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DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

THE ARMED, MAXIMALISME CHEZ LES GUITARES. Enfin !


Il y a de ça quelques mois suite à ma chroniques des Ougandais de Duma (ici) un lecteur m' avait parlé d' un groupe de la scène Hardcore qui risquait plaire à l' amateur d' hybridation stylistique et de courage artistique que je suis. J' avais vaguement penché une oreille et si certains titres m' avaient accroché je passa mon chemin en me gardant bien de donner un avis définitif si ce n' est l' affirmation que ces larrons osaient dans une scène pas franchement adepte au changement.


Ces derniers temps une pochette ne cessait d' apparaître sur les sites musicaux et autres bases de données des sorties. Sur le coup je l' ai pris pour un disque de Rap ou Pop avec son style léché et bien évidemment son titre "Ultrapop". Weeknd ou je ne sais encore quel petite star du monde merveilleux Poptimisme me disais-je. Et puis il y a quelques jours le même lecteur me demande mon avis sur ce "Ultrapop" et s' inquiète de ne pas voir la chronique dans ce blog. A mon étonnement sur son intérêt soudain pour un disque fort médiatisé (pas son genre) il me répondit qu' il s' agissait du même groupe que la dernière fois et que ce coup-ci je ne pouvais que craquer. Et il rajouta "aussi fort que Duma". En bon fan des Duma J' écouta alors ce "Ultrapop" des The Armed en pestant que Duma en matière d' hybridation Hardcore était inatteignable pour un bon moment. Et bien non, la performance de Duma est égalée et ce "Ultrapop" est une gigantesque claque.


Depuis quelques année la scène Métal nous a offert de bien belles petites tentatives d' hybridations novatrices. Lithurgy il y a une dizaine d' année et enfin Deefheaven pour leur version dur du shoegaze via un Blackgaze dans la droite lignée de nos héros nationaux en la matière, Alcest. Ce qui est déjà amusant voir frustrant à l' époque pour un indie boy d' origine c' était de constater que cette scène caricaturée comme rigoriste si ce n' est un brin repliée sur elle même dans l' imaginaire Indie offrait des hybridations de haute volée dont le monde Indie était devenu au fil des revival bien incapable. The Armed semble exister depuis plus de dix ans. Je dis "semble" parce qu' au sujet de son identité et son histoire on n' en sait pas trop et ça parait assez flou. Ou plus précisément nous avons affaire avec de grands rigolos adepte de l' anonymat médiatique et à l' entourloupe promotionnelle avec envoie de mannequin pour les interviews et les clips. La seule chose de sûr et tendant à se confirmer depuis qu' "Ultrapop" est sorti est que le grand manitou semble être Kurt Ballou des Converge. D' autres noms se sont rajoutés mais tout reste à confirmer. Vous l' aurez compris on se prend un exercice sans précédent d' hybridation partant des terres Métales. Mais pas seulement. Non seulement il y a le geste de sortir des carcans Métal Hardcore et un gros doigt aux ayatollahs du truc mais cela va plus loin en s' approchant de certaines notions vues du côté électro. Bien sûr que question sonore via l' origine Hardcore des The Armed leur musique peut être qualifiée de maximaliste mais ce disque a autant à voir avec le Maximalisme avec un grand M. Pour ceux qui ont loupé un épisode vieux de dix ans il en est question par ici ou par là. Mais pour faire vite sur cette notion apparue en musique électro vers 2011 et cousine d' un concept marxiste on dira juste que le Maximalisme pousse tout au maximun. Le sonore via la technologie comme la boulimie stylistique sans aucunes œillères et questions de "bon" ou "mauvais" goût. Et alors sur ce point d' ouverture stylistique et jusqu' au boutisme The Armed fait aussi fort qu' un Rustie ou les Gang Gang Dance d' autrefois. Comme le dit un critique, qui n' a pas (encore) fait le lien avec un Rustie et le Maximalisme électro, les The Armed se "focalisent sur la contre culture et poussent les notions de genre au plus intenses". Exactement la même chose que Rustie en 2011. Alors la démarche entendu en électro ça donne quoi dans le Hardcore. Et bien c' est la volonté de revendiquer haut et fort ses aspirations Pop. Mais pas seulement. C' est aussi une volonté totale et absolue d' expérimenter sans craindre de fâcher ou de perdre. Et dieu sait que les termes "Pop" et "Expérimental" peuvent être vague et désigner bien des choses multiples et variées selon les personnes et les artistes.

The Armed est donc parti du MétalCore avec une affinité MathCore il y a dix ans puis a progressivement intégré des notions Punk (logique) et Noise, un peu moins logique mais déjà vu chez Deefheaven. C 'est surtout avec leur quatrième album "Only Love" qu' ils vont devenir beaucoup moins sâges et larguer définitivement les amarres du port Métal. Sur ce disque paru en 2018 leur musique devient étrange en incluant des ingrédients Shoegaze, DreamPop, Digital ou Cyber via l' électronique et un gros travail de traitement du son.


Après l' avoir écouté je comprend à quel point mon lecteur avait le flaire en voulant me lancer sur leurs traces d' aventuriers sonores. "Only Love" sonnait comme aucunes autres formations du Hardcore. Si leurs "frères" africains de Duma ont opté pour d' autres cultures tel celles de l' électro Post Deconstructed et la tradition africaine alors les Armed lorgnaient sur bien d' autres territoires connus par ici. Mais mélanger pour mélanger n' est pas toujours synonyme de nouveauté et l' hybridation peut souvent ne donner qu' une simple addition d' éléments trop facilement identifiables. Mais comme avec Duma on commençait à fouler des territoires de plus en plus vierges chez les Armed. "Ultrapop" est l' aboutissement rêvé de ce parcours entamé il y a une dizaine d' année. Sans perdre leurs racines Hardcore bien réaffirmées sur quelques titres les The Armed s' en vont là où personnes n' a osé, si ce n' est imaginer, aller. Ils délivrent une musique bel et bien l' extrême mais un rigueur qui cotoie sans perdre de son aura via l' expérimentation le mélodique et l' accroche pop. Jackpot total. Les Armed sont bruyants mais jamais assommant tout au long des 12 titres du disque. La surprise vous agrippe à chaque instant et en même temps "ULtrapop" s' appuie sur une solide cohésion. Même quand ils semblent se confiner sur leurs terres Hardcore de prédilection des crochets géniaux pop ou autres se révèlent nichés là où les attendait pas. Il faut beaucoup d' imagination pour espérer définir ce à quoi on a affaire en terme d' influences et de style. Dès le premier titre la boussole s' affole. "Ultrapop" offre une certaine idée de ce que les Flaming LIps produits par Salem donnerait. Dans le même style un brin psychédélique le synthpop "Bad Selection" fait pousser les cheveux longs et traîne Animal Collective et MGMT sur la grande scène du Hellfest.


Dans leurs moments les plus mélodiques les The Armed remémorent de vieux souvenirs et sensations coup de poings des 80's et 90's indie quand agression sonore rimait avec efficacité pop. Hüsker Düe, Posies et encore BOB Mould version Sugar pour la grange ricaine, Ned' s Atomic Dustband côté perfide Albion. C 'est juste une question de sensation et de fraîcheur mais je peux vous affirmer que par instant avec leur collision de chœurs légers et de boucan, deux notions contradictoire chez les conformistes, je me retrouve trente ans plus tard dans le même état d' euphorie qu' avec "Loveless" des My Bloody Valentine. Là où les Alcest ne s' emparait que du penchant éthéré et songeur de MBV les Armed ont pris les aspirations pop assumées pour les crochets pop et offrent une version Métal du shoegaze très "BritPopeux" de Ride.


Avec The Armed on découvre une version élévatrice du chaos dans lequel l' auditeur est sans arrêt chahuté entre le viscéral et le cérébral. Je n' espérai plus ce disque de la part du monde des guitares. GirlBand s' en est approché mais sans réellement affirmer un goût pour le crochet Pop qui tue. Une nouvelle fois c' est ailleurs que l'indie originel qu' une petite révolution vient de naître. Quand l' indie semble s' obstiner avec le Post Punk d' autres scènes n' hésitent plus à aller voir partout et surtout son propre nombril.

On aimerait voir une démarche similaire et un talent aussi puissant dans le folk, le punk le post-rock ou que sais-je encore.


The Armed vient d' offrir probablement un tournant aux guitares ainsi qu' vieux courants alternatifs bégayeurs. Espérons que beaucoup les suivent avec le même résultat en terme d' innovation et de courage. Ça nous évitera déjà de se taper les lauriers dressés aux vilains Idles qui pour le coup viennent de prendre une grande leçon dévoilant toutes leurs petites manip et cachotteries musicales cachant de moins en moins une imagination totalement morte née.



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