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DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

HTRK, pépite Sophisti-folk d'un des groupes les plus sous estimés.


En 2019 à l' occasion de la parution de "Venus In Leo" je m' étais dit que le moment était venu le temps pour honorer HTRK par une chronique dithyrambique. Celle de "Psychic 9-5 Club" (ici) franchement légère en regard à l' importance de ce disque et du groupe. Et puis...rien. Faut dire que "Venus In Leo" était une petite déceptions après le chef d' oeuvre "Psychic...". "Rhinestones" vient de sortir et il est grand temps de parler de ce duo australien tant ils remettent un peu les pendules à l' heure.

Probablement l' un des groupes les plus sous-estimés de la décennie écoulée. Probablement?

Non, assurément! Apparu dans la queue du revival Post Punk version 00's les HTRK, alors un trio, ont toujours semblé appartenir à la deuxième division du gotha Indie si on se référait au prisme médiatique. Très vite mon esprit les associa à d' autres jeunes Post Punk appelés à dépasser l' étiquetage facile et le revival bêta, eux aussi apparus discrètement, These New Puritans.

Leur ep "Nostalgia" de 2007 me fit l' effet d'un pervers coup de fraîcheur après les revival proprets et très sages Post Punk tel Interpol ou la cohorte d' amateur de danse début 80's comme Bloc Party et Franz Ferdinand. Une version moins énervée des Liars et bien moins aguicheuse que les Yeah Yeah Yeahs.

Du Post Punk HTRK préférait la version proto du No Wave qui l' avait précédé et l' agression sonore de l' Industriel. Le regards sur les friches européennes et le spectre New Yorkais du Velvet, les australiens revendiquait également haut et fort leur héritage national, Birthday Party. Leur musique a toujours porté en elle un je ne sais quoi de Gothique. Parfois des relents Pop dans une ambiance sérieusement Noise qui reluquait aussi sur l' électro expérimentale d' un Pita, l'une de leurs passions assumées et revendiquée. Ils délivraient une version étrange du Slowcore des Low avec leurs habitudes en matière de rythme lent qu' ils développeront progressivement. Après des débuts un brin chaotiques et finalement énigmatiques, peut être aussi avions-nous après des années de linéarité rétrogaga perdu l' habitude du complexe et du non évident, HTRK poursuivit son chemin de traverse. Autre grande habitude australienne expliquée en grande partie par l' éloignement géographique et l' insularité. "Marry Me Tonight" en 2009 produit par le légendaire Rowland S Howard des Birthday Party est une nouvelle pièce à un édifice appelé à devenir monumental pour son influence et sa singularité. HTRK dès son premier album annonce ce qui vont devenir leurs deux leitmotivs, le dépouillement continuel et la liberté stylistique sans perdre leur personnalité. Moins Indus le trio lorgne sur le Post Rock et sur les rythmes primitifs électro à la Suicide. Parfois c' est un Dub lourd qui transparaît dans les rythmiques.La magnifique voix de Jonnine Standish assure sa place d' élément fondamental avec ses mantras appelés à devenir addictifs.

Au fil des sorties discographiques toutes intéressantes et singulière dans une époque qui manquait d' originalité HTRK devint culte au point de devenir l' une des références en matière de musique réellement originale parmi le troupeau indie de l' époque. Un nom pas franchement banal dans les discussions mais qui permettait de savoir à qui on avait à faire en matière de fran de musique. Simple consommateur culturel ou réel passionné curieux.


En 2010 c' est un drame qui va avoir de très grandes répercussions sur la musique et la vie du groupe. Sean Stewart à qui on devait la basse et les programmations se suicide. Jonnine Standish et Nigel Yang se retrouvent en un duo et leur "Work Work (Work)" le voit évoluer vers encore plus de minimalisme. Dystopique et glacial. Le chant détaché de Standish devient encore plus ensorcelant et envoûtant. Bien sûr que la tristesse est palpable mais étrangement le duo la délivre d' une façon érotique. Une froideur charnelle pour décrire les relations humaines. Chez HTRK les personnes troublantes, étranges, sont souvent celles qui vous marqueront le plus. Ils se rapprochent alors bien plus d'une forme Ambient traversée par des crochets pop fantomatiques. Leur son devient plus synthétique. Le chef d' oeuvre arrive trois ans plus tard. "Psychic 9-5 Club" est un disque venu de nul part. On a beau le sentir arriver dans les deux précédents il demeure une vraie claque d' étrangeté quand il sort. Le duo l' a enregistré à Melbourne après avoir vécu sur Londres pour les prédécesseurs et ce détail peut expliquer pourquoi les HTRK semblent avoir définitivement larguer les amarres du petit monde indie. Toujours dystopique le duo laisse une nouvelle fois se développer son sens aiguë de la dysphorie. Yang continue d' étaler ses talents de producteurs pointilleux réinterprétant le Dub. Sa musique rencontrant les mantras de Standish devenues des gémissements troublants évoque irrémédiablement un Trip Hop mutant. La version austral du spleen de Bristol. Les HTRK après avoir cité la No Wave et l' indus ont progressé dans le temps et nous délivre donc une sorte de Portishead ayant préféré sampler la Synth Pop 80's avec la netteté sonore de la Sophisti Pop. Le chant de Standish n' en finissant de se rapprocher d' une Sade et les guitares effectuant un retour inattendue évoquant parcellairement The Blue Nile.


Il se passe une éternité de cinq ans entre "Psychic 9-5 Club" et sa suite. On les croit perdus mais entre temps leur influence s' est étendue. Malgré un silence coupable de bon nombre de médias. Peut être que leurs senteurs ambient et électro en a refroidi plus chez Pitchork et compagnie puisque la sortie du disque sera beaucoup moins suivi par les médias Indies classique mais se retrouvera mis en avant par ceux plus portés sur l' électro et l' expérimental. Influents d' abord chez eux en Australie puisque toute une scène s'y crée et puise dans leurs goûts pour le downtempo minimal et éthérée. Carla Dal Forno (ici), F Inger (), Tarcar et CS + Kreme (par ici). Leur influence s' étend également en Europe et leur destin sans jamais y publier sera lié avec celui du label Blackest Ever Black (ici) via de très fortes affinités (Rowland S Howard, l' aspect Dark) en commun. Standish participera au disque du collectif gauchiste Tomorrow The Rain Will Fall Upwards (ici). Leur penchant électro expérimentaux et Indus amène même Jonnine Standish à apparaître sur le premier album de Powell (ici) et plus tardivement sur celui de Not Waving (). De quoi consolider son statut discret d' égérie d' une certaine scène.

"Venus in Leo" en 2015 laisse entendre que l' évolution des HTRK s' est quelque peu stoppé et le duo de consolider la recette du précédent sur un mode encore plus triste et angoissant. On les découvre plus ouvertement Dream Pop que jamais et perdent, peut être par cela, en originalité. Eux qui jouaient de l' ennuie à merveille le deviennent un brin et si ""Psychic 9-5 Club" culminait à la 4ème place du Top DWTN 2014, "Venus in Leo" se verra dans les profondeurs de l' exercice 2019. La même année le duo offre la Bande Originale d' un documentaire sur la Scientologie et assume enfin totalement leurs passions ambient. Pas de voix et pas de boite à rythme sur "Over The Raonbow". C' est dans un projet parallèle à leurs disques officiels que les HTRK poursuivent leur velléités de dépouillement jusqu' en arriver à l' épine dorsale de leur art. Et "Venus In Leo" de devenir qu' une belle parenthèse de stagnation. En 2021 "Rhinestones" reprend là où Standish et Niger Yang s' était arrêtés avec "Over The Raonbow". Mais cet album nous réserve une sacrée surprise. Et même deux. Ancré dans la logique d' amaigrissement et de quête de l' essentiel il surprend parce qu' il est le grand retour chez HTRK des guitares qui redeviennent prédominantes ou au moins faisant jeu égale avec la voix de Standish. Deux surprises en une puisqu' il ne s' agit pas de guitares Indus/Noise mais acoustiques. HTRK redevient plus que jamais passionnant et ensorcelant après le petit ennuie "Venus in Leo". Les voilà devenu Folk voir Country comme tant d' autres qui ont la côte en ce moment, Big Thief par exemple. Mais que les fans des ricains prennent garde. Déjà, HTRK c' est du Folk ou de la country mais ils portent en eux comme écrit plus tôt le lourd héritage australiens Gothique. HTRK sur les terres Big Thief c' est un cataclysme de singularité et au final une offre d' originalité et d' émotions qui va bousculer leur train train rétro et conformiste. Quand j' écoute du Folk à la Big Thief j' ai l' impression que l'on m'impose quelque chose, du présent par le prisme unique du passé. "Rhinestones" c' est tout autre chose, on me suggère du passé mais pour obtenir une oeuvre profondément encrée dans le présent c' est le prisme de ce dernier que l' on perçoit le passé. Les us et coutumes de Big Thief ne deviennent qu' une matière pour produire une Ambient un tantinet Pop. Pas de parasitage rétrogaga. Big Thief se glisse dans mes oreilles mais subtilement comme une musique lointaine venue de loin et portée par les vents pour finalement mieux parler à mon âme.


La musique est spacieuse à force d' échos sépulcraux. L' album débute par la simple association guitare/voix et les touches subtiles de production. Pendant presque trois titres HTRK se présente à nu comme jamais et il faut attendre "Reak Headfuck" pour retrouver la boite à rythme de Yang la basse du mari Colin de Standish que l'on connait bien ici avec CS+ Kreme. La deuxième partie du disque voit HTRK se rapprocher le plus du HTRK époque "Psychic..." mais on sent bien que les aspirations folk ont réellement changé certaines choses. HTRK n' a eut de cesse en évoluant de se démarquer d' une démarche rétrogaga et conformiste. De toute façon dès que leur nom est apparu on devait s' attendre à une démarche quasi révolutionnaire remettant en question le songwritting classique Indie et les aspirations rétrogaga. HTRK signifie "Hate Rock".

HTRK a ceci de charmant et génial qu' ils viennent pourtant du rock devenu classiciste et l' évoquent à présent via une version Folk avant gardiste et innovante. Ils dépassent leur héritage et leurs influences ce qui permet que certains citent au sujet de "Rhinestones" des groupes très anciens de l' âge d' or Indie tel Mazzy Star, Cocteau Twins ou Mojave 3 des ex Slowdive au sujet des senteurs désertiques et nocturnes qu' ils dégagent. A côté de ça on peut penser à des artistes plus récents tel Grouper ou Dean Blunt pour la volonté avant gardiste et innovante.


HTRK vient de sortir peut être le plus digne successeur de "Psychic..." et il est étonnant de s' apercevoir que ces anciens (18 ans de carrière!) perpétuels adeptes de l' évolution et la remise en question partagent et dominent l' actualité musicales avec leurs cousins américains encore plus expérimentés de Low qui eux pour le coup rénovent en faisant le chemin inverse instrumentalement.

Si en 2021 tu n' as toujours pas écouté "Psychic 9-5 Club", alors tu as peut être (un peu) loupé ta vie de fan Indie.



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