Elle revient! Si vous avez le début de l' histoire d' amour de ce blog pour cette fille originaire du Zimbabwe jetez-vous sur le premier article la concernant (par ici).Farai vient d' annoncer la future sortie de son premier album intitulé "Rebirth" et pour fêter ça elle vient de nous offrir un glaçant single en amuse-gueule. Toujours accompagné de l' artiste pluri-disciplinaire Tone la jeune fille frappe fort une nouvelle fois. Les synthés sont toujours aussi flippants et puissants. Quant à sa voix, ce cri d' humanité devrais-je dire, tonitruante et railleuse à souhait. La philosophie sincère et spontanée du post-punk originel tutoie son vécu d' enfant de la diaspora africaine. Même si elle a quitté le giron NON Worlwide tant défendu ici ce diamant brut déniché par Chino Amobi emporte avec elle tout ce qui fait la particularité de ce collectif/label chez la filiale Big Data de Ninja Tune parmi ses grands noms comme Roots Manuva, Spank Rock, Visionist, Zombi et Young Fathers. Ici c' est résolument d'un certain post-punk pure des origines et non caricatural qu' il s' agit tant les deux artistes en dévoile l' une des caractéristique principale en opérant un important brassage d' éléments provenant de multiples cultures et qui plus est à forte connotation sociétale et politique. Si Shame et Idles nous parlent de l' Angleterre blanche dévastée après près de 40 années de néolibéralisme avec leur bagages punk/rock reposant sur les grosses guitares, Farai s' attaque à l' autre Angleterre, celle du multiculturaliste et de l' ère électronique et synthpop . Sur les deux titres du single elle délivre un parfait exercice d' observation sociétale avec un regard acéré teinté d'un humour décapant et d'une fureur digne des plus beaux actes punk. Un an et demi après son grandiose ep "Kisswell" elle n' a rien perdu de ses aspect chaleureux et enthousiastes. Elle vous prend toujours aux tripes par sa force et ce malgré une cure certaine du côté de la musique. "This is England" (certainement une référence au film culte devenu série qui lui aussi était un hommage à un titre des Clash) se démarque de Kisswell par son apparence dépouillée avec sa rythmique martiale et son synthé radicalement angoissants à force d' être déformé . Dans cette chanson elle s' adresse sans détours à Thérésa May depuis les quartiers Sud/Est londoniens et décrit parfaitement la dystopie contemporaine qui est son quotidien. "Punk Champagne" apparaît face à "This is England" un poil plus aimable mais ne vous y fiez pas. Si il parait plus coulant et fluide ce titre ne fait pas dans le tout-venant et vous agrippera tout autant. Une nouvelle fois, et ce coup-ci la chronologie est impeccable, Farai va rappeler à beaucoup la New Wave métissée du grand "Mezzanine" de qui vous savez.
Si le prochain "Rebirth" est du même acabit que le single alors l' évidence et les grands espoirs placés en elle deviendront réalité. Le renouveau du post-punk britannique aura trouvé sa reine.
Plus l' immanquable Kisswell et The Sinner sur la déjà légendaire première compile NON Worldwide