top of page
trish-keenan.jpg
Music Blog
& OTHER

DANCING
WITH
THE
NOISE

Trish Keenan, Broadcast

DEBIT et NAAFI, vers un futur castagneur, ambient et latin.


Pour une fois on ne va pas parler de la diaspora africaine regroupée dans le collectif NON Worldwide, quoique. Ici il va toujours être question de diaspora mais ce coup-ci sa version latine. Je sais qu' il y a bien quelques latins chez NON (Elysia Crampton par exemple) et que ces derniers ouvrent souvent leurs portes à quiconque en a un peu ras le bol de l' égèmonie blanche occidentale et de ses sales manies et mensonges d' anciens colonisateurs. Vous allez vous apercevoir aussi qu' en matière d' héritage Sud Américains musicale Arca et Elysia Crampton ne sont que les deux arbres qui cachent une forêt à la densité et à la richesse typiquement amazonienne. Il y a un autre point commun en terme d' attraction entre NON et l' artiste et son collectif dont il va être question et vous allez vite comprendre pourquoi chez DWTN on préfère surveiller de près ces collectifs venus d' ailleurs plutot que les bégayeurs blancs adeptes du mensonge indie music et revivalistes.

Le futur est la-bas!

La vrai vie avec ce qu'elle peut avoir de plus moche comme le plus enthousiasmant est AUSSI la-bas! Où ça va me demander goguenard le crétin fan de Garage? La-bas! A Mexico. Et plus précisément à Oaxaca sur la côte. Et malheureusement pour lui pas une guitare en vue. Comme à Durban (Gqom), Chicago (Footwork), Londres (Néo-grime), Berlin (Post-dancefloor), à Lisbonne (et sa batada mutante), à San Francisco à Mexico et Oaxaca il s' en passe de belle sur les dancefloors. On y danse, on y baise, et pas seulement! On y revendique, on y lutte. Parfois même, on n'y danse pas du tout ! On y fait...autre chose. On cherche à illustrer ce monde si triste, hypocrite et violent où les vieilles habitudes de la colonisations persistent derrière les oripeaux d'un autre système d' exploitation de l'humain, le néo-libéralisme. NAAFI tente de rédéfinir l' underground et le dancefloot via unemusique parfaite pour illustrer une dystopie devenue réalité. On y consomme pas de la posture sociale bourgeoise passéiste avec dégustation de pinard sur fond de musiques pseudo branchouilles et "alternatives" tellement vieillotte et rébarbatives.

NAAFI est une espèce de collectif latin sur lequel repose les bases d'un label appelé à devenir important ces prochains mois. Basé à Mexico City il fait de plus en plus parler de lui. Eduqués dans les rave sauvage organisées dans les entrepôts désafectés de la capital mexicaine, et oui il y a aussi des raves sauvages ailleurs que chez les blancs européens, NAAFI sort le premier album d'une artiste parmi les plus prometteuses. Ces gamins se revendiquent Punk et ils le peuvent. Il y a bien longtemps que cette vieille marotte occidentale s' est muée en une chose bien plus passionnante et vivante que la caricature que l'on nous offre par ici. A leurs débuts proches du binôme Fade To Mind/Night Slugs ils se sont rapprochés de la clique du Club Chai de San Francisco (via Zutzut) et parfois d' autres liens apparaissent avec le Bala Club londoniens (Kamixlo) et évidemment, parce que le monde avant gardiste est petit, NON Worldwide. Le son des artistes NAAFi est à base d'un brassage intense de leur culture propre et de tout ce qu'il s' est fait ou peut de faire en électronique. Et surtout ce que l'on apprécie par ici c 'est que leurs sources d' inspirations alternent sans arrêt et pince-nez entre musique "populaire" et d' avant-garde. Ce son est autant arrogant et tabasseur qu' intriguant quand il décide de planer ou de faire peur. Les NAAFI nous viennent du dancefloor mais n' hésitent pas à désobéir aux dogmes dancefloor. Les oreilles grandes ouvertes sur le monde, le passé, le présent et le futur, les NAAFI questionnent aussi leur identité latine sans se ghettoïser. NAAFI comme NON Worldwide c' est le début de la mondialisation heureuse par la critique acerbe de la mondialisation malheureuse. Pas étonnant donc qu'il y a quelques mois les deux collectifs se soient associés pour nous offrir une compilation et des mixtapes collectives. Chez NAAFI on peut croiser une version latine de l'UK Bass et du Grime sous les doigts agiles de Omaar et de Lato, un funk Carioca surprenant du brésilien MC Bin Laden, un Reggaeton latinos teinté d' indus de Imaabs à faire pâlir les grands manitous du métissage british.

NAAFI nous offre donc le premier album de la mexicaine récemment installée à New York, Delia Beatriz aka Debit. Cette proche d' Arca a beaucoup traîné sur les dancefloor mais offre sur "Animus" une version personnelle qui en rappellera tant d' autres. Une musique franchement post-dancefloor à force de lorgner sur l' ambient et de ne pas rechercher systématiquement l' objectif dansant. Comme avec un Dedekind Cut certaines habitudes des pistes de danse sont certes identifiables mais très vite on se retrouve face à de la vraie ambient un brin agressive et flippante. A la différence du dernier Dedekind Cut et de ses tentations post-New Age réussies par un virage à 180° Delit garde en elle la violence et l' agressivité des dancehall qui l'on vut mûrir.

Les couches de réverbération sont taillées au scalpel, elles lorgne souvent sur l'indus et les voix semblent à la fois angéliques ou diaboliques. Les synthés filent la pétoche et rajoutent aux ambiances insolites et préoccupantes de ce disque tout autant cultivées par l'usage récurent de rythmiques tribales. Souvent le reggaeton sert de fil d' ariane puis parfois nous quittons les ambiances agressives et claustrophobes pour une ambient toujours sombre mais également expansive susceptible de surprendre par ses capacités d' élévation et d' espoir. Comme avec beaucoup d' autres productions facilement affiliées au terme post-dancefloor, M.E.S.H. ou Rabit et Chino Amobi, Debit réussit à offrir un paysage sonore riche susceptible d' éviter la monotonie musicale actuelle. Chez elle aussi les questionnements sur le genre, le sexe et le corps s' habillent de revendications sociales et politiques et de questionnement sur nos inconscients refoulés. Evidemment la dystopie n' est jamais loin et la démarche de l' artiste mexicaine évoque ainsi encore plus sa filiation avec la clique de Different Circles (Logos, Mumdance).

Si la clique fait déjà parler d' elle depuis deux ans un palier semble avoir été franchi en maturité artistique et en qualité avec le dernier Debit qui est d' hors déjà l'un des grands disques d'une année pas encore à sa moitié.


 RECENT POSTS

bottom of page