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Nico

NAZAR, Traumatismes de guerre et autres sur un disque novateur.


Vous avez sans doute en tête vous aussi ces nombreux souvenirs cinématographiques récurrents dans bon nombre de films de guerre. Souvent la scène se déroule dans la jungle ou la savane, parfois des forêts occidentales. On voit d' abord à l' écran la nature et ses sons apportant une ambiance apaisante, faite de calme et de sérénité. A d' autres occasions l' ambiance est étouffante et la moiteur équatoriale s' y ajoutent en laissant préfigurer le drame à venir. Et puis en très peu de temps le spectateur bascule dans les affres de la guerres. Rafales de kalachnikof, explosions, cris d' humains succèdés par ceux d' oiseaux apeurés s' envolant pour fuir l' horreur et la destruction. Parfois ces instants d' actions sont suivis par le retour du silence et progressivement par celui de la nature reprenant ses droits après l' invasion guerrière humaine. Le premier album de Nazar, "Guerilla" va immanquablement vous évoquer ces réminiscences cinématographique. Les instants de violences sonores et celles plus assagies se supplantant les uns aux autres tout au long des 11 titres de ce que l' on peut aisément appelé "disque de guerre" ou plus exactement "disque sur la guerre". La thématique guerrière dans la pop musique ou les franges plus alternatives est très rare. Et il est encore plus inaccoutumé qu' il s' agisse de témoignage direct. Si "Guerilla" est donc bel et bien un disque important par sa rareté il est également par sa réussite et l' effet considérable qu' il provoque sur ses auditeurs. Mais aussi par son originalité dans ses méthodes et son aspect novateur.

Nazar Simoes est né en Belgique après l' exode de ses parents au cours de la guerre civile qui a frappé pendant plus de 25 ans leur pays d' origine, l' Angola. Des parents poussés à l' exode parce que partie prenante et réellement engagés dans le conflit. Le père de Nazar étant un haut gradé au sein de la rébellion. De cette histoire Nazar en a été imprégné par les mémoires écrites de son père et les témoignages familiaux ou extérieurs recueillis au cours de ses excursions dans le pays africain. Depuis ses début ce jeune homme ne cesse de nous narrer son héritage historique et les blessures de sa terre d' origine. Après trois ep, dont un repéré par le blog puis classé dans le top 2019, il est enfin passé au long format avec ce tout récent "Guerilla". A peine sorti et déjà une réussite de l' année 2020.

Si Nazar avait été repérés par les radars DWTN c' était au départ pour de pures raisons musicales et stylistique. Sa musique a toujours été proche de bien des passions du blog. Un savoir faire et des manières Deconstructed Club mariée à des arômes post indus et parfois traversée d' une multilple variété de senteurs. Footwork, breakbeat, House ou Techno mais surtout Kuduro. Le fameux Kuduro dont je vous ai tant parlé comme par ici quand il est question de sa fille cachée, la Batida. Si en 2019 il avait déjà frappé un grand coup avec "Enclave" et attiré sur lui une attention pleine d' espoir il faut immédiatement annoncer que "Guerilla" confirme les promesses et fait encore plus.

Après quelques années de tâtonnement Nazar a en fin mis au point ses recettes d'un nouveau genre qu' il nomme "Rough Kuduro", soit une version rugueuse voir bien plus dark que l' originelle. Nous sommes face à un véritable choc stylistique et une réinterprétion totalement aboutie et déstabilisante. Le Kuduro si souvent et justement taxé de positivité par ses aspects angéliques et joyeux dévoile entre les mains de Nazar une face sombre cassant tous les a prioris. Nos sens et habitudes stylistiques sont désorientés comme le sont ceux de nos habitudes et classifications sonores. Ainsi l' Angolais combine l' organique souvent synonyme d' ambient apaisée, cris d' oiseaux et son de la savane, à des synthés agressifs et glitchy ou des blip diformes et des bruits blancs (armes à feu). A d' autres moments l' auditeur reconnait des enregistrements de terrain non traités aux pouvoirs consolants bousculés par des voix maltraitées et déformées par la technologie totalement déstabilisantes. Ce disque est profondément impressionniste avec ses textures multiples et variées et par leur nature fugace et déboussolante. Nazar excelle dans l' interprétation auditive des traumas émotionnels et physique dus aux conflits. L' auditeur va naviguer entre la terreur, la psychose et la détresse des malheureux qui ont connu les affres de la guerre avec ses instants de calmes et ceux où se déchaîne la violence et la destruction. "Guerilla" est d' hors et déjà une réussite de 2020 et offre au Kuduro une avancée avant gardiste considérable tout en élevant son auteur bien au dessus des cases stylistique et des dancefloors où il était cantonné par les esprit étriqués.

Un disque bouleversant.


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