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DANCING
WITH
THE
NOISE

Gary "Mani" Mounfield
1962-2025
(The Stone Roses & Primal Scream)

Music Blog
& OTHER

MARUJA, musique cataclysmique pour époque cataclysmique.

Dernière mise à jour : 20 nov.


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La rumeur bruissait. Une formation issue de Manchester osait oublier le passé de cette ville pour se confronter à des histoires venues d' ailleurs. Des histoires tout autant illustres et belles. Plus combatives et dans un sens (question de respect envers ma religion personnelle) moins portées sur la déprime ou l' hédonisme. A partir de 2023 les eps se succédèrent et confirmèrent. Et enfin en cette rentrée 2025 l' album. Un choc. Et ce titre immense appelé à nous suivre toute notre vie. "Look Down On Us" Bref...Manchester a encore enfanté un groupe gigantesque.


Au moment d' écrire cette chronique me revient un vieux souvenirs. Une virée en boite de nuit sur Limoges vers 1994-95. Un jeudi soir. L' endroit se nommait alors "Les deux mondes" et avait une spécificité rare à l' époque, deux pistes. Si la première déversait son lot de tubes mainstream au kilomètre la deuxième était portée sur le rock. Et même parfois on pouvait (à la demande) se régaler d' un Happy Mondays ou d' un Primal Scream, plus tard d' un Blur ou d' un Oasis alors que cela n' était pas ailleurs encore monnaie courante . Ce soir-là le Dj passa l' un des hymnes de la piste, "Killing In The Name" de Rage Against The Machine. En ces temps-là on pouvait pratiquer le Stage Diving en boite. Accoudé au bar (pour des raisons évidentes de faible constitution) je dégustais ce spectacle collectif véritable instant de communion un tantinet virile. Mais que c' était beau. Il flottait de la colère, une volonté d' en découdre dans la jeunesse d' alors. Peut plus perceptible qu' aujourd' hui. Quand ce qui devait arriver arriva. Un type s' élança et percuta l' un des projecteurs. Terminé les stage daving du jeudi soir. Comme une métaphore de ce qui advint à ma génération. Nous avions comme modèle à suivre Mai 68, le Punk, les Rave et nous nous sommes pris le Néolibéralisme dans la tronche. L' apathie devint la norme pour beaucoup.


Maruja par le chant rapé d' Harry Wilkinson évoque celui de Zack De La Rocha. C' en est devenu une tarte à la crème de la critique à leur sujet. Maruja serait le simple croisement improbable de Rage Against The Machine et Godspeed You ! Black Emperor.

C' est vrai. Mais cela s' avère bien plus complexe qu' un simple croisement caricatural Rap Métal et Post Rock. Ça tiendrait pas sur tout un album et trois eps.

Laissons les visions étriquées de côté et allons au plus profond de cette musique. Dès les premiers ep c' est à Gang Of Four que je pensais. Maruja a délaissé donc très vite certains aspect de son héritage mancunien pour d' autres formations Brit bien plus politisées.

Une rudesse, une rigueur, provenant du Post Punk, encadre les envolées Post Rock et les coups de poing Rap Métal. Les cuivres herculéens Free Jazz s' aventurent là où RATM et GYBE n' osaient pas, en terre No Wave. La production enveloppe régulièrement de textures qui ont plus à voir avec le Noise et son agressivité. Ce n' était pas évident. Maruja reste et demeure britannique malgré leurs accointances musicales avec l' Amérique par justement l' attention sur les textures. Le chant possède des intonations plus proches de John Lydon que de De La Rocha, qui évoquait déjà à son heure de gloire le chanteur de PIL et des Pistols. Et puis parfois, dans la gestion des silences et des accalmies, par l' omniprésence de ce saxo jazzy devenu caressant, c' est le spectre de Mark Hollis qui flotte au dessus des détonations sonores. Les accalmies toujours Post Rock reluquent le Talk Talk glorieux de fin de carrière mais délaisse RATM pour un Art Rock évitant le pastiche facile. Des affinités courageuses Doom flottent juste qu' à totalement prendre le dessus malicieusement. Le goût pour l' expérimentation, les cuivres et les structures complexes passant du coq à l' âne avec talent au cours d' un même morceau prouve la proximité de Maruja avec la Windmill Scene (Squid, Black Midi, Black Country, New Road).

Bien plus complexe qu' il n' y paraissait.


Maruja c 'est bestial mais aussi tendre et spirituel. C 'est surtout honnête parce que parfois naïf, brouillon, terriblement vrai sans jamais tomber dans la mièvrerie, l' artificialité et la démagogie facile. Ce disque cataclysmique a certes des défauts mais cela provient d'une trop grande volonté d' en découdre. Musique véritablement empathique avec ce que cela peut comporter de travers. Empathique et emphatique diront les chieurs.

A l' image des mantras un brin facile clôturant les morceaux Maruja aurai put faire plus cours dans leurs diatribes mais l' emballement dont ils font preuve peut aussi nous servir à guérir du cynisme dont on nous a gavé pendant la succession de Revival avec des groupes souvent égocentrés, peureux et fermés sur l' extérieur.


Maruja aborde le deuil des illusions et des rêves. Ils retournent les peines et les souffrances contre l' oppression et l' horrible capitalisme tardif éco génocidaire. Le génocide Palestiniens est le point axiale du disque. Comment pourrait-il en être autrement. Cette monstruosité a tout dévoilé. De notre époque, de nos dirigeants et de nous même. Maruja nous conte aussi des histoires d' overdose, d' assurance maladie totalement défaillante, de corruption des "élites", de manipulations médiatiques injectant l' apathie chez nombre d' entre nous (la majorité) depuis trop longtemps quand ce n' est pas de la bêtise absolue. Les critiques rencontrées depuis la parution du disque, parfois justifiées, me rappellent aussi une certaine vision au moment des gilets jaunes. Je reconnais que les habitudes de RATM sont un peu trop présente par rapport aux eps et ne rendent pas justice à ce qu' est capable le groupe en expérimentation Post Rock. Mais quand parfois on lit "platitude" au sujet des textes, qu' ils ressassent les même sujets ou que finalement ils disent peu ou des "banalités", on retrouve franchement le complexe de supériorité chez certains critiques issu d' une vision bourgeoise martelée par les médias mainstream. C' est la culture du cynisme mise en place depuis les 80's que l'on perçoit.


Maruja est ce qui pouvait arriver de mieux à Manchester et à la musique Indie en général. Enfin de la nouveauté en provenance du "North" en rupture totale avec l' héritage. De ces cataclysmes susceptibles d' ébranler les autres et de les entraîner. Ces derniers temps mes chroniques sont beaucoup traversée de critiques sociales et politiques. En fait ce fut toujours le cas mais à présent c' est encore plus visible parce que justement ce sont les artistes qui ,à leur tour, revendiquent ouvertement tant la situation est catastrophique. Maruja va compter, compte déjà et comptera.

Le temps des stage daving est revenu. Qu' ils soient interdit ou pas.

Surtout quand ils le sont. Nous n' avons plus qu' à démonter ce qui nous emmerde dans nos envolées.





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