Enième article sur le bonhomme mais la passion dévorante ressentie pour le personnage et ses idées ne faiblit pas. On en est à près de quinze album mais l' intérêt ne semble pas s' essouffler. Depuis ma première rencontre discographique avec le bonhomme à la fin des 00's il y a certes des choses qui ont évolué. Sa popularité et son accueil dans le cercle restrinct de la faune indie planétaire par exemple. Souvenir ému des première tentatives de partage facebookienne ou en société du machin "Pink". Les incompréhensions, les allusions stupides sur le son "pourri", l' incompréhension face à l' art espiègle typiquement Pinkien de passer d'un style à l' autre, du coq à l' âne. Puis, vint le grand retournement de veste entamé au moment de "Before Today" comme l' illustre si bien la notation des albums par Pitchfork et le comportement de certains dans nos entourages. Ce moment de fan de musique à la fois si triste et un brin frustrant quand après avoir défendu un artiste et que vous n' aviez reçu que mépris, indifférence et quolibets, d' apercevoir sur un réseau ou au cours d'une conversation un étonnant enthousiaste sur le même artiste par les mêmes personnes tant méprisantes par le passé. Quand certaines questions se posent sur l' authenticité des passions pour la musique de certains pro ou simple fan. Ca tombe bien, l' authenticité a toujours été une dominante dans les travaux de Pink. Comme cette fois-là où j' exprimai mon enthousiasme pour John Maus et qu'un triste programmateur français s' empressa de me "gronder" parce que je n'avais pas parlé du "génial Ariel Pink". "Génial Ariel Pink" sur lequel il avait craché son dédain en le découvrant par mes soins quelques mois plus tôt en allant à une Route Du Rock. Arrivisme, je m'en foutisme et dilettantisme non assumé? A ce propos, trouvera-t-il le titre hommage à son "meilleur ami" John Maus sur le dernier disque de Pink? L'un des plus beaux du disque. Plus loin je vous laisse la fameuse psychanalyse de Pink par Maus. Jubilatoire! En rapport avec ces points si il y a bien une chose qui n'a pas changé avec Ariel Pink c' est son aspect clivant. Certains n'ont jamais cessé de le voir comme quelque chose de totalement étrange, d' incompréhensible ou de ne pas aimer et passer à côté sur certains trucs (la faute peut-être au parasitage des suivants?). D' autres se dépêchant de le caricaturer en bête de foire ou en junkie un brin misogyne et provocateur facile tout en lui vouant un culte arriviste. Mon respect ira toujours aux premiers. Pink en a peut être conscience d' ailleurs parce que le titre de son dernier disque "Dedicated to Bobby Jameson" fait référence à un artiste au parcours plus ou moins similaire. Intérêt au début, mépris d' abord puis caricature portant sur sa personnalité "bizarre" et enfin oubli jusqu'à ce que Pink, vrai rat de discothèque et drogué de la différence ne fasse braquer les projecteurs dessus. Pour ceux qui n'ont pas encore pris la peine d' aller écouter ce fameux "Bobby Jameson" sachez juste que si vous êtes fan de Love ça risque vraiment vous intéresser. Mouvement de culte en vue (à l' heure où j' écris ces lignes son nombre de vue ne dépasse pas les 2000 pour chaque vidéo sur youtube, à suivre donc l' effet "Pink" comme ce fut la cas pour R Steevie More). L' attitude des uns, plus saine car moins enclin à suivre directement ou pas la doxa journalistique et les modes indies, se comprend. Pink avec son filtre lo-fi assumé et sa boulimie d'influences et références ne rendait pas son véritable travail de recontextualisation des 70's et 80's assez compréhensible. On peut ainsi remarquer en France les terme d' Hypnagogic Pop ou de Hauntologie continuent d' être perçus chez bon nombre comme un délire intello de critique alors qu'il permet de bien mieux poser les enjeux de Pink et d' autres (Oneohtrix Point Never, Ferraro). Avec le précédent "PoomPoom" on voyait toutes les faces de l' art Pink. L'aspect Psyché-californiens sage faussement nostalgique et rétro comme l' abstraction subtile hypnagogic-pop et le délire enfantin du sale mioche qui saccage tout parce qu'il a pigé qu'un truc allait de travers et ça sonnait faux. Un vrai-faux post-modernisme pleinement conscient de son état et donc progressiste. Pink transforme, maltraite toujours les références et fait preuve d'un recule que les simples copieurs n'ont pas. Serait-ce même à grand coup d' auto-dérision en lieu et place de maquillage du vide (Mac DeMarco). Pink trouve toujours des pistes d' échappatoire à la simple redite. Les effleure, les souffle , les ébauche puis, les abandonne avec grande classe. A d' autres de reprendre le flambeau. Autant vous le dire tout de suite "Dedicated to Bobby Jameson" n' est pas révolutionnaire par rapport à un "The Doldrums" ou "Worn Copy", ses deux premiers "classiques" , moins tape à l' oeil que le feu d' artifice de "Poom Poom" et le manifeste édulcoré de "Before Today". Si révolutionnaire il est ce disque le reste face à tous les (Thee) Oh Sees, DeMarco ou Arcade Fire de la planête. Et si parfois le sentiment de monotonie émergeant se pointe ce n' est sans commune mesure avec les noms cités plus haut. Beaucoup de chansons sur le dernier opus rappellera aux fans d' autres mais n' oublions pas l' approche de la musique de Pink qui déteste le surplace et la simple redite. Pink se fait-il vieux? Oui, mais cela n'empêche d'y trouver deux-trois grands futurs classiques du gars. "Pour moi, le but est de trouver quelque chose que vous n'avez jamais entendu auparavant. C'est vraiment ce pour quoi je suis un toxicomane. Plus que tous ces titres inclus dans cette liste, j'aime entendre une chanson que je n'ai jamais entendue, que je ne sais pas comment ça se passe."
Moins brut de décoffrage dans le coq à l' âne "Dedicated to..." reste et demeure une preuve flagrante de l' éclectisme stylistique de Pink. Seule les époques adulées par le type reste les mêmes. Gothic, Post-punk, glam, art-pop, prog, funk, nouveaux romantiques, tape-music, electronique, synth-pop, rap, musique du monde entier. Par exemple son amour pour le meilleur de Cure ( sa trilogie) ne semble pas s' amoindrir. La production est plus proprette sans pour autant perdre la "touch" hypna. Passer d' un titre à un autre se révèle moins rebutant et Pink perdra un peu moins les allergiques ou les arrivistes décrits plus haut. Ces derniers plus intéressés pour les apparences lo-fi (snobisme) et nostalgiques (réac et non curiosité par nature) et du coup d'une certaine "rentabilité divertissante et sociale" vont encore nous faire le coup des titres "qui ne servent à rien" ou qui ne sont que des "blagues"(mon pronostic va à "Time to Live" et le titre coécrit avec Dam Funk). Les années à venir nous aiderons pour affiner notre jugement sur la qualité du cru Pink 2017 mais est-ce vraiment comme cela qu'il faut aborder simplement l' oeuvre d' Ariel Marcus Rosenberg? Vous viendrait-til à l'esprit de résumer la carrière d'un Bowie, d'un Velvet Underground ou d'un Brian Eno par un simple classement sans passer par une analyse plus profonde? Bien sûr que non. Pink appartient à cette race. Celle des seigneurs de la musique moderne, les "brâves" comme se plait à dire Thurston Moore, ceux qui font avancer le monde en se posant des questions.
"L' expérimentation est un état d' esprit. Disons que la musique, c' est une question. Cette question a toujours été présente,jusqu'à un certain moment.Et depuis plus rien." ARIEL PINK février 2010 (phrase dogmatique de ce blog )
Comment ça marche le Ariel Pink. Un autre cinglé génial répond et c'est ... comment dire... et si Pink était une jeune chiene nympho!!!!