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Nico

SUEDE, UNE MAGNIFIQUE ÉPINE DANS LE PIED DEPUIS 30 ANS


Alors voilà où en sont les guitares Indies en 2022. C'est triste mais si prévisible.

Cette rentrée discographique est marquée du point de vue critique par un hallucinant Come Back sur le devant de la scène qui met à jour l' état pitoyable des guitares depuis des années.

Bien sûr il y a ces derniers temps des motifs de réjouissances. Surtout avec le Post Punk des Fontaines DC et quelques autres allant piocher ailleurs. Les Black Midi, Just Mustard (ici) et Squid par exemple. Girl Band (ici) par son influence et sa réussite récente est dans une toute autre dimension en terme de réelle innovation. Mais ces arbres cachent un véritable désert d'originalité et de consistance où la redite et les groupes interchangeables finissent de clouer le cercueil de l' Indie music.


L'un des grands disques du moment selon les blogs et les sites spécialisés est donc l'œuvre d'une formation vieille de plus de trente ans. Un groupe qui plus-est souvent défini à ses débuts (voir encore chez les détracteurs) comme un feu de paille médiatique. Une hype comme le sont réellement beaucoup de pseudos futurs rénovateurs des guitares de nos jours. Des faux espoirs d'un instant que ces vieux Suede couvrent aujourd'hui de leur ombre solennelle.

Mais c'est aussi et paradoxalement un des premiers groupes a pioché allègrement dans le passé et lancer, ou rendre acceptable, les Revivals qui ne cessent d' occuper l'espace depuis trente ans.


Dans ce blog chaque fin d'année on prend soin de séparer les groupes un peu trop traditionalistes dans leur utilisation du schéma classique Guitares Basse Batterie .

Le top s'appelle Top Faille Spatio Temporelle et permet de parler de très bons disques faits par des jeunots mais jugés ici pas assez progressifs et moderne, voir un brin déconnectés du présent. Dans le même état d' esprit le Top Monument Historique célèbre les vieux qui, sans apporter du neuf comme autrefois, continuent d'exceller dans leur domaine.


En 2022 je vais être emmerdé.

La formation dont il est question va peut être dominer ces deux classements tellement les jeunots ont vu leur niveau baisser depuis des années. Les meilleurs d'entre eux préférant jeter leurs envies sur d'autres styles et technologies.

Sérieusement! Comment peut-on encore s' enthousiasmer pour le psychédélisme faisandés des King Gizzard And The Lizard Wizard, la si simpliste recette Punk Rock Rap de Bob Vylan, l' Indie Folk Country pour quadras dépressifs de Big Thief et The Sadies. Sans parler de l' arrivisme Post Punk d' Idles .

Wet Leg a remis au goût du jour l' art du crochet Pop dans l' Indie mais allez écouter le vieux groupe en question et vous allez vite comprendre que ces types de plus de 50 ans sont plus prometteurs pour la suite que les jeunes Wet leg avec leurs méthodes si prévisibles.


Suede sort l' un des meilleurs disques de la rentrée et l' accueil de la critique est tout à fait approprié selon moi. Et dieu sait que dans ce blog on déteste mettre en avant les vieux machins. Manquerait plus qu'un succès commercial chez les jeunes générations tel celui de Liam Gallagher en Grande Bretagne (ici) et le constat dressé plus haut d' être encore plus affligeant.


C'est assez ironique tout de même. Les guitares sont remises sous les projecteurs médiatiques via deux artefacts Britpop. La Britpop ! Merde !

Ce machin des 90's, en partie construction médiatique, symbole de patriotisme, taxé ici et ailleurs de réaction anglocentriste passéiste. De retour en arrière créatif rétrogaga.

Un symbole de tout ce que l'on déteste par ici est en train de devenir trente après un rayon de soleil dans une époque sombre et le pire, sans que cette satanée nostalgie s'en mêle réellement puisque ce sont des jeunes critique et un publique rajeuni qui en sont l'origine.


La jeunesse des journalistes se trahie d'ailleurs assez bien quand on lit leur présentation de Suede et du courant qu'il lancèrent malgré eux, la Britpop.

Approximations, connaissances de surface et caricaturisme appris dans les articles et documentaires commémoratifs récupérés à la va vite sur le net.

En gros la Britpop c' était tout ce que j' ai écris avec le duel Oasis/Blur et quelques autres vite énumérés. On leur dit que le meilleur groupe n' était pas dans ces deux grands noms ?


Neuvième album d' une longue carrière, "Autofiction" est à la fois un retour aux sources et un disque moderne. Retour aux sources parce qu' on retrouve le Suede des débuts. Et il est utile de préciser, le Suede d' avant l' emballage médiatique de 1992. Celui au sein duquel la copine de Brett Anderson tenait la guitare aux côté de Richard Butler, une certaine Justine Frischmann future leader d' Elastica. Future copine de Damon Albarn qui lui la Britpop avec Blur... Oasis... Shed Seven...Menswear...Gene ... Jarvis ....Echobelly...My Life Story...Supergrass......Salad...My Life Story;;;The La's......

...

Hum!

...

OK

...

J' avoue !


Si vous me lancer sur ce sujet Britpop ça va devenir assez gênant pour le moderniste pourfendeur de la nostalgie et des revivals. Celui qui préfère voir devant plutot qu' en arrière. Parce qu' on risque y être encore dans quelques heures et ainsi de me trahir. Comme une épine planté dans le pieds depuis très longtemps qui vient de se faire ressentir avec ce dernier album de Suede. Une épine que je me refuse à enlever comme d' autres ne cherchent pas à cacher les vieilles cicatrices provenant de l' insouciance adolescente. Cicatrices servant de petit rappel à l' ordre.

La Britpop, j' y étais et pas qu'un peu au point que...

L' heure est donc peut être venue ...

(A suivre...)


Revenons à "Autofiction", à 2022.

Retour aux sources parce que l' on retrouve l' énergie et la puissance punk et Post Punk en partie disparues avec le départ de Frischmann mais encore décelables dans leur premier album éponyme.

Disque Moderne parce que si ils reviennent à la case départ ils ne laissent pas de côté non plus leurs acquis musicaux engrangés depuis 30 ans et ne trompent pas sur leur âges. Si il y a nostalgie elle ne déforme pas le regard sur le présent et n' empèche pas de se projeter dans l' avenir.

Le Brett Anderson de 2022 reprend les manies du Bret de 1992 mais raconte la vie du quinqua et il est visiblement très colère. Peut être plus que le rebel et anticonformiste mais naïf de 1992.

Le plus étonnant chez Anderson mis à part sa niaque et son talent de parolier intact est que sa voix est elle aussi insensible aux ravages du temps. Changée un peu, des brisures apparaissent mais elles ont l' avantage d' être maîtrisées pour rajouter émotionnellement le ressenti d'un "vieux". Toujours magnifique et étonnante. la grande voix Britpop avec celle du Vrai Roi de la Britpop

(Mais qui est-ce me demandez-vous , si c'est pas Albarn et Gallagher???...a suivre vous dis-je ...)

et à moindre échelle celle de Liam Gallagher.


Suede nous revient donc dans une forme rarement affichée depuis leur reformation en 2012. Percutant et assez frais après deux derniers disques plus spirituels et expérimentaux.

Confirmation que cette reformation était amplement justifiée car si ils n'ont pas toujours épaté avec les trois albums qui suivirent la pause de dix ans il est nécessaire de préciser que pas un seul est médiocre et que chacun nous ont surpris par les changements et la prise de risque créatif d' une formation pouvant se reposer avec fainéantise sur ses grandioses débuts.


Les membres originaux, Osman avec sa basse à la fluidité imparable, Gilbert et sa force de frappe atomique, tiennent toujours la baraque et à l'instar d' un Anderson revigoré ils pourraient donner des leçons de talent à la relève.

Richard Oakes à la guitare, successeur de Butler, et Codling aux synthés, épatent encore et prouvent qu' ils se sont révélés être plus qu'une simple bouée de sauvetage au départ de Butler. Le premier album éponyme et "Dog Man Star" de l' ère Butler constituent le sommet de Suede généralement dans l' esprit des fans.

Le troisième "Coming Up" reposant sur la collaboration de ces deux types avec les originaux en est guère loin si ce n' est leur pendent plus Britpop.


Si Suede a donné le coup d' envoi de la Britpop les vieux cons comme moi vous diront que très vite Anderson a rejeté l' étiquette et que Suede s' en est éloigné un temps pour finalement surfer dessus avec "Coming Up" d' une façon très maline.

"Autofiction" ne peut pas être étiqueté Britpop parce qu' il n' en comporte pas beaucoup. Anderson parle toujours de son pays où il vit mais sans vraiment afficher une anglicité et un patriotisme glorifié affirmés. Il parle surtout de l' âge, du Sexe, de la maltraitance et de la situation désastreuse de son pays Post Brexit.

Et puis surtout ce disque n' est pas Britpop parce que ce que l' on nomme Britpop est surtout un courant encadré chronologiquement (1992-1997) tel une capsule temporelle dans les 90'S avant d' être un style musical définissable. Grosse bévue souvent lue chez les jeunes journalistes.


Ce neuvième album de Suede est marqué du saut Post Punk. Visiblement Anderson et les siens ne sont pas murés dans leur musée Glam Rock Bowienesque et observent la jeune garde. Il y a aussi quelque chose de Black midi dans cette façon de remettre l' expérience du live dans l' enregistrement, quelque chose de Girl band dans cette production jouant énormément sur la spatialité du son.

Suede a toujours évolué stylistiquement et ce depuis les débuts. Punk et Glam d' abord, puis Arty avec "Dog man ...", carrément Britpop "Coming Up", plantage un tantinet électro sunthé avec "Head Music", le grand vide superficiel de "A New Morning" (leur pire) et enfin les trois post reformation faisant variés les ingrédients déjà utilisés dans leur dosage.


Dès l' entame du disque, "She still leads me on" Suede rassure et sidère par sa force en donnant à l' occasion une sacrée leçon à The Horrors. Leçon Glam Gothique répété avec "That Boy On the stage".

"She still leads me" est également remarquable parce qu' il est l' un des titres de Suede les plus Morrissey/The Smiths de leur longue carrière, une énorme influence pour eux.

Dans ce titre et dans quelques autres du disque Suede réussit là où Morrissey en solo s' était planté quand il avait voulu durcir le son dès "Your Arsenal" en 1992. Suede n' apparaît pas bodybuildé artificiellement et grotesquement comme le Moz autrefois.


Plus loin "15 Again" est un futur classique de leurs concerts comme les autres vieilles tueries. Véritable hymne potentielle chez leurs fans pour des lives qui étonnent toujours les étrangers devant l' intensité du culte et l' adoration qui y sont développés. Les fans de Suede sont parmi les plus accrocs que vous pouvez rencontrer tout étant adorables et ouverts. Suede a toujours été très clivant tout comme The Smiths et les Pet Shop Boys autrefois, deux grandes influences d' Anderson avec Bowie.


Suede nous délivre comme à son accoutumé quelques unes de ses ballades dont ils ont le secret. Suede est probablement le dernier grand fabriquant de Slows acceptables, classieux et intelligent de l' histoire du rock. Pour les jeunes générations c' est un conseil, si Il ou elle sont susceptibles d' aimer, Suede par ses ballades/Slow est une arme de destruction massive lancée sur son cœur en soirée. "Drive Myself Home" en est la version ultime pour 2022.

Déjà titubant par le début du disque et son énergie inespérée l' auditeur, fan ou méfiant, va définitivement tomber KO avec les trois derniers titres. "It's Always The Quiet Ones" le plus Bowienesque des 11 titres est appelé lui aussi à devenir un hymne chez les fans quand "What am i with you" est une ballade/slow somptueuse prenant le temps pour vous dévaster en un claquement de doigt.


Le monstre de lyrisme "Turn Off Your Brain and yell" clôture le disque et dévaste tout sur son chemin. Anderson donne la marche à suivre d' une manière ambiguë mais nécessaire pour affronter cet avenir si inquiétant que l' on soit jeune ou un vieux. Un vieux pas encore égocentrique et atteint de panurgisme Néo libérale, misogyne, homophobe, viriliste et pollueur.


"Débranche ton cerveau et hurle"

Suede avec ce neuvième album est à l' encontre totale des vieilles redites nostalgico gaga qui favorisent toujours plus un auto enfermement volontaire afin de se couper du monde face aux multiples mauvaises nouvelles qui assomment et rendent amorphe.

Alors oui! Ce n' est pas une blague. En 2022 Suede vient de pondre l' un des plus beaux et vivifiant disques de guitares de l' année.





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