Cela faisait très longtemps que Dancing With The Noise désirait s' attaquer à ce vieux machin que l' on nomme Britpop.
Ces derniers mois une succession d' événements ont fini de provoquer cette série Britpop. On pourrait en appeler au hasard mais franchement que le mot Britpop soit réapparu aussi fortement en dit long sur le zeitgeist de l' époque. Entre nostalgie et agonie d'une certaine musique Post Brexit.
UN RETOUR TONITRUANT APRES DES ANNÉES DE NOSTALGIE RAMPANTE.
Au printemps ce fut d' abord un documentaire sur Damon Albarn relayé assez ardemment dans les pages Culture des grands médias. En France comme en Grande Bretagne.
Un Albarn qui n' avait jamais vraiment quitté la scène médiatique entre ses activités solo, Gorillaz et la reformation de Blur. Et à chaque apparition le leader de Blur de devoir encore s' épancher (avec sa version) sur le courant auquel il a participé.
Le reformation du groupe en 2009 avait été marquée par deux concerts gigantesques à Hyde Park ( performance reproduite en 2012 et 2015) puis la sortie de leur album "The Magic Hype" en 2015 rencontra un succès critique et commerciale assez étonnant au vu de ce qu'il contenait.
Albarn nous assénait son ressenti et ses réflexions simplistes de globetrotter Rockstar sur une musique qui très adroitement consistait en un malicieux mélange nostalgico gaga des différentes époques du groupe. Toujours malin le petit Damon quand il faut surfer sur la demande. On y reviendra bien sûr.
Toujours ce printemps Suede, plus rare qu' Albarn, annonce un nouvel album. Reformé après une séparation de 7 ans la bande à Bret Anderson nous en avait déjà offert assez régulièrement avec une certaine réussite et pertinence mais sans réellement déclencher l' accueil de cet automne. Grand succès critique en cette rentrée à la surprise générale (ici). Chez les vieux critiques comme les plus jeunes.
Dans la foulée ils annoncèrent avec des Manic Street Preacher's revenus de nul part une grande tournée mondiale en commun comme à la grande époque.
En Juillet c' est au tour de Jarvis Cocker de claironner la reformation de Pulp (pour la 2ème fois !!!) pour une grande tournée. Le même Cocker qui voit sa biographie "Good Pop, Bad Pop" rencontrer un surprenant petit succès en terme de vente.
Avant celle de Pulp prévue en 2024 le phénomène des reformations, comme pour l' ensemble de la scène Indie des 90's et 00's, ne nous avait pas épargné les vétérans Britpop ces dernières années . Mais depuis le Brexit on est face à une recrudescence. Surpergrass, Shed Seven, Salad, Cast, Echobelly, The Bluetones etc etc . Tous tournent et sont régulièrement croisés dans des festivals d' été qui se sont mis à surfer sur cette nostalgie avec parfois une scène réservée exclusivement à ces groupes.
Encore plus symptomatique et carrément flippant. En Janvier 2017 les sites Internet, anciens ou récents, relayent tous avec enthousiasme une série de photo. On y voit trois quadras difficilement reconnaissables et l' annonce d' une probable reformation de leur groupe Brtpop. Et tous de titrer "Elastica The Come Back !?"
En définitive la baudruche se dégonflera rapidement car il ne s' agissait que d'une réunion effectuée dans le cadre d'un remastering du premier album. Et en plus sans la moindre réapparition médiatique officielle de leur leader, Justine Frischmann.
Autre indice, les Tribute Band. Si il y a encore quelques années cette singularité britannique ne touchait que les monstres sacrés mainstream comme les Beatles ou les Stone Roses (rare exception Indie avec Oasis) on constate de plus en plus de fossoyeurs qui joue à reproduire les concerts de leurs idoles Britpop. Certains réussissant à proposer un pot pourri de multiples formations Britpop en un seul concert. Soirées nostalgie garanties que votre serviteur s' empressera toujours de fuir.
Exemple d' un Tribute Band Britpop.
Oui je sais c' est pas joli joli la nostalgie, comme un bermuda rose imbibé de bière piétinant dans la boue (vers 2'05). Si vous me voyez faire ça...Tuez Moi !!!
Comme tout courants ou mouvements musicaux la Britpop n' a pas échappé non plus aux célébrations médiatiques à chaque anniversaire et il ne faut pas être devin pour imaginer que 2024 et 2025 ne vont pas y échapper. Et ce sera reparti pour les témoignages de vieux cons enjolivant leur si géniale 90's et sa pas si "Cool Britannia" que ça. Ces pseudos experts qui à l' instar de ceux des chaines infos vont ne cesser d' effectuer des raccourcis, approximations si ce n' est une réel réécriture de l' histoire.
Mais plus dingue encore au sujet de ce retour de la Britpop sur le devant de la scène est ce qu'il s' est passé les 3 et 4 Juin derniers.
KNEBWORTH 1996-2022
Liam Gallagher et Oasis n' ont jamais quitté les projecteurs médiatiques depuis la Britpop et la séparation. Au fil des années ce qui était devenu une sorte de marotte éditoriale et nationale servait surtout à une presse britannique musicale agonisante de tenter en vain de surnager. Faut dire que les nouvelles générations n' ont jamais à de très rares exceptions (Arctic Monckeys, The Libertines) atteint les sommets de la Britpop par l' engouement suscité et commercialement.
Artistiquement sans intérêt, comme les reformations des autres, la carrière de Liam Gallagher consistait surtout en ses nombreuses sorties médiatiques controversées et au pathétique mais parfois hilarant ping pong verbale entre lui et son frère avec en arrière fond l' improbable reformation.
Un frémissement commença à apparaître vers 2016 quand après la désastreuse expérience Beady Eye (groupe formé avec des ex Oasis) sa carrière solo décolla lentement mais surement.
En 2017 Gallagher effectue son grand retour médiatique mondial au cours du concert de charité (ici) faisant suite à l' attentat à la bombe (ici) qui avait été perpétué dans sa ville d' origine, Manchester.
Invité surprise d' Ariana Grande faute d' un Noel qu' on dira poliment "moins opportuniste" , faut dire que "Don't look Back in Anger" était devenu à son insu l' hymne des hommages, voilà notre plus jeune Gallagher de se retrouver parmi la lie musicale du Mainstream et d' entonner aux côté de l' agaçant et pitoyable Chris Martin de Coldplay deux titres d' Oasis et (hum hum) un titre de son prochain album.
Et votre serviteur de se rappeler ironiquement les vieilles saillies verbales des Gallagher au sujet de ces endives de Coldplay.
A la suite de ça son premier album "As You were" atteint une improbable première place des charts. Les deux successeurs rééditeront l' exploit quand le bonhomme de devenir l' une des rares têtes d' affiches Indie à guitares dans les grands festivals estivaux.
Celui que souvent on prenait pour le plus fêlés et totalement idiot de la scène Britpop va se révélé être le plus fort en gestion de son culte et particulièrement habile pour faire fructifier l' héritage Britpop.
Documentaires multiples sur Oasis et sur son aventure solo parsemèrent les 00's et les 10's avec souvent le bonhomme à la manœuvre. Très roublard en matière de communication il ne cessera d' aligner les coups tel l' invité prestigieux tellement symbolique des 90's Britpop en Grande Bretagne dans de son clip "Once".
Personnellement je pensais que les gens qui lâchaient des tunes sur les disques et se ruaient sur les documentaires de toutes sortes étaient majoritairement des vieux cons de mon âge avec cependant une petite minorité de jeunes nostalgico gaga déjà vieux dans leurs goûts comme il en existe pour d' autres courants et artistes.
Les 3 et 4 Juin derniers c' est une très grosse mandale que prirent votre serviteur et une presse britannique prête à dégoupiller les grenades inter générationnelles.
Avec l' orgueil et l' arrogance qui ne cessèrent jamais de le définir Liam Gallagher décida de refaire le coup de Knebworth 96.
Les 10 et 11 Aout 96 Oasis avait joué devant plus de 250000 mais le tournis va vous prendre encore plus quand vous apprendrez que c' est près de 2 millions 5 de demandeurs de tickets qui se sont alors fait refoulé.
Beaucoup considèrent ces deux concerts comme l' apogées de la Britpop avant sa mort un an plus tard. On peut bien sûr accepter ce jugement mais à mon humble avis il y a eu deux apogées et la première avait eu lieu un soir de Juin 95 du côté de Glastonbury.
Même si les demandeurs de tickets pour sa prestation 2022 n' atteindront pas le record de 96 le coup de Gallagher laisse sans voix. Ils sont peu de nos jours à pouvoir rassembler en deux jours 170 000 personnes et le pari fut réussi. Mais probablement l' autre fait marquant et en lien avec les raisons de cette série d' articles c' est l' âge des participants. Bien sûr beaucoup de quadras ou quinqua revenus vivre leur jeunesse mais les cheveux grisonnant furent noyés dans une masse bien plus jeune. Les millennials représentèrent la grosse majorité du publique et ce fait bluffa tous les observateurs.
POURQUOI LA BRITPOP DANS DANCING WITH THE NOISE ?
Et c' est quoi d' abord pour moi la Britpop?
C' est une véritable épine rétrogaga plantée dans le pied d' un mélomane possédant des goûts aux petites prétentions progressistes sans œillères stylistiques . Une vision développées depuis 10 ans dans ce blog.
L' âge grandissant cette épine Britpop ne se décroche toujours pas et j' avoue même parfois ressentir un petit plaisir masochiste à la tripatouiller quand elle se rappelle à mon bon souvenir. C'est que cette petite saloperie agit comme une bonne piqûre de rappel des errements passés et cela vous immunise.
La cicatrice qui vous rappellera à l'ordre avant de refaire la même connerie.
Une épine porteuse de bien sales germes dénoncés régulièrement dans ce blog. Nostalgie, nombrilisme, nationalisme, réaction, cloisonnement stylistique et vision à court terme artistique et politique. Mais pas que. Rien n' est simple. Surtout avec la Grande Bretagne et encore plus avec son Indie Music.
Il m' arrive régulièrement de penser qu' aussi paradoxalement que cela puisse paraître pour ceux qui ne me connaissent que par ce blog (l' immense majorité de mes lecteurs), si la Britpop n' était pas survenue au cours de ma jeunesse ce blog n' aurait peut être pas existé. Oui autant que ça puisse paraître pas d' Oasis, Blur, Menswear etc , pas d' article sur le Footwork, la Deconstructed Club, le Gqom, Elysia crampton, Demdike Stare, l' Hypnagogic Pop, la Vaporwave et tant d' autres.
Je vous propose donc de remonter le temps au travers de mon parcours personnel et des évolutions de la scène musicale indépendante britannique. Le cheminement va être long et parfois pointilleux mais nécessaire pour aborder cette Britpop.
il s' est joué quelque chose d' important à ce moment-là. Une bascule dont on ne s' est pas vraiment sorti même si je le répèterai la Britpop seule n' explique pas l' état désastreux d'une certaine Indie Music surnageant dans un océan de revivals et de nostalgies.
Aborder sérieusement la Britpop va immanquablement nous pousser à dépasser la simple énumération de groupes et de chiffres de vente ou encore de vagues descriptions stylistiques. Il va falloir parler des illustres aînés, de la société Britannique, de Britishness, de politique, d' une histoire de triangle amoureux (si si), du conflit entre les Mods et les Trads, de la lutte Rockism contre Poptimism et de tant d' autres choses.
Un sujet bien plus complexe qu' il ne paraît dans les documentaires ou articles disponibles sur le net. Des erreurs et des approximations se glissent dans bon nombre et le gamin de 2022 d' avoir une vision souvent caricatural, fausse ou juste surfant sur la surface du sujet.
Si ce n' est une réécriture de l' histoire par les vainqueurs et ceux qui prennent des postures d' autruche.
Exemple de l' inculture des journalistes. Article publié sur le site de France Inter le 8 Septembre 2022. Un festival ! Entre la prétendue rivalité Joy Division/New Order digne de celle d' Oasis/Blur , l' approximation totale sur le rôle de Paul Weller et le disque qui a lancé la Britpop on se demande si il ne faut pas lui donner le lien de Wikipedia ou crucifier l' autrice de l' article. Quant au "Prolos ou Intellos" on l' attribuera non pas à l' évidente ignorance musicale de la journaliste mais bien sûr à une certaine vision d' une certaine classe sociale pas toujours intello mais bien bourgeoise par son arrogance.
Non ! La Britpop ce n'était pas que Blur contre Oasis ou une réaction rétrogaga uniquement contre le raz de marée Nirvana. Nirvana, un bouc émissaire idéal pour Albarn et compagnie.
Oui ! Ce fut une construction médiatique mais qui en disait beaucoup sur la réalité britannique avec ses classes sociales et surtout sur sa scène musicale Indie.
Oui bien sûr, il y avait de la rétromanie dans la Britpop mais ne l' a réduire qu'à cela est injuste pour certaines formations qui ont d'une certaine manière collé à leur époque jusqu'à tenter de la changer tout en innovant un tant soit peu.
Oui elle légitima et prépara la multitude de revival qui lui succéderont jusqu' à nos jours mais est-elle l' unique raison et fautive?
Le mal n' était-il pas déjà en cours dans l' Indie Music?
Oui elle a vampirisé la scène alternative/underground jusqu'à lui faire du mal en marginilisant encore plus ce qui aurait pu la revigorer. Mais elle l'a aussi mise en avant en lui offrant succès commercial et médiatique comme rarement depuis le Punk. Jusqu'à la transformer en Overground, quand les non Britpop Radiohead auront conquis le monde.
Je vais donc tenter de vous apporter ma propre version de ce courant. Un courant que j' ai vu apparaître puis mourir. Depuis trente ans et surtout depuis la création de ce blog bien des fois l' idée de me confronter à la Britpop m' avait traversé l' esprit.
Un peu comme affronter un fantôme du passé je me devais de relater une de mes plus belles erreurs (ou pas) musicales de jeunesses. Mais de ces erreurs qui vous rendent plus fort.
Et on va commencer par les origines et un sacré passage aux aveux.
PROCHAINEMENT : LES ORIGINES
P.S.
Comme en 1996 il fit venir à son Knebworth 2022 John Squire des Stone Roses pour Champagne Supernova.
Comme en 96 il porta une veste Blanche.
Et comme en 96 ça a fini pas un feu d' artifice. Finalement en 26 ans seul deux choses semblent avoir changé chez Gallagher. Le publique et les portables . Pour la petite histoire LIam sort ces jours-ci un documentaire sur son Knebworth . Sans aucunes de ses reprises d' Oasis (nombreuses en live) . Noel n' a pas voulu...
La cause ? "Juste pour le faire chier" selon Nono.
On les changera jamais !
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