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Nico

POLE, pépite minimale pour évoquer Alzheimer.



Après quelques années de silence Stefan Betke aka Pole nous revient. Pour ceux qui ne le connaissent Betke est l' un des Papes de l' Ambient Dub minimale. A la fin des années 90 et début 00's cet allemand a tracé la marche à suivre et un bon nombre d' autres artistes l' ont suivi. Alors que la vague rétro-gaga commençait à déferler il était l' un des rares à porter l' étendard de l' avant-garde quand certains commençaient à conjuguer la musique au passé. On l' avais un peu perdu de vue ces dernières années tant il peinait à retrouver la magie et les frissons procurés par ses premiers albums sobrement intitulés "CD1", "CD2" et "CD3". Au point que la ressortie de ces trois albums constituaient un petit événement et une bienvenue piqûre de rappel pour ceux qui l' avait oublié.


Autant le dire tout de suite le judicieusement nommé "Fading" n' égale pas les premiers mais offre à la suite des rééditions une sorte de sobre consécration en offrant enfin un travail digne de ses prédécesseurs. A part ses qualités purement artistiques ce disque attire également l' attention de votre serviteur pour le sujet qu' il aborde avec justesse. Ils sont rares les disques traitant d' Alzheimer et des démences et l' aide-soignant travaillant avec des personnes atteintes de ces troubles ne peut que se sentir concerné quand sa vie professionnelle et sa passion de toujours fricotent ensemble. Jusqu' à présent le plus important travail musical sur le sujet fut à mes yeux l' essentiel projet The Caretaker de James Leyland Kirby abordé par ici et par .


Là où Leyland Kirby allait au cœur de cette pathologie sans hésiter à plonger l' auditeur profondément dans les affres de la démences Pole semble quant à lui qu' effleurer et agir en retenue. Bien sûr "Fading" trouble et peut parfois se révéler anxiogène comme la maladie mais c' est sans commune mesure avec le jusqu' au boutisme de Kirby qui nous plonge très vite dans l' abstraction sans faux semblants. Un jour quelqu'un a dit d' Alzheimer chez un proche : "Je n' entends plus la musique de son âme".

Pole laisse encore percevoir une musique, un semblant d' organisation et de référentiel solide. Ses créations multiformes offrent des soupirs de chanson et les rythmes malléables et susceptibles d' évoluer demeurent distincts. Certaines recettes sont communes cependant comme ces sons remplaçables et se mélangeant les uns aux autres. Avec Alzheimer le connu devient inconnu et l' habituel impossible, chez Pole nous semblons rester au début de la maladie. Cette maladie agit sur la mémoire comme le temps sur les multiples couches de peintures d' un objet. L' allemand observe et illustre les successions de couche que l'on peut voir et parfois tente d' aller voir dessous quand chez Kirby ne reste plus que quelques traces éparses de la peinture et que l' âme est à nu. Malgré son parti pris un brin trop modéré face à Alzheimer Pole charme et peut offrir avec ses complaintes mélancoliques une magnifique porte d' accès vers l' oeuvre bien plus pertinente et sans faux semblant de Leyland Kirby. Leur différence dans l' approche me rappelle un peu celle distinguant la vision des familles et des soignants. Les familles bouleversées par l' état de leur proche finissent toujours par ne plus oser/pouvoir regarder, accepter, les affres de la maladie et finissent par s' en éloigner pour la plus part. Le soignant reste au quotidien jusqu' au bout quite à devenir la personne la plus proche et ne peut détourner le regard face au cataclysme mental qu' est cette merde. Rappelons juste que si Stefan Betke a rencontré cette saloperie c' est par le biais de sa mère alors que Leyland Kirby travailla un temps comme Aide-Soignant au sein d'une institution Alzheimer.

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