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DANCING
WITH
THE
NOISE

Nico

TIM HECKER, les crissements célestes.


Souvent la rencontre avec la musique de Tim Hecker s' apparente à de la souffrance. Beaucoup n' y ont pas résisté. Pourtant derrière l' agression sonore c' est une sorte d' expérience céleste qui est offerte aux plus courageux. Cet aspect était clairement visible sur le dernier album du canadien, "Love Streams". Hecker toujours en quête de renouvellement était parti en Islande travailler avec des chorales du cru. Une étrange lumière tel celle traversant les vitraux des église semblait avoir frappé sa musique. Deux ans plus tard la même lumière réapparaît sur "Konoyo" et cette fois elle n' aveugle plus Hecker qui retrouve ainsi la force et la maîtrise de ses grands classique "Ravedeath 1972" et "Virgins". Comme le titre l' indique Hecker a quitté l' occident pour l'orient mais n' a pas pour autant abandonné les techniques utilisées en Islande. Plutot que les choeurs des églises il s' est acoquiné avec l' ensemble Tokyo Gakuso, un orchestre spécialisé dans la musique traditionnelle japonaise, le Gagaku. Il poursuit son travail de confrontation d'une spiritualité ancestrale rencontrant la dystopie et le modernisme contemporain. Par ses choix judicieux les samples d' éléments acoustiques qu' il enregistre, synthétise puis manipule, contredisent les caricatures du zen japonais qui dominent nos visions occidentales. Les grincements de cordes et leur pincement prennent une toute autre ampleur et puissance en évacuant l' apparence statique et inactif du zen. Il faut mener une sacré bataille avec son esprit pour pouvoir s' élever. Parti de l' ambiant et du Glitch Hecker s' est concentré depuis longtemps sur l' art du drone au point d' en maîtriser tous les aspects. "Konoyo" marque dans un sens un retour au source rafraîchissant pour l' art dronesque ambiant. L' un pape du genre, La Monte Young n' a jamais caché l' influence et le poids du Gakuso sur ses oeuvres. Et Hecker prouve une nouvelle fois la capacité des drones ont à la fois à apaiser par la consonance comme engendrer le malaise et la critique puis le réveil et le passage à l' acte par la dissonance. Le premier titre du disque est trompeur avec ses cordes qui vous agressent immédiatement et son semblant de claustrophobie. Hecker semble revenir à la violence, l' étouffement et l' intransigeance de "Ravendeath 1972" mais par la suite on s' aperçoit du chemin parcouru. "Konoyo" entre les moments rêveurs teinté de zénitude et ceux plus violents et remuants offre une diversité et une ouverture d' esprit dont "Love Streams" semble manquer depuis sa sortie malgré un trait commun. Ce trait commun c' est La lumière qui laissait entrevoir à l' auditeur/spectateur un espace insoupçonné et un mouvement invisible dans la musique d' Hecker auparavant. Celui que l'on croyait spécialisé dans le huis-clos devient un grand metteur en scène pour fresques poètico-religio-historico-philisophiques à la Terrence Malick. Tim Hecker semble lui aussi conscient du long voyage artistique qu'il entreprit à ses débuts. Nous avons l' impression curieuse de voir un type qui ne cesse d' aller dans son passé pour confronter ce qu' il en a appris et construit à ses dernières expériences et d' autres univers bien éloignés. Un peu à l' image d'un Japon capable d' effacer en un instant toute trace de son passé pour vénérer une modernité pas toujours synonyme d'un réel progrès pour mieux y revenir il semble que Tim Hecker nous parle plus particulièrement des rêves offerts par l' idée de mondialisation dans le passé. "Konoyo" évoque le fossé qui existe dorénavant avec la triste réalité et le rêve mondialiste salopé par le capitalisme tout en nous poussant à dépasser les aspects négatifs pour améliorer les positifs. Neuvième album et nouvelle réussite. Encore une fois les musiques expérimentales nommées bêtement comme "savantes" et perçues comme intimidante aux yeux des fans timorés de musiques "moins complexes"(indie, garage, électro dansante) dévoilent leurs aptitudes à capter notre époques et à nous donner la force d' y croire encore.


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