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Nico

DEMDIKE STARE, dancefloor asymétrique.(Et hommage à deux héros et l' histoire de leur Manchester


C' est sans crier gare que vient de nous tomber dessus un double ep en provenance de la plus grande formation de Manchester de ces 30 dernières années. A noter pour ceux qui ne savent pas, quand on dit "plus grande formation de Manchester" c' est déjà un petit peu comme dire du "monde entier" tant cette ville a influencé le globe par des dizaines de disques révolutionnaires, des modes de vies (culture dancefloor) et sa pelleté d' artistes géniaux qui ont systématiquement changer la donne depuis plus d' un quart de siècle. Les lecteurs assidus auront compris que la formation en question n' est autre que Demdike Stare. Il s' est écoulé deux ans depuis leur merveilleux "Wonderland" qui les avait vu certes recevoir un plus grand éclairage médiatique et un plus important succès critique mais franchement pas encore à la mesure de leur talent gigantesque. Ici on a pas attendu le troupeau de moutons médiatiques. Classé 5ème du top annuel "Wonderland" succédait à leur série de single prodigieux "Testpressing" qui leur avait valu la première place du top 2014. Depuis les Testpressing ont été regroupés dans une compilation qui partagent avec leur autre monstrueuse compilation "Tryptych" la deuxième place du top des 5 ans du blog (par là). Bref, Demdike Stare c' est du très lourd, les Autechre ou Aphex Twin de la décennie.

Depuis 2016 ils n' ont pas chômé les deux gars. Entre un travail d' archéologues sonores pour le GRM (Groupement de Recherches Musicales) sous l' égide de l' INA (ici) , la création de leur label DDS avec des tueries comme les deux albums d' Equiknoxx (voir ici), ceux de Shinichi Atobe et des ep de Mica Lévi avec ou sans Tirzah. Sans parler de leur collaboration avec le légendaire collectif italien Il Gruppo Di Improvisazione Nuova Consonanza. Et ne parlons pas de leurs mixtapes réussies tel "Circulation" ou celle pour Fadder (ici). Que pouvaient-ils bien encore nous offrir Sean Canty et Miles Whittaker? Quelle voie inconnue allaient-ils prendre ces indécrottables expérimentateurs? Et bien l' écoute de "Passion" éclaire très vite les interrogations. Ils poursuivent leur chemin tracé depuis les essentiels Testpressing. L' explosion des frontières entre la crudité urbaine et l' imagination débridée, l' expérimentation et les cultures Pop et Dancefloor de tous les pays. Une nouvelle fois avec les Demdike Stare le mot Avant-Garde n' est pas fatalement synonyme d' ennuie et d' imperméabilité mais se marie parfaitement avec l' hédonisme des dancefloors. A condition bien sûr de reconnaître que peut être, les meilleurs et les plus innovantes des musiques de danse sont celles qui font bouger le corps de manière ...anormale. La Demdike Stare "Touch" , qui tient souvent en une forte senteur d' occultisme se dégageant d' un très gros travail de déconstruction et de réinterprétation de "vieux" styles ou courants, est une nouvelle fois à son apogée. Le premier titre "New fakes" débute comme un drone planant parfait pour un film de science fiction puis devient une espèce de Weightless Grime en provenance d' une autre dimension que celle traversée par Logos et compagnie. "At it Again" malaxe tel une coction machiavélique et hallucinogène le Hardcore, la Jungle et la Noise, "Know Where To Start" fait muter le grime d' une manière totalement ensorcelante. Le reste du temps on semble se retrouver en territoire connu jusqu' à ce que le sol se retourne vous emportant dans les bas fonds du laboratoire des deux sorciers. Leur passion avérée par la signature des Equiknoxx sur leur label et déjà présente sur "Wonderland" pour la culture Dancehall et ses riddims se voit percutée et hachée par leurs héritages Post-punk et électro mancunien. "Spitting Brass" est une sorte de riddim virant acide par instant puis New Wave juste après. Du glorieux passé de leur ville on en reparlera à la fin de la chronique mais avant cela on pourra encore évoquer et bénir la large palette stylistique des deux gugus et leurs immenses connaissances historiques. Tout le passé des dancefloors britanniques se retrouve remis au goût du jour mais d' une manière fondamentalement désordonnée et imprévisible participant ainsi à un vrai travail de réinvention. Très étrangement, alors que les Testpressing ne brillaient pas par leur accessibilité, "Passion" qui provient des mêmes méthodologies se révèle être leur disque le plus facile. Le plus linéaire. Mais à aucun moment leur musique ne perd ses aspects foufous, déraisonnables et radicaux. Les breakbeats Jungle se confrontent aux mêmes rythmiques martiaux croisés sur les légendaires "Frontin'" ou "Past Majesty". Alors qu' étonnamment les Demdike Stare n' ont que très rarement été associés par leurs gènes indus à la vague Deconstructed-Club ou Post-Club ou à d' autres artiste tel Oneohtrix Point Never aux sonorités cristallines hyper modernes, des titres comme "Caps Have Gone" ou "Know where To Start" ne jureraient pas dans un mix entre un Amnésia Scanner et un Rabit, ou encore parmi une sélection de Fractal Fantasy (Sinjin Hawkes & Zora Jones). "Passion" va encore marquer les esprits et comme ses prédécesseurs vite devenir le grimoire essentiel pour les sorciers musicaux du futur. En à peine 9 titres la carte des territoires inconnus explorés par les mancuniens s' est encore agrandie. Les huits premiers titres sont bel et bien dévastateurs et bousculent sans cesse le passé et les certitudes. Se réapproprient les leçons de l' histoire avec maîtrise pour mieux les pervertir et ce, sans aucune retenue. L' auditeur même le plus aguerri et fin connaisseur en sort totalement lessivé, déboussolé et sans plus aucunes certitudes face à ces tueries pour dancefloor du future. Assommé il ne devra surtout pas oublier de lire le dernier chapitre du grimoire. Il contient une dernière recette de sorcellerie mais celle-ci se contentera juste de réinterpréter avec respect une autre bien plus ancienne crée autrefois sur les terres des Demdike Stare et qui aura le don certainement d' en émouvoir plus d' en leur rappelant les souvenirs glorieux de cette satanée ville de Manchester. Un étonnant dernier titre calme que ce "Dilation" qui cloture le disque et que l'on peut décrire comme de l' ambient hantée faite avec des synthés venu de la nuit des temps. A force d' incantations occultes les Demdike Stare ont réussir à faire revenir dans notre mondes deux esprits géniales longtemps disparus. "Dilation" peut être vu comme une sorte de clin d' oeil signifiant que la boucle vient d' être bouclée et l' auditeur n' aura plus qu' une envie ensuite. Ecouter un de ces vieux titres mancuniens symbolique du moment où toute cette foutu histoire débuta. Un dénommé Ian au chant et un Martin derrière les manettes du studio. "Atmosphere".

Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule Demdike Stare longtemps absent voit pratiquement tout son catalogue disponible sur Spotify.


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