par pas mal de fans dont votre serviteur comme peut être leur meilleur, va clore de la plus belles des manières "XTRMNTR". "Shoot Speed/Kill Light" manque de superlatif. Il y a tout en à peine 5 minutes et dix huit secondes. Un rythme Krautrock ensorcelant joué avec un Mani au sommet encore une fois en citant Neu! , Peter Hook de Joy Division et le Velvet Underground. L' autre New Order, Bernard Summer, y apporte sa guitare histoire d' enfoncer le clou. Guillespie y est comme jamais sexy ET punk à la fois. Kevin Shields à la production invente un version rock du Drone qu' il maîtrise à merveille. "Du haut de ces 5 minutes 18 de sons, c' est trente ans de rock qui vous contemple" serait la parodie de citation la plus juste pour décrire ce monument de la carrière de Primal Scream. Vous l' aurez peut être compris mais votre serviteur est incapable de réellement opérer une hiérarchie entre "Screamadelica" et "XTRMNTR"au point de profiter de l' anniversaire du premier pour évoquer sa passion pour le second. On ne peut pas faire l' impasse sur le Yang alors que l' on célèbre le Ying. Ces deux disques sont bel et bien le Ying et le Yang selon Primal Scream. La mort de Creation Records "XTRMNTR" sort le 31 Janvier 2000 mais verra sa carrière dans les charts plombée par le manque de moyens pour sa campagne publicitaire auprès du public et des critiques internationaux . L' effort étant concentré sur le Royaume Uni ceci expliquant en partie la sous estimation dont il sera victime jusqu' à nos jours par ici. Creation venait en effet d' annoncer fin 99 qu' il allait définitivement mettre la clés sous la porte. Problèmes financiers malgré la manne Oasis mais surtout épuisement physique et psychique pour Mc Gee après des années de toxicomanie et de fiestas. Sans parler ses élucubrations et expérimentations politiques avec la désillusion Blair. Artistiquement aussi ça sentait le roussi parmi l' écurie du rouquin. Creation n' effectua quasiment plus de nouvelles signatures supposées apporter un vent frais. The Boo Radleys étaient à l' agonie, les Super Furry Animals n' auront pas sorti à temps leur classique vendeur "Rising around the world", Saint Etienne alternera le bon et l' ennuyeux et les Jesus & Mary Chain effectuant un retour censé être tonitruant mais surtout synonyme de bout de course. Les Teenage Fan Club seront peut être les artistes les plus porteurs de stabilité dans l' histoire du label pour l' homogénéités qualitative de leurs disques. Triste mais attendue fin du label phare des 90's. Mc Gee réapparaîtra sporadiquement sur les radars mais pour de l' anecdotique. Création puis mort du label Poptones ou encore pour un rôle de gourou/légende vivante rédempteur et conseiller auprès des Libertines, The Klliers, Glasvegas ou encore les affreux Kaiser Chiefs. Le reste de son temps sera consacré à soigner son addiction et faire fructifier son héritage et sa légende avec à la clé des livres et des documentaires ("Upside Down: The Story Of Creation Records" ) relatant son histoire et celle de Creation. Le plus grand groupe de scène et "Evil Heat" Creation dans les limbes, Guillespie et compagnie entame une tournée mondiale histoire de supporter un disque prodigieux en mal d' éclairage médiatique. C' est à ce moment-là que beaucoup estimèrent à juste titre qu' il ne s' agissait rien de moins que de la meilleur formation live. Primal Scream avec sa Dream Team est au sommet de son art scénique et peut se permettre de faire l' impasse sur la plus part de ses titres phares d' autrefois quand il ne les transforme pas selon les manière Shields. L' apport sonore d' un Kevin Shields en mal de live avec My Bloody Valentine mis en parenthèse , la présence stimulante et charismatique de Mani et enfin la fin d'un turn over systématique depuis 98 au poste de batteur avec le métronome et puissant Darrin Mooney y sont pour beaucoup. De cette époque subsiste dans la mémoire de votre serviteur le souvenir indéfectible d' une prestation à Bénicassim et sur le net la vidéo du concert légendaire à l' Astoria de Londres en 2000. Courant 2000 Primal Scream entame l' enregistrement de l' album suivant. Kevin Shields et Jagz Kooner à la production sont rejoints par le duo Two Lone Swordsmen et ainsi l' un de ses membres effectue son grand retour, Andrew Weatherall. Comme toujours des noms connus collaborent aux titres, Jim Reid des Jesus & Mary Chain et Robert Plant. Mais celle qui attire les regards adeptes des pages people c' est Kate Moss pour un duo sur la reprise du légendaire "Some Velvet Morning" de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood. Beaucoup considèrent "Evil Heat" comme le dernier chapitre d' une trilogie entamée avec "Vanishing Point". Il est vrai qu 'il semble fusionner les deux précédents. Peut être du fait que Weatherall soit réapparu, des titres comme "Deep Hit of Morning Sun" et "Space Blues #2" reconvoquent un peu "Screamadelica" malgré la patte Shields qui ne peut pas tout sauver. "City" et "Skull X" se chargent de faire revenir le groupe à ses penchant rock un peu fortement rétrogaga. Comme toujours quand Primal Scream pense Rolling Stones et Stooges il ne le conjuque pas à l'imparfait. Et "Evil Heat" de devenir un album synthèse des 20 années de carrière précédente. Entre modernisme et passéisme. Très vite et naturellement sa réception va être accompagnée d' un sentiment de déception. A vrai dire, comme ce fut le cas pour "Give Out but Don't Give Up", il ne fait pas bon être le successeur de chefs d' œuvres tel "Screamadelica" et "XTRMNTR". Mal accueilli à sa sortie, à juste raison par instant, "Evil Heat" a plutot bien passer les années et se révèle ne pas être le disque loupé que certains ont pensé à l' époque. Un disque frustrant tout au plus. Effectivement il semble que Primal Scream effectue un retour en arrière en ayant désiré mettre la pédale douce en matière d' agression sonore la réservant pour les live. Toujours pertinents il semble cependant que Guillespie et les autres commencent à marquer le pas et ne savent plus vraiment quelle direction prendre. D' où un une sensation de fouillis. Ils se voulaient modernistes depuis deux disques mais les tentations rétros reviennent sournoisement bel et bien à la suite du revival Rock apparu en 2001. Un concert en guise de chant du cygne. La colère et l' envie de révolutionner sont toujours là mais le poids des ans commence à peser. Ce qui illustre cela le mieux est peut être un autre concert devenu légendaire. La prestation donnée à Glastonbury en 2005. Plus punk que jamais, et probablement défoncés aux amphétamines pour les uns et d' autres potions pour les autres, avec quelques hectolitre de vin par dessus, pas bon mélange, les Primal Scream fatigués physiquement mais combatifs, balancent un gigantesque cocktail Molotov de provocation et de règlement de compte en tout genre sur la scène principale. Entre le sublime et le pathétique. La tension est perceptible dès l' entrée sur scène au son de "Come Together" . Mani semble en mode festivalier avec l' envie de s' éclater mais lui et Guillespie vont très vite rééditer l' acte punk anti hippies de "Kill All Hippies". Quoi de plus normal qu' à l' occasion de ce festival emblématique du courant honni devenu symbole de la dérive festivalière mercantile et son hédonisme hypocrite bon marché. Toute les contradictions d' une carrière seront présentes ce soir-là. La colère politique et sociale bousculant l' envie hédoniste de danser à l' image d'un "Accelerator" chassant la diffusion dorénavant nostalgique "Come Together". Guillespie adopte immédiatement une attitude antagoniste typiquement punk et annonce vouloir "vous donner de mauvaises vibrations" à un publique festivalier ne ressemblant plus en rien à celui des 80's et 90's. Plus tard ce sera " Nous sommes un groupe de punk rock et vous êtes une bande de putains de hippies " pour s' en prendre ensuite aux fans de Kylie par un gracieux "Fuck You" et traiter de panurgisme complaisant l' ensemble de la foule. Et toujours dans la plus grand tradition punk quand il singe un salut nazi sur un "Swastika Eyes" d' anthologie on se demande si les plus cons sont lui pour ce geste stupide ou les neuneus à la vue basse n' écoutant pas les paroles du titre et en feront une polémique franchement hypocrite. Le concert, toujours à l 'image de leur carrière, va alterner les grands sommets sonores souvent modernistes et les plus ennuyeux marqué par leur penchants rétro rock. La Dream Team Baggy-Shoegaze est au grand complet. Capable du pire comme du fabuleux parce que toujours authentiques ce concert est le résumé parfais de ce qu' est Primal Scream. Débuté devant un publique parsemée il va se conclure de manière chaotique et sublime devant une foule immense en état second. Le groupe, surtout Mani et Guillespie, dépasse volontairement la durée prévue après avoir écraser toute la concurrence par un triptyque "Kowalski", "Swastika Eyes" et "Move On Up". Guillespie va se faire chasser de scène mais juste avant, alors que Mani aguiche les nostalgiques vieux et jeunes avec quelques mesure du "I am The The Resurrection" des Stone Roses, il balance : "Voulez-vous entendre les Stone Roses ?" À la réponse enthousiaste de la foule, il répond: "Eh bien, vous auriez dû être ici il y a 15 ans, putain de salauds paresseux." En quelques mots il prédit ces tristes années 00's revival qui verra l' Indie innovatrice agoniser. Des mots anti nostalgique et revival aux conséquences gigantesques sur un (presque) vieux cons corrézien quand il tombera sur cette vidéo quelques mois plus tard. Jusqu' à décider de créer un blog plus tard. POST SCRIPTUM 2005 à nos jours Le successeur d' "Evil Heat" tardera à venir et prend l' apparence d' une douche froide. "Riot City Blues" c' est le pire de Primal Scream. Passéiste, sans imagination et caricatural. Même "Primal Scream" et "Give Out But Don't Give Up" sont meilleur que ce naufrage total. Guillespie et Innes optent pour leurs sales manies réac et leur carrière va bientôt s' apparenter à une pré retraite dorée. Le seul membre original du groupe avec Guillespie ,Robert "Throb" Young, quitte en 2006 le groupe suite à ses problèmes de toxicomanies. Les années de défonces et de tournées incessantes commencent à se faire payer pour tous mais si Innes et Guillespie deviendront progressivement sobre mais Young ne s' en sortira jamais et sera découvert mort à son domicile en 2014. Kevin Shields déjà sur le départ logiquement après ce retour au rétro Bluesy Rock reformera My Bloody Valentine en 2008. Fidèles à leur mouvement pendulaire entre Passé-Présent les Primal Scream redeviennent un brin moderne avec "Beautifull Future". Malheureusement le songwritting est flemmard et la démarche de faire du bon vieux Rock neuf ne repose que sur la technologie de studio. Le curseur stylistique semble lui aussi en panne et révèle un groupe incapable d' aller vers des courants plus contemporains comme autrefois. Rendez-vous manqué avec le Dubstep qui à l' instar d' un Burial avait de quoi dialoguer sur la Nostalgie avec Guillespie. Un autre membre devenu important quitte le navire peu de temps avant "More Light" (2013) . Mani revient à la maison mère qui se reforme, The Stone Roses. L' univers artistique de Primal Scream s' en ressent fatalement et "More Light" voit le groupe opter pour un Néo-psychédélisme souvent acoustique étonnant. Retour aussi d' un certain discours politique mais sans aucunes mesures avec la radicalité de "XTRMNTR". Maggy Thatcher vient de mourir mais à quoi bon se réjouir pusiqu' elle a gagné et fait plein de petit (Macron). "More Light" reste un album intéressant et certainement leur meilleur depuis 2002. Suivra le très synthpop "Chaosmosis", ni raté ni réussit, ni à faire les mauvaises langues diront. Comme son vieil ami Mc Gee, Guillespie passera beaucoup de temps à surfer sur et entretenir la légende Primal Scream. En 2009-2010 le groupe joue "Screamadelica" au cours d'une tournée nostalgico-gaga avec le seul réel intérêt de voir Mani poser sa griffes sur ce disque qu' il n' avait pas enregistré. Et le résultat est bien sûr fantastique. Entre bio et documentaire, rééditions anniversaires à gogo, ressorties d' enregistrements pas toujours utiles, coups de gueule politique et peopolisation, Guillespie demeure omniprésent. Et le statut culte de Primal Scream et ses deux chefs d' œuvres, de grandir assez judicieusement. "Honnêtement, j'ai senti que nous rachetions le rock'n'roll. Mais mon avis était que le rock'n'roll devrait être une expérience festive, euphorique et extatique. Haute énergie.Je trouvais que le rock était devenu trop intérieur et c'était peut-être un peu trop sérieux. J'ai senti que ce que nous faisions à ce moment-là était ce que le rock'n'roll devrait être, sauf que c'était moderne, c'était futuriste." Bobby Guillespie au sujet de "Screamadelica" TOP ALBUMS PRIMAL SCREAM Ex Aequo, SCREAMADELICA & XTRMNTR (1991) & (2000) 2. VANISHING POINT (1997) 3. EVIL HEAT (2002) 4. LIVE IN JAPAN (2003) 5. MORE LIGHT (2013) 6. ECHO DEK (1997) 7. PRIMAL SCREAM (1989) 8. SONIC FLOWER GROOVE (1987) 9. BEAUTIFUL FUTURE (2008) 10. CHAOSMOSIS (2016) 11. GIVE OUT BUT DON'T GIVE UP (1994) 12. RIOT CITY BLUES (2006)
- THESE NEW PURITANS, héros revenus nous bercer par un trésor.
Que dire au sujet des These New Puritans qui n' a pas encore écrit dans ce blog? Peut être se répéter tout simplement (voir ici et surtout par là )? These New Puritans est l' une des plus grandes formations britannique de ces 20 dernières années. La plus grande sur la longueur?Assurément. Les deux jumeaux viennent de sortir leur 5 ème album en près de 17 années. Et une nouvelle fois c' est somptueux, impétueux et prodigieux. Pour ceux qui ne connaissent pas These New Puritans sachez qu' ils sont des idoles par ici. Par ici mais aussi chez la Reine Bjïork, Sir Elton John (lol), Charlie XCX ou Massive Attack. Pour ne citer que quelques uns. 17 années donc de sorties discographiques pour seulement 5 albums. C 'est peu mais totalement à contrario de la richesse artistique dont ont fait preuve les deux Barnett, Jack et George. Non seulement tous les disques des TNP sont à écouter mais également observer leur parcours, leur indépendance d' esprit et leur volonté à toute épreuve faisant d' eux depuis leurs début un phare dans la scène britannique. TNP c' est un éternel dédain pour les modes et le conformisme avec un sens de l' anticipation ahurissant provenant d' une vision globale dont peu de formations contemporaines de leurs débuts étaient munies. Chaque album des TNP s' apparentait à une rupture face aux précédents et si "Crooked Wing" marque un changement par rapport à son prédécesseur "Inside The Rose" les vieux habitués vont avoir l' impression trompeuse d' un retour en arrière vers l' époque du grand "Field Of Reeds". On parlera plutot de recentrage mais encore plus assurément de perfectionnement. Les tentatives très Footwork concernant la rythmique sont abandonnées et les senteurs Sophisti Pop remisées dans les archives dont il faudra un de ces jours que le groupe nous les offre tant les trésors et les pistes ,trop vite abandonnées mais passionnantes, doivent pulluler. Qui dit retour à "Field Of Reeds" dit jubilatoire réapparition des textures puisées chez Talk Talk. On retrouve aussi les classiques tel un vibraphone typiquement Reichien (Steve Reich), le travail de réverbération évoquant David Sylvian. Jamais ils ont sonné plus Jazzy. Jamais ils ont autant évoquer certains aspect Prog Rock. L' outillage de précision habituel se retrouve aussi au grand complet alors que les synthés avaient taper un peu trop l' incruste sur le précédent. Orgue médiévaux magnétiques, piano déchirant mais consistant, des chœurs d' ange et enfin cet art unique du rythme batterie déconstruit qui pourrait les faire passer comme des précurseurs de la Deconstructed Club. A l' image de cette dernière avec le conformisme Dancefloors les TNP ont toujours mis au centre de leur art cette façon de proposer des titres ne respectant jamais les structures classique Pop, Rock ou autre. D' aller à l' encontre des idées reçues. L' alternance au cours d' un même titre est l' une des caractéristiques de ce groupe et ainsi les batteries décousues et lourde peuvent en un instant devenir scintillantes et accordées. A la production ce disque marque aussi le grand retour d' un héros méconnu, Graham Stutton, le leader de l' une des formations essentiels du Post Rock, Bark Psychosis. Avec lui les TNP ne pouvait pas louper leur retour au Post Rock plus assumé. A ce propos alors que la Windmill Scene ( un exemple ici ) ne cesse de puiser la grandiloquence de ce courant il serait de bon ton que les jeunots observe l' art de la délicatesse et de la sobriété dont font preuve TNP. Par son talent et l' entente dont fait preuve Stutton avec les deux frères les textures entre ses mains peuvent être à la fois crades et aériennes. Paraître usée puis resplendir à nouveau. Avec TNP nous nous sommes toujours retrouvé face à une dichotomie ensorcelante et réussie. Rappelez-vous les sons de sabre au milieu des cordes planante d' "Hidden". Les bruits de verres cassé succédant à un piano étouffé. J' ai récemment appris que leur studio était situé entre des usines de traitement de déchets industriels et une forte concentration d' églises médiévales. Il n' y a jamais de hasard. "Crooked Wing" s' empare donc de souvenirs avec mélancolie et les enveloppe à la fois d' élégance aérienne et de brisures métalliques. Les textes sont dictée par des voix oscillant entre les extrêmes de la tonalité, le chant pure alternant avec des murmures sinistres. La voix de Jack qui depuis "Inside The Rose" avait pris (enfin) une place plus importante semble atteindre un aboutissement certain. Sur " I'm Already Here" et sur "Bells" il atteint des sommets jusqu' à tutoyer Mark Hollis et d' autres illustres tel Robert Wyatt. Il charme, dorlote, console, panse. L' autre pépite "Industrial Love Song" le voit faire un contrepoint d' exception à la présence de Caroline Polachnek qui après son passage chez Caroline trouve un deuxième titres sublime en cette année alors que ses disques personnels ne m' ont toujours pas convaincu définitivement. Entre temps les fidèles de la religion TNP retrouveront leur art maîtrisé des arrangements luxurieux, des percussions répétitives minimales ou guerrières de "We Want War" et "Attack Music" sur "A Season in Hell" et "Wield Field". L' époustouflant "Goodnight" offre ce qui pourrait être la version TNP des voix déformée infantiles suraigües de l' Hyperpop, une version provenant des profondeurs industrielles. "Waiting" avec sa voix féérique féminine qui avait donné le ton dès l' entame du disque clôture de la même façon, nous touchons des doigts un paradis musicale. Si le précédent était considéré comme leur plus direct celui-ci l' est encore plus et réussi l' exploit de persister dans l' originalité et l' expérimentation. Ils ont repris leurs travaux de l' époque "Field Of Rose" afin de les étirer et les ralentir pour retrouver les sommets. Disque d' une beauté inespérée "Crooked Wing" est à ranger d' office aux côtés des monuments "Laughing Stock" et "Rock Bottom".
- MARUJA, musique cataclysmique pour époque cataclysmique.
La rumeur bruissait. Une formation issue de Manchester osait oublier le passé de cette ville pour se confronter à des histoires venues d' ailleurs. Des histoires tout autant illustres et belles. Plus combatives et dans un sens (question de respect envers ma religion personnelle) moins portées sur la déprime ou l' hédonisme. A partir de 2023 les eps se succédèrent et confirmèrent. Et enfin en cette rentrée 2025 l' album. Un choc. Et ce titre immense appelé à nous suivre toute notre vie. "Look Down On Us" Bref...Manchester a encore enfanté un groupe gigantesque. Au moment d' écrire cette chronique me revient un vieux souvenirs. Une virée en boite de nuit sur Limoges vers 1994-95. Un jeudi soir. L' endroit se nommait alors "Les deux mondes" et avait une spécificité rare à l' époque, deux pistes. Si la première déversait son lot de tubes mainstream au kilomètre la deuxième était portée sur le rock. Et même parfois on pouvait (à la demande) se régaler d' un Happy Mondays ou d' un Primal Scream, plus tard d' un Blur ou d' un Oasis alors que cela n' était pas ailleurs encore monnaie courante . Ce soir-là le Dj passa l' un des hymnes de la piste, "Killing In The Name" de Rage Against The Machine. En ces temps-là on pouvait pratiquer le Stage Diving en boite. Accoudé au bar (pour des raisons évidentes de faible constitution) je dégustais ce spectacle collectif véritable instant de communion un tantinet virile. Mais que c' était beau. Il flottait de la colère, une volonté d' en découdre dans la jeunesse d' alors. Peut plus perceptible qu' aujourd' hui. Quand ce qui devait arriver arriva. Un type s' élança et percuta l' un des projecteurs. Terminé les stage daving du jeudi soir. Comme une métaphore de ce qui advint à ma génération. Nous avions comme modèle à suivre Mai 68, le Punk, les Rave et nous nous sommes pris le Néolibéralisme dans la tronche. L' apathie devint la norme pour beaucoup. Maruja par le chant rapé d' Harry Wilkinson évoque celui de Zack De La Rocha. C' en est devenu une tarte à la crème de la critique à leur sujet. Maruja serait le simple croisement improbable de Rage Against The Machine et Godspeed You ! Black Emperor. C' est vrai. Mais cela s' avère bien plus complexe qu' un simple croisement caricatural Rap Métal et Post Rock. Ça tiendrait pas sur tout un album et trois eps. Laissons les visions étriquées de côté et allons au plus profond de cette musique. Dès les premiers ep c' est à Gang Of Four que je pensais. Maruja a délaissé donc très vite certains aspect de son héritage mancunien pour d' autres formations Brit bien plus politisées. Une rudesse, une rigueur, provenant du Post Punk, encadre les envolées Post Rock et les coups de poing Rap Métal. Les cuivres herculéens Free Jazz s' aventurent là où RATM et GYBE n' osaient pas, en terre No Wave. La production enveloppe régulièrement de textures qui ont plus à voir avec le Noise et son agressivité. Ce n' était pas évident. Maruja reste et demeure britannique malgré leurs accointances musicales avec l' Amérique par justement l' attention sur les textures. Le chant possède des intonations plus proches de John Lydon que de De La Rocha, qui évoquait déjà à son heure de gloire le chanteur de PIL et des Pistols. Et puis parfois, dans la gestion des silences et des accalmies, par l' omniprésence de ce saxo jazzy devenu caressant, c' est le spectre de Mark Hollis qui flotte au dessus des détonations sonores. Les accalmies toujours Post Rock reluquent le Talk Talk glorieux de fin de carrière mais délaisse RATM pour un Art Rock évitant le pastiche facile. Des affinités courageuses Doom flottent juste qu' à totalement prendre le dessus malicieusement. Le goût pour l' expérimentation, les cuivres et les structures complexes passant du coq à l' âne avec talent au cours d' un même morceau prouve la proximité de Maruja avec la Windmill Scene (Squid, Black Midi, Black Country, New Road). Bien plus complexe qu' il n' y paraissait. Maruja c 'est bestial mais aussi tendre et spirituel. C 'est surtout honnête parce que parfois naïf, brouillon, terriblement vrai sans jamais tomber dans la mièvrerie, l' artificialité et la démagogie facile. Ce disque cataclysmique a certes des défauts mais cela provient d'une trop grande volonté d' en découdre. Musique véritablement empathique avec ce que cela peut comporter de travers. Empathique et emphatique diront les chieurs. A l' image des mantras un brin facile clôturant les morceaux Maruja aurai put faire plus cours dans leurs diatribes mais l' emballement dont ils font preuve peut aussi nous servir à guérir du cynisme dont on nous a gavé pendant la succession de Revival avec des groupes souvent égocentrés, peureux et fermés sur l' extérieur. Maruja aborde le deuil des illusions et des rêves. Ils retournent les peines et les souffrances contre l' oppression et l' horrible capitalisme tardif éco génocidaire. Le génocide Palestiniens est le point axiale du disque. Comment pourrait-il en être autrement. Cette monstruosité a tout dévoilé. De notre époque, de nos dirigeants et de nous même. Maruja nous conte aussi des histoires d' overdose, d' assurance maladie totalement défaillante, de corruption des "élites", de manipulations médiatiques injectant l' apathie chez nombre d' entre nous (la majorité) depuis trop longtemps quand ce n' est pas de la bêtise absolue. Les critiques rencontrées depuis la parution du disque, parfois justifiées, me rappellent aussi une certaine vision au moment des gilets jaunes. Je reconnais que les habitudes de RATM sont un peu trop présente par rapport aux eps et ne rendent pas justice à ce qu' est capable le groupe en expérimentation Post Rock. Mais quand parfois on lit "platitude" au sujet des textes, qu' ils ressassent les même sujets ou que finalement ils disent peu ou des "banalités", on retrouve franchement le complexe de supériorité chez certains critiques issu d' une vision bourgeoise martelée par les médias mainstream. C' est la culture du cynisme mise en place depuis les 80's que l'on perçoit. Maruja est ce qui pouvait arriver de mieux à Manchester et à la musique Indie en général. Enfin de la nouveauté en provenance du "North" en rupture totale avec l' héritage. De ces cataclysmes susceptibles d' ébranler les autres et de les entraîner. Ces derniers temps mes chroniques sont beaucoup traversée de critiques sociales et politiques. En fait ce fut toujours le cas mais à présent c' est encore plus visible parce que justement ce sont les artistes qui ,à leur tour, revendiquent ouvertement tant la situation est catastrophique. Maruja va compter, compte déjà et comptera. Le temps des stage daving est revenu. Qu' ils soient interdit ou pas. Surtout quand ils le sont. Nous n' avons plus qu' à démonter ce qui nous emmerde dans nos envolées.
- En passant: These New Puritans, 7 ans de passion pour un séisme, "Field of Reeds"
Les These New Puritans vont nous offrir le 10 Juin prochain leur troisième album et attendez-vous à un disque pas comme les autres. Un disque essentiel et inclassable. Si en apparence il n'a que très peu de rapport avec le rock et la pop dans sa forme musicale il l' est bel et bien dans le fond parce que These New Puritans sont en filiation direct avec deux mouvements musicaux qui ont influencé le courant indie des 80's et 90's. Le post-punk et le post-rock. Très certainement également ce "Field of Reeds" va en désarçonner plus d' un et en premier lieu le milieu indie et ses fans. Ce disque est un coup de maître magistral parce qu'il est une réussite artistiquement mais aussi parce qu'il est le fruit d' une intégrité à toute épreuve et d'un amour irraisonné de l' expérimentation. Deux valeurs fondamentales de l'indie à ses origines mais trop souvent oubliées depuis longtemps. Donc TNP va encore surprendre et même en décevoir certains après le plébiscite unanime du précédent disque, "Hidden". Quand on suit de très près les TNP depuis leurs origines on ne sera pas étonné des différents accueils reçus selon leurs productions et les publiques. Ce groupe a d' abord connu le buzz et la hype accordés aux nouvelles têtes au moment du ep 'Now pluvial" pour ensuite ne rencontrer que le mépris avec leur premier album "Pyramid" et finalement redécouvrir à nouveau la hype et le succès critique avec "Hidden". On pourrait penser que leur carrière est en dent de scie mais en vérité leur progression a été régulière et les virages pris par le groupe à première vue surprenants découlent d'une logique imparable, toujours la même et résumé dans une seule phrase "Ne jamais se répéter". Et je rajouterai en ces temps de nostalgie omniprésente: "oublier le ROCK et la POP". Leur carrière jusqu'à "Field of Reeds" ressemble à l' épopée spatiale d'une fusée en trois parties. Des débuts fait d' essais infructueux, d' explosion en plein vol et de fausses pistes abandonnées rapidement. Ensuite un décollage tonitruant et explosif avec "Hidden" pour arriver en 2013 à la dernière phase, l' entrée dans l' état d' apesanteur et le calme spatial. Ma passion pour le groupe des frères Barnett remonte à très longtemps et depuis il n'a fait que croître et en 2013 plus que jamais. (A ce propos voici un exemple avec une première envie de blog vite avortée en 2007. Un seul article un rien naïf mais il était déjà question des These new Puritans et on sentait bien toute la ferveur et l'intérêt que suscitait ce groupe chez votre serviteur. C'est ici que ça se passe: http://correzianparadise.magicrpm.com/ A titre personnel je n'ai jamais considéré les TNP comme un groupe lambda tellement je me suis toujours senti très proche de cette formation au point de les défendre systématiquement et même parfois de faire preuve d'une mauvaise foi absolue. Depuis 2006 il me semble que leur disques successifs répondent toujours à mes questionnements, mes besoins, mes coups de gueules, mes désirs et mes réflexions en rapport avec l' actualité discographique et l'industrie musicale. Ils ont aussi les rares mérites souvent dissociés de nos jours de m' étonner et de me combler à la fois artistiquement et idéologiquement. Le développement de leur œuvre a donc accompagné celui de ma vision de la musique. Leurs choix, leur façon de faire et un certain état d' esprit du style "rien à foutre de ce que vous pouvez penser" ou "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué". En 2006 je n' ai pas saisi tout ce que dissimulait mon obsession pour eux. Ils accompagnèrent et répondirent mon ras le bol de la mode revivaliste et nostalgique , mon goût réaffirmé pour l' expérimentation au détriment d'une musique plus "commerciale" et ce sentiment de plus en plus persistant que la musique avait cessée d'être autre chose qu'un simple divertissement. Plus précisément ils palliaient la léthargie croissante de l' indie-music provenant de l' arrivage de groupes sans grande imagination et se référant au seul et unique passé de ce courant musical . La musique pouvait avoir un visée artistique ou politique et avait été pour moi et d' autres jusqu'alors un moyen de changer le monde. A partir de l' an 2000 cela ne l'était plus trop le cas dans l'esprit des gens et de bon nombres d'artistes. Vers 2005-2006 internet arriva enfin dans mon foyer et me donna la possibilité de découvrir encore plus de musiques du passé inaccessibles jusqu' alors. Je jetai alors mon dévolu sur le post-punk avec frénésie alors que ce courant réapparaissait via un énième revival et de toute nouvelle formation. De ce revival post-punk du milieu 00's parlons en justement. Un post-punk plutot dansant et pop mais pas franchement aventureux et expérimental comme il l' avait pu être du temps des Raincoats, Public Image Limited ,This Heat, Savage Republic, Public Image Ltd, Pop Group, Throbbing Gristle ou 24 Skidoo . Un post-punk tout juste bon à servir de musique de pub et à faire remuer les foules des festivals d' été. On reconnaissait bien l' habillage post-punk mais musicalement ça ne sonnait franchement pas révolutionnaires et le bon James Murphy pouvait faire tout ce qu'il pouvait, sa fantastique musique n'était qu'un assemblage malin de rétroviseurs. Le post-punk que l'on nous offrait avait sérieusement été amputé de la vision arty ou politique qui l' accompagnait aux origines. Musicalement c' était un post-punk un peu trop sous le joug du classicisme rock (Art brut, The Futurheads) et dominé par les fantômes de Joy Division et Gang of Four (The Rakes, Bloc Party). Plus des citations apprises par cœur que de la réflexion avec la prise de risque qui va avec . C'est à partir de cette époque là que l' éloignement du rock-indie de l' actualité politique ou sociétale se fit de plus en plus insoutenable à mes yeux. Le rock indie ne se nourrissait que de sa propre histoire et devint alors ce que l'on nomme communément un "vieux con" radotant dans son salon où trônaient les trophée d' autrefois. Petit à petit une vérité présumée et pas assumée en publique éclata dans mon esprit. Le post-punk des origines (1977-80) et toutes ses mouvances était allé plus loin que l' indie-music et surtout il répondait bien plus à mes aspirations que ce dernier. Dans son ensemble l' indie-music me paraissait à présent un tantinet replié sur elle-même, trop nostalgique de la pop-music et du rock des 60's et 70's. Si pas "réac" et étroite d' esprit quand j' observai certains comportement autour de moi. Depuis le milieu des 90's l' indie ne trouvait grâce à mes yeux que lorsqu'il oubliait cet héritage encombrant et devenait ce que l' on a appellé post-rock Une dernière chose et pas la moins intéressante à propos du post-punk originel. Bon nombre des formations découvertes ou redécouvertes tenait un discourt très politisé. Il y était souvent question de la critique société du spectacle évoqué par Guy Debord. Pour beaucoup d'entre elles la pop-music était devenue un moyen d' asservissement des masses et ainsi le format pop classique était souvent jugé trop commercial donc rebutant. Le rock était quant à lui était devenu un truc limite réac et égocentrique manquant cruellement de vision artistique et d' ouverture d' esprit. Les These New Puritans quand ils sont apparu transpiraient le post-punk originel par tous les pores de leur peau et c' est évidemment ça qui m' a attiré immédiatement. Pas de compromis pop et surtout pas d' oeillère stylistique. Ma rencontre avec These New Puritans, tout jeune groupe auteur d'un simple ep à l'époque s'est faite par l'intermédiaire d'une vidéo sur youtube qui me troubla profondément et m' hypnotisa des jours durant. En la visionnant on pouvait espérer de bien belles choses de leur part sans être un grand visionnaire et surtout elle apportait un grand bol d' air frais dans la chambrette indie . Un prise de son pourrie et en direct pour la première partie du clip, le groupe joue dans ce qui ressemble à un hangar redécoré. La deuxième partie a un son plus "agréable" et est illustrée par des séquences en super 8. L'efficace et superbe "En papier". On a la sensation d' entrer dans un local de répétition et d'assister à un acte majeur de l'histoire de la musique. Qu'il s'y passe quelque chose de pas banal. Qu'eux aussi ont senti que quelque chose s'était bloqué et que pour reprendre la marche avant il fallait repartir sur les bonnes bases pour pouvoir explorer des terres inconnus. Fantasme absolu pour les amateurs de musique. Quelles étaient ces "bonnes bases"? Les vidéos du Velvet Underground tournées dans la Factory argentée par Andy Warhol? On est en plein dans une vision arty du rock souvent méprisé à l' époque. Une porte s' ouvre sur un hangar désaffecté ou des Mancuniens jouent un truc sur lequel on dansera 30 ans après? Y a de ça également. Le groupe est seul, pas de jeune fille en fleur se trémoussant. Ça viendra pour le premier clip d'Elvis. Mais il y a un petit détail au début du clip qui m'avait interpellé et intrigué. Une séquence servant d'introduction, un autre super 8, cette fois-ci le souvenir d'un voyage sur un site archéologique d' Amérique du Sud. On sera après dans une ambiance rock/arty mais d'abord place à un côté mystico historique. Les These New Puritans laisseront tomber les cités d'or et les aztèques mais garderont un faible pour l'imagerie historique et religieuse. Leur dada ce sera le Médiéval , via des photo, le design des t-shirt, et même une sorte d'armure arborée par le chanteur. Les TNP se rapprochaient beaucoup de ce que l'on appelle l' art-rock, ce malaxage des idées provenant du monde des arts avec l' énergie du rock et de la pop musique. Ils étaient en opposition avec le petit coté réac-bas du front que les revivals successifs des 2000's avaient propagés et surtout ils regardaient autre chose que simplement la musique et son histoire. Ma passion pour le groupe ne cessa de prendre de l'ampleur au point d'en arriver à la terrible prise d'otage d'une vendeuse de la fnac avec multiples écoutes forcées (7 ou 8?) du ep "Now pluvial" au cours de l' épuisant retour en voiture annuel de la RDR édition 2007. Assez vite la hype les casa dans les rangs de la New Rave aux cotés des Klaxons et autre New Young Pony Club. Le single "Elvis" s'en rapprochait certes beaucoup et il se retrouva tout naturellement dans une compile mixée par les Simian Mobil Disco célébrant cette quasi invention journalistique ( ici ). Si "Elvis" passait très bien dans le mix il se distanciait assez clairement du mélange rave-pop d' "Atlantis to Interzone" ou du relifting dance du rock garage des Gossip par Soulwax. Le coté arty des TNP et la différence on la trouvait surtout dans leur clip expérimentaux mais aussi sur leurs autres titres moins connus. C était bien éloignée de l' alignement de tube aux sonorités post-punk pour les dancefloors. Les TNP se cherchaient et tapaient dans tous les sens et faisaient mouche assez régulièrement, ("C16", ""Chamber"). Ma curiosité de plus en plus intense pour eux fut satisfaite par une série de titres trouvés sur les plate-formes de téléchargement illégale. Parfois des titres instrumentaux nébuleux et expérimentaux ou bien des pop-song plus classiques provenant de l' héritage du rock indie des 80's et 90's. Les réécouter après le cataclysmique "Hidden" et avant le prochain est fortement recommandable parce que ce que l' on comprend dès 2006, c' est que nous avions affaire à une formation possédant dès sa création une tête au dessus des autres. Leur palette stylistique était très variée et on pouvait observer un groupe qui cherche tout azimut en n' hésitant pas à produire une musique "difficile" et complexe. Le couturier Hedi Sliman fatigué de suivre Pete Doherty dans ses pérégrinations rock'n'rollesque fit des deux frangins ses nouvelles icônes du renouveau rock et leur demanda même d'illustrer un de ses défilés avec le magnifique morceau aventureux "Navigate,navigate". Les These New Puritans accompagné de Sliman allaient-ils devenir un pseudo groupe arty roi de la pose, un groupe périssable pour bobo et hipster ? Un peu sur l'instant sauf qu'il ne s' agissait pas d'une simple coquille de noix vide (allez voir du coté de Woodkid) mais si leur image en terme d'indépendance et de sérieux en pâtit l' artistique et leur intégrité artistique issu du post-punk allait rattrapait tout ça. La sortie de leur premier album en laissa plus d'un perplexe. Devant l' absence d' autres singles imparables comme "Elvis" le succès fut plus que mitigé. La hype des débuts retomba et il était très difficile de trouver d' autres passionné pour cette formation. Pas vraiment New Rave le "Beat Pyramid", plutôt Post-punk partant dans tous les sens et s' attaquant à une multitude de style IDM, Glitch, post-rock, punk, shoegaze, noise. Sous haut patronage The Fall, Wire et proche de leurs contemporains géniaux, les Liars. Plus érudits que le reste du troupeau et surtout sans œillères quand on remarqua chez eux le poids (rare chez les autres) d' XTC. Donc surtout pas une succession de titre dansable ou tubesque coincé dans l' axe Joy Division-Gang of Four à la mode alors (The Rakes, The Futurheads , Franz Ferdinant ou Block Party). "Pyramid" pouvait ne pas être à considérer comme une réussite flagrante mais en y grattant bien tout le potentiel et la maîtrise des frères Barnett étaient visibles. On dit souvent que les groupes mette tout une vie dans le premier album et qu' ensuite le trie se fait au suivant. Le problème avec les TNP c' est qu' il y a avait beaucoup, beaucoup trop d' idées à exploiter, de territoire où s' aventurer et une ingérable soif d' expérimentation chez ces gamins d' à peine 20 ans. Bien sûr que ça partait dans tous les sens mais au moins ils n' était pas bloqué dans une seule direction. Il y a avait chez eux quelque chose de singulier qui les différenciait définitivement des autres, Une intelligence dans l' écriture et l' instrumentation exceptionnelle pour leur âge. Et une ambition gigantesque. Peut être trop pour certains tellement habitués, intoxiqués, à la médiocrité du troupeau. Quand "Elvis" et "MKK2" révélait leur maîtrise Pop toute britannique "En Papier" avec ses aspérités Glitch cassait la machine à Hype. Leur penchant expérimental se rapprochait de Einstürzen Neubauten et Throbbing Gristle pour le petit coté boucan industriel, Sonic Youth et une once de Shoegaze n' étaient non plus pas loin pour l'utilisation des guitares (pas encore abandonnées pour le coup mais déjà fortement menacées) . Mais quand beaucoup de groupes de l'époque se référaient à des courants musicaux d'une manière très cloisonnée et à des époques très concises sans vraiment faire preuve de personnalité les TNP évoluaient à travers des paysages sonores bien plus vastes et les époques. Barnett mentionnait des artistes plus récents et hétéroclites, RZA du Wu-Tan Clan, Aphex Twin et l' électronicat pour lâcher à la fin d'une phrase Steve Riley ou Steve Reich. Si le nom de groupe se référait à un titre The Fall comme chez tant d' autres il y avait cependant cette belle habitude qu'avait Jack Barnett de citer This Heat à tout va. Mot magique Post-punk pour DWTN. Cet album présentait des morceaux tout en cassures, alternant convulsions punk et moments d' accalmie ambient plutôt angoissants et le tout avec une production très agressive. On était réellement en plein "vrai" post-punk, à mille lieues du rock. En résumé, ils savaient ce que signifiait réellement le terme post-punk, en avaient déjà fait le tour et sans trop s' y attarder, se rapprochaient lentement mais surement du Post-rock des 90's. Oublié les tics du rock et son influence au profit de l'influence d' autres genres musicaux (jazz, classique, électro ou progressif). Tout ça au risque un beau jour de devoir abandonner les sacro-saintes guitares. Mais fallait-il en avoir les couilles? Ils les avaient. En Janvier 2010 le deuxième album "Hidden" tomba sur la tête de ceux qui avaient manqué de clairvoyance à l'époque de "Beat Pyramid". Et ces derniers, poissons rouges de leur manque de consistance et jugement, de crier de nouveau au génie. Quand on ne finit pas pratiquement à en perdre certains. Le groupe avait fortement évolué et progressé. La bombe "We Want War" était une déclaration de guerre au conformisme Indie avec sa combinaison éclatante de sonorités Dancehall rencontrant des cuivres avant gardistes et le tout au service d' un lyrisme apocalyptique courageuse. Cette fois-ci Barnett assumait en évoquant avec assurance "une rencontre entre le Dancehall et le précurseur Minimaliste Steve Reich " à propos de son utilisation d'un étonnant basson pendant l'enregistrement. Il faut également parler du travail minutieux effectué sur des percussions apocalyptiques et omniprésentes inspirées des tambours taïko japonais. Et comment ne pas oublier ce fameux son glaçant du sabre et le slogan "We Want War". L' emploi des bruitages perçu dans "Beat Pyramid" atteignait la maturité et les sommets. Leur travail rappelait celui accompli par Jamie Smith de The XX .On peut se demander avec le recule si il ne faut pas voir en These New Puritans un signe annonciateur de cette mouvance souvent dark et expérimental des 2010's qui marie insolemment goût du risque et pop, musique populaire et musique savante. Mount Kimbie, James Blake, Haxan Cloak coté britanique,Cold Cave,Holly Herndon et Laurel Halo coté Etats-Unis. Disque dystopique, flippant et guerrier mais dévoilant aussi une fragilité et une émotion profondes et sincères. L' expérimentation confus d' autrefois délivre un résultat d' une précision absolue et la méticulosité devient chez eux une revendication. Ils ne donnent pas la becquée (petite référence à David Lynch). Leur musique est encore moins facile tant cette musique attaque les sens de l' auditeurs trop simple consommateur. L' ambiance est terriblement inconfortable. Angoissante, surréaliste et inquiétante. Il peut perdre cet album avec son abondance de styles et de concepts quand on y est pas habitué mais une fois le pli, l' acceptation que l' auditeur a aussi un rôle actif à jouer, c' est une œuvre d' art gigantesque qui vous emporte très très loin. Et nous voilà arrivé en 2013. Les projecteurs sont braqués une nouvelle fois sur TNP et l' attente est bien plus considérable qu'elle ne l' avait été pour "Hidden". Quid de ce "Field of Reeds"? Il est ailleurs. Hors du temps et des modes parce que pas "lèche cul" pour deux sous et surtout ne manquant pas d' ambition artistique. Artistique l' ambition et non pas commercial comme les pauvres Foals devenu bourrins en oubliant ce qui les rendait adorable, leurs velléités arty post-punk. Les These New Puritans à l'instar de la troupe de Yannis Philippakis ont eux aussi tourné le dos au post-punk et son traitement des sons présent sur "Hidden" mais c' est pour se plonger encore plus dans la démarche Post-rock que l'on flairait depuis "Beat Pyramid". Les racines morales sont toujours dans le rock indie mais les horizons visés sont bien autres et les moyens utilisés rare dans le rock et la pop . Instrumentation défintivement plus du tout rock et provenant en grande partie de la musique classique et avant guardiste, l' utilisation d' un étonnant piano à résonance magnétique par exemple . Post-rock voulu et assumé en tant que tel avec l' embauche en coproducteur du génial Graham Sutton (Bark Psychosis) une deuxième fois . La démarche des TNP et certains passages du disque rappelleront le grand "Laughing Stock" de Talk Talk mais aussi la fin lumineuse de carrière du Japan de David Sylvian, la liberté en plus sage des géniaux félés Disco Inferno et un lien de parenté avec la dernière partie de la carrière de Scott Walker. Moins tapageur et touffu que "Hidden" ce troisième album est plus simple et calme mais toujours aussi riche en sonorités et en idées. Les titres s' étire pour la plus part sur plus de 5 minutes et prennent tout leur temps de s'imposer à nous. Les percussions si présente sur "Hidden" ont quasiment disparu et l' électronique se fait mais tapageuse. La place de la rythmique dans chaque morceau est réduite à une peau de chagrin et ainsi certains titres ont un petit coté ambiant ou dronesque. Si vous cherchez des chansons aux formats pop ou rock facile à caser dans une soirée passez votre chemin et ce n'est pas le single "Fragment two" qui vous sauvera . C'est un disque exigeant qui se rapproche plus de l' art que de la pop music. Dans le NME Jack Barnett y a été franco et a dit bien haut ce que certains pensaient tout bas au sujet de ses velléités pop affirmées avant les séances d' enregistrement: ""I've sort of abandoned that idea. I've realised I actually hate pop music. Most people don't like good music so there's no point trying to do something for them." Cérébral et avant-gardiste plus que jamais les TNP en 2013 quitte à ce que certains les traitent d' élitistes? Et bien oui et tant pis pour leurs détracteurs et on les emmerde. Je vous signale juste que ce sont les mêmes qui vous font passer des vessies pour des lanternes à longueur de temps (Suuns, Lana Del Rey, Woodkid). Les même qui vous proposent des trucs passe-partout (Breton) en prétextant un quelconque intérêt artistique d'innovation ou une originalité imaginaire alors qu'en définitive le seul intérêt de leur chouchous est juste commercial car il brosse le mainstream dans le sens du poil. Alt-j? Même Michel Drucker va adorer! Les These New Puritans n'ont pas changé leur fusil d' épaule et continuent de faire preuve d'une curiosité fabuleuse au point de récupérer une chanteuse portugaise de jazz et de fado (Elysa Rodriguez). Après les sabres en studio c' est au tour des verres explosés pour l' enregistrement. Dès le premier morceau "This guy's in love with you" on sait que l'on ne met pas les pieds en terre connue. Beaucoup de disques nous l'ont joué de la sorte, débuter par un titre très singulier. Peu ont continué jusqu'à leur fin, "Field of Reeds" si! "V(island song)" voit enfin l' apparition d'une petite rythmique pendant que Jack Barnett semble vouloir faire du drone avec sa voix. Le titre de 10 minutes nous emporte très haut et est l'un de leurs meilleurs depuis les débuts. "Organ Eternal", c'est de l' ambiant répétitive version orchestre de chambre (toujours l'influence Steve Reich). Sur "Dream" la voix d' Eliza Rodriguez m' évoque celle des Young Marble Giants et donne l' occasion de reprendre son souffle avant le merveilleux "Field of reeds" clôturant l' album du même nom. Ce n'est pas du rock, ce n' est pas de la pop, ni de l' électro ou encore une quelconque nouvelle musique urbaine apparu sur les dancefloors. C'est autre chose et cet autre chose est tout simplement merveilleux. Un fabuleux territoire vierge voisin de ceux dévoilés cette années par Haxan Cloak ou Dean Blunt. Ils sont rares les groupes et les personnages à pouvoir nous offrir cela. On savait que les These New Puritans en était capables, ils nous prouvent définitivement. TNP, tout simplement le plus grand groupe anglais apparu depuis...Radiohead !
- YVES TUMOR Fricote avec du beau linge
Sans nouvelles d' Yves Tumor depuis deux ans le fan que je suis commençait à ressentir le manque. Mais ça va mieux avec une double dose. Un single sorti en catimini cet été l' a vu collaborer avec Nina Cristante de Bar Italia. "We Dont Count" avec sa basse gaillarde évoque la Dance Punk sur un mode Indie pure jus. Petite tube underground. Pas du niveau des albums question expérimentation mais ça passe crème. Mais si la collab avec une Bar Italia prouve que le talent du bonhomme lui permet un bon carnet d' adresse que dire de sa collaboration avec Rosalia et la Reine Björk. "Berghain" n' est pas une chanson classique mais un véritable opéra à lui tout seul. Opéra Baroque. Tumor laisse ces dames débuter pour conclure le titre. On aime Rosalia ou on passe notre chemin mais à l' instar de la voix de la reine islandaise celle de Tumor beuglant à la fin ajoute un petit quelque chose familier dans cette débauche de cordes.
- THE ORCHESTRA (FOR NOW), quand la jeunesse de 2025 s' empare du Rock Progressif.
On a beaucoup parlé de la Windmill Scene par ici. Black Midi, Black Country, New Road, Squid etc etc. Et ce depuis un certain temps au point d' être amené à penser cette source de bonne musique en voie de tarissement. Mais ça c' était avant de tomber sur un titre au début 2025. Probablement l' une des tueries de 2025. Celle que je m' étais gardé pour moi tout seul. Mais à présent on va être gentil. Très gentil! Quand mes oreilles se sont portée sur "Skins" je n' y croyais pas. Tout au long de l' année ce titre ne perdit pas cette aura miraculeuse aux senteurs Baroque Pop et profondément influencée par le Post Rock et le Prog Rock. Des réflexes de vieux cons me saisirent. Voilà un machin à faire écouter à mes congénères quinqua (ou pas) atteints de paralysie musicale. Ceux restés scotchés sur The Divine Comedy en matière de Baroque Pop. Tomber sur ce titre des The Orchestra (For Now) c' est comme si une bande de jeunes branleurs turbulents avaient décidé de prendre Neil Hannon par le froque pour un concert de Black Midi ou Squid afin de l' extraire de son nid douillé où il était resté trop longtemps avec pour seule compagnie sa collecte de Scott Walker. Je parle de senteurs Baroque Pop parce que si nous nous retrouvons face à une instrumentation issue du classique les structures des titres ont quant à eux bien plus à voir avec l' insolent Post Rock et une vision Prog édulcorée des boursouflures 70's. Il est à noter qu' à l' instar de The Orchestra (For Now) une autre formation affiliée à la Windmill Scene a remis au goût du jour la Baroque Pop avec un certain succès en 2025, Black Country, New Road. Comme ces derniers on peut aussi désigner les jeunots du jour comme un groupe faisant de la Prog Pop. Prog Pop ou Prog Rock ceux qui connaissent l' histoire savent que si ces courants nous ont offert parfois du bon ils ont aussi été assez souvent synonyme d' orverdose d' emphase et de virtuosité branleuse. La fougue des The Orchestra (For Now) évite les travers du passé. Ils maîtrisent leurs instruments mais leur technique reste au service du titre, pas de leur égo. Ils ont certes fouillé le passé mais ne sont pas obstinés à une seul époque. Eux qui se revendiquent fan de Prog Rock se dévoilent comme successeurs d' un James Chance ou de Slint. Ce sont des boulimiques. Free Jazz, Post Rock, Post Punk, No Wave. Tout y passe et sur le mode maximaliste adopté par bon nombres de styles et de formations apparus ces derniers mois. Notre époque est de toute façon maximaliste. On dira aussi accélérationniste. Tout s' accélère. Tout s' amplifie. Tout s' emmêle. S' entrechoque ou se superpose. Nos affects sont sans cesse stimulés. La pression vient de toute part. Nos émotions deviennent des montagnes russes que l' on nous pousse à dévaler. L' effroi des descentes toujours plus endiablées, les instants d' euphorie lors des arrivées au sommet et le calme des montés se succèdent donc à un rythme effréné. Tout le long du chemin, une angoisse tenace qui accompagne notre quotidien depuis trop longtemps. Entre chaos et calme. La musique de The Orchestra (For Now) l' illustre parfaitement. Le piano de Joe Scarisbrick évoque les mélodies des temps glorieux Baroque Pop quand les autres débarquent et que le chaos explose. Leurs hurlements et leurs chœurs n' ont jamais l' arrogance niaise et le côté sectaire d' Arcade Fire. Toujours sur la ligne rouge sans franchir du côté du mauvais goût. Ils sont toujours sincères ces gamins. Une sensibilité à fleur de peau, fragile et raffinée qui alterne l' espoir et le désespoir, la rage et la tendresse. Qu' ils s' agitent ou qu'ils s' assagissent on est épaté par la réflexion et la recherche dont ils ont fait preuve. Entre improvisation et écriture de précision ils hésitent mais auraient tord de choisir. Encore de dignes exemples de cette génération Post Brexit nommée outre Manche "Crank Wave". Deux eps au compteurs et déjà deux pépites. "Plan 75" en Mars succédé il y a peu par "Plan 76". On craignait un essoufflement tant le premier était énorme mais le second confirme et si parfois l' effet de sidération s' estompe on réalise que le groupe porte déjà son regard sur le futur album Vivement 2026. Fin du monde ou pas, The Orchestra (For Now) en sera la parfaite bande son.
- THESE NEW PURITANS, greatest english rose (*)
(*): explication du titre ici 6 ans. Il aura fallu attendre 6 longues années pour découvrir la suite du gigantesque "Field Of Reeds" (Petit rappel essentiel par ici ). Le quatrième album en 15 ans des These New Puritans sort ces jours-ci et autant ne pas tergiverser. "Inside the rose" confirme l' évidence datant la décennie précédente, les These New Puritans sont le plus grand groupe britannique depuis. Il y a bien que seule la formation électronique des Demdike Stare pour pouvoir oser leur contester la place. A noter un univers commun par bien des aspects entre les deux formations comme d' autres également qui elles aussi sont au dessus du lot de l'indie britanique. La future réussite des Fat White Family confirmera comme les derniers Gazelles Twins, Vessel et autres chroniqués ici. Point commun, une très forte influence du Post-punk, de l' indus et d' un certain Néo-Folk des 80's. Je les ai souvent cité ces derniers temps mais une nouvelle fois un personnage de la plus haute importance est présent sur le dernier These New Puritans tout comme il va être question d'un des groupes les plus sous-estimés d' Angleterre. David Tibet (Current 93) et Coil. Un autre personnage devenu ,récemment et tristement un fantôme, planait sur la carrière des TNP et dorénavant encore plus sur "Inside the rose", Mark Hollis de Talk Talk. Le génie annonciateur du Post-Rock. Il n'y a jamais de hasard en matière de disque novateur et puissant. Certains fils historiques refont toujours surface et rendent justice aux artiste ou courant du passé réellement révolutionnaires mais mis de côté par les nostalgico-gaga. De la formation initiale il ne reste plus que les deux frangins Barnett, Jack et George. La musique est à l' image des survivants, ne reste plus que l' épine dorsale. Une épuration bienvenue après deux albums surchargés. La grandiloquence qui était devenue une marque de fabrique rédhibitoire pour les coincés du bulbe a elle aussi subit un amaigrissement certain. Ce quatrième album studio est le plus direct depuis "Beat Pyramid" et les déclarations plus ou moins provocatrice des Barnett sur d' étonnantes velléités pop se dévoilent plus clairement. Malgré ces changements les fans des deux précédents disque vont parfois se retrouver en terre connue. Si il ne reste plus rien du Taïko japonnais de "Hidden" ou du Fado portugais ayant imbibé "Field Of Reeds" les ambiances sombres tabassées par des rythmes martiaux demeurent la marque de fabrique typiquement "Puritans". Autres constantes la diversité et la richesse de l' outillage sonore utilisé mais cependant avec beaucoup plus de parcimonie. Les cordes toujours, le vibraphone, les drones et une électronique revenue en odeur de sainteté chez les Barnett. L' électronique est certes discrète mais elle a l' avantage de prouver une de plus que malgré une personnalité forte les Barnett ne cessent pas pour autant de zyeuter la concurrence. Et si ce n' est pas par ses outils c' est également par certaine de ses manières. Pour ceux qui n'y ont jamais pensé, écoutez un These New Puritans en ayant sous les yeux une photo ou un disque d' Aphex Twin. Effet garanti façon "Putain mais c' est bien sûr!". Les arpèges électro des synthés évoquent incontestablement le spectre de Daniel Lopatin et son Oneohtrix Point Never et par instant c' est le Dubstep de Burial et certains nouveaux rythmes chaotiques frisant les 180Bpm comme sur la chanson titre. Si les arrangements complexes issus de l' avant-garde (coucou Steve Reich) sont bien moins tape à l'œil également c' est qu' un ingrédient s' est vu bien plus mis en avant que par le passé. Des voix fortement humaine parce que dévoilant leurs imperfections prennent une toute nouvelle importance de même qu' un élément rarement utilisé chez beaucoup d' autres, le silence. Vous me voyez venir? L' occasion est malheureusement trop bonne. These New Puritans n' a eut de cesse depuis 15 ans de passer tour à tour du Post-Punk à son enfant caché, le Post-rock. Avec toujours pour intermédiaire l' indus ou le Néo-Folk. Le lien pas toujours évident entre un David Nibet et Mark Hollis apparaît au grand jour sur "Inside The Rose". On ne cesse de penser au chanteur de Talk Talk et il est fort probable que sans son décès récent il en aurait été de même tellement l' évidence est perceptible. Après "Hidden" et "Field Of Reeds" ce "Inside The Rose" donne la même sensation de claque venue d' ailleurs par ses silences et ses voix que celle que fut le monument "Laughing Stock". Mais si vous voulez citer d' autres influences post-rock autant balancer au sujet des deux frangins le plus grand disque réellement Post-Rock, le "Hex" des Bark Psychosis. Hollis avec son art de faire du neuf qu' avec du vieux avait été l' ange annonciateur qui s' était retiré une fois les apôtres multipliés comme les petits pains. "Inside the Rose" est certes le disque le plus direct de ses auteurs depuis des lustres, le plus pop donc et par une autre de ces certaines et obscures logiques dont l' histoire de la musique a le secret le plus... "Depeche Mode!!!" par instant. Mais pour autant les These New Puritans ont réussi après les sommets précédents a revenir tout en haut par leurs ambitions toujours présentes et un courage artistique loin de dépérir avec l' âge. Un autre de ces disques contemporains qui par ses incantations vocales semblent s' apparenter à un geste de survie comme s' accrocher aux branches mais qui en un instant peut finalement être celui plus porteur d' espoir et de liberté de sortir un arbre pris dans une inondation pour aller le replanter sur une terre vierge plus fertile.
- DJ HARAM, colère sur le Dancefloor et ailleurs
Zubeyda Muzeyyen aka Dj Haram est une habituée de ce blog depuis très longtemps. De ces noms croisés dans tous les bons coups mais qui n' ont jamais droit à leur quart d' heure de célébrité. Dans le cas de la native de Brooklyn c' était par faute d' un passage au long format en solo. L' injustice est enfin réparée avec le coup de poing sonore "Beside Myself". La première fois avec Dj Haram? Janvier 2017 avec sa participation à la légendaire compilation du Club Chai ( ici ). La deuxième ? Pour 700 Bliss, son duo formé avec Moor Mother ( par là ). En 2022 l' album "Nothing To Declare" confirmera le talent des deux copines. Si Moor Mother continua de faire parler d' elle Dj Haram quant à elle fit profil bas. Toujours active mais il sembla assez vite évident qu' elle savait prendre son temps et nous préparait un sacré coup. "Beside Myself" est un choc sonore. Œuvre démesurée, fulminante, ténébreuse et provocante. Ça passe ou ça casse. Mais si ça passe l' auditeur courageux appréciera l' un des grands disques de l' année. Avec Dj Haram c' est à une Deconstructed Club de haute volée et assez originale que nous sommes confronté. Entre Jersey Club, Hip Hop et Techno industriels, avec des traces prégnantes d' UK Bass teintées de Noise. Les influences et les fruits venimeux de leurs brassages offrent une très grandes diversité. Dj Haram se dévoile définitivement comme une très grande expérimentatrice qui sait cependant garder un aspect ludique jubilatoire. Certains titres ont résolument leur place sur une Dancefloor quand d' autres sont propices à la méditation et une sérieuse prise de conscience Elle semble jouer tout en gardant un sérieux efficace lui permettant un sens de l' inventivité et de la concision assez rare. Peut être le plus grand intérêt chez Dj Haram est dans ce brassage d' influences la présence de ses origines culturelles. Souvent quand des producteurs occidentaux vont chercher des sons venus d' ailleurs cela peut vite apparaître comme un maquillage à l' exotisme surfait et artificiel tellement le contexte d' origine est rejeté. Oublié ou méconnu. Dj Haram avec son album tape du poing sur la table de l' appropriation culturelle. Celle qui explique avoir grandi entre les disques du Moyen Orient ramenés par ses parents et ses Sonic Youth délivre une musique authentique et surtout pas candide. Elle maîtrise suffisamment les deux cultures pour produire une musique profonde au service de ses colères et de ses espérances. Le titre "Lifelike" résume parfaitement cela avec ses ressemblances aux dernières productions solo de Kim Gordon et la présence de cordes Moyen Orientales sans que cela ne paraisse incongru ou falsifié. Comment pourrait-il en être autrement que ce "Beside Myself" ne soit pas porteur d' une colère et d' une rage prêtes à soulever des montagnes. Nous sommes face à une artiste femme, queer, issue de l' émigration. On comprends assez vite qu' elle en a pris plein la gueule et que son quotidien est une lutte permanente pour juste avoir le droit de vivre comme elle l' entend. Les paroles la décrivent comme dégoutée de notre époque et on ne peut que valider. Disque teinté de chagrin et d' anti aliénation de toute sorte. Il s' attaque à l' hypocrisie de l' occident colonisateur, au système familiale oppressif, au néolibéralisme et aux œillères stylistiques. Les couplets sinistres faits de paroles poétiques surréalistes sont portés par des cordes plaintives. L' expérimentation s' empare des sons d' une cité bouillonnante de brassage de cultures. Des rythmes superposés apportent de la profondeur à ce boucan rageux. On a attendu longtemps mais ce que l' on soupçonnait est enfin vérifié. Dj Haram est l' une des plus grandes dans l' univers Deconstructed Club jusqu' à le propulser dans un combatifs et unique futur providentiel.
- NO JOY, sortir du Shoegaze et sa nostalgie pour mieux y retourner
Depuis près de 15 ans Jasamine White-Gluz avec son projet No Joy arpente tous les territoires possibles dans un seul but, sortir du revival simpliste Shoegaze Dreampop. Parfois elle a touché au but. Et parfois, elle s' est planté. Dubitatif à l' époque de "Motherhood" votre serviteur vient finalement de se réconcilier avec la Québécoise. No Joy, très très vieux souvenirs. Je l' avais presque oublié. Starlette d' un avorté renouveau Shoegaze qui finalement offrit à son tour sa pelleté de formations revival sans profondes saveurs. Ce qui n' était pas encore le projet solo qu' il est devenu, représentait un petit espoir et charma grâce à ses deux premiers albums comme je le relatais en Avril 2013 ( ici ). Depuis les deux suivants m' avaient quelque peu refroidi. Entre l' anodin "More Faithfull" et le très problématique "Motherhood" (j'y reviendrai) il s' en est passé des choses et surtout le Shoegaze et la Dreampop par l' intermédiaire d' autres artistes (Maria Somerville, Dummy, Just Mustard, The Ephemeron Loop) ont enfin repris la marche en avant en abandonnant le passé et le pastiche. C 'est un peu à ma grande surprise que No Joy ne cesse de taper l' incruste dans mes écoutes en cette fin d' été. L' énergique "Bugland" confirme, certes avec délai, toutes les promesses aperçues il y 12 ans. Cela reste de la Dreampop Shoegaze mais dans une version assez originale. Pour cela White-Gluz perpétue sa tradition personnel qui est d' aller explorer d' autres territoire pour revigorer ses deux influences majeurs. "Motherhhod" en 2020 semblait s' inspirer d' une mixtape mêlant Shoegaze, Dreampop, Trip Hop, Nu-Gaze et Big Beat. Une étrange sensation d' être confronté à une compilation aléatoire et maladroite. De plus, les territoires traversés semblaient trop exclusivement provenir des 90's. Je m' étais alors dit qu' elle était bien gentille la québécoise mais que la ficelle nostalgique était un peu grosse. Sur certains titres cela fonctionnait quand sur d' autre nous n' avions à faire qu' à un travail grossier de faussaire rétro-gaga. Le récent "Burgland" révèle ce qui avait alors été l' erreur de No Joy. Louper le virage numérique amorcé juste après les 90's. Accompagné du producteur IDM Angel Marcloid aka Fire-Toolz elle s' est donc décidé de tenter une version futuriste du Shoegaze taxée par beaucoup de version Cybernétique. La production s' avère bien plus granuleuse que sur les précédents et cela change considérablement. Plus moderne. Les us et coutumes 90's semblent muter en traversant les époques qui lui ont succédé. Ce disque transpire le numérique. Beaucoup d' électro mais aussi des expérimentations touchant une plus large variété d' instruments. Synthés modulaires agressifs, cordes devenus surpuissantes, Dulcimer sous réverbération. On retrouve la volonté maximaliste esquissée sur les deux premiers albums. A présent elle n' hésite pas à confronter le naturel et la nostalgie liés au Shoegaze et à la Dreampop avec la modernité et le clinquant numérique. On oublie les 90's et il n' est pas rare de croiser les 80's et mieux, certaines sensations plus récentes tel l' Hyperpop. Un peu comme si Lush était produit par SOPHIE ou Oneohtrix Point Never. Fire-Toolz par ses affinités IDM notamment en apportant beaucoup en maîtrise permet de développer une musique plus fluide dans sa volonté de passer d' un territoire à un autre. L' aspect compilatoire grossier du précédent s' estompe et nous assistons à une vision enfin débarrassée de toutes suspicions de faussetés et d' opportunisme. Jasamine White-Gluz délaisse la mélancolie attachée au Shoegaze et à la Dreampop pour une volonté affirmée de retrouver de l' espoir et de la joie. Elle casse la caricature. On est plus sous le dogme d'un souvenir éthéré et pure mais face à des souvenirs déformés et remis à leur juste place après une profonde remise à jour. C 'est un Shoegaze qui évite les clichés tel le triste brouillard rural anglais pour également nous évoquer l' urbanisme ricain sous un soleil vif. En interview elle raconte par exemple qu' elle et Fire-Toolz après avoir composé et enregistré au milieu de la technologie moderne du studio partaient en voiture à travers la campagne canadienne afin d' écouter le produit de leur travail. A certains instants c' est une férocité étrange qui s' empare de ressentis délicats et nostalgiques. Avec "Bugland" No Joy semble retrouver enfin la place qui lui était promise, celle d' une actrice dans le renouveau Shoegaze Dreampop.
- SHAME, deuxième album mi-figue, mi-raisin et mauvais timing.
Que le deuxième album des Shame était attendu est le moins que l' on puisse dire. Leur premier "Songs Of Praise" nous avait bien ébranler avec son post-punk piochant dans tout ce qui avait succédé au courant original de la fin 70's-début 80. Un post-punk bien personnel dans lequel l' énergie juvénile de ces gamins londoniens laissait percevoir des traits communs avec de vieilles gloires adulés par ici. Sans se prendre trop au sérieux faussement façon Idles les Shame par passion viscérale et innocence mêlées à une réelle lucidité politique et une forte tendance à la raillerie se démarquaient et touchaient droit au coeur. Bref ils nous offraient en 2018 ce qu' aurait donné les Stone Roses en plein post-punk. "Drunk Tank Pink" déboule enfin, un an après qu' il fut achevé. Et ce détail a toute son importance. Il se dégage du disque comme un sentiment de décalage après tout ce qui s' est passé en 2020. Très certainement ce disque serait autrement si il avait été créé en plein confinement ou cet automne. Et encore plus surement les Shame auraient su coller bien plus à l' état d' esprit du moment . Ce fait est une des faiblesses du disque mais peut se révéler être une qualité pour ceux qui dans un geste de protection ont décidé de nier la triste réalité ou sont hors sol. Il existe aussi une autre raison à ce sentiment de décalage et cette fois-ci plus musicale et liée à la concurrence Post-Post Punk dont on doit bien l' avouer depuis quelques mois par sa profusion de "next big thing" hebdomadaire a tendance à gaver sérieusement. Parti de la ligne de départ avant les Irlandais les Shame se sont fait carrément éjecter de leur petit trône par les Fontaines DC et d' autre jeunots tel The Murder Capital. Les deux formations irlandaises ont non seulement conquis les cœurs par leur simple talent respectif mais aussi par leur version du post-punk encore plus ouverte sur l' extérieur. Shame depuis ses débuts avaient pourtant parfaitement su intégrer d' autres influences externes au Post-punk afin de se démarquer du rétrogaga improductif. Des traces de Glam, de Britpop ou d'un Nick Cave en prédicateur prépubertaire suffisaient à les rendre un brin originaux. On retrouve encore un peu de tout ça sur "Drunk Tank Pink" mais les Shame semblent avoir beaucoup trop écouté les classique du genre tel les Talking Heads, PIL et Esg. Et c' est là que les londoniens perdent un poil de leur superbe. Parce que le post-punk tendance funky on n' en a que trop bouffé depuis des années. Ce qui les sauve un petit peu est le talent de l'un des guitaristes qui distille des riffs funk pas si usés que cela par les pilleurs. On sent chez lui une vrai volonté de sortir des carcans Punk et Post-Punk mais le reste de la troupe semble peu suivre. Ainsi les façons d' y arriver évoquent souvent les tentatives d' autres à l' image de "Human For A Minute" qui n' est ni plus ni moins quand Shame s' évertuant à imiter leurs mentors, les Fat White Family. Bien sûr depuis 2018 les Shame ont mûri en vieillissant. Recherchant moins l' accroche simpliste punk systématique il peuvent par exemple lorgner sur les terres vaguement Math Rock des Black Midi le temps d'un beau "Snow Day". Leur musique est devenue bon grès mal grès plus lourde, introspective et profonde. Ils réussissent par instant à égaler les Fontaines DC ou Murder Capital dans la description du désespoir existentiel contemporain avec humanité. On ressent également très bien les méandres du passage de l' adolescence à l' âge adulte. Si on veut être plus précis sur le retard que semble avoir pris Shame face aux Irlandais et d' autres c' est au travers des paroles de leur chanteur charismatique qu 'il faut y voir de plus près. C 'est peut être ça la plus grande déception du disque. Charlie Steen semble avoir perdu de sa superbe de poète. Aucun renouvellement. Le prédicateur naît sous l' ère Iceage et élevé dans le culte Nick Cave des Birthday Party parait lui aussi être en roue libre trop souvent. Et ses éructations deviennent trop attendue. Il n' ose qu'à de rare occasion se faire plus calme ou faire évoluer son chant. Et comme par hasard ce sont ces moments-là que Shame devient à nouveau passionnant. Pas encore le niveau des Fontaines en la matière mais ils démontrent qu' ils ont garder leur potentiel originel intact. Toujours politique le Steen mais ses paroles à force d' être interprétables de toutes les manières portent beaucoup moins et parfois on flirte avec la Miss Monde Touch de Talbot des Idles. C' est dire! Au moins il nous épargne l' aspect moralisateur de Talbot mais ça c' est peut être certainement une question de classe sociale. Sujet largement abordé par ici au sujet des Idles, Fat White Family et Sleaford Mods. Le rythme incessant et l'usure des tournée liés à la découverte d' un monde malade est abordé et encore une fois cela semble hors contexte et dépassé après le Covid. Et enfin mais surtout Grian Chatten des Fontaines DC l' a précédé de toute sa splendeur poétique sur ce domaine. Deuxième album réussit tout de même mais franchement on pouvait s' attendre à bien mieux et surtout à être une nouvelle fois surpris. Gageons qu'il ne s' agisse réellement que d' un mauvais timing et une petite fatigue due à l' incessante tournée à laquelle se sont livrés ces petits garnements un brin trop enthousiaste. Une erreur de jeunesse en somme. A suivre en espérant qu' ils ne deviennent le deuxième naufrage après celui des Idles. Et pendant ce temps-là les deux papys qui ont influencé toute cette scène aux côtés des Fat White Family sont en très grande forme et niquent tous ces jeunots A voir ici
- SHAME, frisson inespéré post tout.
La jouer fine et surtout pas en faire des tonnes en se contentant de glisser de brèves et discrètes allusions à cette micro hype anglaise ( voir ici ). Depuis plus d'un an la cas Shame avait le don de vriller les neurones de votre serviteur. Perdu qu'il était le vieux con grincheux face à ces guitares flamboyantes revenues de nul part. Deux singles, soit à peine trois titres, mais une putain d' énergie rédemptrices rarement croisée depuis des lustres. Il n' en fallait pas plus pour l' ancien fan d' indie anglaise à guitare de se frotter les yeux et se poser un million de questions existentielles. Shame, un mirage? Un miracle? Et d' abord, c' était quoi ce putain d' enthousiasme qui me prenait à chaque écoute? Le pervers effet anesthésique de la familiarité face à certains trucs mille fois entendus depuis mon adolescence? Putain, ça y était? A mon tour de tomber dans la sénilité nostalgico-gaga qui semble ne plus épargner qui que ce soit autour de moi? Une seule chose à faire. Attendre l' album. On en a vu beaucoup se vautrer sur le format long malgré de belle promesses scéniques et des avertissements sur format court. Les cimetières d' Angleterre en sont remplie de ces formations tentant de rallumer les vieilles mèches et finalement aboutir à un pétard mouillé (These Animal Men,Menswear,Art Brut,Crins etc etc). "Songs of Praise" débarque et finalement faut bien enfin tomber le masque. Moi quadra, pourfendeur de la redite guitaristique, celui qui devant le moindre Demarco des fifilles ou le premier pseudo garageux bas du front se prenant pour l'inventeur du psychedelisme venus voit hérisser son poil d' exaspération et de lamentation, j' abdique. Shame est le premier disques à guitare à me foutre en l' air depuis belle lurette. Et si il faut chercher loin chronologiquement , 5 ans, géographiquement et dans un certains état d' esprit réellement contestataire et politisé c' est tout le contraire. Ce sont les voisins de mon dernier coup de coeur en la matière, The Fat White Family. Mieux, leurs squatteur de leur local de répétition à en juger la déclaration enthousiastes de la clique de Lias Saudi au sujet des gamins. Si Shame a l' accent du Sud Est de Londres comme leurs illustres prédécesseurs les jeunots prennent encore plus fortement des faux airs mancuniens. C' est la grande révélation du passage à l' album. Bien sûr il y a le phrasé à la Mark E Smith de The Fall. Bien sûr c' est du post punk mais...Mais il y a un petit machin qui change tout, le petit air de ressemblance qui titillera l' inconscience de ceux qui ont grandi à l' époque Madchester. Sans tomber dans le pastiche stylistique les Shame ne cessent d' évoquer d'une manière subtile les Stone Roses. Entre passion viscérale et innocence mêlées à une réelle lucidité et une forte tendance à la raillerie. Mais attention, pas la simple machine à groove et à hédonisme baggy que certains veulent uniquement voir par nostalgie et embourgeoisement chez Ian Brown et compagnie. A chaque instant les Shame semblent être prêts à foutre le feu aux bagnoles dans les rues (réécoutez "Made Of Stone"). Une autre ombre traverse ce disque et différencie Shame de la cohorte des autres apprenties post-punk. On l' a retrouve dans les paroles et l' art d' éructer de leur charismatique chanteur Charlie Steen. Ce gamin d' à peine 20 balais est déjà appelé à devenir une figure de la scène indie de la décennie. Il explose tout sur son passage et Shame lui doit beaucoup au point de renvoyer des types comme les gentils et déjà trop vieux Protomartyr à leurs études. Steen avec ses dons de prédicateurs fouillant dans les profondeurs des âmes tourmentées par un prisme résolument politique et sociale donne l' effet que l'on se retrouve en 2018 face à une espèce de Nick Cave né et grandi dans les banlieues anglaises qui n' a jamais ouvert une bible de sa vie et surtout très peu écouté du blues. Le fort mimétisme avec l'icone australienne qui fait parfois grimacé chez les Iceage est évacué par la lads attitude. Shame redonne à la branllitude et l' arrogance anglaise ses lettres de noblesses bien trop caricaturées et surjouée depuis Oasis et Blur. Steen est encadré par des potes musiciens qui, si ils évoquent aussi The Birhtday Party, ne tombent pas non plus dans la chausse trappe vintage bluesy-garage à la con. Trop anglais encore une fois et malin pour ça. Laissons ça aux crétins ricains ainsi que leur communautarisme stylistique. Les Shame en surprendront plus d'un avec leur trouvailles provenant aussi bien du post punk Wire avec le grand art de pigmenter leur rage punk d' envolée pop (le prog viendra plus tard), de l'indie des origines et sa sentimentalité (Television Personalities) que du psychédélisme pour stade mais toujours sobre des Echo & The Bunnymen. Le dernier titre rappellera aussi certaines clôture d' album de l' ère Britpop. Shame est toujours à la limite de se vautrer dans le pilotage automatique et le fayotage nostalgique du revival post punk des 00's des Editors, The Rakes et Interpol. Mais Shame a ce que ces formations avaient perdu de vue comme d' ailleurs l'ensemble de la scène indie depuis trop longtemps. Comme je l' écrivais au sujet des prometteurs Hotel Lux, Shame est la plus parfaite des suites à donner aux deux miracles populos anglais de ces dernières années, The Fat White Family et les Sleaford Mods. Si musicalement on est encore dans la redite il y a tout ce qu'il faut en puissance et authenticité pour que cela ne débouche pas sur un pastiche nostalgique infertile coupé de notre réalité.
- SQUID, grandiose porte de secours du Post-Post-Punk?
C 'était la grosse hype depuis des mois et encore plus assurément depuis leur étonnante et courageuse signature chez Warp. Le petit monde indie et dorénavant d' autres cliques surveillaient le groupe formé à l' université de Brighton. Pour résumer les attentes et doutes on écrira juste que Squid depuis ses débuts laissait espérer beaucoup. Peut être beaucoup trop pour un énième groupe Post-Post Punk était-on tenter aussi de penser. "Bright Green Field" leur premier album vient de sortir et il apparaît clair que si un groupe du revival post-punk entamé il y a quelques années veut ou peut changer enfin la donne de ce courant qui stagnait c' est dans ce disque que ça va se jouer tant il est une réussite et un petit choc dans ce monde-là. Très vite les débuts de Squid furent accompagnés d'un micro buzz indie grossissant au fur et mesure des sorties de disques et des concerts. Doucement mais surement pour un groupe qui a pris son temps avant de publier leur premier album. Formé bien avant leurs congénères Post-Post-Punk ou autres tel les Fontaines DC ou Black Midi en 2015 il aura fallu attendre donc 6 ans. Et six ans au pays de la hype et des météorites indie c' est très long. Au bout de quatre ans ils sortent enfin un premier ep "Town Centre" qui récolte immédiatement l' attention des médias indie alors en plein abreuvement post-punk. Mais tout de suite quelque chose les différenciait avec une entame instrumentale ("Savage") lorgnant fortement sur le jazz et un magistral exercice Post Punk ("The Cleaner") post Lcd Soundsystem post Talking Heads avec crochet pop à la Wire. Avec, cerise sur le gâteau, des cuivres inédit chez leur compagnons britannique d' alors. Surprenant par sa diversité stylistique au milieu du peloton mais pas de nature à immédiatement en prendre la tête pour y mettre le feu voir à s' en échapper immédiatement. Alors que les Shame et Fontaines DC brillaient et que les Idles leur suçaient les roues les Squid semblaient en mode réglage et concentré sur l' aspect tactique. Concentré surtout sur l' expérimentation comme le confirmera par un certain arrière goût leur single "Sludge" qui ouvre leur collaboration surprise avec Warp. Au premier rapport ce qui pouvait passer pour une resucée de LCD Soundsystem qui n' a cessé de sucer' approprier lui aussi le Post Punk originel devenait bien plus intrigant et rustre pour s' avérer inoffensif. Au sujet de la signature chez Warp la surprise ne relevait que du choix du groupe parce que le label étiqueté IDM à ses débuts et surtout électro expérimentale avait depuis belle lurette diversifié son catalogue, Broadcast, Maximo Park, Battles, Grizzly Bear, Yves Tumor et d' autres. Squid semblait donc se situer entre la grosse vague Post Punk, portés par l' énergie de cette dernière, et les francs tireurs de Black Midi mais aux visions bien plus larges. Des affinités pour une certaine perversion expérimentale et un gros penchant pour l' aspect pop du Post Punk tendance Wire et Talking Heads. De quel côté aller pencher l' album? Ou allait-ils choisir de ne pas changer la formule gagnante quitte à ne pas évoluer. "Bright Green Field" offre le visage d' un groupe courageux qui ne pouvait se contenter de se reposer sur ses lauriers rapidement tressés. Avec l' aide du cador de la production anglaise , Dan Carey (Fontaines DC, Black Midi), Squid offre une musique jubilatoire n' hésitant pas à aller dans les sens et oser encore plus qui plus est avec le Control Total* (*: petit clin d' œil à un très grand groupe post-punk qui avait précédé les Fontaines et compagnie, par ici ) des artistes solides. On est capturé par les tentacules d' une musique qui voit son groove encore plus puissant qu' auparavant. Ils n' hésitent pas à vous faire passer du calme au chaos en un claquement de doigts par une combinaison multicouche et multiforme. Le tempo fait de même et peut être lent ou rapide selon leur bon vouloir. Les genres s' entrechoquent ou dialoguent, se castagnent ou baisent ensemble. L' énergie punk originelle est bel et bien là mais elle booste des influences jazz plus vives que jamais chez eux. Le phrasé Post Punk à la Mark E Smith tant usé voir abusé par la conccurence bornée dans ses marottes côtoie des harmonies Soul irréelles venant de bien plus loin. L' électro aussi s' invite parfois avec des Fields Recordings venus du quotidien ayant parfaitement leur place dans ce bordel ennivrant. Peut être la grosse différence avec tous leurs contemporains Post Punk cités est que Squid délivre un message bien plus chatoyant et optimiste. Des façon de faire et de voire qui propulse ce groupe en éclaireur flamboyant dans les dures pentes qui nous attendent. Le Post Post Punk a deux doigts de sombrer dans le train train vient de trouver peut être ses premiers de cordées qui pour le coup semblent agir pour le bien commun. Ce grand "Bright Green Field" ,désiré par le groupe comme plus profond émotionnellement que leurs disques précédents, est après les mois difficiles passés et avant les prochains guère enchanteurs ,et tout autant imprévisibles eux aussi, comme la bande originale parfaite d' un monde en constante évolution. Une solution parfaite pour vivre dans ces incertitudes qui ne cessent de se prolonger. Enregistré pendant la pandémie ce disque dévoile un groupe qui, plutot de se lamenter naïvement comme d' autres sur cette calamité, va chercher plus loin les raisons de nos malheurs et nous prépare à la lutte. Et le ton est donné par le groupe lui même quand il faut expliquer de quoi parle le disque : «À propos de la dichotomie entre plaisirs simples et consumérisme décadent» Et pas seulement parce que sont abordés aussi et d' une manière loin d' être caricaturale et cynique mais certainement combative la propagande de droite omniprésente dans nos vies ou la vision Darwinienne et cruelle véhiculée par le management et le triste "esprit d' entreprise". Plus loin on va se confronter à la crise du logement sur Londres, la santé mentale d'un type bossant dans un abattoir industriel et aborder l' anorexie, le trouble psychiatrique le plus mortel chez les ados avec conséquences à vie quand ils y survivent. Sur certains titres si les influences "classiques" post-punk déjà énumérées apparaissent d' autres surgissent et participent à ce qui semble être un jeu de jeunes gens intelligents et engagés capables de ne pas se prendre au sérieux et devenir lourdingues comme d' autres (...Idles ? Oh que oui!!!). Godspeed Black Emperor fait irruption par des violons surprenants quand ce n' est pas Talk Talk qui remet une louche de Post-Rock. La tuerie folle "Narrator" va plus loin que le gros Murphy en partant des terres labourés mille fois par LCD Soundsystem pour atteindre les sommets pop de Wire et finir dans un délire néo psychédéique digne des post-baggy Regular Fries. Ecoutez "Narrator" et leur "Anno Domini #2" ensuite, les deux titres semblent frères. Même Radiohead est cité via un "2010" qui transpose "Paranoid Android" dans l' ère Covid 2.0. Il est à noté qu' une nouvelle fois après les The Armed ( voir ici ) on constate encore chez les guitares les conséquence grandioses mais tardives de notre univers numérique inter connecté à la vitesse de la lumière et du zapping sans bornes des sources d' inspirations. En définitive ,même sans totalement révolutionner sur certains aspects tel la production ou l' utilisation des outils technologiques, les Squid nous offre un très grand disque susceptible de changer radicalement la donne d' un revival bénéfique et rafraîchissant à ses débuts mais tombant dans les travers de ses prédécesseurs tel la redite et le conformisme. Bonus: Le titre des Regular Fries, espèce de dégénérés Post Baggy/Madchester fan de Trip Hop et d' arrogance Britpop.
- SQUID, Chef d' œuvre Post ...tout!
Ils nous étaient apparus au milieu du raz de marée Post Punk fin 10's début 20's et immédiatement ils devinrent par leur singularité Arty et Post Rock une bouée d' originalité au milieu d' un océan qui est devenu aussi ennuyeux qu' une mer morte. En 2025, alors que de jeunes pouces tel Still House Corner ou des confirmés comme Moin n' en finissent pas de redéfinir les guitares jusqu' à faire tomber les masques un brin conventionnel d' un certain Post Punk, Squid évolue de la plus bel des manières et finit par emporter la mise. Commençons déjà par tordre le cou à une idée reçue provenant de la fainéantise de la critique musicale. Squid étaient-il réellement, profondément Post Punk? Oui et non. Tout dépend de quel Post Rock parle-t-on. Oui si on a en tête le Post Punk des origines. Ils n' ont pas hésité à aller voir ailleurs jusqu' à en passer par des genres souvent jugés chez les neuneus bas du front comme chiantissimes. Jazz, Krautrock, Prog et des senteurs assumées solidement arty. Non à l' égard de leurs contemporains. Parce que justement la diversité de leurs influences était bien plus riches et iconoclastes que celles de leurs congénères de cette vague que l'on a pu appelé Post Punk Revival. Les fans de The Murder Capital, Fontaines D.C., Shame, Dry Cleaning ou encore ceux des affreux Idles vont très certainement, les yeux perdus dans leur bière devenue trop chaude et dégueulasse à la longue, restés perplexes si ce n' est totalement réfractaires à la découverte du complexe "Cowards". Avec "Cowards" les Squid confirment tous les espoirs placés en eux en terme d' audace et d' expérimentation. Pour les avoir vu sur scène en 2023 je m' étais convaincu que la porte de sortie à ce Post Punk décrit plus haut à la palette trop succincte d' influences passait par eux plus que par leurs géniaux amis de la Windmill Scene. Les Black Midi commençaient déjà à montrer des signes de fatigue préfigurant la séparation de l' an dernier quand les Black Country New Road entamait une longue convalescence post perte de leur chanteur qui aura duré plus de trois ans (album prévu en Avril). "Cowards" montre effectivement un groupe qui s' est encore plus ouvert au monde et aux courants musicaux éloignés suite à ses tournées et collaborations. Mais surtout, et peut être là est l' origine de la réussite, ils ont osés prendre encore plus de distance avec le mot Punk du terme Post Punk. Des titres comme "Fieldworks I", "Fieldworks II" ou "Cowards" ne comportent quasiment pas de guitares saturées et en appelle bien plus à votre réflexion qu' à vos pulsions et frustrations. L' aspect Post Rock historique est encore plus marqué et cette fois-ci on peut vraiment parler d' une version de Talk Talk sous amphétes et est devenue définitivement dystopique. Squid innove dans l' héritage Post Rock en osant des réminiscences Baroques rarement croisées si ce n' est quand une hybridation du Folk avec le Math Rock vous cueille sans crier gare. Si les compositions d' une maîtrise totale et d' un courage à toute épreuve semblent sophistiquées et lapidaires, plus que par le passé, les textures se révèlent disloquées et possèdent une complexité elle aussi absente sur leurs deux premiers albums. En parlant d' une version profondément dystopique du Post Rock Squid a toujours porté sur notre époque un regard assez pessimiste au travers de ses compositions flirtant avec le chaos et le chant flippé d' Ollie Judge. Leur troisième album confirme et renforce la tendance quand par sa voix Judge augure de l' apocalypse prochaine. Il est beaucoup question de peurs, de meurtre et d' occultisme. Le constat fait par Squid est terrible et peut les rapprocher des oiseaux de mauvais augures Radiohead à l' aube du 21ème siècle. En évoquant Radiohead on peut aussi affirmer que les comparaisons musicales au groupe d' Oxford apparaissent dorénavant puériles si ce n' est mensongères quand il est question de Squid. Bien sûr l' aspect Prog Rock est commun mais Squid ne semble pas autant s' y attarder comme le fit la bande à Tom Yorke. Les Squid font plus que confirmer et évacuent définitivement les critiques et les craintes apparues à la sortie du précédent. "Cowards" est un très grand disque et pour être franchement honnête je n'y croyais qu' à moitié devant le spectacle de la presse avide de hype Post Punk se ruant sur eux dès les premiers singles pour ensuite les délaisser aussi vite face à des albums refusant la facilité adoptés par le contingent de suiveurs.
- JUST MUSTARD, shoegaze euphorique.
Je l' avait déjà écrit au sujet de leur ""Heart Under" de 2022 ( voir ici ) , les Just Mustard ne sont pas de simples revivalistes bas du front. En perpétuelle mutation ce quintette ne cesse d' aller de l' avant sans se reposer sur ses lauriers. Troisième album de nos chouchous irlandais et encore une réussite offerte par ce groupe qui ,avec quelques autres ( ici , par là ou ailleurs ) , bouscule le Shoegaze jusqu' à le faire muter. Tout d' abord le récent "We were just here" confirme le fait que Just Mustard est définitivement sorti du peloton. Peut être pas encore maillots jaune du renouveau Shoegaze mais de ces vainqueurs réguliers d' étape de montagne qui un beau jour peuvent décrocher le Jackpot. Avec le précédent plus porté sur l' Industriel ils s' étaient révélés comme de véritables maestros des textures sonores. Textures qui paraissaient réellement renouvelées face à la concurrence. Le judicieux pas de côté vers le Noise et le Gothique en plus d' autres influences provenant d' univers éloignées les avait emmené plus loin que les suceurs de roue. Je n' avais pas non plus manqué de citer le rôle probable joué par leur compatriotes, les immenses Girl Band/Gilla Band. Le tout récent disque confirme ce talent de producteur, talent décuplé par la présence au mix du vétéran star de l' exercice David Wrench. Et si ce type se pointe une deuxième fois pour donner un coup de main c' est que ce vieux renard des studios sait qu' il est tombé sur des artistes talentueux, amateurs comme lui d' étrangeté et surtout avides d' expérimentations sonores. Cette formation en incessante métamorphose opère un nouveau changement de cap stylistique et d' ambiance. Bye bye le sage Shoegaze des débuts et l' obscurité Noise et Gothique. Ils sont sortis des entrepôts et des souterrains pour prendre un peu de soleil. Leur brouillard Shoegaze s' est ainsi dissipé et d' ardents rayon lumineux percent de plus en plus jusqu' à éblouir et réchauffer l' ambiance. La noirceur et la mélancolie laisse dorénavant place à une douce euphorie nouvelle. Mieux. En chemin des profondeurs il semblerait que nos Irlandais se soient campés un instant sur un Dancefloor. A l' image de la chanson portant le même titre que l' album les Just Mustard peuvent vous amener à une véritable danse de Saint Guy. Sans renier leur côté obscure et doux amers pas très éloigné des premiers New Order ils semblent reluquer les us et coutumes dansants des mancuniens ou du LCD Soundsystem disco. Les mélodies sont bien plus incisives et accrocheuses qu' autrefois tellement elles semblent avoir été le fruit d' un énorme travail et d' une volonté certaine de recherche. C' est toujours claustro mais résolument aguicheur. Peut-on parler d' un tournant plus Pop avec un talent neuf chez eux pour le crochet ? Peut être que le fait d' avoir effectué les premières parties d'un maître en la matière (The Cure) et la proximité des Indie Post Punk devenus stars des festivals et des stades (Fontaines.D.C.) n' y est pas pour rien. Si avant ils semblaient partir d' une matière atmosphérique Ambient et ensuite y accoler un exosquelette pop leur fonctionnement s' est inversé. D' abord le squelette, les articulations et ensuite la chair. L' auditeur est lancé sur une montagne russe émotionnel dont il n' en sortira pas indemne. Just Mustard aborde l' intérieur et l' extérieur, l' intime et l' environnement. Peut être moins violent que They are Gutting A Body of Water ils semblent eux aussi désirer d' un Shoegaze plus ouvert au monde que sur la simple introspection. Ouvert stylistiquement aussi puisque la Motorik Krautrock pointe son nez sur "SILVER" quand "Out of Heaven" réactualise leurs passions Trip Hop déjà repérées. Et puis il y a la voix de Katie Ball. Bien plus mise en avant elle envoute, ensorcelle et sublime l' ensemble. Plus assurée Katie Ball franchit elle aussi un gigantesque palier. Elle permet, associée aux talentueuses expérimentations portant sur les textures des autres, de porter leurs idées simplissimes de vers un maximalisme jubilatoire. Oui avec ce disque Just Mustard ne sont plus une simple et gentille formation de plus dans l' histoire du Shoegaze. Il compense le loupé de Ride qui avait certes calquer au genre avec talent la tradition de l' efficacité Pop britannique ("Going Blank Again") mais en zappant la gigantesque culture dansante qui les avait précédé (Madchester). Il aura fallu attendre très longtemps pour que d' autres enfants de la patrie de Saint Kevin Shields relève le flambeau magistralement de ce courant jugé hâtivement par les couillons comme mort né.













