Par ici on ne vous a pas fait le coup de la J-Pop. Si on aime la pop sans se pincer le nez tel un garagiste neuneu à œillères on ne va pas pour autant remplacer ouverture d' esprit et besoin de fuir le conformisme anglo-saxon par une envie facile et ambiguë d' exotisme. Un désir d' exotisme franchement putassier et pervers utilisé souvent par certains critiques enlisé jusqu' aux oreilles dans la nostalgie-gaga et les déguisements sociétaux et culturels. Au risque parfois d' enjoliver une musique variétoche bas de gamme et faussement "fraîche". Le groupe dont il va être question c' est du solide. Pas du gnan-gnan pour geek niais. Ça a le goût du Canadry Dry version à la fraise pour fifille. Ça a le goût, l' apparence, l' emballage mais à l' intérieur c' est bel et bien de l' alcool fort coupé à de l' acide. Un truc à vous retourner la tête et ses a-priori et voir la vie rose. A espérer plutot qu' à s' anesthésier la cervelle. Chai est un quatuor japonais de Nagoya qui a commencé à faire vraiment parler de lui depuis 2 ans, date de l' un premier album "Pink". Contrairement aux niaiserie J-Pop et l' historique indie de leur nation Chai évite deux travers.
Le premier, elles ont un sacré savoir historique et ce dans bien des styles musicaux. Très grande diversité. Si il faut trouver un squelette on parlera d' un goût affirmé pour la Dance-Punk des Lizzy Mercier Descloux et autres Liquid Liquid (surtout sur "Pink") mais dans une version postérieure aux relectures indies de la New Rave. Reliquat d' un probable amour adolescent de ces filles pour Cancei De Ser Sexy, Klaxons ou les indolores Datarock. Si il faut imaginer les changements survenus depuis "Pink" et la montée en puissance de leur compétences en décrassage d' oreilles l' effet que Chai provoque peut s' imaginer tel des Crystal Castles en mode pop ou Late Of Pier en moins électronica. De plus elles ne sont pas restées enfermées dans l' underground et leur velléités pop/commerciale reluquent sur les succès commerciaux de Gorillaz ou de NERD du dorénavant devenu affreux, Pharrell Williams. En parlant de Pharrell Williams on peut aborder à présent le deuxième travers évité par les Chai. Le revival facile. Et oui, Pharrelle Williams n' aura fait que ça en définitive, en solo comme avec les papys nostalgico-gaga de disco que sont les vieux Daft Punk. Comme d' habitude l' une des recettes employée est la diversité des influences et leur réappropriation franchement originale. Chai ressemble à un groupe de garage rock qui n' hésite pas à jouer du synthé et ne reste pas le cul posé dans son garage fétide propice à un entre-soi nauséabond. Chai offre donc une originalité qui défie un petit peu l' art japonais et musicale de la relecture sâge des oeuvres des maîtres du passé. Spécificité japonaise qui consiste à d' abord savoir imiter à la perfection les illustres aînés puis après, trouver son propre chemin et enfin faire ressortir son identité propre. Les Chai affirment clairement leur différence là où un moribond James Murphy ne fait que singer de plus en plus grossièrement depuis 10 ans. Et en plus le gros Murphy est même pas japonais! Mais avant de poursuivre une description purement musicale il faut aborder ce que cache leur pop javellisée à l'underground du passé. Et oui parce que là se niche l' autre secret permettant aux Chai de ne pas tomber dans le revival nostalgico-gaga bas du front des garagistes ou autres. Je vous ai prévenu, pas de J-Pop niaise ici. Pas de Girls band gentillet monté de toute pièce avec grand renfort de rats de studio. Parfois je me demande d' ailleurs si certains groupes indie à guitares tellement interchangeable ne partagent pas plus de traits communs avec les Spice Girls qu' avec ceux dont ils se réclament. A vérifier à la Route du Rock 2019 où à Primavera pour les courageux. Revenons à l' Asie. Souvent derrière les formations japonaise encensées par une presse aux aboies en quête de cheval de Troie en matière d' ouverture d' esprit exotique il y a un conformisme et une vision misogyne franchement inexcusable. Vous voyez j' espère ce que je tente de décrire. Ces bidules tellement too much et mimi mais qui dévoile une espèce de fétichisme aux relents vraiment nauséabonds comme la culture nippone peut parfois en être porteuse. Les Chai le disent haut et fort. Ce qu' elles détestent c' est la culture Kawaii. Ce goût du mignon qui cache/gâche tout une partie de la culture populaire japonaise. Elles annoncent vouloir faire du Néo-Kawaii et préférer plus que tout une certaine forme d' individualisme et d' indépendance aux relents de patriarcat conformiste du Kawaii originel. Pour casser un système ou une mode rien de mieux que l'infiltration afin de le foutre en l' air de l'intérieur. Les Chai détournent les codes en leur faisant subir un gavage de maximalisme typiquement underground. Les voix deviennent exagérément stridentes jusqu' à en décaper leur bagage bubblegum Pop 80's et 90's. Ecouter le récent et vicieusement intitulé "Punk" par rapport à ses fortes senteurs pop perverties rappelle au vieux cons que je suis une sensation similaire ressentie dans les 90's, la claque Maximaliste rock-pop des Supergrass. C 'est exubérant jusqu' à en devenir pervers et ici, c 'est dans le bon sens. On est loin d' un maquillage "indie" "rock" ou post punk occasionné par un producteur de variétoche malhonnête. Dans cette quête de l' accroche pop tout en affichant clairement ses habitus et origines indie, tenter de taper l' incruste dans les charts de tout poil, un petit truc clairement Britpop. La Britpop fut énorme aux japons. Bien plus que par chez nous jusqu' à en propulser sa version passéiste niponne au haut des charts nationaux, Cornelius. Mais si je pouvais continuer les rapprochement entre Chai et leurs illustres aînés compatriotes jusqu' à citer Pizzicato Five en plus de Cornelius je me dois de vous affirmer clairement ma préférence pour les filles de Chai. Chai n' est pas une lubie ou un passe temps trop mimi. Il y a quelque chose de vraiment profond et contestataire dans leur musique et l' auditeur ne doit pas rester bloqué sur leurs tenues de scène identiques et leurs chorégraphies tellement clichés. Chai vient de nous offrir en à peine 10 titres jouissifs et vindicatifs le plus parfait des disques d' indie pop printanier pour la saison 201-2019. Voir plus. Un miracle tellement les dernières réussites en la matières sont rares. Peut être citons Let's Eat Grandma récemment tout comme The Go! Team pour les 00's et Supergrass pour les 90's.