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Music Blog
& OTHER

DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

"Nevermind". Un bon copain de "classe" plus qu'un grand amour de jeunesse.



Finalement on change pas beaucoup d' avis en trente ans. Et certains souvenirs sont tenaces ainsi que les impressions ressenties quand nous vivons certains instants importants. On dit souvent que nous restons sur la première sensation ressentie à la première rencontre d' une personne ou d' un disque. Parfois c' est faux, d' autres fois c' est vrai. La suite de la relation confirmera souvent la première rencontre. Envers et contre tout. Plutot que vous balancer le roman historique institutionnel/médiatique alternant réécriture approximative et biaisée (ici) ou news sans intérêt pour alimenter le site numérique () autant vous donner la vision d' un type qui avait alors 17 ans et baignait déjà dans la culture Indie/Alternative.

"Finalement on change pas beaucoup d' avis en trente ans." C' est ce que je me suis dis il y a quelques semaines alors que je débutais mon parcours mémoriel dans les sorties discographiques de cette putain d' année que fut 1991. Il fallait que ce blog, d' habitude plus porté sur la nouveauté et le présent, se penche une bonne fois pour toute sur cette putain d' année prolifique en grands disques . Des disques alors révolutionnaires dont on perçoit encore fortement le poids de leur influence sur la scène actuelle et dans l' approche de ce blog sur la musique . Même trois décennies après. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Commençons d' abord par un disque au statut mythique dont on réentend beaucoup parler en cet automne 2021 mais qui, à mon humble avis et tel que je ne le conçois depuis 91, n' est pas réellement un de ces disques révolutionnaires dont je vais vous parler prochainement. Un bon disque, voir un très bon, mais pas un de ceux qui changea ma vision de la musique.



Octobre 1991, dans un internat corrézien.


Je me souviens donc très bien de mes premières impressions quand un fan des Guns n' Roses me fit une copie de "Nervermind" en échange d'un Happy Mondays à moins que ce ne soit le "Nowhere" de Ride.


Je vous l' a fait cours mais je pense que mon contexte personnel apportera beaucoup à l' étrange relation entretenue avec "Nevermind" et le phénomène Nirvana. Dans le lycée privé où je passais mon temps à lire le NME et les Inrock, bien plus qu' à me plonger dans les études, j' étais comme un gentil petit poisson prolo et timimide. Un ado en guerre contre l'institution scolaire, d' où mon placement dans ce lycée privé. Un type un brin trans classe sociale, le cul entre deux chaises, perdu au milieu de la bourgeoisie du coin. Un ado sans trop d' espoir en l' avenir parce qu' il pressentait déjà que l' ascenseur social et matériel dont ses parents avaient bénéficié et tentaient de lui en faire profiter allait s' interrompre durablement ou tout du moins devenir bien plus hypothétique. Quant aux bourges de mon adolescence, pas encore tout à fait en mode défense agressive macroniste, ils avaient gardé les us et coutumes traditionnelles de leur classe sociale. Quand on ne les caressait pas dans le sens du poil, ils vous le faisaient bien ressentir que vous étiez le rejeton de gens d' en bas. Et en plus je devais réfréner quelques "tics" et paroles maladroites inhérents à mon héritage familiale de gauche et un timide début de conscience Marxiste.

Je n' étais pas le seul dans ce cas et souvent les types de mon genre avaient pour trait commun l' habitude de se plonger dans la musique histoire de se créer son petit cocon. Pas réellement d' autres alternatives en la matière. Dans l' internat il y avait un type encore plus bizarre et secret que moi selon les autres. Rangers, cheveux longs et T-shirt de groupe et manières rustres, il détonnait. Il n' avait pas les codes du bahut et en devenait charmant à mes yeux. C ' était déjà l' un de ces nombreux ados ruraux chez qui le Hard Rock devint une bouée de sauvetage. Une sous culture à la française passée très longtemps sous les radars médiatiques pour ensuite être ridiculisée chez l' ignoble bourgeois Yann Barthes.

Et même si nos goûts différaient notre passion commune fit que nous adorions partager ce que l'on aimait. Non sans quelques frictions et incompréhensions.

Pour ceux qui y ont échappé, les Guns'n'Roses en pure version 80's

Remarquez le subtil mais surtout opportuniste changement de look d' Axl Roses et vous comprenez l'impact de Nirvana (eux aussi chez Geffen) même chez les plus toc et idiots des artistes.

Finalement on sera toujours reconnaissant envers Nirvana de nous en avoir débarrasser. Et d' avoir refuser une tournée commune proposée par Geffen.

A moi la découverte de Motörhead, AC/DC, Guns'n Roses et Metallica. A lui de se farcir les Stone Roses, The la's, The Smiths, Ride, Happy Mondays, My Bloody Valentine. En général, chacun restait sur ses positions mais faute d' autre truc à faire, on persévérait. J' avais placé beaucoup d' espoir dans la scène indie américaine aux goût prononcé pour la violence sonore mais même Sonic Youth et Dinosaur Jr recevait des sentences tel que "Trop compliqué" ou "Trop Bizarre".

ET ne parlons pas du jour de sa réaction où je lui montrai à ce pro AC/DC-Métallica une vidéo des Smiths à Top Of The Pop, l' observer devant le Moz avec ses postures dandy, ses petites lunettes et son bouquet de fleur dans les fesses. Alors dans ces conditions l' idée de lui faire écouter la techno LFO ou l' Ambient House de The Orb ne m' effleura même pas l' esprit par peur d' une réaction encore plus violente.

En ces temps-là l' ouverture d' esprit ne brillait pas franchement (dans toutes les classes sociales) et la misogynie, le racisme avec l' homophobie régnaient en maître. Plus que maintenant. Les garçon hétéro ou pas revendiquant une certaine part de féminité en lieu et place d'une virilité affichée devaient se faire plus discrets.

Trente ans après je me demande si ce type fan des Guns et notre relation ping pong faites de débats musicaux ne m' ont pas fait finalement plus de bien pour une certaine ouverture d' esprit en matière de musique que bon nombre d' amis et connaissances lecteurs des Inrocks ou touristes de Route du Rock rencontrés plus tard.


Un jour ce "métalleux" débarqua dans ma chambre avec une cassette faite pour moi. Il avait recopié un album sorti à peine quelques jours plus tôt et repéré par ses soins dans un magazine de Hardos dans lequels j' allais parfois piocher des infos sur le Punk Hardcore. C' était surtout la pochette qui lui avait fait déclencher l' achat. Et comme il me l' avouera plus tard, le côté "chochotte" et "pleurnichard" du chanteur lui avait paru susceptible de me plaire.

Un choc "pop" sans trop de lendemains. En gros ma première rencontre avec Kurt Cobain ça a du donner de ma part quand il me demanda mon avis : "Un truc puissant avec un titre gigantesque". Le "puissant" désignait surtout le son et bien moins l' aspect artistique ou une quelconque fraîcheur révolutionnaire.

Au hasard de ma mémoire ces deux derniers aspects avaient été alors cochés par des titres d'un tout autre genre tel la House de "Pump Up The Volume" de M/A/R/S/S ou encore "You made me realise" qui ce dernier, pour le coup, cochait également la case puissance sonore et guitare encore réel symbole de rébellion. Mais en écoutant l' album ce n' est vraiment pas la sensation hybride d' étrangeté, d' incompréhension puis finalement de fraîcheur et de claque absolue qui s' empara de moi comme ce sera le cas avec d' autres.

En conclusion j' ai du conclure : "Pas franchement nouveau. Du bon punk quoi! Ça va pas changer le monde ".

"Nous sommes juste des Punks Rockers" Cobain 1991


Infiltration (du) ou appropriation (par) le Mainstream ?


Faut toujours remettre dans le contexte.

Les influences Hardcore et Noise de Nirvana trahies par l' agression sonore expliquaient en partie que Nirvana ne sonnait pas réellement nouveau. Deux courants qui avaient alors près de dix ans d' existence. Ce que l'on appela le Grunge était surtout une forme de localisation plus géographique (Seattle) que stylistique. Étiquette fourre-tout devenue après "Nevermind" un bon argument publicitaire. Plus complexe que le simple cas Nirvana et quelques variations qui faisaient bien des différences sont apparues. Les confrères "Grunge" de Nirvana tel Alice In Chains et Southgarden étaient bien plus proche du son du Heavy Metal et du Hard Rock que du Hardcore et du Noise. Oui "Smell Like Teen Spirit" déchirait tout sur son passage avec son étrange perfection en matière de crochets Pop/Punk déviante mais sur la longueur je n' y voyais qu'un truc alliant donc le savoir faire mélodique des Pixies (les petits cocu de l' histoire) et l' attaque sonique de Sonic Youth avec les us et coutumes Hardcore de Husker Due et Big Black. Un assemblage hétéroclite de référence déjà connues par votre serviteur et d' autres. La singularité qui me les rendait touchant était une certaine émotivité liée à de la fragilité et de la sensibilité inédite dans ce genre de musique brutale. Mais assez courantes dans l' Indie post-Smiths que je fréquentais assidûment. Ce qui me charmait le plus finalement c' était la confrontation d' une certaine vulnérabilité avec un son agressif gonflé à la testostérone par la production d' un Butch Vig. Ce dernier agissant derrière la console tel une caution "grand public/MTV" pour le label Geffen.


Nirvana venait juste de signer chez Geffen qui n' était pas vraiment un "vrai" label Indie tel SubPop, l' ancien label des Nirvana, mais plutot la porte d' entrée vers l' alternatif de la major Warner pour sucer à peu de frais ce qui pouvait exploitable de ce courant . Nirvana avait simplement suivi l' exemple de Sonic Youth un an plus tôt pour "Goo" après des années dans l' underground .

La bande de Thurston Moore avait la ferme intention, se sentant mûr pour cela, de foutre la merde dans l' industrie musicale des gros labels en s'y infiltrant. D' ailleurs c' est par l' entremise de Sonic Youth que Cobain & co atterrirent sur cette major. Sonic Youth avait les épaules plus solides et probablement plus de lucidité et étaient assez expérimentés. Pas Nirvana comme le confirmera le triste sort de Cobain qui lui, n' assumera que difficilement ce passage à l' ennemi et surtout ses conséquences dont celles du succès sur une vie personnelle déjà bordélique. Cobain un autre type le cul entre deux chaises dont il tomba d' une certaine manière.

Surprise tout de même en ce qui me concernait , ce qu' on appelait alors du "Hard Rock" dixit le type, pouvait être super et rien à voir avec les pathétiques Guns dont il me bassinait régulièrement et prouvait que l'on sortait enfin des 80's toc. Il y avait donc de l' espoir pour l' avenir. Ma vieille habitude de traîner là où un lecteur snobinard de Pitchfork ou des Inrocks n' oserait pas vient un peu d' ici.


J' écoutai donc "Nevermind" assez souvent pendant au moins... un mois ! Et c' est tout à vrai dire. Et pas du tout exclusivement comme ce sera le cas pour d' autres. Ce disque malgré son agressivité sonore ne se démarquait pas réellement de mes autres disques plus anciens aux styles bien autres. Avec du recule je me mis même à détester tout ce qui portait la Butch Vig Touch en matière de son gonflé aux hormones susceptible de plaire au publique MTV, Green Day, Smashing Pumpkins et les Foo Fighters. Sonic Youth réussissant à limiter ses fâcheuses tendances sur "Goo". "Nevermind" ? Un bon disque mais pas suffisamment pour prendre la place de tous les autres. Nirvana? Un groupe que l'on défendait parce que proche de ce que l'on écoutait comme un peu la compassion éprouvée pour le copain d' internat plus nature que vous-même et pris à partie pour cela par des rugbymans dans une boite de nuit. Mais pas le grand amour adolescent.

Une courte amitié avant deux rencontres amoureuses décisives.



Et puis arriva un légendaire Mercredi de Novembre au cours duquel je me rendis au magasin La Carmagnole pour acheter deux cassettes. Deux albums de groupes que j' estimais déjà et qui commençaient à recevoir des critiques dithyrambiques d' une certaine presse pointue.


"Loveless" de My Bloody Valentine et le "Screamadelica" de Primal Scream qui sorti début Octobre avait pris son temps pour arriver dans les contrées sauvages de la Corrèze.


Je n' écoutai plus du tout Nirvana pendant les semaines qui suivirent, les deux autres disques et les courants auxquels ils étaient affiliés trustant mon temps. Au grand dam du Hardeux qui ne voyait en "Screamadelica" que de la musique de "tarlouzes" dans la grande tradition anti-électro d'un certain publique. Mais alors le sommet de son dégoût c' était quand il se révélait totalement horrifiés par ce qui n' était pas pour lui de la musique, "Loveless". Bon visiblement il ne suffisait pas d' adorer Nirvana pour voir tomber certaines œillères. Cobain s' en apercevra et développera une certaine méfiance à l' encontre d'une partie de son publique. Lui qui était capable de craquer pour des titres comme l' Europop "Crucified" d' Army Of Lovers. Un choix partagé par votre serviteur.

En fait de "Nevermind" ne subsistait dans mes écoutes que "Smell Like Teen Spirit" refourgué à l' occasion de soirée collective plutot que celles solitaires réservées à la musique la plus prégnante. Un titre facile par ses crochets Pop à balancer dans une fête histoire de charmer le plus grand nombre sans risquer de passer vraiment pour un type bizarre mais en dévoilant son petit côté rebelle. Et puis chose étrange, le titre jugé bourrin par mes pairs Bourgeois devint cool après sa diffusion tardive chez Lenoir et sa chronique dans les Inrocks.


Et le gentil copain de classe looser de devenir un étendard rebelle marquant la fin d' une époque.


Nirvana fut finalement vite oublié jusqu' à ce qu' un soir de biture adolescente en Mars 92 je me retrouve sur le piste d'une boite de bourge à Brive. Oui je sais j' avais de très sales fréquentations. Un deuxième choc.

Le truc que l' un des looser du bahut avait fait écouter à un autre type aux goûts bizarres, un truc appelé à rester dans l' ombre, et bien passait pour divertir la jeunesse bourgeoise du coin à sa plus grande joie. Et elle en redemandait cette conne alors que la chanson mettait à mal leurs équivalents américains. Au même moment les prolos et les bouseux des campagnes, mais pas dans les même boites bien sûr, et qui eux aussi voyaient parfois d' un regard scrupuleux nos passions musicales et nos looks iconoclastes, dansaient aussi sur Nirvana. Eux c' était plus prévisibles puis qu' ils devaient bien sentir que le type hurlant sur ce titre était comme eux. Un fils de prolo. Et votre serviteur de voir pour sa première fois dans sa vie d' Indie Boy le phénomène appelé Overground consistant à voir un artiste de l'Underground se mettre à percer dans le Mainstream. En définitive la réelle conséquences de la pseudo révolution Nirvana vendue depuis trente ans fut ça, l' overground. Pour le meilleur comme pour le pire et c' est surtout l' underground Indie qui en fit les frais.


Quelques jours plus tard je découvrais ahuri mais également euphorique la tronche de Nirvana au Top 50 quand le groupe atteignait la 1ère place en nous débarrassant pour l' occasion de François Feldman. Et Nirvana de devenir une sorte d' héros alternatifs vengeurs dont on se mis à réécouter bien sûr la musique pris dans le raz de marée, mais alors sans communes mesures comme c' était le cas pour Massive Attack, My Bloody et Primal Scream qui eux pour le coup de brillèrent pas vraiment dans nos Top nationaux. Finalement "Nevermind" était le genre de disques que l'on écoutais qu' en compagnie histoire d' affirmer qu' ils venaient de notre marotte alternative qu' à l' accoutumé cette même compagnie méprisait ou ignorait. Dans le secret espoir qu' à la suite de Nirvana ils s'y mettent tous et les idoles de Cobain Sonic Youth de foutre le bordel encore plus dans les charts.


Extrait du documentaire tourné alors que Nirvana n' était qu' un petit groupe Indie ouvrant pour leurs idoles Sonic Youth. "1991 : The Year Punk Broke" que l' on traduisit par "l' année où le punk éclata" en pensant en terme de succès alors que la suite prouva l'autre traduction possible: L' année où le Punk se cassa. Le "vrai" rock, réellement contestataire, rebelle, après des année de lobotomie Pop Mainstream et de pastiche Hard Rock grand public sembla alors dans certains esprits effectuer son grand retour après celui du Punk 15 ans plus tôt. C 'est ce que l'on pensa et ce qui poussa justement des types comme moi à utiliser "Smell like Teen Spirit" en soirée tel un étendard. Histoire de croire que notre génération avait enfin droit à son grand moment rock'n'roll et révolutionnaire comme ceux des 50's, 60's et 70's après des années 80 passés dans les chambres indie et les entrepôts alternatifs. La Mano Negra et Les Négresses Vertes plus tôt avaient touché une plus large publique alors pourquoi pas leur version anglo-saxonne jugée bien meilleurs selon nous. Sombre couillons que nous étions.

D' abord parce que ce que nous prenions pour le premier cocktail Molotov de l' émeute n' était rien de moins que le cri et les râles d'un Rock qui agonisait et voyait sa domination dans l' imaginaire contestataire s' effondrer. Le Rap et la culture Dancefloor avec ses différents styles allaient bientôt prendre sa place dans le Mainstream. Secundo, et plus personnellement soit encore plus idiot ou du moins un brin hypocrite, c' est que justement je n' y croyais plus vraiment. Je sortais de Madchester et donc la culture Dancefloor j' y avais déjà un pied. La culture "Street" et Hip Hop m' avait également touché au cœur plus tôt et le Trip Hop et la Jungle allaient bientôt m' emporter. Mais que voulez-vous, même jeune et branleur, on veut toujours ressembler à certains illustres ancêtres. S' y référer alors qu' ils ont déjà plus ou moins été ingurgités et aseptisés par le système contesté.



L' après "Nevermind" et ses conséquences.

Depuis j' ai toujours rencontré une certaine incompréhension quand je donne mon avis sur ce disque et sur le mythe qui lui est bien plus critique . Son statut mythique aveuglant certains justement.

Statut provenant bien sûr du succès rencontré mais également construit en partie par des médias regrettant leur monopole pré-internet en matière de prescription et par une frange du public rock et Indie trop addict aux uniques guitares jusqu' à se vautrer par la suite dans le rétrogaga non innovant.

"Nervermind" est un bon disque dans son ensemble avec une chanson énorme. Le dernier gros mollard punk d'une époque qui se terminaient. Mais pour moi une fois la personnalité attachante de Cobain et le succès commerciale imprévisible faussement purificateur passé, rien de plus. Un disque parmi tant d' autres. Et la machine nostalgico-gaga à institutionnaliser de s' emballer.

Au moins ce qu' il y avait de bien avec Nirvana, attention me voici en mode " c' était mieux avant", c' est que ce n' étais pas alors "Vintage" justement. Pas un retour en arrière mais tout assurément un réel statu quo artistique caché par un songwritting au dessus de la moyenne. Le Punk n' avait que 15 ans et Nirvana ne sonnait pas comme une resucée facile des influences de Cobain qui quant à elle, donneraient à rougir aux rétrogagas Indie actuels par sa diversité et ce une époque encore plus adepte des niches stylistiques.



Mais certains disques de 1991 avaient quant à eux en matière à briser les frontières bien plus de potentiel et étaient porteur d' une modernité bien plus forte que Nirvana. Et c' est toujours la modernité qui fait tripper la jeunesse parce que plus porteuse d' espoir et de changement que la nostalgie. "Screamadelica" pour le rock rencontrant le Dancefloor et la révolution Acid House. A Tribe Called Ouest avec son Hip Hop croisé au Jazz préfigurait le Trip Hop qui déboulait avec Massive Attack. Dans la queue de la comète Madchester bon nombre d' Indie se ruaient sur les disques de The Orb ou LFO. La modernité venaient souvent de la perfide Albion alors qu' aux States la scène alternative favorisait un culte d' une certaine authenticité parfois un peu trop allergique à toute évolution stylistique et métissage.

"Nevermind" apportait tout de même une certaine nouveauté pour ceux qui n' avaient pas fréquenté l' Indie music. J' ai croisé par le passé bon nombre de fans qui était tombés un jour sur Nirvana à la radio et avaient fini leur parcours initiatique par le Post Punk (haut lieu en mixité stylistique) ou l'indie la plus délicate et subtile. Mais je doute que découvrir Nirvana était gage de faire son entrée dans le monde sonore du Dancefloor. Une petite porte d' accès à l' Indie comme plus tard avec Oasis ou Radiohead en Angleterre mais ne débouchant pas nécessairement sur tout cet univers complexe qui allait progressivement se cloîtrer à son tour.


"Yanks Go Home!", la couve patriotique anti-grunge qui lança la Britpop

D' ailleurs au sujet d' Oasis il ne faut jamais oublier que la Britpop fut une réponse patriotique britannique au déferlement grunge de 91-92. C' est que Nirvana avait réussi là où très peu de groupe Indie étaient arrivée depuis The Smiths. Les sommets des charts. Et c' est peut être là où on s' aperçoit d'une conséquence fâcheuse du succès de Nirvana et de son aspect traditionnel punk-rock.

Les British auraient pu opposer au Grunge ce qu' ils avaient de mieux en terme d' innovation depuis peu avec leur grande tradition de brassage stylistique et culturel . Le shoegaze ou le Post Rock naissant version Main et Seefeel alors en plein essors allié à son savoir faire Indie d' un côté, de l' autre la culture dancefloor avec l' électro avec ses nouveaux courants de l' autre puis plus tard le Trip Hop. Au lieu de ça par réaction ils décidèrent de jouer sur le terrain ricain des guitares gonflées à la testostérone à piochant dans leur passé, gage de succès en terme de vente. Suede par son efficacité Glam Rock et son androgynie fut la tête de pont de la contre offensive. Et si ils gagnèrent un temps, et uniquement sur leur terres parce que seul Oasis eut un petit succès outre Atlantique, , ce fut au final une certaine idée qui se perdit durablement.

"Loveless", "Screamadelica" et "Blue Lines" étaient leurs armes mais ils préférèrent pour retenter la British Invasion des 60's imiter le mode opératoire américain moins porté sur les brassages, l' expérimentation et totalement étranger pour un bon moment à la culture Dancefloor.

Trois Chefs d' œuvres révolutionnaires qui ont fait le fan de musique que je suis encore trente plus tard et auxquels je serai redevable à vie.


"Nervermind" si ce n' est qu'une plus grande diffusion des musiques alternatives un bref temps n' apporta pas vraiment de changement ni une profonde révolution comme on l' écrit encore de nos jours.

Il peut donc, dans un certain sens, annoncer la fin de l'histoire d' une certaine vision musicale (du rock comme vecteur de changement?) à l' image d' autres qui le décrétèrent politiquement et économiquement une fois le mur de Berlin tombé. Le néo-libéralisme et les vendeurs de nostalgie avaient définitivement la voie libre pour s' imposer.


Le dernier grand succès de Nirvana, une fidèle reprise acoustique d' un vieux Bowie. La rétromanie allait débuter.


Nirvana: Source de quiproquos

Je ne recroisai plus jamais le fan des Guns'n'roses. Je continuais pendant quelques temps de fréquenter la bourgeoisie mais uniquement par le biais de la musique indie car elle se l' était accaparée en France.

D' ailleurs, c' est toujours le cas.

Quand il était question de Nirvana une certaine incompréhension face à mon avis m' amena à bien des quiproquos. Certains Bourges rentrés dans l' indie suite au phénomène Nirvana (ou indirectement via la Britpop puis le revival Rock des Strokes/Libertines), devenus moqueurs de son succès populaire par snobisme, me rejoignaient par un certain opportunisme dans mon jugement sur ses qualités artistiques et sa vraie fausse modernité. Les prolos d' Oasis, la version British de l'overground Nirvanesque, en firent les frais également. Renvoyés qu' ils étaient à leur pillage des Beatles et leurs sales manières de prolos.

Opportunistes et de sacrés hypocrites parce que les même pataugeaient (et toujours) dans la mélasse rétro tellement ce n' était pas dans leur gènes de bourges conformistes de briser les frontières stylistiques ou sociales.

Les autres, dans une démarche plus saine ,parce que souvent pas bourgeois et profondément fan de musique, ne comprenaient ou n' adhéraient qu' à moitié à mon jugement m' accusant à mon tour d' un certain snobisme. "Nevermind" a été un phénomène socio-culturel disant beaucoup de chose de l' époque qui l' a vu apparaître et préfigurant la suite, mais non, cela ne suffit pas pour faire de lui un Chef d' oeuvre révolutionnaire artistiquement.

"Screamadelica", "Loveless", "Blue Lines"

eux, le sont.

1991 dans DWTN , à suivre ...

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