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  • R.I.P. BLACKEST EVER BLACK, 2010-2019

    C 'est dorénavant officiel depuis quelques heures, l' un des plus importants labels de la décennie écoulée vient de mettre la clé sous la porte. Triste nouvelle mais l' occasion de reparler de label chouchou du blog. Comment aborder en quelques mots l' histoire de l' un des labels parmi les plus importants de la décennie écoulée? Impossible tant ce label a tenu de haute volée l' un des rôles fondamental que tout bon label doit tenir. Celui de défricheur et dealer préféré de votre serviteur en matière de musique électronique ténébreuse et audacieuse. Raime, Tropic Of Cancer, Pessimist, et la plus belle des pépittes, Carla Dal Forno avec dans un premier temps F Inger puis en solo par la suite. Créé il y a tout juste 10 ans par Kiran Sande, alors journaliste à Fact Magazine, BEB était devenu un des piliers des chroniques de ce blog. Les points de départs de cette aventures au travers des parties sombres de la musique et des sentiments humains furent deux influences majeurs remises aux goût du jour en cette fin 10's par une pelletée d' artistes. Bien avant les guitareux british ou ricains à la mode de nos jours ce label s' est toujours inscrit dans la lignée du post-punk le plus aventureux de la fin 70's début 80's. Et ce avec une certaine prédilection pour le Gothique, l' indus et les expérimentations les plus extrèmes. Mais loin de se borner à une époque précise et une niche stylistique Kiran Sande était aussi un enfant de la Jungle et de la culture électro des dancefloor apparue à la fin des 80's. Raime en surfant sur l' aspect dystopique et moderniste de la jungle tout en lorgnant sur les penchants sombres de l' indus et du gothique reste et demeurera à tout jamais comme l' archétype de la production Blackest Ever Black. Un classique absolu, "Quarter Turns Over a Living Line", puis un savant travail d' exhumation et de détournement de tout qui a pu passer par les dancefloors ces trente dernières années. Tropic Of Cancer servira de pendent plus "pop" mais toujours ô combien minimal à Raime et finira de tisser par l' intermédiaire d'un de ses membres les liens ténus unissant BEB à l' Hospital de Dominick Fernow. Cut Hands quant à lui entrainera l' esprit BEB en territoire tribal et la légende Régis y trouvera un abris digne de son immense talent. Dans le cahier des charges post punk BEB remplira avec talent la case curiosité et dépaysement en dénichant vers l' Australie sa trouvaille la plus belle, ou du moins la plus reconnue, Carla Dal Forno. Jamais on ne se remettra par ici de la rencontre nocturne de l' ambient infantile et terrifique de F INGER, le trio que la belle héritière de Nico formait avec Tarquin Manek et Samuel Karmel. Tout comme les premières publications sous son seul nom qui vont faire tant parler d' elle dans le petit monde indie jusque-là rétif aux sorties du label. Par la suite BEB offrira les collages sonores gauchistes de Tomorrow the Rain Will Fall Upwards (également un hommage caché à l' une des figures tutélaire du label Rowland S. Howard et un lein avec les cousins de HTRK) , la Drum'n'bass minimal de Pessimist, Ossia et ira jusqu' aux confins de la Russie dégoter тпсб avec son mariage détonnant de Jungle et d' ambient givrée. On aura même droit au fenchie de service en la personne de Jac Berrocal En faisant preuve à la fois de diversité et d' un profond respect de sa ligne éditoriale BEB est entré dans la légende des grands labels du passé et même si la tristesse d' un départ prématuré est persceptible elle se lie aussi au sentiment rassurant de ne pas observer à l' avenir à un de ces trop nombreux naufrage que l' histoire des labels indépendant nous a offert autrefois. Blackest Ever Black en 10 disques RAIME Quarter Turns Over a Living Line TROPIC OF CANCER Restless Idylls CUT HANDS Festival Of The Dead F INGER Hyde Before Dinner REGIS Manbeit RAIME Tooth CARLA DAL FORNO You Know What It's Life TOMORROW THE RAIN Will Fall Upwards PESSIMIST Eponyme тпсб Sekundenschlaf PLAYLIST BLACKEST EVER BLACK

  • DUBLIN, NOUVEAU PARADIS POST PUNK GIRL BAND,FONTAINES DC, THE MURDER CAPITAL, MELTS & lot of

    L' Irlande et le post-punk? S' est-on souvent posé la question? Franchement jamais. Normal en fait. Ce courant majeur au large spectre stylistique qui a brillé en Angleterre, en Ecosse jusqu' en Australie semblait n' avoir jamais avoir entamé avec succés la traversée de la Mer d' Irlande. Bon ok ! Les chipoteurs vont me parler d'un triste groupe apparu dans la queue du post-punk originel devenu remplisseur de stade avec son chanteur roi briseur menu-menu dans son rôle pathétique de sauveur du monde. Mais franchement! Comment rapprocher U2 et ses hymnes démagos des PIL, Joy Division, Birthday Partys et compagnie pour faire cours. Heureusement encore que Brian Eno avait des factures à payer (pour les rares bon disques). Il y a avait bien aussi The Virgin Prunes mais trop gothiques et The Waterboys à leurs débuts. Ces derniers étant vite devenu un musée celtique. Dublin sans crier gars est simplement devenu en à peine quelques semaines l' autre épicentre du revival réussi (ça arrive parfois) que nous vivons. Étonnant épicentre parce que si on rembobine cette petite histoire le périmètre était restreint à Londres dans un premier temps avec les artificiers Fat White Family et leur état d' esprit post-punk qui ne cesse de se cacher dans d' autres styles. Ensuite sont venus leurs enfants putassiers, Shame et Hotel Lux. Un petit détour par Bristol pour Idles et voilà quatre des plus grands sauveurs des guitares politisées à l' agonie depuis trop longtemps. Guitares aventureuses musicalement? Pas toujours (Idles? hum! mais le coeur y est), même si parfois elles se révèlent surprenantes et sincères (Shame). Certainement ce qui fait l' intérêt de ce revival est que ses guitares sont accompagné d' une observation et critique sociales, politiques et révolutionnaires que certains revivalistes des 00's plus portés sur la danse et les ambiances dark avaient livré en mode light et attendu. Dublin avait-il autre chose à proposer? Trois disques en 2019 répondront d'une manière assez détonante. La-bas aussi les guitares replongent leur museau dans la merde sociétale, économique, écologique et politique du moment. Mais Dublin a un truc en plus. Les guitares se font aussi bien plus aventureuses en matière stylistique et d' expérimentation que chez les anglais. Certaines influences pas franchement attendues en matière de post-punk montrent leur bout du nez. Dublin vient de frapper très fort et rentrer probablement dans la courte liste des grandes villes qui révolutionnèrent la musique tel Detroit, Berlin et Manchester. Qui a allumé la mèche du côté de Dublin? Pourquoi Dublin? Répondant d' abord à la deuxième question sous forme d' un état des lieux sans trop en passer par la carte postale maintes fois ressassée à chaque apparition sous les projecteurs d' une formation du cru. Dublin au cours des 90's et début 00's était devenue synonyme de croissance économique, changements sociétaux, progrès etc etc. Et Ryan Air d' apparaître le symbole du succès irlandais. Symbole appelé dorénavant à devenir celui des faux semblants néolibéraux et carrément un boulet en terme d' image. Et ne parlons pas du jour où les Européens béas se rendirent compte que l' Irlande avait financé sa réussite en grande partie par son statut de Paradis Fiscal. En ce temps il se passa aussi un petit miracle pour quiconque suivait ce pays avec affection depuis des années. On parla de moins en moins de la violence inhérente à la colonisation britanique dans le nord du pays avec le processus de paix entamé à l' orée des 90's. Et puis patatras! La crise de 2008 remis les préjugés et la vision d'une nation en souffrance à la mode. L' Irlande est certainement le pays européen qui s' est pris le plus les pieds dans le tapi néo libéral. Récession, politique d' austérité budgétaire, chômage reparti en hausse, délitement sociale et crispation réac sur certains sujets en lien avec la religion. Bref, l' actuelle décennie lorsqu ' elle débuta ressemblait bien trop à celle des 80's et ses travers que les irlandais pensaient avoir laissé derrière eux à jamais. Autant alors regarder dans le rétro ce qu' il se faisait de bien musicalement à l' époque. Et c' est ce que fit tout un pan de la jeunesse dublinoise. Back in 1978-82 et l' aventure post-punk sous toutes ses formes. Triste à dire mais bien souvent quand rien ne va, la musique se requinque parfois et artistiquement ça porte ses fruits. Parfois. GIRL BAND, les initiateurs d' une révolution et leur grandiose comeback. Qui a montré le chemin de la remise en route temporelle des vieilles guitares ? Du courage, rigueur et de la force pour repartir au combat? La réponse est évidente pour les habitués du blog tant je vous en ai parlé plus d' une fois. Girl Band ! Doublon au moment de la remise des lauriers pour l' année 2015, 7 ème du Top album 2015 avec "Holding Hands with Jamie" et 25ème pour les ep ("The Early Years") jusqu' à figurer à une brillante 31 ème dans le top de la décenie en cours. Pour les retardataires Girl Band c' était un renouveau rock les pieds encrés dans le réel à grande dose de noise et sous haut patronage du Post Punk aventureux et de son pendent ricains, la No Wave. Des guitares sans la fausse pudeur des copieurs, oublieuses du passé et cherchant vaille que vaille à faire du neuf. Le rock n' était qu'un simple matériaux brut entre les mains des Dublinois. Une matière sonores agressive qu'ils se hâtaient de remonter d' une manière totalement originale. On a craint un instant que cette apparition était juste un mirage parce que depuis 2015 plus aucune nouvelles de Dublin. Panne d' inspiration? Autodestruction? Pression trop grande du fait d' être devenus les sauveurs des guitares bégayantes? Les nouvelles alertant sur l' état de santé fragile du chanteur devenait source de craintes quant à une probable séparation précoce. Craintes confirmées avec les multiples annulation de concerts en 2017. Et le pauvre Dara Kiely de passer par la case hôpital et psychiatrie. Le printemps 2019 chassa tous les doutes quand le groupe annonça la sortie d' un nouvel album prévu en Septembre et qu 'il accompagna la nouvelle par un clip terrifiant. Une fois Kiely remis sur pied la petite troupe s' est retrouvée quelques jours a enregistrer dans une vieille demeure géorgienne en périphérie de Dublin. Selon les membres du groupe, le choix du lieu s' est révélé une réussite en permettant une multitude d' expérimentation en matière de production. Une batterie enregistrée dans le studio, l' autre dans le couloir. Avec cette exemple on ne peut s' empêcher de se dire que Martin Fox leur bassiste et dorénavant producteur est un grand fan et adepte de feu Martin Hannett (Joy Division). "The Talkies" rien que par son titre en référence au cinéma parlant et la révolution qu' il entraîna dévoile parfaitement ce que l' auditeur va découvrir. Un grand pas dans un inconnu idiosyncratique pour lui et une vraie et profonde révolution des ancestrales méthodes ritualisée des formations à structures traditionnelle rock & punk. On retrouve très vite ce qui fait la caractéristique des Girl Band, utiliser une instrumentation "classique" rock mais avec les méthodes issues de l' électronique. L' abstraction souvent dominante n' est pas sans rappeler une nouvelle fois l' IDM d' Aphex Twin et Autechre. Mais les irlandais sont allés encore plus loin jusqu' à définitivement abandonner le fantôme des Liars de la grande époque. Les guitares sont traitées tel des samplers comme cela est coutumier dans l' électro minimal. L' auditeur arrive très vite au point de ne plus savoir qui fait quoi si ce n' est le batteur. Du rock ils ont également mis à mal l' égo dont ses musiciens sont trop souvent dotés. Le groupe fait réellement bloc et seul compte le résultat. L' état d' esprit libre provenant du post-punk est à la base de cette façon de faire mais pas seulement. Girl Band se rapproche aussi des deux autres formations irlandaises dont il sera question plus tard par son approche osée et sans œillères des influences du passé. Ainsi ils revendiquent avoir utilisé les même méthodes que Marvin Gaye pour son sommet soul "What's going on". Un autre point commun avec leurs compatriotes c' est bien sûr leur connaissance parfaite et passion pour l' histoire musicale des voisins anglais et cette capacité à injecter des références rarement croisées dans le post-punk et la noise. La rythmique symbolisant les rituels d' autrefois dans "Shoulderblades" ne peut qu' évoquer celles du Glam Rock et croisée récemment chez James Holden ou les Battles. Quand ils décident de nous refaire le vieux coup de la manipulation sonore en repassant des sons à l' envers dans un titre ils vont encore plus loin que les dieux Beatles. Ils apprennent carrément à jouer à l' envers avec leur instrument et l' effet est totalement bluffant et novateur. L' auditeur est plongé dans un univers sonores souvent agressif mais toujours énigmatique par les surprises qu' il recèle. Girl Band est même apte à étonner quand une mélodie plus identifiable cajole vos oreilles pour mieux laisser place à sidération bruitiste. Bien sûr qu' en ce qui concerne le chant la révolution est moins nette. Mais on peut déjà assurer que Dara Kiely a définitivement dépassé le maître en assumant totalement son phrasé typiquement Mark E Smith voir mieux. Comme les deux chanteurs de Fontains DC et The Murder Capital il révèle son gigantesque talent de documentaliste critique de la société irlandaise. L' intro du disque commence avec un Kiely enregistré en pleine crise d' angoisse et indique parfaitement ce qui va suivre. C' est bien le phrasé du Mancuniens par moment mais la personnalité de Kiely est si forte que l'on finit très vite par oublier le récent défunt. Et puis le jeune homme a comme l' autre ses propres marottes parfois en lien avec sa pathologie mentale. Idée incongrue mais génial de ne pas utiliser de pronoms ou d' en passer par les palindromes. Son univers de parolier se conjugue au présent mais rode les fantômes de Joyce et Burrough. Comme pour celles de ces grands noms notre époque contemporaine se révèle un terrain de jeu passionnant pour qui comme Kiely aime alterner l' absurde, le détail anodin et le plus profond. "The Talkies" répond à toutes les attentes portées envers Girl Band. Révolutionnaire musicalement, un gros coup de pied au cul au revivalisme rock, et la bande son parfaite du chaos ambiant qui domine notre monde menaçant et dissonant. Une réussite totale! THE MURDER CAPITAL, plus qu' un groupe punk revival. Si Girl Band sont ceux qui allumèrent la mèche passons directement et illogiquement aux tout derniers pyromanes à la place de ceux qui les ont précédé de quelques semaines en matière de publication et de hype. A vrai dire leur place de deuxième dans cet état des lieux dublinois n' est ni entièrement injustifés et encore moins le fruit d'un caprice de votre serviteur. The Murder Capital se situe parfaitement dans une sorte de no man's land entre les expérimentateurs Girl Band et les plus "classiques" Fontaines D.C. Il y a peine 8 mois The Murder Capital n' existait pas médiatiquement ou alors très peu. Peu de chanceux avaient bien sûr entendu parlé du groupe faisant alors les premières parties des Shame ou d' Idles et de la hype du moment en cette fin d' année 2018, The Fontains D.C. Bref un groupe en passe de devenir une hype faisant la première partie d'une autre hype. Hum! Buzz immérité? Hallucination collective sur une probable nouvelle scène Dublinoise à la conquête du monde??? Même le NME en mettait une grosse couche. Fallait du solide et il arriva enfin avec un premier single, "Feeling Fades". Morceau typiquement post-punk avec l' ombre de Joy Division en influence majeur, pas vraiment surprenant. Mais sur ce titre c' est la voix du chanteur et ses talents de prédicateurs à fort charisme qui justifia toutes les promesses et supputation de The Next Big Thing post-punk. Quelques semaines plus tard c' est "Green & Blue" qui confirma l' affiliation à la troupe de Ian Curtis en se révélant moins punk, beaucoup plus noir. Le chanteur James McGovern ne faiblissait absolument pas dans la performance et prenait toujours soin à ne pas singer Curtis. Par contre question rythmique The Murder Capital réussissait là où beaucoup d' autres n'ont pas osé s' aventurer. Reproduire le groove intense et martial des mancuniens tout en y injectant leur personnalité. Effet garanti en matière d' atmosphère abrupte et oppressante. En juillet c' est "Don't cling to life" qui remis une couche avec ses manières Joy Division accélérée et cachées sous le lyrisme de Mc Govern et la production. Il apparaissait clair que l' album à venir serait au pire un très bon disque de post-punk comme ceux de Shame et consorts. "When i have fears" est sorti fin Août et malgré les avertissements cités plus haut il a réussi à placer le groupe à un palier bien plus haut que celui de simple "bon groupe post-punk revivaliste". Et pour cela il n' aura suffit que les premières seconde du titre "For Everything" servant d' introduction au disque. Probablement l' un des débuts d' album parmis les plus bluffant intense depuis longtemps. Une ambiance étouffante créée par des larsens vous agrippe au cou et l' auditeur pressent immédiatement qu' un animal sauvage va surgir hors de sa cage. Et quand c' est le cas c' est une dévastation totale. "More is Less" présente un visage plus sauvage et punk du groupe et "Green & Blue" calme le jeu mais replonge le groupe dans la pénombre. Et la suite est du même accabit en nous emportant encore plus dans les profondeurs et The Murder Capital, si j'ose dire, de tutoyer Joy Division dans les sommets de l' exercice. Le tout en surprenant. C' est que nos irlandais dévoile au cours de "Slowdance I & II" une palette bien plus riche et diversifiée que la plus part des revivalistes post-punk. Les liens avec Idles et Shame sont oubliés aussitôt qu' un violon s' avance et que des guitares typiquement noisy 90's closent le diptyque. A peine remis ces crapules irlandaises décident de lâcher leur meilleur titre à ce jour, "On Twisted Ground". Complainte typiquement irlandaise à la sauce post-punk. Encore un "long" morceau qui se conclue par un soupire appelé a rester encrée dans toutes les mémoires. "Feeling fades" et "Don't cling to life" se rappellent à notre bon souvenir resté bien vivace et confirme que la caractéristique de Murder Capital face à leur congénères anglais est bel et bien cette capacité de savoir alterner les attaques brutale et les moments de profonde réflexion poétique. Comme Kiely des Girl band et le chanteur des Fontaines D.C. James Mc Govern est un vrai et fin poète quand il s' agit d' aborder le passage douloureux à l' âge adulte, l' acceptation des peurs, l' anxiété, la fragilité, la douleur et la perte. Comme les deux autres lui aussi s' empare du malaise existentiel de notre époque avec une justesse et une maestria peu vu ces dernières années. Oui il est encore possible de le faire avec des guitares quand bon nombre de producteurs électros et expérimentateurs en tout genre semblaient avoir le monopole face aux bégayantes guitares coupées du présent. Murder Capital sort du lot aussi parce qu'ils sont très malins en sachant parfaitement s' entourer pour la production avec le choix de Mark Ellis aka Flood. Si vous découvrez pas cette vieille tête bien connu sachez juste que ce type a produit par le passé New Order ("tiens tiens tiens !"), Depeche Mode, Nine inch Ails, Nick Cave, PJ Harvey, The Charlatans etc etc. La production révèle à chaque écoute une multitude petits détails rarement croisé chez les autres. Flood réussit également a bien capter et aiguiller la force live du groupe sur le chemin du format discographique. The Murder Capîtal tape un très grand coup et peut même postuler avec ce premier album à la place de meilleur disque d'une scène encore en devenir. Dotés d' une maturité hallucinante ils n' ont pas à rougir face aux Idles et Shame. Ils sont tout simplement bien plus qu'un groupe punk ou post punk. Deviendront-ils avec un disque tel que celui-ci les futurs Strokes ou Radiohead de leur époque? S'endormiront-ils sur leurs lauriers comme les ricains ou quitteront-ils le post punk originel en gardant son état d' esprit pour s' aventurer sur d' autres terres? Seul l' avenir nous le dira en attendant dégustons ce disque déjà devenu un classique. FONTAINES.D.C. Post Punk post Britpop ??? On va donc finir cette revue d' effectif par le groupe qui a le plus fait parlé de lui en 2019. Si Girl Band est l' allumette qui a foutu le feu tout en révolutionnant à grand coup d' expérimentation, que les Murder Capital sont ceux qui offrent le plus beau visage moderne au post punk sans concession de Joy Division et tiennent le rôle des héros outsiders géniaux appelés à devenir cultissimes alors on peut affirmer que les Fontains D.C. sont la locomotive médiatique et commerciale de cette scène. Les Oasis du machin comme Gallagher et compagnies l' étaient pour la Britpop lancée par Suede, Elastica et Blur. Fans des Girl Band et supporter des Murder Capital les Fontains tiennent leur rôle de tête de gondole pour la scène du coin et font même beaucoup mieux. Jusqu' à devenir la révélation indie de ces 10 dernières années en additionnant succés critique et publique. Apparu après le choc Girl Band la formation a pris son temps pour en arriver à la sortie de l' album à guitare de 2019. La concurrence ricaine est rejetée très loin, les vieilles marottes oubliées, et les voisins Shame et Idles auxquels on les raccrochent systématiquement relégués au rang de faire valoir. "Dogrel" est sorti le 12 Avril et depuis il est devenu instantanément un "classique" dans la rare catégories des premiers albums réussis comme le furent par le passé ceux des Stone Roses, La's, Smiths, Oasis, Storkes, Interpol, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys et d' autres. Ce genre de disques qui n' inventent presque rien mais redisent ce qui a été dit d' une manière si pertinente et nouvelle qu' ils renversent la table et rabattent les cartes pour dix ans. Je ne pensais pas qu' un groupe avec cette musique toute simple puissent me retourner comme c' est le cas depuis Avril. Mais qu' est ce qui enclenche ainsi les émois du vieux briscard indie que je suis? En 5 mois je n' ai pas trouvé la réponse. Juste des indices. Et comme les Stone Roses, les La's et les autres on ne la trouvera certainement jamais. Le truc qui fait tout. Si je ne cesse de citer un pan entier de l' histoire indie de ces trente dernières années ce n' est pas pour rien. Les Fontains s' inscrivent parfaitement dans son héritage autant que celui du post-punk et se révèlent être les plus dignes successeurs. L' erreur à ne pas commettre en effet est de résumer ce groupe à la simple étiquette post-punk. Comme jadis Wire ils piquent où bon leur chante. Bien sûr à l' image du chanteur Grian Chatten par sa petite ressemblance et son jeu de scène et comme Murder Capital le fantôme de Joy Division est omniprésent. Certaines lignes de basse semblent sortir d' "Unknown Pleasures". Un autre spectre plane sur la musique des Fontains et d' une manière plus pernicieuse, celui des Chameleons. De l' histoire indie qui succéda au post-punk les Fontains l' assument entièrement et vont même jusqu' à tisser un lien entre les Clash pour leur esprit combatif punk et les Smiths par leur amour inconditionnel de la poésie. Chatten comme Mc Govern des Murder et Kiely des Girl Band connait par cœur son Rimbaud, Joyce et Yeats. On peut même oser dire que Chatten est une version de Morissey en mode je m'en foutiste qui a un peu oublié son Oscar Wilde et le pédantisme qui va avec. L' indie des 80's et 90's est également dans la musique à grande rasade de Jangle Guitare. Et que dire de la Britpop qui irrigue les veines de nos irlandais. Dès l' intro de l' album le titre "Big" se présente comme la version post-punk improbable du "Rock'n'roll star" d' Oasis. Plus loin "Roy's Tune" poursuit la tradition des ballades remise au goût du jour en leut temps par les britpopeux. L' aspect Lads se profile même sur le chant footballistique "Liberty Bell". "Dogrel" a pour personnage principal Dublin. La ville est au centre de tout dans les paroles du troisième prédicateur de cet article récapitulatif. Dublin et l' histoire de son pays. La si typique mélancolie irlandaise est bien sûr présente avec "Dublin City Sky" et les gosses savent bien que le meilleur groupe irlandais à citer n' est pas celui de l' horrible Bono mais bel et bien The Pogues ou peut être bien Thin Lizzy. Tiens!? En aurais-je oublié un autre? Pas de trace de shoegaze chez ces jeunots, dommage! Un fait qui le confirme est que par exemple Chatten n' a surtout pas cherché à cacher son accent irlandais et on en redemande. Dublin post récession est un territoire parfait pour qu'il déambule son romantisme échevelé. Le chanteur comme le reste de ses troupes offrent une audace et une morve à toutes épreuves tout en restant vertueux. Pour conclure et bien faire comprendre en quoi The Fontains DC est le putain de machin indie immanquable est qu' il me font penser aux Stone Roses et aux Oasis. Citer ces deux formations accolés au terme Post Punk a beau être une incongruité mais cela se révèle bel et bien juste.L' album, l' évidence de certaines chansons, ce mélange de culot, d' intégrité, de génie et de branlitude fait penser au premier disque de la clique à Ian Brown et Gallagher. Et que dire des concerts. Jetez vous sur celui de Glastonbury de cette année. Le son est certes pas top mais on ressent le même frisson que devant ceux de Blackpool ou de Main Road. More... Et quand il n'y en a plus il y en a encore. Derrière ces trois locomotives une pléthore de groupe irlandais tente le coup. Le post punk reste en filigrane mais vous allez vite comprendre que chaque formation a sa propre version des archétypes post-punk. MELTS. Melts est constitués de membres issus d'une grande diversité de formations aux styles musicaux eux aussi multiples et variés. Et cela se sent immédiatement à leur écoute. C 'est parfois brouillon mais reconnaissons-leur qu' ils sont encore en maturation vu le jeune âge du groupe. Comme Fontains DC ils s'intéressent au "Post post-punk" et plus précisément ce qui a suivi immédiatement. Ils offrent un psychédélisme rafraîchissant face aux compères irlandais déjà abordés qui évoque Echo & The bunnymen avec parfois des senteurs New Wave façon Cure. Cet alliage pas si courant rappelle un autre oublié de nos jours mais qui a eu le mérite d' exister grâce à une formation dans ses débuts dont il a déjà été question dans cet article. Comment ne pas penser aux Stone Roses sur "Echoes" et "Skyward". Mais attention les Stone Roses première version avec look gothique et romantique du single "So Young/Tell Me". MELTS ? Un revival improbable Baggy à la sauce post-punk? SILVERBACKS Ce groupe mené par la frairie O'Kelly délivre quant à lui un post-punk remuant bien plus conventionnel que tous les autres mais possède lui aussi sa bonne dose de particularisme. Trois guitares dans le post-punk c' est rare et encore plus rare c' est que cette caractéristique offre comme point de repère le pré-punk de Television avec l' accumulation de couches qui se répondent sans cesse. Musique labirynthique parfaitement mise en place avec le soutien à la production du Girl Band Daniel Fox. Autre bizarrerie et petit point commun avec les Fountains DC et surtout Girl Band encore une fois c' est qu'ils lorgnent sur les 90's et vont jusqu' à franchir l' océan pour citer Pavement et Sonic Youth. Au final comme The Murder Capital c' est une espèce de revivalisme post-punk assumée mais comportant une sacrée dose d' originalité par ses influences rarissimes en la matière. JUST MUSTARD Ces derniers rappellent une chose un peu oubliée, Kevin Shields de My Bloody Valentine a grandi pendant le post-punk et la New Wave. Rien que les liens héréditaires entre le shoegaze et The Cure suffisent à le prouver. Trente plus tard Just Mustard remet la question au goût du jour. Attention là aussi il s' agit d'un groupe encore en maturation comme l'indique l' évolution entre leur premier album "Wednesday" et les singles "Frank/October" et "Seven". Ces derniers semblent offrir un visage plus direct permettant à la chanteuse d' évoquer un Lush dansant et indus ou des Sundays moins rêveurs et préférant une certaine forme d' incantation. Place au son ! Dans l' ordre de l' article. GIRL BAND THE MURDER CAPITAL FOUNTAINS D.C. Le magnifique concert de Glastonbury 2019 MELTS SILVERBACKS JUST MUSTARD

  • SARAH DAVACHI, retour romantique plus classique.

    A peine un an s' est écoulé depuis son double coup de force de 2019 que la canadienne nous revient pour son onzième album en à peine 6 ans. Toujours pas remis des deux précédents (ici) , deux disques qui n' en finissent pas de squatter les nuits de certains, voici qu' il va falloir faire une place au tout récent "Pale Bloom". Sarah Davachi semble quitter les terres Ambient et sa pratique du Drone pour revenir à un peu plus de classicisme. On navigue à travers des époques révolues, entre Satie et Bach. Un piano brut semble donc prendre le dessus sur les autres instruments et une touche bien plus romantique semble dominer. Surtout sur les deux premiers titres quand enfin le troisième de la série "Parfum" revient avec un orgue dronesque comme on l' aime tant chez elle. Les fans des précédents peuvent regretter ce virage plus sage jusqu' à ce que la voix de Fausto Dayap Daos ne s' empare de vous et dévoile une Davachi bien plus lyrique dans son mélancolie. Le dernier titre la voit enfin revenir aux cordes (violon et viole de gambe) et pour le coup nous nous retrouvons enfin en territoire connus. Peut être moins étrange et charmeur que les trois précédents albums ce "Pale Bloom" semble être un petit divertissement romantique plutot "classique" mais assez convainquant dans une carrière bien plus aventureuse. En plus de ses disques personnels sortant à un rythme effrénés Davachi a encore du temps pour des collaborations. "Intemporel" la voit s' associer avec Ariel Kalma, un français émigré en Australie et plutot adepte du New Age. Donc on découvre surpris une Davachi s' insinuant dans un trip cosmique. Parfait pour les prochaines nuits d' été.

  • FAT WHITE FAMILY, La bête n' est pas encore morte. Elle vient de bouffer toutes les autres.

    Ils sont vivants! On pourrait croire que j'en fait un peu trop par cette exclamation mais quiconque a suivi les pérégrinations toxicomanes et autres des Fat White Family depuis leurs débuts ne la trouvera pas de trop. Non seulement ils sont vivants mais en plus ils bandent. Si physiquement je ne suis pas allé voir et que certaines paroles sur le dernier disque en disent bien assez on va se concentrer sur l' aspect musicale avec le fait que l' intuition que ce groupe avait un petit truc en plus se confirment. Troisième album et meilleur album. Tout simplement. Un album sur lequel beaucoup devraient prendre exemple. Il me reste en mémoire la claque reçue un certain soir d' Août 2014 à Saint Malo. Je ne vais pas me répéter et je vous conseille d' aller reluquer ce que j' avais écrit à leur sujet à l' époque (ici). Comment en une simple succession de concert on pouvait comprendre ce qui clochait dans l' indie à guitare et malgré cela avoir un peu d' espoir pour la suite. En quoi le rock garage alors triomphant, via une de ses locomotives (Thee Oh Sees), pouvait se révélait d'un conformisme parfaitement ennuyeux et que celà ne se résumait plus qu' à un simple divertissement rétro-gaga sans de réelles remise en question de quoi que ce soit. Ce constat devenait donc encore plus évident quand une autre vision s' empara juste après de la scène. Les Fat White Family surgirent comme une apparition divine avec en lieu et place des apôtres des espèces d ' Happy Mondays version 2.0 et un Mark E Smith sérieux mais grandiloquent tenant le rôle messie. Il apparaissait clair que si un avenir radieux pour une certaine éthique tenant plus du "post-punk" que du rock bas du front et ce ,avec une certaine "classe", devenait possible, c' était du côté anglais qu' il fallait allait chercher. La Fat White Family devinrent de vrais héros et il ne faillit pas attendre longtemps pour que les Sleaford Mods emboîtent le pas suivi par une pelleté de groupe british (Shame, Idles etc etc). Ca c' était en 2014. La suite du parcours de la grosse famille blanche fut comme l' on s' y attendait à une explosion en plein vol suivie d' une descente aux abîmes. Trop de drogue, de scandales, d' amour et de haine dans ce groupe. Une forme moderne de jusqu' au boutisme que n' aurait pas renié leur idole Mark E Smith. Les membres partaient de leur plein grès ou se faisaient jeter. Revenaient de temps en temps et parfois disparaissaient à tout jamais. Les deux têtes pensantes du groupe Saul Adamczewsky (le gars à la quenotte en moins) et Lias Saudi (le chanteur) n' y échappèrent pas avec l' addiction sérieuse du premier et les pneumonies en série du deuxième. En 2016 le deuxième album était symptomatique du bordel. Entre le sublime et le pathétique avec un accueil critique qui blessa Saudi. Un autre problème apparaissait encore plus visible. Une forme de décalage de plus en plus désagréable entre les prestations live, les déclarations d' intentions, la critique acerbe mais totalement justifiée de la concurrence (merveilleux dézingage des Arctic Monkeys) d' une part, et le passage au format discographique un ton en dessous par trop de conformisme sonore. Les promesses des prestations scénique à la force gigantesque qui mêlaient abandon jouissif et cérémonie de purification collective peinait à se retrouver dans "Songs For Your Mothers". Le talent et le fond plus que sérieux opportun laissèrent place aux travers vintage et rétro-gaga et nos sauveurs peinaient à sortir la tête de l'océan folklorique d' une scène en déliquescence néo-libéral où les niches stylistiques s' additionnent sans réellement se mélanger. Caractéristique symptomatique de ce terrible constat, si nous voulions le meilleur de Fat White Family, ce n' était pas sur leurs disques mais ailleurs qu' il fallait creuser. L' étroitesse d' esprit, la vision basse reprochées aux autres par Saudi et consorts étaient réellement combattues en brèche avec une vraie originalité mais hors de la maison Fat White. D' abord il y a eu Moonlandingz dans lequel Saoudi et Adamczewski fricotèrent avec la culture électronique et dancefloor du Nord et surgit ainsi un élément de la culture anglaise totalement caché chez la Fat White Family par les aspects psycho-rock et punk un peu trop omniprésents et franchement devenu normalité partout ailleurs. Le Glam Rock teinté ici de rétro-futurisme. Une réappropriation bien plus pertinente que le reste du troupeau revivaliste. Par la suite c' est Adamczewski et ce coup-ci le frêre de Lias Saoudi, Nathan, qui révéla une obédience et un savoir faire pop à faire pâlir les cul-serrés du garage rock. Les espérances de 2014 trouvaient avec ces deux projets une première et réelle satisfaction. Oui les types de Fat White Family pouvaient s' emparer du passé sans faire du revivalisme infertile. Etre à la fois jouissifs, acerbes et absolument perspicaces. Et même, même, innover! Et nous voilà arrivé en 2019. Si on veut parler d'un rock/post-punk anglais un brin politisé et populo et en grande forme les gens citent Idles, Shame puis les grands Sleaford Mods. Si les derniers sont au dessus les autres vont très vite se retrouver dans l' impasse revivaliste tellement leur propos est dilué dans un vintage balisé. Sauf si miracle. Et les Fat White Family qui avaient tant fait dans la genèse de cette nouvelle scène remisé à la case bête de foire sans avenir. Devenu un groupe attendrissant mais franchement à placer aux soins palliatifs. Des soins palliatifs ils s' en sortis! Londres abandonné et retour à Sheffield. Terminé les drogues dites dures, juste une petit régime d' herbes et de Kétamine. Nouveauté, le début de l' enregistrement de ce grand "Serfs Up" verra le petit frère Nathan taper un poil plus l' incruste entre les deux têtes pensantes. Adamczewski se pointant pile poile quand cela va devenir nécessaire. Tactique gagnante. "Serfs Up" éclabousse les précédents par son aspect raisonné et la très grande diversité de registres. Les Fat sont loin des junkies écervelés que l' on bien voulu ou qu'ils ont laissé faire croire. C' est même l' un des groupes les plus lucides politiquement et ouvert d' esprit en matière d'influences et d' expérimentations. Immédiatement les textures sonores révèlent avoir été méticuleusement travaillées et visiblement cela est du au fait que le plus jeune des Saoudi se soit pris de passion pour la technique électronique. L' électronique est la grande lauréate de ce disque et du changement stylistique. Entr-apperçue chez les les Moonlandingz Sheffield et son histoire marque encore plus profondément de son empreinte les 10 titres et ce, pas seulement en lien avec les machines. Le single "Feet" est en un sens historique à l' exact opposé du culte psycho- rock garage des débuts. Parfois le spectre d' Human League ou de Depeche Mode apparaissent mais c' est surtout l' aspect métallique dans la production de "Feet" qui rappellera les géniaux Cabaret Voltaire. Suicide devenant l' évidente clé du passage de l'un à l' autre. Sur "Fringe Runner" on peut même apercevoir Gary Numan perdu dans le local de répétitions de la Family et tomber sur un vieux maxi 45 tours de S Express. Et qui dit électronique dit donc dancefloor. On a jamais autant dansé avec la Fat White Family. Bien évidemment le disco chez eux retrouve une forte odeur de stupre et de fornication et même l' Acid House est présente mais sous son plus mauvais jour, les sales lendemains matins en pleine descente paranoiaque. Si LCD Soundsystem faisait danser gentiment avec son revivalisme post-punk celui des Fat qui n' en est plus vraiment un fait danser, réfléchir et flipper grave par l' inconfort qu'il insuffle. Cet inconfort qui les différencie de tous, c' est la marque de fabrique des Family depuis leurs débuts. Cette musique est sans cesse infusée de parano, d' une ferveur malsaine et troublante parce que visionnaire et touchant toujours là où ça fait mal. Saoudi et les siens retrouve leur aura de Messie annonciateur de l' apocalypse disparue sur le deuxième album. Sheffield toujours. Quand des cordes apparaissent ainsi qu' à d' autres moments il y a des petits côtés cinématographique,dandy et déchéance de ce triste monde que ne renierait pas pas le Pulp de "This is Hardcore". Bref, un petit je ne sais quoi quoi Gainsbourien. C' est à un point qu' immédiatement on en vient à penser que "Vagina Data" est une réponse perverse au dernier Arctic Monkeys lui aussi très Gainsbourg. Et Alex Turner de passer pour un gentillet dandy de pacotille face à un Lias Saoudi qui innove en chantant à la Marc Bolan plutot qu' imitant l' évidence française. Baxter Dury sur "Taste Good With The Money" n' a plus que le temps d'une tuerie glam d' enfoncer un peu plus le prétendu crooner des singes arctiques. Le Glam est l' autre grand vainqueur du disque. Il dégouline de partout. Sur le titre déjà cité mais aussi d' une manière totalement inédite sur "Fringe Runner" par sa rythmique croisé à l' électro. Les batteries subissant un sérieux reliftage par couches succésive de réverbération, le Glam encore! L' aspect martial qui n' était que distillé à l' époque et bien sûr imaginaire Homo éclate au grand jour dans la musique comme dans le clip de "Feet". Et si finalement les Fat White Family s' était muté en enfant putassier d'un Slade qui a oublié de faire mouiller la petite culotte des adolescentes sur le plateau de top of the top. Pop ils en font mais je vous rassure, c' est une pop bien trop salace pour être multi-diffusée. Et tout autant étrangeament sur "Sebastian" via encore une référence appuyée dans le chant à Bolan croisant accidentellement les Beach Boys. Les Fat White Family offre donc leur meilleur album. Le plus concis. Le plus abouti. Mais pas seulement. Ce qu' il avait semé a dorénavant germé et s' est muté en un Post-punk à guitares plus qu' attendu parce que commençant sérieusement à se répéter en squattant toutes les rubriques de chronique du monde numérique. Voir pour cela la dernière petite sensation en date, Fontaines DC. Mimi, éfficaces mais totalement déjà entendue donc un brin inoffensif. Nos héros quant à eux regardent ailleurs et écrase la concurrence avec ce truc dont les autres ne savent plus vraiment ce que cela veut dire et signifie. L' expérimentation. Marque de fabrique suprême des originaux. Toujours un train d' avance et les suiveurs de récupérer les ébauches pour faire carrière. Avec talent ou pas. La grosse famille blanche confirme définitivement l' intuition d' Aout 2014. Ils sont par leur capacité à se remettre en question, à abandonner la niche stylistique et tenter de faire du neuf avec du vieux, le meilleur groupe anglais depuis les These New Puritans et Sleaford Mods dans un tout autre domaine.

  • THESE NEW PURITANS, greatest english rose (*)

    (*): explication du titre ici 6 ans. Il aura fallu attendre 6 longues années pour découvrir la suite du gigantesque "Field Of Reeds" (Petit rappel essentiel par ici). Le quatrième album en 15 ans des These New Puritans sort ces jours-ci et autant ne pas tergiverser. "Inside the rose" confirme l' évidence datant la décennie précédente, les These New Puritans sont le plus grand groupe britannique depuis. Il y a bien que seule la formation électronique des Demdike Stare pour pouvoir oser leur contester la place. A noter un univers commun par bien des aspects entre les deux formations comme d' autres également qui elles aussi sont au dessus du lot de l'indie britanique. La future réussite des Fat White Family confirmera comme les derniers Gazelles Twins, Vessel et autres chroniqués ici. Point commun, une très forte influence du Post-punk, de l' indus et d' un certain Néo-Folk des 80's. Je les ai souvent cité ces derniers temps mais une nouvelle fois un personnage de la plus haute importance est présent sur le dernier These New Puritans tout comme il va être question d'un des groupes les plus sous-estimés d' Angleterre. David Tibet (Current 93) et Coil. Un autre personnage devenu ,récemment et tristement un fantôme, planait sur la carrière des TNP et dorénavant encore plus sur "Inside the rose", Mark Hollis de Talk Talk. Le génie annonciateur du Post-Rock. Il n'y a jamais de hasard en matière de disque novateur et puissant. Certains fils historiques refont toujours surface et rendent justice aux artiste ou courant du passé réellement révolutionnaires mais mis de côté par les nostalgico-gaga. De la formation initiale il ne reste plus que les deux frangins Barnett, Jack et George. La musique est à l' image des survivants, ne reste plus que l' épine dorsale. Une épuration bienvenue après deux albums surchargés. La grandiloquence qui était devenue une marque de fabrique rédhibitoire pour les coincés du bulbe a elle aussi subit un amaigrissement certain. Ce quatrième album studio est le plus direct depuis "Beat Pyramid" et les déclarations plus ou moins provocatrice des Barnett sur d' étonnantes velléités pop se dévoilent plus clairement. Malgré ces changements les fans des deux précédents disque vont parfois se retrouver en terre connue. Si il ne reste plus rien du Taïko japonnais de "Hidden" ou du Fado portugais ayant imbibé "Field Of Reeds" les ambiances sombres tabassées par des rythmes martiaux demeurent la marque de fabrique typiquement "Puritans". Autres constantes la diversité et la richesse de l' outillage sonore utilisé mais cependant avec beaucoup plus de parcimonie. Les cordes toujours, le vibraphone, les drones et une électronique revenue en odeur de sainteté chez les Barnett. L' électronique est certes discrète mais elle a l' avantage de prouver une de plus que malgré une personnalité forte les Barnett ne cessent pas pour autant de zyeuter la concurrence. Et si ce n' est pas par ses outils c' est également par certaine de ses manières. Pour ceux qui n'y ont jamais pensé, écoutez un These New Puritans en ayant sous les yeux une photo ou un disque d' Aphex Twin. Effet garanti façon "Putain mais c' est bien sûr!". Les arpèges électro des synthés évoquent incontestablement le spectre de Daniel Lopatin et son Oneohtrix Point Never et par instant c' est le Dubstep de Burial et certains nouveaux rythmes chaotiques frisant les 180Bpm comme sur la chanson titre. Si les arrangements complexes issus de l' avant-garde (coucou Steve Reich) sont bien moins tape à l'œil également c' est qu' un ingrédient s' est vu bien plus mis en avant que par le passé. Des voix fortement humaine parce que dévoilant leurs imperfections prennent une toute nouvelle importance de même qu' un élément rarement utilisé chez beaucoup d' autres, le silence. Vous me voyez venir? L' occasion est malheureusement trop bonne. These New Puritans n' a eut de cesse depuis 15 ans de passer tour à tour du Post-Punk à son enfant caché, le Post-rock. Avec toujours pour intermédiaire l' indus ou le Néo-Folk. Le lien pas toujours évident entre un David Nibet et Mark Hollis apparaît au grand jour sur "Inside The Rose". On ne cesse de penser au chanteur de Talk Talk et il est fort probable que sans son décès récent il en aurait été de même tellement l' évidence est perceptible. Après "Hidden" et "Field Of Reeds" ce "Inside The Rose" donne la même sensation de claque venue d' ailleurs par ses silences et ses voix que celle que fut le monument "Laughing Stock". Mais si vous voulez citer d' autres influences post-rock autant balancer au sujet des deux frangins le plus grand disque réellement Post-Rock, le "Hex" des Bark Psychosis. Hollis avec son art de faire du neuf qu' avec du vieux avait été l' ange annonciateur qui s' était retiré une fois les apôtres multipliés comme les petits pains. "Inside the Rose" est certes le disque le plus direct de ses auteurs depuis des lustres, le plus pop donc et par une autre de ces certaines et obscures logiques dont l' histoire de la musique a le secret le plus... "Depeche Mode!!!" par instant. Mais pour autant les These New Puritans ont réussi après les sommets précédents a revenir tout en haut par leurs ambitions toujours présentes et un courage artistique loin de dépérir avec l' âge. Un autre de ces disques contemporains qui par ses incantations vocales semblent s' apparenter à un geste de survie comme s' accrocher aux branches mais qui en un instant peut finalement être celui plus porteur d' espoir et de liberté de sortir un arbre pris dans une inondation pour aller le replanter sur une terre vierge plus fertile.

  • BOY HARSHER, faille spatio-temporelle gothique.

    Aujourd' hui je suis de bonne humeur alors je vais gentiment flatter le passéiste qui sommeille en nous tous. Profitez! Ça ne durera pas. Je vous avais déjà parlé de Boy Hasher il y a plus d' un an (voir ici) et mis en avant dans les classements de fin d' année. Ces rejetons de la Minimal Wave apparue vers la moitié des 00's n' en finissent pas de se faire remarquer de plus en plus ces deux dernières années. Leur sage mais talentueuse relecture d' une EBM pop aux fortes senteurs gothiques avait réussi à charmer même les plus anti Rétro tel votre serviteur. Après le ep "Country Girl" qui regroupait pas mal de titres sortis auparavant en single il était temps de passer au gros œuvre. "Careful" réédite le petit miracle des disques précédents. Comprenez nous offrir une faille spatio temporelle suffisamment surprenante pour ne pas tomber dans la redite facile. Nous nous retrouvons une nouvelle fois happé par ces titres darkwave parfaits pour accompagner vos retours de soirée en voitures dans les matins blafards de nos villes ou de nos campagnes. En 10 titres ils ne font que nous parler d' amour mais sans les gants. L' amour est peut être la plus belle chose du monde en apparence mais ici on est pas chez les bisounours et l' amour révèle ce qu' il peut provoquer comme blessures, trahisons et violences. Cet amour qui en un claquement de doigts vous fait passer d'une jouissive fuite en avant à deux vers le rejet, la défection et enfin un encore plus lourd isolement qu' avant la rencontre. Les amoureux du gothique ne se referont pas. Sous leurs apparences froides musicale ou vestimentaires ce sont d' indécrottables romantiques. Mais qu' est ce qui fait que Boy Harsher a un petit supplément les éloignant du troupeau des revivalistes? A vrai dire je ne sais pas vraiment. Si ce n' est un petit côté Lynchien dont leurs illustres aînés était dénués. Les romans anglais 19ème siècle comme influence sont ici abandonnés au profit de l' univers de Lost Highway. Il se dégage de leur EBM franchement pop un sentiment de glamour que l'on a pu autrefois retrouver chez Chromatics et les intermèdes instrumentaux très cinéphiles évoqueront l' art ambiant pop des HTRK. Ce n' est pas tape à l' œil. Vous n' y trouverez pas de tube dantesque pour festivals estivales. Mieux. En se réappropriant le passé d' une certaine synth-pop à succès facilement identifiable (Depeche Mode, Tears For Fears) ils font preuve d' un certain vice moderniste déjà croisé chez le géant John Maus. Si une chose est sûr c' est que les Boy Harsher consolide un art jusqu' ici charmeur et se hisse en tête du peloton des nostalgico-gaga à la frontière si peu foulée séparant le passéisme du présent.

  • DEERHUNTER, l' indie rock n' a pas la haut débit.

    Il s' est à présent écoulé plus de dix années depuis l' âge d' or de Deerhunter. Comprenez une période entamée avec le doublon "Microcastle/Weird Era Continued" et clôturée par "Halcyon Digest" (classé 81ème dans le top de la décénie par ici) . Même si les disques sortis durant les 10's sont de très loin à ne pas jeter il faut reconnaître qu' il semble que la clique à Bradford Cox venait bel et bien de vivre son âge d' or discographique. Ce qui faisait le charme de Deerhunter persistait, cette grande capacité à ne jamais se satisfaire de la redite en cherchant sans arrêt le renouvellement et l' expérimentation. Même si cette dernière n' avait évidemment que peu de chose à voir avec celles plus audacieuses dans d' autres styles et courants à l' époque. Deerhunter malgré l'immense talent et la forte personnalité de son leader n' évita pas les travers isolationistes et revivalistes de l'indie rock d' alors et d' aujourd' hui. Dans cette quête maladroite et peu révolutionnaire on vit donc Cox oublier la délicate Dream Pop et le discret shoegaze de ses débuts pour tâter du Garage-rock sur "Monomania". Leur disque le moins convainquant par une certaine logique évidente (cf le Garage-rock bien sûr). "Fading Frontier" avait dévoilé les Deerhunter oublier leur sortie de route Garage pour s' habiller d'un voile trompeur Rock FM. Bref, Cox faisait comme bien de ses congénères de la scène indie-rock. Vision basse et piochage éhonté dans le passé de sa scène et celles affiliées. Heureusement que sa très forte personnalité et son talent certain le sauva du marécage indie. Mais peut-on vraiment lui en vouloir? "Why hasn't everything already disappeared" vient de sortir tout juste et on peut immédiatement pour le chroniquer passer par une rapide tentative de réponse indirecte au titre en lui-même. Pourquoi Deerhunter n'a-t-il toujours pas disparu? N' y voyait pas là une quelconque ironie teintée de méchanceté de ma part. Ce disque est réussi et me plait. On est bien loin du crash "Monomania". Non, la réponse est de savoir comment Cox continue de surnager de la masse des neuneux malgré ses abus et excés personnels et les sales manies revivalistes du groupe inhérentes à leur scène d' origine. On retrouve par exemple leur capacité intacte faire s' entrechoquer la violence et un étrange sentiment de bien être. Cox est torturé depuis toujours et qui plus-est dresse dans ce disque un constat terrifiant de fatalisme sur notre époque. Et une nouvelle fois et toujours autant étrangement, ses chansons sont de parfaites couvertures pour nos cocconing d' occidentaux désespérés face aux cataclysmes en cours. Musicalement Cox va chercher plus loin que la majorité les influences. Jazz, folk, rock-Fm encore, Glam Rock et même Synthpop fin 70's début 80's(GreenPoint Gothic). Par certains styles approchés et thématique abordées l' ombre de Bowie plane étrangement. Les penchants taciturnes du bonhomme lui évite l' assemblage facile référenciel. La politique n' a jamais été absente chez Deerhunter mais sur "Why hasn't..." elle l' est encore plus. L' effet Trump? Mais si on a répondu à la première question concernant la caractéristique essentielle du groupe qui en fait le meilleur groupe indie-rock ricain apparu depuis dix ans une autre interrogation se profile. Interrogation qui cache ce qui ne plait pas dans ce disque. Le petit échec perso de Deerhunter et l' immense de l'indie-rock agonisante. Cox semble s' interroger du comment peut-on parler de ce monde par l' intermédiaire d' un album d' indie rock classique? Déjà le format permet-il de coller et de bien décrire l' immédiateté et l' effet loupe déformante du numérique et de ses réseaux socios? Pour Cox ça semble inenvisageable. On lui dit que des Lopatin, Ferraro, Holly Horndon et tant d' autres présents dans ce blog y arrivent? Il a bien tenté de changer l' esthétique, pas débile il a bien compris depuis longtemps que l' esthétique indie se devait de changer. Ses tentatives rétrofuturistes à la Laurie Anderson("Détournement") en sont une preuve mais aussi la marque d'une erreur. Le mot rétro reste collé à ses expérimentations courageuses. Au moins ils ont cherché plutot que de tomber dans l' arnaque et le maquillage Synth-pop facile des Tame Impala. Bradford Cox dit depuis quelques années qu' il déteste la nostalgie et le cynisme qui noye l' indie. Et c' est peut-être bien ça qui en fait une sorte de groupe ultime d' une histoire musicale déjà vieille de plus de trente ans. L' indie rock, pop ou que sais-je encore. Il sait ce qu' il cloche mais peine à franchir le cap. Comme à son habitude, ce fêlé a encore fait preuve d'une vista et d'une capacité d' analyse que beaucoup en sont démunis. Mais malheureusement, même si il a compris le piège des guitares/boulets, Deerhunter apparaît de plus en plus un peu comme les formations anglaises post-punk (Idles, Shame) qui redonnent envie de retrouver nos vieilles passions. Des gens bien, pas idiots et plutot courageux et combatifs, mais qui faute de réelles avancées sonores nous offrent des brûlots politiques qui agissent un peu trop malheureusement comme des nids douillets nostalgiques plus aptes à encourager le cocooning que que la grande révolution. Les sons sont bien trop familiers et récupérables pour bouger quoi que ce soit.

  • DEENA ABDELWAHED, le futur est aussi tunisien. Ou, moment rare, quand la critique musicale française

    Parfois il arrive des trucs bizarres dans la vie de ce blog. Par exemple, en fait très rarement, un emballement médiatique et critique français sur un artiste, un genre ou un disque réellement jugé par ici également génial ou passionnant. Le genre de disque qui va compter dans le futur. Le futur...un temps de conjugaison si peu usé et défendu en France, l'un des pays parmi les plus rétrograde et égocentrique qu'il soit. Surtout en matière de chronique et programmation musicale. ET ça, DWTN en a parlé des dizaines de fois. Alors quand nos chers programmateurs et journaleux-critiques craquent sur le même disque que DWTN, et qui plus est, sans l' éternel retard dont ils font preuves systématiquement, on ne peut que s' en réjouir. Réjouir et aussi rigoler un petit peu tant l' accueil de ce disque révèle de l' incurie de certains. Deanna Abdelwahed est tunisienne. Elle s'installe à Toulouse vers 2015 et ceci a sa petite importance dans l' "étonnant" accueil de notre cher fRance (pas de faute de frappe ici). Elysia Crampton, Chino Amobi ou Rabit devraient-ils faire pareil pour avoir ne serait-ce qu'un peu de l' attention médiatique qu' ils méritent? Du coup son disque sort chez Infiné Music, label français créé entre autre par Agoria. Assurément la plus belle sortie de toute l' histoire du label. Cherchez pas plus loin les raisons de ce coup de lucidité et de flaire journalistique et de l'industrie des festivals français. Entre égocentrisme, fainéantise. Bon par contre pour la présence de Nidia Minaj sur Bordeaux le miracle n' a pas eu lieu . Tant pis pour nous, tant mieux pour Princìpe. De Deanna Abdelwahed les premiers échos que j' avais reçu remontent à pas mal de temps mais ne concernait pas sa propre musique. Plutot ce qu' elle osait passer en Tunisie et en France dans ses dj set. Un peu d' UK bass mais surtout, surtout, du ...Footwork! Ce sont des gens comme elle, des personnes venant d' ailleurs et n' ayant pas attendu la mort de Rashad pour craquer sur le style de Chicago , qui me faisait penser qu' en fait il n'y avait que la France vers 2012-13 qui passait à côté du phénomène mondial. Elle le dit et le répète à longueur d' interview ces derniers jours. Le disque qui a tout changé c' est Bangs & Works en 2010. Bref, un peu comme par ici. Pour ceux qui ne savent pas ce disque est encensé par ici depuis la création du blog (dernier article en date ici). En 2017 elle balance le ep "Klapp" dans lequel l' auditeur découvrait un mélange spirituel d' un petit peu de tout avec une certaine prédominance dans les manières du Dubstep gonflé au numérique. Si je me souviens bien "Klapp" m' avait laissé une très bonne impression teinté de modernité et de courage malgré un sentiment d' inabouti. Un travail de déconstruction un brin trop sage. "Khonnar", pour les ignorants le K se prononce "R", va beaucoup plus loin. Jusqu'à fréquenter à sa manière des territoires bien connus des lecteurs du blog. Encore un disque qui prouve clairement que la boussole de la musique électronique n 'indique plus vraiment le Nord. Je vous parle depuis longtemps de Gqom, de Cumbia Clombienne, du Kuduro façon Princìpe, de rythme brésiliens malaxé par des ritales ou du mélange des genres footwork/afrique de Clap Clap. Plus récemment du Singeli de Bampa Pana. Et bien sachez que Deenna adore tout ça. Cela se ressent fortement dans son parti prix rythmique qui évite le 4/4 systématique et pioche dans les influences citées à l' instant. "Khonnar" ne se contente pas de s' inspirer des dernières innovations rythmiques. Il s' inscrit parfaitement dans la lignée de beaucoup d' autres choses. Musicalement comme politiquement et sociétal. Brassage d' influences, celles du dancefloor comme de son héritage culturel tunisien. Autre trait commun avec les artistes défendus ici, ce refus de choisir entre coutume et technologie, ce goût pour l' histoire doublé par une volonté farouche de futurisme. Et qui dit futurisme dans un monde en plein chaos dit comme souvent ici, dystopie. Mais une dystopie combattante. Les 9 titres balancent à nos faces une musique dark, perturbante. Conflictuelle. Et en la matière d' illustration de conflit Deanna Abdelwahed évoque fortement la musique de l' une des icones du blog, Dominick Fernow aka Vatican Shadow. Et pas seulement artistiquement. Depuis que j' écoutes sa musique et que je connais son pays d' origine je ne cesse de penser au "Media in the service of Terror" de Fernow et à sa pochette (photo de l' attentat de Sousse en 2015). Les gentillets intéressés par un exotisme déculpabilisateur de nos pays colonisateurs devront passer leur chemin. Deanna Abdelwahed va comme Vatican Shadow faire exploser le lavage de cerveau médiatique. Le terme a été lancé il y a peu au sujet de NON Worldwide et je l' attribue également à ce disque, c' est à une nouvelle décolonisation que nous découvrons. Ses armes, la Bass music et la Techno expérimentale, un couillat d' abrasion noisy, des synthés reprenant et disséquant les motifs orientaux pour les rendre glaçants. Et ce coup-ci contrairement au ep ça passe par un très gros travail de déconstruction original. Son territoire de lutte, un dancefloor où la démagogie, le panurgisme et le conformisme sont interdits de présence. Sa force, une personnalité forte qui sait de qu'elle parle. Abdelwahed parle autant d' inégalité des sexes, d' homophobie, bref émet une critique de la société tunisienne de l'intérieur, mais aussi se détache et tords la vision européenne majoritaire. J' ai déjà cité son nom mais franchement on aurait que trop envie de proposer à Deanna Abdelwahed de quitter les structures françaises pour rejoindre celle de NON Worldwide et de ses affiliés tant elle s'inscrit dans leur lignée. Tant comme eux elle fait du bien en décrassant les oreilles et les mentalités vieillottes. Le trait d' union est inévitablement sa proximité sonore avec Fatima Al Qadiri et son "Desert Strikes" de 2012. Sans rien perdre de sa personnalité, avec un talent monstrueux et un savoir indéniable, la tunisienne frappe un grand coup et offre à son disque le rôle parfait de passeur du morne quotidien français occidental, terne et rétrograde à celui de la fraîche Deconstructed-Club (ou post-club) mondiale, politisée et moderniste. PS J' ai encore oublié de vous parler de Zuli, la grosse claque sonore égyptienne du moment. Jetez-vous sur son disque paru sur le label UIQ de ...Lee Gamble. Et si Gamble aime, c' est dire l' intérêt qu'il faut lui porter!

  • YVES TUMOR, la bombe à retardement.

    Je vous l' avais promis alors la voici. La chronique du grand disque de 2018. La bombe à retardement qui fait mime de planter mais qui va tout foutre en l' air dans peu de temps. Yves Tumor dans DWTN c' est déjà une vieille histoire tant son hombre et le petit monde auquel il appartient sont omniprésent. Vous pouvez aller voir par là, par ici et enfin surtout dans cette première partie de chronique pondue dans l' urgence après la sortie surprise et l' été de folie du bonhomme. "Safe in the Hands of Love" est sorti depuis une dizaine de jours et à chaque écoute le choc est encore présent. Et ça va durer. Pourquoi ce disque souvent décrit comme étrange et défiant toutes règles est important et une totale réussite? D' abord penchant nous sur la carrière d' Yves Tumor. Pour bien appréhender l' ensemble de sa jeune mais déjà si importante oeuvre faut se souvenir de tous les pseudos de cet américain résidant en Europe. Pseudos souvent associés chacun à une direction musicale différentes des précédentes. C' est un touche à tout de génie et quand il annonce pour nom de naissance Sean Lee Bowie on se demande si ce n'est pas dès lors une entourloupe. Evidemment quand les néophytes vont tomber sur certaines vidéos où il change rapidement de costume et d' apparence donc de personnage, ou sur certain extrait de live où on se situe entre la simple performance arty, le concert et le Dj Set, ils vont vite comprendre qu' un autre Bowie plane autour du personnage. Il y a aussi certaines affinités autres que musicales avec Le David Jones aux cheveux longs et bisexuel dans le Londres des 60's. Ce garçon raconte s' être mis à la musique pour fuir son Tennessee natal avec son environnement raciste, homophobe, sexiste et conservateur. Il est devenu un membre à part de tout cette clique d' artistes Queer qui expérimentent musicalement et révolutionnent les pensées, les Arca, SOPHIE, Lotic, Elysia Crampton ou encore plus sagement Serpentwithfeet. Les pseudos utilisés sont TEAMS pour tâter de Vaporwave, d' Hypnagogic-pop, de Chillwave et même d' Ambient House jusqu' à titiller parfois le Footwork alors naissant, Rached Ali, Shanti, Bekelé Berhanu et ses aspirations Post-Club. Puis progressivement c' est le Yves Tumor qui s'imposa avec ses début Ambient et hypnagogic-pop sur un fond d' héritage Soul et Gospel. A cela histoire de compliquer encore plus l' histoire il participa à de nombreuse associations, Silkbless et The Movement Trust avec LR Berdman qui suivaient les traces de Ron Morelli ou Huerco S en matière de House Outsider, soit de la Deep House violentée (j' en parlais par là). Une autre, peut-être celle qui me le fit mieux connaître, c' est le duo formé avec une autre star de ce blog, James Ferraro, au sein de BodyMusic et leur travail de déconstruction du Hip Hop s' apparentant à du proto Post-Club. Il y eut aussi une expérience Vaporwave au sein de la Teamm Jordann et plus récemment Trump$America avec encore(!) une connaissance du blog, Dedekind Cut. Les lecteurs assidus du blog constateront par eux même que Yves Tumor est passé avant "Safe In The Hands Of Love" par à peu près tous les courants et styles novateurs que ce blog n' a de cesse de défendre à longueur de temps. Il est au coeur de tout depuis le début de la décennie. Aucunes oeillères et enfin un sacré flaire pour trouver ce qui se fait de plus passionnant et avant-gardiste. David Jones/Bowie ne peut du ciel qu' apprécier lui qui savait aller là où les suiveurs n' osent jamais.Certains croisèrent Tumor même aux rares prestations live de Dean Blunt et Igga Copeland avec leur Hype Williams. C 'est dire! Où va-t-il à son arrivée en Europe? Après un passage en Italie il file là où ça se passe en matière de révolution culturelle des dancefloors et d' expérimentation sonore, Berlin. Passe par le Janus Club (Lotic, M.E.S.H.), fréquente Bill Kouligas et son Pan Records. On en reparlera prochainement dans DWTN du machin Deconstructed Club/ Post-club avec un gros dossier récapitulatif tant les Janus et d' autres deviennent inévitables en 2018 pour appréhender le futur. Si à première vue le son de Tumor ne ressemble pas à ceux post-club de Lotic, M.E.S.H. certains titres ont une parenté évidente tel "Economy Of Freedom" et "Honesty". "Hope in Suffering" et "Let the Lioness in You Flow Freely" ressemblent quant à eux aux collages sonores du Deconstructed Club de Chino Amobi et Elysia Crampton. "Safe in The Hands Of Love" est bel et bien une bombe à retardement tant il va exploser toutes les barrières, faire perdre tout repère aux auditeurs. C' est une oeuvre fruit d'une liberté totale à la puissance émancipatrice capable de faire changer toute personne atteinte de panurgisme stylistique et sociale. Une bombe fabriquée par Tumor en utilisant toutes ses expériences et errances passées. Ce disque comme je l' écrivais dans le premier article le concernant aborde plein de courants du passé, souvent on se retrouve à des souvenirs 90's mais il ne s' agit que de traces presque accidentelles. Trace de Big Beat, de Baggy Sound, Trip Hop, R'n'b, Dreampop etc etc. Tumor a certes de la culture mais ne l' étale pas bêtement. Les risques de se perdre existaient sur le papier comme à l' écoute distraite de bon nombre qui vont passer à côté. Mais il y a fil d' ariane auquel Tumor s' accroche depuis toujours. D' abord techniquement il utilise le sample comme principal outils avec des moyens Lo-fi. Ensuite tout au long des 10 titres une sensualité bien personnelle se dégage. On l' avais croisé dans ses premiers disques solo sous ce pseudo même si en live il se laisse aller à une certaine provocation sonore bien plus rentre-dedans. De cette bipolarité le disque en porte les traces tanguant entre violence et raffinement. La violence évoque l' isolement autoritaire que nous fait subir nos sociétés modernes et le raffinement exprime une idée de vouloir s' en extirper par le refus de la caricature et de l' urgence. Ses paroles abordent la nécessité d' en passer par une rupture brutale qui sera de toute façon déchirante mais salvatrice. Sortir la tête du trou dans le quel les réacs et Néo-Libéraux, souvent ils sont une et même personnes, n' ont de cesse de nous y jeter. Cet album est donc libéré de toute restrictions identitaires et stylistiques au point qu' il va en perdre plus d' un des snob et élitistes de pacotille. Bombe à retardement parce que si il peut titiller la fibre vintage dans un premier temps il va lentement mais surement la duper et la tuer. Tumor fait ce qu' un John Maus et Ariel Pink ont fait. De l' Hauntologie tueuse de connerie nostalgique. "All The Love We Have Now" c' est une sorte d' Ariel Pink post-vaporwave et Seapunk. Si parfois il revient à ses aspirations expérimentatrice, indus et ambiant, à d' autres moment il nous offre l' une des plus belles mutation de la pop. Un laboratoire à la pointe du progrès qui effectue un terrible bombardement moléculaire sur les structures "classiques" de toute forme de musiques dites Pop. Il l' a dit souvent, il n' a pas de musique précise en guise d' objectif, ce serait pour lui juste une tentative de traduction d' ambiance différentes. Si parfois certains titres évoquent l' esprit des Avalanches ou des Animal Collective la démarche de Tumor et ses comparses contemporains va bien plus loin et est bien plus révolutionnaire. "Safe in The Hands of Love" est le grand disque important de 2018 qui va s' inscrire durablement dans l' histoire parmi par exemple les trésors du jazz entre-aperçus au début et la synth-pop 80's croisée à la toute fin de l' album. Pour les reclus du référentiel indie c' est ni plus ni moins que le "Screamadelica" des 10's. Voir mieux. Un "Screamadelica" produit par Aphex Twin sous le patronage de Saint Bowie pour toutes les raisons évoquées plus haut. Hommage évident à Bowie

  • YVES TUMOR change et frappe très fort.

    Mais quelle mouche l' a piqué? En à peine un été Yves Tumor vient de prendre une stature infiniment plus grande qu' auparavant en opérant un de ses virages artistique comme on en voit si peu. Et c' est peu dire que sa stature pré-estival était déjà grande. Pour les retardataires voici les liens vers les articles concernant le bonhomme (ici et là). Deux albums officiels au compteur, les deux classés dans les top annuels de DWTN, c' est dire la passion du blog pour ce type. Petit rappel des faits de l' été de fou d' Yves Tumor. Le 25 Juillet un premier titre déboule à l' improviste et surprise totale. Si sa signature sur le légendaire label WARP était annoncé depuis longtemps c' est le contenu qui fit sensation. Accueil critique dithyrambique. C' est un quasi-tube indie ! Le grand maestro de Sound Collage dans lesquels se mêlent ambient de haut vol, héritage Soul sur un mode éthéré et hypnagogic-pop parfois atteint d' abcès noisy et post-indus opère alors un virage à 180° comme très peu de musiciens le font. Qui plus est un virage réussi. Le titre "Noid" ne ressemblait à rien de ce qu'il avait fait auparavant. Une chanson franchement indie-pop où d' étrange réminiscence baggy semblait flotter sur les mimic digne d' Animal Collective et quelques relent disco. Un truc à la fois identifiable et étrange. On reconnaissait malgré cela la patte Tumor avec des boucles de sample et un certain lyrisme énigmatique et assurément bouleversant. Que Tumor offre un double visage n' est pas réellement surprenant au regard de ses disques brumeux et de ses prestations live franchement agressive par instant et toujours spectaculaires. Mais de là à nous offrir ce qui pouvait s' apparenter au tube estival parfait pour un autre monde idéal, c' était bluffant. Un mois après le 29 Août avec le coquin "Licking an Orchid" il nous cueille une deuxième fois dans la torpeur estival mais sur un mode plus délicat. Après le tube pour danser voici le slow pour baiser voir même tenter des expériences sado-maso. Ce coup-ci on se retrouve face à une espèce de Trip Hop bizarroïde basculant un instant dans une rage noise-rock au son de la voix ensorcelante de James K, elle aussi spécialiste de l' expérimentation à tout va. Deuxième claque et c' était pas fini. Depuis tout s' est précipité. Au point de repousser cet article chaque jour tant les infos et les rumeurs s' accumulaient. Le 3 Septembre "Lifetime" se pointe à son tour et Tumor tutoie encore plus les sommets. Comme pour les deux précédent la "patte" est la même mais nous sommes loin de la Soul timide mais poignante de "Serpent Music" et "Experiencing The Deposite Of Faith". L' aspect hypnagogic-pop vole en éclat devant un son plus clair susceptible de draguer un public bien plus large. Mais Tumor a la clé pour opérer dans cette direction sans se renier ou faire dans le facile. Son héritage Soul apporte une rage, une colère et une puissance lyrique ravageant tout sur leur passage. On a l' impression qu' il a fait réinterpréter un titre composé avec des samples par l' orchestre symphonique d' Isaac Hayes. A peine remis du choc et moins de 24 heure après c' est "Economy Of Freedom" qui surgit. Le Tumor plus bruitistes et fan de musique concrète réapparaît pour nous délivrer le 4ème choc musicale en un peu plus d'un mois. Juste le temps de verbaliser qu' il devenait évident qu'un album gigantesque approchait que ce dernier sort officiellement en version numérique. Il s' appelle "Safe in The Handsof Love" et est d' hors et déjà l' album de la rentré voir plus. Il s' avère dès les premières écoutes composés des deux faces d' Yves Tumor, expérimental et dorénavant pop. Sa version physique ce sera pour le 12 Octobre. D' ici-là la chronique enthousiaste dans DWTN assurément !!!

  • BAMBA PANA, après le Gqom l' Afrique offre la Singeli.

    A peine digérée la fraîcheur du Gqom voici venu le moment pour l' euphorie Singeli. Si ce terme de Singeli vous est étranger sachez juste qu' il ne l' est pas dans la diaspora Africaine et chez certains producteurs électro occidentaux à l' oreille pointue. L' an dernier je vous avais déjà glissé une bonne dose de Singeli dans le top annuel des compilations. Ce coup-ci c' est l' album de l'un de ses représentants parmis les plus prometteurs. Et sachez que ça va vous ...retourner! L' an dernier le label Ongandais Nyege Nyege Tapes nous avait donné un apperçu de Singeli moderniste sans aucun compromis par l' intermédiaire de la compilation "Sounds Of Sisso". Coup d' éclat et une gigantesque révélation. Si vous êtes curieux en tapant sur youtube le mot Singeli vous allez vous retrouvez face à une multitude de clips provenant d' Afrique de l' Est. Vous rencontrerez donc la version la plus écoutée du genre. La plus "variétoche" ou "commerciale" oserais-je dire tant ce style est démocratisé là-bas. Des clip reluquant les clichés R'n'b ou rap avec clinquant et danse du popotin totalement hypnotiques. Les rythmes y sont effrénés frôlant la syncope et les synthés sont répétitifs et hachés menu-menu. Le phrasé hyper rapide des MC va aussi vous faire tourner la tête. Mais avec Bamba Pana c' est l'underground et celle du studio Sisso que l'on découvre . Sur " Sound Of Sisso" nous rencontrions une version plus abrasive, voir carrément Punk. Le label ougandais a eut le nez creux de se pencher sur le Singeli Tanzanien et plus particulièrement sur celui qui voit le jour dans les ghettos de la mégalopole Dar Es Salaam. Son plus crado et plus électro. Les paroles délaissent un peu les clichés Hip Hop consuméristes et sexuels pour une teneur plus politique portant par exemple sur un quotidien des gamin fauchés et leurs relations avec une police corrompue à tous les étages. A Dar Es Salaam le Singeli souvent acoustique et instrumental se voit propulsé dans le futur par un apport de l'ordinateur encore plus présent. Bamba Pana de son vrai nom Jumane Ramadhani Zagge est la tête de gondole d' une mouvance bien plus intègre et aventureuse que ce que Youtube offre en premier. No compromis en somme. Des BPM atteignant les 160 jusqu'à 180 par leur syncopages peuvent évoquer le Kuduro modernisé du label Prìncipe de Lisbonne (sur "Kusini") ou le Shangaan électro d' Afrique du Sud. Mais pas seulement. Cette musique frénétique et vertigineuse, totalement hédoniste, évoquera aux plus anciens certaines chose du Gabber chéri par d' autres jeunes, ceux noyés dans la crise économique et l' ennui de la Belgique ou Hollande des 90's. On peut aussi citer sa cousine la Transe et même, aller jusqu'à chercher le nom du roi de la déconstruction de ce courant, Lorenzo Senni et son pote Alberto Guerini aka Gabber Eleganza. Les ressemblances sont troublantes entres certains titres de Bampa Pana comme la version instru de "Ling Linga" et ceux de l' italien de WARP. Sur d' autres morceaux de l' album "Poaa" on peut même se retrouver sur les terres expérimentales et minimal de gens comme Ryan Tenor ("Biti Six"). Imaginez encore une version africaine du footwork sous acide. Si le dénommé Aphex Twin tombe un jour sur ce Singeli je peux vous affirmer qu' à l'instar du footwork les chanceux vont de le prendre dans la figure dans l'un de ses lives légendaires. Il va être difficile de trouver en 2018 une musique pour dancefloor autant innovante, originale, haletante et bourrée d'une énergie susceptible de remuer un mort. On savait que le futur se trouvait autant à Chicago qu' à Durban (là), Lisbonne (ici) Berlin ou à Oaxaca (par là). A présent les jeunes gens modernes (de 2018) devront prendre les valises pour les dancefloors des ghettos du Tanzanie.

  • Mes 20 ANNEES de ROUTE DU ROCK (1995-2015), TOP 45 définitif & Playlist

    J'ai définitivement remisé mes kickers de 1995, mon bob et bien sûr mon vieux k-way rouge. Au diable les discussions interminables sur le trajet à prendre, la saveur de la bière, le stationnement dans un Saint Malo bondé et la qualité des galettes saucisses. De toute façon le petit côté consommateur grandissant des festivaliers m' a toujours foutu la gerbe, le confort comptait bien moins que la musique. La Route du rock c'en est fini pour moi. Sans aucuns regrets. Et dire que l'histoire avait commencé à l' arrache en 95. Presque par hasard. Pendant 20 ans ce festival ,à l' origine pas comme les autres et ce pour une grande partie de ce bout de vie, était une borne annuel. Le grand moment de la rencontre d'un gamin venant de son trou du cul corrézien avec les musiques alors inaccessibles en live au quotidien et qui lui servait de phare salvateur. Si ce n'est de bouée! D' abord un moment attendu avec frénésie, ensuite une habitude vitale jusqu'à devenir une coutume. Je n' aime pas les coutumes. C' est chiant les coutumes, et surtout pas favorable au grand frisson de la nouveauté, de l'inconnu et de la perte de repère si nécessaire pour ne pas se pourrir. Ces derniers temps il y a encore des gens pour me demander : "alors jojo, tu vas à la route du rock?" Et moi de répondre depuis 3 ans par la négative ne manquant pas de créer la surprises chez les retardataires. Il y a bien sûr de nombreuses raisons. Un enfant par exemple. Pourquoi traînerai-je ce pauvre gamin chaque année au même endroit alors que le monde et les possibilités de découvertes sont si grande ailleurs. Ne pas faire à un autre ce que tu as détesté par le passé. Mais pour être honnête la principale raison est purement musicale si pas philosophique et politique. Et c'est peut-être bien ça le plus important. Depuis déjà trop longtemps le Fort ne m'offrait plus le "grand frisson". Trop de revival, trop de redite, trop de vieux groupes reformés peinant à retrouver le lustre d'antan. Trop de vieille musique à l'image d'une scène mondiale indie qui n' a pas vu qu'elle s' était faite récupéré un petit peu et que ses plus dignes héritiers étaient partis voir ailleurs. L' état d' esprit indie de 95 existe toujours mais il est bien ailleurs, son esthétique a changé, des nouveaux courants sont apparus, d' autres ont muté. Alors pourquoi écouter toujours le même son qui peinent tant à nous parler de notre époque? Quand un quadra commence à trouver aux rendez-vous annuels malouins un arrière goût gentillet de musée et de madeleine de Proust c'est que vraiment il y a un truc qui cloche. Plus ça allait et plus la musique qui passait au fort Saint Père ne parlais pas du présent de ma passion et évoquait de moins en moins son probable futur. On pourrait me rétorquer que ma passion s' est simplement estompée avec l' âge. Mon blog Dancing With The Noise prouve tout le contraire depuis 6 ans. Les grands noms ont beau continuer de venir, les petits nouveaux de débarquer, je me demande si certains spectateurs ne continuent pas à y aller pour retrouver une jeunesse perdue ou juste rajouter froidement une ligne comme d' autres le font sur un CV. Et un CV vous savez, culturel ou pas, passionnel ou pas, ça triche toujours un peu et surtout cela ne rendra jamais réellement compte d'une vie de passion. Un peu comme des touristes suivant bêtement leur guide. Ce dernier est en mode automatique depuis trop longtemps et son publique semble avoir perdu depuis trop longtemps aussi la soif de l'inconnu. Le monde a changé et les musiques par une logique implaquable font de même. De mes récents coups de coeurs musicaux il n'y en avait quasiment trace dans les récentes programmations si ce n'est des apparitions bien trop tardives (John Maus en 2018??!!!!). Je pourrai faire comme d' autres, me laisser atteindre par la paralysie musicale recroquevillé sur mes souvenirs et mes artefacts et perpétuer le pèlerinage. Rester dans le confort culturel voir l' affichage sociale à peu de frais comme certains faussaires. Mais j' aurai juste trop peur de me dessécher tout simplement. De me renier. Le festival pas comme les autres est donc devenue à mes yeux un festival quasiment comme les autres. Il y a bien sûr certaines nuances qui différencieront toujours un peu ce vieux machin mais dans le fond le présent et surtout le futur s' écrivent dorénavant ailleurs. Aller à un festival en 2015 est-il la même chose qu'en 95? On dira juste un peu moins iconoclaste. Si rares autrefois ils sont dorénavant aussi fréquent que les Mc Do en périphérie des villes. Ai-je changé? Suis-je toujours le gamin de 1995 avide d'une autre musique que le tout-venant? Non et c'est bien pour ça que la Route du Rock ne me verra plus. Ce sont les temps qui ont changé et la RDR s' est pris les pieds dans le tapis de la nostalgie et du vintage jusqu' à faire du surplace. Alors ne soyons pas non plus ingrat. Ce festival fut pendant près de 20 ans un petit miracle dans ce pays qui n' aime pas autant la musique qu'il le croit. La RDR m' a donc tant offert en 20 ans qu' il faut désormais solder les comptes et jeter un dernier regard dans le rétroviseur juste avant que la brume du temps qui passe ne cache tout les bons souvenirs. Ne sont pas pris en comptes les DRAMES (JOJO absent à ST MALO) PORTISHEAD 1998 2014 PJ HARVEY 1998 TV ON THE RADIO 2004 NICK CAVE & THE BAD SEEDS 2013 APHEX TWIN 2011 LCD SOUNDSYSTEM 2004 -2007 ANIMAL COLLECTIVE 2005 LIARS 2006-2010 FUCK BUTTONS 2008 INTERPOL 2001 DEATH IN VEGAS 1997 LO FIDELITY ALLSTARS1998 GUSGUS 1997 DAN DEACON 2011 SAVAGES 2012 THE FLAMING LIPS 2010 JULIA HOLTER 2013 DOMNIQUE A 2009 THE NATIONAL 2007 SONIC YOUTH 2008 THE AVALANCHES 2001 MAZZY STAR 2012 SPIRITUALIZED 1998 MY BLOODY VALENTINE 2009 GRIZZLY BEAR 2006 CAT POWER 2006 LIFT TO EXPERIENCE 2001 DIRTY BEACHES 2011 DEERHUNTER 2009 SLOWDIVE 2014 ELECTRELANE 2011 WILLIS EARL BEARL 2012 FAT WHITE FAMILY 2014 GIRLS BAND 2015 GANG GANG DANCE 2009 DJ SHADOWS 1999 TINDERSTICKS 1999 SUN KILL MOON 2015 COLIN STETSON 2012 SIGUR ROS 2008 MOGWAI 2001 REGULAR FRIES 1999 !!! 2005 BLACK DICE 2003 PROTOMARTYR 2015 Les deux absents de Spotify

  • LES IMMANQUABLES, Janvier-Juin 2018

    TOP 30 ALBUMS SOPHIE Oil Of Every Pearl's Un-Insides SARAH DAVACHI Let Nights Come On Bells And The Days BEACH HOUSE 7 GROUPER Grid of Points LOLINA The Smoke ONEOHTRIX POINT NEVER Age Of ICEAGE Beyondless ABUL MOGARD Above All Dreams тпсб Sekenduenschlaf DJ TAYE Still Trippin SOHO REZANEJAD Six Arvhetypes THE BODY I Have Fougth Against It, But I Can't Any Longer GABOR LAZAR Unfold THE CARETAKER Everywhere At The End Of The Time Stage 4 PAPER DOLHOUSE The Sky Looks Different Here PENDANT (HUERCO S) Make Me Now You Sweet SHAME Songs Of Praise DIALECT Loose Blooms CECILIA Adoration DEBIT Animus THE MODERN INSTITUTE Another Exhibition At The Modern Institute SPACE AFRIKA Somewhere Decent To Live CHEVEL Always Yours LUCY RAILTON Paradise 94 DEDEKIND CUT Tahoe AÏSHA DEVI DNA Feelings ELYSIA CRAMPTON Eponyme PROC FISKAL Insula CHAINES The King Celui que l'on attendait pas RP BOO I'm Tell You What ! TOP EP'S & SINGLES JAMES FERRARO Four pieces for Mirai DJ NIGGA FOX Crânio BJORK Arisen My Senses DJ LILOCOX Pax & Amor NEGATIVE GEMINI Bad Baby TOXE blink MARTYN BOOTYSPOON Silk Eternity GABBER ELEGANZA Never Sleep#1 RAIME I'm Using Content Or Is Content Using Me P ADRIX Album Desconhecido LOW JACK Riddim Du Lieu-Dit BOY HARSHER Country Girl Ep KLEIN CC EVOL Ideal Acid HANDY Smacker DOON KANDA Luna 700 BLISS Spa 700 8ULENTINA Eucalyptus KELORA Girl JAMES BLAKE If The Car Beside You Moves Ahead TOP COMPILATION NON WORLDWIDE COMPILATION TRILOGY Vol. 1,2 & 3 IN DEATH'S DREAM KINGDOM PATINA ECHOES PC MUSIC Volume 1 & 2 PHYSICALLY SICK 2 REEDITION CHRISTOPHE DE BABALON If You're Into It, I'm Out Of It

  • LA DEMENCE ET ALZHEIMER EN MUSIQUE, suite de l' oeuvre colossale et indispensable de Leyland Kirby

    Cet article fait suite tout en reprenant une partie de celui consacré aux liens entre la maladie Alzheimer et la musique. Leyland Kirby poursuit son travail de longue haleine consistant en une illustration de cette pathologie par sa série "Everywhere At The End of The Time". Le chapitre 4 vient d' être publié et une nouvelle fois le fan de musique et l' aide soignant que je suis sont abasourdi par la qualité et la pertinence de l'oeuvre. A l' instar de cet article DWTN tachera donc de remettre à jour régulièrement sa chronique originale en fonction des futures suites de la série. PETIT RAPPEL Leyland Kirby se pose probablement comme des mieux placé pour tenter d' illustrer par la musique Alzeimmer et les démences qui lui sont affiliées. Ce nom vous l' avez déjà croisé maintes fois dans ce blog . L' an dernier cet artiste avait encore une fois droit aux honneurs de DWTN pour son magnifique "We, so tired of all the darkness in our lives". Alzheimer touche la mémoire et qui de mieux placé qu'un artiste affilié au courant Hauntologique. L' "Hauntology music", ce bidule "post-moderniste" qui tire son nom des travaux de Jacques Derrida, je n' ai de cesse de vous en parler et une fois de plus il ne peut qu'en être question. Il y a de solides et bien réelles passerelles entre la perte de mémoire liée à Alzheimer et la réflexion hauntologique. Ces musiques traitant de la nostalgie et des tours que cette dernière joue aux souvenirs quand nous sommes en quête d' un avenir qui ne s' est pas réalisé. Quand le présent devient dystopique. Mark Fisher parle quant à lui toujours au sujet de l' Hauntology d'une "confrontation avec une impasse culturelle. L'échec de l'avenir". Les pertes des repères et des souvenirs provenant d' Alzheimer ne représentent-elles pas également une impasse et l' avenir une notion bien évasive ? Les personnes atteintes "semblent" enfermées dans une vision courte au jour le jour. Si ce n'est pas de l' instant à l' instant. En apparence. Un hauntologiste refuse d' abandonner l' avenir en évitant le même travail bêta des copieurs revivalistes de tout poil. Il décompose la musique du passé, la transforme, la parasite. Il n'est pas "nostalgique", il utilise la nostalgie du passé pour critiquer le présent et tenter d' amener un avenir plus radieux. Kirby a une autre particularité et pas des moindres pour être le plus à même de décrire la démence et l' oublie. C' est un ancien aide-soignant justement. Cela fait déjà pas mal de temps que le britannique Kirby a monté son projet The Caretaker. Rien que le choix du pseudo évoquait la mémoire et nos liens avec le passé, nostalgie et mélancolie. Référence au "Shining" de Kubrick et notamment aux dons de médium du mioche du film, un personnage susceptible d' explorer le passé. En 2011 avec " A empty bless beyond this world" il aborde une première fois Alzheimer avec tact et pertinence. Succés artistique et critique au rendez-vous. Mais comment s'y prend-t-il pour évoquer cette maladie? Comme souvent et dans la grande tradition Hauntologique il utilise des références du passé. Ici ce sont des samples plutot que des instrumentations jouées. Sample des musiques jouées dans les bals anglo-saxons des années 20 et 30 dont on possède les traces par l' intermédiaire de 78 tours. Après en avoir déniché un certain nombre Kirby n' a eut de cesse de mettre en boucle certains titres ou extraits. Est arrivé ensuite l' un des éléments majeurs dans son travail et celui de ses congénères hauntologiques (Burial, Belbury Poly, William Basinsky). Le bruit de la surface d' enregistrement. Les fameux craquements des vinyles tellement symboliques du passé à l' heure du mp3 sont amplifiés et ce très progressivement jusqu'à prendre toute la place. Jusqu'à en faire disparaître la musique. Cette dernière est ici, comme justement dans le traitement des personnes atteintes, appelée à enclencher nos souvenirs. Mais, par le filtre de la maladie (les craquements, la déformation du son), la perte des sens s' installe jusqu' à atteindre le point de non retour symbolisé par un silence pesant et l'unique présence des craquements et de la tête de lecture du gramophone. Nous sommes sur le dernier sillon du disque , celui qui ne mène à rien si ce n'est qu'à lui même. L' impasse. La métaphore parfaite. Avec ce travail méticuleux il réussit parfaitement à reproduire les procédés fragmentés et non probants de la mémoire atteinte d' alzheimer. Depuis 2016 il va encore plus loin en affinant son travail avec la série "Everythere at the end of time". Cette série doit comprendre 6 parties et nous en sommes qu' à la moitié. Une fois terminée, The Caretaker sera appelé à disparaître selon les dires de Leyland Kirby. Chaque partie doit représenter un stade particulier de la démence précoce. La phase 1 sortie en 2016 abordait les premiers signes de perte de mémoire. Il ne semble pas se passer grand chose sur ce disque comparé à "We, so tired..." sauf à quelques petits détails près. Des morceaux présent aux débuts reviennent à la fin, se répètent mais sous un autre titre. La personne chercherait-elle ses mots, leur signification? L' ambiance reste cependant plus radieuse, favorable. Nous ne sommes confrontés qu'aux bons souvenirs et aux grands moments de nos vies. Mais qu' advient-il quand nous ne sommes plus capable de favoriser ces "bons" souvenirs pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Quand le puit s' assèche et qu'il ne reste plus que de la vase mémorielle à sucer pour subsister. Ce que l'on voulait oublié et qui devient l' ultime canne . Mais une canne prête à se briser et possédant une poignée truffée d' épines. La phase 2 (Avril 2017) décrit une chose rarement abordée au sujet d' alzheimer et de bien d' autres démence. Quand la personne atteinte repère les premiers signes. Plus la mémoire s' efface et plus l' humeur devient négative. Le "black dog" de Churchill s' installe. La dépression précède le refus puis parfois l' acceptation attristée. Leyland Kirby commence à se lâcher sur cette phase en terme de rajout de sons aux samples et de manipulation. L' ambiance se noircit. L' heureuse nostalgie devient triste. Arrive la phase 3. La plus manipulatrice et intéressante jusqu' alors. Et aussi la plus porteuse de promesses sonores quant à la suite de la série. Le brouillard s' installe définitivement. Les éclaircies dans le traitement du son de la précédente phase diminuent fortement. Les boucles se répètent plus fortement, le tempo ralenti fortement et de brèves accélérations viennent trahir de probable énervements dus à l' incompréhension face à un extérieur devenu inconnu. La phase 4 qui vient tout juste de sortir marque un tournant majeur. Kirby explique qu' elle marque définitivement le passage dans la post-conscience. L' individu atteint n' est plus en mesure de mobiliser ses souvenirs les plus remarquables. Naissance, mariage, deuil. Il est à présent balloté mentallement par le désordre et la frayeur. Les dégradations cognitive sont devenues impitoyables. La musique dans ce quatrième chapitre n' est plus en mesure d' adopter une direction rationnelle. C 'est le spectacle sombre d' un capharnaum de réflexions déstructurées et d' émotivité indéchiffrable. Le ciel s' est irréversiblement assombri mais comme on le verra plus tard un rayon de soleil peut percer la couche épaisse de nuage à tout instant. On peut raisonnablement affubler cet ambiant fruit de collage sonores du terme de psychédélique. Kirby nous plonge irraisonnablement dans un vrai trip, mais un déchirant et très mauvais trip. La paranoïa et les crises d' angoisse remplace les délires euphoriques et les rèvasseries. L' atonalité prend le pouvoir et bien souvent cette musique crée un profond malaise à force de sonner faux. Les titres s' allongent marquant ainsi la perte de repère de la temporalité si caractéristique. La fuite en avant se poursuit donc dans cette 4ème partie qui persiste dans le réalisme documentaire en dévoilant par exemple ces petits miracles que nous pouvons constater au quotidien chez les personnes atteintes. Le titre "Temporary Bliss State" détonne par sa mélodie chatoyante et son semblant de luminosité. La suite, la phase 5 devraient être publiées courant 2018 et le projet se clore définitivement avec la 6 en Mars 2019. Leyland Kirby aka The Caretaker par sa maîtrise et son talent offre une nouvelle fois une oeuvre gigantesque, tortueuse et absolument pertinente. Comme toujours avec lui l' auditeur se retrouve confronté à une musique à la fois simplissime dans les apparences mais aussi très difficile d' accès si le contexte n' est pas posé. Un projet de longue haleine, donc fatalement à contre courant de l'immédiateté et du zapping dominant. Un disque nécessitant une écoute très attentive et endurante mais certainement le plus abouti et le plus essentiels des travaux sonores sur ces pathologies que la musique nous a offert. Petite mixtape d' à peine un quart d' heure tentant de résumer brièvement et maladroitement les nombreuses heures de musique du projet "Everywhere At The End of The Time" de Leyland Kirby. En plusieurs chapitres Kirby illustre l' apparition des premiers symptomes et l' installation définitive de la démence liée ou pas à Alzheimer. 1. "It's Just a burning memory" (Phase 1) 2. "Misplaced in time" (Phase 2) 3.The way ahead feels lonely" (phase 2) 4."Bewildered in another eyes" (Phase 3) 5."Libet's all joyfull camaraderie" (Phase 3) 6."Post awareness confusions" (Phase 4) 7."Tempory Bliss States" (Phase 4) L'intégralité du projet est dispo par ici

  • NUITS SONORES 2018, sélection DWTN pour un bon cru.

    Et si pour une fois je m'engageais à regarder pour une fois la "chose" musicale en France du bon côté. Au lieu de se plaindre de la pauvreté, du manque d' originalité, de l' absence de courage et surtout du manque curiosité en matière de musiques novatrices ou un brin singulières par la plus part des programmations de nos festivals, si pour une fois donc... on voyait l' aspect positif. Face à une offre dorénavant pléthorique mais franchement peu emballante, le quadra père de famille en passe de se ranger des affaires du Live mais du coup, un brin frustré, peut y trouver un certain réconfort. Pas l'impression de louper quelque chose voir même la sensation d' éviter un peu plus de frustration, d' ennuie voir d' énervement. Surtout si il a su gardé intact un goût affirmé pour tout ce qui innove, change du tout venant et fricotte avec l' avant garde et l' hybridation stylistique. Que ce soit pour les musiques des salles de concerts ou celles des dancefloors. Ces deux courants sont malheureusement souvent séparés. Et puis patatras! Un festival français va réussir à me faire regretter mon petit confort et ma retraite de festivalier. Un festival qui tente depuis longtemps la synthèse des deux avec une prédominance pour le dancefloor mais surtout qui pouvait s' enorgueillir de faire venir des artistes souvent défendus ici. Jamais suffisament pour me frustrer chaque année. Y' avait toujours une bonne raison de ne pas pleurer. Alors que la Vilette Sonique jusqu'à présent le modèle à suivre dans l' héxagone semble s' être "Route du Rockinisé" dramatiquement à la vue de sa future prog caricaturalement "indie" et nostalgico-gaga ce sont les Nuits Sonores qui relève le niveau et vont me faire déplorer amèrement le temps qui passe. Que ce soit un festival estampillé électro n' est pas une surprise en soi mais cette année leur ouverture d' esprit absente chez la conccurence marquée indie/rock ou mainstream est ce coup-ci dopublée d'un flair exemplaire. On est pas encore au niveau du Undersound Polonais ou d' un Berlin Atonal question avant gardisme ni dans la riche et variée pagaille d'un Sonar mais Les Nuits Sonores s' en rapprochent comme jamais en 2018. Voici les raisons qui ont failli pousser le quadra derrière DWTN a abondonner femme, enfant, chat et travail dans une sorte de crise de la quarantaine désespérée. Le 8 Mai. La première journée s' annonce être une entrée en matière en douceur se reposant sur des valeurs sûrs. Les fans de reformations pourront aller jeter un oeil sur les cultissimes et essentiels DAF mais aussi sur l' ancien Gerald Donald (ex Drexciya!!!) avec son projet Dopplereffekt. Pour les fans de jazz et adeptes de fusion spirituelle il y aura Kamasi Washington peu de temps avant la sortie du successeur de son acclamé "The Epic". Le 9 Mai. La première nuit offrira son cortège d' habitués et de squatteurs de festival tel Chloé ou Rone. Je sais c' est pas franchement original et emballant mais ce soir-là sera marqué par un petit évènement qui risque bien d' avoir certaines conséquences sur les dancefloors français. Ou au moins, on l' espère beaucoup par ici. Il y' aura...unet grande nouveauté à Lyon...DU GQOM !!!!!!!!!!! DJ Lag himself viendra enfin en France histoire de faire comprendre à tous que ce genre musical mille fois traité ici est tout sauf une mode et un sous genre. Le 10 Mai. Les choses sérieuses commencent ce jour-là. Comme chaque la journée suit comme fil conducteur les choix d'un Dj célèbre et ce coup-ci c' est Daniel Avery qui va faire monter le niveau. On comptait pas trop sur le bonhomme tant ses tiques de pilleur du passé m'ont agacé mais à l' image de son dernier album un brin plus marqué par une vision originale ses choix s' avèrent passionnant. On passe très vite l' intéressante mais un brin mille fois entendue Helena Hauff et on vous conjure de se rendre au Sucre pour l'une des meilleurs soirées pour lecteur assidu de ce blog. Rien que l'observation des labels représentés évoque leur omniprésence dans ce blog.Imaginez, un artiste appelé à être signé chez WARP ou PAN, un autre pote avec Saint Dominick Fernow (Hospital Records) et enfin une habituée de chez Blackest Ever Black. Passer l' après midi en compagnie d' Alessandro Cortini auteur en 2018 du merveilleux "Avanti" avec son espèce d' électro ambient hauntologique mais toujours portée sur le futur celà a de quoi être une expérience gigantesque. Surtout si juste après vous vous prenez le vent glacé et la grande classe de Tropic Of Cancer et que le petit chouchou du blog mais aussi de Bjork et d' Aphex Twin va débarquer pour devenir l'une des révélations du festival, Lanark Artefax! Le reste de la journée s' annonce riche et on retiendra l' essentiel, notre gloire nationale Colleen qui aura tout loisir de dégonfler la baudruche qui la suivra, l'une des plus grosse véssies passées pour des lanternes depuis un lustre, les chiantissimes et niais Superorganism. Le 11 Mai. Petit coup de mou puisque les NS reparte sur un travers terriblement franchouillard. ON N'EN PEUT PLUS DE FOUR TET !!!! Enième venue du gars que l'on a adoré mais qui depuis trop longtemps se répète un peu trop et que l'on a également un peu trop vu. Mais comme il est un bon gars le Kieran Hebden il se rattrape en nous offrant Karen Gwyer et James Holden avec ses Animal Spirits. Les courageux pourront aussi tater ce que devient Floating Points, vieille hype pas franchement originale d'y il y a quelques temps. Pour le reste il y a du lourd. Du très lourd même. D' abord le traditionnel papi ressorti du musée électro et là on touche à ce qu'il y a de plus sacré. Il y a quelque semaines je vous balançais mon top de cette année importante que fut 1988. En bonne place bien sûr l' Acid House et Madchester et ...LARRY HEARD aka MR FINGERS pour son légendaire "Amnésia" !!! Et bien les Nuits Sonores 2018 vous offre ce monument historique des dancefloors à l' occasion de la sortie de son dernier et gentillet album "Cerebral Hemisphere". Mais il est sûr que tout bon connaisseur attendra impatiemment au cours de son set certains titres parmi les plus important de l'Histoire tel "Washing Machine", "Can you feel it" ou "Mystery love". Faudra penser à aller voir l'un des set les plus attendus et susceptible de mettre tout le monde d' accord, soit Bicep avec leur musique passe-partout. Il faudra parce que si le tout venant ira voir les deux précédents il est moins sûr que les deux suivants aient le même succés publique et pourtant! Les plus valeureux vont pouvoir d' abord se décrasser les oreilles sous les coups de Ben Frost. Juste ce qu'il faut pour voir le vrai génie de l' édition 2018 et l'un des très rares de notre époque. Le seul susceptible de briguer une petite place auprès des DAF ou de Larry Heard au panthéon de la musique . Lee Gamble est l' évènement des NS 2018. Le truc à ne pas louper. le machin dont les heureux élus pourront balancer à la face des jeunots dans quelques années. Le dernier jour s' annonce un brin léger par rapoort à ce qui l' aura précédé mais il y aura notre rital préféré Not Waving histoire de finir les derniers rescapés et aussi une occasion rare pour voir l'une des légendes de la cumbia sud-américaines, les LOS WEMBLER'S De IQUITOS.

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