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DANCING
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Nico

DJ ANDERSON DO PARAÌSO, le côté obscur du Baile Funk.



L' an dernier, toujours affamé de nouvelles sonorités innovantes, DWTN s' était rué sur la version hallucinatoire et terrifiante du Baile Funk brésilien offerte par DJ K (ici) .

A peine remis de ma découverte nommée dorénavant le Bruxeria Sound, le label ougandais Nyege Nyege déjà découvreur de DJ K annonçait en grande pompe une nouvelle recrue issue de la scène Baile Funk brésilienne. Et les plus avertis des observateurs du label nous prédisaient une encore plus grande claque tant la version promise du Baile Funk était totalement différente et originale jusqu' à battre en brèche les idées reçues. Le premier album du petit dernier au sein de l' écurie Nyege vient enfin de sortir et disons-le immédiatement. Les annonces n' étaient pas du buzz pour pas grand chose mais bel et bien le coup de vent annonçant une sacrée tempête.


Mais avant de s' attaquer au phénomène il est utile de passer par un petit cour d' histoire sur ce que l' on nomme le Baile Funk histoire aussi corriger quelques petites boulettes vues par ci par là. Déjà une chose à préciser pour les aficionados du Funk américain il n' y en a quasiment plus aucunes traces dans ce que l'on appelle le Baile Funk ou Funk Carioca. Même si les Dj des 70's à l' origine du genre passaient du Funk et de la Soul, devant l' affaiblissement des deux courants dans les 80's, ils se tournèrent vers le Hip Hop et l' électro avec une forte prédilection pour la Miami Bass. Assez vite ils développèrent leur propre version en ajoutant des sonorités provenant des instruments de percussion afro-américains et en remplaçant également l' anglais par le portugais. A forte teneur sociale par ses lyrics le "Funk" remporta un gros succès dans les favelas sous les regards réprobateurs des classes riches et moyennes du pays. La version plus commerciale apparue fut le Funk Melody et bien sûr la Pop Mainstream commença par emprunt à vampiriser le courant. En réaction le "Funk" eut bien sûr sa version plus brutale et gangsta avec le Funk Proibidão. Plus tard un autre sous genre débarqua, le Funk Ostentação. Marqué par le Pop Rap d' alors mais toujours sous forte connotation Gangsta il domina les 10's. Le "Funk" brésilien devenu mouvement de masse parti de Rio (d' où souvent l' appellation Carioca à présent réductrice) se propagea et c' est tout le brésil qui vit les Dj essaimer dans les Baile (fêtes de rue) au cours des années.

Dj Anderson Do Paraìso malgré son jeune âge de 27 ans est déjà une légende du Baile Funk. Il a grandi dans la grande Belo Horizonte, grande ville située à l' intérieur des terres et assez éloignée des images d' épinal rattachées à Rio. Ne partageant en commun évidemment avec la cité côtière que les favelas et leurs pauvreté . Ceci expliquera peut être ce qui va suivre. Il débute vers 15 ans en assistant aux Baile (fêtes de rue) du quartier Serrão.

A Belo Horizonte il est au cœur pour prendre une part immense à l' une des plus passionnantes évolutions du Baile Funk, le Funk BH. Avec une approche franchement plus minimaliste lui et ses potes vont rendre le Funk plus éthéré et atmosphérique. Le rythme habituellement proche des 150 BPM diminue jusqu' à 90 pour stagner la plus part du temps vers les 130. Les MC délaisse un tant soit peu l' univers Gangsta et mysogine tout en perpétuant la contestation sociale des origines. Ainsi il n' est pas rares de voir la sexualité être abordée d' une manière bien plus progressive avec parfois des lyrics pro LGBT accompagnés d'une vision franchement plus optimiste et combative.


Immédiatement à l' écoute de cette claque qu' est "Queridão" l' auditeur va être surpris par les choix sonores en matière de sample opérés par Anderson. Aux côtés du traditionnel outillage électro et l' usage systématique de la réverbération la surprise provient de l'instrumentation classique. Flûtes retravaillées, pianos et cordes en tout genre eux aussi maltraités. Le Baile Funk devient plus solennel jusqu' à être menaçant. Si cette musique demeure toujours très urbaine elle prend une tournure très fantomatique et étrange entre les mains d' Anderson. On ne sait plus très bien si le meilleur endroit pour l' écouter demeure le dancefloor d' une favela ou singulièrement notre fauteuil à la lueur d' une bougie.

Avec DJ K on pouvait encore s' imaginer se trémousser en bermuda une bière à la main dans une Baile en pleine période carnavalesque sous l' effet d'une quelconque substance hallucinogène face à une profusion de beat. Chez Anderson c' est l' hiver et à tout instant vous êtes susceptible de frissonner de peur tant il est maître pour délivrer une musique très forte en suspens. Pour cela il joue sans cesse avec le silence. C' est avec une méticulosité infinie et un sens de l' économie louable qu' il va se contenter de peu pour maintenir une pression énorme. La surcharge présente chez la concurrence brésilienne n' a pas de raison d' être du côté de Belo Horizonte. Le phrasé rap ou surtout le chant typiquement brésilien ne jurent en aucunes façons avec cette musique si lugubre. On dit toujours que les contraires s' attirent et ici le mariage est un succès.


Ne cherchez pas de disques autant novateurs. Vous n' en trouverez pas ou si peu tant cette musique semble venue de nul part. Si pour certains le Baile Funk peut se révéler être une musique un brin difficile par manque d' habitude ou simplement par éloignement culturel celui-ci par ses prétentions expérimentale exposées avec une facilité déconcertante est susceptible de vous emporter très loin jusqu' à redéfinir toutes nos conceptions et les diktats musicaux contemporain un peu comme le footwork en son temps.






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