Cela faisait deux ans que Laurel Halo nous avait laissé en plan. Plus rien à se mettre sous la dent depuis son génial ep méditatif "In Situ". Son prochain album "Dust" sortira le 23 juin mais sachez d' hors et déjà qu'il sera l'un des grands disques de votre été et aussi tant qu'à faire, du reste de l' année. Après les expérimentations difficiles techno et autres Halo revient à ses penchants popsong. Mais popsong à la Halo, donc fatalement celle du futur, le grand saut dans l'inconnu comme dogme. Signe de ce retour sur le continent exploré par son chef d' oeuvre de 2013 "Quarentine", sa magnifiques voix. Et pas que la sienne. On peut croiser celles de l' une des grandes révélations de l' an dernier Klein, la prometteuse Lafawndah ainsi que Michael Salu. Côté instruments c'est encore mieux, la copine Julia Holter bien sûr, le percussionniste de chez PAN records Eli Keszler et des fêlés et géniaux (voir plus bas) entre autres. "Dust" poursuit donc là où le puissant courant marin qu' était "Quarantine" nous avait laissé voguer, entre deux eaux. Deux? Plutot des dizaines tant les genres et les époques musicale se croisent et se recroisent chez l' américaine. Les influences et sources d'inspirations aussi divers et variées ne s' entrechoquent pas comme chez d' autres, Halo réussit encore une fois à nous dévoiler par son talent toute la complémentarité qu'ils peuvent receler en eux. Une belle leçon face aux niches stylistiques. L' héritage Detroit tant identifiable dans ses expérimentations plus dancefloor sont encore aux rendez-vous, le r'n'b, le dub comme souvent également, la musique concrète, la pop, le japon (cf pochette de Quarantine), le jazz le plus aventureux et tant de choses se rapportant à l'univers de la science fiction. Ce n'est pas un assemblage grossier fait selon les règles restrictives et pataudes de notre monde. Halo utilise sa baguette magique qui a vu défilé 30 ans de culture électro, qui s'en est imprégnée, pour se télé-transporter dans la quatrième dimension (le futur?). Dans la dimensions Halo donc si différente de la notre les chansons-objets semblent ne pas être justement de simples objets inertes, finis. Ce ne sont pas des choses imaginables, sages, attendues, si prévisibles. Elles n'en font qu'à leur bon grès. Parfois elles se disloquent, se cassent pour se recoller ensuite. De vrais modèles d'indiscipline. Si Laurel Halo était réalisatrice jamais Terminator ne prendrait l' apparence désirée d'un Shwarzy. Elle jouerait avec lui. Le pauvre serait en permanence en état de fusion, de modelages et au détour de certains c'est bel et bien tout un système sanguin et un vrai coeur battant la chamade que nous découvririons. Terminator version Halo? Un androïde pas si artificiel que ça. Les titres chez Halo développent des qualités organiques, semblent réagir aux conditions atmosphériques, à nos émotions, à leurs propres affinités. Des popsongs ayant fondues sous un soleil de plomb où les instrumentations s' y entremêlent comme les lianes le font selon les caprices de dame nature pour au final nous en donner une plus grosse et solide ressemblant à un arbre. La technologie chez elle devient infiniment sensuelle, tourmente nos émotions comme seuls les humains le peuvent. Laurel Halo fait encore preuve d'une inventivité à fort potentiel émoustillant pour le corps et l' esprit. L' aspect aquatique de sa musique reste encore et toujours sa marque de fabrique tellement l' utilisation des sub bass y est omniprésente. Sun Ra avait l'espace, Halo c'est l'océan. Naturel ou numérique. Pour résumer ce qu'elle a fait au cours de l' enregistrement la musicienne parle de "découpage modale, jeu d' improvisation avec poussière digitale". Devrait-on la corriger et parler tout simplement de "poussière magique" jetée par une fée pour donner vie à tout ce qui passe sous sa main. Et que c'est beau la vie donnée par Laurel Halo et ses visées futuristes.
PS: Dans la série disques géniaux mais pas le temps d'en parler plus il y a le dernier disque de l' un des collaborateurs de halo, Craig Clouse. Jetez vous sur la bizarre, comique et géniale machine à recycler les détritus musicaux des $hit & $hine paru chez ... Diagonal! Comme aussi le grand retour des Raime sous le pseudo Yalli et leur travail de torture effectué sur la grime et la jungle en mode indus/dark.