top of page
nico-1 bis.jpg
Music Blog
& OTHER

DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

ARCA éclabousse de sa classe ce monde misérable avec une oeuvre monumentale de 4 disques!


Arca est depuis les débuts de ce blog un incontournable. Une icone incontestée qui a vu tous ses albums systématiquement classés dans le Top 20 annuel. "Xen" 9ème en 2014 (lire ici), "Mutant" de 2015 11ème (ici), "Arca" 2017 2ème () loupant d' un cheveu le trône derrière Jlin. 2018 verra son "Kick i" (ici) pointer à la 18 ème place. Mais au delà des classements Alejandra Ghersi Rodriguez fut pour votre serviteur un phare absolu en matière de musique nouvelle, révolutionnaire, avant gardiste et Populaire. Et cela vaut aussi dans les domaines sociétaux, politiques et sociaux. Moi le vieux mâle français hétéro limite boomer j' ai plus appris au sujet de la transsexualité et de la non binarité dans ses textes que dans tous les reportages putassier ou totalement niais qu' il arrive parfois de voir.

Alors quid d' Arca en 2021? Presque dix après ses débuts. Toujours à la hauteur des sommets d' autrefois? Il y a quelques mois un lecteur francophone argentin m' interrogea sur le fait surprenant justement qu' Arca n' avait jamais atteint la première place dans mes tops annuels comme dans les siens et de nombreux autres. Et ce malgré son statut iconique absolu sans interruption que nous lui portions en commun depuis 2012, année du coup de tonnerre "Stretch 1 & 2" (ici). Sans parler de sa légendaire mixtape un an plus tard, "&&&&&" (). La discussion fut passionnante et nous arrivâmes à une surprenante et illogique conclusion. Arca se retrouvait lésé par ce qui était justement l' une de ses plus grandes qualités, la richesse et la diversité gigantesque de son univers créatifs. Ses multiples facettes. Et également qu' aucun de ses albums ne rendaient réellement justice à cela. Il y avait bien un peu de chaque personnalités artistiques mais jamais d' une façon totalement évidente. Une partie d' Arca était toujours sous-jacente pour qui le connaissait mais n' éclatait jamais au grand jour pour la majorité comme pouvait l' illustrer son titre de 2015 presque devenu mythique de nos jours, "Alive". Et une autre question nous taraudait du coup. Était-il possible que ce miracle ait lieu? Arca pouvait-il nous offrir ce grand disque multi-directionnel et multi-colore comme jadis sa grande copine Bjork avait su s' en approcher? La réponse était une évidence mais fallait-il encore qu' Arca l' ose et passe outre les clichés liés à l' orgueil artistique, le "trop" nuisible à l' excellence et d' autres soucis provenant de la lourdeur de l' industrie musicale et des us et coutumes sclérosantes. Quand "Kick i" était sorti Arca avait promis une suite sous la forme d' un album. Puis ce fut des annonces de singles et on s' est attendu, plus ou moins déçu à un deuxième "Kick i". C' est que "Kick i" avait également, malgré sa réussite, laissé un léger goût amer de facilité. Ce virage à angle droit en direction de sa culture latine Pop et Reggaeton amenait les habitués à être tentés de regretter un certain manque de surprises si ce n' est de profonde originalité par instant.

En résumé Arca opérait une mue Pop se contentant de l' habiller de ses anciennes aventures expérimentales sans vraiment renouveler ces dernières. La suite s' annonçait sympathique tout au plus aux fans difficiles de la première heure avant gardiste même si ils espéraient un sursaut chez l' aventurier sonore qu' avait été un Arca. Un Arca en passe de devenir une Pop Star après avoir été aux yeux du grand publique un obscur et étrange producteur avant gardiste collaborant avec des stars . Et puis courant Novembre ce n' est pas un album mais trois sorties qui furent annoncées d' ici Décembre. Et comble dans l' industrie musicale, au rythme d' une chaque jour. Arca est bel et bien un enfant du net qui a su utiliser toutes les possibilités numériques inimaginables offertes auparavant en terme de technique et de distribution artistique. Les apôtres tel votre serviteur commencèrent à supposer qu' Arca préparait un gros coup. Trois albums prévus? Arca n' est absolument pas du genre à se contenter de répéter trois fois la même chose. Tout au plus une fois avec tout de même des variations comme cela avait le cas avec "Xen" et "Mutant". On aurait donc droit à un "Kick i" bis puis deux bonnes surprises? Mais une fois rassuré par l' espoir d' une nouvelle évolution germait immanquablement dans l' esprit la crainte du remplissage. Offrir trois album en une fois? On en connait beaucoup qui avaient tenté par le passé le même coup un brin mégalo et orgueilleux. "Sandinista" des Clash en la matière est plus une magnifique exception que la norme faite de loupé, de vide et souvent de suite avortées ou vite oubliées.


Le marathon discographique d' Arca débuta le 30 Novembre avec le premier album fort logiquement intitulé "Kick ii". Le lendemain ce fut "Kick iii" et le 2 décembre "Kick iiii". Mais la grande surprise ce fut pour le 3 décembre avec un quatrième album inattendu, "Kick iiiii". 145 heures de musique pour 47 titres. Ne risquait-on pas le ballonnement si ce n' est pas l' overdose? Bien évidemment je me suis rué sur les quatre disques comme mon emploi du temps me le permit. 145 heures de musique!!! Vous imaginez bien qu' il faut un certain temps pour digérer tout ça d' où l' assez long délais entre cette chronique et la sortie des disques. Alors!? Grand coup artistique ou grand coup médiatique avec remplissage par du matériel de seconde main et de l' anecdotique? La réponse fuse, une pentalogie monumentale composée de disques à considérer chacun comme des réussites susceptibles d' être classer individuellement dans les tops de fin d' année. Une action artistique extravagante de 5 disques renfermant l' une des musique elle aussi parmi les plus extravagantes mais certainement pas de cette fausse extravagance que de vicieux conformistes enveloppent commercialement leur daube passéiste. Arca est au mieux de sa forme et a trouvé le seul et unique moyen de dévoiler à la face du monde l' étendue des possibilité de son univers complexe et riche en diversité. Après tout quoi de plus normal que le vénézuélien réussisse là où d' autre se sont vautrer, lui qui depuis ses débuts Maximaliste excelle dans l' art du trop plein. Attendez-vous cher auditeur à vous faire une nouvelle fois dévorer entièrement par cet océan musicale et y retourner avec délectation quand vous retrouverez enfin la surface. A vous faire submerger d' émotion comme rarement. Si Arca était un auteur français ce serait assurément l' enfant caché d' un Rabelais et d' un Céline sous le parrainage d' un Proust pour la longueur de l' oeuvre.

"Kick ii"

Le début de "Kick ii" le retrouve là où on l' avait laissé en 2020. Les yeux rivés sur la Pop Mainstream mais les pieds bien encrés dans son héritage latin, sa culture LGBT en bandoulière et sa vision futuriste en art de vivre. Toutes ces valeurs se confrontent, s' entrechoquent et se mélangent d' une manière qui n' appartient qu' à Arca. Comme son prédécesseur "Kick i" ce premier volume de la pentalogie 2021 épate par ses performances Pop et sa maîtrise du Reggaeton mais peine cependant toujours à satisfaire suffisamment les aventuriers amateurs de surprises. Il faut dire que la culture Latina et le Reggaeton ont infiltré le Mainstream depuis longtemps et parfois Arca peut apparaître moins tonitruant. "Kick ii" égale donc dans sa première partie "Kick i". Plus loin ce disque ne ressemble plus vraiment à une simple redite tant il apparaît évident qu' Arca a continué à peaufiner et développer la recette du premier. Le Arca agressif, bruitiste et fondamentalement abrasif de "Mutant" réapparaît pour notre plus grande joie et "Kick ii" de devenir réellement intriguant. La fin tarabiscotée de "Kick ii", le très Elysia Crampton "Confianza", préfigure la suite et l' auditeur fan de pop latine et de reggaeton de se retrouver bientôt cueilli et stoppé net dans ses velléités dansantes tel le fan de Rock et Pop Glam ou Soul de Bowie quand ce dernier dégoupilla "Heroes" et surtout "Low". Bienvenue dans un autre monde.

"Kick iii"


"Kick iii" arrache les amateurs de Pop Mainstream du canapé où ils dormaient devant MTV et ceux du reggaeton du club où ils se trémoussaient machinalement pour les balancer en plein set Deconstructed Club sur le dancefloor du All à Taïwan où la clique SVBKVLT envoie du lourd. Le Reggaeton laisse à place à une culture Dancefloor bien plus agressive et sans compromis. Nous voilà en terre connue par ici. Le bord du précipice, là où on a la meilleur vue sur le futur lointain. La Drill' n'Bass, le Glitch Hop, le Post Industrial et l' IDM d' Aphew Twin. C 'est tout ça que nous nous prenons dans la tronche et surtout pas conjugué au passé. Arca qui avait participé à son apparition effectue donc un retour tonitruant sur les dancefloors futuristes et dystopiques de la Deconstructed Club. Retour gagnant tant iel y chez elle. Comme sur "Kick ii" un titre placé vers la fin annonce le suivant et sert également d' hommage aux amis et artistes adorés par Arca. Après "Confianza" en l' honneur d' Elysia Crampton c' est le très finement nommé "Joya" dont son titre et sa musique suffira à propulser l' auditeur du côté d'une île à l' opposé du monde latino-américain. Une île habituée des craquements terrestres et des effusions de lave comme la musique d' Arca peut être coutumière et sur laquelle règne depuis des décennies sa grande amie, Bjork et son Islande natale. "Kick iii" est assurément la plus grande réussite avant gardiste de la série.

"Kick iiii"

"Kick iiii" calme le jeu après la déferlante sonore. C 'est surtout le disque le plus délicat, cajoleur et sensible des 5. Le plus rêveur et le plus psychanalytique. C 'est aussi celui où Arca nous fait le plus retrouver de vieilles connaissances de l' univers électro, expérimental et Indie Rock. La punkette passée par les top MTV, Shirley Manson de Garbage, effectue un come back hallucinant quand celui effectué par Planningtorock s' avère tout bonnement irréel et inespéré. Une vieille tête habituée de ce blog est aussi de la partie, Oliver Coates, quand Arca décide de retrouver les cordes modernisées et les affinités orchestrales de son album éponyme "Arca" de 2017. Le spectre musicale d' Arca s' élargie encore plus et les ponts que ce blog avaient tenté de dévoiler par sa ligne directrice depuis longtemps apparaissent au grand jour tel "Altar" qui rappelle certains instant d' Oneohtrix Point Never. "Kick iiii" avec un nouveau virage stylistique en direction de l' Ambient Pop est la preuve ultime qu' Arca est susceptible d' atteindre les sommets sur toutes sortes de terrains.

"Kick iiiii"

L' imprévu "Kick iiiii" peut enfin clore le parcours initiatique dans cette monumentale pentalogie entamée il y a un an. Arca caresse l' auditeur comme jamais. C' est le disque où l' espace devient le plus tangible et le silence y tient un très grand rôle. L' ambient Pop de "Kick iiii" perd les rythmiques et les crochets Pop en tout genre, ne reste que le terme Ambient. Parfaite démonstration après les précédents qu' Arca sait aussi faire avec très peu. L' exploration stylistique se termine donc par l' Ambient et la musique classique moderne mais toujours par le prisme idiosyncratique d' Arca. Reposant après les tourmentes précédentes ce qui était apparu comme un disque bonus devient lui aussi un classique absolu dans la riche carrière du vénézuélien. La série "Kick" avec son énormité prouve définitivement le statut quasi mythique qu' en à peine dix ans Arca à atteint. Par sa longueur et sa richesse il va falloir un temps long pour digérer ce mets de Roi mais on peut assurément certifier que cette oeuvre risque bien surpasser les autres dans une carrière déjà inimaginablement riche.






 RECENT POSTS

bottom of page