Doit-on encore présenter Christian Fennesz? Le pape incontesté de l' ambiant glitch au cours des 00's. L' auteur de ces deux monuments que sont "Endless Summer" et "Venice". On peut rajouter "Black Sea" sorti en 2008 qui clotura une décennie majestueuse. Sans parler de ses travaux fréquant avec Ryuchi Sakamoto ou parfois des gens de mondes éloignés comme Sparklhorse du regretté Mark Linkous pour son dernier cadeau à l' humanité. Le déchirant In The Fishtank 15 Fennesz revient en solo après "Bécs" paru en 2014 et autant vous le dire tout de suite. Il a retrouvé l' état de grace des 00's après des 10's en dent de scie. Fennesz c' est dans mon esprit le pote mélancolique des Aphex Twins et Autechre. Celui qui nous a sauvé pendant la pathétique décennie du revival avec sa quête de paysage sonores inédits qui puisaient leurs origines et ambiances dans ce que les 90's et 80's avaient fait de mieux. La rencontre de la rêverie et du bruit du Shoegaze. De l' expérimentation électronique, informatique et ses bugs, avec les vieilles guitares. Ce genre de type ,très rares à l' époque et tout autant aujourd ' hui, aux allures de Dandy rock/pop qui fréquentait les dancefloors et l' expérimentation la plus obtue et moderne. Un David Sylvian perdu chez WARP. Le mec nourri par la pop, l' indie, le rock et qui n' a eut de cesse de reproduire les émotions du fan qu' il était mais avec tout autres techniques. Recherchez par exemple ses relectures des Beach Boys ou de A-Ha et vous comprendrez que le terme de niche stylistique est à bannir dans l' histoire de Fennesz. "Agora" semble à la fois un retour aux sources et un bond en avant. Bond en avant parce que franchement depuis 2008 l' autrichien semblait marquer le pas. Les trouvailles et le talent étaient toujours là mais une certaine folie douce et étrange avait disparu. Elle est revenue. Retour aux sources par la façon qu' il a été fabriqué. Fennesz explique qu' il a perdu son studio et qu' il s' est retrouvé 20 ans en arrière avec ce qu' il lui restait. Trois fois rien. Sa guitares, deux ou trois bidules électroniques et un ordinateur pour malaxer tout ça. Et surtout une vieille habitude, l' écoute et la composition au casque, seul, dans une chambre. Tout ce qui fait que ce disque est un prodigieux retour en grace est écrit dans la phrase précédente et peut se résumer en un titre présent sur le disque, "In My Room". Titre ô combien symbolique dans la culture pop musicale. Comme jadis avec le petit Brian Wilson et par la suite tant et tant d' ado, c' est peut être bien la pièce la plus propice à l' imagination. Laissons de côté l' aspect coquin que certains devenus uniquement libidineux n' y voient uniquement. Revenons entre éternel enfants rêveurs. Dans "Agoria" les drones de Fennesz semblent être les draps du lit de l' enfant dans lequel il se calfeutre et imagine un monde merveilleux dont ne sont visible de l' extérieur par les plis que les plus hautes montagnes et collines. Les plaines et les recoins aux mille et une merveilles sont cachés. On perçoit donc en premier le statisme des drones puis des effets glicth réactualisés sculpent le bruit. Petit à petit c' est bel et bien tout un environnement inédit et magique qui est peint par Fennesz avec méticulosité. Chaque détail a son importance dans un enchevêtrement de forces qui nous titillent les sens tout azimut. C 'est une musique à la fois imposante par son aspect de mille feuille mais aussi rafinée comme tojours chez lui. Et le lit de l' enfant auditeur symbole d' intimité et de calfeutrage dévoilent une immensité inenvisageable.
Fennesz est donc revenu à ses origines tout en injectant l' expérience acquises au fil des années et nous offre assurément l' un des plus beaux rêve ambient de l' année en cours. Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire pour fuire ce triste monde d' adulte. Toujours la même chose depuis votre plus tendre enfance et vos moments solitaire d' ado amoureux de musique. Votre chambre fermée à double tour, votre lit, l' obscurité, un casque et la musique de Fennesz.