Ils ont changé leur nom mais certainement pas leurs belles manières. Girl Band est devenu Gilla Band et se fend de son troisième album.
Alors sept ans après leur premier, une pause nécessité par la santé fragile de son chanteur, un retour aux affaires en 2019 avec le très grand "The Talkies" à quoi devait-on s' attendre?
Réponse simple. Au disque rock le plus innovant et iconoclaste de l' année.
Pour ceux qui ne savent pas Girl Band aka Gilla Band est probablement l' une des plus belles choses qui soient arrivée ces dernières années aux guitares. Ils ont tout explosé à commencer par les structures conventionnelles de ce que devait être une chanson "Rock". Dès leur début ils revendiquaient vouloir utiliser les guitares avec les us et coutumes de électro ou l' Ambient.
Girl Band a abandonné progressivement toutes les habitudes qui enferment tant de leurs congénères. Comme autrefois un Kevin Shields de My Bloody Valentine ils ont mis au centre la texture sonore en s'appuyant sur ce que les nouvelles technologies et leur imagination leur offraient. Sans non plus oublier un savoir faire certain dans la composition pour la réinventer.
Plutot que singer le Shoegaze ils se sont tournés vers le Noise tout en se reposant sur leur passion pour la No Wave sans chercher à réellement singer d' autres courants et époques.
Avec eux on peut parler de nouvelles conceptions sonores, de multifonctionnalité, du studio roi des instruments. Je sais que penser le studio comme un instrument à part entière n' est pas nouveau, Brian Eno, mais dans le petit monde du rock à guitares c' est denrée rare.
Si leur discographie est petite par son nombre elle est devenu d' hors et déjà un monument de progressisme et de courage. Leur sens inné de l'évolution et leur refus du statu co amène à toujours plus de fraîcheur et d' innovation.
Se rend-t-on réellement compte du poids prix par cette formation sur la scène Indie ces dernières années ?
D' abord sur la merveilleuse vague irlandaise qui déferle, Fontaines D.C., The Murder City et tout récemment les merveilleux Just Mustard (ici). Mais pas seulement. Leur nom apparait de plus en plus dans les interview de jeunes formations prometteuses voir confirmées. Ce groupe a débloqué bon nombre de mentalités engourdies après des années de redite à la vues basses.
On ne s'était pas trompé ce soir du 14 août 2015 (ici) quand ils déboulèrent sur la petite scène de la Route du Rock amenant une fulgurance de fraîcheur au milieu d'un petit monde Indie emprisonné dans le simple calcul référentiel nostalgico gaga.
"Most Normal" vient de sortir et l'évidence est sous nos yeux. Girl Band appartient à la caste des grands groupes révolutionnaire. My Bloody Valentine, Sonic Youth, Radiohead et quelques autres. Plonger dans ce disque va vous faire ressentir des émotions d'une intensité aussi grande qu'avec les groupes cités.
Encore plus étrange que ses deux prédécesseurs, encore plus bouleversant et déstabilisant. Vous n'en sortirez pas de cette terra incognita sans reconsidérer totalement votre approche de la musique .
Les comparaisons du chanteur écorché vif Dara Kiely avec Mark E Smith sont caduques. Celles sur une supposée resucée des Liars complètement stupides tant les irlandais ont dépassé les ricains. Se contenter de définir leur musique comme étant un mix de Post Punk (facilité) et de Noise se révèle infiniment insuffisant. Il y a du Nurse Witn Wound dans ce jaillissement de bruit provenant des tréfonds de nos âmes, du Coil dans cette façon de terroriser avec n' importe quelle source sonores pour mieux nous élever de la merde quotidienne. De toutes façon ce groupe est devenu bien trop original et inclassable pour pouvoir le relier au passé si facilement.
Cette musique est un tel brassage d' ingrédients, d'idées nouvelles, et qui plus est porté par un collectif de personnalités fortes et ouvertes d'esprit, que toutes affiliation réductrice est stupide. Leur parcours démontre tout cela. D' abord sous le nom Harrows ce ne fut qu' un énième groupe suceur des Strokes mais très vite ils sont sortis du carcan Indie et se sont imbibés de James Chance & The Contortion, Bad Brains, Neu ! et The Chemical Brothers. Quand d' autres se contentaient de tenter d' agréger péniblement deux ou trois vieilles références provenant du même puit.
Par exemple, au lieu d'en remettre une couche sur son chanteur capable de vous emporter très loin par sa puissance et son talent immense de songwritter surréaliste, parlons du bassiste Dan Fox.
Fox est devenu depuis longtemps le producteur attitré de son propre groupe. Et pas n'importe quel producteur. L'un des meilleurs de sa génération. Du même acabit qu' un BJ Burton avec Low.
Les rythmiques d' Adam Faulkner à la batterie se révèlent être les des plus puissantes et les plus riches en variations depuis des lustres.
Alan Duggan sort de sa guitare des sons tellement inédits et effarants que l' on peine à concevoir qu' ils proviennent d' un instrument usé jusqu' à la corde depuis 50 ans.
Avec Girl Band aka Gilla Band l' auditeur n' est pas un pantin à qui on assène des évidences faciles, il devient acteur tant son imagination est stimulée. La marque des grands disques révolutionnaires.
"Most Normal" est l' un des grands albums de l' année tout style confondu, probablement un classique dans les années à venir et ce groupe inévitablement une future légende comme le sont dorénavant Sonic Youth ou My Bloody Valentine.
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