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DANCING
WITH
THE
NOISE

Trish Keenan, Broadcast

FEVER RAY, sexe & politique.


Je n' espérais plus grand chose de Karin Dreijer aka Fever Ray tant je m' étais résolu à considérer son projet solo comme un geste sans suite. Mais bon dieu, quel geste! Que ce soit avec The Knife (et donc son frangin) ou en solo avec son album éponyme de 2009 (très bonne année) il est devenu clair aux fils des années que les deux faces de sa carrière ont changé beaucoup de chose dont on peine encore à mesurer l' étendue des conséquence sur l' ensemble de la production musicale. Il faut faire l' effort de se remettre dans le zeitgeist des 00's rétrogaga pour comprendre à quel point elle et son frère ont participé à changer la donne. Peut être moins frontalement qu' un Burial à première vue mais d'une certaine manière tout autant vicieusement qu' un John Maus ou Ariel Pink. Si tout leurs fans n' ont pas eu la même lecture une petite partie avait compris qu' ils étaient une porte de sortie à la mélasse ambiante plutot qu' un énième exercice revivaliste. Avec les trois noms cités et sans réellement offrir une radicale nouveauté sonore Karin Dreijer nous a au moins donné le machin qui manquait tant face à tous les revivals déjà omniprésent. L' étrange. Une anormalité salvatrice anti-routine et ronronnement rétro. La marche avant était réenclenchée et prenait l' apparence d' un chamanisme nordique venu de la nuit des temps teinté de technologie futuriste. Comme les autres il y avait bien quelque chose de déjà entendu avec leur synth-pop so 80's mais via le brassage des influence et leur tradition gothique scandinave nous découvrions des territoires inconnus. Après des années de revival rock et post-punk facile et chaleureux le son de sa voix semblant venir des tréfonds à grand coup de filtrage faisait entrer une rigueur glaciale revigorante. Le malaise, le dark, redevenaient une alternative. La trilogie de Cure remise au goût du jour sans les clichés guitaristiques à la Interpol. C' est par elle que le souvenir des Cocteau Twins allait réapparaître dans les chroniques et chez bon nombres d' artistes. Mais Fever Ray dépassait bien largement la niche stylistique et culturelle 80's/"New Wave. La deuxième vague électro tendance IDM était passée par là. Aphex Twin, Autechre jusqu'à reluquer Boards Of Canada. "Plunge" vient de débarquer dans nos vie à l' improviste en fracassant tout sur son passage comme "Fever Ray" et même si le choc semble moins marquant qu'en 2009 ce dernier album va encore compter . Dreijer apparaît un peu moins comme une tête de pont brûtale tant le dark et le gothique sont redevenus monaie courante à qui s' en donne la peine mais aussi parce qu' elle délaisse les longues montées engourdies pour plus d' évidence et de rapidité à l'image de son phrasé. Je dirai qu' elle se "Depeche Moderise". En gros ça signifie que l'on va pouvoir faire chuter la température des piste de danse et des apéritif dinatoire sans faire fuir ou bayer aux corneilles les chochottes et autres fêtards. La suédoise réussit le tour de passe-passe d' être à la fois plus "pop dansant" et plus sérieuse et agressive. Pour cela elle se renouvelle via toutes les nouvelles formes de rythmiques apparues depuis 2009. La présence de la portugaise Nidia fait monter les beat à 160 dopés qu'ils sont par leurs origines kuduro et on entrappaercoit le spectre footworkien. Quand ce n' est pas sur le rythme Fever Ray modernise sa synth pop analogique par de subtile touche digitale et techno. Errorsmith et Mannerfeld (présent sur l' enregistrement) sont à cité tout comme l' autre avant garde tant aimé par ici, Arca ou le post internet de PC Music. Moderne musicalement "Plunge" l' est aussi en collant à l' air du temps contrairement à "Fever Ray". Si ce dernier préfigurait et mettait en garde face à l' aspect dystopique de notre présent "Plunge" est la phase suivante, le futur. "Au combat !" semble nous cracher à la gueule Dreijer tout au long des 11 titres. Acte politique avec pour arme l' intimité et la débauche. Cet album redonne au sexe un aspect politique et rédempteur. Après le dernier The Knife sur les même thèmes elle enfonce le clou. En ligne de mire de la suédoise le nucléaire, les anti avortement, la pollution. Ses référence? L' anarchisme et son auto-détermination. Comment elle s'y prend en musique ? Elle donne un élément de réponse quand par exemple elle explique : "La chanson est une prothèse qui s' étend comme un membre dans nos intestins pour sortir notre coeur à moitié digéré"


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