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- PRETTYBWOY, vacillement et quête identitaire façon Deconstructed Club
Ça fait un petit moment que je n' ai pas parlé Deconstructed Club. Votre serviteur aurait-il fait une overdose et se serait-il mis à la diète? Plus compliqué que ça. A y regarder de plus près, et cela devra être confirmé, il semble bien que la Pandémie et les divers confinement de part le monde aient freiner les sorties de courant affiliés aux Dancefloors. Et la Deconstructed Club n' y a pas échappé. Mais nous avons quand même eut droit à de très bonnes livraisons en la matière. Le label Hakuna Kulala nous a offert le Don Zilla et Scotch Rollex même si pour ces deux sorties il s' agit d' une musique bien plus complexe que la simple étiquette Deconstructed Club. Et ne parlons pas de Leon Duncan parce qu' il va falloir tôt ou tard aborder l' épineuse question d' un nouveau courant dit HardDrum. Autre bonne adresse dans le domaine du Dancefloor Futuriste et un brin torturé, SVBKVLT. Le label chinois nous a offert le très bon retour de Nahash en collaboration avec Osheyack sur un ep avec en prime un remix signé Nkisi. Le ricain Yen Teck nous a rendu sa deuxième copie grand format et confirme son rôle d' Amnesia Scanner version SVBKVLT en déchiquetant et rassemblant des éléments trap et Vaporwave sur un mode hyper Théâtral asiatique high tech bien sûr. Si dans l' ensemble ces disques confirment que la Deconstructed Club ne s' essouffle pas, loin de là, ils manquait le petit classique du genre en cette année 2021. C 'est une surprise parce que son auteur n' avait jusque là rien sorti de réellement passionnant susceptible de se détacher du lot. Le japonais Prettybwoy passe au grand format et se révèle passionnant. Nous découvrons un très forte personnalié et sa Deconstructed Club se révèle singulière. Disque enregistré en plusieurs fois ce "Tayutau" est marqué pas les tensions et angoisses qui ont vu sa maturation. Une partie date d' avant la pandémie, une autre pendant le confinement. Un emprisonnant encore plus terrible pour Prettybwoy puisque son disque dur avec ses titres et échantillons avait rendu l' âme alors qu' il était au chômage. Enfin il raconte avoir créer les derniers titre juste avant et pendant les J.O, autre période de forte incertitude à Tokyo. Toute sa musique repose sur les percussions dont il se révèle expert en technicité et en manipulation sonore. C' est peut être ici que l' on trouve l' originalité du bonhomme par rapport aux Hyph11e, Nahash et Gabber Modus Operandi. Le japonais apporte aussi une certaine diversité dans les emprunts stylistique et l' origine des samples. Footwork par-ci, Trap par-là. Une intro post-punk surprend quand on retrouve parfois avec des sensation Dubstep et plus souvent Grime Weightless. Comme avec ses confrères du label Prettybwoy agrippe les auditeurs ou danseurs et les propulse de grès ou de force dans un espace-temps futuriste. C 'est une Deconstructed Club qui réserve des instants de calme et se révèle assez aérée. Perfect, pour connaisseur comme pour tous les autres.
- DEMDIKE STARE, encore une pierre à l' édifice. Plus... l' essentiel TOP album de ces génies.
Ils ne crient jamais gare. Les icônes de ce blog Miles Whittakker et Sean Canty viennent de nous lâcher une énième mixtape dont ils ont le secret. Beaucoup de manipulation sonores inédites de leur part et évidemment quelques vieilleries évoquant certaines de leurs marottes (nombreuses) et leur culture musicale gigantesque et riche en découvertes. Comme avec d' autres de leurs mixtape nous avons l' impression d' avoir la chance ultime d' être leur voisin et de percevoir ce qu' il se trame dans le laboratoire secret de ces sorciers sous la forme d' une aventure sonore assez cinématographique typique d' eux depuis leurs débuts dark que ce soit Ambient ou Dub avant d' aller saccager les Dancefloors Jungle et autres avec leur série immense des Test Pressings pour offrir enfin leurs deux majestueuses versions toutes personnelles de la Deconstructed Club que sont "Wonderland" et "Passion". Intitulé si justement "Drum Machines" et composée de deux parties cette mixtape fait une grosse fixette sur la boite à rythme Rolland Tr 606 mais comme toujours avec nos dieux Mancuniens c' est une avalanche de sons provenant de sources variées qui vous cueillent à tout instant. On navigue entre leurs propres expérimentation, les souvenirs émus de la naissance de la culture Club du temps des Lil Louis et Ron Hardy quand ce n' est pas l' enregistrement d'une arrestation de Sean Canty et le bruit typique des voitures de rallye faisant d' étonnantes apparitions et comblant ainsi votre serviteur amoureux fou des sons de ce type de compétitions depuis son enfance au point de les écouter sur Youtube. Si si je vous jure !!! "Drum Machines" est essentielle comme à peu près tout ce que ce duo mancunien apparu il y 12 ans nous a offert. Toujours en mouvement et refusant obstinément le statu-co. 12 ans déjà !? Il est peut être venu le temps de vous offrir une petite sélection DWTN de l' oeuvre considérable de ces deux petits génies abonnés perpétuels des Top d' ici au point d' avoir leur propre catégorie l' an dernier intitulée "Hors Concours". Pour plus de précisions allez faire un tour sur le blog via les mots clés concernant nos deux gars. TOP ALBUMS & COMPILATIONS. 1. DEMDIKE STARE Tryptych (2011) Tryptych compile leurs trois albums sortis en une seule année (2010), "Forest of Evil", "Liberation Through Hearing" et "Voices of Dust". Trois disques inséparables les uns des autres de par l' exercice compilatoir et aussi parce qu' ils semblent uniformes malgré le fait que l'on voit les Demdike Stare continuer à évoluer. Sortie en 2011 "Tryptych" est un monumental coup d' éclat dévoilant toute la singularité et le talent de ce duo de collectionneurs et Dj. Eux si allergiques à la répétition prouvait que l' on pouvait s' inspirer du passé et le vénérer tout en créant une musique profondément originale. A la croisée de courants alors en pleine émergence et appelés à avoir un poids considérables après, l' Hauntology, l' Hypnagogic Pop et la Witch House , les Demdike Stare devinrent alors et pour toujours les piliers d' une sorte triangle d' or Hauntologique et révolutionnaire dans ce domaine avec James Ferraro et Leyland Kirby. 2. DEMDIKE STARE Testpressings#001-007 (2013-2016) En 2013 le duo fête à peine ses 4 ans d' existence mais un rapide coup d' oeil dans le rétro permet déjà de contempler une très riche carrière malgré sa jeunesse. Trois albums et plus de 5 ep sans parler des mixtapes tout autant passionnantes que le reste. Artistiquement les Demdike Stare ont atteints des sommets et auraient pu continuer comme d' autres dans leur petite niche mais les deux gars détestent la patinage et le recyclage facile. Ils préssentent être dans une ornière créatrice. La série de singles intitulés Testpressings est le basculement d' une carrière un brin trop balisé et prévisible qui en aurait contenté plus d'un mais pas eux. Débutée en Mars 2013 elle les verra partir à l' aventure et se laisser aller à oser faire un peu n' importe quoi et se lâcher totalement quitte à laisser le hasard prendre une place prépondérante dans leur création. Ces fans de Hip Hop, de musique de film et d' objets sonores en provenance d' endroits obscures et exotiques (Surtout Sean Canty) puisent plus clairement dans leur culture dancefloor (surtout Miles Whittaker) et s' y replonge en omettant toujours pas de ne surtout pas répéter le passé. Habitué à la précision, au lente progression et aux ambiances plombantes on se retrouve face à des relectures de genre sauvages , décomplexées et totalement nouvelles. La Jungle, le Hardcore, la Techno, l' Indus ou le Breakbeat sont défigurés, concassés et recrachés comme jamais auparavant. Avec du recule on peut considérer les 7 singles comme leur version tout à fait personnelle de ce qui est en train d' apparaître ailleurs, la Deconstructed Club. Encore une fois les Demdike Stare revêtissent les apparats de discrets précurseurs. Pendant près de deux ans ils vont se concentrer sur cette série délaissant le format album et quand ils reviendront à ce format la mue sera totalement opérée pour leur "deuxième" carrière. 3. DEMDIKE STARE Wonderland (2016) En 2014 le virage est terminé et les Demdike Stare vont entériner cette nouvelle politique artistique avec leur quatrième album. Manquait juste le petit détail. Une et totalement imprévue qui va pousser les deux gars encore plus haut et loin que laissait entrevoir les Testpressings. Avant de signer chez Modern Love et dès 2009 pour sortir leurs premiers disques ils avaient créés leur propre label, DDS. En 2013 ils publient un disque de Nate Young des Wolf Eyes. 2014 prouve leur large vision, leur sens inné en matière de curiosité et leur flaire infaillible en matière d' expérimentation sonore de haute volée ainsi que leur talent de taulier de label. "Buterfly Effect" suivi plus tard par "Heat" et "Yes" dévoile leur passion justifiée du producteur iconoclaste japonais de minimal Techno Shinichi Atobe. Une autre icône adulée par ce blog passera régulièrement chez les Demdike, Mica Lévi avec "Feeling Romantic Feeling Tropical Feeling Ill" et "Taz and May Vids" qui nous fera découvrir la majestueuse Tirzah. Mais si il y a une signature qui va profondément marquer l' oeuvre des Demdike Stare et surtout inévitablement à citer pour "Wonderland" c' est celle des jamaïcains d' Equiknoxx et leur Dancehall innovateur remaniant ce vieux courant de fond en comble. On ne peut pas comprendre ce qui a changé entre les Testpressings et "Wonderland" si on écoute pas "Bird Sound Power" et "Colón Man". "Wonderland" peut paraître être le résumé des années précédentes de l' aventure Demdike Stare mais tout autant une énième évolution. Le Dancehall new generation se faufile entres les affinités Ambient des débuts et la Jungle déconstruites des Testpressing avec tout ce qu' il faut en matière d' exotisme sonore et d' enregistrements improbables. Disque plus facile d' accès car moins rêche il apporte aux Demdike Stare une plus grande attention médiatique et un nouveau public plus habitués aux dancefloors. 4.MILES Faint Hearted (2013) Premier disque solo dans ce top de l' un membres Demdike Stare. Sur cette magistrale échappée Miles Whittaker dévoile tout son talent et sa culture encyclopédique de Dj. Et comme chez Demdike avec une patte bien personnelle et originale. Travail de déconstruction toujours qui nous plonge face à des artefacts à peine reconnaissables de jungle, de Dub, d' Ambient, de Chicago house,d' Hardcore UK, de musique concrète Italienne, de Synthwave et de musique contemporaine électronique. Ne surtout pas oublier le ep sorti à la même époque, "Unsecured". Les fans des premiers Andy Stott vont déguster ce disque qui préfigurera la collaboration entre Whittaker et son collègue de chez Modern Love. 5. DEMDIKE STARE Elemental Part 1 & 2 (2012) Peut être l' album compilation le plus méconnu du duo. Compilant les deux ep "Elemental" sorti la même année ce disque clôt donc la première partie de leur carrière. On ne peut pas vraiment dire qu' il a à rougir face au gigantesque "Tryptych" mais à sa sortie il marqua moins les esprits tant les mancuniens semblait repasser là où ils nous avait amener depuis 2009. Une impression de déjà vu qui donc semblait les gêner aux aussi. Avec le recule "Elemental" apparaît comme la parfaite conclusion d' une époque qui pourtant avait encore à offrir et laisse à penser que les Demdike Stare sont extrêmement rigoureux et intransigeants avec eux même . A la fois résumé et approfondissement de la période Dark post-indu ce disque classé 5 ème peut tout aussi bien avec le temps rester à cette place comme prendre celle de "Tryptych" tant ils sont du même niveau et similaire. 6. DEMDIKE STARE Passion (2018) Alors qu' il semblait que les Demdike Stare s' assagissait en terme d' agression sonore et d' aspérités sur "Wonderland" pour se faire plus cajoleurs voilà que "Passion" les voit replonger dans "Testpressings" tout en maintenant le cap vers des choses assez lointaines tel la Pop et le Post-Punk. Mais surtout alors que l'on pouvait redouter un coup de fatigue en approchant les dix de carrières on découvre nos quadras en pleine forme et absolument pas largués par les petits nouveaux d' un genre auquel ils avaient participé à l' apparition indirectement, la Deconstructed Club. Ce disque apparu donc en pleine explosion Deconstructed Club est à ce jour celui qui mérite le mieux l' étiquette même si déjà avec les précédents disques le duo faisait déjà dans ce courant mais d' une manière tout à fait originale. La même démarche donc que les autres champions du genre en 2018, Lotic SlikBack et Debit, quand carrément, on voit nos deux vieux copains s' emparer avec succès des sonorités Hyperpop façon Sophie et mélanger tout ça à l' abstraction à la Zuli et à l' instar de ce dernier d' une façon susceptible immédiatement d' élargir encore plus les horizons du genre. Comme "Elemental Parts 1 & 2" et au vu de l' homogénéité qualitatif de leur discographie il est fort probable qu' avec le temps ce "Passion" ne déboulonne pas le trio de tête. 7. MILLIE & ANDREA Drop The Vowels (2014) Millie c' est bien sûr Whittaker quant à Andrea c' est le collègue de chez Modern Love et vieux copain de jeu de Miles, Andy Stott. Rencontre au sommet donc qui tient toute ses promesses. L' univers de Whittaker en solo ou avec Demdike Stare et celui de Stott alors à son sommet après son gigantesque "Luxury Problem" de 2012 se croisent et offre de nouvelles pistes. Moins sombre que leurs autres travaux et plus viscéral ce disque délivre son lot d' étrangetés parfois Techno reposant sur une forte base de Breakbeat génétiquement modifié et déconstruit. Bien sûr l' entente Whittaker/Stott n' arrive pas toujours au niveau de Demdike Stare mais très souvent ce disque pouvant paraître anodin comme souvent dans ce genre de collaboration peut surprendre voir emballer l' auditeur même si il est déjà un habitué. 8. DEMDIKE STARE Symbiosis (2009) Premier album compilatoire du duo il rassemble leur deux premiers ep éponyme sortis la même année. Réécouter "Symbiosis" en 2021 amène à plusieurs réflexions. D' abord celle que le chemin parcouru depuis est gigantesque et les territoires foulés bien plus multiples et variés que l'on aurait pu alors imaginer. Ensuite qu' immédiatement cette association de deux personnalités différentes, un dj féru de Dancefloor et un rat de discothèque, se mit à produire quelque chose de totalement inédit. De là à imaginer qu' ils allaient appartenir à la caste des plus grands producteurs de la décennie suivante il y avait encore un pas. "Symbiosis" les voit mettre en place les recettes de leur succés artistique. Pas tout à fait aboutie mais bel et bien prometteuse cette recette. Dernière réflexion et pas des moindres c' est peut être le disque où est le plus facile de décrypter l' une des grandes influences du duo en cette fin 00's. Le choc Burial arrivé 3 ans plus tôt semble alors avoir décomplexé les deux membres de Demdike Stare et on peut avec précaution désigner "Symbiosis" comme l' équivalent de ce qu' avait Post Punk au punk pour le Dubstep première génération, son Post-Dubstep. Loin d' être une simple ébauche ce premier disque a les défauts du jeune âge du duo mais peut de nouveau être écouter 10 ans après sans réellement paraître dépassé ou anecdotique. Plus d'un aurait signer pour produire un premier effort de cet acabit. Disques disponibles ici: LIVE, MIXTAPE ET AUTRES. Comme je l' écrivais au sujet de la récente "Drum Machines" l' art de la mixtape chez les Demdike Stare est élevé et fait figure de clé ultime pour décrypter leur musique. Une fois que vous vous êtes allé à plonger dans l' une d' elle vous ne rêver que de retourner dans les albums studios afin de mieux les apprécier. De même que les mixtape certaines de leurs prestations live sont des coffres à Trésors dans lesquels le duo dévoile un peu plus leur culture musicale gigantesque avec un art bien à eux du Djing. Cosmogony (2017) Mixtape commandée par l' INA GRM de Paris à l' occasion du festival Présences Électroniques 2017 dans laquelle les Demdike Stare puise dans la collection gigantesque du nid de la musique Concrète. Ils se révèlent être de très fins connaisseurs et font découvrir des légendes tel Pierre Henry, Bernard Parmegiani et Guy Reibel. Embedded Content (2020) The Weight of Culture (2013) Post Collapse (2014) Circulation (2017) Sortie juste après "Wonderland" cette mixtape comme "Drum Machines" permet de percer à jour le processus créatif alors à l'oeuvre du duo Stitch By Stitch Part 1,2,3,4 (2018) Le même procédé que 3Circulation" mais au sujet de "Passions" The Feed-Back Loop (2018) avec le Gruppo d'Improvvisazione Nuova Consonanza Berlin 09-03-2019 (2019) Live Rendez-Vous Contemporains de Saint-Merry (2019) Live enregistré en l' église Saint Merri la même année
- En passant : The Caretaker sous la neige
Météo France nous annonce de la neige d' ici ce soir. Et oui, Dancing in The Noise vous propose aussi un bulletin météo. Mais à sa manière. Personnellement j'adore la neige. Vraiment. Elle me transcende. Je ne suis plus le même dès le premier flocon. Une sensation de bonheur et de sérénité s'empare alors de moi. Alors voilà ce que je vous propose de faire. Quand ça va commencer, postez-vous à une fenêtre. Asseyez vous confortablement. Dégustez un bon chocolat chaud et laissez Leyland Kirby faire le reste. Vous êtes en hiver 1922. Les jours sont heureux. Une guerre derrière vous et la prochaine encore lointaine. Son dernier album "Patience (After Sebag)" vient tout juste de sortir et est encore un magnifique travail sur les textures sonores autour de la nostalgie et des souvenirs. Je reparlerai très bientôt de ce grand génie méconnu et de l' Hauntology qui est une variante de l' Hypnagogic-pop. Faudra que je vous parle de Derrida, de "fin de l' histoire", de Néo-libéralisme, de communisme, de la nostalgie d'un futur espéré et heureux. De Boards Of Canada, Philip Jeck, Burial, Demdike Stare etc etc etc. D'abord parlons de ses travaux sous le pseudo du Caretaker avec un court extrait avec un clip qui colle parfaitement, puis cet album dans son intégralité accompagné de son magnifique prédécesseur, "An Empty Bliss Beyond This World" . Kirby produit aussi sous son vrai nom et autant vous le dire tout de suite c' est autant bien si ce n' est mieux. Je ne peux pas vous laisser sans une trace de sa gigantesque compile "Sadly, The Future is no Longer What is Was", que ce soit en terme de quantité que de frissons qu' elle procure. Laisser-vous charmer par l' un des chantres de l' Hauntology.
- "Nevermind". Un bon copain de "classe" plus qu'un grand amour de jeunesse.
Finalement on change pas beaucoup d' avis en trente ans. Et certains souvenirs sont tenaces ainsi que les impressions ressenties quand nous vivons certains instants importants. On dit souvent que nous restons sur la première sensation ressentie à la première rencontre d' une personne ou d' un disque. Parfois c' est faux, d' autres fois c' est vrai. La suite de la relation confirmera souvent la première rencontre. Envers et contre tout. Plutot que vous balancer le roman historique institutionnel/médiatique alternant réécriture approximative et biaisée (ici) ou news sans intérêt pour alimenter le site numérique (là) autant vous donner la vision d' un type qui avait alors 17 ans et baignait déjà dans la culture Indie/Alternative. "Finalement on change pas beaucoup d' avis en trente ans." C' est ce que je me suis dis il y a quelques semaines alors que je débutais mon parcours mémoriel dans les sorties discographiques de cette putain d' année que fut 1991. Il fallait que ce blog, d' habitude plus porté sur la nouveauté et le présent, se penche une bonne fois pour toute sur cette putain d' année prolifique en grands disques . Des disques alors révolutionnaires dont on perçoit encore fortement le poids de leur influence sur la scène actuelle et dans l' approche de ce blog sur la musique . Même trois décennies après. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Commençons d' abord par un disque au statut mythique dont on réentend beaucoup parler en cet automne 2021 mais qui, à mon humble avis et tel que je ne le conçois depuis 91, n' est pas réellement un de ces disques révolutionnaires dont je vais vous parler prochainement. Un bon disque, voir un très bon, mais pas un de ceux qui changea ma vision de la musique. Octobre 1991, dans un internat corrézien. Je me souviens donc très bien de mes premières impressions quand un fan des Guns n' Roses me fit une copie de "Nervermind" en échange d'un Happy Mondays à moins que ce ne soit le "Nowhere" de Ride. Je vous l' a fait cours mais je pense que mon contexte personnel apportera beaucoup à l' étrange relation entretenue avec "Nevermind" et le phénomène Nirvana. Dans le lycée privé où je passais mon temps à lire le NME et les Inrock, bien plus qu' à me plonger dans les études, j' étais comme un gentil petit poisson prolo et timimide. Un ado en guerre contre l'institution scolaire, d' où mon placement dans ce lycée privé. Un type un brin trans classe sociale, le cul entre deux chaises, perdu au milieu de la bourgeoisie du coin. Un ado sans trop d' espoir en l' avenir parce qu' il pressentait déjà que l' ascenseur social et matériel dont ses parents avaient bénéficié et tentaient de lui en faire profiter allait s' interrompre durablement ou tout du moins devenir bien plus hypothétique. Quant aux bourges de mon adolescence, pas encore tout à fait en mode défense agressive macroniste, ils avaient gardé les us et coutumes traditionnelles de leur classe sociale. Quand on ne les caressait pas dans le sens du poil, ils vous le faisaient bien ressentir que vous étiez le rejeton de gens d' en bas. Et en plus je devais réfréner quelques "tics" et paroles maladroites inhérents à mon héritage familiale de gauche et un timide début de conscience Marxiste. Je n' étais pas le seul dans ce cas et souvent les types de mon genre avaient pour trait commun l' habitude de se plonger dans la musique histoire de se créer son petit cocon. Pas réellement d' autres alternatives en la matière. Dans l' internat il y avait un type encore plus bizarre et secret que moi selon les autres. Rangers, cheveux longs et T-shirt de groupe et manières rustres, il détonnait. Il n' avait pas les codes du bahut et en devenait charmant à mes yeux. C ' était déjà l' un de ces nombreux ados ruraux chez qui le Hard Rock devint une bouée de sauvetage. Une sous culture à la française passée très longtemps sous les radars médiatiques pour ensuite être ridiculisée chez l' ignoble bourgeois Yann Barthes. Et même si nos goûts différaient notre passion commune fit que nous adorions partager ce que l'on aimait. Non sans quelques frictions et incompréhensions. Pour ceux qui y ont échappé, les Guns'n'Roses en pure version 80's Remarquez le subtil mais surtout opportuniste changement de look d' Axl Roses et vous comprenez l'impact de Nirvana (eux aussi chez Geffen) même chez les plus toc et idiots des artistes. Finalement on sera toujours reconnaissant envers Nirvana de nous en avoir débarrasser. Et d' avoir refuser une tournée commune proposée par Geffen. A moi la découverte de Motörhead, AC/DC, Guns'n Roses et Metallica. A lui de se farcir les Stone Roses, The la's, The Smiths, Ride, Happy Mondays, My Bloody Valentine. En général, chacun restait sur ses positions mais faute d' autre truc à faire, on persévérait. J' avais placé beaucoup d' espoir dans la scène indie américaine aux goût prononcé pour la violence sonore mais même Sonic Youth et Dinosaur Jr recevait des sentences tel que "Trop compliqué" ou "Trop Bizarre". ET ne parlons pas du jour de sa réaction où je lui montrai à ce pro AC/DC-Métallica une vidéo des Smiths à Top Of The Pop, l' observer devant le Moz avec ses postures dandy, ses petites lunettes et son bouquet de fleur dans les fesses. Alors dans ces conditions l' idée de lui faire écouter la techno LFO ou l' Ambient House de The Orb ne m' effleura même pas l' esprit par peur d' une réaction encore plus violente. En ces temps-là l' ouverture d' esprit ne brillait pas franchement (dans toutes les classes sociales) et la misogynie, le racisme avec l' homophobie régnaient en maître. Plus que maintenant. Les garçon hétéro ou pas revendiquant une certaine part de féminité en lieu et place d'une virilité affichée devaient se faire plus discrets. Trente ans après je me demande si ce type fan des Guns et notre relation ping pong faites de débats musicaux ne m' ont pas fait finalement plus de bien pour une certaine ouverture d' esprit en matière de musique que bon nombre d' amis et connaissances lecteurs des Inrocks ou touristes de Route du Rock rencontrés plus tard. Un jour ce "métalleux" débarqua dans ma chambre avec une cassette faite pour moi. Il avait recopié un album sorti à peine quelques jours plus tôt et repéré par ses soins dans un magazine de Hardos dans lequels j' allais parfois piocher des infos sur le Punk Hardcore. C' était surtout la pochette qui lui avait fait déclencher l' achat. Et comme il me l' avouera plus tard, le côté "chochotte" et "pleurnichard" du chanteur lui avait paru susceptible de me plaire. Un choc "pop" sans trop de lendemains. En gros ma première rencontre avec Kurt Cobain ça a du donner de ma part quand il me demanda mon avis : "Un truc puissant avec un titre gigantesque". Le "puissant" désignait surtout le son et bien moins l' aspect artistique ou une quelconque fraîcheur révolutionnaire. Au hasard de ma mémoire ces deux derniers aspects avaient été alors cochés par des titres d'un tout autre genre tel la House de "Pump Up The Volume" de M/A/R/S/S ou encore "You made me realise" qui ce dernier, pour le coup, cochait également la case puissance sonore et guitare encore réel symbole de rébellion. Mais en écoutant l' album ce n' est vraiment pas la sensation hybride d' étrangeté, d' incompréhension puis finalement de fraîcheur et de claque absolue qui s' empara de moi comme ce sera le cas avec d' autres. En conclusion j' ai du conclure : "Pas franchement nouveau. Du bon punk quoi! Ça va pas changer le monde ". "Nous sommes juste des Punks Rockers" Cobain 1991 Infiltration (du) ou appropriation (par) le Mainstream ? Faut toujours remettre dans le contexte. Les influences Hardcore et Noise de Nirvana trahies par l' agression sonore expliquaient en partie que Nirvana ne sonnait pas réellement nouveau. Deux courants qui avaient alors près de dix ans d' existence. Ce que l'on appela le Grunge était surtout une forme de localisation plus géographique (Seattle) que stylistique. Étiquette fourre-tout devenue après "Nevermind" un bon argument publicitaire. Plus complexe que le simple cas Nirvana et quelques variations qui faisaient bien des différences sont apparues. Les confrères "Grunge" de Nirvana tel Alice In Chains et Southgarden étaient bien plus proche du son du Heavy Metal et du Hard Rock que du Hardcore et du Noise. Oui "Smell Like Teen Spirit" déchirait tout sur son passage avec son étrange perfection en matière de crochets Pop/Punk déviante mais sur la longueur je n' y voyais qu'un truc alliant donc le savoir faire mélodique des Pixies (les petits cocu de l' histoire) et l' attaque sonique de Sonic Youth avec les us et coutumes Hardcore de Husker Due et Big Black. Un assemblage hétéroclite de référence déjà connues par votre serviteur et d' autres. La singularité qui me les rendait touchant était une certaine émotivité liée à de la fragilité et de la sensibilité inédite dans ce genre de musique brutale. Mais assez courantes dans l' Indie post-Smiths que je fréquentais assidûment. Ce qui me charmait le plus finalement c' était la confrontation d' une certaine vulnérabilité avec un son agressif gonflé à la testostérone par la production d' un Butch Vig. Ce dernier agissant derrière la console tel une caution "grand public/MTV" pour le label Geffen. Nirvana venait juste de signer chez Geffen qui n' était pas vraiment un "vrai" label Indie tel SubPop, l' ancien label des Nirvana, mais plutot la porte d' entrée vers l' alternatif de la major Warner pour sucer à peu de frais ce qui pouvait exploitable de ce courant . Nirvana avait simplement suivi l' exemple de Sonic Youth un an plus tôt pour "Goo" après des années dans l' underground . La bande de Thurston Moore avait la ferme intention, se sentant mûr pour cela, de foutre la merde dans l' industrie musicale des gros labels en s'y infiltrant. D' ailleurs c' est par l' entremise de Sonic Youth que Cobain & co atterrirent sur cette major. Sonic Youth avait les épaules plus solides et probablement plus de lucidité et étaient assez expérimentés. Pas Nirvana comme le confirmera le triste sort de Cobain qui lui, n' assumera que difficilement ce passage à l' ennemi et surtout ses conséquences dont celles du succès sur une vie personnelle déjà bordélique. Cobain un autre type le cul entre deux chaises dont il tomba d' une certaine manière. Surprise tout de même en ce qui me concernait , ce qu' on appelait alors du "Hard Rock" dixit le type, pouvait être super et rien à voir avec les pathétiques Guns dont il me bassinait régulièrement et prouvait que l'on sortait enfin des 80's toc. Il y avait donc de l' espoir pour l' avenir. Ma vieille habitude de traîner là où un lecteur snobinard de Pitchfork ou des Inrocks n' oserait pas vient un peu d' ici. J' écoutai donc "Nevermind" assez souvent pendant au moins... un mois ! Et c' est tout à vrai dire. Et pas du tout exclusivement comme ce sera le cas pour d' autres. Ce disque malgré son agressivité sonore ne se démarquait pas réellement de mes autres disques plus anciens aux styles bien autres. Avec du recule je me mis même à détester tout ce qui portait la Butch Vig Touch en matière de son gonflé aux hormones susceptible de plaire au publique MTV, Green Day, Smashing Pumpkins et les Foo Fighters. Sonic Youth réussissant à limiter ses fâcheuses tendances sur "Goo". "Nevermind" ? Un bon disque mais pas suffisamment pour prendre la place de tous les autres. Nirvana? Un groupe que l'on défendait parce que proche de ce que l'on écoutait comme un peu la compassion éprouvée pour le copain d' internat plus nature que vous-même et pris à partie pour cela par des rugbymans dans une boite de nuit. Mais pas le grand amour adolescent. Une courte amitié avant deux rencontres amoureuses décisives. Et puis arriva un légendaire Mercredi de Novembre au cours duquel je me rendis au magasin La Carmagnole pour acheter deux cassettes. Deux albums de groupes que j' estimais déjà et qui commençaient à recevoir des critiques dithyrambiques d' une certaine presse pointue. "Loveless" de My Bloody Valentine et le "Screamadelica" de Primal Scream qui sorti début Octobre avait pris son temps pour arriver dans les contrées sauvages de la Corrèze. Je n' écoutai plus du tout Nirvana pendant les semaines qui suivirent, les deux autres disques et les courants auxquels ils étaient affiliés trustant mon temps. Au grand dam du Hardeux qui ne voyait en "Screamadelica" que de la musique de "tarlouzes" dans la grande tradition anti-électro d'un certain publique. Mais alors le sommet de son dégoût c' était quand il se révélait totalement horrifiés par ce qui n' était pas pour lui de la musique, "Loveless". Bon visiblement il ne suffisait pas d' adorer Nirvana pour voir tomber certaines œillères. Cobain s' en apercevra et développera une certaine méfiance à l' encontre d'une partie de son publique. Lui qui était capable de craquer pour des titres comme l' Europop "Crucified" d' Army Of Lovers. Un choix partagé par votre serviteur. En fait de "Nevermind" ne subsistait dans mes écoutes que "Smell Like Teen Spirit" refourgué à l' occasion de soirée collective plutot que celles solitaires réservées à la musique la plus prégnante. Un titre facile par ses crochets Pop à balancer dans une fête histoire de charmer le plus grand nombre sans risquer de passer vraiment pour un type bizarre mais en dévoilant son petit côté rebelle. Et puis chose étrange, le titre jugé bourrin par mes pairs Bourgeois devint cool après sa diffusion tardive chez Lenoir et sa chronique dans les Inrocks. Et le gentil copain de classe looser de devenir un étendard rebelle marquant la fin d' une époque. Nirvana fut finalement vite oublié jusqu' à ce qu' un soir de biture adolescente en Mars 92 je me retrouve sur le piste d'une boite de bourge à Brive. Oui je sais j' avais de très sales fréquentations. Un deuxième choc. Le truc que l' un des looser du bahut avait fait écouter à un autre type aux goûts bizarres, un truc appelé à rester dans l' ombre, et bien passait pour divertir la jeunesse bourgeoise du coin à sa plus grande joie. Et elle en redemandait cette conne alors que la chanson mettait à mal leurs équivalents américains. Au même moment les prolos et les bouseux des campagnes, mais pas dans les même boites bien sûr, et qui eux aussi voyaient parfois d' un regard scrupuleux nos passions musicales et nos looks iconoclastes, dansaient aussi sur Nirvana. Eux c' était plus prévisibles puis qu' ils devaient bien sentir que le type hurlant sur ce titre était comme eux. Un fils de prolo. Et votre serviteur de voir pour sa première fois dans sa vie d' Indie Boy le phénomène appelé Overground consistant à voir un artiste de l'Underground se mettre à percer dans le Mainstream. En définitive la réelle conséquences de la pseudo révolution Nirvana vendue depuis trente ans fut ça, l' overground. Pour le meilleur comme pour le pire et c' est surtout l' underground Indie qui en fit les frais. Quelques jours plus tard je découvrais ahuri mais également euphorique la tronche de Nirvana au Top 50 quand le groupe atteignait la 1ère place en nous débarrassant pour l' occasion de François Feldman. Et Nirvana de devenir une sorte d' héros alternatifs vengeurs dont on se mis à réécouter bien sûr la musique pris dans le raz de marée, mais alors sans communes mesures comme c' était le cas pour Massive Attack, My Bloody et Primal Scream qui eux pour le coup de brillèrent pas vraiment dans nos Top nationaux. Finalement "Nevermind" était le genre de disques que l'on écoutais qu' en compagnie histoire d' affirmer qu' ils venaient de notre marotte alternative qu' à l' accoutumé cette même compagnie méprisait ou ignorait. Dans le secret espoir qu' à la suite de Nirvana ils s'y mettent tous et les idoles de Cobain Sonic Youth de foutre le bordel encore plus dans les charts. Extrait du documentaire tourné alors que Nirvana n' était qu' un petit groupe Indie ouvrant pour leurs idoles Sonic Youth. "1991 : The Year Punk Broke" que l' on traduisit par "l' année où le punk éclata" en pensant en terme de succès alors que la suite prouva l'autre traduction possible: L' année où le Punk se cassa. Le "vrai" rock, réellement contestataire, rebelle, après des année de lobotomie Pop Mainstream et de pastiche Hard Rock grand public sembla alors dans certains esprits effectuer son grand retour après celui du Punk 15 ans plus tôt. C 'est ce que l'on pensa et ce qui poussa justement des types comme moi à utiliser "Smell like Teen Spirit" en soirée tel un étendard. Histoire de croire que notre génération avait enfin droit à son grand moment rock'n'roll et révolutionnaire comme ceux des 50's, 60's et 70's après des années 80 passés dans les chambres indie et les entrepôts alternatifs. La Mano Negra et Les Négresses Vertes plus tôt avaient touché une plus large publique alors pourquoi pas leur version anglo-saxonne jugée bien meilleurs selon nous. Sombre couillons que nous étions. D' abord parce que ce que nous prenions pour le premier cocktail Molotov de l' émeute n' était rien de moins que le cri et les râles d'un Rock qui agonisait et voyait sa domination dans l' imaginaire contestataire s' effondrer. Le Rap et la culture Dancefloor avec ses différents styles allaient bientôt prendre sa place dans le Mainstream. Secundo, et plus personnellement soit encore plus idiot ou du moins un brin hypocrite, c' est que justement je n' y croyais plus vraiment. Je sortais de Madchester et donc la culture Dancefloor j' y avais déjà un pied. La culture "Street" et Hip Hop m' avait également touché au cœur plus tôt et le Trip Hop et la Jungle allaient bientôt m' emporter. Mais que voulez-vous, même jeune et branleur, on veut toujours ressembler à certains illustres ancêtres. S' y référer alors qu' ils ont déjà plus ou moins été ingurgités et aseptisés par le système contesté. L' après "Nevermind" et ses conséquences. Depuis j' ai toujours rencontré une certaine incompréhension quand je donne mon avis sur ce disque et sur le mythe qui lui est bien plus critique . Son statut mythique aveuglant certains justement. Statut provenant bien sûr du succès rencontré mais également construit en partie par des médias regrettant leur monopole pré-internet en matière de prescription et par une frange du public rock et Indie trop addict aux uniques guitares jusqu' à se vautrer par la suite dans le rétrogaga non innovant. "Nervermind" est un bon disque dans son ensemble avec une chanson énorme. Le dernier gros mollard punk d'une époque qui se terminaient. Mais pour moi une fois la personnalité attachante de Cobain et le succès commerciale imprévisible faussement purificateur passé, rien de plus. Un disque parmi tant d' autres. Et la machine nostalgico-gaga à institutionnaliser de s' emballer. Au moins ce qu' il y avait de bien avec Nirvana, attention me voici en mode " c' était mieux avant", c' est que ce n' étais pas alors "Vintage" justement. Pas un retour en arrière mais tout assurément un réel statu quo artistique caché par un songwritting au dessus de la moyenne. Le Punk n' avait que 15 ans et Nirvana ne sonnait pas comme une resucée facile des influences de Cobain qui quant à elle, donneraient à rougir aux rétrogagas Indie actuels par sa diversité et ce une époque encore plus adepte des niches stylistiques. Mais certains disques de 1991 avaient quant à eux en matière à briser les frontières bien plus de potentiel et étaient porteur d' une modernité bien plus forte que Nirvana. Et c' est toujours la modernité qui fait tripper la jeunesse parce que plus porteuse d' espoir et de changement que la nostalgie. "Screamadelica" pour le rock rencontrant le Dancefloor et la révolution Acid House. A Tribe Called Ouest avec son Hip Hop croisé au Jazz préfigurait le Trip Hop qui déboulait avec Massive Attack. Dans la queue de la comète Madchester bon nombre d' Indie se ruaient sur les disques de The Orb ou LFO. La modernité venaient souvent de la perfide Albion alors qu' aux States la scène alternative favorisait un culte d' une certaine authenticité parfois un peu trop allergique à toute évolution stylistique et métissage. "Nevermind" apportait tout de même une certaine nouveauté pour ceux qui n' avaient pas fréquenté l' Indie music. J' ai croisé par le passé bon nombre de fans qui était tombés un jour sur Nirvana à la radio et avaient fini leur parcours initiatique par le Post Punk (haut lieu en mixité stylistique) ou l'indie la plus délicate et subtile. Mais je doute que découvrir Nirvana était gage de faire son entrée dans le monde sonore du Dancefloor. Une petite porte d' accès à l' Indie comme plus tard avec Oasis ou Radiohead en Angleterre mais ne débouchant pas nécessairement sur tout cet univers complexe qui allait progressivement se cloîtrer à son tour. "Yanks Go Home!", la couve patriotique anti-grunge qui lança la Britpop D' ailleurs au sujet d' Oasis il ne faut jamais oublier que la Britpop fut une réponse patriotique britannique au déferlement grunge de 91-92. C' est que Nirvana avait réussi là où très peu de groupe Indie étaient arrivée depuis The Smiths. Les sommets des charts. Et c' est peut être là où on s' aperçoit d'une conséquence fâcheuse du succès de Nirvana et de son aspect traditionnel punk-rock. Les British auraient pu opposer au Grunge ce qu' ils avaient de mieux en terme d' innovation depuis peu avec leur grande tradition de brassage stylistique et culturel . Le shoegaze ou le Post Rock naissant version Main et Seefeel alors en plein essors allié à son savoir faire Indie d' un côté, de l' autre la culture dancefloor avec l' électro avec ses nouveaux courants de l' autre puis plus tard le Trip Hop. Au lieu de ça par réaction ils décidèrent de jouer sur le terrain ricain des guitares gonflées à la testostérone à piochant dans leur passé, gage de succès en terme de vente. Suede par son efficacité Glam Rock et son androgynie fut la tête de pont de la contre offensive. Et si ils gagnèrent un temps, et uniquement sur leur terres parce que seul Oasis eut un petit succès outre Atlantique, , ce fut au final une certaine idée qui se perdit durablement. "Loveless", "Screamadelica" et "Blue Lines" étaient leurs armes mais ils préférèrent pour retenter la British Invasion des 60's imiter le mode opératoire américain moins porté sur les brassages, l' expérimentation et totalement étranger pour un bon moment à la culture Dancefloor. Trois Chefs d' œuvres révolutionnaires qui ont fait le fan de musique que je suis encore trente plus tard et auxquels je serai redevable à vie. "Nervermind" si ce n' est qu'une plus grande diffusion des musiques alternatives un bref temps n' apporta pas vraiment de changement ni une profonde révolution comme on l' écrit encore de nos jours. Il peut donc, dans un certain sens, annoncer la fin de l'histoire d' une certaine vision musicale (du rock comme vecteur de changement?) à l' image d' autres qui le décrétèrent politiquement et économiquement une fois le mur de Berlin tombé. Le néo-libéralisme et les vendeurs de nostalgie avaient définitivement la voie libre pour s' imposer. Le dernier grand succès de Nirvana, une fidèle reprise acoustique d' un vieux Bowie. La rétromanie allait débuter. Nirvana: Source de quiproquos Je ne recroisai plus jamais le fan des Guns'n'roses. Je continuais pendant quelques temps de fréquenter la bourgeoisie mais uniquement par le biais de la musique indie car elle se l' était accaparée en France. D' ailleurs, c' est toujours le cas. Quand il était question de Nirvana une certaine incompréhension face à mon avis m' amena à bien des quiproquos. Certains Bourges rentrés dans l' indie suite au phénomène Nirvana (ou indirectement via la Britpop puis le revival Rock des Strokes/Libertines), devenus moqueurs de son succès populaire par snobisme, me rejoignaient par un certain opportunisme dans mon jugement sur ses qualités artistiques et sa vraie fausse modernité. Les prolos d' Oasis, la version British de l'overground Nirvanesque, en firent les frais également. Renvoyés qu' ils étaient à leur pillage des Beatles et leurs sales manières de prolos. Opportunistes et de sacrés hypocrites parce que les même pataugeaient (et toujours) dans la mélasse rétro tellement ce n' était pas dans leur gènes de bourges conformistes de briser les frontières stylistiques ou sociales. Les autres, dans une démarche plus saine ,parce que souvent pas bourgeois et profondément fan de musique, ne comprenaient ou n' adhéraient qu' à moitié à mon jugement m' accusant à mon tour d' un certain snobisme. "Nevermind" a été un phénomène socio-culturel disant beaucoup de chose de l' époque qui l' a vu apparaître et préfigurant la suite, mais non, cela ne suffit pas pour faire de lui un Chef d' oeuvre révolutionnaire artistiquement. "Screamadelica", "Loveless", "Blue Lines" eux, le sont. 1991 dans DWTN , à suivre ...
- SPACE AFRIKA, ambiances mancuniennes post-Black Live Matter
Cela fait trois ans que Space Afrika (voir ici)tapait discrètement mais de plus en plus fortement l' incruste dans ce blog. "Honest Labour" leur troisième vient de sortir et voit ce duo tutoyer les sommets en matière d' Ambient. Une Ambient bien différente de la caricature que s' en font les neuneus qui n' y voit qu' un simple truc relaxant un brin prise de tête boosté par le confinement et son repli sur soi. Entre le moment de leur découverte par ce blog et "Honest Labour" les deux Joshua, Tarelle et Inyang, ont effectué de sacrés virages stylistiques jusqu' à cet automne pour nous offrir leur meilleur disque à ce jour. En 2018 DWTN avait déjà craqué pour leur deuxième album "Somewhere Decent To Live". Une merveille d' Ambient Dub disant adieu aux dancefloors mais qui tel un Lee Gamble récupérait ses tropes (Jungle, Grime, Techno, Garage, Deep House) en les transformant radicalement. Plus tôt ce duo de Dj avait débuté par un premier album plus Techno qu' Ambient. Tel des chroniqueurs plus Populo que mondains ils sortaient dorénavant du club pour découvrir ce qui se passait la nuit dans leur ville. Et pas n'importe quelle ville, Manchester. Ils nous la recrachaient à la gueule cette foutue ville qui s' incruste en permanence dans la vie de certains fans de musique depuis des décennies quite à devenir une seconde patrie pour nombre d' entre nous. La sortie du Dancefloor s' accéléra l' an dernier avec la mixtape "Hybtwibt". Votre serviteur ne s' est toujours pas remis de certains de ses moments déchirants tel la bombe d' émotion "Oh Baby". Les Space Afrika incorporait à leur musique le contexte politico-social de l' époque, soit le mouvement Black Live Matter faisant suite au meurtre de Richard Lloyd. Tel des documentalistes ils partaient de nouveau dans les rues mancuniennes et nous offraient d' une manière surréaliste leurs observations. "Hybtwibt", classé ici dans le top album 2020 tout comme son prédécesseur de 2018, les voyait également abandonner certaines de leurs habitudes et opter pour une plus grande utilisation d' enregistrements de terrains déformés par leur savoir en matière de production et dijing. Au vue du sujet abordé il était fort logique de trouver à leur mutante Ambient des senteurs Soul. Les tropes dancefloors se transformaient en son identifiables de la ville. Des crépitements vinyles par ci, des sons étouffés par là, Burial et l' Hypnagogic Pop n' étaient pas loin. Ici on pensa également à Klein. La trajectoire nouvelle prise par Space Afrika se confirma et se renforça en Juin 2021 avec la Bande Originale "Untitled (To describe You)" composée pour un cours métrage. Plus tôt dans l' année c' est un mix incorporant bon nombre de têtes connues par ici de charmer en confirmant qu' eux et DWTN partageait bien de passions communes. Teresa Winter, Burial, Perila, Klein et le lointain Dijit !!! Une mixtape qui préfigure à posteriori les tendances nouvelles et fortes d' "Honest Labour". "Honest Labour" est un pas encore plus grand et fait passer la mixtape et le Ep précédant pour de somptueux croquis d' une grande oeuvre. On retrouve l' art du collage sonore mais avec ce coup-ci avec la présence de collaborateurs vocaux tel des rappeurs et des chanteuses. Les voix provenant d' enregistrements continuent également d' être à l' honneur. Minimaliste à la première approche ce disque dévoilent des instrumentations et des sample bien plus profonds et riches qu 'il n' y parait. Leur diversité surprend aussi tel la présence de cordes provenant du classique, d' éléments et technique foncièrement Musique Concrète et enfin cerise sur le gâteau nordiste anglais des guitares typiquement Post Punk évoquant 4AD. Un autre courant se voit conforté dans les choix du duo c' est le Trip Hop. Pas la première fois ces derniers mois après l' égyptien Dijit et la collaboration The Bug/Dis Fig. "Honest Labour" est la version mancunienne des bouffées de fumée Bristolienne que l' on avait aspiré aux grandes heures de Massive Attack, Portichead et Tricky. Ce disque nous en rappelle donc bien d' autres par ici. Il nous parle du "North" et surtout de la ville des deux Space Afrika. Manchester sans faux semblant dans sa réalité la plus dure. Il pleut beaucoup à Manchester et ça s' entend . Manchester, la ville qui a pris pour emblème l' abeille ouvrière. "Honest Labour" est bien sûr un digne héritier du passé ouvrier de la ville mais s' inscrit dans un présent réel plutot que d' aller piocher dans la bibliothèque musicale du lieu. On est loin de tout le folklore des autoroutes mémoriels pour touristes musicaux nostalgiques de Joy Division et Factory Records. Manchester 2021, celui des noirs de la classe ouvrière. Prouvant que notre monde doit être avant tout appréhendé selon la séparation entre classes sociales plutot qu' uniquement ethniques comme aimeraient faire croire certains rois de la division dans leurs propres intérêts (Néo Libraux ou fascistes bien sûr). Que vous soyez blancs ou noir certaines choses ne diffèrent pas selon votre classe et d' ailleurs n 'ont guère changé depuis longtemps. Entre le quotidien des jeunes New Order et Happy Mondays dans les rues de Salford et celui des Space Afrika dans les blocs d' immeubles de nos jours les mêmes maux. Stylistiquement Space Afrika est bien plus proche de gens comme les Demdike Stare ou Andy Stott alors si ce n' est une certaine mélancolie doublée d'une colère ouvrière et le poids du ciel gris mancunien ils partagent plus grand chose avec Joy Division ou les Happy Mondays susceptible de charmer les Rétrogagas. Et pourtant ils parlent de la même chose que les idoles du passés mais le fond chez les rétrogagas a toujours moins compté que le déguisement culturel. Déchirante oeuvre engagée franchement cinématographique "Honest Labour" voit les Space Afrika franchir un palier gigantesque et inscrire dès à présent dans l'illustre histoire musicale d' une ville essentielle et sans qui probablement ce blog ne serait pas ce qu' il est.
- OÏ LES OX, Ovni de pop mutante francophone.
Ces derniers temps une radio "rock" diffusant sur Limoges ne cesse de passer une gigantesque quantité de chansons francophones reluquant très fortement sur la New Wave du début 80's. Peut être en plus des goûts de programmateurs connus pour leur penchants rétrogaga pour une triste question de quotas. Si parfois le célèbre phrasé non chanté de cette pop vintage peut m' interpeller par le petit travail d' actualisation des sujets abordés jusqu' à parfois trouver un échos avec notre monde contemporain il en est malheureusement bien autrement pour la musique. Rétromanie à tout va et réelle originalité nul part. Et voilà l' auditeur plongé dans une troublante et incongrue faille temporelle. La rencontre entre l' artiste, son époque et le public risque ne pas se faire sauf si bien sûr ce dernier vit dans un passé doudounesque lui aussi. Musique divertissante pour les drogués du vintage mais totalement désynchronisée si ce n'est larguée et hors sujet pour tous les autres. J' en étais resté là avec ce que l'on peut réellement désigner comme une forte allergie à une certaine pop francophone quand il y a quelques jours un disque s' est emparé de moi et ne me lâche plus depuis. Comme souvent en matière d' avant garde et de musique originale cette belle rencontre eut lieu par l'intermédiaire du label The Death Of Rave (Teresa Winter ici, Rian Treanor là, Maxwell Sterling). Comme ceux précédemment cités les paroles sont dans un français plus parlé que chanté et fortement imprégnées de surréalisme. On peut désigner cette musique comme une vraie "pop moderne" mais bien évidemment pas celle des jeunes d' il y a quarante ans. C' est que là s' arrêtent les similitudes. Pas de sensations rétrogaga tout au long des 4 titres présents sur ce disque. Et si on peut ressentir une étrange sensation ce n' est pas ce coup-ci celui d' un malaise lié au décallage ressenti avec les artistes rétrogaga. Oï Les Ox c' est Aude Van Wyller une artiste belge résidant sur Bruxelles. On sait peu de chose sur cette femme si ce n' est des vidéos de sa résidence d' Hiver au centre culturel Botanique de la capitale belge. Ailleurs on apprend qu 'elle s' intéresse "aux formes poétiques visuelles, à l'espace et à l'oralité du son" et qu' " elle expérimente le haut-parleur, la performance et l'arrangement de la poésie au fur et à mesure de la musique." Bref, on navigue à vue face à ces extraits de dossier de presse mille fois lus et relus pour nombre d' artistes souvent interchangeables et pas toujours pertinents. Quand l' emballage trompe énormément sur la qualité du produit. Ne reste plus pour se faire un avis que ce disque a titre tout autant énigmatique, "Crooner qui coule sous les clous". Découvrir ce disque s' avère être une sacrée petite surprise dès sa découverte et ce avant même l' écoute. D' abord sorti en numérique sa version physique est accompagnée d' un livret comme il est coutume pour l' Opéra. A ce propos son auteur semble le revendiquer haut et forts décrivant son premier album comme un Opéra de Science Fiction Composé de 4 titres longs avec chacun des sous-parties. On est bien loin de la conformité affligeante des redites New Wave à la mode en ce moment. Et le gouffre séparant Oï Les Ox du reste du troupeau revivaliste de s' élargir encore plus quand les premiers sons atteignent vos oreilles. Sa musique est indéfinissable et question influence il va s' avérer encore plus difficile d' étiqueter l' artiste belge. Pop, arty, ambient ? Non et un petit peu de tout ça. Une touche de Coldwave surréaliste mais franchement pas le maquillage à la truelle des autres. Ici le surréalisme se conjugue à la sauce Impressionniste par des petites touche de sons et d' influences multiples et variées. La synthpop 80's est à peine évoquée quand quelques réminiscences du lourd héritage de la chanson française sont portés ici avec légèreté et une facilité éblouissante. Plus loin c' est une musique de chambre rafraîchissante qui détonne quand elle croise des reliquats R'n'b et un irréel usage de Field Recordings parce que inattendu et surtout original. La production bluffe elle aussi et révèle une artiste bien dans son temps et réellement expérimentale comme par exemple cette séquence de "2db" évoquant un Ryan Treanor détendue et rêveur pendant l' une de ses vélléités Footwork. En quatre titres tentaculaires dont je conseille fortement l' écoute nocturne au casque pour apprécier encore plus les trouvailles de la production Oï Les Ox apparait à la fois comme un Ovni musical venu de nul part mais également comme une artiste bien installée et lucide sur son époque. "Crooner qui coule sous les clous" est une histoire dystopique dans laquelle un gouverneur totalitaire séparés de la population impose ses désirs et volontés à l' ensemble de la population tel l' ordre de danser pour oublier les problèmes. C 'est l' une des oeuvres Pop Expérimentales parmi les plus intriguantes et charmeuses qu' il nous est été donnée d' entendre depuis longtemps. A découvrir absolument !
- LINGUA IGNOTA, du Death Industriel à l' église.
Kristin Hayter aka Lingua Ignota est l' une de ces artistes dont les sorties discographiques ne laissent jamais indifférentes. Son "Canigula" de 2019 m' avait titillé l' oreille et ouvert un petit peu mes écoutilles d' athée. Sorti cet été "Sinner get Ready" fait bien plus jusqu' à me pousser à revenir sur son prédécesseur un peu trop vite oublié. Issue de la scène Death Industrial, soit la rugosité Noise alliée à la froideur et l' obscure Indus, Ignota poursuit avec son quatrième album une évolution s' apparentant à une ascension permanente vers les cieux. Je ne peux pas vraiment expliqué pourquoi j' ai remisé trop vite son "Caligula" ni pourquoi "Sinner Get Ready" qui est de la même veine hante mes jours et mes nuits depuis quelques temps. Peut être une question de contexte tant il faut bien avouer qu' en ce moment la musique fortement imprégnée de spiritualité d' Ignota a de quoi répondre à nos inquiétudes. Ou du moins calmer nos angoisses et apaiser nos anxiétés post Covid. Enregistré en plein confinement comme beaucoup d' autres sortant ces temps-ci ce disque a également vu son auteur souffrir d' une grave blessure à la colonne vertébrale. Ignota basée à Chicago s' est souvenue de sa terre d' origine, la Pennsylvanie et les Appalaches. Elle s' est aussi souvenu de la forte présence du christianisme dans son enfance et sa région d' origine nommée La Ceinture de la Bible. Lingua Ignota s' inscrit dans la grande tradition rock de songwritters imprégnés de religion. Nick Cave encore et toujours, Léonard Cohen autrefois. Ignota évoque fortement l' australien par le fait que l' on semble rencontrer quelqu' un puiser dans une religion à laquelle elle ne semble pas voué un culte rigoriste. "Sinner Get Ready" parle donc de piété, de renaissance et de pardon. Le mal et le bien s' y côtoient et Ignota confirme que l' infime séparation entre eux semble plus que poreuse. Celle qui est depuis longtemps est imprégnée par l' Opéra et le lyrisme décuple leurs capacités en matière de catharsis. On ressort de cette expérimentation bouleversée et l' athée un peu moins rigoriste sur le sujet religieux. Si "Caligula" était marquée par une certaine propension à intercaler dans l' Indus une instrumentation plus classique "Sinner Get Ready" continue et va plus loin en abandonnant encore plus les sonorités métalliques. Les orgues, le banjo et des field recordings en lien direct avec la religion tournoient autour d' un solide piano et d' une voix magistrale tour à tour agressifs ou apaisés. Lingua Ignota fait également appel à l' héritage musical indien des Appalaches et ce toujours dans sa volonté de diversification qu' elle dévoile deux albums. Lingua Ignota nous offre peut être son meilleur album d' une carrière déjà marquante par sa singularité et sa vision sans frontière. Une sorte de Folk mutante Dark Ambient qui ne renie rien de son passé bruitiste.
- LES IMMANQUABLES, Janvier-Juin 2021
TOP 25 ALBUM Les disques chroniqués sont soulignés avec liens vers le post 1. THE ARMED Ultrapop 2. LORAINE JAMES Reflection 3. SQUID Bright Green Field 4. TERESSA WINTER Motto Of Wheel 5. BLACK MIDI Cavalcade 6. PERILA How Much Time Is Between You & Me 7. GAZELLE TWIN & NYX Deep England 8. ZULLI All Caps 9. FOR THOSE I LOVE YOU Eponyme 10. DEAN BLUNT Black Metal 2 11. MICA LEVI Blue Alibi 12. FATIMA AL QADIRI Medieval Femme 13. SAN SALVADOR La Grande Folie 14. MOIN Moot! 15. EMEKA OGBOH Beyond The Yellow Haze 16. COLLEEN The Tunnel And The Clearing 17. NOT WAVING How To Leave Your Body 18. LAILA SAKINI Into the traffic, Under the moonlight 19. SLEAFORD MODS Spare Ribs 20. DON ZILLA Ekizikiza Mubwengula 21. MICROCORPS XMIT 22. ABUL MOGARD In Immobile Air 23. MAXWELL STERLING Turn Of Phrase 24. MU TATE Let Me Put Myself Together 25. SCOTCH ROLEX Tewari TOP FAILLE SPATIO-TEMPORELLE BlACK COUNTRY, NEW ROAD For The First Time ICEAGE Seek Shelter SKEE MASK Pool SONS OF KEMET BlacK To The Future MDOU MOCTAR Afrique Victime DRY CLEANING New Long Leg TOP DES MONUMENTS HISTORIQUES ARAB STRAP As Days Get Dark NICK CAVE & WARREN ELLIS Carnage DEMDIKE STARE Drum Machine BURIAL + BlACKDOWN Shock Power Of Love GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR G_d's Pee STATE'S END TOP COMPILATION THIS IS CAIRO NOT THE SCREAMERS APOCOPE L' ESPRIT DE NYEGE LA RÉÉDITION MIRACULEUSE MICHELE BOKANOWSKI Rhapsodia/Battements Solaires L' ALBUM REMIXE AUSSI BON QUE L' ORIGINAL EARTHEATER Phoenix, La Petite Mort Edition
- PESSIMIST, Bristol 2.0
Il y a quelque semaines je me remémorais les souvenirs de l' âge d'or bristolien au sujet de la musique de Farai. Massive Attack et le rôle de cette ville y tenaient ainsi une large place par les liens que l'on pouvaient tirer entre notre époque et les 90's, économiques, raciaux, sociaux et musicaux bien sûr . Je mentionnais le passionnant ouvrage couvrant tout cela, "En dehors de la zone de confort" de Mélissa Cheman. Le disque et son auteur dont il va être question peut faire figure d' épilogue parfait à ce récit très proche de nous dans le temps. Une histoire absolument pas terminée. De Pessimist les lecteurs fidèles savent que son nom apparaissait de plus en plus dans ce blog ces derniers mois. Classé l'an dernier avec son fabuleux ep "Balaklava" le bonhomme s' est récemment vu recevoir encore les honneurs dans le top de la mi-année pour ses deux derniers eps. Entre temps le petit détail qui tue est apparu, signature chez les autres habitués de DWTN, Blackest Ever Black (Carla Dal Forno, F Ingers, Raime, Tropic Of Cancer, Regis, Cut Hands etc etc). Parfois certaines successions de faits se révèlent découler d'une logique imparable. En musique comme en ailleurs. Kristian Jabs aka Pessimist a largement sa place au sein de cette écurie qui offre un univers sombre où l' ésotérisme et le romantisme transpirent par tous les pores aux travers de références télévisuelles, cinématographiques et musicales comme le dub, l'indus, l' inévitable post-punk, le gothique et l'esprit Do It Yourself. L' ensemble cachant à peine un fort ressentiment politique et contestataire (le projet Tomorrow The Rain Will Fall Upwards). Une autre référence ne venant pas à l' esprit systématiquement mais fortement revendiquée par le patron du label, Kirin Sande, explique encore mieux le rapprochement avec Pessimist. La jungle avec son air vicié, son agressivité et la complexité de ses rythmiques. Jabs qui dit ne pas aimer se conformer aux tendances afin de ne pas assumer le statut de producteur expérimental ne fera donc absolument pas tache chez les têtes chercheuses non conformiste de Blackest Ever Black. Enfant du Drum & Bass des 90's sa musique est un exemple typique du Dark & Drum fils putassier de la techno et de la jungle atmosphérique. Son tout nouvel album au titre éponyme est lui aussi un enfant putassier de l'une de mes marottes 90's, l'un de mes disques préférés de tous les temps, "Black Secret Technology" de Guy Called Gerald. Je sais, j' exagère un peu mais comme je me suis aperçu récemment que ce disque prodigieux n' a jamais été cité dans ce blog j'en profite. Plus directement dans la filiation on peut citer Photek. Beats répétitifs développant un minimalisme intransigeant instaurant ainsi un climat lourd, suffocant et théâtrale. C' est une rythmique obstinée qui tient parfaitement le rôle d' ossature. Droit dans ses bottes Pessimist fait aussi preuve d'une imagination débordante quand il s' agit d' envelopper la colonne vertébrale de textures astucieuses. Ces dernières sont à l' image des rythmiques, bien plus variées qu'il n'y parait. Des réminiscences techno côtoient d' autres plus ambient, indus voir l' acid-rave. Tout l' art et la maestria de Pessimist consiste à les utiliser à merveille pour offrir à chacun de ses titres une évolution constante et bluffante dont les titres de bon nombre de ses collègues du genre sont dépourvus. Premier essai en long format et totale réussite novatrice. Pessimist emprunte certains chemins découverts par ses collègues de label Raime et Regis et pousse l' exploration encore plus allant jusqu'à décrocher la timbale du grand disque drum& bass expérimental de la rentrée.
- F Ingers revient bientôt nous hanter et nous faire tripper.
C 'est la bonne nouvelle de la semaine. Malgré un certain succès d' estime rencontré en Europe la belle Carla Dal Forno n'en oublie pas pour autant ses potes australiens de F Ingers. On la retrouvera donc en compagnie de Tarquin Manek et Samuel Karmel. Le précédent album "Hyde before dinner" (classé dans le top DWTN 2015) était une pépite méditative et psychédélique autour des souvenirs de l' enfance et des tours qu'ils peuvent nous jouer quand certains imprévus resurgissent (peur, angoisse, tristesse). Entre lo-fi et esthétique Hauntologique ils avaient réussi à créer un tunnel spatio-temporelle et émotionnel dont on en sortait non sans séquelles mais également avec une puissante envie d' y retourner. "Awkwardly Blissing Out" comme son titre le suggère va encore retourner et hanter nos émotions malgré quelques petites différences. Selon leur label adoré par ici, Blackest Ever Black, le prochain offre des titres "devenus plus doux, immersifs et puissamment psychédéliques. Euphorique même, mais paranoïaque et chargée de doute". Il semblerait aussi qu'ils aient laissée derrière eux l' enfance pour l' âge adulte. Le premier titre dispo éclaire bien ce que le label annonce, plus rythmé, l' instru électro plus identifiable mais toujours autant enfumé et étrange, toujours autant flippant et ensorcelant.Vivement septembre! Et comme une bonne nouvelle n' arrive jamais seule Blackest Ever Black vient tout juste de sortir l' album tant attendu de Pessimist après ses deux ep classés ici dans le bilan de la mi-année.
- Carla Dal Forno
DWTN vous en avait déjà parlé à l' occasion de la sortie du dernier Raime et risque fort d' en remettre plusieurs couches tant la belle aligne les pépites. La troublante australienne déjà croisée au sein de F Ingers pour l'un de mes albums préférés de 2015 vient d' annoncer la sortie de son premier album solo pour Octobre chez Blackest Ever Black. Annonce accompagnée du bluffant single "What you gonna do now" successeur du déjà génial "Cars Fast Moving" déjà publié dans ces pages. Il plane toujours un profond mystère sur cette musique lo-fi faite de bric dream-pop et de broc post-punk (influence reconnue par la belle). Le tout sous un dub étouffant comme le climat de son Australie natale quittée récemment pour Berlin. A noter qu'il est encore question de Carla Dal Forno dans la chronique du premier TOMORROW THE RAIN WILL FALL UPWARDS mais pas pour les raisons que l'on pourrait croire tant cette nouvelle venue a de cordes à son arc.
- CARLA DAL FORNO, un titre terrifiant et un ep en approche
La belle Carla Dal Forno reviendra dès le 6 Octobre avec un ep intitulé "The Garden" toujours chez les Blackest Ever Black en très grande forme après le prodigieux Pessimist ( chronique ici). Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette australienne classée troisième de notre Top 2016 allez jeter un oeil ici. Rentrée donc chargée pour elle puisque comme je vous l' annonçais fin juillet (voir par là) son autre grand projet F Ingers sort son deuxième disque très attendu sous peu. Dès à présent on peut déguster le titre éponyme et le moins que l'on puisse dire c' est qu'il est franchement glaçant. Toujours aussi intimiste mais loin, très loin des petites senteurs chaudes dream-pop de "YOU KNOW WHAT IT'S LIKE" et de l' optimisme qu' il véhiculait. L' espérance de ses débuts solo plie face à une pesante résignation. Plus rugueux et étrange aussi avec sa ligne de basse menaçante comme celle de " Venus in furs", une rythmique qui aurait été réenregistrée par Martin Hannett entre deux session de "Closer". Nico n' est jamais bien loin chez Dal Forno comme je l' écrivais il y a déjà un an. Limite flippant cette chanson qui ne dépareillera pas aux côtés de ses soeurs jumelles croisées plus tôt cette année chez Penelope Trappes (ici) ou Demen (par là). Quoi d' étonnant pour cet hommage à peine dissimulé à la légende de sa ville d' adoption (Berlin), Einstuzende Neubauten.
- TOMORROW THE RAIN WILL FALL UPWARDS, trip communiste parfait pour l' époque.
Blakest Ever Black persiste et signe en cette année 2016. Encore une fois le label vient de nous offrir un disque flippant, étrange, envoûtant et hypnotique. Après les terreurs infantiles de F INGERS fin 2015, le minimalisme dark et poétique des Raime et juste avant la princesse ensorcelante Carla Del Forno (premier Lp en Octobre), il nous balance l' énigmatique premier album des Tomorrow The Rain Will Fall Upwards. Attention, fort risque d' addiction à l'inconnu . Un inconnu musicale magnifique et aussi politique pour certains moutons . On sait pas grand chose de ce collectif parce qu'il s' agit bien ici de collectif. Il semblerait qu'il soit composé de membres majoritairement australiens et fans de post-punk , des géniaux HTRK, The Devastations mais aussi des anciens This Immortal Souls entre autres. La peinture de la pochette est signée Carla Del Forno dont je vous avais déjà parlé (ici). Leurs influences semblent tout naturellement très riches et variées (comme d' hab avec le post-punk en épine dorsale stylistiquement) permettant les similitudes occasionnelles ou franchement lointaines. Leur label cite autant This Mortal Coil que Massive Attack, Arthur Russel que Robert Wyatt, Nina Simone que la kosmich électro de Manuel Goettsching. Les boucles répétitives des uns, une ambiance chimérique d' autres mais aussi la gravité, le combat et le réalisme de certains. Citer Wyatt musicalement s' accompagne aussi du discours et du sujet de ce disque. De ses manières également. Langage pop et mainstream rencontrant l' expérimentales et l'underground. C'est un disque ouvertement politique et les thèmes ne laissent que peu de mystères sur l' idéologie de ses auteurs. A gauche toute sans omettre un sérieux travail mémoire sur le communisme et une dose salvatrice de l' histoire du féminisme et du rôle des femmes dans les mouvements révolutionnaires. La grève des mineurs au Royaume Uni sous l'ère Tatcher, la guerre civile espagnoles, les suffragettes et les trop souvent laissées pour comptes du communisme et du marxisme, les femmes, tel que Rosa Luxembourg et Alexandra Kollontai. Les boucles répétitives sont donc des samples venus d' horizons riches et variés. Si l' histoire des gauches et du féminisme mondial est récitée il en est aussi vrai pour celle de la musique. Jazz, Kosmich, jungle, industriel et exotica. Nous naviguons entre espoir déçus et volonté de changer le monde et la vie. Un critique anglais a bien fait de repérer la citation de Nabokov servant de nom de groupe pour définir les sentiments perçus à l' écoute du disque. "DEMAIN LA PLUIE TOMBERA VERS LE HAUT" Ce critique a ainsi très bien décrit la difficulté des gens d' extrême gauche engagés ou pas qu'ils rencontrent quotidiennement au moment de partager leurs idées avec les autres. Proposer une alternative de gauche au commun des mortels revient a annoncé que demain la pluie changera de sens, moquerie, mépris ou tout simplement déni et fuite en avant dans le consumérisme. Faut dire qu'en matière de lavage de cerveau via la pensée unique le capitalisme est champion. Quelqu'un qui annonce que l'on peut changer les chose est traité de charlatan, en France on dit "Populiste de gauche". Récemment The Guardian, franchement pas un journal anglais d' extrême gauche, The Guardian a ainsi publié un article terrible sur nos trente dernières années passés sous le joug du Néolibéralisme. Article traduit (ici) qui permet de comprendre bien des choses sur ces faits en expliquant par exemple comment une idéologie domine le monde sans jamais faire de son nom une marque référence (c'est bien la seule chose qu'elle ne transforme pas en marque et produit, en reilgion plutot). Chose étrange aussi que cet article soit publié en Angleterre alors qu'en France certains nagent à contre-courant. L' URSS disait :"vive le communisme, nous sommes communistes", le néo-libéralisme dit pas "vive le libéralisme", il ne se cite pas, il dit simplement "y'a pas le choix" (E Valls et F Hollande Juin 2016), sinon, "vous êtes anti-moderne" (E.Macron Aout 2016). TOMORROW THE RAIN WILL FALL UPWARDS ne fait pas non plus dans le révisionnisme et la relecture euphorique d' hymnes gauchistes. Les apparitions de "L' Internationale" ou du "Ay Carmela" de la guerre civile espagnole laissent planer le parfum de déception des rendez-vous manqués et l'ombre du Stalinisme plane tel un fantôme symbole des erreurs et des monstruosités du passé commis au nom de belles idées. Les combats perdus du passé reprennent de la vigueur et s' éclairent sous un nouveau jour mais bon dieu (oups), que la marche de l'histoire est lente de nos jours sous les habits de la rapidité numérique. Les discours et les chants du passé invoquant le changement tapent l'incruste parmi les boucles répétitives, les synthé planant (ou lénifiant?), le bruits industriel de la violence capitaliste et les vapeurs sonores d'un triste quotidien jugé par certains comme l'unique destin possible. Disque magnifique sur lequel on peut à la fois planer et réactiver une conscience politique endolorie par la pensée unique et un monde dystopique devenu bien réel. Robert Wyatt devrait aimer. Lui qui avait trente ans d' avance sur tous les alter-mondialistes et autres anti-néo-libéraux de 2016. Lui qui nous montrait sa carte au parti communisme britannique en 1982 quand Bowie faisait de la pub pour Pepsi-Cola et que The Clash remplissait bêtement et naïvement les stades américains en ne pouvant stopper leur public bien Wasp de cracher sur leur première partie parce que noir et non musicien classiquement (trois platines), Grandmaster Flash. Lui qui savait offrir avec sa femme des pochettes sans aucun cinisme pseudo post-modern. #BLAKESTEVERBLACK
- LAILA SAKINI, musique irréelle et fragile venue de nul part.
Un motif au piano répétitif avec beaucoup de réverbération. Des bruits semblant provenir de la pièce d' à côté. Quelques effets rajoutant à une musique fragile ressemblant à une lettre envoyée par quelqu' un isolée très longtemps qui a autant si ce n' est plus de choses à raconter à nous autres englués dans ce monde surchargé de tout. Voilà à quoi ressemblait ma découverte du "Vivienne" de Laila Sakiri à la fin 2020. Une claque douce amer de mélencolie venue de nul part et irrémédiablement devenu une addiction musicale et sentimentale. Classé dans le top 2020 je n' avais pas eu le temps, ou oser, vous parler plus en détail de l' une des révélations du moment. Manque également d' informations solides sur l' auteur de l' une des plus touchante bouteille à la mer d' une année qui malheureusement avait propice en la matière. 2021 vient de voir apparaître d'une manière tout autant mystérieuse et inopinée que "Vivienne" un second disque merveilleux de cette inconnue. Sortie en catimini lui aussi en 2020, "Into the Traffic, Under The Moonlight" bénéficie depuis le début d' année d' une plus grande diffusion numérique et sur vinyle. Un deuxième album officiel qui confirme ce que l'on pensait depuis Décembre, Laila Sakini est la révélation miraculeuse pour tout bon amateur de musique fragile et originale. On en sait plus dorénavant sur Laila Sakini. Originaire de Melbourne et émigrée à Londres elle officie en tant que DJ et musicienne depuis quelques années. Entre apparitions dans les salles d' expo, mix pour radio et set pour dancefloor aventureux. 2019 l' avait vu commencer à faire parler d' elle avec une mixtape intitulée "Your day is my night". New Age, Musique classique moderne, Art Pop et Indus se mélangeaient en un ensemble délicat et énigmatique tissaint des liens évidant avec ses compatriotes adulés ici tel CS + Kreme, HTRK et Carla Dal Forno. Avec "Vivienne" Sakini nous plongeait encore plus dans son intimité en osant nous gratifier de terribles et brutes plaintes déchirantes. Une musique fragile et belles devenue automatiquement essentielle dans cette époque de trop plein. Une évidence est apparue en terme d' influence ou si ce n' est de ressemblance dans la forme et le fond. Liz Harris aka Grouper venait de trouver sa petite sœur australe en matière de Dream-Pop et de Shoegaze transformés et originaux. Avec ses voix irréelle ou proche, son piano et quelques effets "Vivienne" évoquait comme aucun autre disque le "Ruins" de l' américaine. Malgré ses ressemblances ce premier disque ne pouvait être décrit comme une simple copie trop influencée par celui de Grouper. Immédiatement l' univers de Sakini est apparu comme profondément originale tant il semblait se suffire à lui même. Comme ses compatriotes CS + Kreme ou HTRK/Joninne, il semble que ses origines insulaires ait développer des capacités insoupçonnées à se suffire à elle même. A créer une musique à l' originalité absolue faite de trois bout de ficelle ne s' appuyant que sur de vagues souvenirs du passé musicale profondément réinterprétés avec les moyens du bord. "Into The Traffic, Under The Moonlight" poursuit le parcours entamé avec "Vivenne" mais voit l' artiste australienne élargir sa palette instrumentale par un violoncelle, une clarinette basse et une flute. La voix semble également plus présente et assumée. Peut être plus aventureux également que son prédécésseur ce disque confirme qu' avec Laila Sakini nous avons pas affaire à un miracle temporaire mais bel et bien à une musicienne aux capacités susceptibles de nous charmer et épater pendant très longtemps. « Écouter cet album, suivi du premier, c'est un peu comme sortir d'une petite pièce aux des rideaux tirés et aller dans le monde extérieur pour la première fois depuis un certain temps » Laila Sakini
- COLLEEN, résilience cosmique et analogique.
Cécile Schott aka Colleen nous a redonné de ses nouvelles de son exile Barcelonais. Et comme toujours depuis 18 ans, date de son premier album, notre petit trésor frenchy emporte nos cœurs et nos âmes. Je peine à le croire mais même après 18 années d' une carrière exemplaire et 7 albums écoutés des centaines de fois son "The tunnel and the Clearing" fait toujours figure d' une oeuvre venue de nul part à la fraîcheur irréelle. Cela tient du mystère cette capacité absolue qu' a la française de ne jamais lasser ou décevoir à chaque album avec toujours le même sens inné de mélanger la mélodie, les harmonie et le rythme sur un mode minimaliste. Les cordes des débuts ont disparu depuis quelques temps et le virage tout analogique entamé depuis longtemps aussi, mais ce disque ensorcelle encore malgré une recette bien connue. L' une des raisons de l' absence de lassitude au terme d'une longue carrière vient peut être que Schott s' affiche aujourd' hui comme rarement à nu et minimaliste. Elle nous parle de sa vie sans triche ni automatisme. Cet album s' est construit en plein confinement et fait suite à une rupture sentimentale et la connaissance d' une maladie non diagnostiquée jusqu' à peu de temps. Oeuvre servant d' outil de résilience pour son auteur il le devient également tout long des 7 titres pour les auditeurs. Comme toujours on navigue au travers de souvenirs éparses de Terry Riley, d' Arthur Russel et du Dub de Lee Perry pour dévoiler une poésie abstraite et énigmatique. La nostalgie se fait progressiste parce que Colleen ne cesse de chercher encore et encore. Cet ambient-pop matinée de Dub cosmique aux allures vintage tient plus de la relecture Hauntologique à la Broadcast que d' une simple resussée rétrogaga. Ne cherchez pas plus loin le disque pour vos siestes et vos soirées étoilées de cet été. Pas plus non plus pour les froides soirées de l' automne et les grises journées d' hiver. Colleen vient encore de nous offrir un petit chef d' oeuvre de sensibilité et d' évasion mental parfait pour tout temps parce que automatiquement intemporel comme le sont les grands disques.