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DANCING
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THE
NOISE

Nico

DEBIT, Ambient et électroacoutisque chez les Mayas


Delia Beatriz aka Debit revient pour donner un successeur aux Deconstructed Club "Animus" de 2018, disque classé à la 25 ème place du top annuel. Pour ceux qui avait loupé les débuts chez NAAFI de cette productrice d' origine mexicaine et résidant aux States, allez vite voir par la. Ce retour se fait sous la forme de l' un des plus originaux et, d' hors et déjà, réussis disques de cette année. Une oeuvre qui à la fois désoriente, rafraîchit, et tente de réparer le saccage colonialiste toujours visible. Debit depuis 2018 ne nous avait pas offert beaucoup de disques. Des mixes un peu partout mais sa seule sortie discographique était le ep "System" chez NAAFI qui rajoutait à sa Deconstructed Club encore plus de senteurs Latines par l' incorporation de manières Tribal Garachero. Sa farouche volonté de fouler à la fois les territoires Ambient et les Dancefloors semblait marquer un temps de pause préférant rester plus en vue des pistes de Danse.

L' artiste affiliée à NON Worldwide, le collectif anti colonialiste et également critique sur le Post Colonialisme fait de faux-semblants, nous revient donc avec son deuxième album mais cette fois-ci chez Modern Love et non NAAFI. L' annonce de l' apparition de la mexicaine chez les anglais faisait pressentir un virage Ambient plus assumé ou si ce n' est plus expérimental au regard de leur catalogue (Demdike Stare, Andy Stott, Lucy Railton).

"The long Count" est bel et bien un retour à l' Ambient mais d' une manière inédite dans sa carrière abandonnant totalement les Dancefloors. Nous découvrons une jeune artiste assumant totalement et comme jamais ses penchants Electro-acoustiques et manies issues de la musique Concrète entraperçus autrefois . Disque plus hermétique à la première rencontre il va se révéler probablement être son plus passionnant et le plus original. Puis irrésistiblement déchirant et salvateur. Une réappropriation culturelle vengeresse qui bouscule tous les clichés caricaturaux produits par la vision européenne et Nord Américaine. Adepte de l' IA dans la création musicale Debit travaillait depuis longtemps avec des programmes d' apprentissages automatique mais était frustrée de ne trouver pour les faire fonctionner que la musique occidentale. Pas de trace des ses racines indiennes d' Amérique Latine et du Sud. Qu' à cela ne tienne, la productrice revint à Mexico pour piocher dans les archives sonores de l' Institut d' études Maya de l' Université Nationale Autonome. A partir de ce moment-là elle va réaliser un véritable travail de mise au jour (et "à jour") d' un passé oublié si ce n' est effacé volontairement par des siècles de colonisation et de génocides européens. Flûtes, ocarinas, trompettes de conques etc etc. Tout ce qui reste de l' héritage musicale Maya à sa disposition Debit va se l' emparer pour tenter de faire revenir à nous une époque révolue dans une version moderne. On peut réellement parler d' Hauntologie puisqu' avec du vieux, les instruments, elle fait du neuf avec l' aide de procédés moderne. Elle redonne à une culture oubliée et détruite en partie un avenir inespéré. La musique des Mayas pour des raisons évidentes et faute d' un système de notation ne nous est pas parvenue. Sous le poids de l' histoire et par choix artistique les artefacts musicaux Mayas prennent des atours lugubres . L' Ambient doucereuse New Age un brin psychédélique du premier album devient terriblement Dark et s' inscrit parfaitement entre les œuvres du catalogue Modern Age. Ses drones deviennent souffreteux et envoûtant comme les soupirs de fantômes revenant d'un passé lointain. Par des effets psychoacoustiques sensationnels c' est une musique à la fois expérimentale et ultra moderne étonnamment spirituelle qui agit tel une coction hallucinogène. Pour les fidèles de Dancing With The Noise cela évoquera bien sûr un documentaire présent dans le post sur Elysia Crampton et son psychédélisme diffus provenant de son héritage culturel (ici).

Une musique où la nature est omniprésente à l' instar des croyances et la vie quotidienne Maya. L' auditeur va sembler déambuler dans une jungle sombre et étouffante percevant par instant des cris d' oiseaux. Les samples utilisés d' instruments du passé sous l' effet des traitements numériques se transforme par magie en plaintes vocales déchirantes. En s' inscrivant sur les pas d' une Elysia Crampton mais dans un registre éloigné la mexicaine Debit nous offre à son tour un disque coup de poing dans nos gueule d' occidentaux et ouvre des portes de tranferts entre le passé et le futur que nous ne savions plus, ou ne voulions pas, trouver.



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