Les apparences sont parfois trompeuses...blablablabla. Vous connaissez la rengaine. Avec sa couverture le premier album de Mhysa va certainement faire fuir les caricaturistes et les étroits d'esprits allergique à tout ce qui est connoté R'n'b. J' allais dire les blancs de classe moyenne fan d'indie music mais faudrait pas non plus que je tombe dans leurs travers de grosses feignasses. Oups! Je viens encore de retomber encore sur une caricature! Quoique. Moitié du duo expérimentateur dans la même veine que Chino Amobi en version blagueuse, Scraaatch, Mhysa auparavant connu sous le nom d' E Jane était apparu sur la désormais compilation légendaire NON Worldwide Volume 1 tant les artistes y figurant donne le la depuis (Farai, Faka, Yves Tumor, RudeBoy). Un ep déjà passionnant sorti toujours chez NON la voilà qui passe au format long mais ce coup-ci chez Halcyon Veil (La française Fawkes,Mistress, Imaginary Forces). Petit changement de boutique mais on peut dire qu'elle reste dans le même groupe tant les deux patrons (Chino Amobi et Rabit) de ces deux labels sont comme cul et chemise sur l' esthétique sonore comme sur le militantisme. Mhysa aime le R'n'b au point de le considérer comme un véritable baume contre les saletés de notre époque. Elle l' utilise aussi comme une arme. Son combat? L' asservissement méthodique de la femme noire dans le monde. Pas étonnant donc de voir celle qui s' autoproclame "Queer Black Diva & underground popstar" fricoter avec Amobi et sa clique de militant/révolutionnaires politiques et esthétiques. Si elle avoue son amour en général pour le R'n'b et ses grandes diva (Rihanna et Beyonce) et ses qualités de guérison pour l' âme elle précise un plus grand intérêt pour les voix de ses prédécesseuses (Janet Jackson et Donna Summer à laquelle elle rend hommage sur l' album). Et en la matière on peut dire qu'elle aussi est bien dotée. C' est d' abord la voix qui vous touche sur ce disque. Elle a le plus beau rôle dès l' entame. Elle ne le lâchera que par instant. Certains y ont vu un rapport dans la mise en valeur de son organe vocale avec des gens pourtant perçus comme assez éloignés comme Liz Harris (Grouper) allant même jusqu'à citer This Mortal Coil ou Liza Gerard des Dead Can Dance. Il est vrai que le travail de spatialisation par réverbération fait sur elle donne des sensations assez similaire. Cette touche de diversité dans la culture r'n'b n' est pas la seule. En plus de l' héritage gospel et soul déjà présent chez une Klein ou Tumor on se retrouve à beaucoup de chose provenant de l' avant-garde électro (Laurel Halo), de l' ambient et même du post-club de Rabit et des décharges noise d'un Chino Amobi. Ce premier disque va compter avec son agressivité et son énergie hallucinante, sa candeur rêveuse, affective et charmeuse. Assurément l'un des plus intriguant de l' été si ce n'est de l'année.