Je le réécris mais il faut dire les choses tel qu' elles sont et crier une nouvelle fois à l' injustice flagrande. Kairon; IRSE dans un monde meilleur devrait être sur le trône. Chaque jours ils devraient se faire lécher les bottes par tous les jeunes fans des Tame Impala, King Gizzard And The The Lizard Wizard, Pond et autres. Tous ces groupes tête de gondole d' un rayon Indie à l' agonie vendus jusqu' à l' overdose par les Pitchfork et consors qui feignent d' y croire mais agissent comme des épiciers au bord de la faillite. Et pas seulement. Les vieux fans plus dans le réel de Post-Rock , de shoegaze, de Krautrock ou du psychédélisme le plus proto feraient bien de se pencher sur le cas de nos nordiques préférés oscillant entre looks métaleux et hippies. Si la Finlande avait déjà offert au cinéma le génial Akis Kaurismäki ,de la même manière iconoclaste et non consensuelle, elle nous a peut être offert le plus grand groupe Shoegaze/Post Rock de ces dix dernières années. Pour les retardataires Kairon; IRSE est une formation Finlandaise apparu sur les radars en 2014. Mais attention, que sur les radars des réseaux socios et autres plateformes de partages et données de fans. Sur les grands site indies musicaux que l' on pourrait qualifier d' "officieux", rien. Que dal, nada! Pas nés au bon endroit et à la bonne époque. Pas anglo-saxon, pas même australiens ou Néo-Zélandais. Deux terreaux dans lesquels les critiques internationaux indies un brin feignasses vont piocher quand le réservoir américano-européens s' assèche histoire de faire dans "l 'exotisme". "The Defect in that one is bleach / We're hunting wolverines" uniquement numérique sorti en catimini est considéré comme leur premier album. Avec du recule malgré ses faiblesses inhérent au œuvres initiatiques , dont le petit côté du "déjà entendu" à l' époque, ce premier jet préfigurait ce qui suivra artistiquement parce qu' il se différenciait du reste des suiveurs. Relecture déjà bien personnelle de finlandais grandi dans la culture métal et prog-Rock caractéristique de la région mais reluquant également et fortement sur l' Indie 90's et notamment le Post-Rock bruitiste et lyrique de la fin de cette décennie. La voix aiguë et l' usage des cordes faisaient penser à des rejetons nordiques fans de leurs cousins islandais Sigur Ròs.
A d' autres moments on pouvait déjà entra-percevoir un fort amour pour My Bloody Valentine bien plus affirmé et assumé que chez les Mogwai, Godspeed You Black Emperor!. Un titre résume la rencontre des influences so perfect dans la doxa Indie et l' héritage métalleux Prog bien présent dans la jeunesse finlandaise d' alors,"Девочка парит в воздухе". Alternance de calme et de montée lyrique avec voix falsetto et intrusions de solo métalleux/ Prog un peu trop bavards à faire fuir tous les ayatollahs de l' imperfection indie.
Mais la grosse claque dans le petit monde des fans indies et autres sera trois ans plus tard. Un seul titre suffira à emporter la mise dans les forums pour jeunes ou anciens fans de l' indie 90's et du Post-Rock début 00's.
Sorti en Août 2014 encore uniquement en digital "Ujubasajuba" verra devant le succès publique rencontré sa version vinyle débouler en 2017 et le groupe signé sur le gros label indie Finlandais SVART.
Toujours sous les radars des sites réputés le bouche à oreille numérique va faire son oeuvre et les listes de fin d' années vont voir le nom des Kairon IRSE! fleurir partout. Votre serviteur les découvre à ce moment-là et guettera chacune de leur sortie. Chronique ici. "Ujubasajuba" va faire basculer tout un pan Indie et une culture Post-Rock/Shoegaze dans l' étrange, un imaginaire à l' "exotisme" typiquement nordique. Brassage d' influences comme rarement croisé sur l' autoroute des sites indies et de la production anglo-saxonne. Les titres s' allongent, la palette instrumentale se défait également des influences Indies et les manières Métaleuses/Prog Rock jugées sales par la doxa Indie deviennent aguichantes et ensorcelantes.
Ce qui marqua surtout c' est la puissance héritée du métal, la volonté de prendre son temps et laisser faire la technicité issue du Prog-rock confrontées aux us et coutumes Indies. Kairon IRSE! rappelaient des souvenirs, bons ou mauvais, mais dans une langue étrangère bien personnelle et totalement réussie.
Le groupe commença à tournée sur le circuit Métalleux tant moqués par les indies aux côté des Alcest et DeafHeaven, chouchous des sites indies devenus du jour au lendemain amateurs un brin condescendant de Blakgaze. Ce Black Métal lorgnant sur le shoegaze pour devenir plus atmosphérique devenu un à la mode un temps. Mais attention, et c' est là peut être que beaucoup de choses se sont joués dans la "non-rencontre" entre les finlandais et les sites réputés. Kairon IRSE malgré certaines senteurs ne font pas à proprement parler du Blackgaze. Bien plus complexe, plus diversifiés, plus "autre chose" tout simplement. De ces petits détails qui révulsent ou qui gènent et finissent par vous faire rater l' essentiel.
Quand "Ruination" sort en 2017 le groupe opère une nouvelle fois une mutation. Le Shoegaze semble mis bien moins en avant au profit d' un Space Rock à présent au premier plan avec forte insistance sur les habitus Prog Rock tel des réminiscences jazzy.
Moins de paroles, moins "Pop" et bien plus d' instrumentaux. Les titres déjà longs sur le précédent s' allongent encore plus.
L' accueil est mitigé pour une partie de la fanbase shoegaze toujours réticentes aux longs bavardages Prog et jazzy. Mais "Ruination" quand l' auditeur ne partait pas dans l' autre sens en se bouchant le nez pouvait encore une fois chez eux se révéler charmeur par ses différences et la personnalité qui s' en dégageait. Et toujours une puissance digne du Punk susceptible de sauver de l'ennuie même les plus lassés. Du Space et Prog Rock certes mais pas tout fait comme autrefois. Toujours cet arrière goût de déjà entendu déformé par les années écoulées et les musiques apparues entre temps. Entre une version Prog de l'indie et un travail Hauntologique rare chez les guitareux plus adeptes du rétrogaga.
Une chose pas vraiment repérée au début mais bien plus évidente apparaît et va persister. Une parenté avec les têtes de gondoles indie à guitare d' alors, Tame Impala. Kairon IRSE des suiveurs de Tame Impala?
Oui et surtout non.
L' influence de Kevin Parker par le poids acquis médiatiquement n' est pas à repousser mais à l' image des synthés déjà bien présents sur ""Ujubasabusa" les Kairon ont même préfiguraient le virage synthpop du "Currents" de l' australien un an plus tard. O
n peut suggérer, et surtout avec le tout dernier disque, que Tame Impala semble avoir fini de décoincer les finlandais qui n' en avaient peut être pas vraiment besoin. Et que surtout si le compte n' y est plus depuis près de six ans côté Parker, côté Finlandais la courbe est inverse.
Kairon IRSE ! sont-ils maudits pour toutes les mauvaises raisons évoquées quant au quasi silence total médiatique? Oh que oui et la découverte tardive si caractéristique de leur dernier disque par votre serviteur pourtant aux aguets a de quoi pousser à répondre que oui. C 'est avec un an de retard que je suis tomber sur "Polysomn". Un an c 'est très long. Encore plus au vu du contenu du disque. Probablement le meilleur, le plus abouti et le plus surprenant des finlandais. Passé sous mes radars assez étrangement et surtout dramatiquement le dernier Kairon a recueilli depuis sa sortie un plus grand succès publique. Côté critique à l' exception de la presse Métal qui les avait hébergé on peut sentir enfin un frémissement.
Si "Ruination" avait un brin freiner leur infiltration de la sphère indie par ses aspirations Prog Rock "Polysomn" va se charger de ramener les shoegazers de tout bords dans les mains de ces talentueux musiciens méconnus.
Le Shoegaze est le grand gagnant des nouvelles aspirations de ce groupe en perpétuelle évolution. Il est partout. Mais alors que l'on pouvait qualifier à cette influence majeur du qualificatif de "grossier" ou "évidente" tant l' évidence justement était présente sur "Ujubasabusa", soit des couches de guitares et du delay en veux-tu en voilà, il va en être différent sur "Polysumn".
Shoegaze ce "Polysomn" mais avec bien plus de maîtrise si cela était encore possible et surtout une volonté d' expérimenter en l' amenant là où ce courant c' était rarement retrouvé. C 'est surtout dans l' utilisation des voix comme instrument à part entière que les Kairon rénove la tradition shoegaze. Autre élément à prendre en compte, après l' hégémonie Prog Rock sur "Ruination" et ses penchants atmosphériques devenu moins bavard c' est le Krautrock qui tire les marrons du feu sous la marmite nordique en devenant le combustible principal à la propulsion Space Rock. La rythmique semble plus lourde et alterne entre les penchants Kosmische ou Motorik du genre allemand. Souvent Can, des fois Amon Dul, et fréquement Kraftwerk. Peut être que les longueurs Prog Rock Pink Floydienne ont -elles fini par lasser eux-même les Kairon mais surtout et l' une des forces de leur disque c' est qu' ils n'ont plus freiné leur aspiration Pop voir Synthpop. Tame Impala en la matière n' est jamais loin et on s' aperçoit que l' art du songwriting est parti chez les Nordiques désertant l' antre de Parker. L' art de mélanger pour créer du neuf avec toujours ce petit côté "vieille connaissance changée" est à son plus grand niveau et là encore la Finlande écrase l' Australie à plat de couture. Et si on rajoute que les Kairon ont produit leur disque eux même et se révèlent des grands maîtres dans ce domaine on se demande ce qu' il reste à l' hémisphère Sud. Une chose est encore plus sûr, le match était gagné d' avance tant ce disque assomment les autres par sa puissance encore plus grande.
Malgré leurs quatre disque les Kairon en croisant les imaginaires à leur façon détonnent toujours autant et peuvent encore laisser perplexes les ayatollahs Indie. "Polysumn" est un voyage magnifique dans un autre monde entre calme et chaos, entre grands espaces et oppression, la lumière et l' obscurité. Rien à voir avec certains exercices égocentriques rétrogaga d' ados mélancoliques sans personnalité propre se lamentant sur eux même avec les mots délavés de leurs parents. Alors même si DWTN l' a lamentablement loupé en 2020 il faut le crier haut et fort, cette terrible année qui nécessitait tant que l'on nous offre des échappée psy et shoegaze , a vu comme meilleur disque Shoegaze/Krautrock/SpaceRock/PostRock.TameImpala/Psyche, (cocher les cases que vous aimez), ce grandiose Polysumn". Et enfin et surtout, faites passer le message: Kairon IRSE! est le meilleur groupe Shoegaze-Post Rock de ces dix dernières années!
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