Alors que certains s'engouffrent dans les profondeurs du passé en quête d' inspiration et s'y perdent, d' autres réussissent à délivrer un vague machin à la fois rétro et...original. Les manières de faire peuvent être multiples et variées mais si une se distingue c' est l' hybridation de deux genres anciens par le danger qu' elle comporte justement. Se dire, je vais prendre de ceci et mélanger avec cela parce que cela n' a jamais été fait et ça va le faire grâve peut se révéler totalement artificiel. Channel Tres passe au travers des cafouillages des uns et des maquillages trop voyant des autres. Elevé au son du funk et de la Soul de sa grande mémé, du jazz de son grand pépé et enfin du G-funk 90's de sa maman le petit a été plus malin que se vautrer dans un collage facile mais franchement risqué. Il lui manquait la clé entre ces différents courants afin d' éviter de mettre bout à bout toutes ces influences sans réellement de liant. Suffisait de regarder la frise historique musicale de son pays. Le petit machin si petit la-bas en terme de succès populaire, surtout face à celui des Snoop Doggy Dog et Doctor Dre et leur G-Funk, et si grand par son poids historique en Europe. L' illumination lui est venu en écoutant un titre du gentillet mais parfois franchement nunuche, Drake. Le canadien y avait glissé un sample de Moodymann l' un des champions incontestés de la Deep House, cette House devenue pépère par ses BPM ralentis. Sur son premier ep éponyme la délicieuse et hypnotique voix grave de Channel Tres débite son héritage hip hop/G-Funk californien en plein milieu des dancefloors dorés de la grande époque House de Chicago et Detroit. Un Snoop Doggy Dog toujours cool mais exposant plus facilement sa fragilité blablate sur un Mr Fingers assuré. Plus les titres défilent et plus l' amour récent de Tres pour la House semble prendre le dessus et effectuer ainsi le classique pèlerinage initiatique allant de Chicago vers Détroit que tout bon apôtre de la culture Dancefloor doit effectuer une fois dans sa vie. Souvent tenté par le passé la petite recette de Channel Tres semble réussir entre les mains de ce producteurs qui avait déjà bossé avec des cadors. En attendant de savoir si ça tiendra sur la longueur d'un album dégustons cette petite hybridation un brin passéiste.