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Nico

THE BUG FT DIS FIG: Trip Hop moderne.


A croire que toute cette foutue année devait déboucher sur ce disque. Et plus précisément à l' instant précis de sa découverte. Un type qui ose chroniquer un disque devrait parfois indiquer les circonstances précises de l' écoute du disque et de l' écriture de l' article. Histoire que le lecteur sache d' où ça vient ce coup de cœur parce que, oui, c' est d'un véritable coup de cœur dont il s' agit.


J' ai écouté ce disque cloîtré dans ma chambre. Cloîtré parce qu' il me fallait éviter de trop déambuler dans le reste de mon petit appartement au risque de trop croiser mes proches. De trop contaminer l' environnement des êtres chers. De leur filer une saloperie. En ce en attendant de recevoir ce putain de résultat ou que mon corps cesse définitivement ces petites alertes. Que je saches définitivement si ces signaux d' alerte violents qu 'il me lançait n' était que de sales blagues ou de mauvais présages. Juste le quotidien d' un soignant travaillant dans un "service COVID" quand il a la malencontreuse idée de développer les symptomes qu' il ne connait que trop bien parce que ressemblant à ceux de la saloperie comme à bien d' autres maladies bien moins flippantes. "In Blue" appartient à la catégorie de disque qui soigne le mal par le mal en cette année 2020 qui a vu d' abord l' espace vitale de bon nombre se rétrécir et ensuite apparaître un curieux mélange de vide, d' angoisse et d' agitation. Quand nos cocons domestiques sont devenus des prisons angoissantes où le moindre détail prenait une importance imprévisible. Vas-t-on manquer d' aliments, qui a touché la poignée de la porte de l'immeuble avant moi? Me suis-je bien désinfecté les mains avant de prendre mon enfant dans les bras? Et ce dernier, fait-il attention? Etc etc etc "In Bue" soigne réellement bien le mal par le mal peut être parce qu' il illustre et le décrit parfaitement ce mal dont il est question. Un jour quelqu' un disait qu' écouter des disques tristes la rendait heureuse, elle qui était si triste en temps normal. Ecouter ce disque de The Bug et DIS FIG m' a fait le même effet sauf que l' angoisse remplaça la tristesse. Et il vous fera le même tant la vie des gens s' est mise à ressembler par certains aspects à celui d' un soignant.


Les deux auteurs de ce disque sont de vieilles connaissances de ce blog. Honneur à la dame pour le domaine des présentations.

DIS FIG c 'est Félicia Chen, native du New Jersey et résidant à Berlin depuis quelques temps. L' an dernier, après des prestations Dj pour le moins cahotiques et bruitistes, son premier album "Purge" m' avait retourné, frappé et charmé. au point de se classer dans le top annuel. Un disque Post-indus à la vulnaribilité troublante parce que la belle américaine nous confrontait aux sentiments que l' on cache, évite, refoule ou ignore. Consciemment ou pas. Un disque dans lequel sa voix était l' élément fondamental. Le biais par lequel elle s' initiait dans nos âmes quand elle ne nous les secouait pas. Une voix à la fois charmeuse et troublante. L' autre c' est Kevin Martin aka le légendaire The Bug! Lui aussi il a atteri à Berlin après avoir quitter son Angleterre natale. Difficile de le présenter en quelques mots ce géant de l' électro anglaise. On va juste rappeler qu' il fut dans sa jeunesse marqué au fer blanc par le Post-punk. Qu' il débuta son éducation aux sons des Joy Division, Birthday Party, qu 'il se dirigea tout logiquement vers les territoires indus rugueux de Throbbing Gristle ou plus chromés de la Grime et les plus enfumés du Ragga et du Dancehall pour finalement traverser et participer au Dubstep cher à Burial.


"In Blue" avec sa pochette représentant un tunnel est la parfaite torche qui sans nous cacher l' aspect sordide et flippant du tunnel nous guide pour nous en échapper. Décrire cette dystopie devenue réalité afin de mieux pouvoir en sortir. Une torche fabriquée par The Bug avec le talent immense qu'il a pour développer son Illbient avec ses rythmiques Hip Hop ou Dancefloor souvent ralenties, son ambient faite de superposition de sample et de la multitude d' effets issus de sa culture Dub. Une Illbient aux parfums fortement Hypnagogic-Pop, Dubstep ou Hauntologiques avec ses grésillements aigus vinylesques et ses basses qui vous remuent vigoureusement et lentement vos tripes. Comme si on avait tiré Leyland Kirby de sa collection de disque des années 20 pour le trainer sur un Dancefloor enfumé. Ces espèces de riddims qui venant des caraïbes ont traversé les océans pour se retrouvés dans les friches industrielles européennes.

La musique de The Bug, on la connaissait et l' élément de surprise avait quelque peu disparu au fil des années ou semblait tout du moins bien peu envisageable. Mais ce "In Blue" va réussir à charmer par une petite nouveauté ou du moins, une réelle sensation éprouvée face à l' art du contre pied. Les synthés crados et ces ambiances à la fois Indus,Dark et luxuriantes en détail se confrontent à la voix si humaine, douce, droguée et très intime de DIS FIG. DIS FIG qui attaquait bien plus les oreilles avec ses cris et ses hurlements dans son album mais qui déjà pouvait aussi se faire cajoleuse et mélancolique. Dans un sens c' est un vrai choc entre la dystopie glaciale de The Bug et le chant romantique de DIS FIG qui nous offre une version moderne et urbaine des contes d' autrefois. Une intimité parfois étouffées mais qui réussit à nous réchauffer dans les paysage sonores inhospitaliers et désertiques d' une certaine manière.


Plus je l' écoute ce "In Blue" et plus je repense à deux disques grandioses qui ont façonnés les années écoulées. Et aussi au genre auquel ils sont rattachés. Un genre dont on reparle de plus en plus en matière d' influence dans ce blog depuis quelques temps (ici). Le Trip Hop Les intonations et manières fortement Trip Hop de DIS FIG rappelant la reine Beth Gibbons y sont forcément pour quelque chose. Dis Fig comme Gibbons peut passer de l' intime chuchoté à un certains lyrisme sans que celà ne fasse artificiel ou que cela choque. La musique Dark de The Bug si influencée par l' indus, à la fois porteuse d' artificialité et de technologie avec ses grésillements et ses effets, mais tout autant émotionnelle et humaine, évoque elle aussi celle du Trip Hop qui mélangeait créativité et recyclage via les samples de vieux vinyls.

Et qui dit Trip Hop dit Portishead et Massive Attack.

"In Blue" peut foncièrement s' inscrire comme étant la version 2.0 du grand "Third" et du tout autant immense "Mezzanine". Deux disques sortis avant le Dubstep et le vaste ensemble stylistique regroupé sous le terme d' UK Bass. UK Bass dont The Bug fut en même temps un des participants et un résultat. Mais au delà de sa filiation Trip Hop il est surtout un merveilleux disque illustrant parfaitement cette terrible année 2020. Donc l' un des disques essentiels pour clôturer cette triste année.



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