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- MORSE, jeunes gens modernes ...de 2017
Et le miracle continue d' avoir lieu. Le temps musicale se conjugue enfin au mode post-internet ou Internet Wave en France. A l'occasion de la blague La Femme je vous avais parlé de Ninja Swords et du label Permalnk d' Aprile. Ce coup-ci la claque moderne vient de M O R S E. Déjà repéré pour une gigantesque mixtape qui avait le mérite de laver l' affront national. Soit l'omniprésence des styles rétro et des clichés éculés indie ou garage, sans parler du bourrage de crane médiatique électro gnangnan tout autant passéiste comme Jacques (Jacques ne serait-il pas à l' électro "expé" ce que Macron est à la politique avec son omniprésence médiatique et live?). Alors que certains ne vont n'y voir que du r'n'b sous autotune , bref ce qu'ils détestent et méprisent, d' autres vont retrouver le parfum de la mélancolie post internet et d'une certaine contestation lucide de notre époque. Sans parler des relations nature-humanité et nouvelles technologies. M O R S E est le digne héritier made in France des James Ferraro, Oneohtrix Point Never, Arca et tant d' autres abordés dans ce blog. Mais attention, il ne s' agit pas là d'une énième version du complexe Yéyé à la française. Vous savez bien cette art si franchouillard d' arriver après la bataille et de copier sans originalité avec bien souvent de grosses maladresses, bref l'opportunisme à la française. Non, M O R S E comme ses petits camarades cités plus haut, vaut bien plus que ça. Apparu en même temps que les WWWings, Amnésia Scanner ou Kablam nos compatriotes n'ont pas à rougir. C' est bel et bien du post-internet avec de la vaporwave ou du post-dancefloor dedans mais à leur sauce. Comme les autres il n'est pas non plus étroit d' esprit et peut nous offrir de l' espèce d' ambient 2.0 comme le label PAN vient de faire. Chez lui par exemple on retrouve bien la tradition rap/hip hop française, on sent qu'il a grandi avec ça. Et que dire quand le jeune français du 2017 numérique s' attaque à son patrimoine variétoche national des 80's, stupéfiante et émouvante version de Michel Berger. Dans ce "Seras-tu là" il y a une honnêteté et une émotion totalement dénuée du trop plein de cynisme dont tant d'autres nous abreuvent dans cet exercice. Les élitistes et les snob de tout genre peuvent se recoucher. Quant aux nostalgico-gaga des jeunes gens modernes d'il y a 30 ans il serait bien de se pencher sur le cas de MORSE et des autres, juste histoire de sortir de leur ambiguïté mortifère. Jetez-vous sur son ep "Volume 1" et sur sa page souncloud, jeune ou vieux, vous ne vous en remettrez pas! https://soundcloud.com/m-o-r-s-e/
- Arca. La fragile beauté ou, l' humain derrière le laptop.
Troisième album de l' artiste vénézuélien et troisième chef d' oeuvre. Chef d' oeuvre de tout. Peut être son disque le plus facile, quoique, on parle toujours d' Arca, l'un des plus grands innovateurs de la décénie. A la fois le plus complexe, trompeur par sa grandiloquence mais terriblement touchant de sincérité. Plutot que revenir sur une déjà riche carrière, je vous conseille d' allez voir dans les archives de ce blog tant le bonhomme en est un habitué depuis ses débuts, attardons nous sur ce qui fait de son "Arca" une beauté sidérante et moderne. C'est quoi ce disque? Un enfant qui vient de chuter de vélo, il est en larme et se touche son genou égratigné. Moment intense et déjà émouvant. Mais la beauté ultime va arriver. Quand sa mère va le prendre dans ses bras pour le consoler. Geste d' amour ultime. Ce "Arca" c'est ça, il provoque l' accident mais mis en son. Depuis toujours Arca cherche cela, agencer la souffrance pour atteindre une magnificence. Parler de la déficience des corps et des âmes. Inciser au plus profond du nombril de chacun et décrire ainsi ce qui fait le monde extérieur. Il y a quelque chose d' irrémédiablement adolescent chez ce Arca. D' enfantin. Une espèce de version post internet de la Tee Pop dans l'indie music à guitare. Un Morrissey moderne à l' heure de la mélancolie et de la mise à nu numérique. Que les fans des guitareux torturés de l'indie 90's (Elliot Smith, Cobain etc) se penchent sur Arca, sur cette musique qui leur semble en apparence si ..."artificielle", "étrange" et "inauthentique". Qu'ils abandonnent leurs pudeurs de gazelle apeurées et rétrogrades. Cette musique est celle qu'ils ont toujours aimé. Arca c' étaient des sons trafiqués par la technologie pour parler de l'intimité, de l'idm tortueuse un brin difficile, c' est dorénavant une voix! Et quelle voix. Déchirantes de beauté. Doit-on remercier Bjork pour avoir forcer son collaborateur à se découvrir encore plus? Mais il est sûr que les deux ont tant de chose en commun et pas seulement leur capacité à marier expérimentation, pop culture et émotion. Comme l'islandaise le vénézuélien a garder sa vision futuriste et son humanité proche de tous. Modernité ne veut pas dire systématiquement inauthenticité. Comme elle il peut être emphatique et sobre, puiser autant dans l' expérimentation la plus abstraite, le folklore populaire du passé que dans la culture jugée la plus "sérieuse", l'opéra. Pas de frontière. Un tourbillon de sons, de cris, de larmes et de sangs amenant à une catharsis jubilatoire et libératrice comme chez Faka récemment. Arca est proche de la jeune Faka comme il est donc de Non Worlwide. On pense ainsi à Elysia Crampton avec qui il ne partage pas seulement des similitudes sonores. On pense à Holly Herndon aussi. Le futur ne s'inscrit plus dans les garage de la classe moyenne occidental, mais dans ceux de la planète entière, même quand il n'y a même pas de garage. Vous l' aurez compris une nouvelle fois Arca offre la beauté. Trois albums, trois ep, deux mixtapes magistrale et toujours pas un signe d' essoufflement. Artiste Majeur!
- KELLY LEE OWENS
C 'est l' exemple parfait du gentil "petit" disque ne payant pas de mine sur lequel on ne cesse d'y revenir sans cesse. L' an dernier c' était celui de MJ Guider dans un autre genre. La galloise Kelly Lee Owens passée par Manchester va irrémédiablement squatter bon nombre de quotidien sans le crier sur tous les toits. Si à la première écoute elle ne semble pas se démarquer de la masse d' artistes électro-pop dont nous gave l'industrie les suivantes dévoilent un talent prononcé au dessus du lot. Une sensibilité particulière mêlée à une maîtrise solide des rythmes lent. Kelly ne choisit pas un camp. Elle lorgne autant sur la Dream Pop avec ses petites comptines que sur le dancefloor en mode after ou lounge avec ses synthés acide et surréel. On peut retrouver aussi bien des morceaux de Kosmich (Kraut) tripant que de l' ambient reposée parfaitement assumée. Les crochets pop zigzaguent, prennent leur temps. Owens nous prend la main pour divaguer dans ses toiles impressionnistes dont les coups de pinceau ressemblent fortement à la houle marine. Elle pratique une dream pop plus aquatique qu' aérienne et se rapproche en cela de deux chouchous du blog. Quand on prend un peu de recule il y a vraiment des similitudes avec Laurel Halo et Andy Stott même si les outils et le vocabulaire musical ne sont pas les même. Le point de ralliement avec Halo notamment ne tarde pas à venir avec le titre "Arthur". Hommage évident à Arthur Russel dont elle perpétue la tradition de vouloir rêver avec les souvenirs de la soirée précédente. Certains penseront aussi à quelqu'un d'un brin plus énervé, Daniel Avery ou à Ghost Culture pour la pop synthée rétro et planante. Normal puisque Owens avait déjà posé sa voix sur les disques d' Avery et qu' elle est proche du second . Par contre elle évite assez facilement par son mariage d' une certaine complexité, son affectivité et un minimalisme trompeur les aspects redite et rétro des deux bonshommes. Par exemple si on peut reconnaître un petit bout de drone et de sitar so Chemical Brothers elle dépasse largement la citation grotesque à la Avery ("8") avec son amour de la fantaisie méditative. Un autre nom connu s' invite dans ce premier album c' est Jenny Hval et bien lui en a fait à la scandinave tant elle retrouve le peps et une fraîcheur d'esprit qui lui manque tant dans ses expérimentations un brin scolaire. Kelly Lee Owens peut aussi évoquer, plus proche chronologiquement, une Marie Davidson mais sans le clinquant et le m'as-tu vu 80's que la canadienne dévoilait un peu trop pour offrir elle aussi le disque refuge par excellence. Owens nous offre bel et bien cela, le disque refuge parfait sans pour autant tomber dans le pantouflage rétro et autocentré. Owens capte parfaitement la nature fugace des sentiments et de la vie en général. Son passé d' infirmière en service de cancérologie n' y est incontestablement pas étranger.
- LAWRENCE ENGLISH, "Cruel optimism", beauté contestataire.
Parler de Lawrence English sans passer par la case truc rigolo à deux balle qui va remplir la chronique est à la fois difficile et franchement incongru. Difficile parce qu' il y aura toujours un couillon pour dire que son pseudonyme suffit à désigner sa nationalité et incongru parce que la musique du bonhomme n' amène franchement pas à la grosse marade. Lawrence English est australien. Et sa musique est simplement l'une des plus belles choses à entendre, à révasser et à réfléchir. Ce pote de Ben Frost et Tim Hecker nous revient trois ans après son merveilleux "Wilderness Of Mirror" (19ème du top 2014) et l' enregistrement d' extérieur "Viento". English a le rare don de toucher systématiquement et de vous rendre attentif à tout et n' importe quoi. Dans "Viento" l' auditeur était hypnotisé par les sons collectés en Patagonie et en Antarctique. Ainsi le souffle du vent sur une tolle ondullé devenait un véritable poème épique. Je sais, écrire un truc comme ça peut préter à sourire mais tentez le coup par une froide soirée d' hiver et vous ne vous en remettrez pas. C'est quoi la musique de Lawrence English? De l' ambient faite de drones plus ou moins bruitistes et de sons collectés divers et variés franchement inidentifiables. Une brise sonore devenant bise pour à nouveau ne devenir qu'un souffle léger mais ténu. Un aller-retour constant entre minimalisme et maximalisme . Cette succession de vents légers interrompus par de sacrées rafales stimule et dynamise l' auditeur. Chez certains musiciens proche d' English il peut arriver qu'on s'y ennuie dans ces alternances de calme et de tempête, qu'une certaine forme de routine s'installe, mais aussi que l'on s'y perde face à trop de complexité servant de camouflage à ce trop plein d' automatisme. L' australien évite les excès d' apport de couches sonores par sa sobriété et sa réflexion directe et forte. Son sens du détail lui permet d' éviter d'en dire trop en ciselant une musique directe. Vous verrez beaucoup le terme d' impressionnisme à son sujet et c' est franchement justifié mais pour continuer dans le paralèlle avec la peinture on peut résumer vite faite son dernier disque à une sorte de peinture impressioniste politique. Un acte à la fois contestataire, clairvoyant et encourageant, comme son titre l' illustre si bien, un disque optimiste et lucide. Très curieusement on néglige souvent la portée politique et le désir de révolte des musiques ambient et drone. Par exemple en n'y voyant qu'un simple refus du commercial, une démarche jugée "jusqu ' au boutisme" sans réelle intérêt. Certains n'y voient aussi qu'un simple outil méditatif ou un truc artistique coupé des réalités du quotidien face à ces musiques lentes où il ne se passe apparemment pas grand chose . D' autres préfèrent n'y déceler que le fatalisme des "jusqu'au boutisme" et même le désespoir de gens désireux faire une pause avec un goût prononcé pour le sombre et l' angoissant. Un truc de personnes cherchant à se faire peur "artificiellement" ou étant désespérément triste, mélancolique. Entre attitude zen insouciante ou pensée dépressive individualiste sans but. English démontre tout le contraire en dévoilant par exemple ses motivations derrière "Cruel optimism". Il nous raconte s' être inspiré des écrits de l' essayiste Lauren Berlant portant sur l' absence et la présence du pouvoir sur nos vie. Sur son influence et comment il nous façonne. English précise : "sur la manière dont le pouvoir consomme, augmente et façonne finalement deux conditions humaines suivantes: l' obsession et la fragilité." Derrière ça se cache bien sûr une sacré critique et une bonne dose de réflexion combative à l' encontre de notre monde capitaliste et du "libéralisme triomphant et agonisant. Il démontre surtout que l' ambient et les drone en étant certes moins direct que les musiques incluant des paroles (folk, pop, rap etc) n' agissent pas moins d'une manière plus indirectement. Les sous-entendus se révèlent parfois aussi forts si pas plus efficaces que les slogans un brin grossiers et trop facilement caricaturaux. Slogans tellement attendu et entendu que l'on ne sait plus vraiment s'ils recèlent du fond.
- MARCH IDES, psyché-prog à la cool.
Il y a quelques jours je vous parlais de Kairson Irse, nos chers finlandais fan de My Bloody Valentine et de King Crimson. Groupe fascinant quand il laisse leurs influences très variées et leur vécu vacciner leur musique contre la redite simpliste, le pastiche caricatural. Comme eux les March Ides de Limoges ont su retrouver les chemins détournés pour atteindre un certain paradis psychédélique option Prog. Le jazz jouant son rôle de liant naturel quand ils passent de la Californie à l' Angleterre. Et oui encore du prog au menu du jour mais faut dire que le tenter va ouvrir à grand coup de burin les fenêtres de la perceptions un brin obscurcies ces temps-ci dans le milieu des guitares. Si sur leur page facebook ils vous parlent des références évidentes , San Francisco et le Kent anglais (ce que l'on nomme aussi la scène de Canterbury) ne vous attendez pas pour autant à une belle copie d' élève sage. On dira plutot celle d' élèves rêveurs. Ces deux scènes d' autrefois ne sont que les montants de la porte donnant sur un univers de songes sans limite. On est très loin du gentil premier de la classe ou du branleur faussement rebel mais franchement fayot avec leurs visions bas du front. Trop cool pour ça, trop libre, trop vrai, trop curieux et passionné par la musique en elle même sans vouloir le beau rôle à peu de frais. Eux aussi semblent offrir comme leurs cousins scandinaves une sorte de post psychédélisme et de post prog. Prog psyché comme autrefois? Oui mais sans les travers. Pas de prog prise de tête, de psychédélisme agressif et m'as-tu-vu de supermarché. Le démonstratif est chassé par la délicatesse. Comme si Kevin Ayers revenait aux affaires mais sans son goût pour la déconne. Il n'y a pas non plus de virtuosité tape à l'oeil. Oui prog planant comme autrefois mais passé aussi au filtre du temps écoulé et des autres courants apparus. Les guitares semblent avoir effectué un passage par le post-rock. La rythmique parait aussi avoir entendu parlé du math rock en oubliant les travers sportifs/performer du genre. Le saxophone ou la flute ne cherchent pas à faire free ou rock artificiellement. Ils sont planant, prennent leur temps et paraissent éthérés. On a franchement l'impression que c'est du saxo ou de la flute post...shoegaze. C'est leur texture qui semble intéresser le plus les musiciens. Chose que l'on voit rarement chez les pasticheurs obnubilé par l' authenticité 60's ou 70's c'est cet intérêt pour les textures, conscient ou pas, qui transparaît à l' écoute des March Ides. Ou plus précisément comment le rôle majeur des textures apparu depuis 30 ans ont influencé des jeunots de 2017 dans leur approche. Sur les quatre titres disponibles on sent également un vrai travail d' improvisation. Pas la fausse que rajoute certains petit vicieux pour se la péter à leur chansonnette bien trop sage déjà cousues de fil blanc. L'improvisation est à la base de tout ici. C' est en jammant des heures et des heures que l'on devient un vrai songwritter disait un vieux gourou en fauteuil roulant. A la différence de leurs proches et géniaux amis de Still Charon les March Ides délaissent les 90's et l'indie avec ses crochets pop et son format chanson pour s' épanouir parfaitement dans l' expérimentation. Ils seront en concert le 18 Mars sur Limoges. A ne surtout pas rater!
- LORENZO SENNI, Transe post-internet?
En signant chez Warp Senni va-t-il avoir droit à l' aura médiatique qu'il mérite? Après les géniaux "Quantum Jelly" et "Superpositions" on savait qu'il fallait s' attendre à quelque chose de grand mais de là à ce que ça arrive dès sa première sortie sous l' étiquette anglaise c' était inespéré. Premier essai, premier coup au but. Pour ceux qui découvre le bonhomme sachez juste qu'il s' agit d'un des premiers a avoir insuffler jeunesse et vitalité à cette vieille mémère que l'on nomma la Trance. Une Trance 2.0 qui à l' instar du Grime dystopique et expérimental des Logos et autres Visionnist est tout sauf un revival bas du front. Senni était apparu dans la queue de la comète annonciatrice de ce retour en force du son Trance qu' était le maximalisme de Rustie. De toute façon le parfum de la Transe s' est senti dans beaucoup de choses géniales et novatrices ces dernière années. Les choses qu'on adore par ici : OPN, PC Music et Sophie, Amnesia Scanner, Lotic et Rabit etc etc Oubliez vos préjugés et vos certitudes sur la Trance, Senni va vous faire changer d' avis. Oubliez le "poum poum" tant de fois moqué et caricaturé de la TR 909. Il n' y a pas de beat lourd sur ce disque. De toute façon l' euphorie qui va s' emparer de vous sera la plus forte et suffit à elle même. C'est l' objectif avoué du bonhomme. Bien sûr comme toujours avec lui les choses paraissent bien plus complexes qu'il n'y parait. Dans ce subtil travail de déconstruction évoquant très souvent l' IDM de "sa" et "notre" jeunesse certaines petites choses inattendues pointent leur nez, de la J-pop, encore le Japon avec une touche de Sakamoto et du cyber-punk. Euphorie c' est réellement le mot pour définir la musique de Senni, une euphorie entraînée par une génial overdose de stimuli numériques qui vous ouvrira les portes du temps et entre-apercevoir le futur. Transe post-internet. Comment certains sons vieux de vingts ans semblent entre les mains de la nouvelle génération redevenir ces symboles absolus de modernité? Paradoxe qui prouvent si certains en doutent que l'on a affaire à une générations talentueuse qui a décidé de remettre la marche avant en expérimentant sans complexes. Comme tous les autres cités plus haut l' Italien creuse un vieux genre musical jusqu'à l'os pour en extraire sa substantifique moelle et l' incorporer à un androïde étrangement humain représentatif des progrès et des défauts de notre époque. Comment peut-on continuer à s' enfermer dans les musées et le passé de la musique au lieu de chercher du neufcomme quelqu'un me l'a suggérer récemment alors que le présent se conjugue déjà au futur et en devient totalement jouissif et ... euphorique.
- TAPE LOOP ORCHESTRA, vie ou pas après la mort?
C'est un album qui ne comporte que deux titres. Un peu normal me direz-vous quand on pige qu' il s' agit d' Ambiant. Des titres longs, plus de vingts minutes chacun. A l' heure du zapping et du toujours plus cette musique a du mal à se faire entendre et probablement que vous n' aurez jamais la chance de tomber un beau jour sur ce dernier. Comme c' est dommage parce que "The Invisibles" c' est aussi l'un des albums les plus beaux et les plus captivant de ces derniers mois. Tape Loop Orchestra n' est pas un inconnu. Ses disques précédents sont de parfaites réussites à conseiller pour quiconque veut découvrir l' Ambient. Andrew Hargreanes vient peut-être de nous offrir son meilleur. Quelques petits changements ont été apportés et se révèlent absolument décisifs. Il n' est plus seul et nous découvrons ainsi la voix sublime de Beth Roberts. Dans la première partie cette voix semble portée par des vents marins qui vont vous emmener vers l' au-delà. Pour accompagner cette dernière on retrouve les drones du bonhomme alternativement plus ou moins bruitistes et plus ou moins planant, . Si je parle de l' au-delà ce n' est pas pour rien. Hargreanes dit avoir cherché à répondre à l' éternelle et profonde question qui titille l' humanité depuis son apparition. Y'a quoi après la vie? Et si y'a un truc les gens qui ont franchi le Styx peuvent-ils communiquer avec nous? Hargreanes chercherait-il à soudoyer cette fripouille de Charon? Charon aime-til l' ambiant? Brian Eno, Stars Of The Lids, Tim Hecker???? Si c' est le cas on va enfin savoir. Il ne peut que lâcher le morceau le vieux grigou pote d' Hadès tellement Hargreanes et Roberts atteignent les sommets de la beauté. Les paysages sonores sont à la hauteur de l'enjeu et la musique, faites d'une succession de couches, vous fait larguer votre petit portable ridicule pour le grand écran panoramique. Par la richesse de sa gamme en matière de production Hargreanes épanouit la conscience et fait perdre la lucidité de quiconque qui s' approche d'un peu trop près de sa musique. Ce dernier disque de Tape Loop Orchestra semble avoir été inspiré selon Hargreanes par tout l' avant-garde artistique du 20ème siècle, la parapsychologie, un livre d'auteur inconnu "The Invisibles" et les travaux d'un certain Bas Jan Ader. Ce dernier était un artiste conceptuel qui alla au bout du bout de son oeuvre. Il décida de traverser l' Atlantique et disparu en mer. Une petite histoire que je vous invite largement à découvrir. Hargreanes a cité très souvent Sun ra par le passé et une petit aspect cosmique ressort affectivement sur "The Invisibles". la deuxième partie ne voit plus apparaitre la voix de Roberts mais charme elle aussi par le talent et l'imagination de Hargreanes pour construire ses paysages. Pour le moment il n' y a pas de lien possible pour écouter le dernier disque mais voici une vieillerie du bonhomme pour vous donner ue idée. Une bien petite idée tant la musique de Tape Loop Orchestra s' est élevée depuis.
- POP SUR LA VILLE 2016
Du 23 Novembre au 3 Décembre l' association Melting Pop organise une nouvelle édition de Pop Sur la Ville. Une 19 ème fois à la saveur bien particulière pour de multiples raisons. Si vous ne connaissez pas ce festival sachez juste qu'il s'agit simplement , à mon humble avis, rien de moins que du meilleur festival de musiques modernes en Limousin. Un festival ô combien salutaire alors que la lubie consumériste du festival d' été fourre-tout et trompe-l'oeil culturellement s'est emparé de la ville depuis quelques mois. Pop sur La Ville incarne une autre vision. Plus réaliste et probablement bien plus bénéfique à long terme. Elle était là avant, elle le sera après. Une des raisons qui fait de l' édition 2016 une édition à part est que Melting Pop fêtera en Décembre les 20 ans de sa création. Et ce en toute discrétion à l' image d'une asso qui oeuvre sans artifices ni goût pour le buzz opportuniste. Votre serviteur a eu la chance de voir cette asso naître, grandir et être en passe de devenir ainsi une petite institution. Le véritable emblème d'un certain état d' esprit. Il y a un fait notable à relever à son sujet. Ses membres ont été renouvelés à 100% et pas qu'une fois. C' est peut-être là l'une des clés de la réussite. Les joyeux et motivés initiateurs ne sont pas devenu de vieux sénateurs ventripotent à oeillères utilisant le chantage du "après moi, c' est le vide". Ils ont passé la main et les troupes se sont renouvelées. La programmation réussie de 2016 en est une preuve flagrante. Pas de ghettoïsation stylistique, pas d' entre-soi sociale, la musique reste et demeure un art et pas un simple divertissement hédoniste. Un exemple parfait d' ouverture d' esprit et de curiosité. Une programmation courageuse et défricheuse qui ose faire confiance à son publique en matière d' appétence et d' ouverture d' esprit. Il faut croire que ses créateurs (les Emmanuelle, Manu, Jêrome, Olivier et autres) ont su trouver dans les 90's la potion magique pour que perdure cet état d' esprit puissant. Les générations ont succédé les une aux autres comme les goûts et les affinités, les courants musicaux et les tendances. En 2016 comme en 1996, avec Gaelle et sa troupe d' amis, Melting Pop reste le phare de "toutes" les musiques indés pour Limoges . Si les temps sont durs pour l' organisation de concerts Pop sur la Ville continue son petit bonhomme de chemin avec classe et talent comme le prouve sa programmation 2016. Un sans faute ! Les hostilités débutent le 23 Novembre par une carte blanche donnée à l' asso par l' Espace Noriac. Occasion de visionner le documentaire Cobain : Montage of Heck. Occasion aussi de bien comprendre le comment du pourquoi du bonhomme en évitant toute sorte de raccourci. On y parle peu de musique mais beaucoup de l'humain. Eclairage assez bluffant qui explique bien des paroles de chansons et une certaine vision du monde qu' avait Cobain. Il y a beaucoup de choses derrière la musique. Par exemple son amour de Léonard Cohen (RIP) vite dit dans celle-là. Le lendemain il vous faudra vous rendre au théâtre Expression 7 pour échapper aux autoroutes musicaux et découvrir la liberté offerte par les chemins de traverse. Expérimentation électronique avec Nadia Lena Blue et improvisation totale avec Colin Faivre. Le 26 viendra enfin le traditionnel Barathon. On découvrira les Poitevins d' Iswor tissant un lien passionnant entre l'orient et l'occident. L' Asie et l' Amérique. Certaines évidences sautent aux oreilles et parachèvent de finir l' accession à une vision de la musique sans oeillères. Vous allez être réellement surpris par certaine concordances. Plus tard ce sera Stu. C 'est l' archétipe parfait de ces formations formées par des membres ayant connu les deux époque. La pré et la post internet. On retrouve les même caractéristiques et les même sensations que décrites ici au sujet des We're only Riders il y a quelques jours. Esprit post-rock mais culture solide et goût du risque assumé parce que plus rien à prouver ni à perdre. Les yeux rivé sur le punk et le post-punk mais corps qui a traversé les 90's. Sonic Youth rencontre parfois Wire au détours du couloir menant aux chiottes mais ces derniers sont déjà occupés par les Diabologum gerbant leur plus belle bile. Sourire Panique perpétuera ensuite une certaine tradition du post-rock. Banjo plus percussion. Une nouvelle fois certains ponts surprenant vont être édifiés au cours d' improvisations audacieuses. Le nom d' Arnold & Willy peut faire peur au pays des comiques musiciens. Mais avec eux pas d' esbroufe comico-rigolo-conceptuelle avec tonsure artificielle pour faire parler de soi ou que sais-je encore. Ils en sont l' antithèse. Leur musique ne cherche pas à draguer pitoyablement. C' est elle qui a le beau rôle et qui compte en définitive. C' est électro et noise et ça démontre que l'on peut à la fois divertir et être joueur sans faire une once de compromis à la société du spectacle en tombant dans la facilité. Lysistrata viendra ensuite confirmer tous les échos positifs qui nous est revenu aux oreilles à leur sujet. Le barathon se clôturera en apothéose psychédélique et spatiale. Still Charon dont je vous ais tant de fois parlé (par ici) effectuera son retour triomphale à Limoges et fêtera dignement son génial "Time Traveller". La dernière soirée aura lieu le 3 Décembre à El Doggo avec une nouvelle formation Tulliste Hinin perpétuant la vision française de la tradition gothique du Post-punk. Bref comme on dit en France c' est "cold-wouaive". Et enfin Zarboth viendra balancer son jazz métal-hardcore teinté évidemment de post rock et de Math-rock.
- WE' RE ONLY RIDERS
Depuis quelques semaines une nouvelle formation est apparue sur le net. Curieux nom, We' re Only riders. Sauf pour les fans du Gun Club. Curieuse musique également. A la fois connue et étrange. Sans compromis mais aux propriétés fortement apaisantes pour les bleus de l' âme. Découverte cet été une voix écorchées m' a fait du bien face aux brûlures des "évènements" et de la tournure que prennent parfois les choses. Une voix maltraitée et rêche qui calme la rage et la colère. Une voix venue des tréfonds qui vous glace puis vous hypnotise. Un brassage subtil d' influences et de tripes. Faut pas plus parfois. Du sang et des larmes avec une culture musicale et littéraire fortes. C 'est une musique à la fois vieille et jeune. Quand les bases sont solides et qu' il n'y a plus rien à perdre on peut, parfois, faire de la très vieille musique. Ne pas sombrer dans le pastiche. Le vouloir ne suffit pas, faut le truc. Ils l'ont les "Riders". Une musique d' avant internet qui pourrait passer pour ringarde. Mais ces gens-là ont connu l' avant internet. Tout allait moins vite et la musique se faisait plus difficile à capter. A engranger. A apprendre. Et ça change beaucoup de choses. Ils avaient déjà 20 ans dans les odieuses 90's. Les terribles années cyniques qui ont laissé gagner la monstrueuse pensée unique. Certains s'en sont très bien acclimatés. D' autres beaucoup moins. Et ce sont de ces derniers dont il s' agit. Les "Riders" transcendent l' âge de la musique apprise en ces temps lointains. Les premiers cités plus haut ne font que l' utiliser à des fins odieuses et stupides. Ici le brassage réussi remplace l' accumulation et les simples recettes. On peut aussi bien tomber sur une perle du Modfather Paul Weller que croiser une scie lacrymale d' Elvis Presley. A chaque fois ils réinventent les chansons mille fois écoutées qui semblaient être trop connues et donc intouchables. La dernière,"Higher", sonne 90's et touche comme rarement les copie indies actuelles y réussissent. Nick Cave n' a pas couché avec PJ Harvey (LE couple de notre jeunesse) mais avec les filles de My Bloody Valentine. Cela commence doucement puis on est pris. Le miracle se reproduit à chaque nouvelle apparition de chanson sur la toile. Reprise ou pas. Les originales sont même meilleurs que les cover. Sont-ils deux, trois? Sur "Liars" une voix féminine vient se mêler à l' affaire et trouble un peu plus. Les imitatrice actuelles façon Lana Del Rey vont devoir aller se perfectionner devant youtube. Y' a aussi le truc avec la "fille". Youtube ne pourra rien faire pour les fifilles. Ce sont de vieilles connaissances Limougeaudes à ce qu'il parait. Parait même que je les ai croisé dans une autre vie. La vie d' avant le folk des hipsters et d' avant le rock des bobos. Ecoutez les "Riders" et vous comprendrez pourquoi je n' écoutes plus de vieilles musiques faites en 2016. Elles ont rarement ce que ces vieux cons ont. Le "truc"! A croire que c' est mieux d' avoir connu deux époques.
- CARLA DAL FORNO, miroir intime.
Attention. Ce disque est dangereux. Une pythie va s' emparer de vous. Une pythie doublée d' une sorcière. Cette oracle de l' âme va vous dévoiler votre passé, le présent et l' avenir de ce qui trame en vous. Vous montrez ce que vous ne voulez pas savoir de vous. Vous faire peur, vous attrister, vous faire pleurer. Elle va vous ensorceler et finalement vous soigner. Creuser jusqu'à l'os pour éliminer le malheur. Regardez bien cette photo. Un femme élancée, vêtu de noir, une chevelure entre le rouge et le roux, un instrument. Derrière son visage d' ange se cache bel et bien une pythie. La dernière que l'a vu en musique se nommait Nico. Pour arriver à ses fins elle va tout d' abord vous ouvrir la sienne. Une âme torturée, fragile, mais forte. Elle va se mettre à nu comme rarement dans les disques. La dernière que l'on a vu une jeune femme au visage innocent seule sur scène avec son instrument nous livrer sa vie autant intensément, elle se nommait Chan Marshall, Cat Power. Depuis un an on savait que Carla dal Forno allait s' inscrire dans la lignée des deux autres. Mais à sa façon. Comme les deux autres elle est hors du temps Carla Dal Forno. Sa musique aussi. Sur son premier album solo vous allez être emporté irrémédiablement par une force invisible. La musique y a l' apparence monacale et minimaliste mais elle est aussi charnelle et intense comme très peu. Nico est devenue Nico quand elle laissa loin derrière elle le rock du Velvet et la pop de "Chelsea Girl". Quand elle assuma sa voix fragile et oublia les sarcasmes du vilain Lou et de tant d' autres. Quand elle partit chanter seule et bouda le succès populaire avec pour seul aide le brave John. Dal Forno fait comme son illustre aîné. Son parcours est débuté au sein d'un groupe (Mole House) et de multiples collaborations (les magnifiques peintres impressionniste et surréalistes de nos cauchemars enfantins, F Ingers mais aussi Tarcar). Il n'y a rien non plus de précieux chez elle, pas de crochet racoleurs. Hors de toutes velléité de plaire, divertir, endormir. Hors du temps vous dis-je, hors des modes, hors de la frénésie suicidaire de notre monde. Et pourtant, son oeuvre parle que trop bien de notre quotidien affectif. Depuis qu' elle apparaît sur moult et variées sorties discographiques de Blackest Ever Black je crois bien que l'un de nos labels préférés tient là sa reine. Son instrument sur scène n' est ni l' harmonium, ni la guitare. C' est une basse noire doit notre Pythie de l' âme sort des lignes fortement post-punk. La boite à rythme qui l' accompagne délivre des battements saccadés. Un dub malsain enveloppe tout et si on lui échappe c' est pour tomber dans un folk psychédélique encore plus pernicieux. Beaucoup de chose diverses semblent déstructurées et détournées par Dal Forno pour dispenser son puissant spleen fantomatique. C 'est un disque moderne parce qu' alternant instrumentaux ambient et chanson tout sauf simplistes. Un disque pour les éreintés de la vie de 2016 mais les éreintés pas encore résignés ou cynique. Un disque pour ceux qui ne cesse de vouloir comprendre, savoir, chercher et finalement combattre.
- KUEDO, un parcours de précurseur.
Cette époque aime-t-elle réellement les précurseurs comme on nous l' anonne? On peut franchement avoir des doutes quand on constate le très faible éclairage médiatique portée sur Jamie Teasdale. Que ce soit sous le nom de Kuedo qu' au cours de sa collaboration avec Roly Porter au sein de Vex'd on ne peut pas vraiment dire que l' anglais vivant à Berlin a fait le buzz. Surtout en France. L' homme revient pour son deuxième grand format et une nouvelle fois étonne dans le bon sens. Depuis une dizaine d' année on est forcé de constater que Jamie Teasdale n' est jamais là où on l' attend. Carrière débutée au sein de Vex'd l' homme et son compère Roly Porter (voir par ici) offrirent une cure de jouvence à un dubstep à peine né. Reécouter Vex'd en 2016 a de quoi chambouler la vision d' Epinal que l'on se fait de ce genre. Déjà les deux anglais ne faisaient pas comme les autres en accentuant la dystopie par une aura futuriste et l' emploi de noise indus. Leur dubstep découlait ainsi d'un grand mais subtil brassage. Cette façon de faire et une vision de la science-fiction expressionniste sont la marque de fabrique de Jamie Teasdale depuis. Une fois séparé qu' allait-il devenir. Ce fut le chef-d' oeuvre "Severent" sous le pseudo de Kuedo. Il ne restait dès lors pour ses premiers pas solo que le son sépulcral du Dubstep alors que d' autres ne s' en sont toujours pas sorti. Kuedo pour se renouveler emprunta au passé les synthés de Détroit et s' inspira de son présent, le footwork et la juke de Chicago. Ce fut l' un des premiers a s'en inspirer de ce côté-ci de l' Atlantique. Faut dire que signer chez Planet Mu aide en matière d' avant-gardisme. Viendra ensuite le fabuleux single "Work, Live & Sleep in Collapsing Space". Avec ce dernier titre et "Severent" Kuedo avait déjà pris un ticket pour les palmarès en fin de décénie cette dernière alors, à peine entamée. En 2015 Kuedo offre une nouvelle preuve de son refus du surplace. Le ep "Assertion Of A Surrounding Presence" (sorti sur son propre label) le voit offrir plus d' abstraction tout en gardant le goût du surprenant, ce coup-ci pointe le gamellan en version digital et transparait un amour de la musique progressive électronique encore plus assumé. Qu' attendre d' inattendu de Kluedo en 2016 ? "Slow Knife" offre comme surprise que l'on a pas affaire à un disque mais deux en un comme il le déclare. Deux parties bien distinctes. Mais tout au long du disque on retrouve la touche science fiction mais en encore plus mélancolique et crépusculaire. Moins axé sur les dancefloors et plus proche de la vaporwave citadine et Wong Kar Waienne des 2814. Si la première évoque "Severant" et son bagage UK Bass avec les caractéristiques écrites plus haut la deuxième laisse une plus large place à l' abstraction. Plus de drone, plus d' agression noisy et une ambiance encore plus ténébreuse et tragique. Kuedo par instant rejoint son ancien compère Porter et Tim Hecker. Des références cinématographiques sont citées par son auteur et paraissent franchement justifiée pour comprendre les différentes ambiances et parties du disques. "Le 6ème sens" de Thomas Mann a inspiré la première phase plus citadine. La deuxième ce sont "Angel Heart" et "Night Of The Hunter" pour les nuits sanglantes et la sauvagerie voodoo. Teasdale évoque pour l' ensemble le manga ‘Ghost In The Shell’ et le bijou de Mica Levi, ‘Under The Skin’. Et oui, Mica Levi encore citée en 2016. A l' écoute "Blade Runner" pour Vangelis et Badalamenti vous viendrons à l' esprit avec beaucoup de références Kosmich électronique (Tangerine Dream). Jamie Teasdale nous démontre une nouvelle fois tout son talent en usant de ses acquis de Sound Designer. Ce disque peut faire dorénavant office de BO pour un futur film. Ce sera à coup sûr un chef d' oeuvre, comme le disque.
- Katie Gately, la soeur noisy d' Holly Herndon offre enfin un album.Un album "presque"
Son ep au titre éponyme et son single "Pipes" sortis en 2013 m' avaient mis sur le cul et j' étais tomber sous le charme de cette petite soeur de Holly Herndon (Voir ici et par là). Immédiatement elle rejoignait le "clan" qu' Herndon compose avec Laurel Halo et Julia Holter. Depuis plus rien si ce n'est un Split ep avec Thaotlon et un remix à la demande de...Bjork! Y est-elle pour quelque chose dans la signature chez Tri Angle Records de Gately? Voilà Gately de retour et confirme tout le bien que l'on espérait d' elle. Avec "Colors" Gately à l' instar des noms cités plus haut nous délivre un autre disque parfaitement représentatif du juste milieu entre expérimentation et pop facilement assimilable. Moins abrasif et industriel qu' à ses débuts la belle américaine n' en demeure pas moins intransigeante par son goût obtus de l' aventure sonore. Tour à tour rêveuse et maximaliste. On peut la rapprocher aussi du post-internet et du post-club. La technologie numérique est moins visible que chez Herndon et des gens comme Brood Ma mais la voix subit autant d' outrages devenant bénéfiques et confirment ainsi la filiation repérée depuis les débuts. Au final elle aussi réussit à humaniser ce qui apparaît au début inhumain. Même dans la composition Gately évoque sa compatriote comme l' atteste le début de "Lift" mais aussi d' autres instants furtif sur "Colors". Par contre si autrefois l' association avec Halo et Holter se faisait plus par la simple volonté de marier pop et expérimentation une autre affinité se fait plus forte dorénavant , le rêve. Et les titres deviennent comme chez les deux autres extrêmement contemplatif. A la différence des deux autres Gately use et abuse de sons venus de partout, comme Holter l' instrumentation plus classique est présente mais en version tarabiscotée. La sensation d' explorer un dédale y est encore plus réelle. L' ancienne conceptrice sonore pour le cinéma excelle dans l' art d' embrouiller puis d' offrir une clarté mélodique certaine via les collages. L' album nous révèle un truc sur Gately que l'on percevait à peine auparavant. Son vice avec l' art pop. Je ne sais pas si celà vient de la sortie récente de son "Sport" mais Powell m' est venu à l' esprit à l' écoute de "Lift" et "Tuck". Un art perfide de jouer avec les crochets "pop" et "dancefloor". De tromper et de taquiner avec les habitudes et les réflexes des amateur de musique plus "facile". Finalement qu' elle ait choisi Tri Angle records et leur volonté affichée de redéfinir la pop n' est plus du tout surprenant. Les espoirs placées en elle il y a déjà trois ans se révèlent avérés et elle peut enfin troner entre Herndon, Halo et Holter aux royaumes des patronne de la pop aventureuse et courageuse.
- Powell, héros punk de notre époque et des dancefloor.
Le voici enfin le premier album de Powell. cette huluberlu à l' humour caustique qui fait de l' électro post-punk NO Wave. Une nouvelle fois il va foutre le bordel. Certains vont le haïr ou juste, ne pas comprendre. D' autres vont adorer parce que c'est "cool" sans réellement piger. D' autres encore vont aimer parce que ce disque, ce personnage, sa musique, sa vision, son label, ses collaborations, son art du marketing, absolument tout chez lui nous sont "nécessaire" en 2016. Plutot que d' écrire encore une fois sur sa musique comme d' autres sont capable de vous parler d' un plat en sauce ou d' un pinard pendant des heures à grand coup d' adjectifs vides de sens piqués dans les communiqués publicitaires j' ai préféré vous donner seulement des clés . C' est quoi ce "Sport" . C' est l' équivalent d' un livre (une revue en fait) publié fin des années 50 et au cours des années 60. Plus précisément, de sa couverture. Un jour des types ont décidé que l' art c' était une arnaque. Qu'il ne changerait rien à un monde qui devait déjà l' être à l' époque. L' art devait faire partie du quotidien et sortir des musée dans lesquels on l' enferme à double clé pour pas que ça donne des idées au bon peuple. Qu'il fallait en quelque sorte faire table rase du passé. Pour celà et afin d' annoncer clairement leurs intentions avant même que vous ouvriez et lisez le livre ils ont fait faire une couverture à nul autre pareil. Une couverture métallique imitant le papier de verre aux qualités abrasives très agressives afin d' effacer les couvertures des autres livres dans les bibliothèque. La musique de Powell c' est ça. Faire table rase du passé. Le prendre et le charcuter. Sampler et massacrer. Faire du boucan inaudible et surtout pas une musique "agréâble". Ou du moins une musique fonctionnel à simple vocation hédoniste. Quelque soient les goûts. Faire réfléchir par l'inconfort. Trouver de la beauté ou de la pertinence dans l'inconfort. Une musique anti-confort consumériste. Ses armes sont le bruit,la cacophonie et l' atonalité . Le détournement et les fausses accroches. Désappointer le "client". Le violenter dans ses attentes et son individualisme, il accepte bien au quotidien d' autres formes de violences bien plus vicieuses et destructrices. Il joue avec vos réflexes pavlovien de bon petit consommateur de musique pas comme les autres. Ici on veut quelque chose qui ne ressemble à rien d' autres et ne soit pas assimilable par le premier hipsters venu. On a dépassé le cadre opposant Mainstream/Underground. Mais peut-être est-on dans le cadre Passivité et activisme. De toute façon, Powell a lui aussi compris que le curseur bouge en permanence. Que ce qui faisait rebel et contestataire en musique est vite récupéré et plus du tout pertinent. Sauf à tomber dans la ghettoïsation. Et ce n' est pas parce qu'elle ne touche qu'une minorité qu' elle est fatalement non-conformiste. Vous croyez que vous êtes un rebel en écoutant Thee oh Sees? Cette musique n' a plus rien de l'inconfort de l' anticonformisme du rock en 67 ou du punk en 76. Elle est assimilée, digérée, recrachée, institutionnalisée et caricaturée. Vous ètes surtout très CON-servateur. Vous répondez par un choix discipliné et autant grégaire que la majorité. A la différence de cette dernière vous assumez inconsciemment le chacun chez soi. C' est votre dogme. Votre religion. Et votre défaite. Vous dites que Picasso est un génie mais n' avouez jamais à quel point vous trouvez ses tableaux "moche". Votre culte et votre dépendance de la religion du goût individuel perdra votre sens critique. Le fameux livre pour nettoyer votre bibliothèque Ce disque est inaudible et génial. Tout pourri et fantastique. Débile et intelligent. Il va nul-part et pourtant indique le chemin à suivre. Désagréable et utile. Powell fait de la musique comme ceux cité plus haut, Powell fait comme la No Wave New Yorkaise. Il le revendique. Ecoutez au moins une fois DNA, Theoretical Girls, James Chance & the Contortions, Teenage Jesus and the Jerks, Mars et d' autres. Ecoutez ces actes de bravoure et d' honnêteté vieux de 40 ans. Powell est leur enfant et un lointain descendant de Captain Beefheart. Sa différence est son époque et celle qui l'ont précédé. Il détourne ce que l'on appelle l' électro et sa culture dancefloor. En Allemagne c' est Janus d'une autre façon. La culture pop subit le même outrage et cette table rase des habitudes par ferraro et Onéohtrix Point Never. De la musique dance indansable. Certains vous diront que ce disque est "punk" mais inabouti. "Punk" mais mal foutu. "Punk" mais raté. "Punk" mais inécoutable sur la longueur. Ils n' ont rien compris au punk. Ils ne comprendront jamais rien parce qu' ils sont le problème. Pour conclure et démontrer tout ce qui précède et pourquoi certains ne comprendront donc jamais rien voici un extrait de chronique. Au début l' auteur nous explique qu' il avait adoré un des tous premiers titres de Powell, le très sage et passe-partout "The ongoing significance of steel and flesh". Puis ça se gate. Et arrivé à la fin le masque tombe et le seul argument offert tient dans ces quelque lignes: "Maybe I’m missing the point in this, or maybe I’m not sarcastic enough to get it, or too much of a dweeb to get the reference points and the deliberate shonky warping, but in all honesty, it gave me a headache. If it’s a true spirit-of-punk vibe he’s going for, then again, mission well and truly accomplished." Soit approximativement : "Peut-être que je manque le point dans ce domaine, ou peut-être je ne suis pas assez sarcastique pour l'obtenir, ou trop bête pour obtenir les points de référence et la déformation voulue, mais en toute honnêteté, il m'a donné un mal de tête. Si c' est dans le vrai état d' esprit punk, alors oui, là encore, la mission bel et bien accompli." L' éternel excuse et chantage de ceux qui ne veulent ou peuvent pas comprendre quand une chose leur échappe ou risque les remettre en question. "Prend moi pour un con" en guise d' argumentation. Auquel il va falloir dorénavant répondre: "Un con, peut-être, mais un connard pour l' avenir, certainement !"
- GRAND CIEL, merveilleux songes
La dernière fois que j' avais vu Grand Ciel en live c' était en première partie de A Place To Bury Strangers. Il s' était passé un truc curieux ce soir-là. Je dis "curieux" mais c' est juste parce que votre serviteur quadra a rarement ressenti ce genre d' expérience live dans sa jeunesse. J' étais ressorti de la salle plus emballé par l' artiste locale que par les supposés stars du soir. La sensation d' écouter un truc frais, "nouveau", rare puis de mettre taper un truc bien mais un truc qui avait le goût d' une pâle copie des originaux. Autrefois la sensation était inversée. Les régionaux du jour faisait dans le vieillot et la seconde étrangère dans le novateur. Ce fait s' est déjà produit avec Motional. Il y a parfois des petites variations qu'il conviendrait de prendre plus en compte. Surtout quand elles ont tendance à se multiplier. De toute manière guitare noise ou pas, elles font de plus en plus pâle figure quand elles ne cherchent plus. Ce soir là Jean Cédric (aka Kerity et Grand Ciel) tutoyait les cieux alors que les bruitiste américains récitaient la même leçon que sur leurs albums. L' étrange, le détail qui tue , l' attention au moindre grain de son, l' art de laisser le morceau s' épanouir par lui-même, de ne pas forcer l' attendu. Grand Ciel faisait dans le moins tapageur mais surtout dans le plus expérimental. C' est comme si il avait ouvert les fenêtres de la salle de rock pour laisser rentrer un grand bol d' air frais afin d' éliminer les vieilles odeurs de bière tiède et d' incontinence laissées par un sempiternel concert caricatural de garage. On l' a qualifié de dream-pop. Etiquette en partie justifiée mais ingrate aussi. Ingrate parce que ce n'est pas de la dream pop "pure" ou "simpliste"comme celle dont on est abreuvé. "In A Heartbeat" est également ambient par la forme mais aussi par le fond. Il concentre toutes les sensations ressenties ce soir-là. Il présente son dernier titre par ces mots: "electronic minimalism softly washed with photons..." Il y a quelque chose de Chillwave dans ce titre mais une chillwave qui a retenu un gros bagage des recherches hypnagogic-pop et perdu beaucoup des facilités de ce que ce genre est vite devenu. Une muzack pour hipsters. Du Keep Shelley in Athens sans les fautes de goût et les travers popinoux. En attendant plus, et peut-être d' autres territoires aventureux rarement foulés de nos jours, dégustons ce sublime titre qui confirme tous les espoirs portés en lui il y a bien longtemps déjà.
- INGRINA, DIAMANTS ETERNELS, NORTNORD et plus : Ô Les choeurs 2016
DWTN a repéré de bons petits concerts pour vous dans les jours à venir en Limousin. D' abord INGRINA, nouvelle formation du coin. Ingrina comporte dans ses rangs toute l' élite du noise Corrézien et DWTN vous en avait dit également du grand bien. On y retrouve en effet du LD Karst, notre héros Motional qui a encore bluffé DWTN en live récemment, du UNS et Nothing Last. Autre formation bruitiste post-rock à surveiller ce soir-là, les Lysistrata. Après les jeunes nous auront une nouvelle fois l' occasion d' admirer les vieux de la vieille glam et dark du Limousin, Diamants Eternels. Succéderont une poignée de Dj et bien plus tard ce sera au tour d' une autre vénérable institution tulliste, le bon et très fin connaisseur Saint Placid avec son confrère DJyu. Autre coup de coeur de votre serviteur mais il faudra tenir tardivement, où se lever tôt (au choix), pour goûter l' ambient intrigante de NortNord. Ces groupes joueront pour l'un des plus vieux festivals de musiques actuelles en Limousin qui célèbre sa vingtième édition. Du coup ils ont décidé de fêter également les vingts ans et proposent un véritable marathon de musique. 20 heures de musique non-stop le 29 Octobre à Tulle en Corrèze. A cette date se rajoutent deux autres soirées de concert plus classiques. Je vous en avais régulièrement parlé . Comme beaucoup de festival les temps sont dures pour l' association Tulliste Elizabeth My Dear dans notre très vieux pays où règne la social-démocratie musicale (voir article sur La femme). Une place importante est réservée au jeune public avec deux spectacles le samedi après-midi et la participation de l' école de musique. DWTN applaudit des deux mains cette volonté d' ouverture à un nouveau public lié à un souci de pédagogie. Occasion judicieuse aussi de recruter de nouvelle tête pour le futur de l' association. Qui sait? Liens pour la billeterie participative et plus d' infos: https://www.helloasso.com/associations/elizabeth-my-dear/evenements/festival-o-les-choeurs-2016-20-ans https://www.facebook.com/events/576227755897738/ Sinon y' a aussi de très bons films à la télé !