Ces derniers temps une radio "rock" diffusant sur Limoges ne cesse de passer une gigantesque quantité de chansons francophones reluquant très fortement sur la New Wave du début 80's. Peut être en plus des goûts de programmateurs connus pour leur penchants rétrogaga pour une triste question de quotas. Si parfois le célèbre phrasé non chanté de cette pop vintage peut m' interpeller par le petit travail d' actualisation des sujets abordés jusqu' à parfois trouver un échos avec notre monde contemporain il en est malheureusement bien autrement pour la musique. Rétromanie à tout va et réelle originalité nul part. Et voilà l' auditeur plongé dans une troublante et incongrue faille temporelle. La rencontre entre l' artiste, son époque et le public risque ne pas se faire sauf si bien sûr ce dernier vit dans un passé doudounesque lui aussi. Musique divertissante pour les drogués du vintage mais totalement désynchronisée si ce n'est larguée et hors sujet pour tous les autres.
J' en étais resté là avec ce que l'on peut réellement désigner comme une forte allergie à une certaine pop francophone quand il y a quelques jours un disque s' est emparé de moi et ne me lâche plus depuis. Comme souvent en matière d' avant garde et de musique originale cette belle rencontre eut lieu par l'intermédiaire du label The Death Of Rave (Teresa Winter ici, Rian Treanor là, Maxwell Sterling).
Comme ceux précédemment cités les paroles sont dans un français plus parlé que chanté et fortement imprégnées de surréalisme. On peut désigner cette musique comme une vraie "pop moderne" mais bien évidemment pas celle des jeunes d' il y a quarante ans.
C' est que là s' arrêtent les similitudes. Pas de sensations rétrogaga tout au long des 4 titres présents sur ce disque. Et si on peut ressentir une étrange sensation ce n' est pas ce coup-ci celui d' un malaise lié au décallage ressenti avec les artistes rétrogaga.
Oï Les Ox c' est Aude Van Wyller une artiste belge résidant sur Bruxelles. On sait peu de chose sur cette femme si ce n' est des vidéos de sa résidence d' Hiver au centre culturel Botanique de la capitale belge. Ailleurs on apprend qu 'elle s' intéresse "aux formes poétiques visuelles, à l'espace et à l'oralité du son" et qu' " elle expérimente le haut-parleur, la performance et l'arrangement de la poésie au fur et à mesure de la musique."
Bref, on navigue à vue face à ces extraits de dossier de presse mille fois lus et relus pour nombre d' artistes souvent interchangeables et pas toujours pertinents. Quand l' emballage trompe énormément sur la qualité du produit.
Ne reste plus pour se faire un avis que ce disque a titre tout autant énigmatique, "Crooner qui coule sous les clous".
Découvrir ce disque s' avère être une sacrée petite surprise dès sa découverte et ce avant même l' écoute. D' abord sorti en numérique sa version physique est accompagnée d' un livret comme il est coutume pour l' Opéra. A ce propos son auteur semble le revendiquer haut et forts décrivant son premier album comme un Opéra de Science Fiction Composé de 4 titres longs avec chacun des sous-parties.
On est bien loin de la conformité affligeante des redites New Wave à la mode en ce moment. Et le gouffre séparant Oï Les Ox du reste du troupeau revivaliste de s' élargir encore plus quand les premiers sons atteignent vos oreilles. Sa musique est indéfinissable et question influence il va s' avérer encore plus difficile d' étiqueter l' artiste belge. Pop, arty, ambient ? Non et un petit peu de tout ça. Une touche de Coldwave surréaliste mais franchement pas le maquillage à la truelle des autres. Ici le surréalisme se conjugue à la sauce Impressionniste par des petites touche de sons et d' influences multiples et variées.
La synthpop 80's est à peine évoquée quand quelques réminiscences du lourd héritage de la chanson française sont portés ici avec légèreté et une facilité éblouissante. Plus loin c' est une musique de chambre rafraîchissante qui détonne quand elle croise des reliquats R'n'b et un irréel usage de Field Recordings parce que inattendu et surtout original.
La production bluffe elle aussi et révèle une artiste bien dans son temps et réellement expérimentale comme par exemple cette séquence de "2db" évoquant un Ryan Treanor détendue et rêveur pendant l' une de ses vélléités Footwork.
En quatre titres tentaculaires dont je conseille fortement l' écoute nocturne au casque pour apprécier encore plus les trouvailles de la production Oï Les Ox apparait à la fois comme un Ovni musical venu de nul part mais également comme une artiste bien installée et lucide sur son époque. "Crooner qui coule sous les clous" est une histoire dystopique dans laquelle un gouverneur totalitaire séparés de la population impose ses désirs et volontés à l' ensemble de la population tel l' ordre de danser pour oublier les problèmes.
C 'est l' une des oeuvres Pop Expérimentales parmi les plus intriguantes et charmeuses qu' il nous est été donnée d' entendre depuis longtemps.
A découvrir absolument !
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