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ASH KOOSHA:et l' Orient se mêla à la fête post-club pour ne plus avoir peur de l'ordinateur & du fut


Un premier album monstrueux sorti en catimini l' an dernier (GUUD), un deuxième en 2016 tout autant renversant, IAKAI. Ashkan Kooshmejad bouscule certains idées reçues en venant de loin. De très loin. Suffisamment pour porter la musique à sont tour encore plus loin en emboîtant le pas du post-club des Arca, Rabit, de la clique Janus ou des prometteurs Amnesia Scanner.

Ashkan Kooshmejad a déjà une sacrée vie derrière lui. Faut dire qu'en Iran , son pays d'origine, la vie compte double en émotions, fortes et désagréable, si pas horribles. Ce type ne vous est pas un parfait inconnu. Acteur du docu fiction "Les chats persans" il participa également à la BO avec son duo Take it easy Hospital. Cet ancien étudiant du Conservatoire de Musique de Téhéran a par la suite réalisé un film sorti cet été "Fermata feature".


Musicien classique, membre d'un groupe pop et esprit libre suffisent pour vous retrouver au trou en Iran. Kooshmejad n'est pas passé entre les gouttes et se retrouva à Londres après le difficile parcours de combattant des exilés politiques. Le genre de type à qui ont n'a pas envie de trop en demander, la prison du régime iranien a du lui laisser des cicatrices indélébiles. Mais son humanité est restée grande à en juger par sa musique.


Devant cette liste si longue de particularités j' ai peut être oublié de vous dire l' essentiel. L' essentiel en rapport avec la musique. Ce qui a peut être le plus d'importance. Ashkan Kooshmejad est l'un des très rares humains à être doté, de, SYNESTHESIE. Quésaco?


La synesthésie est un truc neurologique qui désigne le fait que deux sens du corps se retrouvent associés. Quand Ash Koosha perçoit des sons son cerveau leur donne de la couleur. Vous allez me dire que l' aide soignant que je suis est victime de déformation professionnelle dans sa passion musicale. Je vous dirai juste que Koosha n'est pas le premier artiste touché et curieusement ces comparses de synesthésie ont un point commun. Le goût pour l'originalité en leur temps. Nabokov, Kandinsky, Duke Ellington et un certain Richard David James (Aphex Twin).

Si on vous parle d'un type venu d'un pays perçu comme non-occidental, donc fatalement "en retard", détournez pas le regard cher lecteur et ne vous offusquez pas parce que vos origines de pays colonisateurs et ses conséquences sur votre héritage se sentent à des kilomètres, bref avec son histoires persos et nos a-priori le monsieur va tenir un discours à contre courant du "bon sens populaire".


Surtout si en même temps, par culpabilité de post-colonialiste encore ou d' autres choses, ils vous arrivent de rechercher une quelconque authenticité dans les musiques folkloriques venue d' ailleurs. Ce bizarre truc d' un besoin d "exotisme" qui cache une culpabilité. Comme d'autres la recherchent débilement dans le garage rock, l' indie des 90's ou le rock de manière générale. Bref toute forme musicale du passé. Il va sérieusement vous ébranler le Koosha avec ceci:


"Mais même si nous fusionnions complètement avec la technologie au cours des cinquante prochaines années, je pense que nous serons toujours essentiellement les mêmes êtres humains ."


Boum badaboum !

La dernière fois où nous avons entendu sortir de la bouche d'un musicien une déclaration aussi claire et net en faveur d'une approche de la technologie, un parti pris aussi optimiste et lucide, c' était dans celles d'une Holly Herndon et d' un Daniel Lopatin (OPN). Bref deux génies. On peut aussi percevoir ces pensées moins apeurées face à l'ordinateur chez des types comme MESH, Lotic, Logos etc etc.


Le type n'a pas peur du méchant ordinateur et encore moins du futur. La musique pratiquée par tous les noms cités plus haut peut certes apparaître lugubre, étouffante, frileuse, pessimiste et angoissante mais en même temps le processus créatif, les idées qui ont poussé leurs auteurs, sont tout le contraires. Optimisme, volonté d' aller de l' avant donc vers le futur, enthousiasme de ceux qui découvrent, goût prononcé pour l'inédit. La quete de la nouveauté absolue. Une irrépressible envie de trouver de nouveaux sons. Une envie trop longtemps remplacée par celle de RE-trouver un vieux son.

Ash Koosha se dit futuriste et être autant attiré par la technologie que la nature.

Que fait Koosha? Il récupère une quantité faramineuse de sons multiples et variés. Des samples de musiques orientales ou plus actuelles, des sons de la nature (field recording) ou bien ses propres expérimentations. A force de compressage il transforme les percus ou les voix (coucou Herndon). Les rend quasiment inidentifiable. Si chez Oneohtrix Point Never ou chez Ferraro l' origine du son tiens un rôle important dans la compréhension du titre chez Koosha c'est différent, tout ce travail de sape à coup de marteau informatique la place en arrière plan.


Mais le miracle Koosha fait que, même si on frôle l' agression de l' abstraction encore plus que son premier album "Guud", le bonhomme invente une sorte de post-club mélodique très accessible. Du M.E.S.H. ou du Brood Ma "pop". Cet exercice pourrait vite ressembler à une vulgarisation trop rapide du nouveau vocabulaire musicale qui émerge ces derniers mois au travers des artistes cités mais encore une fois l' iraniens fait mouche. "IAkaI" rend plus audible à la majorité cette "nouvelle musique" sans tromper son monde.


Ash Koosha passe son temps à appréhender les rapport entre l'humain/la nature et la technologie. A les réconcilier. Sa musique au bout du compte, malgré son origine hyper technologique, apparaît comme l'une des plus humaines de l' époque. A contrario de certaines se revendiquant "authentique" mais étant devenu les dignes représentantes d'un monde définitivement perdus dans le passé et d'une pensée réac et peureuse.



PS:

Il m'est impossible de ne pas vous épargner cette tuerie qu' est le "Daze" de Brood Ma paru en début d' année chez les grands Tri Angle.




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