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- LORAINE JAMES, espoir post-déconfinement et renouveau de l' IDM
Loraine James m' avait ramassé à la petite cuillère en 2019 avec son premier disque sorti chez Hyperdub, "For You & I". Merveille de manières IDM baignant dans l' UK bass et le dancefloor du deuxième millénaire. Bref imaginez Aphex Twin version féminine nageant dans les ondes Deconstructed Club. La suite était attendue et la voilà qui déboule enfin. Et vous savez quoi? C' est aussi bien si ce n' est mieux! Loraine James a grandi dans la marmite londonienne multi culturelle et en a gardé les bonnes habitudes dans sa musique. Sans œillères elle a tout écouté au cours de sa jeunesse. Cette assistante pédagogique est capable de vous citer Métallica, les grands nomS R'&B et du Grime dans la même phrase. Réciter les grandes leçons jazzy ou Ambient puis disserter jusqu' à pas d' heure sur l' amour de sa vie, L' IDM. Un bréviaire érudit mais pas seulement. James est à l' écoute de ce qui s' est fait par la suite tout comme ce qui se fait actuellement. "For You & I" était un ovni multi-style et expérimental. L' artiste y abordait son statut Queer et ce que cela signifiait dans le Londres de 2019. Immédiatement elle s' inscrivit dans mon esprit comme une frangine de Klein et plus étonnamment comme la copine de jeu d' une Laurel Halo dans le temple poussiéreux de l' IDM. Comme l' américaine elle semblait tel une petite peste foutre le bordel dans ce vieux courant en ouvrant en grand les portes et fenêtres. Un grand bol d' air frais dans le lieu de culte cloisonné de Saint Aphex Twin et autres Autechre. "Reflexion" persiste et signe qu' il est enfin venu le temps d' un certain renouveau. L' héritage Glitch et Drill & Bass est bien présent mais James poursuit l' expérimentation et n' hésite pas de distiller des crochets Pop dans ses rythmiques frénétiques tout en rendant ces dernières encore plus puissantes. Sa musique à la première rencontre apparaît angoissante à l'image du sujet qu' elle reconnait aborder dans ce disque, "l' isolement cérébrale". Celui ressenti depuis longtemps par certains membres de la communauté LGBT et qui s' est généralisé avec le confinement. Elle maintient une certaine exigence aventurière et cérébrale tout en offrant une nouvelle expérience Pop futuriste entraperçu chez Halo. Près de trente ans après Aphex Twin et Autechre elle prouve ce que certains savaient déjà, l' IDM a une puissance émotive digne de toute les autres musiques jugées moins hermétiques et élitistes. IDM entre ses mains devient rêveuse et mélencolique comme jamais. Le Post Punk a donné la Dream Pop entre les mains des Cocteau Twins, l' IDM entre celle de James et Halo ouvre une piste qui va au delà de la Deconstructed Club. A la longue liste d' influences de la londonienne "Reflection" rajoute un nom via ses manies et un petit hommage cachée via un sample. Il prouve encore une fois le poids énorme que joue déjà et jouera pour très longtemps une artiste récemment disparue qui elle aussi faisait un lien évident entre l'IDM et des chose plus actuelles. SOPHIE! "Reflection" est certes moins abrupte que le précédent mais Loraine James se révèle être au sommet de son art. Sa musique s' adoucit mais ne perd en rien de sa complexité expérimentale et et son courage déviant. Perfect!
- NOT WAVING, message d' amour en provenance du dancefloor.
On a connu Alessio Natalizia posant devant des cranes, tabassant les danseurs sur le dancefloor, cherchant à faire peur avec Mark Lanegan etc etc etc. L' italien ne cesse de changer de style mais reste lui même. Une espèce de Post Punk chaméléon tapant l' incruste aussi bien sur les dancefloors que dans les salles d' expo et les cocons douillets de fans d' ambient. Après moult collaborations ,mon dernier coup de coeur le concernant était son "Downwelling" enregistré en 2019 avec Mark Lanegan, Not Waving nous reviens pour un nouvel album en son seul nom. Mais son goût pour le travail collectif persiste. La liste des invités sur ce "How to leave your body" est hallucinante mais surprend guère tant certains ont déjà été vus en présence de l' italien. Que du lourd adoré par ici. Entre noms anciens et fine fleur du moment. Maria Spivak, la révélation Chypriote 2020 partageant avec l' italien une façon voir et faire typiquement post-punk, la délicate Jonnine Standish d' HTRK et enfin deux vieilles connaissances, Jim O'Rourke et Mark Lanegan qui a le don pour toujours de se retrouver au bon endroitau bon moment comme récemment sur le disque de The Armed. On rajoutera à tout ces chouchous de ce blog la moins adorée par ici Marie Davidson qui franchement charme beaucoup moins et peut paraître parmi ces grands noms spécialiste du "bizarre" comme une incongruité. Et très symboliquement sa présence figure sur le titre le moins passionnant. Ceux qui avaient été charmés par le croisement parfois brut de décoffrage EBM et Minimal Synth d' "Animals" et "Good Luck" risquent d' être plus que décontenancés quant aux autres qui suivaient via les collab et les ep sortis en catimini le chemin sinueux de Natalizia ce disque va apparaître comme la fin d' une étape complexe débouchant sur un sommet de sa vision d' artiste. La Synth Pop entraperçue sur "Good Luck" s' invite bien plus mais laisse place également à une palette riche et variée piochant allègrement dans la culture Transe. Et Not Waving après avoir castagné et provoqué de se voir romantique, tendre et délicat. Un monde entre la tuerie "24" et la merveille "My Sway" avec Jonnine qui semble ne pas connaître le mot médiocrité. Alors que certains suiveurs que ce soit en électro ou chez les guitares s' obstinent à reproduire les sons post-punk en tentant de poursuivre la démarche des iniateurs de manières grotesques l' italien s' échappe très loin tout en gardant bien au fond du crane la doxa Post-Punk. Ses penchants Ambient et ses tentations Drone envahissent un espace gigantesque. On retrouve toutes les périodes d' une carrière déjà bien riche en changements et virages à 90 degrés. "How To Leave Your Body" tire les leçon du confinement mondial en proclamant haut et fort que l'humain est un animal sociale qui a besoin de rencontre, que l' amitié est un impératif, la spiritualité une aide à ne pas rejeter d' un revers de la main et qu' enfin malgré l 'individualisme nous sommes bien fragile face à la perte de l' autre. Chez Not Waving la Transe se retrouve nimbée de mélencolie jusqu' à en devenir cageoleuse. Quand certains en appel à se recrocqueviller sur soi, aux postures intimidantes et éviter les mélanges Not Waving en appelle à l' amour, l' ouverture stylistique et à la solidarité. Encore une réussite discographique pour cet homme à la pensée libre comme l' air. Bonus
- SQUID, grandiose porte de secours du Post-Post-Punk?
C 'était la grosse hype depuis des mois et encore plus assurément depuis leur étonnante et courageuse signature chez Warp. Le petit monde indie et dorénavant d' autres cliques surveillaient le groupe formé à l' université de Brighton. Pour résumer les attentes et doutes on écrira juste que Squid depuis ses débuts laissait espérer beaucoup. Peut être beaucoup trop pour un énième groupe Post-Post Punk était-on tenter aussi de penser. "Bright Green Field" leur premier album vient de sortir et il apparaît clair que si un groupe du revival post-punk entamé il y a quelques années veut ou peut changer enfin la donne de ce courant qui stagnait c' est dans ce disque que ça va se jouer tant il est une réussite et un petit choc dans ce monde-là. Très vite les débuts de Squid furent accompagnés d'un micro buzz indie grossissant au fur et mesure des sorties de disques et des concerts. Doucement mais surement pour un groupe qui a pris son temps avant de publier leur premier album. Formé bien avant leurs congénères Post-Post-Punk ou autres tel les Fontaines DC ou Black Midi en 2015 il aura fallu attendre donc 6 ans. Et six ans au pays de la hype et des météorites indie c' est très long. Au bout de quatre ans ils sortent enfin un premier ep "Town Centre" qui récolte immédiatement l' attention des médias indie alors en plein abreuvement post-punk. Mais tout de suite quelque chose les différenciait avec une entame instrumentale ("Savage") lorgnant fortement sur le jazz et un magistral exercice Post Punk ("The Cleaner") post Lcd Soundsystem post Talking Heads avec crochet pop à la Wire. Avec, cerise sur le gâteau, des cuivres inédit chez leur compagnons britannique d' alors. Surprenant par sa diversité stylistique au milieu du peloton mais pas de nature à immédiatement en prendre la tête pour y mettre le feu voir à s' en échapper immédiatement. Alors que les Shame et Fontaines DC brillaient et que les Idles leur suçaient les roues les Squid semblaient en mode réglage et concentré sur l' aspect tactique. Concentré surtout sur l' expérimentation comme le confirmera par un certain arrière goût leur single "Sludge" qui ouvre leur collaboration surprise avec Warp. Au premier rapport ce qui pouvait passer pour une resucée de LCD Soundsystem qui n' a cessé de sucer' approprier lui aussi le Post Punk originel devenait bien plus intrigant et rustre pour s' avérer inoffensif. Au sujet de la signature chez Warp la surprise ne relevait que du choix du groupe parce que le label étiqueté IDM à ses débuts et surtout électro expérimentale avait depuis belle lurette diversifié son catalogue, Broadcast, Maximo Park, Battles, Grizzly Bear, Yves Tumor et d' autres. Squid semblait donc se situer entre la grosse vague Post Punk, portés par l' énergie de cette dernière, et les francs tireurs de Black Midi mais aux visions bien plus larges. Des affinités pour une certaine perversion expérimentale et un gros penchant pour l' aspect pop du Post Punk tendance Wire et Talking Heads. De quel côté aller pencher l' album? Ou allait-ils choisir de ne pas changer la formule gagnante quitte à ne pas évoluer. "Bright Green Field" offre le visage d' un groupe courageux qui ne pouvait se contenter de se reposer sur ses lauriers rapidement tressés. Avec l' aide du cador de la production anglaise , Dan Carey (Fontaines DC, Black Midi), Squid offre une musique jubilatoire n' hésitant pas à aller dans les sens et oser encore plus qui plus est avec le Control Total* (*: petit clin d' œil à un très grand groupe post-punk qui avait précédé les Fontaines et compagnie, par ici) des artistes solides. On est capturé par les tentacules d' une musique qui voit son groove encore plus puissant qu' auparavant. Ils n' hésitent pas à vous faire passer du calme au chaos en un claquement de doigts par une combinaison multicouche et multiforme. Le tempo fait de même et peut être lent ou rapide selon leur bon vouloir. Les genres s' entrechoquent ou dialoguent, se castagnent ou baisent ensemble. L' énergie punk originelle est bel et bien là mais elle booste des influences jazz plus vives que jamais chez eux. Le phrasé Post Punk à la Mark E Smith tant usé voir abusé par la conccurence bornée dans ses marottes côtoie des harmonies Soul irréelles venant de bien plus loin. L' électro aussi s' invite parfois avec des Fields Recordings venus du quotidien ayant parfaitement leur place dans ce bordel ennivrant. Peut être la grosse différence avec tous leurs contemporains Post Punk cités est que Squid délivre un message bien plus chatoyant et optimiste. Des façon de faire et de voire qui propulse ce groupe en éclaireur flamboyant dans les dures pentes qui nous attendent. Le Post Post Punk a deux doigts de sombrer dans le train train vient de trouver peut être ses premiers de cordées qui pour le coup semblent agir pour le bien commun. Ce grand "Bright Green Field" ,désiré par le groupe comme plus profond émotionnellement que leurs disques précédents, est après les mois difficiles passés et avant les prochains guère enchanteurs ,et tout autant imprévisibles eux aussi, comme la bande originale parfaite d' un monde en constante évolution. Une solution parfaite pour vivre dans ces incertitudes qui ne cessent de se prolonger. Enregistré pendant la pandémie ce disque dévoile un groupe qui, plutot de se lamenter naïvement comme d' autres sur cette calamité, va chercher plus loin les raisons de nos malheurs et nous prépare à la lutte. Et le ton est donné par le groupe lui même quand il faut expliquer de quoi parle le disque : «À propos de la dichotomie entre plaisirs simples et consumérisme décadent» Et pas seulement parce que sont abordés aussi et d' une manière loin d' être caricaturale et cynique mais certainement combative la propagande de droite omniprésente dans nos vies ou la vision Darwinienne et cruelle véhiculée par le management et le triste "esprit d' entreprise". Plus loin on va se confronter à la crise du logement sur Londres, la santé mentale d'un type bossant dans un abattoir industriel et aborder l' anorexie, le trouble psychiatrique le plus mortel chez les ados avec conséquences à vie quand ils y survivent. Sur certains titres si les influences "classiques" post-punk déjà énumérées apparaissent d' autres surgissent et participent à ce qui semble être un jeu de jeunes gens intelligents et engagés capables de ne pas se prendre au sérieux et devenir lourdingues comme d' autres (...Idles ? Oh que oui!!!). Godspeed Black Emperor fait irruption par des violons surprenants quand ce n' est pas Talk Talk qui remet une louche de Post-Rock. La tuerie folle "Narrator" va plus loin que le gros Murphy en partant des terres labourés mille fois par LCD Soundsystem pour atteindre les sommets pop de Wire et finir dans un délire néo psychédéique digne des post-baggy Regular Fries. Ecoutez "Narrator" et leur "Anno Domini #2" ensuite, les deux titres semblent frères. Même Radiohead est cité via un "2010" qui transpose "Paranoid Android" dans l' ère Covid 2.0. Il est à noté qu' une nouvelle fois après les The Armed (voir ici) on constate encore chez les guitares les conséquence grandioses mais tardives de notre univers numérique inter connecté à la vitesse de la lumière et du zapping sans bornes des sources d' inspirations. En définitive ,même sans totalement révolutionner sur certains aspects tel la production ou l' utilisation des outils technologiques, les Squid nous offre un très grand disque susceptible de changer radicalement la donne d' un revival bénéfique et rafraîchissant à ses débuts mais tombant dans les travers de ses prédécesseurs tel la redite et le conformisme. Bonus: Le titre des Regular Fries, espèce de dégénérés Post Baggy/Madchester fan de Trip Hop et d' arrogance Britpop.
- THE ARMED, MAXIMALISME CHEZ LES GUITARES. Enfin !
Il y a de ça quelques mois suite à ma chroniques des Ougandais de Duma (ici) un lecteur m' avait parlé d' un groupe de la scène Hardcore qui risquait plaire à l' amateur d' hybridation stylistique et de courage artistique que je suis. J' avais vaguement penché une oreille et si certains titres m' avaient accroché je passa mon chemin en me gardant bien de donner un avis définitif si ce n' est l' affirmation que ces larrons osaient dans une scène pas franchement adepte au changement. Ces derniers temps une pochette ne cessait d' apparaître sur les sites musicaux et autres bases de données des sorties. Sur le coup je l' ai pris pour un disque de Rap ou Pop avec son style léché et bien évidemment son titre "Ultrapop". Weeknd ou je ne sais encore quel petite star du monde merveilleux Poptimisme me disais-je. Et puis il y a quelques jours le même lecteur me demande mon avis sur ce "Ultrapop" et s' inquiète de ne pas voir la chronique dans ce blog. A mon étonnement sur son intérêt soudain pour un disque fort médiatisé (pas son genre) il me répondit qu' il s' agissait du même groupe que la dernière fois et que ce coup-ci je ne pouvais que craquer. Et il rajouta "aussi fort que Duma". En bon fan des Duma J' écouta alors ce "Ultrapop" des The Armed en pestant que Duma en matière d' hybridation Hardcore était inatteignable pour un bon moment. Et bien non, la performance de Duma est égalée et ce "Ultrapop" est une gigantesque claque. Depuis quelques année la scène Métal nous a offert de bien belles petites tentatives d' hybridations novatrices. Lithurgy il y a une dizaine d' année et enfin Deefheaven pour leur version dur du shoegaze via un Blackgaze dans la droite lignée de nos héros nationaux en la matière, Alcest. Ce qui est déjà amusant voir frustrant à l' époque pour un indie boy d' origine c' était de constater que cette scène caricaturée comme rigoriste si ce n' est un brin repliée sur elle même dans l' imaginaire Indie offrait des hybridations de haute volée dont le monde Indie était devenu au fil des revival bien incapable. The Armed semble exister depuis plus de dix ans. Je dis "semble" parce qu' au sujet de son identité et son histoire on n' en sait pas trop et ça parait assez flou. Ou plus précisément nous avons affaire avec de grands rigolos adepte de l' anonymat médiatique et à l' entourloupe promotionnelle avec envoie de mannequin pour les interviews et les clips. La seule chose de sûr et tendant à se confirmer depuis qu' "Ultrapop" est sorti est que le grand manitou semble être Kurt Ballou des Converge. D' autres noms se sont rajoutés mais tout reste à confirmer. Vous l' aurez compris on se prend un exercice sans précédent d' hybridation partant des terres Métales. Mais pas seulement. Non seulement il y a le geste de sortir des carcans Métal Hardcore et un gros doigt aux ayatollahs du truc mais cela va plus loin en s' approchant de certaines notions vues du côté électro. Bien sûr que question sonore via l' origine Hardcore des The Armed leur musique peut être qualifiée de maximaliste mais ce disque a autant à voir avec le Maximalisme avec un grand M. Pour ceux qui ont loupé un épisode vieux de dix ans il en est question par ici ou par là. Mais pour faire vite sur cette notion apparue en musique électro vers 2011 et cousine d' un concept marxiste on dira juste que le Maximalisme pousse tout au maximun. Le sonore via la technologie comme la boulimie stylistique sans aucunes œillères et questions de "bon" ou "mauvais" goût. Et alors sur ce point d' ouverture stylistique et jusqu' au boutisme The Armed fait aussi fort qu' un Rustie ou les Gang Gang Dance d' autrefois. Comme le dit un critique, qui n' a pas (encore) fait le lien avec un Rustie et le Maximalisme électro, les The Armed se "focalisent sur la contre culture et poussent les notions de genre au plus intenses". Exactement la même chose que Rustie en 2011. Alors la démarche entendu en électro ça donne quoi dans le Hardcore. Et bien c' est la volonté de revendiquer haut et fort ses aspirations Pop. Mais pas seulement. C' est aussi une volonté totale et absolue d' expérimenter sans craindre de fâcher ou de perdre. Et dieu sait que les termes "Pop" et "Expérimental" peuvent être vague et désigner bien des choses multiples et variées selon les personnes et les artistes. The Armed est donc parti du MétalCore avec une affinité MathCore il y a dix ans puis a progressivement intégré des notions Punk (logique) et Noise, un peu moins logique mais déjà vu chez Deefheaven. C 'est surtout avec leur quatrième album "Only Love" qu' ils vont devenir beaucoup moins sâges et larguer définitivement les amarres du port Métal. Sur ce disque paru en 2018 leur musique devient étrange en incluant des ingrédients Shoegaze, DreamPop, Digital ou Cyber via l' électronique et un gros travail de traitement du son. Après l' avoir écouté je comprend à quel point mon lecteur avait le flaire en voulant me lancer sur leurs traces d' aventuriers sonores. "Only Love" sonnait comme aucunes autres formations du Hardcore. Si leurs "frères" africains de Duma ont opté pour d' autres cultures tel celles de l' électro Post Deconstructed et la tradition africaine alors les Armed lorgnaient sur bien d' autres territoires connus par ici. Mais mélanger pour mélanger n' est pas toujours synonyme de nouveauté et l' hybridation peut souvent ne donner qu' une simple addition d' éléments trop facilement identifiables. Mais comme avec Duma on commençait à fouler des territoires de plus en plus vierges chez les Armed. "Ultrapop" est l' aboutissement rêvé de ce parcours entamé il y a une dizaine d' année. Sans perdre leurs racines Hardcore bien réaffirmées sur quelques titres les The Armed s' en vont là où personnes n' a osé, si ce n' est imaginer, aller. Ils délivrent une musique bel et bien l' extrême mais un rigueur qui cotoie sans perdre de son aura via l' expérimentation le mélodique et l' accroche pop. Jackpot total. Les Armed sont bruyants mais jamais assommant tout au long des 12 titres du disque. La surprise vous agrippe à chaque instant et en même temps "ULtrapop" s' appuie sur une solide cohésion. Même quand ils semblent se confiner sur leurs terres Hardcore de prédilection des crochets géniaux pop ou autres se révèlent nichés là où les attendait pas. Il faut beaucoup d' imagination pour espérer définir ce à quoi on a affaire en terme d' influences et de style. Dès le premier titre la boussole s' affole. "Ultrapop" offre une certaine idée de ce que les Flaming LIps produits par Salem donnerait. Dans le même style un brin psychédélique le synthpop "Bad Selection" fait pousser les cheveux longs et traîne Animal Collective et MGMT sur la grande scène du Hellfest. Dans leurs moments les plus mélodiques les The Armed remémorent de vieux souvenirs et sensations coup de poings des 80's et 90's indie quand agression sonore rimait avec efficacité pop. Hüsker Düe, Posies et encore BOB Mould version Sugar pour la grange ricaine, Ned' s Atomic Dustband côté perfide Albion. C 'est juste une question de sensation et de fraîcheur mais je peux vous affirmer que par instant avec leur collision de chœurs légers et de boucan, deux notions contradictoire chez les conformistes, je me retrouve trente ans plus tard dans le même état d' euphorie qu' avec "Loveless" des My Bloody Valentine. Là où les Alcest ne s' emparait que du penchant éthéré et songeur de MBV les Armed ont pris les aspirations pop assumées pour les crochets pop et offrent une version Métal du shoegaze très "BritPopeux" de Ride. Avec The Armed on découvre une version élévatrice du chaos dans lequel l' auditeur est sans arrêt chahuté entre le viscéral et le cérébral. Je n' espérai plus ce disque de la part du monde des guitares. GirlBand s' en est approché mais sans réellement affirmer un goût pour le crochet Pop qui tue. Une nouvelle fois c' est ailleurs que l'indie originel qu' une petite révolution vient de naître. Quand l' indie semble s' obstiner avec le Post Punk d' autres scènes n' hésitent plus à aller voir partout et surtout son propre nombril. On aimerait voir une démarche similaire et un talent aussi puissant dans le folk, le punk le post-rock ou que sais-je encore. The Armed vient d' offrir probablement un tournant aux guitares ainsi qu' vieux courants alternatifs bégayeurs. Espérons que beaucoup les suivent avec le même résultat en terme d' innovation et de courage. Ça nous évitera déjà de se taper les lauriers dressés aux vilains Idles qui pour le coup viennent de prendre une grande leçon dévoilant toutes leurs petites manip et cachotteries musicales cachant de moins en moins une imagination totalement morte née.
- Oneohtrix Point Never version PC music. Le titre tarabiscoté parfait pour Noel.
Ces deux là s' étaient déjà rencontrés en 2014 pour le single "Rush/Bubs" pour notre plus grand plaisir. Ils remettent le couvert et cette fois-ci pour un remixe hallucinant du "Sticky Drama" de Lopatin par AG Cook. Comme avec celui de Dj Earl le titre d' OPN déjà monstrueux de beauté et de complexité dans sa version originale tutoie encore plus les sommets entre les mains de la tête pensante de PC Music. Ce dernier s'en est donné à coeur joie sur les vocaux de Lopantin. Le titre parfait pour casser l' ambiance des soirées festives de fin d' année des gens "de bon goût" à oeillères. Visiblement Lopatin a aussi annoncé une réédition de l'immense "Garden of Delete" avec une multitude de bonus dont ces deux mixes. De quoi saliver d'ici la ressortie si les bonus sont de la même trempe que les travaux de Earl et Cook. Et en bonus ils viennent d' exploser tout le monde question top de fin d' année avec un Top 500 !!! drôle et passionant des titres de 2016 à voir par ici.
- GOLDIE, RÉÉDITION DU RÉVOLUTIONNAIRE "TIMELESS".
Qu' est ce qu' un disque révolutionnaire? Les réponses peut être multiples et variées mais il y a une évidence. "Timeless" en est un. La Pop et le psychédélisme ont "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, l' électronique "Trans Europe Express", le shoegaze "Loveless", le glam "Ziggy Stardust..." et la Drum & Bass et les dancefloors depuis trente ans ont "Timeless". Sorti en 1995 ce disque est l' un des tournants de la musique populaire britannique et l' une des plus grosses claques novatrices de votre serviteur. Il a littéralement bouleversé ma vie de fan de musique. Si vous voulez savoir ce que c' était que la Jungle, ce l'on appelle la Drum & Bass, ce que Breakbeat signifie, des mots mille fois utilisés par ici c' est avec l' oeuvre de Goldie que vous trouverez la solution. Découvrir une nouvelle fois que finalement la meilleur musique de danse est probablement celle qui fera bouger votre corps d' une manière tout à fait "anormale" et en même temps vous fera décoller votre esprit très haut. La rudesse du rythme avec ce groove hallucinant et ces Breakbeats multiples venus du futur rencontrant des envolées lyriques et ambient de synthés et de cordes accompagné de chants féminins ensorcelant. C 'est l' un de ces disques qui m' ont donné le goût de l'innovation en musique. Ce que je recherche constamment avec ce blog. Quand en écoutant de la musique vous tombez de votre chaise et que vous ne comprenez plus rien à rien et encore plus de ce que vous croyez savoir dans le domaine. Une musique parti de l' underground qui a conquit, infiltré et changé le mainstream. Revanche culturelle des enfants désillusionnés de l' immigration dans la traumatisée Angleterre post-Tatcher. Epoque bénite et franchement inimaginable de nos jours que cette mi-90's quand Goldie fricotait avec la crème de l' art Rock tel Bowie la journée, retrouvait Bjork à la maison pour finir en soirée avec les Gallagher d' Oasis. Pas de frontières, pas d' œillères.
- ALEXANDER TUCKER aka THE MICROCORPS: Techno industrielle tribale en bonne compagnie
Alexander Tucker est connu des vieux habitués de DWTN. Il formait avec Daniel O' Sullivan les adorables Grumbling Furs. Formation naviguant entre l' axe Coil/Current 93 et le rock psy à ses débuts pour dévier vers un Neo Psychedelia toujours aussi ensorcelé qui nous a ravi tant de fois au cours de la dernière décennie. Tucker avant Grumbling Furs avait déjà un lourd pédigréé dans le domaine du Neo Folk et les hybridations en tout genre mais son dernier avatar l' emmène là on ne pensait pas trop le voir. Le dancefloor. Bien sûr avec le bonhomme le dancefloor se téléporte du côté obscur de ses influences d' autrefois. Il se lance dans une sorte de techno puisant son savoir faire dans le Folk. Les danseurs se retrouvent chez lui au milieu de fantômes et sont en passe d' en devenir à moins que Tucker ne les ai transformé en humanoïdes. Sa musique n' a jamais été autant immersive et ses capacités en subversion sont démultipliées. L' auditeur est plongé dans des territoires sonores d' une profondeur béante pour effectuer des danses tribales susceptibles de vous emporter dans un ailleurs lointain et inconnu. Peut être parce que Tucker dit avoir apporté un intérêt important au séquençage et aux traitement des voix et des instruments. Le grand spécialistes des drones à base de cordes tel le violoncelle est également allé chercher la crème de la crème pour collaborer avec lui. Souvent des artistes proches de ses aspirations Dark et Indus qui ont eu maintes fois les honneurs de ce blog. Nik Void des Factory Floor également copine/collaboratrice de Chris Carter et Cosey Fanny Tutti (Throbbing Gristle), ensuite l' envoûtante Astrud Steehouden des Paper Dollhouse et enfin Gazelle Twin himself ! Entre claustrophobie et danse folle le toujours inclassable Alexander Tucker vient encore de démontrer à quel point son talent est très grand et le pourquoi du comment du petit culte qui l' accompagne en matière de musique expérimentale et oblique. Sans oublier un petit trésor sorti en 2019 mêlant son psychédélisme Folk pervers avec d' étonnantes senteurs New Wave.
- TERESA WINTER, hypnotique et fabuleux trip estival Post-Rave pour une artiste devenue très grande.
Souvent le quidam associe les musiques dites "expérimentales ou "d' avant garde" à quelque chose d' austère, de froid voir d' ennuyeux. Bref la prise de tête pas fun du tout alors que lui, le quidam, il veut s' éclater. Danser ou planer et que surtout ce soit facile à digérer. Le quidam pourrait s' y mettre, il en a évidemment les capacités, comme tout le monde. Mais à ses yeux, le mot expérimental et souvent les expression "musique très personnelle" ou "musique différente" font office d' épouvantail à tord. La rencontre est rare mais peut être aussi le quidam n' est pas le seul fautif. La vie, son quotidien et également, parfois, souvent, le "passeur", critique, journaliste officiel ou pas à force d' intellectualiser ou par snobisme. Le quidam, et visiblement certains journalistes "officiels", ne connaissent pas Teresa Winter. Parce que question musique personnelle, inédite, expérimentale mais aussi musique tripante, jouissive, luxuriante et enfin, belle, elle s' y connait. Teresa Winter peut charmer même le plus obtus et fermés des quidams et ça fait des années que ça dure. On sais peu de chose sur cette anglaise d'une trentaine d' année. C 'est dire la très petite aura médiatique dont elle jouit. Et pourtant. Apparue vers 2014 Winter débarque en cette année 2021 pour son 5 ème album officiel. Donc une carrière déjà bien entamée qui nous a laissé déjà deux grands albums et deux autres franchement pas anodins non plus. En 2015 la cassette "Oh Tina, no Tina" dévoile donc cette inconnue lovée dans la queue de la comète Hypnagogic-Pop en passe de disparaître. Immédiatement les comparaisons à la belle Maria Minerva adulée par ici sont nombreuses. Il est vrai que le son et la voix de l' anglaise rappellent Minerva mais cette dernière semble déjà s' en différencier par les influences qu' elle introduit dans son ambient Hypnagogic-pop. Plutot que la House ou la Synth Pop chez l' estonienne avec Winter on s' apperçoit de réminiscences d' IDM planante et de Rave typiquement britannique. Coup d' essai et coup de maître mais totalement passé inaperçu si ce n' est aux oreilles du label The Death Of Rave à qui on devait déjà les placements sur orbite de petits génies tel Rian Treanor, Gabor Lazare et Powell. Deux ans plus tard la revoilà avec le désormais classique "Untitled Death". Si la belle abandonnait les rêveries Hypnagogic Pop c' était pour mieux nous plonger dans d' autres aux origines bien plus psychotropes et obscures. Elle se présenta alors tel une chamane des temps et sons modernes délivrant une espèce de Dream Pop expérimentale et ésotérique aux accoutrements très Ambient. Alliant propos plus ou moins aguicheurs par sa voix échantillonnée, synthés Lo-Fi traités par des logiciels algorythmiques, des manières franchement électro acoustiques, Winter pouvait par des sonorités cristallines surgissant sans prévenir dans des songes ambient amener l' auditeur à un état euphorique rare. Un auditeur ne sachant plus si il errait dans des paysages sonores angoissant et austère ou multicolore et psychédélique, se retrouvant seul face à lui même pour vivre une expérience étonnamment exubérante. Un an plus tard, après avoir évoqué une version complexe et étrange des œuvres Dream Pop un brin légères de Grouper voir Leyland Kirby dans sa façon d' utiliser les sons du passé, elle évoque des artistes bien plus abrupte et direct mais toujours avec un goût prononcé pour les choses hallucinogènes tel Cosey Fanni Tutti et Coil. Ce qui était susurré est clairement affiché dans "What The Night is For" (21ème Top DWTN album 2018). Elle nous parle de la sexualité féminine, d' occultisme, de tentations transgressive et de morbidité. A l' image des sujets abordés plus abruptement et sérieusement que les songes d' avant, Winter introduit des sonorités en provenance du Classique dans sa potion à base toujours de Dream Pop ambient et de souvenirs hauntologiques Rave et Acid. Étrange impression d' écouter une ange Dream Pop vous réciter les passages les plus hard du Marquis De Sade. 2021 va débuter avec la cassette "Love Crime" publiée dans la série Documenting Sound qui a pour but d' illustrer le confinement 2020 par des enregistrements d' artistes plus ou moins réputés au cours de cette triste période. Les six titres de "Love Crime" sont loin d' êtres anecdotiques après les deux grands disques qui l' ont précédé. Après l' étrange brutalité parce que toujours euphorisante de "What The Night is For" Winter se fait plus aguicheuse musicalement. Musicalement parce que ce coup-ci on quitte le Marquis de Sade pour évoquer le féminicide en évoquant le meurtre de la chanteuse des Skatalites, Margarita Mahfood. En perpétuel évolution elle utilise ce coup-ci des artefacts Dub et Jungle pour offrir une nouvelle version de sa Dream Pop de l' époque "Oh Tine, No Tina". Plus Pop qu' hypnagogique même si le spectre de Maria Minerva semble encore planer avec celui plus typiquement britannique de Saint Etienne. Inclassable toujours avec cette manière bien à elle de mêler Hauntology et Deconstructed Club. A peine digéré et charmé par ce beau "Love Crime" l' anglaise nous emporte encore plus loin et nous ensorcelle définitivement pour le reste de l' année avec son deuxième album en à peine 4 mois, "Motto Of The Wheel". C 'est probablement son meilleur disque à ce jour. Nous découvrons une artiste arrivée à maturité et culminant au sommet de son art. Les treize titres de son disque le plus long confirment son art d' allier la contemplation précise et la réflexion avec son discernement émotionnelle dans l' art de la nostalgie. Toujours Hauntologique mais bien plus que ça dorénavant. Si elle ose toujours en expérimentant dans l' électro acoustique elle dévoile dorénavant un agile capacité dans les crochets Pop ou Dancefloor totalement assumés. De l' entame Junglieste " Echo Disappear" au passage Transe "Hard Life In Plastic" Winter vous emporte loin en territoire psychédélique. Cette touche à tout stylistique dévoile un savoir faire gigantesque dans l' utilisation de sa palette dorénavant richissime et diverse. Bien plus Pop et accessible à certains moment elle ne perd absolument rien dans l' art de surprendre et sa musique garde si ce n' est s' enrichit encore plus en pouvoir ésotérique et hallucinogène. Teresa Winter nous parle de ses souvenirs estivaux des stations balnéaire anglaises, de son enfance, de la télé d' autrefois et pourtant, jamais elle ne tombe dans le cliché et le rétrogaga mièvre. Qui donc en ce moment peut ce permettre d' évoquer à la fois l' intransigeance de Cosey Tutti, la sensualité de Maria Minerva, l' agression hédonistes des dancefloors, l' euphorie Pop des tubes dansant estivaux et même les songeries shoegaze comme le fait aussi personnellement cette fille? Personne. Teresa Winter vient de définitivement prendre une place de haut rang dans nos cœurs.
- ANDY STOTT, retour égarant d' un vieil ami perdu de vue. Plus top album du bonhomme.
Je vais vous l' avouer immédiatement. Au moment d' écrire cette chronique je ne sais absolument pas quoi penser de ce "Never Right the time". Génial ou chiantissime? Passionnant ou raté? "Conformiste" ou "avant gardiste"? En Fait il m' est très tentant de conclure en citant le titre de ce 5ème album de l'un des plus vieux chouchous de ce blog. Ce sera jamais le bon moment pour une sentence définitive. Y' a des disques comme ça et c' est tant mieux. Je l' écoute sans cesse depuis quelques jours mais parfois il semble que ce soit bien plus au nom de la vieille passion qui m' anime à l' encontre du mancuniens, bref une question de fidélité, que pour les qualités et les émotions novatrices ressenties en découvrant ses 9 dernières chansons. Émotions dont Stott était si coutumier de 2011 à 2014. Arrivé ici il est peut être utile d' effectuer un petit retour en arrière pour comprendre les attentes, l' espoir mais aussi les craintes suscitées par l' annonce d' une sortie discographique sur long format d' Andy Stott il y a quelques semaines. Et au final cette sensation de retrouver un vieil ami toujours capable de surprendre autrefois mais qui lui aussi a perdu de sa superbe avec le poids des ans. Mais certainement pas son talent devenu quant à lui trop familier probablement. L' anglais nous avait cueilli en 2011 avec les ep's "Passed Me By"/ "We stay Together" puis finit de nous séduire avec "Luxury Problems (ici) et " Faith In Strangers" (là). Le pote des Demdike Stare nous a bluffé pendant près de 4 années par sa constance en terme d' avant gardisme et par sa musique si personnelle et différente de tout le reste. Il préfigurait à l' instar des Demdike Stare une version typiquement Manchester de la jeune ,alors, Deconstructed Club. Les nuages dans l' idylle qui le liait à nous ont commencé à apparaître en 2016 avec son quatrième album, "Too Many Voices". Stott continuait à avancer artistiquement mais on avait l' impression de le retrouver sur des territoires certes peu foulés mais déjà visités par d' autres chouchous de ce blog. Imaginez John Lydon et PIL se mettant à faire dans le "Closer" des Joy Division juste après "Metal Box" ou My Bloody Valentine se décidant à plonger corps et âme dans le Trip Hop naissant pour donner un successeur à "Loveless". Déconcertant et pas sûr que l' impact aurait été le même qu' avec leur œuvres passées. "Too Many Voices" voyait donc Andy Stott continuer d' évoluer mais avec de lourdes senteurs d' Oneohtrix Point Never et Jam City. Quelque chose dans ses sonorités tirait de plus en plus vers le Maximalisme, le Post Internet, la Vaporwave quand on sentaient que ses influences plus anciennes quittait le Post Punk, l' indus et le Dancefloor pour s' établir entre la Synth-pop 80's et 4AD (Cocteau Twins, This Mortal Coil). Bref Stott en 2016 sembla à mes yeux perdre de sa personnalité sonore si attachante et intrigante pour suivre aveuglément d' autres adulés par ici. Je ne pris même pas la peine de chroniquer ce disque et classa cette habitué du top 10 dans la liste des remplaçants. En 2019 Andy Stott revint en beauté avec le ep "It Should Be us". Les doutes et la petite déception de 2016 était un brin mis en retrait tant il me sembla qu' il avait abandonné le chemin synthpop et ses velléités Oneohtrix Point Never emprunté 3 ans plus tôt pour repasser par le dancefloor en ne gardant que quelques restes sonores Lopatinesque de "Too Many Voices". Ce ep permit à Stott de retrouver sa place dans les hauteurs des top annuels (4ème top ep) et continue d' être écouté au contraire de son prédécesseur. Joie de le retrouver sur ces terres même si l' anglais ne révolutionnait pas beaucoup tout en continuant d' évoluer un tant soit peu. L' annonce d' un futur album qui, depuis 2016 s' était teinté de craintes, s' accompagnait dorénavant d' un petit espoir nouveau. L' album prévu pour 2020 tarda jusqu' à ne plus venir du tout. Le communiqué de presse du récent "Never the right Time" nous en explique les raisons, entre bouleversement personnel et bien sûr la paralysie générale due au Covid. Stott forcé au retrait reparti en marche mais avec une approche différente et le communiqué de presse de nous offrir gracieusement les artistes qui ont inspiré Stott pour ce disque. Liste assez longue, passionnante et franchement pertinente pour découvrir ce 5 ème album. Entre le passé et un présent qui prouve que tout Stoot continue d' être à l' écoute de la nouveauté et pas replié sur les vieilles marottes. Certains sont connus voir déjà chroniqués par ici (indiqués par une * en lien). Prince, Gavin Bryars, A.R. Kane (*), Bohren & der Club of Gore, Robert Turman, Cindy Lee (*), Leila, Catherine Christer Hennix, Junior Boys, László Hortobágyi, Nídia(*), Prefab Sprout. Merci Modern Love et Andy Stott pour ces noms car mon job de chroniqueurs est fait à moitié. Reste le plus important, le résultat. "Never the right Time" semble reprendre le chemin où Stott nous avait planté avec "Too Many Voices" mais avec l' impression qu' une bifurcuation s' est opéré et que Stott ait abandonné définitivement l' axe Oneohtrix Point Never/Jam City pour ne garder que ses souvenirs 4AD. Les 9 titres nous plongent dans une espèce d' Ambient Pop mélancolique, désolée et excitante. Plus du tout polluée par des agressions maximalistes Post Internet. Les senteurs Vaporwave deviennent ici moins caricaturales et ne sont réellement palpable que par l' étonnant "Repetitive Strain". Alison Skidmore délaissée sur "It Should Be us" revient mais avec de nouvelles manières de chant. Les tentations guitaristiques entrevues sont mises en avant comme jamais chez Stott ("Hard To Tell" & "Away Not Gone" et combleront encore plus les fans de This Mortal Coil qui finiront de se mettre à genoux le temps de l'intermède "When it Hits". "It Should Be us" avec son retour aux dancefloors apparaît définitivement comme un petit détour salvateur et un titre comme "Answers" permet à Stott de ne pas trop perdre les fans de la première heure en démontrant qu' il a toujours la main en la matière. Façon également de faire oublié le titre précédent, le plus faible et ennuyeux de l' album, " The Beginning". "Dove Stone" voit Stott plonger comme jamais dans l' océan ambient. Un océan lugubre et étrangement Lynchiens qui étonnera les habitués et confirmera un des nom de la liste des influences du communiqué de presse, les pros du DarkJazz Bohren & der Club of Gore. Que peut-on donc dire en conclusion de ce "Never the right Time" après l' avoir disséquer dans le détail? Rien de clair! Et nous voilà revenu à l' intro de cet article. Rien de définitif et on repoussera pendant très longtemps encore un avis final. Si seulement il vient à la place d' un tout possible oubli. Parfois c' est un étrange ennui qui me cueille avec la sensation d' être resté sur ma faim quand d' autres écoutes deviennent passionnante par certains détails provenant de la maîtrise totale de Stott dans l' art de la sculpture sonore et ses nouvelles capacités en matière de songwritting classique pour offrir une Pop-Ambient touchante. Le mieux que j' ai à vous dire en conclusion? Jetez-vous sur ce disque et faites-vous un avis vous même si vous y tenez. Moi je laisserai faire le temps. PS: Comme promis et pour permettre de s' y retrouver aux derniers arrivés dans les vastes 16 années de carrière discographique d' Andy Stott, voici son Top Album après celui de ses potes Demdike Stare (ici) ainsi qu' une petite sélection en 16 titres. 1. LUXURY PROBLEMS (2012) (chronique ici) 2. FAITH IN STRANGERS (2014) (chronique ici) 3. PASSED ME BY (2011) (chronique ici) 4. MILLIE & ANDREA DROP THE VOWELS (2014) 5. NEVER THE RIGHT TIME (2021) 6. WE STAY TOGETHER (2011) 7. IT SHOULD BE US (2019) 8. TOO MANY VOICES (2016) 9. MERCILESS (2006)
- KAIRON; IRSE, retour pour leur meilleur album de l'un des plus grands groupes Shoegaze/Post Rock.
Je le réécris mais il faut dire les choses tel qu' elles sont et crier une nouvelle fois à l' injustice flagrande. Kairon; IRSE dans un monde meilleur devrait être sur le trône. Chaque jours ils devraient se faire lécher les bottes par tous les jeunes fans des Tame Impala, King Gizzard And The The Lizard Wizard, Pond et autres. Tous ces groupes tête de gondole d' un rayon Indie à l' agonie vendus jusqu' à l' overdose par les Pitchfork et consors qui feignent d' y croire mais agissent comme des épiciers au bord de la faillite. Et pas seulement. Les vieux fans plus dans le réel de Post-Rock , de shoegaze, de Krautrock ou du psychédélisme le plus proto feraient bien de se pencher sur le cas de nos nordiques préférés oscillant entre looks métaleux et hippies. Si la Finlande avait déjà offert au cinéma le génial Akis Kaurismäki ,de la même manière iconoclaste et non consensuelle, elle nous a peut être offert le plus grand groupe Shoegaze/Post Rock de ces dix dernières années. Pour les retardataires Kairon; IRSE est une formation Finlandaise apparu sur les radars en 2014. Mais attention, que sur les radars des réseaux socios et autres plateformes de partages et données de fans. Sur les grands site indies musicaux que l' on pourrait qualifier d' "officieux", rien. Que dal, nada! Pas nés au bon endroit et à la bonne époque. Pas anglo-saxon, pas même australiens ou Néo-Zélandais. Deux terreaux dans lesquels les critiques internationaux indies un brin feignasses vont piocher quand le réservoir américano-européens s' assèche histoire de faire dans "l 'exotisme". "The Defect in that one is bleach / We're hunting wolverines" uniquement numérique sorti en catimini est considéré comme leur premier album. Avec du recule malgré ses faiblesses inhérent au œuvres initiatiques , dont le petit côté du "déjà entendu" à l' époque, ce premier jet préfigurait ce qui suivra artistiquement parce qu' il se différenciait du reste des suiveurs. Relecture déjà bien personnelle de finlandais grandi dans la culture métal et prog-Rock caractéristique de la région mais reluquant également et fortement sur l' Indie 90's et notamment le Post-Rock bruitiste et lyrique de la fin de cette décennie. La voix aiguë et l' usage des cordes faisaient penser à des rejetons nordiques fans de leurs cousins islandais Sigur Ròs. A d' autres moments on pouvait déjà entra-percevoir un fort amour pour My Bloody Valentine bien plus affirmé et assumé que chez les Mogwai, Godspeed You Black Emperor!. Un titre résume la rencontre des influences so perfect dans la doxa Indie et l' héritage métalleux Prog bien présent dans la jeunesse finlandaise d' alors,"Девочка парит в воздухе". Alternance de calme et de montée lyrique avec voix falsetto et intrusions de solo métalleux/ Prog un peu trop bavards à faire fuir tous les ayatollahs de l' imperfection indie. Mais la grosse claque dans le petit monde des fans indies et autres sera trois ans plus tard. Un seul titre suffira à emporter la mise dans les forums pour jeunes ou anciens fans de l' indie 90's et du Post-Rock début 00's. Sorti en Août 2014 encore uniquement en digital "Ujubasajuba" verra devant le succès publique rencontré sa version vinyle débouler en 2017 et le groupe signé sur le gros label indie Finlandais SVART. Toujours sous les radars des sites réputés le bouche à oreille numérique va faire son oeuvre et les listes de fin d' années vont voir le nom des Kairon IRSE! fleurir partout. Votre serviteur les découvre à ce moment-là et guettera chacune de leur sortie. Chronique ici. "Ujubasajuba" va faire basculer tout un pan Indie et une culture Post-Rock/Shoegaze dans l' étrange, un imaginaire à l' "exotisme" typiquement nordique. Brassage d' influences comme rarement croisé sur l' autoroute des sites indies et de la production anglo-saxonne. Les titres s' allongent, la palette instrumentale se défait également des influences Indies et les manières Métaleuses/Prog Rock jugées sales par la doxa Indie deviennent aguichantes et ensorcelantes. Ce qui marqua surtout c' est la puissance héritée du métal, la volonté de prendre son temps et laisser faire la technicité issue du Prog-rock confrontées aux us et coutumes Indies. Kairon IRSE! rappelaient des souvenirs, bons ou mauvais, mais dans une langue étrangère bien personnelle et totalement réussie. Le groupe commença à tournée sur le circuit Métalleux tant moqués par les indies aux côté des Alcest et DeafHeaven, chouchous des sites indies devenus du jour au lendemain amateurs un brin condescendant de Blakgaze. Ce Black Métal lorgnant sur le shoegaze pour devenir plus atmosphérique devenu un à la mode un temps. Mais attention, et c' est là peut être que beaucoup de choses se sont joués dans la "non-rencontre" entre les finlandais et les sites réputés. Kairon IRSE malgré certaines senteurs ne font pas à proprement parler du Blackgaze. Bien plus complexe, plus diversifiés, plus "autre chose" tout simplement. De ces petits détails qui révulsent ou qui gènent et finissent par vous faire rater l' essentiel. Quand "Ruination" sort en 2017 le groupe opère une nouvelle fois une mutation. Le Shoegaze semble mis bien moins en avant au profit d' un Space Rock à présent au premier plan avec forte insistance sur les habitus Prog Rock tel des réminiscences jazzy. Moins de paroles, moins "Pop" et bien plus d' instrumentaux. Les titres déjà longs sur le précédent s' allongent encore plus. L' accueil est mitigé pour une partie de la fanbase shoegaze toujours réticentes aux longs bavardages Prog et jazzy. Mais "Ruination" quand l' auditeur ne partait pas dans l' autre sens en se bouchant le nez pouvait encore une fois chez eux se révéler charmeur par ses différences et la personnalité qui s' en dégageait. Et toujours une puissance digne du Punk susceptible de sauver de l'ennuie même les plus lassés. Du Space et Prog Rock certes mais pas tout fait comme autrefois. Toujours cet arrière goût de déjà entendu déformé par les années écoulées et les musiques apparues entre temps. Entre une version Prog de l'indie et un travail Hauntologique rare chez les guitareux plus adeptes du rétrogaga. Une chose pas vraiment repérée au début mais bien plus évidente apparaît et va persister. Une parenté avec les têtes de gondoles indie à guitare d' alors, Tame Impala. Kairon IRSE des suiveurs de Tame Impala? Oui et surtout non. L' influence de Kevin Parker par le poids acquis médiatiquement n' est pas à repousser mais à l' image des synthés déjà bien présents sur ""Ujubasabusa" les Kairon ont même préfiguraient le virage synthpop du "Currents" de l' australien un an plus tard. O n peut suggérer, et surtout avec le tout dernier disque, que Tame Impala semble avoir fini de décoincer les finlandais qui n' en avaient peut être pas vraiment besoin. Et que surtout si le compte n' y est plus depuis près de six ans côté Parker, côté Finlandais la courbe est inverse. Kairon IRSE ! sont-ils maudits pour toutes les mauvaises raisons évoquées quant au quasi silence total médiatique? Oh que oui et la découverte tardive si caractéristique de leur dernier disque par votre serviteur pourtant aux aguets a de quoi pousser à répondre que oui. C 'est avec un an de retard que je suis tomber sur "Polysomn". Un an c 'est très long. Encore plus au vu du contenu du disque. Probablement le meilleur, le plus abouti et le plus surprenant des finlandais. Passé sous mes radars assez étrangement et surtout dramatiquement le dernier Kairon a recueilli depuis sa sortie un plus grand succès publique. Côté critique à l' exception de la presse Métal qui les avait hébergé on peut sentir enfin un frémissement. Si "Ruination" avait un brin freiner leur infiltration de la sphère indie par ses aspirations Prog Rock "Polysomn" va se charger de ramener les shoegazers de tout bords dans les mains de ces talentueux musiciens méconnus. Le Shoegaze est le grand gagnant des nouvelles aspirations de ce groupe en perpétuelle évolution. Il est partout. Mais alors que l'on pouvait qualifier à cette influence majeur du qualificatif de "grossier" ou "évidente" tant l' évidence justement était présente sur "Ujubasabusa", soit des couches de guitares et du delay en veux-tu en voilà, il va en être différent sur "Polysumn". Shoegaze ce "Polysomn" mais avec bien plus de maîtrise si cela était encore possible et surtout une volonté d' expérimenter en l' amenant là où ce courant c' était rarement retrouvé. C 'est surtout dans l' utilisation des voix comme instrument à part entière que les Kairon rénove la tradition shoegaze. Autre élément à prendre en compte, après l' hégémonie Prog Rock sur "Ruination" et ses penchants atmosphériques devenu moins bavard c' est le Krautrock qui tire les marrons du feu sous la marmite nordique en devenant le combustible principal à la propulsion Space Rock. La rythmique semble plus lourde et alterne entre les penchants Kosmische ou Motorik du genre allemand. Souvent Can, des fois Amon Dul, et fréquement Kraftwerk. Peut être que les longueurs Prog Rock Pink Floydienne ont -elles fini par lasser eux-même les Kairon mais surtout et l' une des forces de leur disque c' est qu' ils n'ont plus freiné leur aspiration Pop voir Synthpop. Tame Impala en la matière n' est jamais loin et on s' aperçoit que l' art du songwriting est parti chez les Nordiques désertant l' antre de Parker. L' art de mélanger pour créer du neuf avec toujours ce petit côté "vieille connaissance changée" est à son plus grand niveau et là encore la Finlande écrase l' Australie à plat de couture. Et si on rajoute que les Kairon ont produit leur disque eux même et se révèlent des grands maîtres dans ce domaine on se demande ce qu' il reste à l' hémisphère Sud. Une chose est encore plus sûr, le match était gagné d' avance tant ce disque assomment les autres par sa puissance encore plus grande. Malgré leurs quatre disque les Kairon en croisant les imaginaires à leur façon détonnent toujours autant et peuvent encore laisser perplexes les ayatollahs Indie. "Polysumn" est un voyage magnifique dans un autre monde entre calme et chaos, entre grands espaces et oppression, la lumière et l' obscurité. Rien à voir avec certains exercices égocentriques rétrogaga d' ados mélancoliques sans personnalité propre se lamentant sur eux même avec les mots délavés de leurs parents. Alors même si DWTN l' a lamentablement loupé en 2020 il faut le crier haut et fort, cette terrible année qui nécessitait tant que l'on nous offre des échappée psy et shoegaze , a vu comme meilleur disque Shoegaze/Krautrock/SpaceRock/PostRock.TameImpala/Psyche, (cocher les cases que vous aimez), ce grandiose Polysumn". Et enfin et surtout, faites passer le message: Kairon IRSE! est le meilleur groupe Shoegaze-Post Rock de ces dix dernières années!
- KAIRON iRSE, des finlandais plus grand groupe indie...! Et de l' indie-prog par dessus le march
Pour ceux qui ont loupé les premiers épisodes je vous conseille vivement d' aller voir par ici et de réécouter cette tuerie monstrueuse qu'est "Valorians" Nos chers finlandais sont de retour deux ans après leur magnifique premier album "Ujubasajuba". Une nouvelle fois, face à leur musique et l' effet qu'elle procure en 2017, on est amené à se demander si le prog-rock n' est pas le meilleur antidote à tout ce qui pullule et monopolise l' attention dans la sphère indie. Toutes ces choses se revendiquant underground/indie mais réellement enfants de l'overground le plus vicelard. De l' underground mainstreamisé avec tout ce que cela sous-entend. Imagination en berne, niche stylistique, passéisme, refus de toute expérimentation nouvelle, conformisme du "bon goût" érigé en dogme et appétence prononcée pour le commercial et l' hédonisme facile faussement rebel. Bref, la musique parfaite pour apéritif dinatoire. D' autant plus que l'histoire a tendance à se répéter. Rappelez-vous le souffle de fraîcheur des enfants du prog-rock qu' étaient le post-rock de Tortoise ou le "OK Computer" de qui vous savez après l' avalanche de classicisme de la britpop ou du grunge post Nirvana. Le troisième album des Kairon Irse va-t-il nous apporter les réponses définitive à leur sujet? Alors, pastiche habile ou oeuvre foncièrement personnelle? Marche en avant ou retour dans le passé? A la fin de leur récent "Ruination" nous en sommes toujours au même point qu'en 2014. Charmé, troublé, intrigué, parfois dubitatif ou agacé mais en définitive conquis parce qu' étrangement rassiasé. Cela devait être moins le cas puis que l' effet de surprise devait être éliminé tant ils étaient guettés, attendus au tournant. La surprise est encore là une odeur de mystère persiste. Ceci en partie du à leur choix courageux d' accentuer les façons prog-rock, d' assumer tout en de passant ce vieux genre à la machine à laver temporelle avec tous les risques de décolorations que celà comporte. Et ils y vont franco sur la décoloration. Comme avec le précédent c' est bel et bien à un exercice prog que nous sommes confronté mais un prog post... post-rock!!! Post 70's mais aussi post indie-music des 80's et 90's. Les finlandais sont ainsi passés maître dans l' art de faire cohabiter le lyrisme prog avec l' immatérialité shoegaze, la grandiloquence avec la simplicité "do it yourself", et même si le shoegaze semble cette fois-ci moins visible il n'en demeure pas moins l' ingrédient essentiel à cette réussite. Cette façon de faire se retrouve aussi sur les traces de jazz communément rattachées au prog originel. Le saxo évoque Ornette Coleman mais aussi Sun Ra pour l' afro-futurism et le tout post-...Bowie ! On pense au Bowie de Diamond & Dogs, au Bowie de Berlin (celà vaut aussi pour les synthés) et même parfois au tout dernier Bowie de "Blackstar". Parfois ça en devient troublant parce qu'utiliser les références historiques devient franchement casse gueule pour décrire cette musique. Signe ostentatoire de nouveauté s'il en est. L' intro de "Sinister Waters I" tant caractéristique de Fripp et de King Crimson peut tout autant être l'oeuvre d'un fan du féru de delay qu'est Kevin Parker de Tame Impala. Ce dernier a compris depuis bien longtemps que pour charmer avec du prog il fallait surtout ne pas le dire et un peu tricher sinon c' est débandade les mains sur les oreilles des neuneus "bon goût".Le refus de choisir sa niche et la vision large de ses auteurs rendra "Porphyrogennetos" indéchiffrable aux possesseurs d' oeillère. Ca commence comme les sempiternelles vocalises dream pop des groupes "Pitchfork" (Fleet Foxes, Grizzly Bear) toujours pas remis du tricotage d'un Johnny Marr. Du tricotage Smithiens on transite à celui de Tortoise après la classique passage sentimento-Christine-Bowinien-Berlinois. J' oubliai. Juste avant d' évoquer Tortoise les Kairon vont faire fuir les tenancier du "bon goût" avec une bonne vieille charge de guitare démonstrative et lacrymale en provenance du métal et de l'opéra rock. "Sinister Water II" quant à lui opère inversement. D' abord sentimento-proto-synthétiseur puis immédiatement le gros rif dégoulinant à vous faire porter un moule burne métallisé comme David Lee Roth de Van Halen. Le tout se finissant par une sorte de feu d' artifice Flaming Lips qui ont chouravé les cordes d' Oasis ou The Verve. Nos finlandais préférés m' évoque une sorte de Hauntologie un brin involontaire. Une sorte de relecture du passé tout sauf foncièrement réac, passéiste. Une version nordique-slave d' un ...Ariel Pink ! Oubliez la culture pop 80's et 70's, le goût des guitares éthiopienne ou du lo-fi de ce dernier. Les Kairon Irse l' ont remplacé par leur propre culture musicale, le bouillon dans lequel ils ont grandi, jusqu'à frôler la caricature des des vikings guitaristes. Heavy metal, rudesse, testostérone mêlée à une androgynie (non faussement surjouée ici) et passion pour les sciences occulte même si le satanisme semble absent ou fantomatique. Sans tomber dans l' exercice chiantissime de virtuosité ou dans l' impasse des musiciens qui s' écoutent un peu trop jouer les Kairon nous offrent des mélodies, des surprises, des montées et des tours de passe bien pop sans non plus devenir un produit facilement consommable, interchangeable et jetable. Si ils ont des défaux c'est peut-être bien ceux vont de paire avec leurs qualités décrites plus haut. Quand bien même s' agit-il de "défauts". Des groupes comme Kairon Irse seront toujours essentiels, vitaux! Avec leur sales manières grossières, leur "sale" et large érudition, ils vont mettre à mal les manières vicelarde des pseudo civilisés du bon goût "indie" mais tant réac et cynique en définitive. Ils vont leur plomber leurs apéritifs dinatoire en rendant tous les convives muets parce qu'à l' écoute de la musique diffusé et plus du tout à celles des hôtes. Foutre en l'air les apparats et les postures sociales et culturelles adoptés en fonction de l'ambiance musicale et de l' approche mercantile et comptable que nous offrent certains faussaires. Pour conclure on ne peut que le redire. Face à Kairon Irse on ne sait toujours sur quel pied danser. Passéisme, vintage ou modernité et fragile innovation. Cette suite de choses hyper référençable apparemment grossièrement assemblée puis finalement troublante par son non-conformisme naturel et revendiqué.
- FOR THOSE I LOVE, premier album surchargé d' émotion.
Des disque bouleversants comme celui-ci il y en a peu. Depuis une semaine il ne cesse de me hanter. Outre Manche le premier album au titre éponyme de David Balfe sous le pseudo de For Those I Love reçoit un accueil critique dithyrambique comme rarement. De ce côté-ci du Channel c' est silence radio. Ce n' est peut être pas une révolution musicale mais ce disque mérite de par les réactions critiques mais aussi et surtout, ce qu' il contient et véhicule, que l' on prenne le temps de s' y pencher. Jusqu' en 2018 la vie semblait aller d' elle même pour ce Dublinois à la mâchoire carré, corps d' athlète et au total look urbain tatouage, survêt et basket. Une espèce de caillera qui semble s' être échappé d'une salle de muscu puant la testostérone, les anabolisant et les séances de UV pour bien coller aux dictats à la mode et de la virilité. Mais attention, l' image de ce jeune homme et les clichés qui y sont liés vont en prendre un sacré coup. Depuis la découverte choc du visage buriné et marqué d' Elliot Smith après avoir écouté sa voix si fragile et si douce je crois bien que la rencontre avec la sensibilité de For Those I Love en inadéquation total avec son image risque aussi d' en bousculer plus d'un voir carrément changer bien des idées reçues comme ce fut le cas avec le songwriter américain. David Balfe jouait dans un groupe Hardcore avec son meilleur ami Paul Curran mais tout bascula dans la vie de Balfe quand Curran mis fin à ses jours. Le lent et difficile travail de deuil commença et la musique suivit: «Cela a fini par être cette fusion d'archives et de lettre de remerciement à l'amour que j'avais pour mes amis et ma famille; spécifiquement pour Paul et les remerciements que j'avais pour ce qui nous avait été donné et les sacrifices qui avaient été faits et la survie collective qui en découlait » Balfe se lance donc à corps perdu dans ce douloureux et salvateur travail allant jusqu' a composer près de 70 titres. Le confinement passant par là, l' irlandais se décida au bout de 2 ans de faire un tri drastique et le résultat nous offre aujourd' hui huit titres puissant sans le moindre déchet . Entre déchirements et activité mémoriel Balfe nous parle des personnes et des endroits qui l'ont forgé. Ce qui happe d' abord l' auditeur c' est la voix de Harper qui oscille entre spoken word et rap. Cette voix à elle seule plante littéralement le décor des souvenirs et de la vie sentimentale ou sociale du bonhomme avec son accent typiquement irlandais. Les paysages sont rigoureux et spartiates , qu 'ils soient urbains avec leurs zones industrielles en friches urbaines ou les landes désolées et les trous paumés ruraux. Par certaines remarques ou sujets abordés vous vous prenez également le chômage, les désillusions d' une génération, le capitalisme, la lutte des classes et l' échec de l' art: « ce sont des chiffres et des statistiques, jusqu'à ce que ce soit votre vie » « il semble parfois que l'amour dans ces chansons ne suffit pas - parce que le monde est foutu ». Et comme si ça ne suffisait pas, ces déchirantes paroles, déclenchées par une perte et propageant de l' émotion jusqu' à aboutir à une sorte de catharcie d' espoir, sont accompagnées par une musique à la fois déconcertante, parfois attendue pour mieux vous cueillir par surprise, souvent intrigante, piquante et bien plus riche qu' il n' y parait. La surprise vous guette donc à chaque titre et plus les écoutes se multiplie et plus on s' aperçoit que ce disque n' est pas une simple version irlandaise et intergénérationnelle des Sleaford Mods ou de The Streets. Contrairement au dernier la palette stylistique s' avère bien plus grande et à la différence des premiers certains titres recèlent de profonds changements de cap, coupures ou développement insoupçonnables. " I Have a love" avec son piano plante le décor et quand la lassitude risque apparaître chez les impatients ou les allergiques au spoken Word c' est un beat rave qui déboule. Et le lyrisme sous-jacent de monter encore plus jusqu' à vous emporter très loin dans les tréfonds de l' âme humaine. Le suivant, le très Liefield Techno et New Rave"You Stayed / To Live" confirme les penchants dancefloors et évoque par son entame les virées en bagnole du samedi soir avec son pote quand une fin à la voix déformée évoque un lointain Burial venu de nul part. Cela peut paraître évident que ce disque imprégnée de nostalgie de par son origine foule les us et coutume de Burial et évoque Mount Kimbie mais en regardant dans le rétroviseur peu d' artiste ont entamé cette démarche si ce n' est ceux issus de l' Hypnagogique Pop. Balfe navigue dans un no man's land familier qu' en apparence, entre Post Rave et Post Dubstep. Beaucoup évoquent et à juste raison une allégorie reliant les tristes lendemains de rave euphorique terminée ou de concerts endiablés et la perte imprévisible et définitive d' un être cher. La marche arrière est impossible et il faudra faire avec. "Top scheme" débute par une conversation portant sur le punk et Joe Strummer accompagnées de surprenantes sonorités transe dignes de Lorenzo Senni. L' ouverture d' esprit musicale totale post internet tant espérée aux débuts du net est enfin palpable. Pas d' œillère pour Balf. Entre une évocation hommage évidente à The Street et ses souvenirs Rave/Dubstep ce fan d' Hardcore peut citer Joy Division sans que cela ne fasse toc dans "You Live/No One Like You" et sur des chœurs encore une fois Burialesques. Plus tard "Birthday/The Pain" allège le propos en appelant aux Avalanches australiens. Beaucoup de titres se voient contenir des enregistrements provenant de la vie et du quotidien de Balfe. Extraits de délires et blagues avec son pote disparu ou ses autres proches, des rumeurs et chants du stade de foot, le son de la nature et des villes irlandaises. L' auditeur quel qu' il soit, à un moment ou un autre, va être touché tellement l' identification est systématique avec ce disque ancré fondamentalement dans le réel. Je vous avais déjà évoquait que l' Irlande musicale vivait un âge d' or via ses guitares avec Girl Band puis le post-punk des Fontaines DC et The Murder Capital entre autres choses mais avec For Those I Love c' est une toutes autre aventure stylistique même si le constat sur ce pays durement touché depuis 2008 demeure le même qu' avec ses compatriotes. For Those I Love sans réellement tout révolutionner est un bol d' air en matière de chronique sociale et poétique dominée par le Post Post Punk. L' une des plus belles découvertes en provenance d' Outre Manche depuis longtemps. Ce qui par chez nous virerait au cliché lacrymo à la Grand Corps Malade devient là-bas une magnifique éloge funèbre doublé d' un message d' espoir et d' euphorie. Une grande leçon de vie et de ...musique. For those I Love avait sorti un truc se rapprochant de la mixtape dès 2020. Encore sous le choc de l' album je n' ai pas eu le temps de trop m'y pencher mais cela semble tout autant intéressant et puissant.
- GAZELLE TWIN & NYX ,relecture chorale et terrifiante de "Pastoral"
Trois ans après son puissant et perturbant "Pastoral" 2021 voit le retour d' Elizabeth Bernholy aka Gazelle Twin avec une relecture terrifiante de ce grand disque. Pour ceux qui ne connaissent pas ce fameux "Pastoral" je vous invites vite à lire sa chronique et à l' écouter par ici. Pour les autres attendez-vous à recevoir une deuxième claque. Peu de temps après la sortie de "Pastoral" le festival de Jazz de Londres proposa à Gazelle Twin de le jouer live et comme souvent avec elle ce qui ne devait être qu' un simple concert suivant la sortie d'une oeuvre discographique devint une véritable aventure et performance artistique. Mêlant vidéo et prestation live à son origine "Deep England" fut un véritable et profond travail de relecture. Gazelle Twin pour arriver à ses fins décida de collaborer avec l' ensemble vocal NYX spécialisé dans les drones. Réussite totale en live fallait-il encore que cela tienne la route sur un simple enregistrement. Peu de doute à avoir avec la ténébreuse anglaise tellement elle nous avait habitué au sans faute depuis ses débuts mais l' exercice de relecture allait-il garder de sa pertinence scénique et éviter l' ennui chez les habitués? Réponse simple, oui et plus que! "Deep England" peut être résumé comme un exercice de recherche et de manipulations d' influences repérées sur "Pastoral". Ce dernier avec ses manières Post-indus offrait une rencontre improbable de la dystopie moderne avec les rituels païens anglais et la culture musicale celtique et folk. "Deep England" voit la "modernité" personnalisée par l' électronique de "Pastoral"" disparaître au profit des voix de NYX et d'une riche collection d' instruments à vent. Il y a toujours de l' électronique mais bien plus discrètement. Souvent il s' agit d' effets repérés ou affiliés facilement aux films d' horreurs. La sorcière moderne Gazelle Twin capable de mettre à nu l' humain au sens propre comme figuré tellement sa musique est viscérale et agressive par instant semble avoir désiré pratiquer sa magie qu' avec des ingrédients d' autrefois. Si "Pastoral" pouvait se révéler un monstrueux exercice claustrophobe dans l' Angleterre post-Brexit avec ses relents réac et raciste "Deep England" avec ses aspects plus aérés propulse l' auditeur dans les campagnes désolées et les forêts lugubres de l' Angleterre des temps ancestraux. Et bien sûr de nuit avec le brouillard qui va avec toute bonne ambiance terrifiante. Nouvelle façon depuis "Pastoral" d' affirmer que le passé tant regretté par certains réac, le "c 'était mieux avant", puait déjà le repli sur soi et la peur de l' autre. Gazelle Twin s' empare de ces adorateurs d'un passé fantasmé et détourné pour justement les torturer et dévoiler toutes leurs monstruosités et bêtises. Les titres de "Pastoral" sont profondément retravaillés jusqu'à devenir totalement méconnaissables et continuellement encore plus terrifiants. Cette terreur ressentie apparaît bien plus profonde et ancrée chez l' auditeur par ses aspects païens, médiévaux ou Folk que celle plus industrielles et modernistes de 2018. Cerise sur le gâteau ,ou potion empoisonnée devrais-je dire, la reprise de la chanson "Fire Leap" du légendaire film "The Wicker Man". L' originale était déjà anxiogène mais la version de Gazelle Twin la fait passer pour une comptine aseptisée. Les travaux de relecture d' album sont fréquents et souvent ne dépassent pas le stade du live mais ce qu' a réalisé Gazelle Twin et ses copines sorcières NYX dépasse la plus part d' entre eux et devient ainsi un véritable et important album dans une discographie déjà particulièrement remplie de classiques. PS: La citation musicale que contient "Deep England" du film culte "The Wicker Man" ("Le Dieu d' osier") est plus qu' adaptée au vu des similitudes entre l' approche de Gazelle Twin et de l' histoire tournée en 1973. On rappellera également que Current 93 avait aussi repris un titre de la BO sous le pseudo Nature & Organisation et que Radiohead s 'en était inspiré sur "‘A Moon Shaped Pool". Pour ceux qui ne connaissent pas jetez-vous sur ce film, le meilleur de Christopher Lee dixit lui-même.
- ARAB STRAP, retour déchirant et ... victorieux
Arab Strap, marotte ultime parmi les marottes indie. On espérait plus rien d' eux même si ils nous manquaient. A peine si on daignait jeter une oreille sur leurs aventures solo fatalement en deçà de leur première carrière. Outsiders à leur début, produisant la plus belle des BO pour tous les outsiders et ratés de la vie amoureuse, sociale et politique. Bref, les gens ordinaires. Outsider encore et toujours même au pays des cultes musicaux pour nostalgico-gaga. Très peu de groupe s' en revendiquant. Culte puissant mais très peu répandue dans les jeunes générations. En même temps il aurait été ardu au premier pilleur venu en manque de personnalité de piller l' héritage Arab Strap tant justement ces derniers offraient une musique à très forte personnalité. En y repensant je me demande bien si à chercher des successeurs au duo écossais ou juste une certaine filiation et ressemblance ne faut-il pas aller voir du côté des Sleaford Mods sur un mode plus politique. Voilà donc Arab Strap bel et bien de retour après une première reformation il y a quelques années pour seulement une série de concert. Histoire de reprendre le flambeau de ces mêmes outsiders, ratés, inutiles et dépressifs qui ne le sont réellement qu' aux yeux des "élites" en tout genre. Ces mêmes "élites" qui n'en finissent pas de briller par leur incompétence en apportant encore plus de malheurs à nos outsiders chéris. Que ce retour tombe au bon moment. Arab Strap nous avait manqué mais certainement encore plus en pleine pandémie où nous nous sommes tous retrouvés étrangement encore plus seul avec nous même. Comment décrire le machin écossais aux jeunots? Imaginez donc deux types comme tout le monde, deux clowns blancs mélancoliques déguisés en Auguste à l' humour sarcastique capable de débuter une chanson par: "C'était la plus grosse bite que tu avais jamais vue". Un grand type adepte du spoken word avec une bière à la main en fin de soirée et un petit rouquin fan d' electronica et de post-Rock. Deux bidules souvent remplis de bière tiède et de tristesse mais aussi d' une force de vie absolue capable de vous toucher au cœur comme de vous faire danser sur de terrible et déchirante histoire où se mêlent amours déçus, déception et petite joie d' un morne quotidien. Des types capables d' offrir une musique ne cassant pas trois pattes à un canard en apparence mais susceptible d' émouvoir quiconque se donne la peine de la creuser jusqu' à l'os. 16 ans après le réussi "The Last Romace" Adrian Moffat et Malcolm Middleton reviennent en pleine forme en nous épargnant la chausse trappe de la nostalgie et de l' ennuie, lot des reformations inutiles. Mélancoliques toujours mais surtout pas nostalgiques en terme de création musical les Arab Strap apparaissent motivés et créatifs comme les débutants prêts à cracher au monde leur "triste" vérité de l' âme humaine. "As days get Dark" les dévoilent au sommet de leur art au point qu' il n' est pas exagéré ni mensonger d' avancer qu' il s' agit de leur meilleur disque dans une carrière qui en compte beaucoup. Dès le premier titre on découvre des Arab Strap jouant plus serré, concentré comme jamais et capable d' utiliser une plus large palette bien mieux maîtrisée qu' autrefois. Les guitares de Middleton offrent une fraîcheur bluffante et il semble encore mieux maîtriser l' art de la boucle. Les rythmes associés à sa guitare et l' enluminure électro décoré de cordes luxuriante offrent un groove palpitant susceptible d' éclabousser de sa classe la jeune concurrence. Le fait marquant et déjà entraperçu avec "The Last Romance" est que les Arab Strap à l' aise sur le long format sont devenus étrangement des monstres d' efficacités sur le format court du single. "The Turning of our Bones", "Compersion, Pt 1" et "Here come comus" comptent assurément parmi les meilleurs de leur carrière et certainement de l' année en cours. On l' avait déjà pensé il y a 20 ans mais sur ce disque comme jamais auparavant les Arab Strap apparaissent être la réponse indie 90's aux Cure New Wave début 80's (la trilogie). Mélancolique comme toujours mais bien plus Dark et romantique qu' autrefois. Moffat après toutes ces années de repos semble atteindre les sommets dans son art de conteur naturel et ultra-doué. Avec son esprit mordant dévoilant un misérabilisme jouissif voir hédoniste Moffat s' empare comme personne de nos insatisfactions permanentes fruits de nos pulsions naturelles dans ce monde carcéral. Son talent d' écriture a mûri et tutoie les très grands tel Nick Drake ou Nick Cave. Retour inattendu au timing parfait et assurément l' une des réussites de cette année ce "As days Get Dark" est déjà un classique du groupe voir tout court.
- ZULI: Dancefloor retourné, dancefloor déchiqueté, mais un dancefloor libéré du passé.
Celà fait déjà 3 ans que "Terminal" (voir ici) nous a cueilli par une sombre soirée de Novembre. Pas vu le temps passé et surtout toujours pas lassé de ce disque. Trois ans et toujours pas de nouvel album pour cet artiste pourtant prolixe pouvait-on être amené à se demander. Mais il aura fallu un vol d' ordinateur contenant sa banque de son pour que ne notre chouchou égyptien doive repousser son deuxième long effort. Cet anecdote on l' a déjà croisé au cours des années comme par exemple la mésaventure arrivée à Aphex Twin autrefois. Aphex Twin grand fan de l' égyptien qui le lui rend bien. Quelle aurait été la direction prise par Zuli si le vol n' avait pas eu lieu? Personne ne sait même si certains affirme que le virage pris en direction des dancefloors semblait déjà bien entamé. Le titre "Penicilin Duck" semble avoir été composé avant le vol et 2020 avait vu le très dancefloor "3ankaboot" allumer la concurrence sur la compilation du Sneaker Social Club. Mais quelle sorte de dancefloor a décidé de s' attaquer Zuli? Pour une majorité de titres sur cet ep "All Caps" c' est la UK Bass et plus précisément la Jungle et le Breakbeat Hardcore. Encore une fois le spectre de Richard David James flotte sur l' art de Zuli mais toujours "encore une fois" ce n' est qu' une influence légère tant sa personnalité est forte. La Jungle entre les mains de Zuli n' a rien à voir foncièrement avec celle d' Aphex Twin. Les Breakbeat sont encore plus imprévisibles et surtout par un art du filtrage anarchique dont il a le secret il va bien plus loin que son illustre aîné. Sur "Bassous" il oublie un peu la Jungle pour appliquer au Footwork les mêmes techniques de distorsions et de déconstruction sans pour autant perdre le dancefloor de vue. L' intro de "Where do you go" semble d' abord vouloir calmer le jeu entamé à tambour battant avec "Tany" et "Bassous" en caressant dans le sens du poil les nostalgiques du très grand public "Inner City Life" de Goldie mais c' est pour mieux vous dévaster par la suite en incorporant une once de Prodigy en omettant pas surtout par des cassures de troubler les aficionados de l' autoroute linéaire Big Beat des anglais. "Penicillin Duck" représente le passage entre "Terminal" plus IDM et expérimental et le reste de "All Caps" quand "Keep Demag" poursuit ce chemin en poussant à nouveau le Footwork encore plus loin. "Bro!(Love it)" cloture le disque avec un humour typique chez Zuli quand une nouvelle fois il pourfend l' exotisation de la musique. Ce titre, une parfaite attaque drôlissime contre les Afro-fétichistes. Il débute par des rythmes Breakbeat défigurés et des manières IDM bien éloignées de la culture égyptienne pour ensuite taquiner justement ces fétichistes rois des préjugés et la caricature en basculant vers une Electro-Chaabi typique pour le cueillir en balançant le sample d'une caricature justement d' hipster/snobinard condescendant américain polluant notre trip musicale par ces mots mille fois entendus: "Oh mon dieu, il y a de la musique égyptienne partout! J'adore la fusion arabe, mon frère!". Zuli tel son boss du label UIQ Lee Gamble opère un savant et furieux travail de déconstruction du dancefloor pour nous projeter vers l' inconnu et tutoyer les sommets. Plus extrémiste encore que certains artistes défendus dans ce blog en cherchant à s' échapper le maximun des attendus et des préjugés occidentaux, Zuli depuis belle lurette vole au dessus de tout, des niches stylistiques, des frontières culturelles et des a-prioris. Jubilatoire !