C' est le coup de coeur de ses derniers jours. Leur nom, Kelora, leur lieu d' origine : Glasgow. De toute manière suffit juste de prononcer le nom de la ville d' où viennent ces deux anges pour qu'immédiatement tout bon connaisseur en matière de musique indie dresse les oreilles. Tant de musiques venues de la-bas sont restées le pendent des berceuses de notre enfance pour des milliers d' anciens adolescents à travers les années et les lieux. Kitty Hall et Benedict Salter déboulent donc du même endroit que Orange Juice, Aztec Camera, Mogwai etc etc etc (et si on quite la ville pour les voisines alors on en parle même pas). Et l' histoire se répète, encore une fois. On peut parler à leur sujet de folk ou de twee pop teinté de culture gothique mais attention, ces trois vieux genres se conjuguent au présent et on peut parler de vieilles traditions passer par le filtre du numérique. Entre modernité et héritage culturel. Si on ressent en premier une impression de réconfort mêlée à de l' apaisement face à du déjà entendu immédiatement un autre sentiment apparait, le désarroi. Peut-il en est être autrement face à ces berceuses écossaises 2.0 dévoilant une évocation terrifiante de notre monde? En interview quand ils nomment ce qu'ils veulent évoquer par leur musique ils citent la réalité politique et sociale en ces termes : "diminuée, mélancolique, sinistre, nourrissante, fragile, orageuse etc". Ici encore il s'inscrive dans la tradition glaswegienne où le contexte sociale et politique finissent toujours par ressurgir accompagné bien souvent de mélancolie et de lucidité. C' était déjà pas toujours la joie d' être jeune en Ecosse dans les 80's ou les 90's alors une fois le Brexit passé on peut aisément comprendre le fort sentiment d' abandon d'une génération face aux choix d' autres. Sur les 4 titres le duo s' avère très astucieux dans la stratification de sons espacés et sophistiqués. Si vous les trouvez un brin froid et lugubre que dire alors toutes la cliques dark/gothique qui est en train de s' organiser autour d' eux. Des noms comme Total Leatherette ou BrothersMichelle parle déjà par eux même et collent aux musiques qu'ils font, électro proto-dark et indus entre Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire pour les premiers. BrothersMichelle offre une version glacée et énigmatique d' un r'n'b croisé à une synthpop version gothique. Les rares curieux à s' être rendu à Glasgow voir de plus près cette scène et les autres annoncent avec assurance qu'il s' y passe quelque chose d' important capable d' éclairer notre monde si triste ici aussi. Allez savoir. Parmi les aventuriers parti à Glasgow il y a une française, PHOENE ! Allez vite sur sa page bandcamp parce que question ambient elle peut légitimement postuler au poste d' ambassadrice française du genre. C 'est un délice. Encore un talent ignoré ici et parti ailleurs. En attendant la prochaine déception mondiale dégustons ces premiers efforts et braquons les radars sur Glascow (même si perso ils l'ont toujours été ).