L' un des artistes majeurs de la Deconstructed-Club ou Post-Club (voir par là) revient un an à peine après "Les fleurs du Mal" (voir ici). Troisième "vrai" album et troisième virage artistique. Peut être le plus réussi et abouti depuis les débuts d' une carrière déjà essentielle pour quiconque veut savoir de quoi le futur musical sera fait.
Que pouvait-il bien faire Eric C Burton après "Communion" et la confrontation entre l' Indus expérimentale et les mouvements issus du Grime? Quelle trajectoire prendre une fois son "Les Fleurs du mal" paru avec son abstraction et son minimalisme forcené à force d' intense déconstruction de l' électro? Son parcours jusqu' à présent pouvait se résumer à la quête d'une dystopie toujours plus puissante, un désir de revenir à des choses plus primaires et élémentaires tout en adoptant la double posture d' un historiens expérimentateur . "Life after Death " est bel et bien un nouveau tournant dans la carrière de l' américain. Quoi de plus normal pour ce chantre de la Deconstructed-club, un genre qui a pour dogme de jamais faire du surplace et de ne cesser de réinventer.
Rabit dit qu' il n' est pas satisfait quand il écoute de la musique censée se référer à l' occultisme, domaine qu' il semble de plus en plus apprécier. Il raconte aussi que "la recherche et la révision de genres dans la musique électronique étaient fétichistes et contraignantes et n’étaient pas le meilleur moyen pour moi de communiquer". En fait il semble avoir abandonner sa carrière de fossoyeur du passé et de réinventeur pour celle d' alchimiste du son. Ce qui n' était qu' une simple expérimentation sur des bases historiques devient effectivement un vrai travail spirituel et alchimiste sur le son en lui même et les styles musicaux. Il va plus loin dans l' expérimentation en surchargeant d' ingrédients qu 'il a réduit à la plus infime des particules à force de manipulations.
La rythmique semble atteinte d' instabilité chronique et le bon vieux 4/4 passe à la moulinette. Les dancefloors des débuts sont très loin dorénavant. Les motifs incantatoires deviennent une habitude tout comme l' intrusion de bruits dans ses collages sonores. Une nouvelle fois la passion de Rabit pour les légendaires COIL se justifie même si le goût pour l' occultisme qu' il partagent avec les anglais se drape d' hypermodernisme et de futurisme numérique par les bruits qu' il injecte. Autre influence qui a aussi un rôle majeur dans la créativité de Rabit ce sont les techniques de Djing Chopped & Screwed du légendaire Dj Screw. Rabit nous d' ailleurs offert récemment deux mixtapes rendant hommage à cette technique. Les caractéristiques du genre qui sont un ralentissement du rythme, la répétition de certains passages et le rajout de scratch et d' effets sont encore plus flagrant sur "Life after Death". La musique de Rabit en devient plus psychédélique et introspective sans rien perdre de sa noirceur.
Rabit délivre un psychédélisme que l'on peut franchement traiter à la fois de hanté et de subtil. Une sorte de musique kaléidoscopique théorisée. La parfaite bande-son pour ce monde qui semble s' effondrer un peu plus chaque jour. L' emploi des musiques de films d' actions comme celui des illustrations sonores des jeux vidéos amplifie la volonté de dramatisation et d' atteindre une forme nouvelle d' onirisme puissant. Alors qu 'une voix nous annonce la fin du monde prochaine ou la venue sur terre d'un futur Hitler l' américain dissèque et analyse les diverses mutations des relations humaines afin d' y déceler le moindre motif d' espoir pour l' avenir. Après avoir flirter avec le Grime Weightless et le dancefloor européen surtout anglais, Rabit semble revenir plus près des territoires foulés par ses comparses américains des débuts, Chino Amobi et surtout Elysia Crampton. Comme chez la dernière le psychédélisme se réinvente chez Rabit en empruntant autant à la modernité technologique qu' à l' occultisme et les cultures ancestrales.
Chopped & Screwed tribute à Dj Screw et son Ses deux mixtapes