Teklife vient de sortir une compile et le moins que l'on puisse dire c' est qu' elle est tout simplement ESSENTIELLE et qu' elle remet les points sur les i à ceux qui prévoyait la chute, l'inintérêt ou l' enlisement artistique du genre. Ceux qui n' avait vu en ce style né à Chicago qu'un simple machin fonctionnel pour danser et une sorte de pastille documentaire sociale un brin exotique vont devoir une bonne fois pour toute la cracher cette foutue réalité: LE Footwork est la musique la plus révolutionnaire, avant-gardiste et innovatrice de ces 10 dernières années. Je vous avais parlé récemment du prodigieux album de Taso qui prouvait à quel point le footwork était en pleine mutation et que ce n' était pas qu'une simple hype stylistique. En 23 titres Teklife réussit l' exploit à offrir le Bangs & Works de l' ère post-Rashad. Sept ans à peine après la compilation publié par Planet Mu le crew devenu label rassemble la crème de la crème et reproduit le même choc. Choc parce que le footwork qui est ici présenté n' a plus beaucoup de chose à voir avec celui découvert en 2010. Mutation dans les manières et la production. La chaleur et le passéisme des samples d' autrefois disparaissent au profit de la puissance et du réalisme digital déjà croisée et associé au footwork ailleurs . Ils y vont franco sur la manipulation sonore via une production qui n' a plus rien à envier aux laborantins européens et leurs drone ou ambient. Le fameux rythme concassé est lui aussi bien transfiguré depuis 2010. Des titres comme le "3 Fine Hoez" de Dj Deon et Boylan ou "L's Up For Rashad" font référence aux débuts Acid House avec le bon vieux synthé Rolland passé à la moulinette numérique du laptop et des logiciels. Rashad ou Traxman avait déjà exploré cette époque-là et les jeunots vont plus loin. Certains titres paraissent daté face à l' avalanche d' innovation mais ce n' est qu'en apparence car eux aussi recèlent des signes de métamorphose. RP Boo avec "Let's go" semble ainsi anachronique au début mais s' avère effroyablement intéressant ensuite. Mel G et Sirr TMO nous offre un monstrueux et dévastateur "Kant fuck with us", une espèce de croisement génétique footwork entre Lorenzo Senni, le maximalisme de Rustie et Colin Stetson!!! Dj Paypal fait du footwork comme Rashad Becker fait de la musique, comme personne d' autre avant. En plus il se permet un truc inconcevable, il se prend pour John Cage , il baisse le son quand c' est pas le moment quite à nous laissez pantois de conformisme. Une nouvelle fois on peut autant danser dessus que l' écouter sagement dans son fauteuil tant les détails et les idées lumineuses ne cessent d' intriguer, d' happer l' auditeur dans ce labyrinthe sonore. Non, le footwork n'est pas qu'une machine à danser, c' est aussi un terreau fertile si ce n'est un fantastique dopant pour l' évolution de toutes les formes musicale comme l' avait prouvé Jlin et ses percussion africaine.