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LANARK ARTEFAX. Pépite d' idm moderne trouvée à Glasgow


Imaginez un type d' à peine 23 ans. Un très jeune musicien qui réside à... Glasgow! Le nom de la ville doit vous faire dresser l' oreille. Comme je l' écrivais récemment au sujet des Kelora issu du même bled certaines villes sont des phares en musique et donc Glasgow c'est comme Manchester, Bristol, New York ou Berlin. Tu guettes. Label de qualité certifié. Supposer que ce type sorte il y a un an un ep chez UIQ, label dirigé par ... Lee Gamble. Premier nom qui doit automatiquement faire dresser l'oreille encore plus pour tout bon fan d' électro aventureuse. Pour toute bonne tête chercheuse du futur. Et en plus...il se dit fan total ...d' Oneohtrix Point Never etd' Arca!!! Deux des artistes les plus importants de la décennie.

Ca part bien me direz-vous? Attendez la suite. Représentez-vous à l'esprit ce que doit signifier le fait que moins d'un an après son premier ep et alors que parait à peine son deuxième (et même avant pour le dernier nom), tentez que dis-je de rentrer dans votre esprit que ses titres sont joués au cours de dj set en l'espace de quelques jours par... BJORK et ... APHEX TWIN. Vous avez compris. Stoppez tout.

Oubliez le futur LCD Soundsystem reluquant comme d' habitude le passé, oubliez l' état pathétique de la scène à guitare indie en voie de sénélité, les dj set kilométriques qui n' effrayeraient même pas votre grand mère, oubliez tout sauf vos plus beaux souvenirs de musiques courageuses, aventureuses, venues de nulle part et embrasant tout sur son passage. Votre cerveau comme votre corps. Je vous fais le pari que ce jeune artiste dont il va être question va signer chez WARP et que très bientôt pour se la péter son nom sera sur toutes les bouches. Celles des passionnés comme celles des plus indécrottables snob, élitistes, arrivistes, hipsters à la mort-moi le noeud, de Londres à New York, de Paris à Limoges. Calum Mac Rae aka Lanark Artefax est ce jeune type qui affole tous les radars depuis quelques semaines. Celui qui tire sublimement un trait d'union entre le passé glorieux de l' électro expérimental (Warp) et son présent revigorant (OPN, Holly Herndon et Lee Gamble). Beaucoup parle à son sujet qu' il serait la tête de pont d'un pseudo revival IDM et d'y inclure Rian Treanor (déjà aperçu dans ce blog au sujet du footwork), Second Woman (auteur notamment d'un remix de Jlin hallucinant) et Minor Science (les deux derniers promettent aussi). Pseudo revival parce que quiconque s' aventurait à tenter le coup sans faire trop d' effort constaterait à ses dépends que "vouloir faire comme" Autechre, Aphex Twin ou Boards Of Canada relève de l'illogisme et de la stupidité la plus primaire. Vouloir faire 20 ans après à l' identique une musique comportant dans ses gènes l' ordre absolu d'innover est à éviter. Sauf si le but ultime n' est qu'une posture.

Mais en découvrant la musique d' Artefax on est forcé de constater des liens évidents et l'intéressé ne s' en cache pas. On ne remettra pas le couvert sur le débat inutile de l' appellation IDM, maladroite, détestée par les artistes justement pour la bonne raison qu'elle insinue un mépris pour les autres styles. Artefax raconte avoir passé sa jeunesse à écouter la musique de ses parents (un peu de tout mais surtout du punk) puis être fan vers 15 ans de ce qu'il nomme "shit indie". Relevons à cet instant que l'on connait actuellement un bon nombre de quadra qui sont encore loin du gamin en se vautrant dans un retour en arrière sous couvert de post-modernisme revendiqué . Macronisme version musique? Le mioche Artefax nous explique que la "Shit Indie" c' était avant. Avant sa découverte de "Drukqs" d' Aphex Twin.

Ensuite bien sûr plus rien ne sera comme avant. Bidouillage à base de 4/4 en solo ou accompagné, désir de connaissance en concourant au Conservatoire Royal de Glasgow puis refus d'y aller par crainte probablement d'y perdre sa liberté. A peu près à la même époque il se découvre une passion pour les bandes originales de film. Il voue depuis une haute estime à tous les arts en général et au rôle de la musique en la matière. Désir de confrontation de son art avec d'autres, on y revient plus tard mais il s' agit bien d'un autre signe devenu récurent chez les artistes contemporain qui compte. Ca l' a toujours été mais il semble que certaines musiques se soient coupées du monde. Qu' elles se cloître refusant secrètement toute évolution.

La découverte de Lee Gamble semble être selon l' écossais le deuxième déclic. On le comprend. Démos envoyée au toupet et immédiatement sortie du premier ep "Glasz". Première secousse.

"Glasz" sort en 2016 et on repère dès ce disque ce qui a pu rapprocher Gamble et Artefax. Les structures de musique de club y sont présentes mais d'une manière bien particulière. Délocalisées, dénaturées, trempées dans la science fiction dystopique et vaporisées pour offrir une réécriture originale et personnelle. De manière ébouriffante il concasse tout mais subrepticement nous découvrons que ces structures hachées s' apparentent au spectacle des bourgeons qui éclosent dans les documentaires de sciences naturelles. On hésite en permanence entre se laisser submerger par l' émotion procurée par ce spectacle et le magnétisme de la recherche du comment que c' est fait. Comme chez ses illustres aînés. Mais oublions les Aphex , Autechre et compagnie. Lanark Artefax n'est pas de leur époque et il a connu bien d' autres choses par son jeune âge. Absent chez les vieux on se prend en pleine face la culture Grime. Et pas que la première version, son renouveau aussi. Logos et Mumdance ou Visionnist ne sont pas loin. Le titre éponyme en est la preuve ultime. A d' autres moment cette IDM évoque fortement Holly Herndon et nous comprenons bien que ce disque a été fait à l' époque d'un Arca. Pas en 1997. Sorti ce printemps chez les têtes chercheuses de Whities Records le ep "Whities 011" confirme au delà des espérances. Non, on n' est pas dans une redite IDM facile et fatalement répétitive. Artefax est bien trop passionné, curieux, authentique et talentueux. Pas un cynique mais plutot quelqu'un qui y croit encore à l' art et fait preuve de respect. Loin des assemblages grossiers référentiels. De toute manière pouvait-il en être autrement avec un gamin qui sans faux-semblant analyse parfaitement notre époque, sa génération est selon lui "malade du post-modernisme" au point d' avoir peur de la sincérité et d' exprimer réellement son ressenti personnel. Et d'enfoncer le clou en parlant de révolutionnaires bacleurs et fainéants. Certes les quatre titres de "Whities 011" avec leurs rythmes étirés parsemés de convulsions stimulantes évoqueront une nouvelle fois Autechre. Mais par exemple les mélodies angéliques des synthés et les vocaux élargissent encore plus le spectre des influences. La jouissance pointilliste de Lorenzo Senni et les senteurs célestes de certains Oneohtrix Point Never. Il y a donc de l' optimisme dans ce dernier ep après la mélancolie de "Glasz" . De l' énergie aussi quand le maximalisme crunk d'un Rustie pointe à l'appel.

Une même passion pour l' abstraction et la déconstruction que celles des aînés coule dans les veines de l' écossais. Pour lui et d' autres si la musique abstraite au forme bizarres apparaît étrangère elle ressemble pourtant terriblement à l' émotion humaine jusqu' au point d' apporter aux courageux une clairvoyance intime. Jusqu' à une euphorie incompréhensible malheureusement à d' autres trop dépendant du divertissement facile. Certains parlent même d' empathie offerte par ces musiques. Tous les fans de noise, drone, IDM ou d' autres musiques jugées par d' autres comme "compliquées" ou du "bruit" comprendront. Pour lui la musique de club ne peut pas se permettre cela et le gamin afin d' expliquer ses choix de citer John Cage "Tout est échos de rien". Par exemple il explique très bien à quel point les voix synthétiques lui apparaissent plus humaines dans un sens que les "vraies voix humaines". Holly Herndon appréciera certainement. Malgré ses propos sur les limites de la musique pour club son "Touch Absence" y a toute sa place et remplie en même temps les objectifs de figuration d' émotions et pensées humaines qu'il ose se fixer. Ce gamin d' à peine 23 ans a tout pour lui et surtout un avenir radieux. Son avenir justement il le voit à persévérer dans le travail de conceptualisation au moment de composer (passion pour Daniel Lopatin oblige). "Whities 011" s' articule autour de sombres histoires de chasseurs de cyclones et autres tornades, chasseurs vouant un culte certain à la mort. Comme l' illustre parfaitement la couverture du disque, le clip de "Touch Absence" surfant sur le même sujet mais prend une tournure plus politique en évoquant la stratégie du chaos de Naomie Klein. Il explique aussi vouloir jouer pour des projets du type installation sonore et se confronter ainsi aux autres arts. Une manière de nous faire comprendre que son unique but n'est pas de décrocher la timbale d'une signature dans un gros label (Warp) pour nous pondre à la va-vite un album précoce et se la jouer. Il voit plus loin. Bien plus loin. Et il le peut!

En Bonus les autres artistes trop rapidement étiquetés Revival IDM


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